lundi 31 décembre 2012

Françoise Hardy - L'Amour fou


Éditeur : Albin Michel- Date de parution : Octobre 2012 - 188 pages et un lecture en demi-teinte

Que l'on ne s'y trompe pas, Françoise Hardy plus connue en tant que chanteuse est également une romancière. Dans ce livre, il s'agit de l'Amour avec un grand A. Celui qui par définition échappe à la raison, est passionnel, maladif, source de bonheur, de jalousie et destructeur.
Récit mettant en scène Elle et X. au passé, Elle raconte l'attente, l'imaginatif qui galope, les souffrances endurées par les actions ou le comportement de X, les tourments et l'affliction qui en découlent et alimentent l'amour. Elle s'y noie dans cette spirale, s' y accroche car persuadée que seul X. peut lui apporter cet amour. L'instinct de protection se réveille, Elle veut se tenir à distance de X. tout en étant habitée par lui. Quand ses amis lui disent de tourner la page car Elle est malheureuse, Elle veut encore y croire. Masochisme ? Non, mais l'amour qui survient à cet instant de son existence la rend fragile et dépendante. Blessée, malmenée par l'amour qui marque à jamais de son emblème au fer rouge le coeur et l'esprit, la délivrance en sera d'autant plus amère.

Au moment où je me suis faite la réflexion que l'auteure commençait tout juste à tourner autour du pot dans ces échanges croisés, elle met un point final en passant au présent avant de tomber dans le piège des redites inutiles. Le nom de Véronique Olmi s'est imposé durant cette lecture, auteure ayant pour thèmes de prédilection les relations compliquées, les amours impossibles. Deux auteures et des ressentis différents.
Françoise Hardy met l'amour à nu  et l'analyse parfaitement dans  une écriture travaillée (trop peut-être). Et  j'ai trouvé que la mélodie du style était  clinique voire froide, manquant d'émotions. Au final, une lecture en demi-teinte...

Elle fit valoir que la souffrance est inhérente à l'amour et que si on la refuse, on se coupe de l'amour, de la vie et, au bout du compte, de soi-même et des possibilités créatrices.

Les billets de Céleste, l'Irrégulière.  L'or des chambres nous parle de son album ayant pour titre également l'amour fou.

samedi 29 décembre 2012

Carole Zalberg - A défaut d'Amérique


Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Février 2012 - 214 pages laissées avec regret ! 

Suzan est venue spécialement d’Amérique à Paris pour assister à l’enterrement d’Adèle. Dans le cimetière à l’abri des regards, elle observe la famille de celle qu’elle avait retrouvée quelques mois auparavant. Elle y reconnait les petits-enfants d’Adèle dont Fleur qui a perdu sa mère considérée comme le canard boiteux de la famille. Qui était vraiment cette française que Suzan avait  invitée chez son père?  Stanley et Adèle ne s'étaient pas revus depuis la guerre, chacun avait mené sa vie de son côté.  Adèle était mariée à Louis et  Stanley était rentré au pays. Il y avait rencontré la mère de Suzan. Une épouse, une femme modèle et lisse, se fondant dans son élégante et riche maison.Veuve comme Stanley, Adèle avait accepté avec plaisir l'invitation de Suzan et durant son séjour elle s'était émerveillée de tout, consciente de son pouvoir de séduction. Si le jeune et fringant soldat avait laissé place à un vieil homme, son cœur n’avait rien oublié de la française dont il était tombé amoureux à la libération de Paris durant la seconde guerre mondiale. Et Stanley pensait qu’Adèle allait dire oui à sa demande en mariage, à cette vie si merveilleuse aux Etats-Unis. Mais Adèle avait  refusé laissant œuvrer le chagrin et précipitant la mort de Stanley.  Est-que que Suzan finalement en voulait à Adèle d’être si différente de sa mère ou d’avoir permise au loup de rentrer dans la bergerie ? Jalouse, agacée par cette femme qui semblait ne retenir que le meilleur et cacher ce qui n’était pas avouable à son père.

Au bord de la tombe de sa grand-mère, Fleur déroule l’histoire d’Adèle liée à jamais à celle de la Pologne, des juifs et de leur sort. Le parcours des arrières grands-parents bousculé par l’Histoire, son arrière grand-mère femme à la forte personnalité qui traversera l’Europe avec Adèle à sa main. L’exil à Paris puis le début d'une tentative de reconstruction d'une vie  alors que les rafles ont emporté ceux et celles qui n’ont pas voulu prendre au sérieux les menaces venues d’Allemagne. Adèle avait tout de suite aimé Paris et s’y sentait à l’aise à l'inverse de ses parents.  Mais pour autant sa vie n’a pas été un long chemin tranquille. En dessous ses sourires enjoués se dissimulaient  aussi des drames liés à l’Histoire, à ses erreurs et à des blessures qui l'ont rendue maladroite. Trop ou pas assez aimante, Adèle n'aura jamais su trouver le bon équilibre.

Adèle relie Fleur et Suzan, l'une  a grandi a grandi dans l’ombre de sa grand-mère et des morts tandis que la seconde s'est  trouvée des prétextes à ses rêves avortés et à sa solitude. Les héritages familiaux et leurs poids sont des prismes où se reflètent ces personnages féminins à travers l’Histoire.  De ce magnifique roman choral qui nous entraîne dans l’existence de trois femmes, il se dégage une force. Cette possibilité de se destituer du passé ou d'en tirer le meilleur parti pour mieux vivre l'instant présent et appréhender  l'avenir. Fleur et Suzan le comprendront, la  mort d'Adèle ayant servie de catalyseur.

Carole Zalberg n’a pas peur de se déjouer des codes de l’écriture pour plonger avidement le lecteur dans ce style ample, puissant tel une ronde où les mots tanguent harmonieusement et illuminent les personnages de l’intérieur. Un livre dévoré mais pour lequel j’ai relu certains passages certains rien que pour le plaisir ! J'en redemande ! 

