Editeur : Éditions du Rouergue - Date de parution : Août 2015 - 122 pages dont on ne sort pas indemne.
En ayant pour thème la maltraitance des enfants, j’avais une appréhension celle d’être prise en otage par les ressentis qu’un tel thème ne peut que susciter. Mais en choisissant de nous raconter l’histoire de Diana âgée de huit ans (tirée d’un fait réel) par les personnes qu’elle a rencontrées ou qui l’ont côtoyées, Alexandre Seurat permet à travers les témoignages de saisir l’ampleur, la genèse de ce drame.
Tout commence par un avis de recherche de Diana car ses parents l'ont signalé disparue. Son ancienne institutrice se souvient de la fillette, des anomalies qu’elle avait constatées. Bleus, trace de coups pour lesquels les parents de Diana mettaient en avant sa maladresse. Mais elle a compris qu’il s’agissait d’autre chose et va remuer ciel et terre. Directrice d’école, médecin, la tante de Diana, sa grand-mère, les gendarmes, le personnel des services sociaux prennent tour à tour la parole. Comme la première institutrice de Diana, il y a ceux qui se sentent impuissants, d’autres qui ne veulent pas prendre de décision trop hâtivement. Les parents de Diana jouent la comédie à merveille : celle d’une famille unie ou tout le monde aime Diana. Malgré la machine mise en marche, il sera trop tard pour Diana.
Aucun voyeurisme, aucun pathos ni aucune scène de violence. Tous est suggéré mais le dysfonctionnement de l’administration surgit entre les lignes.
Un premier livre qu’on lit la gorge serrée et dont on ne sort pas indemne.
D'autres s'en chargeront, on a fait de notre mieux.
Pour d'autres billets, je vous renvoie à Babelio et à Libfly.
dimanche 31 janvier 2016
vendredi 29 janvier 2016
Jean Echenoz - Envoyée spéciale
Constance « amoureusement insatisfaite » parisienne trentenaire s’ennuie. Elle vient de mettre son appartement vente et est séparée de son mari Lou Tosk ancien compositeur dont un titre a remporté un succès planétaire ( « Lou Tausk n’est certes pas le premier à avoir connu cela, c’est arrivé à d’autres, quoique fort peu nombreux. Prenez par exemple Patrick Hernandez, qui n’a rien fait de toute sa vie que Born to be Alive - écrit en dix minutes, enregistré en deux jours, refusé d’abord par tous les producteurs puis devenu un succès intercontinental dont les royautés lui ont permis de se la couler douce tout le restant de son existence »). La vie monotone de Constance va changer et pas qu’un peu. Car elle est enlevée en plein Paris par trois hommes, amenée dans la Creuse (département idéal pour cacher quelqu’un vu le nombre peu élevé d’habitants) où elle va séjourner plusieurs mois. La rançon demandée à son futur ex-mari (qui a d'autres chats à fouetter) reste sans réponse. Et au fil du temps, la glace se brise entre elle et les deux hommes chargés de la surveiller (on cuisine des petits plats, on rigole, on se repose, on joue, bref des vacances entre amis). Elle pourrait s’enfuir mais non et son périple se poursuit en Corée du Nord.
Dans cette parodie irrésistible de roman d’espionnage, un brin déjantée et loufoque avec de nombreux rebondissements et des situations quasi-burlesques, l’auteur s’amuse avec ses personnages, les égratignent et s'adresse souvent au lecteur créant ainsi une complicité (on se croirait presque dans un livre de JM Erre). De digressions qui nous renseignent sur le taekwondo (un art martial) ou sur les papillons, on lit cette histoire avec régal sans jamais être perdu car c'est parfaitement maîtrisé (sans en avoir l'air).
C’est drôle, on sourit et on rigole, on se laisse mener par le bout du nez en se délectant de l’écriture de Jean Echenoz, de ses interventions et de ses observations malicieuses. Vous l'aurez compris un plaisir à ne pas bouder !
