Editeur : Emue - Date de parution : Mai 2011 - 99 pages et 10 nouvelles...
Avertissement : si vous vivez dans un monde où tout est rose, où votre prochain n'est que bonté et gentillesse, le choc va être de taille !
Dix nouvelles qui se déroulent dant l'Angleterre de nos jours. Dix nouvelles où les personnages nous entraînent dans des situations différentes. Intérimaire, édudiante, enseignante, futur médecin... le plus souvent des femmes dont la vie prend un tournant inattendu. Harcèlement au travail, le couple qui prend l'eau, le peur du handicap : voici quelques uns des sujets traités.
Ray Parnac gratte le vernis et ça fait mal ! Elle n'a pas peur de bousculer le lecteur, de lever le voile sur des situations où nature humaine n'est pas la plus belle.
D'une écriture vive, sans concession et directe, elle plante très vite le décor et nous amène à vouloir en savoir plus. L'humour so british est présent doublé d'une lucidité implaccable.
Non, je n'ai pas lu ce recueil, je l'ai dévoré et j'en suis sortie secouée ! On reprend son souffle entre deux nouvelle, on vérifie que nos certitudes ne sont pas trop ébranlées. Désillusion, vie fantasmée ou qui s'écroule ... attention à la surprise!
Une très, très belle découverte !
Le billet de Canel ( la tentatrice!)
mercredi 29 juin 2011
Ray Parnac - Le doigt de l'historienne
Editeur : Emue - Date de parution : Mai 2011 - 99 pages et 10 nouvelles...
Avertissement : si vous vivez dans un monde où tout est rose, où votre prochain n'est que bonté et gentillesse, le choc va être de taille !
Dix nouvelles qui se déroulent dant l'Angleterre de nos jours. Dix nouvelles où les personnages nous entraînent dans des situations différentes. Intérimaire, édudiante, enseignante, futur médecin... le plus souvent des femmes dont la vie prend un tournant inattendu. Harcèlement au travail, le couple qui prend l'eau, le peur du handicap : voici quelques uns des sujets traités.
Ray Parnac gratte le vernis et ça fait mal ! Elle n'a pas peur de bousculer le lecteur, de lever le voile sur des situations où nature humaine n'est pas la plus belle.
D'une écriture vive, sans concession et directe, elle plante très vite le décor et nous amène à vouloir en savoir plus. L'humour so british est présent doublé d'une lucidité implaccable.
Non, je n'ai pas lu ce recueil, je l'ai dévoré et j'en suis sortie secouée ! On reprend son souffle entre deux nouvelle, on vérifie que nos certitudes ne sont pas trop ébranlées. Désillusion, vie fantasmée ou qui s'écroule ... attention à la surprise!
Une très, très belle découverte !
Le billet de Canel ( la tentatrice!)
Avertissement : si vous vivez dans un monde où tout est rose, où votre prochain n'est que bonté et gentillesse, le choc va être de taille !
Dix nouvelles qui se déroulent dant l'Angleterre de nos jours. Dix nouvelles où les personnages nous entraînent dans des situations différentes. Intérimaire, édudiante, enseignante, futur médecin... le plus souvent des femmes dont la vie prend un tournant inattendu. Harcèlement au travail, le couple qui prend l'eau, le peur du handicap : voici quelques uns des sujets traités.
Ray Parnac gratte le vernis et ça fait mal ! Elle n'a pas peur de bousculer le lecteur, de lever le voile sur des situations où nature humaine n'est pas la plus belle.
D'une écriture vive, sans concession et directe, elle plante très vite le décor et nous amène à vouloir en savoir plus. L'humour so british est présent doublé d'une lucidité implaccable.
Non, je n'ai pas lu ce recueil, je l'ai dévoré et j'en suis sortie secouée ! On reprend son souffle entre deux nouvelle, on vérifie que nos certitudes ne sont pas trop ébranlées. Désillusion, vie fantasmée ou qui s'écroule ... attention à la surprise!
Une très, très belle découverte !
Le billet de Canel ( la tentatrice!)
lundi 27 juin 2011
Susan Fromberg Schaeffer - Folie d'une femme séduite
Éditeur : Belfond - Date de parution : Mai 2011 - 780 pages
Vermont, 1896, Agnès Dempster âgée de 16 ans quitte la ferme familiale pour s’installer à Montpelier. Elle fait la connaissance de Frank Holt un tailleur de pierre et en tombe très vite amoureuse. Le mariage est prévu l’année suivante mais Frank est étouffé par cet amour obsessionnel. Il s’éloigne d’Agnès, revoit la fille qu'il fréquentait auparavant. Mais, Agnès ne vit que pour Franck et elle va commettre un acte fou. Tuer cette rivale et essayer de se suicider. Le procès d’Agnès a lieu, enflammant les esprits des habitants de Montpelier. Déclarée folle, Agnès est internée.
Je lis très rarement des « pavés » mais mes poignets étant en forme ( alléluia !), j’en ai profité pour me lancer dans cette lecture. Et j’ai été soufflée ! Résumer ou décrire l’ensemble de ce livre est difficile car les thèmes abordés sont nombreux. Il faut savoir qu’il a été inspiré d’un fait réel qui défraya la chronique dans les années 1890. Je peux vous dire que la psychologie, la folie sont les pivots de ce roman remarquable. Remarquable car tout y est décrit avec brio.
A sa naissance, Agnès est rejetée par sa mère. En grandissant, elle trouve de l’amour et de l’affection auprès de sa grand-mère, une femme fantasque. Sa mère ne s’est pas remise du décès accidentel de sa première fille à l’âge de 5 ans à qui elle vouait un amour inconditionnel. Après le décès de sa grand-mère, Agnès décide de quitter sa campagne. Malgré la richesse de la famille, elle veut avoir sa liberté, son indépendance et travailler. A Montpelier, elle trouve un emploi de couturière et coupe les ponts avec ses parents. Et là, sa vie bascule. Agnès tombe amoureuse de Frank. Peu à peu, elle tombe dans une passion dévastatrice. Elle ne vit que par Frank. Un amour fou dans lequel elle se jette à corps perdu. Enceinte de Frank, elle se fait avorter dans des conditions abominables (n’oublions pas qu’il s’agissait d’un acte illégal). Ses sentiments deviennent obsessionnels. Lorsque Frank préfère prendre du recul et s’éloigner d’elle, la jeune fille qu’elle était perd tout contrôle. Elle tue froidement l’ancienne petite amie de Frank et tente de se suicider. Malgré les pronostics des médecins, Agnès survit. Pour sa défense, l’avocat plaide la folie héréditaire. Le psychiatre parle de la folie de la femme séduite. L’opinion publique s'enfamme, les journaux font leurs choux gras. Mensonges, fausses déclarations sont relayés dans la presse. Agnès est déclarée folle et internée par un jury exclusivement masculin. Le docteur Train, un psychiatre précurseur en matière de psychanalyse, est persuadé qu’Agnès peut guérir. Je n’en dis pas plus !
Que dire, sinon que ce roman m’a passionnée ! Superbement écrit, j'ai tourné chaque page avidement....
dimanche 26 juin 2011
Philippe Delerm - Le trottoir au soleil
Éditeur : Gallimard- Date de parution : Janvier 2011 - 178 pages à savourer tranquillement...
Comment croquer le quotidien ? Comment décrire des instants qui semblent futiles pour les déployer sous la magie des mots ? Une fois de plus, j’ai pris plaisir à lire les textes de Philippe Delerm.
Les clins d’œil, les sourires sont plus effacés que dans ses précédents livres. L’auteur apporte une réflexion plus profonde sur le temps qui passe, sur son âge également. Un livre plus intimiste mais où l'on se retrouve dans ces différents tableaux. Paris Saint Lazare est pour moi l’arrivée à Montparnasse. Les derniers kilomètres et les barres d’immeubles qui apparaissent. Un premier passager qui enfile sa veste puis le reste du wagon suit. On s’observe quelques secondes, intimité provisoire partagée, main sur la valise. Certains oseront un commentaire sur le voyage. On acquiesce par un sourire ou une petite réflexion à notre tour. Le train s’immobilise, on descend sur le quai et chacun accélère le pas. On a beaucoup simulé dans la neutralité. Car il y a une satisfaction profonde et cachée, presque un merveilleux bonheur à faire partie du voyage, à croiser infiniment vers Paris capitale, à n’atteindre jamais le but. A être dans la vie.
Il se fait chineur chez Emmaüs ou simple vacancier. Comme monsieur tout le monde. Sans chichi. Nul besoin de jouer les grands seigneurs pour toucher au plus juste le lecteur.
