lundi 30 décembre 2013

Jenny Valentine - La double vie de Cassiel Roadnight

Éditeur : Ecole des loisirs - Traduit de l'anglais par Diane Ménard - Date de parution : Septembre 2013 - 277 pages dévorées !

Chap est dans un foyer pour jeunes paumés où il refuse de donner son nom. Sa vie a basculé un 5 novembre, le jour où il a perdu à ses yeux toute identité. Les responsable du centre lui présente la photo de Cassiel Roadnight un adolescent dont la famille est sans nouvelle depuis deux ans. Les deux garçons se ressemblent à tel point que Chap décide de mentir et de dire qu’il est Cassiel.

Très vite, Chap comprend qu'il s'est mis dans une drôle de situation et il a peur que la véritable famille de Cassiel ne découvre la supercherie. Mais sa nouvelle famille est émue et heureuse du retour de Cassiel. Chap doit jouer un rôle, anticiper des questions et surtout comprendre pourquoi le véritable Cassiel a disparu. Car dans la famille Roadnight, il y a des tensions, des zones floues. Ce roman, vous le comprenez, prend très vite l’allure d’un thriller où l’on découvre la vie de Chap et celle de Cassiel. Et c’est totalement réussi ! J’ai tourné les pages avec frénésie et un taux d’adrénaline conséquent car Jenny Valentine distille à petites doses les informations et une pression grandissante.

Un roman très bien orchestré sur l’identité, la famille et les liens entre individus où cerise sur le gâteau la littérature a sa place ! Juste un petit bémol pour la fin mais qui est largement compensée par l'ensemble.

samedi 28 décembre 2013

Léonora Miano - La saison de l'ombre



Éditeur : Grasset - Date de parution : Août 2013 - 240 pages fortes et enrichissantes !

Le clan Mulungo qui vit dans les terres de l'Afrique sub-saharienne voit son village détruire par un incendie alors que douze hommes ont disparu : dix jeunes adultes et deux anciens. "Les femmes dont les fils n'ont pas été retrouvés " sont mises à l'écart du reste du clan dans une case commune. Le clan pense que ce malheur est de leur faute. Les esprits sont invoqués mais sans réponse.

Les Mulongo sont un peuple qui ne connaissent pas l'extérieur du monde. Ils échangent quelquefois avec leurs voisins les Bwele. Le chef Mukano décide d'aller les voir, peut-être auront-ils des informations. De son côté, Ebaye part aussi à la recherche de ceux qui ont disparu sans avertir les hommes du village. Forte de son courage et de sa détermination, elle découvrira que des "hommes aux pieds de poule" des étrangers venus de loin par bateau font le commerce des hommes en traitant avec les Bwele.

Ce roman demande de l'attention, une certaine exigence les premières pages pour se familiariser avec les noms aux sonorités si proches. Ensuite, il suffit d'écouter la plume foisonnante et envoûtante de Léonora Miano. Elle nous immerge dans une Afrique où les croyances, la mysticité régissent le mode de vie du clan Mulongo. Leur naïveté en fera des victimes.
Un roman prenant, fort et enrichissant !

Ebaye n'est pas certaine d'avoir tout saisi. On vient de lui confirmer que, comme elle l'a toujours cru, le monde ne se limite pas aux Mulongo et aux Bwele, même si elle sait que ces derniers sont très nombreux. Ses pas l'ont conduite en ce lieu appelé Bebayedi, un espace abritant un peuple neuf, un lieu dont le nom évoque à la fois la déchirure et le commencement. La rupture et la naissance. Bebayedi est une genèse.



Il s'agit de ma participation pour le challenge de Stephie

vendredi 27 décembre 2013

Emmanuelle Guattari - Ciels de Loire


Éditeur : Mercure de France - Date de parution : Août 2013 - 142 pages qui font mouche ! 

Dans La petite Borde, Emmanuelle Guattari nous racontait son enfance à la Borde un établissement psychiatrique que dirigeait son père. Dans ce nouveau roman, elle explore à nouveau la mémoire familiale, son adolescence et le monde qui l'entoure.

D’une impression à une conversation, du regard posé autour d’elle à des réflexions d’ordre philosophique, l’auteure en quelques lignes saisit l’image d’une France en mutation, nous dépeint les membres de sa famille l’élargissant à ses grands-parents, oncles et tantes. La Borde et ses pensionnaires sont à nouveau présents mais il s’agit de l’adolescente ou celle qui est en passe d'en devenir une qui raconte. La Borde qu’il faudra quitter pour découvrir un autre lieu de vie différent.

Si je n’avais pas vraiment apprécié la petite Borde, j’ai trouvé que l’écriture de l'auteure a gagné en densité dans ce second roman. Une écriture toujours minimaliste, elliptique mais l'on ressent un travail plus approfondi pour nous livrer ces instantanés teintés de nostalgie si vrais, si justes dans la description. Ces scènes brossées ne sont pas sans rappeler Philippe Delerm.
En peu de mots qui font mouche, Emmanuelle Guattari sait aussi bien nous faire sentir l’odeur de la campagne que dénouer avec sensibilité l’héritage familial.
Autant d’éléments qui font la vie, qui la composent cueillis et décrits sans artifice comme des brassées d’images et de pensées !

Déjà que l'on portait le nom de nos morts par avance, dès l'état civil, on en était chargés, le grand-père, la grand-mère à la suite de notre nom, dans un pli caché de l'état civil.

lundi 23 décembre 2013

Et pourtant...