Chemisier bleu tendu, pantalon skinny anthracite, souliers plats, coupe à la Louise Brooks et courbes à la Michèle Mercier - ce qui n'a pas l'air d'aller très bien ensemble mais si, ça colle tout à fait. Trente-quatre ans, peu active et peu diplômée - à peine capacitaire en droit-, épouse d'un homme dont les affaires marchent ou du moins ont marché, mais c'est la vie avec cet homme qui ne marche qu'à moitié : vie matérielle facile, vie matrimoniale pas.
Reste les autres usagers de la rame qu'on peut toujours examiner mais, dans le métro, il ne faut pas les regarder trop longtemps, ni les hommes car cela peut être mal pris aussi. Reste les enfants : ce qu'il y a de bien avec les enfants, c'est qu'on peut les regarder tant qu'on veut, même dans les yeux, on peut aller jusqu'à leurs sourire sans redouter de représailles. Croit-on.
Croit-on car en réalité, sous leur masque d'indifférence et de candeur ils vous repèrent, ils prennent des notes, se renseignent sur votre état civil, vous identifient au moindre détail près grâce à leurs super-pouvoirs, vous mettent en fiche, vous inscrivent sur leur liste et un jour ou l'autre, une fois adulte ou même avant, dès qu'ils seront en âge de régler leurs comptes, vous comprendrez votre douleur.
Le billet de Nicole
jeudi 28 janvier 2016
Louise Erdrich - Le pique-nique des orphelins
Editeur : Albin-Michel - Traduit de l'américain par Isabelle Reinharez - 468 belles pages denses et riches !
1932, Minneapolis. Au cours d’une fête foraine, Mary et Karl voient leur mère embarquer à bord d’un avion et partir à jamais. Et leur petit-frère Jude encore nourrisson se fait enlever par un homme. Ils n’ont pas d’autre choix que de se rendre à Argus dans le Dakota du Nord où leur tante tient une boucherie avec son mari. Seule Mary y parviendra, Karl étant resté dans le train de marchandises.
Si elle est accueillie avec bonté par son oncle et sa tante, Sita sa cousine ne voie pas d’un bon œil son arrivée. Très vite, Mary s'intègre et se noue d’amitié avec Célestine.
Sur plus de quarante ans et trois générations, nous suivons principalement Mary, Célestine qui contrairement à Sita sont restées à Argus. Un roman choral où les femmes ont un caractère bien trempé et où le vie n’est pas si facile. L’amitié de l’enfance s’est effacée, bousculée par des événements auxquels les deux femme doivent bien faire face. Tous les personnages de ce roman ont des existences blessées, des rêves avortés. Malgré leur défauts, leur dureté ou leur faiblesse, ils ne peuvent que nous toucher.
Un roman dense, riche, passionné et passionnant où Louise Erdrich déploie une fois plus tout son talent. Et j'ai retrouvé dans ce livre (paru une première fois en 1986 ) tout ce j'aime chez cette auteure.
Lu de cette auteure : Dans le silence du vent - La chorale des maîtres bouchers - La malédiction des colombes - Le jeu des ombres
Les billets de Cathulu, Jérôme
1932, Minneapolis. Au cours d’une fête foraine, Mary et Karl voient leur mère embarquer à bord d’un avion et partir à jamais. Et leur petit-frère Jude encore nourrisson se fait enlever par un homme. Ils n’ont pas d’autre choix que de se rendre à Argus dans le Dakota du Nord où leur tante tient une boucherie avec son mari. Seule Mary y parviendra, Karl étant resté dans le train de marchandises.
Si elle est accueillie avec bonté par son oncle et sa tante, Sita sa cousine ne voie pas d’un bon œil son arrivée. Très vite, Mary s'intègre et se noue d’amitié avec Célestine.