Tout le génie de capter des instants et d’en parler avec finesse et poésie. Un éventail de situations et de souvenirs qui deviennent un luxe privilégié sous sa plume. La nostalgie s’invite avec un soupçon de mélancolie. Il nous invite à goûter, à savourer pleinement de ces évanescents moments et à prendre le temps de. Dans un monde où l’on court après le temps et où l’on se doit d'être à demain...
Inutile de préciser que j'admire cet auteur !
samedi 25 juin 2011
9ème édition du Prix des lecteurs du Télégramme et le lauréat est ....
Lorsqu'il est venu présenter son livre chez Dialogues, je lui ai dit qu'il avait toutes ses chances. Il faut croire que j'ai des dons de voyance. Ou alors parce que tout simplement ce premier roman méritait d'être récompensé.
Le lauréat de la 9ème édition du prix du Télégramme est Lionel Salaün pour le retour de Jim Lamar.
Les lecteurs ne se sont pas trompés en votant pour lui et je suis très contente !!!!
Hier soir, j'ai assisté à la remise du prix dans les locaux de TEBEO (et oui ! Dans le finistère , nous avons notre propre chaîne de télé...) .
Déléguée par Fransoaz pour un compte-rendu, Griotte n'a pas pu se joindre à moi pour cette tâche de haute confiance.
J'étais dans le public pour l'enregistrement de l'émission la complète (assise au 2ème rang pour ceux et celles qui ont regardé) puis avons été prendre un verre au port de Plaisance.
Petit rappel, Lionel Salaün écrit depuis de nombreuses années et Le retour de Jim Lamar est son premier livre à être publié. Bonne nouvelle : il a un nouveau roman en préparation qui devrait paraître dans quelques mois ( l'action se situe cette fois en France)
J'ai pu échanger avec des lectrices sur les livres sélectionnés et surtout avec Mireille, une lectrice de mon blog, venue de Quimper. Ce qui donne une soirée très sympa !
La photo de Lionel Salaün au port :
Le lauréat de la 9ème édition du prix du Télégramme est Lionel Salaün pour le retour de Jim Lamar.
Les lecteurs ne se sont pas trompés en votant pour lui et je suis très contente !!!!
Hier soir, j'ai assisté à la remise du prix dans les locaux de TEBEO (et oui ! Dans le finistère , nous avons notre propre chaîne de télé...) .
Déléguée par Fransoaz pour un compte-rendu, Griotte n'a pas pu se joindre à moi pour cette tâche de haute confiance.
J'étais dans le public pour l'enregistrement de l'émission la complète (assise au 2ème rang pour ceux et celles qui ont regardé) puis avons été prendre un verre au port de Plaisance.
Petit rappel, Lionel Salaün écrit depuis de nombreuses années et Le retour de Jim Lamar est son premier livre à être publié. Bonne nouvelle : il a un nouveau roman en préparation qui devrait paraître dans quelques mois ( l'action se situe cette fois en France)
J'ai pu échanger avec des lectrices sur les livres sélectionnés et surtout avec Mireille, une lectrice de mon blog, venue de Quimper. Ce qui donne une soirée très sympa !
La photo de Lionel Salaün au port :
vendredi 24 juin 2011
Ahmed Kalouaz - La première fois on pardonne
Éditeur : Rouergue ( collection doAdo) - Date de parution : Octobre 2010 - 91 et les larmes aux yeux..
Elodie, une collégienne, habite chez sa grand-mère depuis le début des vacances scolaires. Elle aime regarder les albums photos. Elle essaie d’y chercher des traces d’un bonheur, de comprendre pourquoi et comment son père est devenu violent. Sur les photos comme dans la vie, sa mère faisait comme si de rien n’était. Pour cacher l’inavouable, la honte.
En feuilletant l’album photo, Elodie se rappelle de sa petite enfance. Sur les photos de sa mère, il y a des sourires. Masques qui dissimulent une souffrance, les coups portés par son mari et les insultes. Elodie s’était inventée une histoire de renard, à elle rien qu’à elle. Une échappatoire quand la nuit tombée, elle guettait en retenant sa respiration les cris étouffés de sa mère. Une situation dont elle n’a jamais réussi à parler avec sa sœur ainée. Les souvenirs remontent à la surface: les non-dits, l’indifférence du voisinage qui préférait de pas voir. Elodie voudrait comprendre, trouver l'origine de cette violence malgré les moments de bonheur. Sentiments paradoxaux où l’amour pour son père côtoie la culpabilité qu'elle ressent. La mère d’Elodie est partie dans un foyer pour femmes battues. Elle a enfin réussi à franchir ce cap de prendre une décision et de partir. Maintenant, c’est à Elodie de se reconstruire.
91 pages et les larmes aux yeux… Parce que ce livre est écrit avec pudeur, beaucoup de finesse et de sensibilité. Pas de pathos, non juste les faits et les ressentis si bien décrits.
C'est là que la première nuit, j'ai plongé les yeux dans les albums de photos, pour ne plus m'en extraire. Comme dee rêves en couleurs, elles défilent, et nos bouts de vie avec. Elles ne nous ménagent pas, nous tirent parfois des sanglots dans la voix. Ils ont le même écho que ceux que j'entendais, silencieusement tapie en haut des escaliers.
jeudi 23 juin 2011
Alice Kuipers - Deux filles sur le toit
Éditeur : A. Michel ( collection : Wiz) - Date de parution : Mai 2011 - 250 pages
Présentation : Sophie voudrait oublier que sa grande sœur est morte. Pas facile quand tout le monde ne cesse de vous demander si ça va. Sa mère s’isole des heures entières, sa meilleure amie Abigail préfère faire la fête et parler de garçons plutôt que de rester avec Sophie. La jeune fille se réfugie alors dans ses souvenirs de la vie d’avant, quand sa sœur était encore là et qu’elles n’étaient que deux filles ordinaires qui discutaient sur le toit. Jusqu’au jour où Sophie est obligée de se confronter à la tragédie de l’été passé, pour pouvoir enfin regarder vers l’avenir…
Premier roman d’Alice Kuipers que je lis et j’ai été très agréablement surprise ! J’appréhendais les bons sentiments ou la guimauve à excès, que nenni ! La vie de Sophie s’est effondrée brutalement. Sur les conseils de sa thérapeute, elle tient un journal intime. Et il s’agit de ce journal que l’on découvre. Sophie a perdu sa sœur ainée Emily. Au début du livre, on ne sait pas dans quelles circonstances. Mais à travers le journal de Sophie, on ressent que la cause de sa mort a touché de nombreuses personnes. La mère de Sophie n’a pas réussi à surmonter ce drame. Elle est devenue l’ombre d’elle-même et passe toutes ses journées dans sa chambre. Mère et fille ne communiquent plus ou n’y arrivent plus. Partagée entre la colère, la révolte et la culpabilité, Sophie est tout simplement d’une jeune fille perdue. Comment vivre après le décès de sa sœur ? Malgré les apparences, Sophie n’y arrive pas plus que sa mère. Sa peur la bloque et l'empêche d'ouvrir les yeux. La complicité qui liait Sophie à Abigail, sa meilleure amie, n’est plus qu’un souvenir. Sophie est également une adolescente et il s’agit de mille petits détails qui nous le rappellent. L’écriture et à la poésie vont aider Sophie à accepter ce passé douloureux et à entamer son travail de deuil.
Sans mièvrerie, sur un ton juste, il s'agit d'un livre touchant qui démontre ô combien les mots et l’écriture aident …
Sans mièvrerie, sur un ton juste, il s'agit d'un livre touchant qui démontre ô combien les mots et l’écriture aident …
Les billets de Clair de jour, Leiloona, Marie, MyaRosa
mercredi 22 juin 2011
Maggie O'Farrell - L'étrange disparition d'Esme Lennox
Éditeur : 10 x 18 - Date de parution : Novembre 2009 - 232 pages
Iris est contactée par l’hôpital psychiatrique lui indiquant qu’une de ses parentes y est internée. L’hôpital fermant ses portes, le directeur souhaite savoir si Iris peut s’occuper d’Esme Lennox, la sœur de sa grand-mère. La jeune femme n’est pas au bout de ses surprises car sa grand-mère paternelle ne lui a jamais parlée de cette sœur internée depuis soixante ans. Iris rencontre Esme et décide de l’héberger chez elle. Une grand-mère atteinte d'Alzeimer, un père décédé alors qu’elle n’était qu’une enfant, Iris n’a personne pour lui fournir des explications.