Et pourtant, je pensais vous parler de quelques lectures (anciennes ou plus récentes car j'ai toujours cette fichue habitude de ne pas rédiger directement mon billet après lecture et ce pour plusieurs raisons dont une, et non la moindre, mon célèbre carpe diem), faire un far (mais depuis hier les repas de fin d'année ont commencé et mon taux de glycémie doit battre des records) et dix mille autres choses variées.
Mais, je fais une pause. Une petite. Le temps de vous rendre compte que je ne suis pas là, je serai déjà revenue.

Passez tous un bon et joyeux Noël !

samedi 21 décembre 2013

Jaume Cabré - Confiteor


Éditeur : Actes Sud - Traduit du catalan par Edmond Railland - Date de parution : Août 2013 - 772 pages et une merveille !

Adrià Ardevol atteint d’Alzheimer décide de confier à son ami Bernat des feuillets où il a consigné sa vie et où il se confesse. Cette longue lettre est destinée à celle qui l’a toujours aimée Sara. Dis comme cela, on pourrait s’attendre à un récit avec une narration classique et une suite d’événements chronologiques. Et bien non.

Dès les premières pages, le" je" côtoie le "il" et forcément cette narration interpelle l’œil, émoustille l’esprit et ce procédé permet de nous plonger entièrement dans les différentes voix empruntées. Confiteor débute par l’enfance d’Adrià. Son père antiquaire et collectionneur de manuscrits anciens veut qu’il apprenne dix langues au minimum et qu’il soit un violoniste hors pair. A sept ans, son avenir est ainsi tracé par la décision paternelle mais Adrià n’est pas d’accord. Même si l’apprentissage des langues est un jeu pour lui, il veut apprendre, étudier d'autres matières. Deux figurines Aigle Noir et le shérif Carson seront les témoins de cette enfance sans marque d'amour. Deux jouets dont il jamais il ne se séparera.
Et sans que ça puisse paraître étrange, Jaume Cabré fait intervenir d’autres personnages comme un fabricant de violons, un colonel SS, un moine, un médecin en Afrique et bien d’autres encore. Il les enchevêtre dans le récit d’Adrià. Sans tout nous dévoiler, il nous livre des bribes de leurs histoires impliquées ou soumises à la grande Histoire. Et Adrià ? Il nous raconte son amitié avec Bernat, son amour pour Sara, ses études en Allemagne et toujours ce qui l’anime et le hante cette soif du savoir. Adrià qui se retrouve en charge des conséquences des agissements de son père sans n’avoir rien commis.

Un roman puzzle qui nous immerge dans le bonheur de la lecture et dans les questionnements, qui nous fait traverser plusieurs siècles d’histoire mais sans jamais nous égarer. Le Bien et le Mal, l’Art sont omniprésents alors qu’Adrià  nous agace plus d’une fois mais finit par gagner notre sympathie.

Magistralement, Jaume Cabré nous montre comment tout est lié. Toutes ces vies, ces actes, les décisions prises s’unissent dans le temps. Un roman époustouflant, passionnant, rare, d’une richesse incroyable qui nous fait toucher du doigt le sublime, l’effroyable, nous submerge d’émotions et de réflexions, et nous donne cette envie de tourner les pages! Une lecture dont je suis ressortie éblouie et qui m’habite encore....

Et je suis convaincu qu'il est très difficile de résister à la possession des originaux des textes bouleversants. Le papier avec l'écriture, le tracé, le geste et l'encre, qui est l'élément matériel dans lequel s'incarne l'idée spirituelle,qui finira par devenir une œuvre d'art ou une œuvre de la pensée universelle ; le texte qui s'introduit dans le lecteur et le transforme.

Le billet de Cuné qui renvoie à plein d'autres liens.

vendredi 20 décembre 2013

Christine Eddie - Parapluies


Editeur : Editions Alto - Date de parution : 2011 - 192 pages qui font beaucoup de bien ! 

Matteo est parti une nuit sans ne rien dire à Béatrice sa compagne. Et depuis il pleut. Depuis trente-quatre jours précisément en ce mois de juillet. Elle attend, s’occupe tant bien que mal de sa belle-mère Francesca une inconditionnelle du télé-achat qui ne parle qu’italien.Quand Béatrice trouve un sous-vêtement qui ne lui appartient pas, elle s’imagine que Matteo la trompe avec son assistante . Dans le même temps, Béatrice ne peut se défaire d’une image qui l’a marquée : celle d’une fillette en Somalie.

Quatre femmes sont au centre de ce livre, quatre femmes en lien avec Matteo. Outre Béatrice et sa belle-mère, il y a Daphné timide et mal dans sa peau passionnée de littérature russe, Catherine qui élève seule sa fille Thalie âgée de dix ans. On découvre l'histoire de chacune et le poids des blessures passées ou présentes. Les chemins de ces femmes vont bien plus que se croiser suite à l’hospitalisation de Francesca. Le nom de Matteo ne sera pas prononcé entre elles car c'est sous l’entraide et l’amitié que les relations vont se tisser.

Un roman aux teintes mélancoliques mais drôle et qui touche en plein cœur ! Et ce sont autant de phrases qui font mouche, d’émotions sans guimauve que nous raconte Christine Eddie. Une lecture qui fait beaucoup de bien donc pourquoi s'en priver ?

Les billets de Cuné, Keisha, Lucie, Séverine

mercredi 18 décembre 2013

Stéphane Servant - Le cœur des louves


Éditeur : Le Rouergue- Date de parution : Août 2013 - 542 pages denses, creusées et hypnotiques ! 

