samedi 29 juin 2013

George Eliot - Silas Marner


Éditeur : Archipoche - Date de parution : juin 2013- Traduit de l'anglais par Auguste Malfroy - 278 pages et un avis très mitigé.

Avec le mois anglais, j'avais décidé de m'attaquer au moins à livre considéré comme un classique ou de découvrir un auteur ayant ce statut honorifique. C'est chose faite...

Tisserand, Silas Marner a été trompé par son ami le plus cher. Blessé, il décide de partir et de s'installer  à Raveloe un petit village de la campagne anglaise. Solitaire, il travaille et accumule de l'argent auquel il voue un attachement. L'or le rassure, ses pièces gagnées lui procurent satisfaction et bonheur. Godfrey le fils aîné du notable de Raveloe se trouve dans une situation peu confortable. Il s'est marié à une fille de la rue avec qui il a eu une bébé et son frère Dunsey le fait chanter. Or le père de Godfrey attend impatiemment q'il fasse sa demande en mariage à Nancy Lammeter. Dunsey tue par dans un accident le cheval de son frère qu'il a déjà vendu et vole l'argent de Silas Marner. Lorsque ce dernier s'en rend compte, personne ne pense imaginer que Dunsey étant fils de notable soit à l'origine de ce vol. Silas Marner fait son entrée pour ainsi dire dans le vie de village. Peu de temps après, un soir, le tisserand trouve devant sa porte un bébé...

L'intrigue n'est pas l'élément le plus important de ce roman qui dresse le portait de l'Angleterre du XIX siècle, une Angleterre rurale avec ses classes sociales. Si je me suis  laissée porter par le charme suranné de ce livre, il n'en demeure pas moins que les considérations religieuses et morales m'ont assommée. Et il y a en a. Beaucoup. De trop même. Et près avoir tourné la dernière page, je suis restée sur ma faim...

Au final, j'ai envie de dire tout ça pour ça. Mouais...



vendredi 28 juin 2013

Laura Esquivel - Vif comme le désir


Éditeur : Folio - Date de parution : avril 2013- Trauit de l'espapnol (Mexique) par Frédéric Eugène Illouz - 217 pages d'une écriture sensorielle et charnelle !

Mexique, Jubilo issu d’une famille de condition modeste épouse Lucha une jeune fille d’une classe sociale aisée. Jubilo qui toujours été passionné par les télégraphes en fait son métier. Mais le couple vivote et Lucha a du mal à s’habituer à ce changement de conditions. Jubilo possède comme un sixième sens,  il devine les pensées des autres, les ressent. De sa grand-mère maya, il a hérité une sensibilité particulière. Si l'amour de Jubilo et de Lucha semble être le plus fort, l’argent et ce don précieux vont les conduire à divorcer.

Quel plaisir de relire Laura Esquivel que j’avais découverte avec Chocolat amer ! Ici point de cuisine, mais la communication est au centre de ce livre. L’auteure avec sa plume toujours aussi poétique et sensorielle, nous fait pénétrer dans un univers où les mots codés en morse, un frisson, un corps qui se raidit , une danse langoureuse sont aussi précieux que les paroles. Dans un Mexique qui n’a fini de panser ses plaies, l’histoire de Jubilo devenu vieux, aveugle et dont sa fille s’occupe résonne avec des réflexions intéressantes sur l’aspect matériel et financier. Sur celui que nous lui donnons, les priorités que nous nous fixons dans une vie.
Sa fille veut comprendre la raison du divorce de du divorce de ses parents cinquante ans plus tôt alors qu'il s'aimaient passionnément. Un roman à déguster, pertinent et délicieux par son écriture !

Ecrites, parlées ou chantées, les parole qui qui sortent de de notre corps volent dans l'espace. D'autres voix avant nous les avaient prononcées. Elles se chargent de leur écho, voyagent dans les airs, elles s'imprègnent de la salive d'autres bouches, des vibrations reçues par d'autres oreilles, des battements de milliers de cœurs. S’insinuant jusqu'au centre de la mémoire, elle attendent tranquillement qu'un nouveau désir les réanime et les charge d'énergie amoureuse. 

jeudi 27 juin 2013

Fanny Salmeron - Les étourneaux


Éditeur : Stéphane Million éditeur - Date de parution : Janvier 2013 - 109 pages de poésie et d'humour ! 

Des attentat sont  perpétrés à Paris, un astéroïde menace d’entrer en collision sous peu avec la terre : un air de fin du monde plane. La confusion et la peur gangrènent lentement les gens. Brune Lodka et Ari, trois amis , décident de passer la frontière et de se réfugier à la campagne afin d’être en sécurité.

Entre fable et conte, ce petit roman est surprenant ! D’emblée Fanny Salmeron surprend et nous entraîne dans une histoire où la fantaisie et l’humour sont omniprésents. Loin de tout stéréotype conventionnel, même le chien Ferdinand nous livre ses pensées tandis que Brune et ses amis à chemin jeunes adultes baignées d’insouciance et de rêveries s’amusent à occupent le temps comme ils le peuvent. Est-il trop tard pour faire le pas et  découvrir de visu une personne avec qui on a échangé 14032 sms, 523 mms, 1925 mails, 14 lettres, colis et cartes postales et 26 h heures au téléphone en quelques mois ? Et sous des airs légers, des questions plus profondes s’invitent.

Un petit roman bourré de charme, de cette fantaisie comme je les aime ! Une très  jolie découverte !

Parce que dans la solitude,  il y a toute la place pour se dire "j'ai la trouille". Alors on se colle. On s'agrippe. Surtout ne pas trébucher. Ne pas quitter la meute.

Les billets Blablamania, Charlotte, SophieLit

mercredi 26 juin 2013

Jean-Luc Seigle - En vieillissant les hommes pleurent


Éditeur : J'ai lu - Date de parution : Mai 2013 - 250 pages cruellement superbes !

Il y a des livres qui vous touchent parce qu’ils vous renvoient à votre vécu ou à des gens proches. Des personnes issues d’un milieu modeste mais pour qui certaines valeurs étaient importantes. Souvent elles n’avaient pas appris à dire leurs sentiments, la pudeur était de vigueur. Pas d’effusion ou d’embrassade, on gardait ça en soi. Les joies comme les peines. Et un homme se devait d’être fort, surtout ne pas pleurer. Des taiseux dont des ruisseaux ou des torrents de larmes charriaient l’âme et le cœur traçant des sillons indélébiles enfouis. Mon père en faisait parti et je ne l’ai jamais entendu dire qu’il m’aimait.

Nous sommes en 1961. Albert est ouvrier à l’usine Michelin . Après sa journée de travail, il aime retourner à ses racines, la terre transmise d’une génération à l’autre. De ses mains, la toucher et la cultiver. Son épouse Suzanne voudrait balayer le passé que le mobilier lui renvoie à la figure par le mobilier et être moderne. Depuis que leur fils aîné Henri est parti en Algérie pour la guerre, Suzanne a changé. Elle n’est pas devenue une des ces femmes qui portent sur elles la tristesse. Au contraire, elle prend spin comme jamais auparavant. Avec Henri, elle échange une correspondance unique. Pourtant Albert connait la guerre, il l'a faite. Et y a Gilles, le second fils arrivé tardivement qui s’échappe dans les livres. Albert sait qu’Henri est le fils préféré de Suzanne. Même si Albert est un taiseux, il veut que Gilles bien que différent ait sa chance lui aussi. Il le présente à Monsieur Antoine un ancien instituteur à la retraite amoureux des livres. Suzanne a acheté une télé car Henri a été filmé. C’est l’effervescence, la famille, les voisins et voisins se tiennent devant ce poste durant la soirée. Et Henri apparaît. Albert se tient éloigné, il comprend que Suzanne a besoin de revoir son fils et qu'il n' a plus sa place dans ce monde qui n'est plus le sien.

En une seule journée, on assiste à la naissance du projet d’Albert, à ce qu’il veut transmettre à Gilles, à l’adultère de Suzanne. En une journée, les valeurs, les non-dits prennent forme à demi-mots mais surtout par les comportements. Les relations au sein de cette famille sont admirablement décrites. J’ai retrouvé cette pudeur qu’évoquait Marie-Hélène Lafon, les classes sociales qu’Annie Ernaux décrivait et dont on est prisonnier, la lecture qui peut changer une vie. 

