Éditeur : Buchet-Chastel -Date de parution : 15 Aout 2019 - 272 pages
1975. En province, au groupe scolaire Denis-Diderot, les enseignants et leurs familles occupent des logements de fonction. Forcément tout le monde se connaît, les parents sont collègues et les enfants jouent ensemble. L’enseignement est basé sur les méthodes anciennes et les élèves sont menés à la baguette par le rigide directeur Lorrain. Lorsqu’un nouvel instituteur Florimont adepte d’une pédagogie différente arrive, on se doute que ce petit monde va connaître des remous d’autant plus que les classes vont devoir être mixtes et que l’émancipation des femmes fait frémir certains maris.
A l’aube de l’adolescence, les amitiés entre enfants se délitent, les personnalités se cherchent et s’affirment. Sous des apparences lisses et courtoises, les rivalités et les jalousies entre parents s’aiguisent et dans le sillage de Mai 68, les femmes découvrent une liberté toute nouvelle.
Avec un regard tendre et avec des personnages hauts en couleur dont certains sont truculents, Jean-Philippe Blondel décrit ces vies, les mentalités tout comme l’amorce d’une nouvelle société. Il nous retrace la fin d’une époque révolue par sa rigueur éducative et par ses schémas codifiés dans le couple. Les femmes deviennent indépendantes, les enfants mûrissent, la radio diffuse des chansons anglophones et la société se libère de ses corsets.
Une fois de plus, Jean-Philippe Blondel a su traduire parfaitement les sentiments, les perceptions et ressentis de ses personnages. Les pages se tournent toutes seules entre sourires, notamment quand il dépeint les réactions quasi épidermiques concernant les hippies, et petits pincements au cœur.
Sans être mièvre, cette chronique sociale et terriblement humaine est délicieuse, acidulée et vive. Petite précision : il est inutile d’avoir connu les années 70 pour apprécier ce roman plein d’entrain, hautement savoureux où l’humour n’est pas en reste. Si le dernier roman de Jean-Philippe Blondel m’était tombé des mains, j’ai dévoré celui-ci !
Elle aime ces soirées détendues avec des invités qui n’habitent pas le groupe scolaire. On y parle peu d’école, encore moins de son travail. On discours sur les endroits que l’on a déjà visités, sur l’éducation des enfants et aussi sur les derniers changements sociaux et politiques – on a tous été déçu quand Giscard a été élu l'année dernière. On était tellement sûrs de gagner, cette fois. On soupire, et puis on passe à autre chose. On n'est pas non plus engagé à ce point dans la lutte des classes. Ce qu'on souhaite avant tout, c’est que rien ne change radicalement et que chacun puisse vivre son existence comme il l’entend, tout en ayant bonne conscience parce que quelqu’un d’autre s’occupe des milieux défavorisés. Bref, on est de gauche, quoi. D’une couche de la couleur du rosbif qu'on sert régulièrement lors de ses repas. Pas saignant. Ni bien cuit. Juste à point.
Les billets de Cuné, Nicole et Saxaoul.
Sur ce blog : 06h41 - Brise glace - Et rester vivant
mercredi 28 août 2019
lundi 26 août 2019
Jean-Paul Dubois - Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon
Editeur : L'Olivier - Date de parution : Août 2019 - 245 pages
A la prison de Montréal où il purge une peine de deux ans, Paul Hansen partage sa cellule avec Horton un biker de Hells Angel incarcéré pour meurtre. Qu’est ce qui a conduit Paul en prison ? Évidemment, cette question nous titille et Jean-Paul Dubois ne nous livrera la réponse qu’à la toute fin.
Fils unique d’un pasteur suédois et d’une passionnée de cinéma engagé près de Toulouse, Paul a vu, impuissant, se déliter lentement le couple formé ses parents. A sa majorité, il rejoint son père au Québec et trouve un emploi de factotum dans une résidence cossue où il a officié durant vingt-six années rendant service aux locataires et en leur prêtant également une oreille attentive. Avec Winona Mapachee, une Indienne algonquine pilote d'un Beaver monomoteur et Nouk un chien qu’ils avaient recueilli, le bonheur parfait était au rendez-vous.