Célia est arrivée la première au village où a vécu sa grand-mère. Elle-même y venait passer ses vacances d’été avec ses parents puis seule avec sa mère. Aujourd’hui, l’adolescente y met les pas non pour quelques jours mais pour beaucoup plus longtemps. Sa mère Catherine romancière dont les heures de gloire sont loin derrière elle lui a imposé ce choix pour toutes les deux. Au village coincé entre les montagnes, personne ne voit d’un bon œil la venue de ces étrangères.

Tina la grand-mère de Célia n’était pas aimée des villageois qui la traitaient de sorcière. Pourtant, ils venaient chez elle et Tina les recevait dans sa chambre pour les soigner. Le retour de Célia et de Catherine réveille de vieilles histoires que personne n’a envie de voir éclater au grand‘jour. Des histoires ancrées de superstition. Célia s’occupe de Catherine qui a  cessé de jouer son rôle de mère. Son père est parti depuis des années,  Catherine rongée par l’angoisse de la page blanche vit dans un monde d’alcool et de relations éphémères. Célia retrouve Alice avec qui elle jouait enfant. Alice mystérieuse dont le père à la main leste. Alice l’initie à la forêt, au plaisir d’être libre dans la nature, de se sentir forte comme une louve. Des animaux synonymes d'hantise pour ces villageois.

Mais ce roman parle aussi de la peur qui pousse l’homme, qui l’accule à commettre les actions les plus viles et les plus empreintes de lâcheté, des femmes qui se sont battues pour marcher la tête haute. Et on est ferré par l’écriture de Stéphane Servant qui intercale le récit de Célia, jeune fille perdue, en proie aux doutes et à la rébellion et celui de Tina à vingt ans.
Au fil des pages, l’histoire prend de l’ampleur, creuse les personnages entre la réalité et les secrets enfouis. Les faiblesses, la peur de l’étranger, le racisme, le pouvoir de l’argent, la solidarité, la condition féminine, l’amitié, le poids des mots tus ou accusateurs et ce village d’où rien ne doit sortir jalonnent ce livre qui recèle bien des surprises !

Un vrai roman dense, fouillé, envoûtant  et hypnotique ! J’ai été valdinguée par tous les sentiments présents : l'injustice, la souffrance, l'amour, l'amitié mais aussi le pardon. Pour en revenir à l'écriture de Stéphane Servant, elle prend aux tripes comme elle sait se faire poétique. A lire à partir de 16 ans et sans limite d’âge….

mardi 17 décembre 2013

Pascal Garnier - l'A26


Éditeur : Zulma - Date de parution : 2009 ( première édition : 199)- 115 pages noires, très noires !

L’autoroute 26 continue son avancée dans le Nord de la France. Les travaux sont arrivés près d’un village que Yolande appelle "le Trou du cul du monde". Elle ne sort jamais de chez elle, vit confinée dans son passé. Son seul lien avec l'extérieur c'est son frère Bernard. Employé de la SNCF, il sait qu’il n’en a plus pour longtemps, que la maladie le grignote petit à petit.

Bernard a passé sa vie à faire ou ne pas faire de choix en fonction de Yolande. Tondue durant la guerre pour avoir refusé de coucher avec certains hommes, depuis Yolande est cloîtrée chez elle dans un capharnaüm sans nom, emmurée dans ses souvenirs,  refusant de voir quiconque hormis Bernard. Maintenant que la mort le guette de près, Bernard n’a plus rien à perdre. Lui si tranquille, si calme va céder à ses pulsions.

Flanquées sous un ciel gris, ce sont des vies ratées que Pascal Garnier nous dépeint. Des personnages comme condamnés à passer le restant de leur jour dans ce village avec des remords. On retient son souffle car on assiste impuissant aux tragédies.

C’est noir, infiniment noir mais malgré tout il y a des touches lumineuses comme des lampions suspendus au-dessus de nos têtes ébahies. Cependant il m’a manquée dans ce livre la tendresse que Pascal Garnier a envers ses personnages dans ses autres livres...

Ils sont tous comme ça, les gens à se plaindre de leur vie; et il fait trop chaud, et il fait trop froid, et je suis trop jeune, et je suis trop vieux, etc.Ils n'ont qu'à faire comme elle, ne rien aimer, comme ça, on n'est jamais déçu et on fout la paix aux autres.

Lu de cet auteur : Cartons - Comment va la douleur? - La Théorie du panda

lundi 16 décembre 2013

Thierry Guenez - Je ne suis jamais redescendu de cette montagne

Éditeur : Les 2 encres - Date de parution : Juillet 2013 - 459 pages et un livre hérisson ! 

Partir sac à dos avec des amis découvrir d’autres pays. Cette idée que nous avons tous eu un jour ou l’autre, Thierry Guenez l’a réalisée. Avec deux amis et la petite amie de l’un d’entre eux,  il se décident à partir pour l’Australie  un peu d’argent en poche. Le but étant de travailler sur place pour subvenir aux besoins élémentaires et de constituer une cagnotte pour continuer le voyage.