Dès les premières lignes, j’ai été ferrée par la simplicité qu’à Jean-Luc Seigle de nous immiscer dans un drame. La vérité superbement cruelle m’a prise à la gorge et j'ai été bouleversée. Pas de grands mots mais une écriture sans fioriture qui colle aux personnages comme une seconde peau.

Tout à l’heure je ne serai plus ce que je suis et que je n’aime pas être. Je n’aime pas qui je suis. Je n’aime pas ce qu’il faudrait que je sois, je n’aime pas me réjouir de cette vie–là, je ne suis pas de cette vie, je suis d’un autre temps que je n’ai pas su retenir.

Antigone  m'avait donné envie de le lire,  Leiloona a été bouleversée également et en parlait hier

mardi 25 juin 2013

Samira El Ayachi - Quarante jours après ma mort


Éditeur : l'Aube - Date de parution : Mai 2013 - 228 pages d'un chant de colère, d'injustice ou de rédemption !

Un jeune homme de trente-cinq ans est mort à Paris. Il est le narrateur de ce récit. Son corps et rapatrié au Maroc la terre de sa famille. Bien que né en France, c’est à Fès que son corps sera gardé en attendant l’arrivée de ses parents selon le rite musulman. Son corps est exposé pour la venue des voisins, des amis, de la famille. Il entend tout le bien, comme le mal, les mensonges comme les pleurs. Il sait comment se déroule les funérailles. Mais il a peur. Pas de la mort mais que son existence en France soit mise à nue. Et elle l’est.

Une attente qui va durer quarante jours, autant de journées où tout s’effondre, où la vérité prend un autre visage. . De Paris, trois femmes qui ne se connaissent pas arrivent affirment chacune être sa compagne. De son sont statut de mort pleuré, il devint un objet de honte. Impuissant, il raconte ses propres mensonges qu’il a brodé tout la comme vie qu’il disait mener. Mais l'arrivée surprise  des compagnes n’est pas la dernière en révélation inattendue.

L’auteure alterne habilement les traditions marocaines et toute une famille qui va se confronter elle-même à ses propres secrets et la vie du narrateur. Deux styles où poésie et lyrisme contrastent avec une langue actuelle sans concession. Entre traditions et modernité, ce roman s’élève comme un chant où colère, honte et rédemption dominent. Et les désillusions de jeune homme nous sautent à la gorge comme le témoignage de ses rêves inaccomplis.

Même si ce roman n’est pas parfait, l’écriture de Samira El Ayachi est un chant à elle tout seule. Elle réussit ce pari d'intégrer la mort comme entité, les coutumes religieuses et de nous pendre la main par cette histoire dont la dimension fait réfléchir.
Une lecture qui sort des sentiers battus ! 

Et je me demande " Qu'ont donc tous ces gens? " N' y a t-il pas endroit plus propice à déballer ses petite affaires que sur la table de mes funérailles ? Depuis ma mort, chacun se hâte de décharger sa conscience en me rapportant comment, toute sa vie durant , il ou elle manœuvré pour dissimuler une partie de son identité. Surtout, je comprenais que dans le moindre recoin  de ce pays , toute chose est autorisée tant qu'elle demeure, clandestine, calfeutrée dans le psyché de l'individu. C'est le règne de la vie souterraine, au détriment de la vie révélée. 

lundi 24 juin 2013

Mais c'est quoi cette PAL ???

Ma PAL de plusieurs  strates (datant d’ères plus ou moins anciennes) est variée. Voici quelques uns des livres que j'aimerai lire cet été pour pouvoir les ranger ensuite : 

Rosa Montero : le territoire des barbares
Jonh Cheever : Falconer
Alice Ferney : Cherchez la femme
Christophe Mouton : notre mariage
Katrina Kittle : le garçon d’à côté
Orina jeancourt Galignani : mourir est un art, comme tout le reste
Andreï Makine : une femme aimée
Peter Heller : la constellation du chien
Paule Noyart : la nuit d’Ostende
Ron Rash : un pied au paradis
Joyce Carol Oates : j’ai réussi à rester en vie
Didier Van Caulewaeet : corps étranger
AM Homes : ce livre va vous sauver la vie
Yann Queffélec : les noces barbares
Carole Zalberg : la mère horizontale
Erri De Lucca- les poissons ne ferment pas les yeux

Lili Galipette a pensé à nous ( ceux qui achètent, font des stock au cas où ...catégorie dont je fais partie) en organisant une challenge autour d'une PAL d'été. L'objectif  dégraisser en peu nos étagères et pas notre portefeuille.. merveilleux!




Ian McEwan - Expiation

Editeur : Gallimard - Date de parution : 2005 - Traduit de l'anglais par Guillemette Belleteste - 488 pages et un coup de cœur ! 

Angleterre, Août 1935. Briony la cadette d'une famille aisée attend avec impatience l'arrivée de son frère Léon. A 13 ans, elle a décidé de devenir romancière. Sa forte personnalité doublée d'un sens de l'observation lui confèrent des certitudes inébranlables. Et lorsqu'elle surprend Robbie, un étudiant extrêmement brillant et qui n'est autre que le fils de la domestique, avec sa sœur Cecilia, elle y voit une menace et non une scène d'amour. En une journée, le destin des personnes sera modifié car Briony va avancer un témoignage dans lequel les interrogations sont des convictions. Un témoignage qui est l'amorce d'un drame et de destins bouleversés.

Entre Ian McEwan et moi, il s'agit d'une histoire d'amour sulfureuse. Après un coup de foudre avec Sur la plage de Chesil, Délire d'amour et L'enfant volé ont signé notre rupture. Et ces retrouvailles ont fait battre mon cœur à la chamade. Le grand amour est de retour ! Car j'ai vibré, j'ai frémi, j'ai été embarquée par cette histoire dans un état de bonheur extatique ! Tout y est du grand Art ! L'écriture si délicieuse, le déroulement où les questions, les doutes mènent la danse et un final de Maître ! Alors que la canicule s'est abattue sur l'Angleterre, Briony a écrit une pièce de théatre afin de fêter dignement le retour de son frère Léon accompagné d'un ami étudiant. Future romancière dans l'âme, elle pense avoir cerné mieux que quiconque la nature humaine. Mais, ses cousins du nord lui donnent du fil à retordre et elle abandonne l'espoir d'une représentation. En une soirée, un drame se joue : un viol et l'arrestation de Robbie. Le témoignage de Briony fait voler en éclats la vie de la famille. Quelques années plus tard, on retrouve chacun des personnages dans un contexte différent. La guerre bat son plein, Cécilia a rompu les ponts avec sa famille et Robbie se bat en France. Briony a grandi, elle porte ses actes de l'été 1935 comme un fardeau dont elle voudrait se repentir. Peut-on pardonner ? Est-il si facile de se débarrasser de sa culpabilité ?

Ian Mc Ewan excelle dans ce roman ! Dans la première partie, il nous livre des fragments de l'avenir tel qu'il aurait dû être. Il plante un décor où les détails sont aussi importants que la psychologie des personnages. La seconde partie révèle des tenants et des aboutissants inattendus. Non, je n'ai pas lu ce livre, je l'ai ressenti avec intensité. Si vous cherchez un vrai roman hors pair, un bijou, n'allez pas plus loin ! L'ambiance, le suspense distillé, la construction et le style m'ont scotchée ! Et une fois commencée cette lecture, il est difficile de la lâcher. Du pur bonheur !

Un couip de cœur pour Hélène également , le billet de Sylire renvoie à plein d'autres !



dimanche 23 juin 2013

Tonie Behar - Grands boulevards


Éditeur : JC Lattès - Date de parution : Juin 2013 - 402 pages divertissantes et qui font passer un agréable moment ! 

Ce roman est arrivé à point. Un temps morose (et dire qu’il paraît que c’est l’été), de la fatigue et des lectures fortes qui m’ont habitée pendant plusieurs jours ( je suis une éponge et il m’ a fallu du temps pour me vider des émotions suite à Annabel de Kathleen Winter et en écrivant ces lignes, je me rends compte que je porte toujours en moi ce livre). Bref, j’avais besoin de légèreté mais sans guimauve et Grands boulevards me l’a apportée !

