Editeur : Les Editions de Minuit - Date de parution : Mars 2016 - 205 pages truffées de marque-pages et un régal !
Sous un titre malicieux, on comprendra à la suite pourquoi, ce roman débute avec Robert Molosse surnommé Bob. Dans sa cellule de prison, cet homme de trente-six ans contemple une photo prise dans une revue d’une jeune fille dénudée. Il ignore qu’il s'agit de sa fille (et ne le saura d’ailleurs jamais). Nicole Sauxilange née en juillet 1966 à Clermont-Ferrand est la fille de Bob et de Suzy. Une mère adolescente abusée par son beau-père, déjà mère, qui prend la poudre d’escampette car Bob, petit voyou, à l’annonce de sa grossesse a filé. Suzy laisse Nicole à sa mère et à son beau-père devenus bigots sur le tard. Il faut dire qu’avant l’alcool et d’autres les vices comptaient plus pour eux. "Dès lors que Max Turpin s'installa chez sa femme, plus rien ne serait comme avant. À l'instar de tous les repentis, l'homme déployait en effet la même ardeur à respecter, et surtout à faire respecter, les principes religieux qu'il avait mise pendant vingt à fouler aux pied". Baignée dans une éducation religieuse, la petite Nicole rêve d’être une sainte. Mais son pépé Max tant aimé décède et sa mère Suzy revient pour s’occuper de sa fille et l’embarque.
Dans leur appartement, Suzy s’abandonne volontiers dans les bras de multiples amants. Et elle supporte très mal les chansons des Petits chanteurs à la croix de bois et les différentes bondieuseries de sa fille. A l’adolescence, la foi de Nicole se tourne vers le culte de l’image de soi. « À la vérité, pour n'avoir de disposition ni d'inclination bien marquées pour aucune discipline, Nicole Sauxilange ne se sentait nulle vocation particulière : la célébrité seule l'intéressait– c'était un but en soi. Par conséquent, le domaine dans lequel le sort lui accorderait toute latitude de s'illustrer lui importait bien peu ; ses exigences étaient mêmes fort modestes en la matière : qu'un simple fait divers la révéla au monde la comblerait pleinement.
» Etre célèbre voilà à quoi rêve Nicole. Son petit ami la photographiera sous tous les angles et une fois la rupture amoureuse digérée, Nicole rejoint Paris en 1981 et envoie ses photos à des magazines. Elle devient alors Nicky Soxy.
On apprendra un peu par hasard au cours du récit sa mort après avoir vécu pendant quelques années de son physique (plateaux télé et magazines).
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce roman mais il ne faudrait pas oublier le style d’Eric Laurrent. De longues phrases amples où parfois s’enchâssent des parenthèses, un vocabulaire érudit alliant le sens des détails, les petites notes de l’auteur qui s’amuse à inventer un mot et à le référencer. L’ensemble est un mélange de sensualité et d’élégance. L'auteur ne tombe jamais dans les clichés même s’il n’est pas tendre avec ses personnages.
Avec des pointes d’ironie et de la sensibilité, c’est un roman diablement réussi que l’on a terriblement envie de relire une fois terminé !
14 commentaires:
Le thème ne m'intéresse pas des masses, mais ce que tu dis du style de l'auteur titille mon intérêt!
Je ne suis pas particulièrement attirée par le thème, mais tu es très enthousiaste et l'écriture compte évidemment beaucoup. Alors pourquoi pas, s'il croise mon chemin...
Si je le vois je fonce car j'ai déjà lu un livre de l'auteur il y a des années et j'avais adoré!
@ Papillon @ Delphine : le passage à l'adolescence de Nicole y est décrit de façon superbe ( la pauvre, c'est comme si elle avait hérité de toute sa famille) et justement, cette écriture contrebalance l'univers un peu glauque. Et c'est hyper réussi ! Un style que forcément j'ai envie de continuer à découvrir car il est superbe !
@ Keisha: je vais continue ma découverte de cet auteur !
Ce que tu dis du style me ferai hésiter à ouvrir ce livre.
@ Alex : soit ça passe soit ça casse...
On verra s'il croise ma route mais j'ai décidé d'être raisonnable et de venir à bout de ma Pal ! :)
Je vais d'abord le feuilleter en librairie, prudemment, pour voir un peu le style général.
@ Cath : il faudrait que je fasse comme toi :)
@ Aifelle : sur le site de l'éditeur, il y a les premières pages.
Ce que tu dis de l'écriture m'inquiète un peu parce qu'en général je n'accroche pas aux phrases à rallonge avec parenthèses, aux listes et à tous ces genres de procédés stylistiques.
Un peu comme Jérome ... j'hésite
@ Jérôme : tu n'aimeras c'est certain.
@ Gambadou : l'écriture est fabuleuse mais il faut aimer ce style.
Je l'ai noté... J'espère que je le trouverai à la bibli
Et moi j'adore les longues phrases et la belle écriture ! Alors, je suis sûre que ça devrait me plaire.
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