Ah, quel plaisir de lire à nouveau Maggie O’Farrell ! Dès les premières lignes, j’ai été captivée par ce roman et je ne l’ai pas lâché ! Esme et sa soeur ainée Kitty ont passé leur enfance en Inde. A la mort de leur petit frère, leurs parents ont décidé de revenir à Edimboug en Ecosse. Esme a du mal à se plier aux règles, aux convenances de la bonne société de ces années 1930. A seize ans, elle est internée sans que ses parents s'y opposent. Et il s’agit de cette même Esme que l’on retrouve soixante ans plus tard. Une femme âgée goûtant avec joie et maladresse à la liberté aux côté d’Iris et qui refoule sa peur d’être internée à nouveau. Iris se pose des questions au sujet d’Esme. Pourquoi a-t-elle internée ? Y avait il une raison et si oui : Esme est-elle folle ? Petit à petit, la confiance s’établit entre elles. Habilement construit, alternant passé et présent, le roman nous livre le récit d’une troisième personne. Mais, je n'en dis pas plus !
Au fil des pages, la vérité se dessine. D’abord floue puis distincte et odieuse.
J’ai lu ce roman d’une seule traite ! Comme dans Cette main qui a pris la mienne, j'ai été ferrée par l'écriture et le style de Maggie O’Farrell. Un livre fort et très bien mené sur un thème effroyable...
De nombreux billets chez BOB.
lundi 20 juin 2011
Edna O'Brien - Crépuscule Irlandais
Éditeur : Sabine Wespieser - Date de parution : Septembre 2010 - 440 pages
Le récit s’ouvre sur Dilly qui met en ordre sa maison avant de partir pour Dublin afin d'y être hospitalisée. Malade, elle attend la visite de sa fille Eleanora. La jeune femme est partie très jeune à Londres où elle est devenue une auteure dont les écrits dérangent. Quand elle se rend au chevet de sa mère, elle reste peu de temps et oublie dans sa précipitation son journal intime. Dilly va découvrir combien elle et se fille se ressemblent.
Il m’a fallu un temps d’adaptation pour me faire à cette écriture rêche. Une écriture qui colle au plus après de cette campagne Irlandaise soumise à la dureté. Dilly y a toujours vécu sauf durant quelques mois. Une période durant laquelle elle a voulu tenter sa chance aux Etats-Unis. L’espoir de réussir une vie là-bas a pris l’eau et elle rentrée au pays. Peu de temps après, elle s’est mariée et a remisé au placard tous ses rêves. J’étais enthousiaste à l’idée de lire ce roman. Les relations mère-fille, des vies de femmes en Irlande : autant de thèmes que j’affectionne et qui sont au centre de ce roman. Si le début du livre m’est apparu limpide, la multiplication narrative m’a laissée sur le bas côté. Les sentiments réciproques de Dilly et Eleanora sont sans cesse masqués par le bouclier de la pudeur, les non-dits et l'incompréhension marquent leur relation.Entre les lettres écrites par Dilly à sa fille (postées ou non) les souvenirs de Dilly , le journal d’Eleanora, j’ai avancé à l’aveuglette et je me suis égarée (pour ne pas dire perdue!).
Il y a de très beaux passages mais ils sont noyés dans des longueurs qui ont eu raison du peu d’enthousiasme qu’il me restait. Dommage …
Il y a de très beaux passages mais ils sont noyés dans des longueurs qui ont eu raison du peu d’enthousiasme qu’il me restait. Dommage …
dimanche 19 juin 2011
Jeanne Benameur - Les reliques
Éditeur : Actes sud (Collection : Babel) - Date de parution : Mars 2011 - 102 pages magnifiques
Les billets d'Antigone, Noukette ( qui renvoie à d'autres liens), Margotte, Pascale
Ils sont trois : Hésior, le magicien, Zeppo, le clown, et Nabaltar, le soigneur de fauves. Trois hommes âgés que le monde du cirque a abandonnés. Ils vivent dans une cabane à la lisière du monde des hommes. Leur amour pour Mira la trapéziste les a soudés à jamais. Lien indéfectible que rien ou personne ne peut briser. Mira est décédée mais leur amour lui est bien vivant. Un amour sans limite. Le plus beau et le plus fou. Quand l’absence de Mira est trop forte, ils déterrent la malle. Temple protecteur de leur trésor : le dernier costume de scène de Mira.
En choisissant Jeanne Benameur, j’étais certaine de vivre un moment magique et précieux. Hors du temps, enveloppée dans une bulle, je me suis laissée porter par l’écriture. Une écriture d’une extrême concision qui insuffle de la poésie et une grâce délicate aux mots. Hésior, Zeppo et Nabaltar vivent désormais en marge du monde, un monde qui n’est par le leur. Ils veillent l’un sur l’autre unis par leur amour pour Mira. Pour lui rendre hommage, ils fabriquent avec un bout d’étoffe des reliques. Objets de culte qu’ils enterrent dans des endroits choisis. La piste aux étoiles bat dans leur cœur, coule dans leur sang. Quand Mira volait dans les airs, c’était leur amour que les petits et grands admiraient.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas briser l’intensité de ce texte hommage lyrique aux gens du cirque, à ceux qui nous font rêver et à l'amour. Il s’agit d’une lecture forte et magnifique ! Et, j’ai refermé ce livre remplie d’émotions…
Il faut le mystère de tout ce qui est enclos, intouchable pour que tous baissent la tête. Il n'y a qu'au cirque que la prière est nue, tête levée. Parce que ceux qui paient le billet ne savent pas ce qu'ils viennent y chercher. Le cirque, c'est le temple de ceux qui n'ont pas d'habit du dimanche. Le monde a toutes sortes d'arrangements.Les billets d'Antigone, Noukette ( qui renvoie à d'autres liens), Margotte, Pascale
vendredi 17 juin 2011
Armand Cabasson - La reine des mots
Éditeur : Flammarion ( Collection : Tribal)- Date de parution : Mars 2011 - 444 pages
Jenny est une adolescente sans histoire dans une famille sans problème. Jusqu’au jour où elle provoque intentionnellement une inondation au lycée. Ses parents sont convoqués et Jenny voit la psychologue scolaire. Pour l’aider à aller mieux, Jenny consulte un psychiatre. Elle apprend que ses parents vont divorcer et elle devra surmonter cette épreuve.
Jenny est une élève intelligente, douée et cultivée. Son père est professeur de maths à Polytechnique et une mère professeur de français. Jenny est une grande lectrice passionnée d’où son surnom. Elle s’est toujours bien entendue avec ses parents. La reine des mots est un surnom qui lui a été donné par sa mère avec qui elle partage la passion de la lecture. D’un tempérament vif, elle a le sens des réparties. Elle aime également avoir le dernier mot (ne l’oublions pas l’ado modèle n’existe pas…). Et quand elle parle de ses lectures, de son rapport aux livres, il s’agit d’un réel plaisir. Mais, par moments, j’ai eu l’impression d’avoir plus à faire à une collégienne de 13 ans qu’à une lycéenne surdouée âgée de 15 ans. Le psychiatre qu’elle consulte est bien loin de l’image terne, autoritaire et froide que l’on peut s’en faire. Avec lui, Jenny et ses parents vont apprendre à résoudre les problèmes. Le rôle du psychiatre montre combien ces médecins peuvent aider et j’ai beaucoup aimé les échanges avec Jenny.
Même si certaines longueurs m’ont dérangée, j’ai apprécié cette lecture !
Et puis, psychiatre, quel drôle de métier en vérité ! Quoique que j’aime bien l’expression « mon psychiatre », elle a un côté délicieusement provocateur. Si, attablé lors d’un mariage, vous prononcez les mots « mon prof de tennis », « mon coach », « mon kiné » ou « mon médecin de famille », on vous écoutera poliment. Mais dire : « Mon psychiatre m’a conseillé ceci, qu’en pensez-vous ? » et j’imagine déjà les airs effarés, les invités se levant pour changer de table sous tel ou tel prétexte. Il faudra que j’essaie, un de ces jours.
Beaucoup d’avis sur ce livre : Anne Sophie, Clair de jour, George, Hérisson08, Lasardine, L'or des chambres Pimprenelle, Sandrine, Titoulematou
Un grand merci à Mirontaine !!!
Si je vous ai oublié, faites-moi signe…
jeudi 16 juin 2011
David Thomas - Un silence de clairière
Éditeur : Albin Michel - Date de parution : Mars 2011 - 174 pages
Adrien, quadragénaire, se remet en question. Ecrivain peu ou pas reconnu, son couple bat de l’aile et son dernier livre est un flop. Il décide de partir à la recherche de son frère ainé Paul qui est son opposé. Si Adrien aime le confort de sa vie de bobo parisien, Paul est parti depuis vingt ans à la découverte du monde et de la nature.