Doria trentenaire comédienne dans les publicités et croyant au pouvoir exercer enfin un jour son métier sort d’une rupture amoureuse. Elle s’installe temporairement chez son père Max joueur de poker et amateur de cigares. Il a toujours vécu dans cet un immeuble du boulevard Montmartre et connait l’histoire quartier et ses habitants. Simon le fils de la demi-sœur de Doria est hébergé lui aussi par Max pour ses études. Mais voilà que la la banque qui est propriétaire décide de le vendre. Max ne possède pas les moyens de racheter son appartement comme la plupart des autres locataires. Mais il est bien décidé à tout mettre en  oeuvre pour ne pas être expulsé.

Des jeudis soirs coquins destinés aux femmes où des sextoys sont vendus, un bar kebab, un beau jeune homme qui fait craquer Doria, un designer assez étrange, un femme triste et autoritaire... Voici quelques uns des habitants de cet immeuble que l'on croise et que l'on suit. Et  aide son on père en servant de Facebook. Un véritable élan de solidarité va voir le jour alors que Doria tombe amoureuse, que Simon connaît les joies et déboires du premier amour et le lecteur n'est pas au bout de ses surprises !

Aucun temps mort, le ton est frais mais je le rappele sans guimauve, l'écriture est entraînante, et si l'on devine une partie du mot final, ce roman est une jolie découverte rien que pour le style de Tonie Behar  (qui  jongle très habilement avec les enchaînements ) !
Des bulles pétillantes à  lire pour passer un agréable moment !

Les billets d'A bride AbattueBlablamania, Caroline, Daniel Fattore, Lucie et celui de Stephie qui renvoie à d'autres liens.

vendredi 21 juin 2013

Sandrine Roudeix - Les petites mères


Éditeur : Flammarion - Date de parution : 2012 - 180 pages et un avis mitigé...

Rose va quitter quelques heures le milieu aisé dans lequel elle vit désormais avec son fiancé pour aller lui présenter sa famille. Famille, mot féminin qui réunit l’arrière grand-mère, la grand mère et sa mère. Sa mère est secrétaire, sa grand-mère marchande de légumes, et son arrière grand-mère, ancienne femme de ménage, immigrée, fille d’ouvrière. Personne ne sait que toutes ont été abandonnées par leur homme pendant ou après la grossesse. 

Une boule au ventre, Rose appréhende cette rencontre. Revenir aux sources de la matrice où disputes, querelles ont animé son enfance. Entre Conception, Fernande et Babeth, il y a toujours eu une animosité liée à l’incompréhension. Au manque de communication. Les rêves caressés pour briser ce cercle maudit, les mises en garde se sont transformées en désenchantements. Sur ses épaules, Rose porte le symbole d’être sortie du milieu social dans lequel elle a été élevée. Mais Rose ressent de le honte: regarder en arrière lui apporte de la honte mais aussi des jolis moments partagés avec Conception. On découvre ces femmes, leurs projets avortés et leurs vies.

Et j’aurais dû crier au bonheur mais malgré une écriture sensible.  j’ai trouvé l’ensemble trop linéaire dans la narration  Et de très beaux passages n’ont pas suffi …  

Aifelle, Cathulu,  Lucie, Sylire , Un autre endroit ont aimé , comme moi Antigone est plus réservée.

jeudi 20 juin 2013

Didier Decoin hier chez Dialogues

Mardi soir , j'ai raté l'intervention de Yann Queffélec chez Dialogues. Encore que...
Le café était bondé, du monde à l'attendre impatiemment partout . En allant à létage payer mes livres,  qui arrive ? Yann Queffélec !
Moi souriante " Bonjour, Mr Queffélec, je tenais à vous dire qu'étant une bretonne non bretonnante (d'ailleurs, est-ce un bretonnisme ?) j'ai vibré à la lecture du dictionnaire amoureux de la Bretagne".
Un sourire de sa part accompagné d'une poignée de main vigoureuse, chaleureuse et il me répond  "j'en suis fort ravi".

Aussi hier soir, je suis arrivée plus tôt après  pour  assister à la rencontre de Didier Decoin qui présentait son dernier livre La pendue de Londres.
Narrateur hors pair, il a conquis l'assemblée en expliquant que si Albert Pierrepoint était aussi méticuleux c'était pour éviter aux personnes de souffrir lors de la pendaison. Il a évoqué comment de nos jours  les exécutions se déroulaient aux Etats-Unis.
Quand est arrivé le temps des questions-réponses, j'ai été plus que surprise. Une personne  qui assiste régulièrement aux rencontres a pris la parole :

" J'ai un cousin qui est avocat aux Etats-Unis à Washington ( et alors, qui ne connaît pas quelqu'un qui est avocat ou qui travaille à l'étranger? ) et  je risque de choquer l'assemblée, mais j'assume mes propos car je suis pour la peine de mort.  Si Mr Badinter  avait eu eu une personne de sa famille ayant été tuée dans des condition abominables,  la peine de mort existerait toujours. Et je trouve qu'il est normal que les meurtriers souffrent autant que leur victime au moment de l'injonction des produits. "

Je n'ai pas voulu ajouter mon grain de sel aux propos de cette femme, j'ai simplement dit que chacun selon son histoire et son passé avait des convictions mais que pour en revenir au livre, il était  saisissant!
Cette personne a donné son  opinion et je trouve qu'elle n'avait pas sa place dans cette rencontre littéraire.

Est-ce que de voir quelqu'un souffrir en mourant  peut remplacer la disparition d'une personne chère? Est-ce que la peine ressentie sera effacée, la douleur gommée ?
Ce débat nécessite plus que quelques notions de droits. L'humanisme, le fondement de  l'existentialisme doivent être pris en compte ainsi que bien d'autres notions.

En tout cas, j'ai discuté un peu avec Didier Decoin  et je suis revenue avec une superbe dédicace :



Peter Fromm - Comment tout a commencé


Éditeur : Gallmeister - Traduit de l'angalis (Etats-Unis) par Laurent Bury - Date de parution : Mai 2013 - 334 pages dont on sort pas indemne ! 

Texas et une petit ville paumée dans le désert.  C'est là qu'Austin quinze ans, sa soeur Abilene âgée de vingt ans et leurs parents vivent.  Brillante lycéenne, elle a claqué  la porte de la fac. Austin voue  à sa soeur un amour incommensurable mêlé de fierté et d'orgueil. Depuis toujours, Abilene lui apprend le base-ball et veut qu'il devienne le meilleur lanceur  de tous les temps. L'amour d'Austin pour Abilene est un amour aveugle  qui l'empêche de voir qu'elle a des changements d'humeur, passant de l'euphorie à l'abattement. Elle part souvent sans prévenir.

Les absences  se transforment en  une semaine et Abelene revient comme si de rien n'était. Inquiets, ses parents veulent qu'elle consulte un médecin ce qu'elle refuse. En fait Abilene souffre de troubles bipolaires, diagnostic confirmée par un une psy. Austin passe son temps avec Abelene, joue encore et encore tant qu'elle n'a pas dit d'arrêter. Abelene voit grand pour son frère, l 'occasion pour lui de partir de ce trou paumé. Abelene y étouffe et Austin suit son idée. Pour sa soeur, il fera tout ce qu'elle veut. Il le lui a promis.  Mais Abelene s'enfonce dans ses troubles maniaco-dépressifs et Austin reproche à ses parents de ne pas la laisser tranquille. Sa soeur va bien, elle n'est pas folle. Prisonnier de l'idolâtrie qu'il lui voue, Austin refuse d'aider ses parents pour la soigner. Des parents désemparés voulant agir pour le bien de leur fille et se heurtent à une armure de boucliers levées par leurs enfants. Les personnages sont tous prisonniers : d'une vie choisie, d'une maladie, du refus d'admettre le réalité qui devient de plus en plus dangereuse.

Dans ce drame où la tension va en crescendo, où l'ambiance vous colle comme une seconde peau, le base-ball tient une place importante. Pas de quoi s'affoler ou de paniquer car si dans Indian Creek, la pêche à la mouche servait de tremplin pour aborder des thèmes ici c'est ce sport.