Rien n'y avait fait : en surface, ils étaient assortis. Mais leurs racines ne pouvaient s'emmêler dans le même terreau. Sans injures, sans violence apparente, leurs êtres profonds, encouragés chacun par sa clique de morts et de vivants, se battaient comme des chiffonniers.

Le billet de Charlotte qui a donné envie à Lucie, Mirontaine qui a donné envie à Antigone qui m'a donnée envie...

vendredi 28 décembre 2012

Qui l'eut crû? 4 ans de blog !

Première fois que je fête un anniversaire pour mon blog, 4 ans aujourd'hui ! Et dire que je m'étais lancée dans cette aventure sans rien connaître à la blogosphère. Un blog qui s'appelait initialement  Moi, Clara :  fibromyalgique , une épouse, une mère pas comme les autres avec pour  but d'expliquer le handicap, l'invalidité sans que l'on soit  forcément en fauteuil roulant. Des premiers écrits gauches, maladroits où se jetaient pêle-mêle colère et révolte. L'humour et l'auto-dérisions se sont très vite invités dans ces billets d'humeur et ce blog continue d'évoluer  au fil du temps.

Mon premier billet lecture est arrivé trois mois après. Juste quelques  lignes de ressentis. Pas plus. Maintenant, j'y parle lectures. Toujours et encore.  Insatiable, affamée de l'échappatoire, de l'imaginaire et de la réflexion apportée par les livres.

Ce blog me reflète et je me rends compte de tout le chemin effectué sur l'acceptation d'être qui je suis avec mes problèmes de santé, l'étiquette fibromyalgie rangée au placard, l'inconnu en ce qui concerne l'évolution (de ma santé) mais surtout de savoir recevoir des moments simples de la vie comme des offrandes. Des instants de bonheur, d'émotions qui me permettent d'avoir des étincelles dans les yeux, des étoiles dans le cœur et dans l'esprit.

J'espère passer à Clara et les mots  en 2013. Ce "moi" n'ayant pas sa place.

Sans vous ce blog ne serait rien donc un énorme et sincère merci à vous tous !





vendredi 21 décembre 2012

De grandes espérances de Charles Dickens adapté par Marie-Aude Murail et illustré par Philippe Dumas


Éditeur : Ecole des Loisirs - Date de parution : Novembre 2012 - 525 pages dévorées et  aimées  !

Philip Pirrip dit Pip orphelin depuis sa naissance est élevée par sa sœur. Sévère et acariâtre, elle conte à qui veut l’entendre de l’avoir élevé à « la main » et aime se faire plaindre. Pip est une contrainte pour elle, heureusement son mari Joe forgeron a beaucoup de tendresse pour le jeune garçon. Une vraie complicité les unit et Pip n’a aucun secret pour lui. Alors que le jeune garçon est au cimetière où reposent ses parents, il rencontre un forçat évadé de prison qui l’oblige à voler des vivres et une lime sans ne dire mot à quiconque sous peine de terribles représailles. Pip obéit et n'en parle à personne.
Sa vie revêt un tournant différent lorsque miss Havisham une dame âgée et riche l’invite à venir le distraire. Il rencontre sa fille adoptive Estella. Belle mais hautaine. En grandissant, Pip se rend compte de sa pauvreté, de son manque d'éducation et nourrit secrètement l’ambition de changer le cours de son destin. Bien qu’il semble content de travailler en tant qu’apprenti avec Joe, il apprend à lire et à écrire grâce à Biddy une jeune fille au grand cœur.

Quand un homme de loi de Londres se présente chez sa sœur avec une proposition étonnante, il peut se permettre de nourrir de grandes espérances.  Car un  bienfaiteur inconnu dont il ne doit pas chercher à connaître le nom désire parfaire son éducation et à en faire un véritable gentleman. Pip quitte sa sœur, Joe et commence une tout autre vie. Son rêve se réalise enfin mais tout n’est pas si rose que prévu. Ses rencontres, sa nouvelle condition l’amèneront à découvrir les facettes humaines. Je n’en dirai pas plus pour ne pas dévoiler tout le sel de ce roman et les aventures de Pip !

Les personnages sont hauts en couleurs, fouillés, dépeints avec leurs défauts et qualités, la métamorphose de Pip ne manque pas de surprises.
Est-ce que sa complicité demeura intacte avec Joe, aura t-il honte de ses modestes origines?
L’enfant naïf est bien loin et sa personnalité évolue dans un milieu où l’hypocrisie, la jalousie et le pouvoir de l’argent dominent.

J’ai lu ce roman avec un grand plaisir ! Marie-Aude Murail a allégé subtilement et intelligemment le texte de Dickens afin de le rendre accessible à un lectorat plus jeune mais sans le dénaturer. Un magnifique hommage à cet auteur car elle a su garder l’ambiance et le style d’origine! Le récit est jalonné par les illustrations de Philippe Dumas qui renforcent les émotions. Une belle lecture qui comblera plus d’un lecteur (de 13 ans à 109 ans) !

Qu'il me soit permis de confesser sans quel état d'esprit j'attendis l'arrivée de Joe. Ce n'était pas exactement avec plaisir. Non, v'était avec un gêne considérable et un vif sentiment de ridicule. Si j'avais pu payer pour l'empêcher de venir, je l'aurais fait. Ma seule consolation, c'était qu'il allait débarquer à l'Hôtel Barnard, et non à Hammersmith. Peu l'importait qu'Herbert vît Joe, car je l'estimais. Mais j'étais d'une nervosité extrême à la pensée qu'il pourrait être vu par Drummle. C'est ainsi que, dans la vie, nous commettons nos pires bassesses pour des gens que nous méprisons.




