mardi 31 juillet 2012
Michel Canesi et Jamil Rahmani - Alger sans Mozart
Éditeur : Naïve - Date de parution : Avril 2012 - 455 pages et une belle découverte!
1954, alors que l’Algérie connaît ses dernières heures de quiétude avant la guerre d’indépendance, Louise Baraka est une jeune fille française insouciante. Elle tombe amoureuse de Kader, un étudiant brillant sans le sou. Sa famille refuse cette union mais Louise éprise de l’Algérie et de Kader ne lâchera pas prise. Soixante plus tard, Louise vite terrée et seule dans son appartement délabré. Elle fait la connaissance de Sofiane, un jeune adolescent qui rêve de quitter le pays.
A travers ce roman choral qui se déroule de 1954 à nos jours, on découvre l’Algérie à travers plusieurs personnages. Principalement Louise. Elle l’amoureuse de l’Algérie qui n’a jamais pu la quitter. Sans renier ses origines française, elle a toujours considérer l’Algérie comme son pays. La belle jeune fille a toujours soutenu son mari Kader devenu médecin même contre sa propre famille. Délaissée puis abandonnée par ce dernier, Louise ressasse ses souvenirs. Désormais, elle vit terrorisée dans une ville qu’elle ne reconnaît plus. Son neveu Marc producteur de cinéma vivant à Paris lui donne rarement des nouvelles. Suite au décès de sa mère, Sofiane un jeune adolescent algérien se rapproche de Louise. Quand il apprend que son neveu est producteur de cinéma, il voit une chance de rejoindre Paris et surtout d’accéder à une vie meilleure. Louise l’amène à réfléchir sur la place de la religion, sur les erreurs commises par les deux pays et les liens qui les unissent. Leurs différences, le vécu de Louise, l’intérêt calculé de Marc, tous ces points vont permettre à Sofiane de grandir, de se forger ses propres opinions.
Si j’ai été extrêmement touchée par Louise et par son histoire, par Sofiane et par ses rêves, j’avoue que le personnage de Marc m’a laissée assez froide. Le personnage de Louise est la clé de voûte de ce roman, elle qui n’a pas peur de parler sans ambages d’extrémisme religieux.
Les auteurs mettent le doigt là où ça fait mal mais avec intelligence. Les références historiques sont inclues avec le contexte et sans jamais essayer de sans donner de leçons . Surtout, ils donnent au lecteur toutes les pistes nécessaires pour qu’il puisse tirer lui-même ses propres conclusions et penser à ce que l'on appelle l’avenir.
Ce livre est bel hommage aux pieds-noirs et ceux qui chérissent la liberté et la tolérance ! A découvrir et à faire découvrir autour de soi ! Un livre que j'ai refermé le cœur pincé ...
Merci à Babelio pour ce livre, à l'éditeur de m'avoir expédié un second exemplaire ( le premier s'étant perdu dans les méandres postaux) et à Alex de m'avoir prêté son exemplaire !
dimanche 29 juillet 2012
Steve Tesich - Karoo
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture - Date de parution : Février 2012 - 607 pages magistrales!
Rien ne me prédestinait à lire Karoo. Quand je vois un large
bandeau où de nombreux éloges s‘étalent, j’ai tendance à fuir, mais voilà, il
y a Julien. Julien, un de mes libraires
chouchous qui au vu de ma mine dubitative, m’a demandé : « vous
ne l’avez pas encore lu ? ». Et comme il existe une équation littérature qui dit que quand Julien aime, j’aime, je ne pouvais pas faire autrement que de partir avec. A l’arrière du bandeau, il est
écrit Libraires, lecteurs, si vous n’aimez pas ce bandeau, vous pouvez le
retirer, le livre sera toujours aussi
bon, et je confirme !