Ce roman est un tourbillon vertigineux où l'on ressent le vent sec du désert, la solitude, la dérive d'une famille pour qui tout avait pourtant bien commencé.  
Un moment de lecture forte dont on ne sort pas indemne!
Merci à Babelio pour ce livre !

Le billet de Jérome.
Lu cet auteur : Avant la nuit, Indian Creek,




mercredi 19 juin 2013

Marina Lewycka - Traders, hippies et hamsters


Éditeur : Editions des deux terres - Traduit de l'anglais par Sabine Porte - Date de parution : Avril 2013 - 520 pages drôles, pétillantes et anti-grisaille!

Angleterre. Marcus et Dorothy appelé Doro sont deux vieux hippies. Des vrais, de ceux qui ont  fondé une communauté et défendent encore leurs idées. Ils veulent se marier ce qui a pour effet d’étonner leurs enfants. Serge, l’étudiant brillant en maths a abandonné sa thèse pour répondre au doux chant de l’argent en tant que trader. Sauf que Doror et Marcus ne le savent pas. Clara l’aînée est institutrice dans une école où l’argent ne coule pas à flot et se cherche. Et enfin Oolie que Doro couve, surprotège car elle est trisomique. Mais Oolie est bien décidée à avoir son propre appartement.

Nul besoin de connaître le monde des finances et de la bourse ou de vieux slogans pour dévorer ce roman ! Chacun des personnages prend la parole et nous donne l’occasion de découvrir son passé. Jeunesse, idéaux, engagements mais aussi désillusions. On se régale, on sourit, on rigole et tout ça alors qu’une crise financière couve (avouez que l’auteure fait fort !). Et les hamsters dans tout ça? Une seule solution : le lire !

Du punch, aucun temps mort, des personnages attachants, des situations complètement géniales, bref un fort bon moment de lecture qui vous fait oublier la grisaille !

Le projet mûrit dans sa tête depuis qu'il a commencé chez FATCA et se précise de plus en plus à chaque transaction. Il écrira un best-seller dévoilant toutes les ficelles et arnaques de la City. Il fera des dons généreux à des causes progressistes pour se faire pardonner de Marcus et Doro. Il achètera à sa mère un ou deux tenus convenables  Il créera un prix pour les délinquants dans l'école de sa sœur  Il écrira des poèmes. Il épousera la princesse Maroushka et l'emmènera au royaume des mathématiques pures pour l'arracher au néant de la prostitution statistique. 

Les billets de Cathulu, Cuné.

Lu de cette auteure Deux caravanes .




mardi 18 juin 2013

Kathlenn Winter - Annabel


Éditeur : Bourgois - Traduit de l'anglais (Canada) par Claudine Vivier - Date de parution : Février 2013 - 449 pages et un gros coup de coeur ! 

Il y a des livres qui vous bouleversent par leur grâce, leur sensibilité et la beauté de l'écriture. Des livres où vous aimeriez annoter des pages entières tant vous êtes touché en plein cœur et en pleine âme. Des passages porteurs de sens, reflets de notre société, tellement justes sur la difficulté d'être soi par sa différence, par le regard des autres ou leurs attentes. Ce sont des livres rares et Annabel en fait partie.

1968, Labrador au Canada. Dans un village reculé, Jacinta Blake met au monde son premier enfant. Son amie et voisine Thomasina l'aide. Le bébé présente les caractères sexuels d'un garçon et d'une fille. Il est ce qu'on appelle hermaphrodite. Jacinta aime d'emblée son enfant, son mari Treadway pense tout de suite qu'il faut que personne d'autre ne soit au courant.Il sait à quoi la différence peut amener. Les médecins consultés sont d'avis à ce que l'enfant soit un garçon.

Ainsi Wayne grandit dans un corps qui habite l'âme d'une fille. Doué pour le dessin, aimant la pureté des symétries, ses premières années se déroulent sans que le secret ne soit éventré et poussé par le vent gagnant les oreille des autres habitants de Labrador. Son comportement n'a rien de celui d'un garçon, il n'aime pas les jeux de ses camarades et préfère la compagnie de Wallie qui voue au chant une passion. Treadway l'élève comme un fils du Labador, ce père absent une partie de l'année qu'il passe dans la forêt à chasser. Jacinta voit dans Wayne la fillr qui se manifeste par ses goûts. Thomasina a perdu son mari et sa file Annabel et voyage à travers le monde expédiant à Wayne des cartes postales représentant des ponts des pays où elle met les pieds, apprend, s'émerveille des cultures. Malgré les médicaments censés développer son physique masculin, la féminité de Wayne est perceptible. Un jour, Wayne souffrant de maux au ventre doit être transporté à l'hôpital. Thomasina est rongée par la certitude que Wayne doit savoir alors que son père s'y oppose farouchement. Tandis que Jacinta culpabilise d'avoir fermé la porte à la féminité de son enfant et se détache peu à peu de son mari. : " C'est le corps de Treadway qui exprime son  jugement. Il déplace ses membres avec une précision exagérée, les traits figés par la désapprobation. Il se met hors d'atteinte, mai son corps parle pour lui et Jacintha déteste cela. Elle veut que les mots sortent de sa bouche mais il sortent de ses os. Ses os qui lui disent : tu peux bien être indulgente ou aveugle, mais moi, je ne suis ni l'un ni l'autre."
Wayne ressent la tension entre ses parents, essaie de percer ce mal-être. Est-ce de sa faute? Je n'en dirai pas plus sur l'histoire qui se déroule jusqu'à l'âge où Wayne devient adulte, prend sa vie entre ses mains, et découvre un espace de liberté.

Ce magnifique roman est porté par une écriture aux accents poétiques, où la nature s'intègre comme personnage à part entière. L'entité de la beauté, que chacun nous définissons selon nos propres critères est développée par sa multiplicité. Beauté de la nature sauvage, d'une vie qui s'épanouit ou d'un être humain différent qui possède une beauté propre. Un roman où les préjugés sont abattus et les œillères écartées.

Kathlenn Winter nous dépeint des personnages dont les vies sont simples. Ils ne courent pas après le matériel et Treadway cache sous son silence ou son comportement maladroit autant d'amour que son épouse pour son enfant. Les sentiments de tous les personnages, leurs ressentis, les descriptions de la nature, de l'amour d'une mère pour son enfant, ou la bienveillance de Thomasina, découlent avec finesse et délicatesse. Il y a cette beauté si pure, cette grâce si touchante de l'écriture que j’ai en ai pleuré ! Le livre débouche sur sur Wayne qui a su devenir lui-même et j'ai terminé cette lecture avec un sentiment de plénitude. Un gros coup de cœur ! A noter l'excellente traduction !

Thomasina sent monter une colère qu'elle n'a pas ressentie depuis longtemps. Les angoisses d'un enfant ne sont pas celles d'un adulte. Elle le rongent et cette souffrance n'est pas vraiment nécessaire. Pourquoi les adultes croient-ils les enfants capables incapables d'entendre la vérité ? Pourquoi s’obstinent-ils à refiler à leurs enfants les mensonges que leurs propres parents leur ont refilés, alors qu'il se souviennent sûrement de la détresse qu'ils avaient ressentie quand ils pleuraient tout seul dans leur lit, en proie à des peurs que personne n'avait pris la peine des les aider à surmonter ?

Le billet du coupable: In Cold Blog  et celui de Gwen


lundi 17 juin 2013

Stewart O'Nan - Les joueurs

Éditeur : Editions de L'Olivier - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard - Date de parution : Mai 2013 - 221 pages dévorées !

Avant de divorcer et que la clé soit mise sous la porte, Marion et Art un couple d’une cinquantaine d’années passent un week-end aux chutes de Niagara. Cet endroit où ils avaient passé leur voyage de noces. Une idée d’Art qui pense qu’il reste encore une chance à leur couple. Marion n’a plus d’illusions. Aucune. Elle n’a pas digéré l’infidélité d’Art même si elle aussi a failli. Des enfants devenus indépendants, la crise et le chômage qui les a conduit à la banqueroute financière, la maison qui va être vendue d’ici peu. Ils ne leurs restent plus rien.