Ce livre m’a d’abord frappée par l’écriture. L’auteur ne nous livre pas qu’un simple récit de voyage avec des descriptions de paysages, les différences culturelles car il y intègre ses ressentis, ses pensées, des anecdotes, le tout avec une vraie et belle écriture.
De Sydney, les quatre amis rejoignent les terres plus profondes de l’Australie. Ils travaillent à à la cueillette de fruits pour gagner de l’argent mais très vite, l’amitié est mise à mal. Jean et sa petite amie font bande à part.Thierry et Régis restent soudés et décident de continuer ensemble l’aventure. La Tasmanie, la Nouvelle-Zélande et  des rencontres surprenantes. Certaines chaleureuses, d'autres moins. Il  y a aussi les petits boulots souvent pénibles et quelquefois le découragement, les remises en question quand ils ne trouvent pas de travail ou sont exploités par l’employeur, le manque d'argent qui les obligera à se rendre à la soupe populaire. Mais toujours l'optimisme reprend le dessus.

Ce voyage d’une année raconté avec sincérité est sans temps mort et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde ! J’ai aimé découvrir tous ces pays grâce à l’écriture de Thierry Guenez, ses expériences, l’enrichissement qu’il en a retenu. Un livre devenu hérisson !
 
C'est là que je comprends ce qui nous différencie. On peut voir la ville de deux façons. Comme moi je la vois, c'est-à-dire un rêve, un cimetière de projets, comme un recueil de romans que l'on dévore. Mais aussi on peut la voir comme son tatouage qui palpite au fond de l'âme - son identité.

dimanche 15 décembre 2013

Les Garçons et Guillaume, à table !


Réalisé par Guillaume Gallienne,
Avec Guillaume Gallienne, André Marcon, Françoise Fabian
Synopsys : Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.

Guillaume Gallienne nous parle dans ce film de lui et de sa famille. Nombrilisme ? Non loin de là. Car avec humour, brio et sensibilité, il lève le voile sur ce que cache « Les Garçons et Guillaume, à table ». Troisième enfant et dernier garçon d’une famille bourgeoise, sa mère aurait voulu que Guillaume soit une fille. Enfant n’aimant pas le sport à l’inverse de ses frères, il passe beaucoup de temps avec sa mère qu'il aime et admire. Il observe ses mouvements, possède la même voix qu’elle, aime rêver de Sissi et se convainc qu’il est une fille. Son père le regarde de travers, il est le centre de moquerie de ses frères et sa mère laisse planer le doute en lui disant qu’on peut être un garçon et aimer un garçon. L'adolescence marquée par des années de pensionnat où il est traité de pédale, puis la psychanalyse car Guillaume est perdu, il se cherche.

Je n’en dirai pas plus sur ce film qui est joué brillamment  (l'acteur interprète aussi sa mère). Le parcours de Guillaume Gallienne pour enfin savoir qui il est, l'analyse de l'influence de sa mère, l’homosexualité et l’hétérosexualité sont abordés sans tabou mais avec une vraie finesse. Sans oublier un bel hommage aux femmes !  J’ai souri, j’ai ri et j’ai été touchée !

AifelleDasolaGambadou et Géraldine en parlent aussi.

vendredi 13 décembre 2013

Khaled Hosseini - Ainsi résonne l'écho infini des montagnes


Éditeur : Belfond - Traduit de l'américain par Valérie Bourgeois - Date de parution : Novembre 2013 - 486 pages et un avis très mitigé... 

Afghanistan, les années 1950. Dans un petit village, Abdullah âgé de dix ans veille avec amour sur sa sœur Pari âgée de trois ans. Ils vivent avec leur père Saboor, sa seconde épouse et leur demi-frère dans la pauvreté.

Le roman s’ouvre un conte que Saboor raconte à Abdullah et à Pari. Il met en scène un homme qui opère le choix de se séparer de son enfant afin que ce dernier connaisse une vie où  la faim et  la misère soient exclues.  Sans qu’ils n’en savent rien, ce conte va modifier à jamais les destinées des deux enfants. Si l’histoire débute dans les années 1950, elle se poursuit dans le temps de façon non linéaire. Tous les personnages ont un lien avec l’Afghanistan , pays qui sera meurtri par la guerre. Les personnages évoluent en Afghanistan mais aussi en France, en Grèce ou aux Etats-Unis. On les suit dans leurs décisions, dans leurs actes accomplis ou manqués, dans leurs remords. Tous portent un poids. Autant de vies où l’exil,  l’attachement au pays, les origines (ou ses recherches), les buts convoités les poussent à suivre une voie plutôt qu’une autre.

Si Khaled Hosseini parvient à montrer différentes facettes de la  nature humaine, les changements et leurs impacts en Afghanistan, j’ai trouvé ses personnages souvent proches des clichés et on frôle à plusieurs reprises (toujours à mon goût) le mélo (avec les personnages qui forcent la compassion du lecteur). Dire que j’ai aimé ou été enthousiasmée  par cette lecture serait mentir car je n'ai pas ou très peu ressenti d'émotions. Trop de détails inutiles, l'aspect prévisible de certaines situations nuisent à l'ensemble. De plus, si l’écriture est agréable, je m’attendais à un style plus travaillé....

Les billets plus enthousiastes d' A propos de livres,  Valérie.

jeudi 12 décembre 2013

Arnaldur Indridason - La muraille de lave


Editeur : Métailié Noir - Traduit de l'Islandais par Eric Boury - Date de parution : 2012 - 319 pages lues avec plaisir! 

Le commissaire Erlendur est parti en vacances et le service fonctionne avec les autres membres de l’équipe dont Sigurdur Oli. Un ami de vieille date connu sur les bancs de la fac lui demande un service personnel. Comment refuser ? Une affaire de famille plus précisément qui concerne son beau-frère et sa belle-sœur. Des photos ont été prises au cours de soirées échangistes auxquelles ils ont participé avec un seul et même couple. Soirées qui après plusieurs mois débouchent sur  du chantage.