Alors comment vous parler de roman hors norme, de cet OVNI
littéraire qui m’a scotchée pendant plus de 600 pages ? Cela fait
plusieurs semaines que je l’ai lu, incapable d’écrire quoi que ce soit tant j’ai été époustouflée par ce tourbillon où se mélangent
l’haleine de Saul Karoo empâtée d’alcool, de cigarettes et le paraître, l'argent. Car nous sommes à
Hollywood, lieu de cinéma où la vie se joue comme dans un film où tous les
coups sont permis. Se définissant
lui-même comme un écrivaillon, Karoo réécrit des scénarios. Bons ou
mauvais, sans aucun état d’âme ou si peu, il
y laisse son empreinte. Cinquantenaire, séparé de sa
femme, il se défile sur tous les plans. Mauvais mari, père lamentable, sa
relation avec son fils Billy étudiant est inexistante. Pire, il se cherche des
prétexte ou en invente pour éviter ne serait-ce qu’une conversation avec
lui. Karoo est devenu très habile pour
retourner sa veste dans le milieu du cinéma comme dans sa vie personnelle. A force de boire,
l’alcool ne lui fait plus aucun effet et quand le public attend de lui son
"show", il fait semblant d’être ivre. Lorsque le producteur Jay Cromwell lui
propose de retravailler pour lui, Karoo
accepte allant à l’encontre une fois de plus de ses soi-disant principes. En visionnant le film non monté d’un
réalisateur dont Crowell
s’est débrouillé pour avoir les droits, Karoo reconnaît une serveuse à sa voix.
Pas n’importe quelle serveuse car il s'agit de la mère naturelle de Billy que lui et Dianah ont
adopté à sa naissance. Karoo se met en tête de la rencontrer mais surtout de
réunir la mère et le fils en y voyant l’acte grandiose de sa vie. Sa
collaboration à ce film va le mener au sommet de sa carrière mais l’entraîner
dans une chute vertigineuse.
Dans cette grande comédie humaine, Karoo danse dangereusement au bord du gouffre pour y retirer une satisfaction purement égoïste. Se croyant à l’abri de tout et surtout du pire, narguant l’existence, il va sombrer lamentablement.
Dans cette grande comédie humaine, Karoo danse dangereusement au bord du gouffre pour y retirer une satisfaction purement égoïste. Se croyant à l’abri de tout et surtout du pire, narguant l’existence, il va sombrer lamentablement.
Roman jubilatoire, cynique, tragique
et émouvant, j’ai éprouvé tour à tour de l’antipathie et de l’attachement envers Karoo. Personnage pathétique, terriblement humain qui
a voulu voler de façon illusoire à voler trop près du soleil, les pieds fermement
attachés dans une forme de bassesse dorée.
On se prend une claque en pleine figure ! La dérision, l’absurdité et le prix de la rédemption à payer sont féroces. Un livre puissant et à part où Steve Tesich captive son lecteur ! Du grand art !
On se prend une claque en pleine figure ! La dérision, l’absurdité et le prix de la rédemption à payer sont féroces. Un livre puissant et à part où Steve Tesich captive son lecteur ! Du grand art !
Ce goût dans ma bouche. Comme si ma salive avait le goût de la salive d'un autre. Des humeurs, me dis-je, c'est tout ce que j'avais. Des humeurs décroissantes. Des humeurs croissantes. Je ne pouvais m'accrocher à rien. Je n'étais plus, me rendis-je compte, un être humain et cela faisait probablement longtemps que je ne n'en étais plus un. J'étais devenu, au lieu de ça, un nouvel isotope de l'humanité qui n'avait pas encore été isolé ou identifié. J'étais un électron libre, dont la masse, la charge et la direction pouvaient être modifiées à tout moment par des champs aléatoires sur lesquels je n'avais aucun contrôle. J'étais l'une des balles perdues de notre époque.
dimanche 22 juillet 2012
Juste pour vous informer ...
Miossec sera le samedi 11 août à la fête du bruit à Landerneau ( Finistère...là où tout commence). Tiens, je me demande ce que vais faire ce jour-là?
mercredi 18 juillet 2012
Mary McGarry Morris - A la lueur d'une étoile distante
Éditeur : Belfond - Date Parution : Mai 2012 - 431 pages vite hypnotiques!
