Éditeur : Actes Sud- Date de parution : Février 2019 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle et Philippe Aronson - 354 pages ébouriffantes !
Meadow et Carrie sont amies depuis l’adolescence et le cinéma est leur passion commune. Toutes les deux veulent en faire leur métier. Meadow s’attache à faire transparaître la vérité dans la réalisation, elle est pointilleuse, soucieuse du son et de mille petits détails. Sa carrière prend son envol tout comme celle de Carrie plus conventionnelle dans ses choix personnels et professionnels.
Tout en alternant des allers-retours dans le temps, ce roman met en scène également un troisième personnage féminin Jelly qui a pour spécialité de téléphoner à des inconnus et de les rendre addictifs à ses appels. Après un départ exigeant, le charme opère suscitant chez le lecteur un mélange de curiosité, d'alchimie troublante avec cette manière habile qu’à l’auteure à de nous intéresser à des aspects techniques et à nous les rendre complètement accessibles. Que ce soit les échanges savoureux entre Carrie et Meadow (même si l’on n’a pas une culture cinématographique étendue), le cheminement de cette dernière et l'exploration du pouvoir de la voix, l'ensemble est totalement ébouriffant.
Sans jamais être indigeste, ce roman nous interroge finement sur le processus de la création, les buts recherchés, la fascination mais aussi la tromperie. Et l'auteure nous entraîne sur le terrain de l'amitié et des relations ambigües. Avec des références cinématographiques et notamment des passages empruntés au script, Dana Spiotta nous garde complètement captifs aux histoires qu’elle déroule. C'est pertinent et brillant, un roman qui offre au lecteur la sensation d'avoir vécu une expérience à part !
Un film est une idée sur le monde. C’était ainsi que Meadow le considérait mais elle était également consciente que les gens savent des choses et que les images ont le pouvoir de surpasser tout le savoir qu’ils détiennent. Le cinéma vérité est trompeur en ce sens. Il est en mesure de dire une chose tout en vous montrant une autre, entièrement différente. Et vous pouvez être sûr qu’en sortant de là, vous partirez en croyant à ce que vous avez vu.
Je conclurai avec ce que Meadow m'a dit un jour sur le fait d'être artiste. C'est en partie une escroquerie. Et en partie de la magie. Mais pour faire quoi que ce soit, il faut être un glaneur. Qu'est-ce qu'un glaneurs? Et bien, c'est un mot élégant qui signifie voleur, sauf que vous prenez ce dont personne ne veut. Non pas simplement les idées ou les choses sortant de l'ordinaire. Vous farfouillez dans la vie courante afin de découvrir ce que tous les autres négligent, ou ignorent, ou jettent.
Le billet de Cuné
10 commentaires:
Deuxième avis concordant... ébouriffant, rien que ça ! Comment ne pas noter ? :)
@ Kathel : il est est très difficile de le résumer mais oui, ce livre est ébouriffant (je persiste:)).J'ai refermé ce roman en ayant la sensation d'avoir vécu une expérience à part !
Bon, bon, on a compris, c'est noté :-)
Et bien dis donc, quel enthousiasme ! On ne peut que le noter.
Tu m'intrigues, là... (je n'ai encore rien vu passer sur ce livre, j'y jetterai un oeil à l'occasion)
Merci pour cette belle chronique tu me tentes beaucoup ! D'autant que le sujet me parle.
Ébouriffant? Donc pas besoin d'air breton, ça marche ailleurs? ^_^
Une expérience à part ? Pourquoi pas, bien calée dans mon fauteuil....
@ A toutes : ce livre sort des sentiers battus et c'est une lecture marquante pour sa construction, ses histoires, les ambiances et l'immersion.
@ Nicole : oui, on a pas parlé et c'est dommage.
@ Keisha : ahah, oui !!! Bon avec c'est mieux car en plus il y a le côté vivifiant:).
Ca parait vraiment original. Et si ça tourne autour du ciné, de la création etc... je signe !
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