Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Août 2019 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard - 540 pages
Ils sont quatre à effectuer un périple en voiture à travers les Etats-Unis pour rejoindre le Sud. Une voiture avec en son bord les deux parents et leurs deux enfants de dix et cinq ans nés d'unions respectives, et dans le coffre des boîtes d'archives contenant livres, enregistrements et un joyeux fatras. Une famille recomposée où le père poursuit sa quête professionnelle sur Geronimo et sur les Apaches, et où la mère veut constater par elle-même le sort des enfants sud-américains immigrants, des enfants souvent refoulés près de la frontière mexicaine et séparés des leurs.
Ce roman est absolument étonnant et fascinant de la première à la dernière ligne tant par sa forme que par ses propos. Valeria Luiselli mêle l'histoire intime de cette famille à celle des Etats-Unis et à sa politique migratoire actuelle. On est sur la trace des indiens, on plonge dans l'Amérique d'hier et d'aujourd'hui, on sourit des descriptions si précises sur le comportement des deux enfants, de leurs mimiques et de leurs discussions. Et l'auteure nous livre bien plus que des réflexions. A travers la voix de la mère puis celle du garçon, il y a leurs visions, leurs perceptions du monde et de celle de leur famille qui vit sans le savoir son dernier voyage.
Il y a une grâce dans cette écriture où l'imaginaire côtoie le réel, une sincérité qui m'a bouleversée et une musicalité envoûtante. Une beauté et une fragilité que l'on ressent viscéralement, des sons qui nous enveloppent et qui contrastent avec l'horreur du sort réservé à certains de ces enfants qui ont perdu le droit à l'enfance.
Un livre où des enfants se construisent et d'autres se perdent, un livre où les sons oubliés ou en passe de le devenir sont capturés et archivés, un livre dont l'écho résonne et vous habite longtemps.
C'est subtil, intelligent et puissant bien loin d'une enquête de type journalistique. Un coup de coeur émaillé de références littéraires, de photos et de notes qui en font une lecture rare.
Une carte est une silhouette, un contour qui regroupe des éléments disparates, quels qu'ils soient. Cartographier c'est aussi un moyen de rendre visible ce qui habituellement n'est pas vu.
Les billets de Cuné, Fanny et de Papillon.
mercredi 13 novembre 2019
vendredi 8 novembre 2019
Olivier Adam - Une partie de badminton
Éditeur : Flammarion - Date de parution : Août 2019 - 400 pages
Olivier Adam faisait partie des auteurs dont je lisais systématiquement (ou presque) ses romans. "Lisais" à l’imparfait car oui il y a eu un désamour ou plutôt une overdose de ses thèmes de prédilection. Les lisières ayant été de trop, je le boudais. Une partie de badminton m’a intriguée par son titre et sans lire la quatrième de couverture, je me suis lancée (je vis dangereusement) à le lire.
Alors me direz-vous ? Si Olivier Adam ne s’est toujours pas converti au roman léger et bien il fait preuve d’une jolie auto-dérision avec son personnage de Paul Lerner. Cet écrivain revenu en Bretagne près de Saint-Malo a connu le succès et à quarante-cinq ans, il croyait que ses livres allaient lui assurer un bel avenir. Lui qui avait embarqué sa femme et ses deux enfants en Bretagne a eu envie de retourner vivre à Paris. Sauf que l’argent s’est tari comme la vente de ses livres : adieu la vie parisienne et re-bonjour les terres bretonnes. Parce qu’il faut faire faire bouillir la marmite, il travaille comme journaliste local, sa femme souvent absente jongle entre ses cours de prof et un centre d’accueil aux migrants. Leur fille Manon adolescente regrette amèrement Paris et l’exprime à sa façon tandis que son frère âgé de dix ans s’est très bien adapté. Pour Paul, sa vie d’écrivain est du passé et il se questionne. A-t-il fait les bons choix pour lui et pour sa famille ?
Il y a du piquant, des réflexions joliment menées et d'autres beaucoup moins. Et selon moi, la fin tombe dans des clichés rocambolesques. Mais j’ai aimé ce Paul Lerner avec ses interrogations sur sa vie, sur son rôle de père et celui d’époux mais aussi avec toutes ses ambiguïtés. Dans ce portrait d'un homme et de notre société, l'auteur m'a surprise par l'humour dont il fait preuve. Malgré des défauts, ce roman m'a presque réconciliée avec Olivier Adam.
S'était ensuivie une plongée rapide dans le seaux saumâtres de la dépression.C'était la combientième au fait ? La cinquième? dépression n°5. By Lerner. Paris.
Cuné est plus enthousiaste.
Lu de cet auteur : A l'abri de rien - Des vents contraires - Falaises- Le coeur régulier - Les lisières
Olivier Adam faisait partie des auteurs dont je lisais systématiquement (ou presque) ses romans. "Lisais" à l’imparfait car oui il y a eu un désamour ou plutôt une overdose de ses thèmes de prédilection. Les lisières ayant été de trop, je le boudais. Une partie de badminton m’a intriguée par son titre et sans lire la quatrième de couverture, je me suis lancée (je vis dangereusement) à le lire.