Si le meurtre de Dollie soulève bien des questions, il met à jour également certains aspects peu reluisants. L’argent semble prendre le dessus sur la vérité et sur des valeurs inculqués. Après un début un peu lent, j’ai été tenue en haleine par ce roman ! Si Nellie a obtenu très vite ma confiance quasi aveugle, j’ai été très loin de me douter de ce qui allait se passer suite au procès. Avec beaucoup de subtilité, Mary MacGorry Morris nous dépeint l’innocence de l’enfance, le monde cruel des adultes. Mais quand tout ou presque s’inverse, ça fait mal. Petit bémol : j’ai trouvé que les problèmes de la famille Peck se résolvaient un peu trop rapidement à la fin du roman alors qu’à mon gout, ils méritaient plus d’explications et d’analyse.
Mais peut-être était-ce ainsi, pensa-t-elle. Peut-être en allait-il de même pour tout le monde en grandissant. Petit à petit la vérité perdait de sa force, jusqu'à ce que, comme les particules en suspension dans l'air, elle devient invisible. Et si c'était ça aussi devenir adulte. Rationaliser une expérience, la transformer jusqu'à oublier la plupart des choses importantes, celles que personne n'avait besoin d'expliquer à certains enfants, parce que, ils savaient, voilà tout. Et ils n'oubliaient pas.
Le billet d'Helène
A Springvale, petite ville
tranquille des Etats-Unis, Nellie Peck est une gamine de treize ans de nature solitaire, intelligente et flanquée en permanence ou presque de son petit frère Henry. Pour tenter de joindre les deux bouts, ses
parents louent un studio attenant à la maison familiale. La nouvelle locataire
Dollie est une danseuse de cabaret. Très vite, elle occupe la curiosité de Nellie
car beaucoup d’homme se succèdent chez
elle.
La mère de Nellie coiffeuse fait bouillir la marmite tandis
que la quincaillerie tenue par son père est au bord de la faillite. Passionné
par l’histoire de sa ville et de ses habitants sur plusieurs générations il occupe tout son temps à écrire un livre. La situation entre ses deux parents est
tendue. Prête à l’implosion. De plus, sa sœur aînée Ruth veut retrouver son père naturel mais pour Nellie,
il est hors de question que sa famille vole en éclats. Quand Dolly aménage, sa
mère pense ainsi régler temporairement
leurs problèmes d’argent. D’une sensualité lascive, la jeune femme attire les hommes et croit toujours à l’histoire du prince charmant. Dans la famille Peck aux principes assez stricts, l’arrivée de Dolly crée des
remous mais les locataires ne courent pas les rues. Jusqu’au jour où Dolly est retrouvée morte dans son studio par
Nellie et Max. Ce dernier est arrêté
mais Nelly est intimement convaincue de son innocence. Elle n’a pas pu se
tromper sur le compte de cet homme. Pas elle. Bien décidée à dire la vérité ou
du moins ce qu’elle semble être l’être au procès de Max. Aux yeux
de ses parents et d’une cour de
tribunal, Nellie s’emmêle sur des petits faits qu’elle a dissimulé pour protéger sa famille. Le doute est semé mais
elle veut quand même qu’on l’écoute. Sans
se douter ou imaginer les conséquences.
Si le meurtre de Dollie soulève bien des questions, il met à jour également certains aspects peu reluisants. L’argent semble prendre le dessus sur la vérité et sur des valeurs inculqués. Après un début un peu lent, j’ai été tenue en haleine par ce roman ! Si Nellie a obtenu très vite ma confiance quasi aveugle, j’ai été très loin de me douter de ce qui allait se passer suite au procès. Avec beaucoup de subtilité, Mary MacGorry Morris nous dépeint l’innocence de l’enfance, le monde cruel des adultes. Mais quand tout ou presque s’inverse, ça fait mal. Petit bémol : j’ai trouvé que les problèmes de la famille Peck se résolvaient un peu trop rapidement à la fin du roman alors qu’à mon gout, ils méritaient plus d’explications et d’analyse.