Deux jours à passer ensemble dans un hôtel qui possède un casino. Là où on joue :  on gagne ou on perd. Marion est sur les nerfs, elle supporte à peine la présence d’Art mais essaie de jouer de se montrer un minimum sympathique, d'acquiescer aux sorties prévues par Art qui l’agacent. Art est venu avec toutes leurs économies pour jouer au casino. La tête remplie de l’espoir de gagner et que tout redevienne comme avant. Deux journées où les tensions, les désillusions sont décrites un sens aiguë du détail.
Stewart O’Nan décrypte un geste trop rapide ou trop brusque, le ton d’une réponse, des échanges verbaux routiniers. Art s’accroche à l’idée que leur couple a un avenir. Maladroitement il essaie de reconquérir Marion qui se tient sur ses gardes. Face à eux-mêmes, à leurs erreurs, à leurs regrets, la vérité est toujours plus cruelle.

Des étincelles de complicité apparaissent furtivement car ces petits moments qu’un couple a partagé, construit durant des années sont toujours bien présents. Ce lien même fragile existe bel et bien, aucun des deux ne peut l’ignorer.
Si Stewart O’Nan nous dépeint sans concession le rêve américain anéanti, ce roman  est contrebalancé entre ombre et lumière, désillusions et espoir car rien n’est gagné ou perdu d’avance. Tout simplement bien, très bien ! 

Ils trinquèrent, le whisky –comme le Coca-, doux et à l’effet immédiat, lui fit réaliser combien il était étrange, après avoir tout budgété au plu serré, après avoir découpé les bons de réduction dans le journal du dimanche, de jeter l’argent par les fenêtres comme si c’était un jeu. Et pourtant, au lieu d’être terrifiante, leur insouciance était terriblement euphorisante, comme les disputes qu’ils avaient eues au sujet de Wendy Daigle, brute, toute prétention de vie normale abolie, le passé factice disparu, le futur totalement incertain. Elle vit comment les gens pouvaient devenir accro à ce sentiment, dilapidant leurs économies en quête de l’ivresse non pas de l’argent mais de pure éventualité.

Le billet de Cuné qui elle aussi à succombé au billet tentateur de Jérôme.

Lu (et aimé) du même auteur : Emily.

dimanche 16 juin 2013

Didier Decoin - La pendue de Londres


Éditeur : JC Grasset - Date de parution : Mai 2013 - 334 pages prenantes et saisissantes !

Didier Decoin est un des ces auteurs qui possède un vrai talent de narrateur. Dans ce nouveau livre, il s’empare d’un fait réel qui a défrayé les chroniques anglaises dans les années 1950. Et là, je sais que certains d’entre vont tout comme moi du moins au départ effectuer un rapprochement avec Est-ce ainsi que les femmes meurent ?. L’auteur y relatait l’attitude de voisins lors du meurtre de Catherine Kitty Genovese une nuit de 1964 à New York. Ce livre (ne cherchez pas mon billet, je n’en avais pas rédigé) était à mon sens plus un rapport des faits qu’un roman. Mais avec La pendue de Londres Didier Decoin nous offre un roman prenant !
Pour avoir abattu à bout portant son amant, Ruth Ellis a été pendue en juillet 1955 à Londres . Cette jeune femme dont on connait d’emblée la destinée se trouve prise dans une spirale. Sa beauté n’aura pas laissé les hommes indifférents. En premier lieu son père a abusé d’elle. Puis dans Londres d’après-guerre, mère d’un petit garçon, elle offre ses charmes dans le monde des clubs nocturnes. Elle croit à l'amour. Au vrai et passionné. Hélas, Ruth la blonde peroxydée n’attire que les mauvais amants. Violentée par son mari puis par son amant, elle est manipulée comme un simple jouet de plaisir dans les mains des hommes.
Celles d’Albert Pierrepoint sont différentes. Il est celui qui passe la corde au cou des condamnés à mort. Un homme méticuleux dont la vie ordonnée s’oppose à celle de Ruth.
L’auteur se glisse dans la peau de celui qui ôte la vie sur décision de justice, alterne ses pensées et la vie de Ruth. On approche avec appréhension de l’inéluctable, ce moment où leurs trajectoires se croiseront. Et le sang-froid, la maîtrise de soi du bourreau se fissureront.

Didier Decoin a cette capacité à nous enrôler dans une histoire, à nous tirailler de questions et de sentiments  bouleversants. Les pages défilent, on se prend à penser à une autre issue ou à un retournement de situation. Qu’en est-il de la légitime défense de Ruth ? Question qui nous taraude comme elle assaille Albert Pierrepoint. Qui est victime, qui est bourreau ? Un roman où vie et  mort sont liées par la justice et où le doute ronge, brise et détruit. Tout simplement saisissant.

Ce que les exécuteurs redoutent par-dessus tout quand il s'agit d'une femme, ce sont les larmes. Les ne poser pas vos mains sur moi !, les je ne veux pas mourir!, les protestations d'innocence rien de ce tout cela ne ne trouble  profondément. Les larmes d'une femme, c'est autre chose.

Lu du même auteur : Une jeune femme à bicyclette.

samedi 15 juin 2013

Holly Goddard Jones - Une fille bien


Éditeur : Albin Michel - Traduit de l'anglais (Etats-Unis)par Hélène Fournier - Date de parution : Mars 2013 - 382 pages et un magnifique coup de cœur !

On ne se contentait pas de faire des trucs : on s’embarquait dans des trucs, et la distinction peut paraître subtile, mais ça voulait tout dire. S’embarquer dans des trucs, c’était la différence.

Holly Goddard Jones elle aussi nous embarque vraiment dans ses nouvelles. On est loin, très d’être un simple lecteur car elle arrive à nous faire ressentir ce que vivent ses personnages. Entre le Midwest et le Sud profond de l’Amérique, elle nous décrit des vies simples et des situations, des déclics imprévus ou des événements qui les changent à jamais. Le sentiment d’avoir raté sa vie ou la sensation d’être en train de gâcher sa jeunesse, la séparation d'un couple, la mort, ou encore une adolescente qui comprend que d’avoir les pieds dans le monde des adultes n’est pas si facile et qui voudrait  effacer ses traces de pas et faire marche arrière.

Autant de thèmes traités avec intelligence et superbement  écrit ! Sans concession ( mais sans  être cynique) avec des détails où tout est dépeint avec la subtilité d'un œil alerte et d'un esprit vif. Voilà la différence, cette fameuse différence qui change la donne entre un recueil de nouvelles qui une fois terminé sera vite oublié et celui qui continue à vous habiter longtemps. Parce que tout y est juste et sans excès. On perçoit le mal-être ambiant, une goutte de sueur qui coule sur un front dans l’air étouffant et la nervosité palpable. Pas de pathos, pas de misérabilisme, pas de chutes à vous couper le souffle, rien de tout ça.
Mais huit longues nouvelles, des tranches de vie où les rapports entre individus, les personnalités sont criants de vérité avec de véritables émotions : belles, cruelles, sensibles ou douloureuses !
Un coup de cœur entier sur toute la ligne !

 Il s'est reculé et a repris mes bagages. Galant jusqu'au bout, mais j'aurais dû remarquer que mon départ se passait très facilement - trop facilement. On ne met pas comme ça un terme à vingt-deux ans de mariage, me suis-je dit tandis qu'il chargeait la voiture et m'embrassait, tandis que je faisais tourner le moteur et quittais notre allée. Un mariage ne peut pas expirer comme ça. Pas s'il était au vivant au départ.

Les billets de Cathulu, Cuné 

mardi 11 juin 2013

Jean-Claude Mourlevat - Silhouette


Éditeur : Gallimard Jeunesse - Date de parution : Janvier 2013 - 221 pages et 10 nouvelles que je ne suis pas prête d'oublier.. 

Le nom de Jean-Claude Mourlevat pour en avoir lu le plus grand bien sur les blogs. Récemment un lecteur de mon blog m’a conseillé par mail de le lire. Hasard des circonstances (que l’on remercie après coup), Theoma et Lucie venaient de publier des billets qui m'avaient mis l'eau à la bouche, Charlotte  faisait du ménage de printemps dans sa biblio et j’ai eu dans les mains ce livre.
Et je suis scotchée ! 