Même si les thèmes abordés ne sont pas nouveaux, ce livre mérite qu’on s’y attarde. Car l’écriture de David Thomas donne une dimension singulière à ce qui aurait peu avoir un goût de déjà lu. Un style vif, incisif et qui interpelle le lecteur. Pour une lecture tranquille bien au chaud dans ses chaussons, il faudra repasser… La vie d’Adrien prend l’eau, une vie confortable, aisée mais où il n’a plus goût à rien. Entre les séances chez le psy où il s’endort (pour 80 Euros de l’heure), les remarques de sa femme, Adrien pense que retrouver son frère l’aidera. Son voyage le conduit en Suède, loin de tout, au cœur d’une forêt. Le récit est émaillé des souvenirs d’enfance et son admiration pour Paul.
David Thomas nous dépeint le portait d’un homme qui use d’une autodérision percutante ! Sans apitoiement, les réflexions sur son couple et sa vie sont souvent acides. En plus de sa quête pour aller mieux, il nous offre un regard très incisif sur notre société et nos modes de vie. Mon seul bémol : j’ai trouvé que certains points étaient un peu survolés …
Sa place n’est pas ici, mais parmi les siens, dans une société polluée, bruyante, motorisée, télévisée, informatisée, connectée et virtuelle. Une société paradoxale, capable de raffinement et de vulgarité, capable de venir à bout des virus les plus virulents et d’élaborer les armes les plus destructrices. Une société qui sonne de la valeur à ce qui n’en a pas, qui soutient les siens autant qu’elle les abandonne, qui offre des commodités confortables et allonge l’espérance de vie, qui propose les pensées les plus subtiles et les divertissements les plus stupides. Une société qui crée de la justice et de l’incivilité, des crimes et des protections, des goûts et des codes sociaux. Qui protège les riches par intérêt et les faibles par conscience, qui fausse le réel par l’image, qui suscite de la frustration et de la jalousie mais qui transforme l’atome et le vent en lumière.
mercredi 15 juin 2011
Martin Provost - Léger, humain, pardonnable
Éditeur : Points - Date de parution : Mai 2011 - 252 pages et un coup de cœur
Bruno vient comme chaque été passer ses vacances dans la maison familiale au Conquet. Sa mère dont il été toujours été très proche est gravement malade. Sa sœur Isabelle et ses neveux sont également présents. Bruno attend l’arrivée d’Emile, son compagnon, l’homme qui partage sa vie.
Bruno le cadet de la famille n’est âgé que de quelques mois quand son père,officer de marine, part pour la guerre d’Algérie. A son retour, il doit partager sa mère avec lui. Sa mère se montre gaie, fantasque, passant énormément de temps avec ses enfants. Elle est issue d’un milieu bourgeois parisien. Elle a du mal à s’accommoder à la vie à Brest et se refuse d’être comme les autres femmes de gradés militaires. Enfant, Bruno est déjà attiré par les garçons. Une enfance partagée entre les jeux à la plage, le quotidien à Brest avec les visites aux grands-parents à Recouvrance. Puis, la vie prend un autre tournant, les parents achètent une maison au Conquet. L'argent fait souvent défaut, la gaieté de sa mère s’est envolée, les relations entre les deux époux sont souvent tendues. Bruno ne s’amuse plus comme avant avec sa sœur et son frère. Ils s’ennuient au Conquet si loin de Brest. Vient le temps de l’adolescence et des premiers émois amoureux avec d’autres garçons. Bruno doit faire face aux regards des autres et aux drames qui surviennent. L’avortement forcé de sa sœur tombée enceinte accidentellement et les parents qui se taisent, qui veulent étouffer l'inavouable. Puis, la mort de son frère alors qu’il fêtait son bac. Une blessure sans nom, indélébile.
Ce livre est bien plus qu’un roman de famille. A travers le personnage de Bruno, Martin Provost se livre et défile la bobine de sa vie. L’enfance passée à Brest puis le déménagement au Conquet, son adolescence et la prise de conscience de son homosexualité, les souvenirs heureux et les blessures.
L’écriture de Martin Provost nous prend par la main en toute simplicité, une écriture émaillée d’humour où les détails renforcent ce récit tout en finesse. Un livre où la pudeur, la sensibilité et la sincérité sont omniprésentes.
Que dire de plus sinon que j'ai vibré tout au long de cette lecture ! L'amour pour sa mère, la relation distante avec son père, l'admiration pour son grand-père paternel, Brest et les plages environnantes.. autant d'éléments qui en font un coup de cœur !
Bruno vient comme chaque été passer ses vacances dans la maison familiale au Conquet. Sa mère dont il été toujours été très proche est gravement malade. Sa sœur Isabelle et ses neveux sont également présents. Bruno attend l’arrivée d’Emile, son compagnon, l’homme qui partage sa vie.
Bruno le cadet de la famille n’est âgé que de quelques mois quand son père,officer de marine, part pour la guerre d’Algérie. A son retour, il doit partager sa mère avec lui. Sa mère se montre gaie, fantasque, passant énormément de temps avec ses enfants. Elle est issue d’un milieu bourgeois parisien. Elle a du mal à s’accommoder à la vie à Brest et se refuse d’être comme les autres femmes de gradés militaires. Enfant, Bruno est déjà attiré par les garçons. Une enfance partagée entre les jeux à la plage, le quotidien à Brest avec les visites aux grands-parents à Recouvrance. Puis, la vie prend un autre tournant, les parents achètent une maison au Conquet. L'argent fait souvent défaut, la gaieté de sa mère s’est envolée, les relations entre les deux époux sont souvent tendues. Bruno ne s’amuse plus comme avant avec sa sœur et son frère. Ils s’ennuient au Conquet si loin de Brest. Vient le temps de l’adolescence et des premiers émois amoureux avec d’autres garçons. Bruno doit faire face aux regards des autres et aux drames qui surviennent. L’avortement forcé de sa sœur tombée enceinte accidentellement et les parents qui se taisent, qui veulent étouffer l'inavouable. Puis, la mort de son frère alors qu’il fêtait son bac. Une blessure sans nom, indélébile.
Ce livre est bien plus qu’un roman de famille. A travers le personnage de Bruno, Martin Provost se livre et défile la bobine de sa vie. L’enfance passée à Brest puis le déménagement au Conquet, son adolescence et la prise de conscience de son homosexualité, les souvenirs heureux et les blessures.
L’écriture de Martin Provost nous prend par la main en toute simplicité, une écriture émaillée d’humour où les détails renforcent ce récit tout en finesse. Un livre où la pudeur, la sensibilité et la sincérité sont omniprésentes.
Que dire de plus sinon que j'ai vibré tout au long de cette lecture ! L'amour pour sa mère, la relation distante avec son père, l'admiration pour son grand-père paternel, Brest et les plages environnantes.. autant d'éléments qui en font un coup de cœur !
lundi 13 juin 2011
Les bottes de sept lieues
Et si votre paire de chaussures préférées prenait la parole, quel voyage fait ou rêvé nous raconterait-elle? Ben oui, Gwen que dirait-elle ?
Mon texte n'est pas gai ni très long...
La terre vue d’en haut
Bottes de travail, nous n’étions pas destinées à parcourir de la moquette épaisse et douce. Nous devons être solides et notre sort est fixé dès notre sortie d’usine. Quand il nous a choisies, la première chose qui nous a frappées ce sont ses mains. Des mains rugueuses aux doigts épais qui sentaient la paille. Chaque matin, il nous chaussait et nous passions des heures avec lui martelant à grands pas la terre. Nous avons goûté au maïs, au blé. Le calendrier des saisons fixait nos journées. Ensilage, moisson, tous ces termes nous les connaissions par cœur. Cantonnées au pas de porte, nous n’avons jamais mis les pieds dans sa maison. De notre endroit de repos, nous l’entendions s’élever contre des nouvelles mesures, des quotas, des bureaucrates qui fixent des lois. Les journées sont devenues plus longues pour lui comme pour nous. Travail harassant, labeur sans reconnaissance ou presque. Nous dans la boue presque jusqu’aux genoux et lui endetté jusqu’au cou. Il a dû vendre une partie de ses bêtes. Depuis ce jour, l’étable est devenue presque silencieuse. Un silence pesant, oppressant. Une amarre à la faillite.
Hier soir, il s’est assis sur un talus. Nous barbotions dans les herbes quand des larmes sont venues s’écrouler devant nous.
Ce matin, dans le jour qui se lève, nous nous balançons au gré du vent au dessus de sa terre. Son corps penche au bout d’une corde.
Alain Emery - Gibiers de potence
Éditeur : Edition Astoure- Date de parution : Avril 2011 - 215 pages et 27 nouvelles noires
Une vieille légende prétend que ceux qui n’ont pas accompli de leur vivant le Tro Breizh (un pèlerinage destiné à relier entre elles Dol de Bretagne, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol de Léon, Quimper et Vannes, en hommage aux sept saints fondateurs) seront alors condamnés à l’achever dans l’au-delà en avançant de la longueur de leur cercueil une fois tous les sept ans. Vous l'aurez compris, ces nouvelles se déroulent en Bretagne et dans vingt-sept villes différentes. Je vous rassure : nul besoin d'être breton pour les lire !