Le billet de Nadael




jeudi 20 décembre 2012

Gail Jones - Cinq carillons


Éditeur : Mercure de France - Date de parution : Septembre 2012 - 315 pages superbes !

Dans la foule et sous un soleil de plomb, quatre personnes parmi les centaines d’autres se dirigent vers l’opéra de Sydney. Quatre personnes dont les vies sont différentes et qui sont vont se croiser, juste s’entrevoir ou échanger quelques minutes ou plus.

Catherine d’origine Irlandaise est arrivée depuis peu. Journaliste de formation, toute ses pensées convergent vers Brendan son frère décédé. Le frère admiré, passionné par ce qu'il entreprenait,  fier de son sang irlandais. James a donné rendez-vous à Ellie alors qu'ils ne sont pas vus  depuis vingt ans. L’enfance dans un même quartier, puis les débuts de l’adolescence qui à l'âge de quatorze ans les a conduits dans le même lit. Tous deux se comprenaient sans se parler, unis par ce lien de compréhension. Puis James est parti pour ses études et  n'a plus donné de nouvelles. Ellie mène existence stable tandis que James est rongé par un poids bien trop lourd. Et enfin Pei Xing venue s’installer en Australie après avoir vécu en Chine la terrible période des gardes rouges. Respectueuse et dégageant de la sérénité, au fil des pages son histoire revêt la forme d’un cauchemar suivie d’une accalmie soudainement brisée. Comme si son passé l’avait suivi aussi à Sydney. Avec elle, le pardon revêt son sens le plus noble et le plus humble.
Tout en brassant les souvenirs et  le présent, Gail Jones déploie et croise les existences. L’auteure ne confine pas ces personnages dans le passé et ouvre habilement des portes. L’opéra de Sydney revient tel un lieu fédérateur, preuve tangible du présent et monument rassurant.

Je me suis glissée dans ce roman à l’écriture gracieuse et lancinante où j'ai été plus que touchée par ces personnages et par leurs manières de gérer leur sensibilité, de l'intégrer ou de la dissimuler.  Pei Xing m'a marquée et m’a énormément apportée. Il est rare qu’un personnage fictif engendre de tels ressentis de ma part. Dernier point et pas le moindre : chapeau bas pour la traduction ! 
Un très beau roman ! 

Les billets de Cathulu, Gwen

mardi 18 décembre 2012

Lionel Tran - No présent


Éditeur : Stock - Date de parution : Septembre 2012 - 283 pages

Début des années 1990, le narrateur abandonne rapidement la fac. Dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, il crée collectif un Tabula rasa. L’art, les idées libres pour changer le monde.

1971 est  l’année de ma naissance du narrateur, la mienne également.  Je fais partie de la même génération que Lionel Tran. Quand lui a tout plaqué, je me suis cramponnée à mes études. "Les études, c’est l’avenir" phrase répétée par ceux et celles qui n’en en avaient pas fait et qui étaient cloisonnée à des boulots nécessitant pas (ou peu) de qualification particulière. Pourtant, on ressentait l’onde du chômage et le spectre des filières bouchées. A quoi aller ressembler l’avenir ? En y repensant, je ne savais pas.
Le narrateur revient sur ces années où il croyait avoir fait le bon choix. Celui d’une révolte à sa manière avec d’autres, une rébellion contre une société, ses diktats et ses normes. Avec l’Art comme fer de lance et bouclier. Mais ses compagnons sont plus paumés que réellement intéressés par la création. Il n’empêche que tous les jours il se force à écrire. Seul but pour ne pas sombrer car  ses amis peu à peu s’échouent dans les drogues ou quittent cette marginalisation. Et puis  il y a un déclic. Celui de son propre regard changé. Forcément, la remise en question est amère et les désillusions nombreuses. Claquantes.
Ce journal de ces années est entrecoupé par les évènements  sociaux de l'époque et  les souvenirs d’enfance du narrateur. Une mère baba cool confortée dans ses pensées idéologiques et imposant ses choix et ses amants à son fils. Et ces mots de sa part Je regrette. Si j'avais su que le contexte évoluerait comme ça, je me serais fait avorter. ( Oui ,en déclaration  d'amour maternel c'est un genre...). Un uppercut.

L’ensemble est un journal autobiographique où l’on se prend en pleine figure les questions de l’auteur. Mais il s'agit avant tout d'un énième récit d’un désenchantement où Lionel Tran a l’honnêteté d’écrire ses erreurs. Néanmoins, ce livre a réveillé en moi le souvenir d'années où j'avançais à tâtons en espérant de ne pas m'être trompée.
Le personnage de sa mère m'a fait halluciner. Est-ce qu'elle qu'elle a joué un rôle dans le parcours de son fils par son mode de vie ? Vaste débat et là n'est pas la question.

Tout ce qui comptait c'était se sentit bien dans sa peau , avoir du temps pour soi, se cultiver et avoir des amis. Il y avait cette idée qu'une conscience éveillée pouvait changer le monde. Nous étions persuadés d'avoir de la chance.

 Merci à Dialogues croisés pour la découverte.




lundi 17 décembre 2012

Recueil collectif - Noël quel bonheur !


Éditeur : Armand Colin - Date de parution : Novembre 2012 -172 pages et 13 nouvelles


Treize nouvelles affreusement  croustillantes.  Ce sous titre est un bel appât quand on aime le grinçant, l’ironie mais sur ces treize nouvelles seules on est loin d’avoir son compte…
Je me suis  délectée de Solstice d’hiver de Jean-Philippe Rossignol, du Précis de recomposition de Chloé Delaume qui est  jubilatoire et le meilleur d'entre tous ! Elle manie avec brio l'humour noir du début à la fin, du vrai bonheur ! Vincent Delacroix avec  Noël dernier touche au plus profond du sens de cette fête.  Sinon, alors oui  les autres textes sont bien écrits mais loin, très loin d’être affreusement croustillants… On est dans le conventionnel.