La première nouvelle commence fort, très fort. Une mère de famille apprend qu’un film avec son acteur fétiche aura lieu  près de chez elle et ils recherchent des figurants. Elle écrit, passe un mini-casting et est retenue ! Cerise sur le gâteau, elle apparaîtra avec l’acteur lors d’une scène. Famille, amis, collègues de travail tous sont au courant et  le jour de la sortie du film, ils sont aussi impatients qu’elle. La suite est cruelle. Un uppercut direct. Le ton est donné.

Jean-Claude Mourlevat s’intéresse à des personnes de la vie ordinaire, pas des supers héros non bien contraire, des personnes comme vous ou moi avec des qualités, des défauts et des faiblesses. Il introduit très habilement un grain de sable ou de sel dans leur vie. On est suspendu aux lignes car la chute est un couperet. Pas de l’invraisemblable mais des chutes qui rentrent dans le domaine du possible. Et ça fait mal, ça vrille le cœur car la nature humaine n’est pas si belle que ça.

L’auteur nous le rappelle dans chacune de ces nouvelles avec brio. Une écriture qui nous prend par la main, des textes forts, marquants qui laissent ce goût particulier de l’injustice et de la férocité humaine.
A découvrir absolument ! 

lundi 10 juin 2013

Samantha Hayes - Les mères


Éditeur : Le Cherche Midi - Date de parution : Avril 2013 - Traduit de l'anglais par Florianne Vidal - 423 pages et un avis mitigé...

Sur la 4ème de couverture, une phrase : "dans la lignée de Mo Hayder et de Gillian Flynn, la nouvelle reine du thriller psychologique anglais!" a fait tilt. Ayant beaucoup aimé les apparences de Gillian Flynn, je me réjouissais à l'avance. Mais au final la comparaison avec Gillian Flynn est exagérée....

Mariée à James, Claudia considère les jumeaux de son mari Noah et Oscar âgés de quatre ans comme ses propres enfants. Claudia est enceinte et travaille comme assistante sociale. Une belle maison, un quartier chic et tranquille :  le portrait d'une famille heureuse. Militaire dans dans la marine, James doit partir bientôt pour une mission de deux mois et sera absent quand Claudia mettra au monde leur petite fille. Sa grossesse étant bientôt à terme, Claudia décide de passer une annonce à la recherche d'une nounou. Comme tout le monde, elle cherche la perle rare. Zoe Harper y  répond. Elle présente de bonnes et solides références, s'entend tout de suite avec les jumeaux et surtout elle donne une bonne impression aux parents. Pendant ce temps, l'inspecteur Lorraine et son mari Adam enquêtent sur une affaire difficile : le meurtre d'une jeune femme enceinte sur laquelle on a voulu extraire le bébé.

Les voix Claudia, Zoe et Lorraine alternent à travers les différents chapitres.  Dès le départ on se rend compte que Claudia n'est pas si à l'aise que ça avec Zoe. Une sorte de sixième sens l'empêche de lui faire totalement confiance. Et la nounou semble cacher la vraie raison pour laquelle elle se trouve chez eux. Un second meurtre est bientôt commis. La police est sur les dents et une sorte de paranoïa  s'installe. De plus, Claudia se pose de plus en plus de questions sur le comportement étrange de Zoe.

Si Samantha Hayes nous embarque habilement sur des fausses pistes, le style n'est pas la hauteur. Difficile de distinguer quand il s'agit de Claudia ou de Zoe qui prend la parole. Sans compter des longueurs  monotones et inutiles.
Mais malgré tout ce thriller n'a pas connu le terrible sort du jeté par dessus l'épaule. Car ferrée je l'étais. En tout cas suffisamment  pour vouloir connaître le fin mot de l'histoire et savoir si j'étais sur la bonne voie. Et mon instant de Sherlock Holmes ne m'a pas trompée ( si!!).

De nombreux  billets et avis différents   : Adalana, Démosthène, EmyGeorge, LystigMarineNoukette , Plume libre ...




samedi 8 juin 2013

Glenn Taylor - Un homme loyal


Éditeur : Grasset - Date Parution : Janvier 2013 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent - 506 pages et un beau et bon roman !

1941, Virigine-Occidentale. La ville d’Huntington vit grâce à la soufflerie de verre Mann Glass. Orphelin depuis très jeune, Loyal Ledford y travaille et fréquente Rachel la fille du patron. Ecoutant son devoir, il répond à l’appel de mobilisation et s’engage dans les Marines. A son retour de Guadacanal, c’est un homme changé, endurci, hanté par la guerre et ses atrocités. Il veut désormais  faire quelque chose de bien de sa vie. Avec femme et enfants, il  quitte Huntington pour s’installer dans la vallée de l'Os à Moelle où vivent les frères Binnecutter. Deux individus proches de la nature qui n'ont cure de la loi.

Ledford crée une usine à  billes mais surtout une communauté sur ces terres où chacun est respecté. Alors que le racisme existe toujours envers les personnes de couleur, Ledford veut montrer que blancs et noirs peuvent vivre et travailler ensemble. L’histoire se déroule de 1941 à 1969 mois par mois, pas seulement celle de Ledford mais également celle de l’Amérique.  Un pays où certains crient de joie après l’assassinat de Martin Luther King, où d’autres sont aveuglés par le pouvoir et l’argent. Après la guerre, Ledford s’est promis de n’avoir jamais recours à la violence, il s’agit d’un homme qui a des valeurs et  habité d’humanité. Mais il devra revenir sur sa promesse pour les siens...

Entre rédemption, les démons de la guerre et l'espoir d'un avenir différent, Glenn Taylor nous offre une fresque passionnante sans être moralisatrice avec des personnages terriblement humains ! L’écriture est déchargée de tout superflu et touche au plus près le lecteur. Un bon et beau roman !

Dès qu'un homme accepte l'idée de la mort, il est libre de vivre.

Le gamin trembla.Une maladie de  la jungle dans son sang. "J'en ai marre de tuer, dit-il. Japs ou pas Japs. "Il baissa les yeux vers ses doigts qui sucraient les fraises. " Je veux seulement que mes ongles et mes cheveux se mettent  à pousser" ajouta-t-il.
"Ouais, fit Ledford. T'en as vraiment marre de tout ça, petit.Va de l'avant et requinque-toi. Laisse tes ongles et tes cheveux pousser bien long."
Deux marines éclatèrent de rire. (...) Il n' y avait plus de place pour la moindre douceur. De tous ces hommes qui avaient fait  ensemble ce qu'ils avaient fait, aucun ne pourrait plus jamais s'abandonner à la moindre douceur. Pareille faiblesse aurait invité leurs cauchemars dans le monde éveillé.

vendredi 7 juin 2013

Elizabeth Jenkins - Harriet


Éditeur : Joëlle Losfeld - Date de parution : Mai 2013 - Traduit de l'anglais par Christophe Mercier - 288 pages lues d'une traite !

Fin du XIXe siècle, Londres. Harriet est une jeune femme trentenaire à l’esprit un peu simple : de la maladresse, un comportement quelquefois excessif et buté, un physique disgracieux, des difficultés à parler et à exprimer clairement ses pensées. Sa mère Mme Olgilvy est une femme riche et comble Harriet de présents, de robes car Harriet est très coquette et soigneuse. Protégée par sa mère, Harriet connaît une existence heureuse.