Les personnages de ces nouvelles sont sans scrupule, vils, mesquins, appâtés par l’argent, étouffés par la haine ou assoiffés de vengeance. Des nouvelles noires, très noires aussi sombres que les recoins les plus sordides de l’âme humaine.
Sortez vos cartes de Bretagne et en route !
A Saint Cast le Guildo, une fête est prévue pour célébrer le premier centenaire de la commune. Le maire s’inquiète : trois des cinq potentiels presque centenaires sont tombés comme des mouches récemment. Dans Un instant d’éternité, on découvre comment un aspirant au titre d’auteur est prêt à tout pour connaître enfin la gloire. A Brest, l’amitié entre amis est forte et il n’est pas question de laisser tomber ses amis. Dans Fortunes de mer, la concurrence entre collègues de travail prend une tournure inattendue. Et quand l’amour s’en mêle, la chute peut être très surprenante comme dans Marylin et moi ou Bonne espérance.
Je me suis régalée de ces tranches de vie courtes au style vif, concis et à l’humour teinté au vitriol ! Une fois de plus, j’ai été frappée par la psychologie des personnages d’Alain Emery. Et pour ceux qui connaissent les villes mentionnées, les détails font qu’on s’y croirait…
A déguster sans modération, avec ou sans cynisme !
Le billet d'Yvon .dimanche 12 juin 2011
Denis Lachaud - Comme personne
Estelle, 30 ans, tombe amoureuse de William lors d’un dîner . Pour elle, il s’agit de l’homme de sa vie. Un mariage hâtif et Estelle aménage chez William le temps que le couple trouve un nouvel appartement. Après quatre années de vie commune et un enfant, Estelle le quitte.
Durant ma lecture, j’ai d’abord pensé à une erreur . Vérification du nom de l’auteur, il s’agit bien d’un homme. Et là, je dis chapeau bas à Denis Lachaud car ce livre donne l’impression d’avoir été écrit par une femme !
Estelle est une jeune femme qui aime sa liberté, son travail et qui assume ses envies et ses pulsions. Bref, une jeune femme « moderne » (contrairement à la couverture..). Sa rencontre avec William lui fait dire que ce sera l’homme de sa vie. William est beaucoup plus âgé, divorcé, il a un fils de 17ans avec qui les rapports se résument à un bonjour au revoir. Malgré des déceptions amoureuses, Estelle s’engage avec William. Petit à petit, elle prend conscience que William n’est pas le mari idéal. Il la pousse à renoncer à son travail, veut une épouse au foyer, remet sans cesses les visites d'un nouvel appratement. Sauf qu’Estelle étouffe et du jour au lendemain, prend sa fille et part. Vient ensuite la période de reconstruction et des doutes. Estelle cherche comment être épanouie dans une relation avec un homme tout en gardant son indépendance. Ce livre revisite le statut de la femme, la libère des carcans et des clichés. Les relations homme-femme au sein du couple sont au centre de ce livre. Et Messieurs, vos défauts sont sous le projecteur ! Estelle n’est pas une héroïne parfaite (qui l’est d’ailleurs ?) ce qui contribue à la rendre si proche de nous.
Les réflexions de Denis Lachaud sont très justes et son écriture est délicieuse ! Un livre troublant de réalisme !!!!
vendredi 10 juin 2011
Karine Reysset - Les yeux aux ciel
Éditeur : Editions de L'Olivier - Date de parution : Mars 2011 - 188 pages
Pour les soixante-dix ans de Noé, Marianne son épouse organise une fête. A cette occasion, les enfants et les petits-enfants viennent passer quelques jours en Bretagne.
Dans ce récit polyphonique se déroulant sur six jours, on se glisse à tour de rôle dans la peau de chacun. Une famille où Achille, le fils aîné issu du premier mariage de Noé se sent toujours à l’écart. Il a fait le voyage depuis les Etats-Unis avec ses triplés mais sans Beth ce qui convient à tout le monde. Lena se sent épuisée. Mère de deux jeunes enfants, elle oscille entre la mélancolie et la tristesse. Achille, considéré toujours comme un irresponsable est venu avec sa nouvelle copine du moment. Sa fille Scarlett, 13 ans, est élevée par Noé et Marianne depuis son plus jeune âge. Et enfin, il y a la cadette Stella qui se pose des questions sur sa place dans la famille. Sa naissance est survenue peu de temps après la mort tragique de Violette. La sœur qu’elle n’a jamais connue, celle dont personne n’ose parler.
Sans tout dévoiler, entre souvenirs d’enfance et retrouvailles, chacun apparaît avec ses doutes et ses bleus à l’âme. et ce sont des adultes qui cherchent du réconfort dans leur famille.
Il s'agit d’une lecture agréable mais je reste avec une impression de déjà lu.
Il s'agit d’une lecture agréable mais je reste avec une impression de déjà lu.
Les billets d’Antigone, Cathulu ( merci!!) et Gwen.
jeudi 9 juin 2011
Jean Molla- Sobibor
Éditeur : Gallimard jeune (Collection : Scripto) - Date de parution : 2003 - 191 pages poignantes
Emma, 17 ans est tombée dans la spirale de l’anorexie. Le régime pour perdre quelques rondeurs s’est transformé en une maîtrise totale de son cops : manger et se faire vomir. Un soir, elle entend sa grand-mère Mamouchka parler durant son sommeil d’une certaine Eva Hirschbaum, de Jacques et de Sobibor. Lorsqu’Emma questionne sa grand-mère, celle-ci se montre réticente. Mamouchka, malade, décède et Emma découvre le journal de bord de Jacques Desroches caché dans les vêtements de Mamouchka. Jacques Desroches était un français qui s’est engagé auprès des Allemands durant la seconde guerre mondiale et Sobibor est le nom d’un camp d’extermination en Pologne.
Voilà un livre jeunesse comme je les aime : intelligent et porteur de réflexions ! Comme le dit l’auteur dans sa postface, il s’agit d’un livre sur l’après. Sur la mémoire. Sur le mensonge. Sur cette lame de fond qui n’en finit pas d’avancer. Sur le silence.
L’anorexie d’Emma trouve son point de départ dans un régime puis s’ancre dans le temps. Ses parents ne voient pas ou ne veulent pas voir son état. Très proche de sa grand-mère Mamouchka, Emma est très affectée par son décès. Dans le cahier de bord de Jacques Desroches, il s’agit de l’idéologie Nazie, de Sobibor et desconvois de juifs qui viennent y trouver la mort. Autant de mots, de descriptions qui prennent à la gorge. Mais, Emma va découvrir un secret de famille bien tenu. Un secret impensable. Emma va comprendre d’où vient ce poids qu’elle porte et elle va se retrouver face à des questions dont les réponses peuvent bouleverser plus d’une vie.
Très bien construit, je n’ai pas une seule seconde imaginé ce secret. Le cercle vicieux de l’anorexie y est très bien expliqué et le personnage d’Emma m’a touchée.
J’ai lu ce livre en apnée totale. Les non-dits, la guerre et ses atrocités, l’horreur des camps, la responsabilités des actes passés sont autant de sujets traités dans ce livre fort et poignant ! Je ne peux que le conseiller ...
Je ne sais pas si je dois essayer de suivre la chronologie des faits ou m'abandonner aux souvenirs. Peut-être ferai-je un peu des deux, jusqu' à ce que quelque chose jaillisse. Peut-être vais je essayer de vomir en mots ce que j'ai des mois durant vomi en silence.Nourritures à peine digérées me lacérant la gorge, me laissant épuisée, douloureuse.Nourritures avalées comme une forcenée, pour me faire taire, ou pour remplir ce vide immense au-dedans de moi.
Les billets de Cynthia, Joëlle, Sylvie
Emma, 17 ans est tombée dans la spirale de l’anorexie. Le régime pour perdre quelques rondeurs s’est transformé en une maîtrise totale de son cops : manger et se faire vomir. Un soir, elle entend sa grand-mère Mamouchka parler durant son sommeil d’une certaine Eva Hirschbaum, de Jacques et de Sobibor. Lorsqu’Emma questionne sa grand-mère, celle-ci se montre réticente. Mamouchka, malade, décède et Emma découvre le journal de bord de Jacques Desroches caché dans les vêtements de Mamouchka. Jacques Desroches était un français qui s’est engagé auprès des Allemands durant la seconde guerre mondiale et Sobibor est le nom d’un camp d’extermination en Pologne.
Voilà un livre jeunesse comme je les aime : intelligent et porteur de réflexions ! Comme le dit l’auteur dans sa postface, il s’agit d’un livre sur l’après. Sur la mémoire. Sur le mensonge. Sur cette lame de fond qui n’en finit pas d’avancer. Sur le silence.