Bref, j'ai envie de dire qu'il y a tromperie sur la marchandise. Rien à ajouter... 


dimanche 16 décembre 2012

Françoise Guérin - Cherche jeunes filles à croquer


Éditeur : Le Masque - Date de parution : Octobre 2012 - 390 pages qu'on ne lâche pas !

Le criminologiste Eric Lanester du 36 quai des orfèvres est envoyé à Chamonix avec son équipe. Des cadavres à foison? Non, mais plusieurs jeunes filles anorexiques qui ont séjourné dans une clinique spécialisée pour troubles alimentaires ont disparu.

Voilà, un livre dont les pages se tournent toutes seules ! Eric Lanester  et ses collaborateurs sont loin de ressembler à des personnages de télé (désolée de casser un mythe).  Surtout que notre criminologiste réputé a perdu confiance en soi.  Mais son équipe connaît son boulot. L'hypothèse des simples fugues est écartée  et toute la difficulté de l'enquête est de travailler en l'absence de corps. Rajouter une équipe de gendarmerie qui s'incruste,  une écriture et un humour qui apportent beaucoup de crédibilité  à cette histoire et vous obtenez ce livre qu'on ne lâche pas !  Il  y a du suspense, beaucoup de touches de légèreté distillées  subtilement  qui permettent d'éviter l'écueil du plombant !
Car l'anorexie, ses causes et surtout ses conséquences sont décrites dans ce polar. L'ensemble s'insère naturellement  dans le déroulement de l'histoire sans que cela paraisse rajouté ou inutile.

Cerise sur le gâteau,  l'écriture de Françoise Guérin est un délice ! Un livre qu'on ne quitte pas ! Après Mot compte double,  j'ai découvert une autre facette du talent de cette auteure.

Les billets de Cathulu ( une fois de plus), Kathel

-Hum... mon maître à penser, dans ce métier, répétait toujours : " Quand on a plus de trois suspects dans une enquête, c'est qu'on s'y prend comme un manche!"
Ouais... Pourquoi c'est toujours les conneries que je dis qu'on retient pour la postérité ? 




samedi 15 décembre 2012

Isabelle Jarry - J'ai nom sans bruit


Éditeur : Folio - Date de parution : 2006 - 204 pages hérissées de marque-pages!

Marie a tout perdu depuis le mort de son mari Philippe. Sa petite fille Nisa âgée de cinq ans lui a été retirée. Après plusieurs mois passés dans les rues de Paris, elle occupe l'ancienne maison des grand-parents  de Philippe à la campagne.

Devenue SDF, Marie  se souvient de la maison à la campagne des grand-parents Philippe. L'espoir renaît car avoir un toit est  un début pour que Nisa puisse revenir. La maison est vieille, sans électricité et chauffage. Marie découvre la campagne où les hommes semblent  absents. La nature, ses animaux, le silence sont ses compagnons.  Elle a perdu l'habitude parler, d'échanger ne serait ce que des banalités. La langue devient silencieuse, intérieure. Marie déploie force et énergie pour rendre habitable la maison. Couper du bois pour se chauffer, parcourir des kilomètres pour acheter quelques vivres et les vers de ses poètes en vieux français qui avant l'habitaient semblent soudain devenus superflus. Peu à peu, les mots lui échappent, le vocabulaire le plus simple s'évapore. Il lui faut se retrouver, se réapproprier sa vie et surtout que sa fille Nisa  soit avec elle.
Son histoire s'intercale par fragments dans le récit. On la découvre poétesse et Philippe photographe, tous deux travaillaient à côté de leurs passions respectives. Avec cette conviction que l'art ne devait pas être  asservi par l'argent. La chute de Marie a été rapide après le décès de Philippe : une succession qui traîne, des loyers impayés puis  l'expulsion, Nisa placée et la rue. Devenue spectatrice de l'agitation incessante de la ville où sa place était modifiée, la nécessité de quitter Paris devenu hostile s'imposait.

Une lecture magnifique et enrichissante ! L'exclusion sociale, la lutte pour se reconquérir soi-même sont jalonnés de réflexions intelligentes sur le rapport au matériel, la désertification rurale,  le pouvoir des mots, le sens  intrinsèque du langage qui nous définit en tant que personne.  Il ne faut pas croire que ce livre nous enveloppe de tristesse car au contraire il recèle de particules lumineuses.
L écriture d'Isabelle Jarry est travaillée et il s'agit d'un véritable plaisir de la lire. Si j'étais restée en dehors de La voix des êtres aimés, c'est tout le contraire avec cette lecture. Un livre hérisson tant j'y ai inséré de marque-pages  !

J'avais cru au plus  grand des malheurs en perdant Philippe et en abandonnant notre fille, j'avais été désespérée de me retrouver à la rue, mais je comprenais ma détresse dans cette nouvelle épreuve, à laquelle rien ne m'avait préparée, car on n' imagine pas un instant que l'on puisse être ainsi dépossédé  de sa propre langue, de quelques chose d'aussi intimement personnel. Les êtres chers, l'argent, les biens matériels, tout cela nous est extérieur, on peut concevoir de les perdre, mais les mots du langage nous appartiennent, ils nous constituent, on ne peut nous les enlever.

Les billets d'Alex, Cathulu, Constance , Gambadou , Mirontaine et un extrait sur la poésie  chez l'Or des chambres

vendredi 14 décembre 2012

Brigitte Aubert - La ville des serpents d'eau


Éditeur : Seuil - Date de parution : Septembre 2012 - 286 pages et une déception. 