Mais peut-être était-ce ainsi, pensa-t-elle. Peut-être en allait-il de même pour tout le monde en grandissant. Petit à petit la vérité perdait de sa force, jusqu'à ce que, comme les particules en suspension dans l'air, elle devient invisible. Et si c'était ça aussi devenir adulte. Rationaliser une expérience, la transformer jusqu'à oublier la plupart des choses importantes, celles que personne n'avait besoin d'expliquer à certains enfants, parce que, ils savaient, voilà tout. Et ils n'oubliaient pas.
Le billet d'Helène
mardi 17 juillet 2012
Didier Daeninckx - L'espoir en contrebande
Éditeur : Le Cherche-Midi- Date de parution : Mars 2012 - 262 pages et 26 nouvelles qui m'ont laissée un avis mitigé.
L'écriture m'a tout d'abord frappée dans ce recueil! Didier Daeninckx possède une aisance déconcertante à décrire ses personnages, à les placer dans un n'importe quel contexte. Il embarque le lecteur avec lui à Ostende, au Québec, au Danemark ou encore à Nantes, aux Antilles ... et j'en passe. Dépaysement assuré. Et quand d'autres auteurs se confortent dans le politiquement correct, l'auteur lui n'hésite pas à pointer du doigt des dérives politiques et tout personnage cité ne sera pas le fruit d'une étrange coïncidence. Ainsi Berlusconi pour sa romance napolitaine, pour ses blagues sur le sida, sur les gynécologues comme sur les camps de concentration est remercié par l'auteur. Et la nouvelle La bande F.N. révèle au lecteur bien des surprises ! Outre la diversité des lieux, il y a celle des personnages. De monsieur tout-le-monde ou presque au flic désoeuvré, du petit voyou à celui qui ne veut pas de problèmes, leurs histoires sont touchant drôles ou pathétiques. Sous un air de faux dur, Didier Daeninckx s'indigne, se révolte ou nous pousse dans nos retranchement n'hésitant pas à nous fait sauter à pieds joints dans l'Histoire en remontant de quelques décennies.
A travers des textes noirs sans forcément de cadavre au bout du compte, il bouscule le lecteur ou l'interpelle. Alors pourquoi est-ce que je ne crie pas au coup de coeur ? Et bien tout simplement parce que j'ai trouvé que l'ensemble était inégal. Il y a des textes de très grande qualité mais sur les vingt-six nouvelles, certaines m'ont laissée perplexe. Pire, j'ai eu l'impression de pas comprendre le fin mot de l'histoire (même si j'ai relu plusieurs fois certaines des nouvelles).
Ce recueil a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2012, je suis donc (encore) à contre-courant. En tout cas une découverte qui ne m'a pas laissée indifférente pour l'écriture de Didier Daneninckx !
samedi 14 juillet 2012
Bowling
Film réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar avec Mathide Seigner, Catherine Frot, Firmine Richard, Laurence Arné.
Synopsis : L’histoire se passe à Carhaix. En plein cœur de la Bretagne. Un petit hôpital, une maternité paisible. Pas beaucoup d’accouchements. Mathilde, sage-femme, Firmine, puéricultrice, et Louise, propriétaire du Bowling de Carhaix y vivent, heureuses et amies. Catherine, DRH, y est envoyée pour restructurer l’hôpital et surtout fermer à terme la maternité qui perd de l’argent. Quatre femmes dont l’âge, la personnalité, les origines sont différentes et qui vont pourtant former un quatuor fort en humanité et en humour pour défendre cette maternité. La vie, l’amour, l’amitié, la Bretagne et... le bowling !