L’anorexie d’Emma trouve son point de départ dans un régime puis s’ancre dans le temps. Ses parents ne voient pas ou ne veulent pas voir son état. Très proche de sa grand-mère Mamouchka, Emma est très affectée par son décès. Dans le cahier de bord de Jacques Desroches, il s’agit de l’idéologie Nazie, de Sobibor et desconvois de juifs qui viennent y trouver la mort. Autant de mots, de descriptions qui prennent à la gorge. Mais, Emma va découvrir un secret de famille bien tenu. Un secret impensable. Emma va comprendre d’où vient ce poids qu’elle porte et elle va se retrouver face à des questions dont les réponses peuvent bouleverser plus d’une vie.
Très bien construit, je n’ai pas une seule seconde imaginé ce secret. Le cercle vicieux de l’anorexie y est très bien expliqué et le personnage d’Emma m’a touchée.
J’ai lu ce livre en apnée totale. Les non-dits, la guerre et ses atrocités, l’horreur des camps, la responsabilités des actes passés sont autant de sujets traités dans ce livre fort et poignant ! Je ne peux que le conseiller ...
Je ne sais pas si je dois essayer de suivre la chronologie des faits ou m'abandonner aux souvenirs. Peut-être ferai-je un peu des deux, jusqu' à ce que quelque chose jaillisse. Peut-être vais je essayer de vomir en mots ce que j'ai des mois durant vomi en silence.Nourritures à peine digérées me lacérant la gorge, me laissant épuisée, douloureuse.Nourritures avalées comme une forcenée, pour me faire taire, ou pour remplir ce vide immense au-dedans de moi.
Les billets de Cynthia, Joëlle, Sylvie
mercredi 8 juin 2011
Catherine Leblanc - Visages entre les lignes
Éditeur : KIROGRAPHAIRES - Date de parution : Mai 2011 - 152 pages et 13 nouvelles...
La quatrième de couverture indique que ces nouvelles ont été composées à partir de quelques mots trouvés dans la presse. Des existences modifiées et résumées dans un faits divers ou dans un entrefilet de quelques lignes.
De Bagdad sous les bombes à un pays de l’Est, de la France à un pays d’Afrique, Catherine Leblanc nous fait partager les rêves, les espoirs ou les désillusions de ses personnages. Un jeune adolescent est épris de liberté et se réfugie dans l’écriture, une femme se bat pour la sauvegarde des arbres au pied de son immeuble, un homme a une peur bleue du vendredi 13, un humanitaire se débat avec les moyens du bord dans sa léproserie, une jeune fille pousse son père alcoolique dans les escaliers et la chute lui est fatale. Voici quelques uns des personnages que l’on suit dans ces nouvelles. Des personnages différents, attachants ou qui nous poussent à nous interroger. Ce ne sont pas les chutes qui importent dans ce recueil mais le déroulement de la nouvelle et l’écriture. D’ailleurs, le titre sied à merveille ! Visages entres les lignes car l’écriture de Catherine Leblanc prend des tournures différentes, change de ton et colle au plus près des personnages. Elle se fait poétique, charrie les remords et l’amour sous toutes ses formes!
Je suis passée par l'arc en ciel des émotions : certains de ces textes m'ont laissé sonnée, d'autres m'ont émue. Une belle découverte !!!!
mardi 7 juin 2011
Nicole Krauss - La grande maison
Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Avril 2011 - 335 pages
Ce livre est un roman à tiroirs livrant quatre histoires. Le dénominateur commun est un immense bureau, un peu insolite, à dix-neuf tiroirs dont un est toujours fermé à clé.
Dans la première partie, on découvre chacune des quatre histoires. La première met en scène une écrivaine à New-York quittée par son mari. Dans l’appartement de Nadia , il ne reste pour ainsi dire que son bureau. Son mari a presque tout emporté sauf ce meuble. Vint-cinq ans plus tôt, un poète chilien Daniel Varsky lui avait demandé de le garder au lieu de l’entreposer dans un garde-meubles. Nadia s’est peu à peu isolée du monde, renfermée sur elle –même et son acte d’écriture. Le bureau l’a accompagné dans sa démarche d’auteur. Bien plus qu’une source d’inspiration, elle a développé avec cet objet une relation étrange. Les années ont passé sans aucune nouvelle de Daniel Varsky. Jusqu’au jour où se présente la fille de celui-ci réclamant le bureau. Puis, Nicole Krauss nous amène à Jérusalem. Aaron vient de perdre sa femme. Il s’agit d’un homme qui veut écrire à son fils Dov installé en Angleterre. La relation père-fils est froide, inexistante. Aaron n’a jamais su comment exprimer son amour ou se comporter avec son fils Dov. Deux inconnus reliés par les liens de la chair et du sang. A Londres, Lotte l’épouse d’Artur est décédée. Des années de non-dits, d’un secret gardé par Lotte qui finira par être dévoiler quand Lotte atteinte d’Alzheimer en parlera à une inconnue. Artur revient sur leur vie commune. Il se remémore le soir où un jeune homme avait demandé à parler à Lotte et comment elle avait donné le bureau auquel elle tenait tant. Et la quatrième histoire : Isabel a perdu son amour Yoav après avoir rencontré son père. Un antiquaire qui parcourt le monde à la recherche d’objets volés aux juifs durant la seconde guerre mondiale. Des années plus tard, la sœur de Yoav la recontacte.
J’ai terminé la première partie en me demandant ce qu’allait me réserver la suite car l’auteure crée un suspense, une intrigue autour de ses personnages et de ce bureau. Comme dans un puzzle, les éléments s’assemblent petit à petit mais sans que toutes les clés nous soient données. Les destins des personnages se croisent, s'entremêlent furtivement et les portes s’ouvrent quelquefois sur d’autres ouvertures.
Il s’agit d’un roman exigeant tant par sa construction que par l’écriture. Les thèmes de l’écriture et sa genèse, le souvenir, la mémoire, la seconde guerre mondiale, les souffrances du peuple juif sont quelques uns des thèmes forts abordés dans ce livre.
Il faut prendre son temps pour le lire, être attentif et écouter ces personnages meurtris, blessés dans leur âme qui se livrent avec pudeur, déchirement ou amour.
lundi 6 juin 2011
Marie-Sabine Roger - Le ciel est immense
Éditeur : Le Relié - Date de parution : 2002 - 154 pages
Il s’agit du premier roman de Marie-Sabine Roger. Et déjà, elle signe de son écriture fulgurante. Le mot juste, un style incisif où la sensibilité, la tendresse ont leur place. Avec précision, elle épingle la vie de cette femme de 59 ans et 8 mois. Si elle est venue à cet hôtel près d’une plage où elle venait étant enfant, c’est pour en finir. Entendez par là mourir, mettre fin à ses jours. Une vie comme tant d’autres, avec sa part de malheurs mais dans la normalité, nous dit-elle avec ironie. Un mariage, un enfant, un divorce avec fracas, des amours et le grand amour, l'inattendu qui a été le point de non retour. Un gamin sur la plage lui a posé des questions. Avec innocence, curiosité et l’angoisse de ne pas savoir comment est la vie une fois qu'on est adulte. Elle n'avait pas prévu de remuer ses souvenirs. Ni ce gamin qui sans le savoir va l'obliger à considérer d'une autre façon sa vie.
La tristesse, les regrets sont bousculés par des phrases comme seule Marie-Sabine Roger sait les façonner! Ironie, dérision, regard lucide et sans concession. Point de mélo mais la gouaille que l'on retrouve dans ses prochains livres. J'ai souri, j'ai été émue..
J’ai entendu les phrases assassines, les diktats pontifiants : « les femmes prennent sept kilos en moyenne à la ménopause.. ». Les découragements des copines, minaudant pour un chocolat : » On doit faire attention, à nos âges… ».Quelques années auparavant, le mot de quarantaine sonnait déjà comme une mise à l’écart suspicieuse, pour se garder d’une possible contagion. La cinquantaine la suivrait dans un bruit terrifiant de crécelle, ce hochet bruyant des lépreux. La soixantaine. Elle frapperait le glas des illusions. Autant s’y faire, la vieillesse ne s’arrangeait pas avec l’âge. Vieillir, c’était mourir à tout enchantement. Je me suis réfugiée dans tous les magazines qui m’assuraient pour quinze balles que cinquante ans c’est merveilleux. Que soixante ans sera meilleur encore. Et qu’à soixante-dix ans ce sera la fête pour de vrai. Ils n’osaient pas titrer : « Vivement qu’on soit mort ».