Il est difficile pour Vincent Limonta de revenir habiter à Ennatown sa ville natale. Inspecteur de police à New- York , il a été radié pour avoir tué sous l’emprise de l’alcool une mère innocente. Grâce au prêtre de la ville, il travaille comme jardinier et entretient le cimetière. L’ancien rappeur Snake T. devenu handicapé est de retour au bercail lui aussi. Treize ans plus tôt, des fillettes ont été enlevées et retrouvées noyés. Seule une. Vera Miles dont le corps n’a jamais été retrouvé.

Les premières pages nous plongent dans une horreur totale. On découvre la seule fillette survivante  maintenant âgée de dix-neuf ans et tout ce qu’elle a subi. Séquestrée, maltraitée et violentée par son ravisseur, elle a une petite fille Amy de cinq ans. Elle a peur de mourir. Amy doit appeler  cet homme Daddy qui n’hésite pas à la frapper. Une seule solution est possible : Amy doit s'enfuir pour prévenir la police. La fillette muette qui ne connaît que le monde extérieur par les livres se retrouve dehors à la veille de noël dans un froid glacial. Le neige, la forêt, les chiens, les bruits, tout est nouveau ou n’est pas comme dans les livres. Le monsieur noir qu’elle rencontre ne sait pas lire et ne vit pas dans une maison. Black Dog, demeuré et SDF ne se pose aucune question sur la fillette.
Il suffit qu’un nouveau journaliste publie un article sur cette ancienne histoire d’enlèvements et qu’une une fillette maigrichonne, sale soit vue en compagnie du SDF pour que les esprits s’échauffent. Le coupable est tout désigné et la chasse à l’homme est lancée. Mais personne à part Vincent Limonta se pose la question de savoir d’où surgit cette gamine.

L’histoire alterne les deux récits. Celui d’Amy et celui de l’ex flic. Même si j’ai apprécié comment Amy raconte sa façon de voir le monde, d’essayer de comprendre ce qui l’entoure, je n’ai pas du tout adhéré aux personnages de Vincent Limonta et surtout à celui de Snake T..
L'humour incisif de Brigitte Aubert m' a très vite lassée tout comme l'histoire.  
Une écriture qui flirte trop souvent avec le vulgaire,  une facilité dans la trame qui s’appuie sur du déjà lu à maintes reprises. Bref,  une déception. 


 

jeudi 13 décembre 2012

Emmanuelle Guattari - La petite Borde


Éditeur : Mercure de France - Date de parution : Août 2012- 140 pages vites lues et vite oubliées...

Emmanuelle Guattari raconte son enfance dans les années soixante à la Borde établissement psychiatrique dirigé par son père. A la Borde, les patients n’étaient pas cloisonnés, un des visées thérapeutiques et révolutionnaire était de les faire participer à la vie en collectivité. Ce château situé dans un parc était le lieu de vie de l'auteure et de sa famille.

Avant d'ouvrir ce livre, je ne me suis pas fiée à la mention de roman . Heureusement pour moi car je  m’attendais à des souvenirs de cette enfance peu commune . Vivre en tant qu’enfant dans un lieu où les patients sont atteints de maladies ou de trouble psychiatriques revient à confronter l’innocence, la candeur à la perplexité que le mot seul psychiatrie engendre. Alors oui, l’auteure nous livre des anecdotes, des moments où la tendresse prédomine remisant l'incongru à l'état de normalité. Des scènes décrites par petites touches le tout avec une écriture presque minimaliste où la nature comme la famille ont une place importante. Si ce livre donne lieu à quelques petites bulles d'observations fines dont une touchante quand elle évoque sa mère décédée, l'ensemble est court.  Très court, trop court. A peine avais-je ouvert la livre que j’en étais déjà à la fin et je suis restée sur ma faim. Une lecture qui ne me laissera aucune trace. Dommage.

Les billets positifs de Mimipinson , Nadael et celui plus réservé de Gambadou

mercredi 12 décembre 2012

Julie Otsuka - Certaines n'avaient jamais vu la mer


Éditeur : Phébus - Date de parution : Août 2012 - 144 pages et un beau roman ! 

1919, elles ont embarqué sur un navire comme d’autres de leurs sœurs. Souvent, elles sont jeunes, quelquefois à peine sorties de l’enfance, Elles quittent leur Japon natal pour rejoindre l’Amérique où leur futur époux les attend. Elles ne le connaissent pas. Quelquefois, elles possèdent une photographie ou des lettres où il s’est décrit, lui et la vie dont elles rêvent tant. Elles ne voyagent pas en cabine, elles séjournent dans la soute comme si cette longue traversée n’était en fin de compte qu’un avant goût de la vie que leur réservera les Etats-Unis. Elles ont quitté leurs familles avec des espoirs. La désillusion en sera d’autant plus grande. A San Francisco, l’homme de la photographie est beaucoup plus âgé, mal vêtu. Il leur faudra subir les désirs crus, violents, insultants de ces époux. Rentrer au pays est impossible sauf à déshonorer la famille. Ces jeunes filles bien élevées et polies sont confrontées à une réalité qui sera désormais leur quotidien. La plupart travaillent au champ, de longues heures  à biner ou à tailler, certaines sont domestiques ou employées dans une boutique et enfin d’autres finissent dans des bordels.
Femmes silencieuses, elles portent le poids du travail, couchant sur la paillasse de leurs maris et les enfants naitront. Désirés ou non. Les mères voient leurs enfants grandir entre Japon et Amérique. Ils préfèrent la terre où ils sont nés, oublient les prières d'usage.
Elles subissent la différence, la discrimination raciale mais ne disent mot. Les prémices de la guerre engendrent la peur qui entretient tous les démons Elles sont japonaises et du mauvais coté.  Des hommes disparaîtront puis un jour elles verront leurs noms inscrits sur une liste. Docilement, elles se présenteront.