Après le dernier film de Tim Burton Dark shadows durant lequel je me suis ennuyée grandement au point de tenter de lire l'heure à ma montre ( mais dans une salle obscure ce n'est pas si facile), j'ai vu ce film en avant-première (Monsieur ayant gagné des place de ciné). Ceux et celles qui me connaissent un peu savent que je suis originaire du Centre Bretagne et que donc je connais forcément Carhaix, capitale historique du Poher plus connue pour son festival annuel des Vieilles Charrues. Une petite ville située à une douzaine de kilomètres de là où j'ai grandi. Je vais être honnête, l’émotion a été la plus forte quand j'ai vu ce film. Revoir l’intérieur de l’église où j’ai assisté à des baptêmes, à des mariages et à des enterrements et surtout celui de l’hôpital de Carhaix a réveillé des souvenirs tristes...
Ce film est inspiré du combat mené en 2008 par les habitants de Carhaix et de toute la région pour le maintien de la maternité dans cette ville. Une maternité avec peu de naissances, donc peu rentable et un service public de santé que l'Etat voulait fermer. Avec comme conséquence des femmes qui auraient dû effectuer plus de 70 kilomètres pour accoucher. L’âme du Centre Bretagne est bien présente avec des plans magnifiques filmés dans les monts d’Arrée, la place de la langue bretonne et celle de la religion en tant que tradition. Cette comédie est aussi une histoire d’amitié très forte entre des femmes différentes.
Il s’agit d’une comédie grand public et non pas d'une étude sociologique : séquences émotions (mon voisin de gauche a même versé quelques larmes), des scènes humoristiques dans un film où l’accent est mis sur la solidarité. Mais, (le fameux mais) la scène finale est carrément grotesque et la réalisatrice n’hésite pas à tirer sur des cordes déjà exploitées pour faire rire son public.
Si cette comédie reflète la mobilisation de toute une région qui a eu gain de cause, il n’empêche que certaines scènes sont un peu tirées par les cheveux...
vendredi 13 juillet 2012
Fabienne Legrand - Un été au Cap-Ferret
Éditeur : Cherche Midi - Date de parution : Juin 2012 - 72 pages antimorosité!
Bobbie passe toujours ses vacances au Cap-Ferret où elle a ses habitudes. Snob, bobo, accro au boulot, maniaque et sur piles, elle est également culottée et irrésistible. Autre petit défaut, elle a tendance à considérer le Cap-Ferret comme son deuxième chez soi quitte à dépasser un peu (ou beaucoup) les bornes.
J’ai souri et rigolé à la lecture de ce très bel album ! Car non seulement Bobbie a le courage de faire ce que je pense secrètement quand je vais à la plage (délimiter un périmètre de 50 mètres dont sont exclues les moins de 30 ans à la fesse ferme et au sein haut) mais en plus, elle possède une franchise déconcertante ! Du coup, on lui pardonne facilement ses attitudes de snob pour mieux en rire ! Si l’œil est attiré en premier par le global dessiné en couleurs, on découvre d’autres petits détails ensuite dans l'arrière-plan en noir et blanc. Les situations sont piquantes et drôles ! Je ne lis pas souvent de BD et je ne suis pas une spécialiste pour en parler mais tout ce que je sais, c’est que j’ai passé un très, très bon moment !
Un livre drôle, anti-morosité à amener avec soi dans tous les Cap-Ferret régionaux pour mieux encore se délecter des situations croquées !
Les billets de Cathulu, Irrégulière, Leiloona, Stephie
mercredi 11 juillet 2012
Guillaume Guéraud - Anka
Éditeur : Rouergue (collection Doado noir) - Date de parution : Janvier 2012 - 108 pages et une grande claque!
Quand des policiers annoncent à Marco que sa mère est décédée, il ne comprend pas. Sa mère est bien vivante pourtant Madame Fontan épouse de Thomas Fontan, âgée de vingt neuf ans, d’origine roumaine a été retrouvée morte dans un parc public.