Avec cette tendresse et cette pudeur qui le caractérisent, Jean-Paul Dubois nous parle de vies simples en apparence tiraillées par les doutes, bousculées à tout jamais par par la soif d’argent des autres, mais aussi de foi et de liberté, d’amour, de solidarité et de belles amitiés belles qui réchauffent le cœur. Et jusqu’à la dernière ligne, une belle nostalgie qui pince le cœur m’a enveloppée.
Ses personnages attachants et truculents par leurs côtés décalés (Horton qui sous ses airs peu commodes cache des peurs infantiles) ou simplement parce qu’ils sont criants de vérité m'ont plus que touchée.
Dans ce roman, vous l'aurez compris, l'humain est au centre.
Jean-Paul Dubois rejoint mon club d’auteurs chouchous. Parce que j’aime son écriture élégante, son humour absurde et souvent ironique, sa sensibilité et sa fausse nonchalance (avec des descriptions précises qui ne saoulent jamais le lecteur).
La détention allonge les jours, distend les nuits, étire les heures, donne au temps un consistance pâteuse, vaguement écoeurante . Chacun éprouve le sentiment de se mouvoir dans une boue épaisse où il faut s'extraire à chaque pas, bataillant pied à pied pour ne pas s'enliser dans le dégoût de soi-même. La prison nous ensevelit vivants.
La foi, c'est fragile, ça repose sur trois fois rien comme un tour de magie.
Et qu'est-ce qu'il faut pour être un bon prestidigitateur ? Un lapin et un chapeau.
Les billets de Caroline et de Jérôme.
De cet auteur et sur le blog : La succession.
A la prison de Montréal où il purge une peine de deux ans, Paul Hansen partage sa cellule avec Horton un biker de Hells Angel incarcéré pour meurtre. Qu’est ce qui a conduit Paul en prison ? Évidemment, cette question nous titille et Jean-Paul Dubois ne nous livrera la réponse qu’à la toute fin.
Fils unique d’un pasteur suédois et d’une passionnée de cinéma engagé près de Toulouse, Paul a vu, impuissant, se déliter lentement le couple formé ses parents. A sa majorité, il rejoint son père au Québec et trouve un emploi de factotum dans une résidence cossue où il a officié durant vingt-six années rendant service aux locataires et en leur prêtant également une oreille attentive. Avec Winona Mapachee, une Indienne algonquine pilote d'un Beaver monomoteur et Nouk un chien qu’ils avaient recueilli, le bonheur parfait était au rendez-vous.
Avec cette tendresse et cette pudeur qui le caractérisent, Jean-Paul Dubois nous parle de vies simples en apparence tiraillées par les doutes, bousculées à tout jamais par par la soif d’argent des autres, mais aussi de foi et de liberté, d’amour, de solidarité et de belles amitiés belles qui réchauffent le cœur. Et jusqu’à la dernière ligne, une belle nostalgie qui pince le cœur m’a enveloppée.
Ses personnages attachants et truculents par leurs côtés décalés (Horton qui sous ses airs peu commodes cache des peurs infantiles) ou simplement parce qu’ils sont criants de vérité m'ont plus que touchée.
Dans ce roman, vous l'aurez compris, l'humain est au centre.
Jean-Paul Dubois rejoint mon club d’auteurs chouchous. Parce que j’aime son écriture élégante, son humour absurde et souvent ironique, sa sensibilité et sa fausse nonchalance (avec des descriptions précises qui ne saoulent jamais le lecteur).
La détention allonge les jours, distend les nuits, étire les heures, donne au temps un consistance pâteuse, vaguement écoeurante . Chacun éprouve le sentiment de se mouvoir dans une boue épaisse où il faut s'extraire à chaque pas, bataillant pied à pied pour ne pas s'enliser dans le dégoût de soi-même. La prison nous ensevelit vivants.
La foi, c'est fragile, ça repose sur trois fois rien comme un tour de magie.
Et qu'est-ce qu'il faut pour être un bon prestidigitateur ? Un lapin et un chapeau.
Les billets de Caroline et de Jérôme.
De cet auteur et sur le blog : La succession.
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