Des vies racontées par un "nous" puissant qui donne corps au récit élevant l’histoire de ces femmes avec sensibilité et humilité. Un pluriel qui les rassemble. Sous ce nous, il y a la douleur sous toutes ses formes et des vies. Avant cette lecture, je ne connaissais pas l’histoire de ces femmes qui ont fait partie de l’Histoire. J’ai lu d’une traite ce livre qui leur rend hommage, touchée et portée par l’écriture de Julie Otsuka. Une écriture sans fioriture aux accents poétiques, véritable chant composé de toutes les voix de ces femmes. 
Seul bémol, la répétition du "nous" m’a donnée par moments l'impression d’une liste égrenée qui m’a tenue un peu à distance de ces femmes que j’aurais aimé approcher plus.

Sois humble. Polie.  Montre-toi toujours prête à faire plaisir. Réponds par "Oui, monsieur" ou "Non, monsieur" et vaque à tout ce qu'on te demande. Mieux encore, ne dis rien du tout. A présent tu appartiens  à la catégorie des invisibles. 

Je n'établis pas de recensement des billets tant il en y a...


lundi 10 décembre 2012

Gaëlle Pingault - Bref, ils ont besoin d'un orthophoniste !


Éditeur : Quadrature - Date de parution : Novembre 2012 - 115 pages anti-morosité ! 

Voici un recueil de nouvelles différent de ce qu’on peut lire en matière de nouvelles. Gaëlle Pingault est orthophoniste. Son métier est d’aider des personnes qui ont des troubles du langage. Pas seulement des enfants mais également des adultes et des personnes plus âgées. Le panel des situations qui les amènent à un travail avec l’orthophoniste est varié : dyslexie, conséquences un accident vasculaire cérébral, surdité, rééducation suite à une opération chirurgicale… Bref, autant de raisons qui les amènent  à pousser et à franchir la porte de ces spécialistes. Dans une vingtaine de textes, Gaëlle Pingault revient sur ces différentes causes en mettant en scène des personnages et en dédramatisant chaque cas ! Sans jargon médical avec de l’humour et beaucoup d'humanité! 

Et puis il y a l’histoire de Laure qui se glisse entre ces textes. Une trentenaire pas franchement commode. Un pied dans la déprime et en arrêt de travail depuis longtemps. Je me suis régalée de cette nouvelle aux phrases courtes, percutantes et de  l'humour décapant de Laure.

A travers ce recueil, l’auteure nous transmet sa passion pour son métier. Gaëlle Pingault considère que chaque personne est unique et que c’est à l’orthophoniste de s’adapter à eux. Pas l’inverse. Encore heureux. (Ah Si l’ensemble du corps médical pouvait penser de même, ce serait merveilleux ! ).

Après mon avis mitigé  sur Ce qui nous lie, ce recueil frais, optimiste et  drôle m'a donnée la pêche !

Un point s'impose. Dans l'inénarrable série "l'être humain et ses voisins", qui tient le monde en haleine, depuis, disons, la préhistoire, voici le dédriefing du jour. Au programme : Elisa Gardan et moi. Cela fait huit mois pile aujourd'hui qu'elle a aménagé en face. C'est parfait pour un premier bilan. Les bilans j'adore ça. (...)J'allume le lecteur MP3 branché sur hautparleurs.Rolling Stones. Exile on main street. Pour la musique, c'est comme pour le reste. J'ai un côté vieille conne et c'était mieux avant.

Les billets de GwenKeisha et le site de l'auteure ici



dimanche 9 décembre 2012

Royal Affair


Film réalisé par Nikolaj Arcel
Avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard
Synopsis : Danemark 1770. La passion secrète que voue la reine Caroline Mathilde au médecin du roi, l’influent Struensee, va changer à jamais le destin de la nation toute entière. Royal Affair relate une page capitale de l’histoire danoise, oubliée des manuels français. La relation amoureuse et intellectuelle entre Caroline Mathilde et Struensee, fortement influencée par les philosophes des Lumières, Rousseau et Voltaire en tête, conduira au renversement de l’ordre social établi, et annoncera les révolutions qui embraseront l’Europe vingt ans plus tard. 

Ces dernières semaines, j'ai vu plusieurs films mais un seul m'a faite vibrer d'émotions !  Ce film est passé presque inaperçu et pourtant, j’ai passé deux heures grandioses ! Caroline Mathilde est destinée à épouser le roi du Danemark. Christian VII est un personnage lunatique, en proie à des crises de folie qui aime les pitreries. De roi,  il ne porte que le titre et  et ne prend pas part aux affaire du pays où la religion pèse de tout son pouvoir. Dès leur mariage, Caroline Mathilde est humiliée et délaissée par son époux. Il s'agit d'une femme cultivée aimant la lecture  et qui s’intéresse à  son pays. En voyage dans toute l’Europe, le roi Christian VII sombre dans une de ses crises passagères. Le médecin allemand Johann Struensee est appelé pour le soigner  et devient son médecin personnel. Johann croit aux idées des philosophes français Rousseau et Voltaire, opinions qu'il doit taire. Caroline Mathilde est attirée par Johann. Tous deux s’aiment et se voient en secret. Christian écoute  Johann et s'implique dans son rôle de roi. Johann par le pouvoir qu'il exerce sur le roi Christian établit de grands bouleversements. La torture et le servage sont désormais abolis au Danemark. Mais tous ces changements sont mal perçus par certains membres de la cour.

Je ne vous raconte pas la suite mais il s’agit d’un film magnifique où les faits historiques sont réels. Le jeu des acteurs est irréprochable, la réalisation est splendide. Bien sûr, iI y a de l’amour, des drames, des manigances et cette foi, cette conviction profonde  de se battre contre des inégalités crève littéralement l’écran ! A voir absolument!! Superbe et passionnant comme un bon roman !