La mère de Marco était au courant de cet arrangement déguisé en mariage. Son père ne menait pas une double vie mais dix ans plus tôt Anka avait représenté un petit coup de pouce financier. 1 500 euros en signant un bout de papier à la mairie. Personne ne dit rien, ni vu ni connu. Les parents de Marco continuaient leur vie tranquille et la mariée avait ses papiers officiels en France. Mais Anka est décédée. Toute seule et de tuberculose dans un parc public à Marseille. Et si personne ne semble s’indigner ou à peine évoquer quelques remords très vite oubliés, Marco lui veut comprendre. Comment, pourquoi l’impossible et l’inacceptable peuvent être rendus anodins. Un adolescent qui cherche, trouve et encaisse les découvertes comme des uppercuts jusqu’à un point de non retour. Celui du trop plein. Et ça clashe. Pour lui comme pour le lecteur.
Avec des phrases courtes et sèches, Guillaume Guéraud laisse son lecteur suspendu à ses mots. La tension s’installe très rapidement et j’ai tourné les pages avec une sensation de malaise grandissant. Comme Marco, j’ai été interpellée, écœurée, dégoûtée. Un livre sans concession qui agit comme un électrochoc !
Le billet de Theoma
mardi 10 juillet 2012
Michelle Richmond - Le rêve d'Amanda Ruth
Éditeur : Pocket - Date de parution : Février 2012 - 285 pages et une lecture agréable!
Jenny effectue une croisière d’une dizaine de jours sur le fleuve Yangzi Jiang en Chine. Un voyage pour disperser sur le site des Trois-Gorges les cendres de son amie Amanda Ruth. Assassinée quatorze ans auparavant à l’âge dix-huit ans, Amanda Ruth rêvait de découvrir la Chine, le pays de son père. Bien qu’ils soient séparés depuis huit mois, Dave son mari l’accompagne et Jenny espère que cette croisière va les rapprocher.
Si Jenny effectue une croisière en Chine c’est pour disperser les cendres de son amie Amanda Ruth. Les deux jeunes filles étaient proches, de trop même au goût du père d’Amanda Ruth qui les a surprises à flirter. Toutes les deux habitaient une petite ville en Alabama aux abords de Demopolis River. Jenny sortait avec Dave alors qu’Amanda Ruth allait provoquer un séisme en présentant à ses parents sa petite amie. Tout au long de cette croisière, Jenny replonge dans ses souvenirs. Depuis quatorze ans, elle n’a pas oublié son amie et elle ne peut s’empêcher de se sentir en partie responsable de sa mort. Sur le bateau, elle rencontre Graham un homme séduisant qui effectue ce voyage avec un but précis. Alors que Jenny tente de reconquérir Dave, celui-ci joue la carte de l’indifférence. Jenny va se rapprocher de Graham et succomber à ses charmes. Même si la croisière se révèle être un voyage bien cadré où le pays n’est montré que sous des aspects positifs, elle va permettre à Jenny de se libérer d’un poids et de tendre à un équilibre.
Ce livre a su susciter et maintenir mon intérêt éveillé bien que j'ai trouvé un peu grossière l’image de la Chine vendue aux touristes. La sensualité qui s’en dégage a agi comme un aimant et les personnages gagnent en intensité au fil des pages. De même, les idées de Jenny sur son mariage et ses envies profondes évoluent dans un laps de temps assez court. J’ai eu un pincement au cœur pour Graham dont les propos m’ont particulièrement parlée. Sans avoir été subjuguée par ce roman, il s’agit d’une lecture agréable! De cette auteure, j'ai préféré Le carnet de la mathématicienne.
Un an plus tard, il me demanda de l’épouser. Je ne pouvais pas refuser. Il est possible d’aimer quelqu’un parce qu’il est solide, digne de confiance, parce que dans un moment unique, impossible, il a répondu instantanément, avec une exactitude et une justesse absolues à vos besoins secrets.
Les billets d'Antigone, Cathulu et Mango
samedi 7 juillet 2012
Lloyd Jones - Donne-moi le monde
Éditeur : Le Livre de Poche - Date Parution : Juin 2012 - 379 pages et un coup de cœur !