Sigurdur Oli se rend au domicile du couple mais arrivé sur place, la femme vient juste d’être agressée mortellement par un homme qui prend ses jambes à son cou.  Sigurdur Oli se trouve dans une situation embarrassante vis-à-vis de sa hiérarchie car il a promis à son ami de ne rien dire. Il doit donc détourner dans un premier temps la vérité et mener son enquête qui va le mener à s’intéresser aux banques et aux ordres boursiers. De plus, une affaire de pédophilie ancienne remonte à la surface.

Ce polar bien mené pointe les dérives du système financier islandais, ses spéculations et ses magouilles. Des personnages creusés, un coupable que jamais je n’aurais imaginé et le personnage de Sigurdur Oli un peu "gauche" de nature mais efficace  m’a conquise ! Vraiment bien !
De cet auteur, j’avais lu Hiver arctique qui ne m’avait pas emballée mais ce polar m’a réconciliée avec Indridason !

Le billet de Cuné qui renvoie au club des Erlendurettes !

mercredi 11 décembre 2013

Sylvie Germain - Petites scènes capitales


Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Août 2013 - 247 pages et une écriture magnifique !

" Petites" et "capitales", ces deux mots contradictoires  du titre collent parfaitement à ce roman où Sylvie Germain nous décrit des scènes de la vie de Lili. Des moments capturés sur l’instant qui l’ont marquée, façonnée. Fillette, Lili n’a que pour souvenir de sa mère qu'une une photo en noir en blanc. Elle vit seule avec son père sans effusion débordante de sa part, souvent le silence entre eux. Ce silence qui amène à Lili à se poser des questions, à laisser son imagination vagabonder. Son père rencontre Viviane  déjà mère de trois filles et d’un garçon. Lili cherche sa place dans cette famille recomposée mais ne la trouve pas. Le greffon n’a pas pris, elle reste une étrangère. Son père semble plus proche de ses belles-filles et admiratif d’elles plus que de sa propre chair et de son propre sang. Une Lili meurtrie et adolescente qui clame désormais que l’on appelle par son premier prénom Barbara. Pourquoi son père a t-il fait le choix de vouloir noyer ce prénom ? Les drames de la vie inattendus se jouent créant des pertes et des douleurs. Mai 68 marquera l’émancipation de Lili Barbara. Voler de ses propres ailes encore froissées pour les déployer. Le temps s’égrène et sa partition aussi : Lilli Barbara devient une femme, une adulte.

L’écriture de Sylvie Germain est toujours aussi sublime, d’une richesse où les mots sont calibrés. Elle nous entraîne dans le sillon de sa plume poétique et puissante pour nous parler de la vie : l’amour, les joies, les souffrances, la quête de soi, la mort, les questionnements et tous ces moments épars que l’on porte en nous. Juste un bémol : il m’a manquée les émotions plus brutes ressenties au cours des lectures des autres romans de cette auteure.

Lili, Barbara? Le tangage entre ces deux parts d'elle-même a cessé , il ne lui est plus nécessaire de renier ses "années Lili", et pas davantage de renoncer à cette Barbara qu'elle s'est construite entre passions, travail et solitude. Elle  est l'une et l'autre, la soudure s'est faite en elle, fragile, mais elle tient. Une soudure qui résulte du croisement  de ces deux faisceaux de lumière si dissemblables montés en temps décalés de l'histoire de Viviane et de la mort de Jeff, et aussi de sa traversée de la peinture.

Beaucoup de billets sur ce livre aussi je vous renvoie à Babelio et à Libfly.

Lu de cette auteure : Jours de colère - La Pleurante des rues de Prague - Le monde sans vous - L'inaperçu - Magnus

lundi 9 décembre 2013

Keith Scribner - L’expérience Oregon


Éditeur : Bourgeois - Traduit de l'anglais ( Etats-Unis)par Michel Marny - Août 2012- 526 pages et un bonheur de lecture !

Scanlon et Naomi jeune couple de couple New-York déménagent pour l'Oregon à Douglas. Elle est enceinte et lui a obtenu un poste à l'université. Mais Naomi qui avait pour travail d'être nez et de créer de nouvelles effluves a perdu son odorat, son sixième sens si précieux dont elle s'est toujours servie dans la vie. Leur nouvel environnement est différent de la vie citadine. Sablon s'intéresse aux sécessionnistes de cette région et veut écrire sur eux. Naomi retrouve son odorat mais préfère pour le moment de rien dire à Scanlon.

Tout pourrait laisser présager une suite heureuse. Naomi accouche, elle annonce à Scanlon qu'elle a retrouvé son nez et champagne. Mais non. Couvée par Scanlon, elle "respire" à nouveau et noue une relation quasi-fusionelle avec son bébé. Scanlon lui s'implique beaucoup dans un mouvement sécessionniste dirigée par le belle Sequoia. Il y a également  Clay qui veut frapper à coups d'action coups de poing et qui  s'intéresse à Naomi. La relation du couple devient tendue et la titularisation va être difficile car il n'avance pas pas son projet. Et si cette nouvelle vie dans l'Oregon était une erreur ? Les buts de Scanlon et Naomi s'éloignent alors que Douglas devient une marmite bouillante prête à imploser sous l'effet du groupe sécessionniste.