Jeffery Deaver - Instinct de survie


Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : Octobre 2012 - 521 pages de rebondissements !

Après leur semaine de travail, Steven et Emma Feldman viennent passer un week-end dans leur résidence secondaire située près du lac Mondac dans le Wisconsin. Un endroit au calme, isolé où Michelle une amie à eux doit les rejoindre. Sauf que deux individus pénètrent dans la maison. Steven a juste le temps d’appeler la police, de prononcer « c’est » et le couple est abattu. Intrigué par cet appel, le shériff demande à l’inspecteur Brynn McKenzie de se rendre sur place pour s’assurer que tout va bien.

Brynn délaisse la soirée familiale pensant être de retour d’ici peu auprès de son mari et de son fils. En arrivant aux abords de la maison, elle a l’intuition que quelque chose ne tourne par rond. Au lieu d’appeler des renforts, elle préfère aller vérifier par elle-même. Dans la maison, elle découvre les corps  abattus du couple alors que les deux tueurs sont toujours là. Commence alors une course poursuite nocturne dans la forêt  où elle et Michelle tentent de s’enfuir poursuivies par les deux hommes. Brynn a un côté épouse de MacGyver et l’on apprend par exemple comment fabriquer  une boussole avec trois fois rien ou comment distraire l’attention de ses ennemis. Si cette partie du livre m’a semblée un peu longuette comme au jeu du chat et de la souris, l’auteure introduit très vite plus d’un rebondissement et ce livre devient un véritable page-turner ! Pas le temps de souffler, on va de surprise en surprise et de révélation en révélation.
Brynn qui m’avait un peu énervée par son côté super Wonder Woman se révèle au fil des pages une femme comme une autre avec des problèmes personnels à gérer . Même si la fin m’est apparue surfaite et que certaines ficelles sont un peu grosses ( comme certaines coïncidences), ce livre remplit efficacement son rôle ! Ce thriller basé plus sur l’action que sur le psychologique est avant tout une lecture sans prise de tête et Jeffery Deaver sait ferrer son lecteur.

De nombreux billet sur Babelio

jeudi 6 décembre 2012

Emma Donoghue - Egarés


Éditeur : Stock - Date de parution : Septembre 2012 - 300 pages et 14 nouvelles talentueuses !

Dans sa préface, Emma Donoghue revient sur le pourquoi de ce recueil. Egarés comme errance, un mot employé pour des migrants qui ne s’installaient nulle part. La quête n’est pas seulement géographique mais plus profonde chez certains des personnages. Partir pour se construire, pour s'octroyer un nouveau départ qui offre place à tous les rêves. Mais le voyage peut s’avérer douloureux et être synonyme de   choix.  L’auteur dit très justement  : Malaise. Emerveillement. Mélancolie. Irritation. Soulagement. Honte. Distraction. Nostalgie. Indignation morale. Culpabilité. Les voyageurs sont confrontés à un concentré de sentiments confus qui font la condition humaine. Et l'on retrouve toutes ces émotions dans ces quatorze nouvelles qui mettent en scène des personnes du XVIIe au XXe siècle ayant voyagé. Migrer, partir, laisser son pays natal avec le cœur rempli d’espoir ou de pleurs. Qui dit voyage dit un départ volontaire ou non, le trajet et ses possibles aléas et l’arrivée. Se poser, s'installer dans un nouveau lieu  sans oublier pour autant ses  racines et quelquefois en n'arrivant pas à s'intégrer.

Du Texas au Massachusetts, de Londres à New-York, on suit des personnages pour la plupart ayant existé. Des hommes ou des femmes qui ont laissé trace de leur nom dans un entrefilet d’un journal ou d’une correspondance. Après chaque nouvelle l'auteure revient sur la source, sur les documents et renseignements qu'elle a pu trouvés. Elle a essayé de suivre ses personnages et de savoir ce qu'ils avaient pu devenir.
Une  mère qui n’a pas eu d’autre choix que de laisser sa fille, une autre contrainte de vendre son corps,  un esclave de couleur qui s’enfuit, un soigneur de zoo qui ne veut pas laisser son éléphant, une fausse veuve qui prend la poudre d’escampette, un brigand,  des chercheurs d’or, ... Autant d'hommes et de femmes qui m'ont transportée avec eux. Et j'ai ressenti leurs émotions, leurs sentiments.

Avec une écriture qui colle au plus près de ses personnages, des détails qui nous immergent dans l’Histoire, Emma Donoghue signe un recueil talentueux  !  On ne peut être que touché par ces vies, par l'universalité et par  l'humanité qui s'en dégage ! Après son  roman Room, Emma Donoghue démontre qu'elle a plus d'une corde à son arc. Un vrai plaisir !!!

mardi 4 décembre 2012

Bernard Minier - Le cercle


Éditeur : XO - Date de parution : Octobre 2012 - 559 pages et un thriller bien mené ! 

Claire Diemar professeur en prépa khâgne est retrouvée morte chez elle dans sa baignoire. L’affaire semble simple car un de ses élèves Hugo est retrouvé au domicile de la jeune femme. Le commandant Martin Servaz se charge de l’enquête à la demande de la mère d’Hugo qui est son ancien amour de jeunesse.

Un étudiant amoureux de son professeur, une dispute qui tourne mal et tout pourrait classer le meurtre de Claire Diemar en crime passionnel. A Marsac, petite ville universitaire du sud-ouest, des rumeurs courent sur la professeure décédée et sur ses méthodes d’enseignements. Margot la fille de Martin Servaz est une élève de cette prépa où lui-même avait étudié. Hirtmann un tueur psychopathe s’est échappé et est de retour dans la nature. Et s'il était le coupable ? Mais le meurtre de Claire Diemar est le premier d’une série de morts atroces (âmes sensibles, attention) et sur le campus des étudiants ont crée une sorte de clan spécial. Pour la suite, et bien, lisez-le...