Dans un pays d'Afrique, une femme de chambre d'un hôtel met au monde un enfant. Quelques jours après, le père enlève l'enfant et l'amène avec lui à Berlin. La jeune femme quitte son travail, son pays et part pour retrouver son fils. L’histoire de cette jeune femme à la peau noire est racontée par les différentes personnes qu’elle croise lors de son périple.
Dans un pays d'Afrique, une femme de chambre d'un hôtel met au monde un enfant. Quelques jours après, le père enlève l'enfant et l'amène avec lui à Berlin. La jeune femme quitte son travail, son pays et part pour retrouver son fils. L’histoire de cette jeune femme à la peau noire est racontée par les différentes personnes qu’elle croise lors de son périple.
Ce périple débuté en Afrique pour rejoindre l'Allemagne passe par les côtes Siciliennes et les routes d'Italie. La jeune femme n'a qu'un sac en plastique et
ses quelques phrases
en anglais formatées d'employée d'hôtel. Un camionneur, des chasseurs,
une femme collectionneuse d’escargots,
un pasteur, un français venu chercher une autre vie à Berlin, un vieil
homme et d'autres encore… Tous l’ont croisée, aperçue ou côtoyée et ils
racontent. Des récits au ton sincère, hésitant voire méfiant et dans
lesquels ils
livrent leurs versions. Des faits où mensonges par omission, vérité
travestie s'invitent pour tenter quelquefois de masquer la honte ou
l'indifférence. Mais, il y aussi des mains tendues qui n'attendent pas
de retour, d'autres qui se rétractent ou qui sont simplement
calculatrices.
A travers tous ces témoignages, la jeune femme
semble imperturbable, presque invisible tant elle semble s’effacer et
déterminée
à ne pas montrer qui elle est vraiment. Pour retrouver son enfant, elle
est prête à
tout et elle ira jusqu’au bout. Au fil des pages, on apprend que la
jeune femme se prénomme
Inès et sa personnalité se dessine. Mais, le récit distillé d'un
inspecteur de police sème le doute. L'image de cette mère est-elle
juste? Quand à son tour Inès prend la parole, son histoire apparaît sous
une autre facette. Même si à Berlin elle réussit à retrouver son fils,
la fin n'est pas rose mais porteuse d'une belle bouffée d'espoir !
Ce livre a été un coup de cœur sur toute
la ligne ! Dès les premières pages, l'écriture, l'intrigue installée par la narration et le rythme où rien n'est précipité m'ont accrochée !
Lloyd Jones se glisse dans la peau de ses personnages avec leurs contradictions, leurs caractères et leurs failles. Autant de différences, d’envies, de règles, de vies où les sentiments les plus nobles se déclinent au plus révoltants. Car à travers ces hommes et ces femmes , il s'agit de notre monde qui est représenté. Un monde avec ses nuances, son humanité et ses contours flous car rien n'est figé.
Un roman touchant, sublime et troublant de vérité !
Quand on recueille un animal égaré, on ne cherche pas à savoir d'où il vient. Du point de vue du chien et de son sauveur, c'est une bonne chose. Pas de passé sur lequel s'appesantir. Et, sans passé, nulle crainte à voir, nulle ombre menaçante. Chien et sauveur prennent un nouveau départ.
Les billets d'Emeraude, Leiloona, Liyah
Lloyd Jones se glisse dans la peau de ses personnages avec leurs contradictions, leurs caractères et leurs failles. Autant de différences, d’envies, de règles, de vies où les sentiments les plus nobles se déclinent au plus révoltants. Car à travers ces hommes et ces femmes , il s'agit de notre monde qui est représenté. Un monde avec ses nuances, son humanité et ses contours flous car rien n'est figé.
Un roman touchant, sublime et troublant de vérité !
Quand on recueille un animal égaré, on ne cherche pas à savoir d'où il vient. Du point de vue du chien et de son sauveur, c'est une bonne chose. Pas de passé sur lequel s'appesantir. Et, sans passé, nulle crainte à voir, nulle ombre menaçante. Chien et sauveur prennent un nouveau départ.
Les billets d'Emeraude, Leiloona, Liyah
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