Alors me direz-vous ? Si Olivier Adam ne s’est toujours pas converti au roman léger et bien il fait preuve d’une jolie auto-dérision avec son personnage de Paul Lerner. Cet écrivain revenu en Bretagne près de Saint-Malo a connu le succès et à quarante-cinq ans, il croyait que ses livres allaient lui assurer un bel avenir. Lui qui avait embarqué sa femme et ses deux enfants en Bretagne a eu envie de retourner vivre à Paris. Sauf que l’argent s’est tari comme la vente de ses livres : adieu la vie parisienne et re-bonjour les terres bretonnes. Parce qu’il faut faire faire bouillir la marmite, il travaille comme journaliste local, sa femme souvent absente jongle entre ses cours de prof et un centre d’accueil aux migrants. Leur fille Manon adolescente regrette amèrement Paris et l’exprime à sa façon tandis que son frère âgé de dix ans s’est très bien adapté. Pour Paul, sa vie d’écrivain est du passé et il se questionne. A-t-il fait les bons choix pour lui et pour sa famille ?
Il y a du piquant, des réflexions joliment menées et d'autres beaucoup moins. Et selon moi, la fin tombe dans des clichés rocambolesques. Mais j’ai aimé ce Paul Lerner avec ses interrogations sur sa vie, sur son rôle de père et celui d’époux mais aussi avec toutes ses ambiguïtés. Dans ce portrait d'un homme et de notre société, l'auteur m'a surprise par l'humour dont il fait preuve. Malgré des défauts, ce roman m'a presque réconciliée avec Olivier Adam.
S'était ensuivie une plongée rapide dans le seaux saumâtres de la dépression.C'était la combientième au fait ? La cinquième? dépression n°5. By Lerner. Paris.
Cuné est plus enthousiaste.
Lu de cet auteur : A l'abri de rien - Des vents contraires - Falaises- Le coeur régulier - Les lisières
lundi 4 novembre 2019
Marlen Haushofer - Dans la mansarde
Editeur :
Actes Sud - Traduit de l'allemand par Traduit par Miguel Couffon - Date de parution (poche) : Août 2019 - 220 pages
Cherchant à capturer au mieux les oiseaux sur papier, la narratrice s'échappe physiquement et mentalement dans la mansarde de sa maison. Un refuge pour cette femme mariée entre deux âges dont le quotidien est quasi immuable. A priori, on serait tenté de croire qu'il ne se passe pas grand chose et que ses états d'âme tout comme ses observations sont anodins.
Sa routine est soudainement brisée par d'étranges enveloppes qu'elle reçoit. Il s'agit de son journal intime qu'elle tenait dans sa jeunesse alors qu'elle s'était retrouvée brutalement atteinte de surdité. Son mari avait décidé alors pour elle d'une convalescence dans un endroit au coeur d'une forêt.La narratrice peut donner l'impression d'être en partie absente de sa vie, elle se conforme aux choix et à la volonté de son mari. Son manque d'émotions et son détachement vont lentement se fissurer.
Dans ce récit qui s'étale sur huit jours précisément, la fracture entre son existence bourgeoise et ses réflexions intimes se dessine lentement. Le couple, la maternité, la famille et les difficultés qu'elle éprouve sont autant de thèmes abordés dans ce roman.
Cette lecture troublante distille un trouble grandissant renforcé par le contraste entre les descriptions de la nature et les propos de cette femme.
Le mur invisible de Marlen Haushofer avait connu un beau succès sur les blogs et je m'étais promise de revenir vers cette auteure. Et comme Cath a parlé en bien de ce roman sorti en poche récemment, j'ai foncé à la librairie.
Si rêver était un métier, j'aurais acquis depuis longtemps mes certificats de maître artisan du rêve. On le voit, je ne possède que des talents inutiles en ce monde où il me faut vivre.
Cherchant à capturer au mieux les oiseaux sur papier, la narratrice s'échappe physiquement et mentalement dans la mansarde de sa maison. Un refuge pour cette femme mariée entre deux âges dont le quotidien est quasi immuable. A priori, on serait tenté de croire qu'il ne se passe pas grand chose et que ses états d'âme tout comme ses observations sont anodins.
Sa routine est soudainement brisée par d'étranges enveloppes qu'elle reçoit. Il s'agit de son journal intime qu'elle tenait dans sa jeunesse alors qu'elle s'était retrouvée brutalement atteinte de surdité. Son mari avait décidé alors pour elle d'une convalescence dans un endroit au coeur d'une forêt.La narratrice peut donner l'impression d'être en partie absente de sa vie, elle se conforme aux choix et à la volonté de son mari. Son manque d'émotions et son détachement vont lentement se fissurer.
Dans ce récit qui s'étale sur huit jours précisément, la fracture entre son existence bourgeoise et ses réflexions intimes se dessine lentement. Le couple, la maternité, la famille et les difficultés qu'elle éprouve sont autant de thèmes abordés dans ce roman.
Cette lecture troublante distille un trouble grandissant renforcé par le contraste entre les descriptions de la nature et les propos de cette femme.
Le mur invisible de Marlen Haushofer avait connu un beau succès sur les blogs et je m'étais promise de revenir vers cette auteure. Et comme Cath a parlé en bien de ce roman sorti en poche récemment, j'ai foncé à la librairie.
Si rêver était un métier, j'aurais acquis depuis longtemps mes certificats de maître artisan du rêve. On le voit, je ne possède que des talents inutiles en ce monde où il me faut vivre.
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