Gwen nous invite à concocter un texte à partir des ingrédients suivants :
- la nuit
- une rue sombre
- de hauts talons
- une silhouette furtive
- et la désagréable sensation de n’être pas seul(e)
Et voici mon texte...
Emma était sortie tard de son travail. La réunion s’était éternisée mais elle était contente car son travail avait porté ses fruits. A trente-deux ans, elle présentait une émission sur une des chaines de télévision les plus regardées. Cerise sur le gâteau, son talk-show était diffusé à l’heure où les gens aiment se gaver de sensationnel. Les études de marché étaient formelles : après leur journée de travail, les téléspectateurs voulaient se divertir sans avoir l’impression d’être abrutis. Elle souriait en s’avançant dans la rue sombre. Le bruit de ses talons aiguilles sur le bitume résonnait. Une gagnante ! Voilà ce qu’elle était ! L’orgueil était un sentiment si délicieux qui renforçait sa satisfaction. La nuit était tombée depuis longtemps et elle frissonna car elle ne portait qu’un léger tailleur. La tête haute, un sourire carnassier aux lèvres, elle avançait tranquillement comme guerrière repue. Emma se remémorait les premières émissions. Dès le début, elle avait voulu frapper fort. Capter l’attention des téléspectateurs, les rendre accro à l’émission. Que chaque jour, ils bénissent l’heure de cette grand’messe qu’elle allait leur offrir. C’était chose faite. Un bruit la fit sursauter et elle avait la sensation étrange que quelqu’un la suivait. Elle avait encore quatre cent mètres à parcourir pour atteindre la station de taxis. Ces rues peu fréquentées manquaient d’éclairage. L’envie de vérifier qu’elle se trompait était la plus forte. Elle se retourna et eut l’impression de voir une silhouette près d’une porte. « Calme-toi, tu te fais des films », pensa-t-elle. L’émission qu’elle présentait cartonnait. Le concept avait fait exploser l’audimat : le public devait voter pour le reportage qui lui plaisait le plus. Amateurs, professionnels, tout le monde était prêt à filmer n’importe qui, n’importe quoi. Il faut dire que le gagnant remportait une jolie somme. Cete fois, elle était certaine, elle entendait des pases pressés.Affolée, elle se mit à courir.
Le lendemain, une vidéo parmi tant d’autres était adressée à la production de l’émission d’Emma. On y voyait une jeune femme frappée à mort par deux individus. Dévisagée, les yeux de la victime exprimaient toute la terreur possible. Toute l’équipe cherchait à joindre Emma qui était introuvable. En repassant la vidéo, quelqu’un fit la remarque qu’on pouvait déceler comme une lueur de regret dans ce regard.
3 commentaires:
j'ai beaucoup aimé ton texte, comme je le disais chez Gwénaelle. Tu arrives à dire beaucoup en très peu de mots. Bravo!
j'aime !!! je n'ai pas eu le courage de prendre mon stylo.
@ Choupynette : comme le dit Gwen, nous acons mieux fait que les cantonales en taux de participation !
@ Lucie : le temps m'a cruellement manqué pour paaufiner... hélas !
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