Alors, le ciel est immense et moi j’ai un livre hérisson :
Il s’agit du premier roman de Marie-Sabine Roger. Et déjà, elle signe de son écriture fulgurante. Le mot juste, un style incisif où la sensibilité, la tendresse ont leur place. Avec précision, elle épingle la vie de cette femme de 59 ans et 8 mois. Si elle est venue à cet hôtel près d’une plage où elle venait étant enfant, c’est pour en finir. Entendez par là mourir, mettre fin à ses jours. Une vie comme tant d’autres, avec sa part de malheurs mais dans la normalité, nous dit-elle avec ironie. Un mariage, un enfant, un divorce avec fracas, des amours et le grand amour, l'inattendu qui a été le point de non retour. Un gamin sur la plage lui a posé des questions. Avec innocence, curiosité et l’angoisse de ne pas savoir comment est la vie une fois qu'on est adulte. Elle n'avait pas prévu de remuer ses souvenirs. Ni ce gamin qui sans le savoir va l'obliger à considérer d'une autre façon sa vie.
La tristesse, les regrets sont bousculés par des phrases comme seule Marie-Sabine Roger sait les façonner! Ironie, dérision, regard lucide et sans concession. Point de mélo mais la gouaille que l'on retrouve dans ses prochains livres. J'ai souri, j'ai été émue..
J’ai entendu les phrases assassines, les diktats pontifiants : « les femmes prennent sept kilos en moyenne à la ménopause.. ». Les découragements des copines, minaudant pour un chocolat : » On doit faire attention, à nos âges… ».Quelques années auparavant, le mot de quarantaine sonnait déjà comme une mise à l’écart suspicieuse, pour se garder d’une possible contagion. La cinquantaine la suivrait dans un bruit terrifiant de crécelle, ce hochet bruyant des lépreux. La soixantaine. Elle frapperait le glas des illusions. Autant s’y faire, la vieillesse ne s’arrangeait pas avec l’âge. Vieillir, c’était mourir à tout enchantement. Je me suis réfugiée dans tous les magazines qui m’assuraient pour quinze balles que cinquante ans c’est merveilleux. Que soixante ans sera meilleur encore. Et qu’à soixante-dix ans ce sera la fête pour de vrai. Ils n’osaient pas titrer : « Vivement qu’on soit mort ».
Alors, le ciel est immense et moi j’ai un livre hérisson :
dimanche 5 juin 2011
Derrière la palissade
Tous les jours, vous passez devant cette palissade de planches brutes, recouverte de graffitis et d’affiches déchirées. D’habitude, vous ne faites que la longer mais aujourd’hui – qui sait pourquoi? – votre curiosité est titillée par un détail et vous avez envie de savoir ce qui se passe derrière. De toute façon, vous avez raté votre bus et personne ne vous attend à la maison. Alors vous cherchez un trou, une fente et vous regardez…
J'ai détourné un tout petit peu la consigne de Gwen ...Ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps !
Et voici mon texte :
Comme tous les soirs, j'ai pris mon bus pour rentrer du travail. Nous sommes nombreux à venir gonfler cette zone de la ville où les bureaux sont sortis de terre. Puis le soir chacun rentre chez soi. La bus dépose tout ce petit monde à la périphérie là où des lotissements tous semblables sont notre demeure.
Le bus s’est arrêté brutalement. "Une panne !" a crié le chauffeur à notre attention. Certains ont râlé plus forts que d'autres arguant la fatigue de la journée. Rien qu'à voir les mines crispées, les yeux noirs, ils laissaient présager que ce sont des insatisfaits permanents. Le genre même de ceux qui soupirent parce qu'il faut faire la queue, ceux qui trouvent toujours une remarque désagréable. "Vous attendez 20 minutes et un autre bus va arriver du dépôt".
Les portes étaient ouvertes, je suis descendue et j'ai eu envie de finir la route à pied. J'ai sorti mon portable et laissé un message sur le répondeur de Marc " le bus a eu un souci, j’arriverai plus tard à la maison".
Il me connait, il sait que j'ai besoin de me retrouver seule par moment. De posséder des instants sans contrainte. Le chauffeur m'a dit " ne vous trompez pas de direction Madame et faites attention à vous". Je lui ai souri poliment.
La rue était déserte. Normalement, je devais continuer tout droit. Une entrée de rue s’offrait à droite et je m'y suis engouffrée. Comme ça. Une rue était bordée d'immeubles vieillots d'où s'échappait le bruit de la télé ou celui des ustensiles de cuisine. A mesure que j'avançais, les habitations se sont raréfiées. Le talus était jonché d'herbes hautes, de détritus semés par le vent. Puis, les genêts se sont mis à cohabiter avec une palissade placardée d'affiches en lambeaux et de tags. Deux enfants couraient à toutes enjambées en riant aux éclats. Leurs rires s'étaient prolongés derrière ce mur de planches. Une planche fendillée laissait une brèche juste assez grande pour que je puisse y jeter un œil. Est ce que j'avais le droit ? Je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir, les deux enfants sont réapparus et m'ont fait signe de le suivre. Nous sommes arrivés devant une porte délabrée. Il fallait se pencher pour entrer derrière la palissade. Cinq ou six caravanes, deux voitures, du linge séchant au vent, de vieilles chaises de jardin piquées s'étalaient devant moi. Des femmes, des hommes, des enfants, tous étaient réunis auprès d'une petite table. Un peu plus loin, j'ai vu des abris de fortune faits de toile ondulé et de sacs plastiques. Loin de la ville policée, organisée, vivaient ici d'autres personnes. Une femme âgée vêtue d'une longue jupe s'est approchée de moi. Elle me parlait mais je ne comprenais pas sa langue. Les autres me dévisageaient avec méfiance. Pourquoi les enfants m’avaient-ils fait venir ? Son visage s'est éclairci et elle a crié. On m'a tendue une chaise et offert un verre d'eau. Je suis resté là plusieurs heures. Les contemplant, étonnée. Leurs sourires occultaient la misère. J'ai enlevé mes chaussures, libéré mes cheveux attachés, marché avec les enfants. Mon portable a sonné, je n'ai pas répondu. Je me sentais bien parmi eux. Quand la nuit est tombée, un homme m’a désigné une voiture. J'ai compris qu'il voulait me ramener. J'ai eu honte. Honte d'avoir partagé avec eux ces moments de bonheur. Ils m'ont tous salué, les deux enfants m'ont embrassée.
Il m'a déposé juste à l'entrée du lotissement. La vue du lampadaire m'a frappée. Mon estomac s'est contracté. Eux n'avaient ni électricité ni eau. Il fallait que j'en parle à Marc, qu'on se rende à la mairie. Demain.
J'aurais tout vu aujourd’hui ! Quelle sale journée ! Ma voiture au garage pour réparation et moi, Xavier Gourmin, il a fallu que je prenne le bus ! Et voilà que le bus tombe en panne. Le chauffeur avec sa mine d'enfant de chœur nous a dit d'attendre 20 minutes. Sauf que moi, je n'ai pas que ça à faire, j'ai un rapport à terminer pour demain. Une demi-heure est passée et toujours pas de bus. Bien entendu, je me suis plains au chauffeur " je téléphonerai à la compagnie du bus , c'est intolérable". Il m'a répondu avec son air blasé que si ça me faisait plaisir, je pouvais. Il n'y avait qu'une solution rentrer à pied à cause de cette grève des taxis. Une jeune femme était déjà partie, en me dépêchant, j'arriverai à la rejoindre. Dans ce genre de situation, il vaut mieux être à deux. Le sens de l'orientation n'a jamais été mon point fort et je me suis perdu. J'ai préféré marcher au milieu de la route. La vue de ces maisons répugnantes me donnait la nausée. Je suis arrivé près d'une palissade. J'entendais des conversations. En langue étrangère, forcement. Encore des gens du voyage qui s'approprient les terrains de la ville sans permission Une planche flanchait et j'ai regardé. Quel spectacle ! Des caravanes, une voiture sans pneus et tous ces enfants ! J'ai cru apercevoir la jeune femme du bus. Oui, c'était bien elle assise parmi eux. Elle ne sait pas donc pas que ce tous gens sont des vauriens, des voleurs. J'ai serré fort ma pochette contre moi. Ils peuvent rire tant qu'ils veulent. C'est moi qui rédige les dossiers d'expulsion. Et dès demain, le leur sera sur le bureau du maire.