Un roman où les sens et en particulier l'odorat sont très présents dans l'écriture et nous titillent, nous font approcher et ressentir cette histoire de façon particulière. Un roman extrêmement bien construit où la politique agit comme un étau étau sur ce couple au bord de la rupture, où la maternité et la paternité sont creusés, où les erreurs, les prises de conscience jalonnent le chemin de Naomi et de Scanlon qui ne sont pas parfaits.
Keith Scribner n'épargne pas ses personnages entre trahisons et désirs dans un contexte où l'intime, la quête personnelle  et le social se mêlent. Un livre fouillé, hyper intéressant... un bonheur de lecture qui m'a ferrée !

Les billets de Cuné, Kathel, Theoma

dimanche 8 décembre 2013

Hubert Ben Kemoun - Les hasards sont assassins


Éditeur : Pocket Jeunesse - Date de parution : Mai 2013 - 187 pages dévorées!

Stanislas de Saint Avril fils unique n'a qu'une ambition : rentrer dans la police. Refusé, sa fierté d'égocentrique prend une claque et il ne comprend pas pourquoi. Lui qui  a si "brillamment" passé les épreuves ne voit qu'une possibilité qui a pu motiver cette décision. Le psy qui qui lui a posé des questions est le coupable. Alors, Stanislas va faire justice lui-même pour réparer cette erreur. Il se rend au cabinet du psy et lui demande de modifier son rapport. Mais ce dernier refuse et s'en suit un premier meurtre pour Stanislas. Fabrice, treize ans, est un adolescent comme tant d'autres. Ranger sa chambre, passer du temps avec ses parents ne sont ses priorités. Il est invité à un fête qui tombe le jour d'un mariage. Ses parents ne veulent pas céder : il les accompagnent c'est tout.

Le hasard fait que la route de Stanislas et de Fabrice vont se croiser. Le hasard que l'on ne maitrise pas, une idée idiote de la part d'un adolescent pour punir ses parents de ne pas pouvoir aller à une fête,  un psychopathe qui se prend pour un justicier et  la vengeance qui peut mener loin, très loin.

Je n'en dirai pas plu sur ce livre que j'ai dévoré ! Une construction qui alimente un vrai suspense, une écriture qui colle aux personnages avec des conséquences à effet domino sans guimauve et qui démontrent ô combien certains actes ont de très lourds impacts. Terrible, scotchant ! Par contre, ce roman est indiqué à partir de 12 ans et honnêtement, je le conseille pour des ados de 14 ou 15 ans minimum.

Lu dans le cadre de la masse critique jeunesse Babelio

samedi 7 décembre 2013

Elisabeth Sanxay Holding - Au pied du mur


Éditeur : BakerStreet - Traduit de l'américain par Gérard Horst, J-G Marquet, Traduction revue et mise à jour par Françoise Jaouën - Date de parution : Novembre 2013 (date de première parution : 1955) - 312 pages au charme suranné !

Année 1942, Lucia Holley dont le mari est parti depuis trois sans se battre dans le Pacifique s’occupe de son vieux père et de ses deux adolescents. Elle a pour tâche la vie domestique du foyer en ce temps difficiles et doit se débrouiller avec un quota d'essence, les tickets de rationnement pour la nourriture. Heureusement, elle peut compter sur Sybil sa domestique Noire à son service depuis très longtemps.

Durant l'été, Bee encore mineure s'amourache de Ted un homme beaucoup plus âgé qu'elle et Lucia comprend très vite que cet hommes n'est pas un ange. Lucia retrouve Ted mort dans leur hangar à bateaux alors qu'auparavant il était à son avec son vieux père. Pour protéger sa famille et éviter un scandale, Lucia amène le corps sur une île. Dès le lendemain, des hommes viennent sonner à la porte de Lucie à la recherche de Ted. Des hommes avec qui Ted trempait dans des magouilles, l'un deux possèdent des lettres que Bee a écrit à son amant et demande de l'argent.
Lucia est confrontée à des situations que jamais elle n'aurait imaginé. Et contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle va puiser en elle une force et une volonté incroyable ! L'intrigue est sans temps mort avec un vrai suspense mais surtout ce qui est très intéressant c'est que l'auteure nous dépeint le changement social et féministe qui s'opère durant ces années. Lucia n'a jamais travaillé, elle considère cela comme normal ( l'épouse se doit d'élever ses enfants et de s'occuper de son foyer) mais Bee affirme plus tard vouloir travailler pour être indépendante.

Il se dégage de ce polar très bien mené (sans  flic alcoolo et/ou dépressif) un charme suranné d'une époque en pleine mutation. L'écriture d'Elisabeth Sanxay Holding est économe,  pleine de subtilités et j'ai savouré cette lecture !

Le billet d'Yv


vendredi 6 décembre 2013

Stewart O'Nan - Nos plus beaux souvenirs


Éditeur : Points - Traduit de l'anglais (Etats)Unis) par Jean-François Ménard - Date de parution : 2006 - 667 pages aimées, chéries....

Cette année, la semaine de vacances aux abords du lac Chautauqua d’Emily sera différente. Son époux Henry est décédé et pour la dernière fois la maison de famille de vacances accueillera ses deux enfants, ses petits-enfants et Arlène la sœur d’Henry. Emily a décidé de vendre la maison et depuis l’enterrement d’Henry, il s'agit de l’occasion pour toute la famille de se revoir.