Lors de son séjour chez Mme Hopner à la campagne, un séjour payé par sa mère, Harriet n’est pas seule. Elizabeth la fille de Mme Hopner et son époux Patrick y demeurentégalement ainsi que Lewis le frère de Patrick. Alice l’autre fille de Mme Hopner est amoureuse de Lewis, un jeune homme certain de ses charmes. Lewis remarque immédiatement les tenues élégantes d’Harriet et voit y le signe de l’argent. Il apprend qu’Harriet dispose de trois mille livres ainsi que deux mille livre qui lui seront versées à la mort d’une de ses tantes. Attiré par tout cet l’argent et manipulateur, Lewis lui fait la cour, la demande en mariage et surtout la monte contre sa mère. Harriet éprise de Lewis qu’elle considère comme un homme bon acquiesce à toutes ses demandes. Mme Olgilvy a compris le jeu de Lewis et elle sait qu’il n’en vaut qu’à l’argent de sa fille. Mais celle-ci est majeure et aucune autorité ne peut empêcher le mariage. Harriet part avec Lewis et se marie refusant de voir désormais sa mère.
Harriet est enceinte et Lewis suggère à Alice de venir chez eux  pour aider Harriet. En fait, Alice se promène avec lui et Harriet est laissée aux soins d’une nurse. Elle met au monde un fils dont Lewis de désintéresse totalement. Il convainc Harriet de séjourner chez Patrick et Elisabeth à la campagne pour retrouver des forces. Lui et Alice se conduisent comme un couple marié profitant de la vie. Harriet doit rester dans sa chambre avec son fils.
Entre Elisabeth, Patrick, Patrick et Alice, une complicité tacite les mène à repousser encore plus loin les conditions de vie d’Harriet. Car chacun est persuadé que son intérêt personnel prévaut devant ce qu’Harriet endure. Séquestrée, Battue, affamée, Harriet est traitée comme un animal. Alors que son mari et sa maîtresse habitent tout près d’où elle se trouve ... J’en ai assez dit sur ce roman et je ne vous révélerai pas la suite qui révèle des surprises !

Elisabeth Jenkins nous décrit non seulement l’inimaginable mais surtout la perversité des  personnages avec finesse !
Mené avec brio, l'auteure nous décrit l'avidité, la cupidité et la psychologie des personnages est décrite tout en subtilité. J'ai lu ce roman d’une traite !
Elizabeth Jenkins  retranscrit une histoire vraie et la cruauté des personnages est d’autant plus écœurante. A lire également l'excellente postface de Rachel Cook.

Il trouvait la force de lui donner de petites tapes affectueuses, avec juste un peu plus de répugnance qu'il en aurait éprouvé pour un animal étrange.


jeudi 6 juin 2013

Arnaud Le Guilcher - Pile entre deux

Éditeur : Stephane Million éditeur - Date Parution : Avril 2013 - 398 pages et une totale réussite !

Imaginez que les gens et les autorités bienveillantes sur le monde aient un grand ras le bol des magouilles financières, imaginez que tous les employés d’un temple de la finance à Paris  (du directeur à celui que distribue le courrier) soient faits prisonniers et débarqués sur un atoll perdu du pacifique. Antoine venu chercher sa femme Judith qui venait juste de se faire licencier se retrouve avec son amis Fanto prof de yoya au beau milieu de cette prise d’otages. Et voilà comment Antoine sans le vouloir se retrouve sur un bout de terre coincée dans une mer jonchée de plastiques. Judith et les autres femmes sont maintenues à distance sur un cargo.

Ajoutez un albatros prénommé Albator qui arrive à communiquer avec les humains, un homme qui est le cerveau vivant de Wikipédia et de son contenu, une bouteille d’eau balancée par un américain qui voulait faire un régime, un DSQ qui n'est pas sans rappeler un certain DSK, un phoque amoureux d’Antoine et vous obtenez ce livre complètement génial !
Arnaud Le Guilcher réussit le pari de nous faire rire ente jeux de mots et des situations  barrées tout en nous parlant d’écologie, de prise de conscience, d’entraide et du bonheur après lequel on court ! Et c’est une totale réussite !
Avec une écriture enlevée, un mélange de mots crus et d' émotions sincères qui vrillent le cœur, ce livre plus que pétillant est jubilatoire !

Je me suis régalée de la première à dernière page ! Cerise sur le gâteau : on ne s’ennuie pas une seule seconde et j’en redemande !
Et impossible  de choisir un extrait, ne m'en voulez pas ...

Les billets de Blablamania, Fransoaz,

mardi 4 juin 2013

Joyce Maynard - Les filles de l'ouragan


Éditeur : Philippe Rey - Date de parution : 2012 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simone Arous - 328 pages et une belle lecture ! 

Etats-Unis, New Hampshire. Neuf mois après un ouragan, Dana Dickerson et Ruth Plank naissent le même jour dans le même hôpital. Connie Plank la mère de Ruth sa cadette parle de Dana comme sa soeur d'anniversaire et veut maintenir un lien entre les deux familles que tout sépare. Les Plank ont une ferme et Ruth et ses soeur y aident son père alors que leur mère est un femme très pieuse. Ruh ressent le manque d'amour de sa mère à son égard. Dana a un frère ainé Ray et leurs parents Val et Georges mènent une vie sans attache et insouciante. Val est une artiste-peintre alors que Georges toujours absent se lance dans des affaires qui n'aboutissent jamais. Les deux familles vivent éloignées surtout que les Dickerson déménagent assez souvent. Cela n'empêche par Connie de vouloir leur rendre visite une fois par an même si les deux fillettes ne s'apprécient pas et d'écrire souvent à Val.

Si Ruth manifeste très tôt de intérêt pour le dessin, Dana aime la nature. En alternance, Ruth et Dana nous racontent leur vie dans cette Amérique rurale. De l'enfance à l'adolescence, de la découverte des premiers émois à la fondation de familles différentes, du sens qu'elle veulent donner chacune à leur existence. Autant d'années où l'histoire des Etats-Unis n'est pas oubliée  : la guerre du Vietnam,  l'évolution culturelle et le changement des mentalités.
Les rêves et les déceptions, la famille, l'amour et l'attachement à la terre bercent ce roman. Même si l'on pressent la fin, elle n'altère en rien la qualité de ce roman.

Avec beaucoup d'empathie, je me suis sentie proche de Ruth et de Dana, je les ai soutenues  et comprises.
Avec  une écriture sans fioriture, Joyce Maynard s'attache à la psychologie de ses personnages en profondeur et avec beaucoup de subtilité. Un très beau roman ! 

Je tombais toujours amoureuse, c'était la vérité, mais personne ne tombait amoureux de moi. J'étais née dans un corps de fille, avec des désirs de garçon, et parce qu'on était en 1964, et que personne ne parlait de ces choses, je croyais être le seul être sur terre à avoir ce problème.

Les billets de Cynthia, Kathel, MimiPinson, Theoma et plein d'autres avis sur Babelio

Lu de cette même auteure :  Baby love,  Et devant moi, le monde .

lundi 3 juin 2013

Sofi Oksanen - Quand les colombes disparurent

Éditeur : Stock - Date Parution : Mai 2013- Traduit du finnois par Sébastien Cagnoli - 396 pages et un plongée dans l'histoire de l'Estonie !

1941: L'Estonie est communiste. Roland Edgar deux cousins ont déserté l’armée rouge afin de lutter pour la résistance estonienne. Mais c'était sans compter l'arrivées des Allemands. Roland dont l'épouse Rosalie est décédée, ne nesse de combattre l'envahisseur de façon clandestine. Opportuniste, Edgar retourne sa veste et devient Eggert Füsrt un fidèle défenseur du régime nazi. Juudit dont le mariage avec Egdar est un échec tombe amoureuse d'un officier allemand croyant enfin au bonheur.
1963 : L'Estonie est de retour sous la coupe Soviétique et la chasse aux anciens partisans du régime allemand est ouverte. Le camarade Parts se charge d'écrire un grand récit sur à la glorification des Soviétiques. Lors de ses recherches, il découvre un carnet très compromettant pour lui où le nom de Roland apparaît. Manipulateur et mensonger, il est prêt à tout pour sa carrière alors que son épouse désabusée se noie dans l'alcool.

A nouveau, Sofi Oksanen nous plonge dans l'Histoire et celle de l'Estonie. Trois personnages Roland, Juudit et Edgar se retrouvent face à des choix imposés par par la grande Histoire. Roland le juste qui connaîtra l'emprisonnement, Edgar l'opportuniste sans scrupules et qui cache  soigneusement son séjour  en Sibérie et Juudit dont l'amour est guidé par son coeur. Comme dans Purge, l'auteure alterne les périodes et les narrateurs. Et très vite, on devine qui se cache derrière le camarade Parts. Contrairement à Purge où l'on se prenait des paquets d'émotions en pleine figure, Sofi Oksanen détaille davantage l'Histoire à travers de nombreux dialogues .