Ce livre réunit tous les ingrédients d’un bon thriller : des fausses pistes, des évènements imprévus et du suspense. Mais j’y ai trouvé des longueurs et surtout des détails inutiles qui selon moi nuisent à l'ensemble. Même si ce n'est pas un coup de cœur, j’ai quand même accroché à l'hameçon donc mission à demi accomplie pour ce livre !

Le billet de Mango

 


 

lundi 3 décembre 2012

Thierry Hesse - L'inconscience


Éditeur : Editions de L'olivier - Date de parution : Août 2012 - 325 pages et un roman riche ! 

Carl et Marcus Vogelgesang sont deux frères nés dans la France Alsacienne des années 60. Cinquante plus tard, Marcus l’aîné est professeur d’ethnologie et vit à Roubaix. Célibataire et sortant avec des étudiantes deux fois moins âgées que lui. Tandis que Carl est marié, a trois enfants et un emploi de cadre dans une compagnie d’assurances. Deux frères et deux vies différentes.

Si au chemin tout tracé et conventionnel du cadet s'oppose le parcours hasardeux de Marcus, Carl est plongé dans le coma après avoir fait un virage de 180 degrés dans sa vie. Cet homme posé et responsable a lâché son travail pour ouvrir avec un certain Stern un cabinet d’assurances à Metz. Mais surtout il a quitté femme et enfants pour s’installer avec lui. Le tout en quelques semaines. Marcus se rend à son chevet et essaie de comprendre ce qui pu se passer. Et voilà comment l'auteur  nous raconte l’itinéraire des deux frères en le plaçant dans  le contexte familial et social. Quand Carl étudiait les finances, Marcus avait déjà déserté l’école. Epris de musique et de liberté, il avait bourlingué en Espagne et se laissait porter par le vent des aventures, postant une carte postale de temps en temps à sa famille. Les deux frères se sont perdus de vue durant plusieurs années avant de se retrouver et de renouer des liens.

Thierry Hesse amène le lecteur à se poser des questions sur  la fraternité et sur le rôle sous-entendu de l’aîné sans tomber dans l’analyse (ou la pseudo analyse). Sur fond de mutation des villes de province, il dresse le portait d’une société où l’importance de l’argent, la sécurité proférée par son aura alimente les compagnies d’assurance. Avec une ironie aiguisée et un véritable talent de narrateur, Thierry Hesse signe un roman riche, maitrisé où les références musicales rock se fondent, s’incorporent harmonieusement.
Ce roman apporte son grain de sel piquant, délicieux, étonnant dans un paysage littéraire français trop souvent uniforme et m’a plus que séduite!
Seul petit bémol, la fin peut laisser une sensation inassouvie en terme de point final.
Lu et beaucoup aimé également de cet auteur Démon.

Depuis la dernière fois que les deux frères s'étaient parlé, beaucoup d'eau avait coulé dans la Moselle, rivière que Carl, l'hiver lorsque les arbres  du jardin botanique étaient dépouillés, apercevait de son balcon. Beaucoup d'eau mais aussi pas mal de nitrates, d'anguilles sous roche, de gardons pas très frais. Comment, après toutes années, Marcus allait-il réagir ?


samedi 1 décembre 2012

Yannick Grannec - La Déesse des petites victoires


Éditeur : Anne carrière - Date de parution : Août 2012 - 450 pages et  un premier roman étonnant !

1980, Université de Princeton, Anna est une jeune documentaliste à peine trentenaire qui se voit confier une mission  où d’autres ont échoué. Récupérer les archives personnelles le Nachlass de Kurt Gödel un brillant mathématicien auprès de sa veuve Adèle à  la forte personnalité.  

Malgré ses  soixante-dix neuf ans, Adèle est une femme qui  n’est pas prête à  se laisser marcher sur les  pieds. Quand  Anna lui rend visite la première fois à la maison de retraite, Adèle accepte de la revoir à condition qu’elle écoute le récit de sa vie. Et nous voilà lecteur embarqué dans ce livre qui alterne  le récit d’Adèle et  le  présent.
Fin des années 1920, Vienne, Adèle  est une danseuse de cabaret. Têtue, n’ayant pas froid aux yeux, elle rencontre par hasard  Kurt Gödel alors étudiant. C'est ainsi que  débute une histoire d’amour entre ces deux personnes que tout sépare. Méprisée par la famille de Kurt, Adèle ne connaît rien au monde des sciences mais elle sera toujours là pour Kurt.  De la monté du nazisme en Autriche à l'Amérique du maccarthysme, de la bombe atomique à la mort des confrères de renoms de Kurt dont  Einstein, on découvre la vie d’Adèle auprès d’un homme savant mais malade. Paranoïaque, égoïste, Adèle le soutiendra même en serrant les dents.

Ce roman avait tout pour que je pousse un cri du cœur mais j'ai lu en diagonale certains  passages  traitant de mathématiques un peu trop nombreux à mon goût. Et j'ai trouvé le personnage d’Anna bien pâle et  peu intéressant comparé à celui d’Adèle. 
A côté, il y a l’écriture de Yannick Grannec, la verve et les réparties d’Adèle ( un régal), l'humour  et son histoire ! Celle d'un amour sans borne malgré  la folie de Kurt, un génie  dont  la folie et sa passion le conduiront  à sa perte. 

Malgré quelques bémols, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'un premier roman étonnant avec de nombreuses qualités et savoureux sur bien des points

Le monde autour de nous pourrissait. Il avait, lui, soldé le siècle bien avant l'heure. Le doute et l'incertitude en seraient les nouveaux fondements. Il a été toujours en avance.