Ben, son épouse et leurs deux enfants sont arrivés à l’heure. Emily ne sait pas que son fils Ken n’occupe plus qu’un simple emploi dans un magasin de photographe. Passionné par cet art, il n’a pas réussi à se faire repérer pour exposer ses clichés. Son épouse n’aime pas Emily et cette semaine s’annonce longue pour elle. De plus, elle sait que lorsque Margaret, la sœur aînée de Ben arrivera, son mari passera son temps avec elle. Margaret séparée de son mari depuis peu a toujours été le méchant petit canard de la famille. Épuisée, elle doit en plus faire face à ses enfants qui ont bien des reproches à son égard et à des problèmes financiers.
Durant cette semaine des secrets cachés vont voir le jour volontairement ou non, une jeune adolescente s’éprendra de sa cousine, mais surtout les souvenirs feront surface. La maison doit être débarrassée de son contenu et c’est autant de meubles, de bibelots qui réveillent la mémoire de chacun.

Chaque jour de la semaine est détaillé et Stewart O'Nan s’attache toujours avec cette écriture formidable à creuser les personnalités de ses personnages : leurs pensées intimes, leurs espoirs, leurs regrets et leur incapacité à communiquer, à se parler franchement. Des êtres avec des failles, des défauts et des qualités et la vie avec ses revers inattendus mais aussi ses joies simples.
Un très, très bon moment de lecture durant lequel je me suis attachée à cette famille et j'ai eu vraiment du mal à les quitter... 

Tournant une page, elle pensa que sa vie se situait dans la moyenne et qu'il n'y avait pas lieu d'en avoir honte. Le monde n'était pas aussi magique que le gens aimaient à le penser. C'était la raison pour laquelle ils lisaient des livres qui leur permettaient de s'échapper.

Les billets de Cathulu,  Cuné, JoëllePapillon  et sur Babelio : ceux de Kathel et Keisha

Lu de cet auteur (chouchou) : Chanson pour l'absente - Emily - Les joueurs

jeudi 5 décembre 2013

Adriana Lisboa - Bleu corbeau

Éditeur : Métailié - Traduit du brésilien par Béatrice de Chavagnac - Date de parution : Septembre 2013 - 222 pages et une belle découverte !

A treize ans, Evangelina décide de quitter Rio  pour rechercher son père. Sa mère vient de mourir et sa nouvelle vie se déroulera aux Etats-Unis là où elle est née. L’ex-mari de sa mère Fernando habitant dans le Colorado se propose de l'héberger et de s'occuper d'elle.

La quête son père n'a rien de commun car Fernando l'a reconnue officiellement à sa naissance même s'il n'était pas son père biologique. Ils ne connaissent pas, seuls les souvenirs de la mère d'Angelina les unit. Fernando est peu bavard et tranquille. Evangelina a du mal à s'imaginer qu'il a été un guerillero au pays et qu'il a dû par la suite s'exiler. Tous deux cherchent, fouillent le passé et recoupent des informations pour tenter de localiser le père d'Evangelina. Carlos un petit garçon salvadorien dont les parents sont en situation irrégulière et voisins de Fernando multiplie les prétextes pour passer du temps avec Evangelina. Et c'est ainsi que Fernando, Evangelina et Carlos vont prendre la route et croiser en chemin des personnages attachants.

Ce livre sur l'identité, les origines, la construction de soi mêle habilement l'exil, l'histoire du Brésil et les racines de chacun.Cette histoire racontée par Evangelina permet d'écouter ses questions mais aussi ses souffrances, ses doutes. Un roman où la tolérance a une part belle et qui a su me pincer au coeur... 

June prépara un dîner qui emplit la maison d'odeurs chaudes. Elle mit de la musique et accrocha dans l'air des agrafes invisibles qui nous rapprochaient, noeuds d'une trame de crochet sur la pointe de l'aiguille. Nous étions un monde de compatibilités, nous fraternisions, nous nous équivalions - et quand ce n'était pas le cas, nous nous compensions. Un don de June : soudain nous étions tous les quatre cette grande famille improbable, multinationale, pleine de langues différentes et d'accents différents dans les mêmes langues. Nos âges étaient en théorie assez incompatibles, nos préoccupations et occupations, idem, nos passés nous identifiaient comme des animaux d'espèces différentes, résultats de processus évolutifs distincts, et pourtant nous étions là.

 Les billets de Jostein, Stephie, Zazy

mardi 3 décembre 2013

Pascal Garnier - La Théorie du panda

Editeur : Zulma - Date de parution : 2008 - 175 pages d'humanité et de désespoir ! 

Gabriel arrive en Bretagne. Au lieu de descendre à Brest il s’est arrêté avant. Sans raison particulière. Une petite ville comme tant d’autres un dimanche soir et pas un chat. iI prend une chambre au seul hôtel. Pour dîner, c’est un problème car tout est fermé. Au café, José le patron dont la femme est à l’hôpital dans le coma lui propose de partager son dîner avec lui.

Gabriel écoute ou plutôt les gens lui racontent leurs problèmes, leurs vies, leurs malheurs. Et il accepte de rendre service. Il fait ainsi la connaissance de Marco et Rita. Lui attend que son paternel décède pour toucher l’héritage, pour Rita Marco est son attache. En attendant, ils ont besoin d’argent et Gabriel leur achète un saxophone dont il n’a nul besoin. Le panda gagné à une fête foraine par Gabriel est donné à José. Toutes ces personnes  : Madeleine, la réceptionniste de l’hôtel, José, Marco et Rita voient en Gabriel un ami, un homme bienveillant  qui les aide. Que sait-on de Gabriel ? Rien au départ mais des son histoire apparaît petit à petit par flashbacks et on découvre le drame qui l’habite. Il y a des sourires qui reviennent, des remerciements, à croire que sans Gabriel ils en seraient toujours à se débattre avec leurs problèmes. Mais pas de flonflons avec Pascal Garnier. Et puis sans prévenir, la chute. Glaciale de désespoir.