Purge avait un coup de coeur et peut-être que depuis je mets la barre trop haute ou alors le fait que l'auteure utilise la même construction m'a un peu déroutée. Mais si j'ai eu du mal à rentrer dans cette lecture, j'ai apprécié ce roman dense, fouillé malgré quelques longueurs. 

Dans ce roman où les femmes jouent un rôle important,  l'auteure pointe les sacrifices et les trahisons, la faiblesse et la fragilité humaine. Ce livre complexe est exigeant ( à ne pas lire à la plage...)



dimanche 2 juin 2013

Elsa Montensi - Désordres, lettre à un père


Éditeur : l'Harmattan - Date de parution : 2012 - 92 pages pour un coup coeur lu en apnée totale ! 

Tu préfères le corps des hommes à celui des femmes. Tu es né ainsi. Tu n'as pas choisi. Mais il y a la société, le poids de son regard. Un regard trop lourd à porter. Celui de la différence. À vingt-trois ans, tu fais le choix de te marier. Pendant neuf ans , tu fais semblant, mènes une double vie. L'engrenage est enclenché. Tu pousses la comédie jusqu'à faire un enfant. 1971, je naîtrai de ce mensonge. Il faudra encore quatre ans avant que la vérité n'éclate au grand jour. Une vérité synonyme de honte. Tu es homosexuel, nous sommes au coeur du monde rural au début des années 70.
Premières lignes de ce récit que nous livre Elsa Montensi. Premières lignes où l'on sait qu'il n'y aura pas de trompe-l'oeil. Seule la vérité même si elle est douloureuse sera le crédo de cette lettre.

Viendra le divorce de ses parents, un des premiers de l'époque revivre avec avec un homme cela ne se fait pas. Une femme respectable sait rester seule. Divorcée à vingt-six ans, ma mère ne refera pas sa vie.
Tous les trois sont prisonniers du carcan de l'époque et des préjugés. Marquée par un sceau où l'homosexualité était considérée comme un maladie,  elle est mise à l'écart. Elle doit porter cette honte. Seule solution : s'effacer et raser les murs. La quête identitaire est nécessaire tout en reprenant les jalons d'un contexte social et culturel. Fille d'un mensonge, elle veut comprendre qui elle est et quelle est sa place et la littérature devient l'épaule sur laquelle je m'appuie pour affronter le monde.
Enfant que la famille de sa mère a rejeté :  son père est coupable. L'aimer est une faute. Le montrer, une injure.
Sa quête est synonyme d'un chemin sans rancoeur envers son père. Elle ne le juge pas, ne pointe pas vers lui de doigt accusateur. Elle est sa fille.

L'écriture sans fard aux phrases courtes donne à ce récit une puissance rare. Touchant, sensible,  où les plaies ne sont pas cachées, Elsa Montensi  a su exprimer avec un recul nécessaire ses sentiments et ses questions.
Un livre lu en apnée totale où le flot des émotions m'a fait tanguer. Un immense coup de coeur !

Les billets de Charlotte, Le carré jaune, Lucie ( merci!), Mirontaine


samedi 1 juin 2013

Fatou Diome à Brest

"Franco-sénégalaise, mes ailes de pélican demandent toujours plus d'espace."

Fatou Diome  est une habituée de Dialogues et il y a une semaine, elle est venue parler de son dernier livre Impossible de grandir. J'ai eu la chance de pouvoir discuter avec elle en tête à tête et j'en ai profité pour lui poser quelques questions.

De tous vos romans, Impossible de grandir est  le plus intimiste ?
Oui et bizarrement le plus ouvert aussi.

Dans Sallie, il y a beaucoup de Fatou ?
Oui et beaucoup de Sallie dans Fatou  !  La petite c'est mon double enfant avec sa naïveté, ses  révoltes intègres qui pense que le monde peut être autrement.

Est-ce un roman cathartique ?
Non car j'avais pris beaucoup de distance avec mon enfance et  j'étais apaisée pour pouvoir l'écrire  car quand on est dans la colère ou  dans l'amertume, il n'en ressort que du noir.
Ce livre j'aurais pu l'écrire  avant Le ventre de l'Atlantique mais je ne me  sentais pas prête pour  ce travail d'écriture ni dans le bon état d'esprit.

Dans ce livre comme  dans vos autres romans, vous parlez des droits des femmes, des dysfonctionnements et des incohérences de la société. Est-ce un simple constat ou peut-on dire que vous êtes une auteure engagée ?
Je n'ose pas m'attribuer la mot "engagée" car je trouve que ça ne serait pas modeste mais si mes lecteurs ou mes lectrices trouvent que je porte bien une cause, alors c'est tant mieux ! Je dis  les choses comme elles sont car la réalité est comme elle l'est.

Vous m'aviez dit que quand vous aviez terminé un roman vous étiez déjà à l'écriture du suivant ?
Et  c'est toujours le cas !

On sent une exigence littéraire supplémentaire dans ce roman.
Pour que ce roman ne soit pas une tragédie glauque, j'y ai ajouté plus de créativité poétique. La réflexion philosophie, la poésie permettent d'atténuer les drames.

Vous trouvez qu'il y a un manque de communication entre les gens?
Les gens aiment qu'on aille bien  et quand on va mal, ils préfèrent s'éloigner ou partir.  Il y a des cases dans lesquelles il faudrait rentrer, les moules de circonstance, les masques de cire qui cachent les blessures mais qui ne les guérissent pas. Il y a plus de solitude, moins d'écoute et la  communication manque...

Puis, la rencontre au café de Dialogues a été merveilleuse et magique ! Fatou Diome captive son auditoire avec humour et intelligence et quand on entend des personne lui  dirent "je viens à chaque fois vous écouter et c'est toujours un bonheur, vous êtes un rayon de soleil",  je crois que c'est une des plus belles récompenses pour un auteur.
Fatou Diome avant d'être une écrivain est une personne d'une humanité incroyable,  sincère et généreuse... Et parler avec elle, l'écouter est un enrichissement ! 

Son interview sera bientôt disponible sur le site de Dialogues.

Un grand, grand  merci à Fatou Diome, à l'équipe de Dialogues et à Gilles Paris !

Ian McEwan - L'enfant volé


Éditeur : Folio - Date de première parution : 1995 - Traduit de l'anglais par Josée Stawson - 411 pages et un abandon...

Stephen écrit des livres pour enfants. Marié et père d'une fillette de trois ans Kate, il mène une existence heureuse. Sa vie bascule à jamais le jour où Kate disparaît alors qu'il faisait des courses avec elle au supermarché. Les recherches ne mènent à rien, son couple se disloque et divorce. Brisé, il flirte avec la dépression.

La disparition de Kate qui survient au début du livre n'est plus abordé. Ce fut ma première surprise. Cet évènement sert à Ian McEwan à explorer, à décortiquer la notion du temps. Stephen n'écrit plus même s'il prétend le contraire. Il est membre membre d'une commission qui planche sur les problèmes de l'enfance et l'apprentissage scolaire subventionnée par le gouvernement. En rendant visite à Julie partie s'installer dans une autre région, il a l'impression de voir ses parents attablés dans un café. Cette image est un souvenir de son enfance. Charles l'ami de Stephen abandonne tout et part vivre à la campagne avec sa femme où il se comporte comme un adolescent s'enfonçant dans une régression totale. Stephen glisse de plus en  souvent dans des souvenirs ou ce qu'il semble en être, se plongeant dans une plus grande solitude.

Si l'auteur nous livre des réflexions sur la notion du temps et sur la politique menée en Angleterre, j'ai dérivé vers l'ennui total.. J'ai trouvé ce livre déconcertant et brouillon à de nombreux moments. 
Après avoir trouvé sublime Sur le plage de Chesil, m'être ennuyée dans Délire d'amour, la qualité de l'écriture n'a pas empêchée cette fois l'abandon.

Je vous renvoie au billet de ClaudiaLucia très creusé sur ce livre.
McEwan étant un auteur anglais, il s'inscrit dans le mois anglais ( en espérant que mes futures lectures soient moins désastreuses..).