Une journée de plus. Je les compte, j'en suis à dix. Je suis fière de moi. J'ai la gorge sèche et mes mains tremblent un peu. Il est temps que j’arrive chez moi. Pas de chance, le bus est tombé en panne. Ne pas paniquer, respirer, expirer lentement. Je me suis dit que marcher serait une bonne chose. Ca m’occuperait l’esprit. J’ai attendu qu’un monsieur se plaigne au chauffeur et je suis partie. L’air chargé de tiédeur me donnait envie de boire. De calmer l'aridité de ma gorge. J'ai cherché ma bouteille d’eau dans mon sac. En deux gorgées je l’avais terminée et j’avais toujours aussi soif. Le médecin m’a dit que c’est normal et dans ce cas, les bonbons à la menthe étaient une solution. Heureusement, j’en ai toujours avec moi. Plus je marchais et plus j’avais envie d’une bière fraîche. Je jouais avec le bonbon, je le faisais ricocher contre mes dents. Furieusement pour faire fuir mes pensées. La rue était bordée d’une palissade. Des voix s’élevaient dans l’air. J’ai continué à la longer jusqu’a trouver une porte. Je l’ai poussée en essayant de faire le moins de bruit possible. Juste à côté d’une caravane, il y avait un seau rempli d’eau où baignaient des canettes. Mes canettes, je le ai reconnues. J’ai avalé difficilement ma salive. Et si je leur demandais de leur en acheter une. Une seule. Mon portable a sonné. Julien, mon grand me demandait où j’étais, j’ai répondu que je n’allais pas tarder. J’avais tellement envie de boire. Sentir le goût de l’alcool dans ma bouche. Mais cette fois, je me suis promise d’y arriver. Je me suis éloignée en pleurant. Demain sera un autre jour.
J'ai détourné un tout petit peu la consigne de Gwen ...Ce qui n'était pas arrivé depuis longtemps !
Et voici mon texte :
Comme tous les soirs, j'ai pris mon bus pour rentrer du travail. Nous sommes nombreux à venir gonfler cette zone de la ville où les bureaux sont sortis de terre. Puis le soir chacun rentre chez soi. La bus dépose tout ce petit monde à la périphérie là où des lotissements tous semblables sont notre demeure.
Le bus s’est arrêté brutalement. "Une panne !" a crié le chauffeur à notre attention. Certains ont râlé plus forts que d'autres arguant la fatigue de la journée. Rien qu'à voir les mines crispées, les yeux noirs, ils laissaient présager que ce sont des insatisfaits permanents. Le genre même de ceux qui soupirent parce qu'il faut faire la queue, ceux qui trouvent toujours une remarque désagréable. "Vous attendez 20 minutes et un autre bus va arriver du dépôt".
Les portes étaient ouvertes, je suis descendue et j'ai eu envie de finir la route à pied. J'ai sorti mon portable et laissé un message sur le répondeur de Marc " le bus a eu un souci, j’arriverai plus tard à la maison".
Il me connait, il sait que j'ai besoin de me retrouver seule par moment. De posséder des instants sans contrainte. Le chauffeur m'a dit " ne vous trompez pas de direction Madame et faites attention à vous". Je lui ai souri poliment.
La rue était déserte. Normalement, je devais continuer tout droit. Une entrée de rue s’offrait à droite et je m'y suis engouffrée. Comme ça. Une rue était bordée d'immeubles vieillots d'où s'échappait le bruit de la télé ou celui des ustensiles de cuisine. A mesure que j'avançais, les habitations se sont raréfiées. Le talus était jonché d'herbes hautes, de détritus semés par le vent. Puis, les genêts se sont mis à cohabiter avec une palissade placardée d'affiches en lambeaux et de tags. Deux enfants couraient à toutes enjambées en riant aux éclats. Leurs rires s'étaient prolongés derrière ce mur de planches. Une planche fendillée laissait une brèche juste assez grande pour que je puisse y jeter un œil. Est ce que j'avais le droit ? Je n'ai pas eu le temps d'y réfléchir, les deux enfants sont réapparus et m'ont fait signe de le suivre. Nous sommes arrivés devant une porte délabrée. Il fallait se pencher pour entrer derrière la palissade. Cinq ou six caravanes, deux voitures, du linge séchant au vent, de vieilles chaises de jardin piquées s'étalaient devant moi. Des femmes, des hommes, des enfants, tous étaient réunis auprès d'une petite table. Un peu plus loin, j'ai vu des abris de fortune faits de toile ondulé et de sacs plastiques. Loin de la ville policée, organisée, vivaient ici d'autres personnes. Une femme âgée vêtue d'une longue jupe s'est approchée de moi. Elle me parlait mais je ne comprenais pas sa langue. Les autres me dévisageaient avec méfiance. Pourquoi les enfants m’avaient-ils fait venir ? Son visage s'est éclairci et elle a crié. On m'a tendue une chaise et offert un verre d'eau. Je suis resté là plusieurs heures. Les contemplant, étonnée. Leurs sourires occultaient la misère. J'ai enlevé mes chaussures, libéré mes cheveux attachés, marché avec les enfants. Mon portable a sonné, je n'ai pas répondu. Je me sentais bien parmi eux. Quand la nuit est tombée, un homme m’a désigné une voiture. J'ai compris qu'il voulait me ramener. J'ai eu honte. Honte d'avoir partagé avec eux ces moments de bonheur. Ils m'ont tous salué, les deux enfants m'ont embrassée.
Il m'a déposé juste à l'entrée du lotissement. La vue du lampadaire m'a frappée. Mon estomac s'est contracté. Eux n'avaient ni électricité ni eau. Il fallait que j'en parle à Marc, qu'on se rende à la mairie. Demain.
J'aurais tout vu aujourd’hui ! Quelle sale journée ! Ma voiture au garage pour réparation et moi, Xavier Gourmin, il a fallu que je prenne le bus ! Et voilà que le bus tombe en panne. Le chauffeur avec sa mine d'enfant de chœur nous a dit d'attendre 20 minutes. Sauf que moi, je n'ai pas que ça à faire, j'ai un rapport à terminer pour demain. Une demi-heure est passée et toujours pas de bus. Bien entendu, je me suis plains au chauffeur " je téléphonerai à la compagnie du bus , c'est intolérable". Il m'a répondu avec son air blasé que si ça me faisait plaisir, je pouvais. Il n'y avait qu'une solution rentrer à pied à cause de cette grève des taxis. Une jeune femme était déjà partie, en me dépêchant, j'arriverai à la rejoindre. Dans ce genre de situation, il vaut mieux être à deux. Le sens de l'orientation n'a jamais été mon point fort et je me suis perdu. J'ai préféré marcher au milieu de la route. La vue de ces maisons répugnantes me donnait la nausée. Je suis arrivé près d'une palissade. J'entendais des conversations. En langue étrangère, forcement. Encore des gens du voyage qui s'approprient les terrains de la ville sans permission Une planche flanchait et j'ai regardé. Quel spectacle ! Des caravanes, une voiture sans pneus et tous ces enfants ! J'ai cru apercevoir la jeune femme du bus. Oui, c'était bien elle assise parmi eux. Elle ne sait pas donc pas que ce tous gens sont des vauriens, des voleurs. J'ai serré fort ma pochette contre moi. Ils peuvent rire tant qu'ils veulent. C'est moi qui rédige les dossiers d'expulsion. Et dès demain, le leur sera sur le bureau du maire.
Une journée de plus. Je les compte, j'en suis à dix. Je suis fière de moi. J'ai la gorge sèche et mes mains tremblent un peu. Il est temps que j’arrive chez moi. Pas de chance, le bus est tombé en panne. Ne pas paniquer, respirer, expirer lentement. Je me suis dit que marcher serait une bonne chose. Ca m’occuperait l’esprit. J’ai attendu qu’un monsieur se plaigne au chauffeur et je suis partie. L’air chargé de tiédeur me donnait envie de boire. De calmer l'aridité de ma gorge. J'ai cherché ma bouteille d’eau dans mon sac. En deux gorgées je l’avais terminée et j’avais toujours aussi soif. Le médecin m’a dit que c’est normal et dans ce cas, les bonbons à la menthe étaient une solution. Heureusement, j’en ai toujours avec moi. Plus je marchais et plus j’avais envie d’une bière fraîche. Je jouais avec le bonbon, je le faisais ricocher contre mes dents. Furieusement pour faire fuir mes pensées. La rue était bordée d’une palissade. Des voix s’élevaient dans l’air. J’ai continué à la longer jusqu’a trouver une porte. Je l’ai poussée en essayant de faire le moins de bruit possible. Juste à côté d’une caravane, il y avait un seau rempli d’eau où baignaient des canettes. Mes canettes, je le ai reconnues. J’ai avalé difficilement ma salive. Et si je leur demandais de leur en acheter une. Une seule. Mon portable a sonné. Julien, mon grand me demandait où j’étais, j’ai répondu que je n’allais pas tarder. J’avais tellement envie de boire. Sentir le goût de l’alcool dans ma bouche. Mais cette fois, je me suis promise d’y arriver. Je me suis éloignée en pleurant. Demain sera un autre jour.
Inscription à :
Articles (Atom)