Une fois de plus, je suis conquise ! Avec cet auteur dont les formulations sont un régal, une écriture qui renvoie l'humanité assaisonnée de noir et d'humour.

A force de voyager dans ce wagon qui pue des pieds, on finit par y faire son petit trou d'intimité, on se comprend. D'odeur à odeur, de coups tordus en coups tordus, on se cannibalise l'un l'autre. C'est dans l'habitude que tout réside, plus besoin de réfléchi, de choisir, on s'y retrouve les yeux fermés, chez l'autre comme chez soi. Les pantoufles avachies, la tignasse du matin, les cheveux sur le peigne, les coulisses de cet exploit de vivre qui nous étonne chaque matin. D'accord, pas toujours exaltant ce reflet dans le miroir, c'est vrai qu'il y a des jours où l'on voudrait le briser mais on ne le fait pas, parce que alors on se retrouverait le nez au mur  et que le mur a encore une plus sale gueule que soi.

Les billets de Krol, L'encreuseSylire

Lu de cet auteur : Cartons - Comment va la douleur ?

lundi 2 décembre 2013

Emmanuelle Pagano - Nouons-nous


Éditeur : P.O.L - Date de parution : Octobre 2013 - 203 pages et un coup de cœur !

Qu’est-ce que l’amour ? A cette vaste question, Emmanuelle Pagano nous dépeint des fragments de vies, des instants comme surpris, attrapés pour nous les livrer. Quelques lignes où le quotidien des gestes, de cette alchimie qui faut battre le cœur, des pensées intimes, un regard, un objet, une rencontre, deux personnes qui se séparent, les remords, la rancœur, la passion, la transformation de l’être aimé nous sont livrés.
Avec une grâce poétique, le lecteur pénètre dans un univers où la grâce poétique est suspendue à chaque mot. A chaque ligne. L’auteure a ce don de déshabiller le banal pour en extraire ce qu’il cache, de mettre à nu les corps et d'interpréter leurs gestuels. Sans tabou et sans voyeurisme, ces hommes et ces femmes jeunes ou plus âgés nous ouvrent leur âme, leur vie et leur cœur.

C’est immensément beau, on vogue sur la palette des sentiments portée par l’écriture sublime d’Emmanuelle Pagano. Un livre lu en apnée totale, un coup de cœur entier ! Une lecture que j’ai faite durer le plus longtemps possible en relisant toute cette symphonie de l’amour ! 

Quelques extraits au hasard :
Tout ce que je ne lui ai pas donné, je ne l’ai pas gardé, tout ce que je ne lui ai pas donné a été perdu. 
Le retrouver, à chaque fois, c’est doucement délacer les ligaments de nos corps, dégrafer nos articulations. 
Devant le miroir, elle se regarde sous toutes les coutures, elle se cherche des imperfections, elle n’en trouve pas, elle ressort de la salle d’eau belle et satisfaite, mais ce qu’il y a juste sous la peau ne se reflète pas. Ce qui est là, en elle, et ce qui nous empêche de nous aimer, elle ne le verra jamais.

Le billet d'Antigone

Lu de cette auteure : Un renard à mains nues

dimanche 1 décembre 2013

Hélène Frappat - Lady Hunt

Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Août 2013 - 318 pages appréciées mais pas plus

Laura Kern fait toujours le même cauchemar où une maison étrange se dessine dans la brume la terrifiant. Coïncidence, elle travaille pour une agence immobilière à Paris qui ne vend que des biens de luxe. Lors d’une visite d’un appartement un phénomène inattendu se produit : un enfant disparaît comme happé par les lieux et réapparaît mystérieusement. Laura vit avec le spectre de la maladie de Huntington héréditaire dont son père était atteint. Qui d’elle ou de sa sœur est atteinte ? Son rêve est-il le premier symptôme de la maladie ?

Des miroirs qui laissent entrevoir un visage, un appartement qui a pris feu et ce petit garçon qui semblait avoir un pouvoir. Laura est comme cernée par des phénomènes qui la dépassent mais dont elle veut connaître l’origine. Il y a la maison récurrente de ses rêves qui lui semble connue et pourtant sa mère vit toujours en Bretagne lui affirme le contraire. Et ce poème de Tennyson un héritage de son père d’origine galloise qui l’obsède. Angoissée, elle décide trouver les clés manquantes et pouvoir mettre fin à la malédiction qui frappe sa famille. A la lisière de la réalité et du surnaturel, Hélène Frappat distille lentement une intrigue des landes de bruyère aux beaux quartiers parisiens.

Une histoire où les maisons et leurs âmes ont une importance comme les silences, les non-dits dans une famille. Hélas il y a quelques longueurs et la relation de Laura avec son patron n’apporte rien à ce livre et surtout notre héroïne semble froide, dénuée de sentiments mais il y a un charme. Inquiétant et troublant mais très agréable à lire. J’ai apprécié ce roman mais de là à en garder un souvenir impérissable il y a un fossé…

Beaucoup, beaucoup de billets sur ce livre qui vont du coup de cœur à la douche froide !