Sur plus de quarante ans et trois générations, nous suivons principalement Mary, Célestine qui contrairement à Sita sont restées à Argus. Un roman choral où les femmes ont un caractère bien trempé et où le vie n’est pas si facile. L’amitié de l’enfance s’est effacée, bousculée par des événements auxquels les deux femme doivent bien faire face. Tous les personnages de ce roman ont des existences blessées, des rêves avortés. Malgré leur défauts, leur dureté ou leur faiblesse, ils ne peuvent que nous toucher.
Un roman dense, riche, passionné et passionnant où Louise Erdrich déploie une fois plus tout son talent. Et j'ai retrouvé dans ce livre (paru une première fois en 1986 ) tout ce j'aime chez cette auteure.
Lu de cette auteure : Dans le silence du vent - La chorale des maîtres bouchers - La malédiction des colombes - Le jeu des ombres
Les billets de Cathulu, Jérôme
mercredi 27 janvier 2016
Jon Bassoff- Corrosion
Editeur : Gallmeister - Traduit de l'américain par Anatole Pons - Date de parution : Janvier 2016 - 227 pages noires terriblement bien menées !
Joseph Downs ancien Marine ayant combattu en Irak tombe en panne dans un de ces un trous paumés de l’Amérique. Avec son visage mutilé par une explosion, il ne passe pas inaperçu. Dans un bar, il assiste à une scène où un homme bat sa femme. Il s’interfère pensant que la page sera tournée. Mais dans son hôtel miteux le temps que sa voiture soit réparée, la jeune femme vient le voir. D’un beauté assez vulgaire, Lilith lui raconte que son mari la frappe régulièrement. Pour se faire de l’argent afin de payer les réparations de sa voiture, il travaille et le soir, il retrouve Lilith. Mais un homme affirme qu’il ment sur son identité. Joseph n’a qu’une idée reprendre la route pour rejoindre la montagne. Sauf qu'il se laisse attendrir par Lilith et son plan. tuer son mari pour toucher l’assurance-vie et ensuite ils pourront partir tous les deux. Sauf que Lilith l’a manipulé.
Puis on découvre un adolescent. Sa mère est malade et et son père passe son temps à trouver un remède sur des rats. Le gamin est Joseph mais il se prénomme différemment. Et commence une plongée infernale dans les abîmes noires où la folie, les prédicateurs, la foi ont façonné celui qui se fait appeler Joseph.
C’est noir, très noir, sans concession et l’écriture de Jon Bassoff aux phrases courtes et sèches est hypnotique. On a l’impression d’évoluer dans un autre monde, on est bousculé et pas qu’un peu. L’auteure nous montre la noirceur de l’âme humaine. Terrifiant, bousculant et implacable.
Tu sais ce que ça fait d'être un laissé-pour-compte, tu sais ce que ça fait de toujours avoir des gens qui murmurent dans ton dos, qui disent ce garçon n'est pas net, toute cette famille n'est pas nette ? Et parfois elle me regardait exactement comme mon père regardait les rats, et parfois l'humanité filtrait par ses pores et elle ne caresser la tête et disait ne pleure pas, ce monde est pourri,(..)
Le billet de Laure
Joseph Downs ancien Marine ayant combattu en Irak tombe en panne dans un de ces un trous paumés de l’Amérique. Avec son visage mutilé par une explosion, il ne passe pas inaperçu. Dans un bar, il assiste à une scène où un homme bat sa femme. Il s’interfère pensant que la page sera tournée. Mais dans son hôtel miteux le temps que sa voiture soit réparée, la jeune femme vient le voir. D’un beauté assez vulgaire, Lilith lui raconte que son mari la frappe régulièrement. Pour se faire de l’argent afin de payer les réparations de sa voiture, il travaille et le soir, il retrouve Lilith. Mais un homme affirme qu’il ment sur son identité. Joseph n’a qu’une idée reprendre la route pour rejoindre la montagne. Sauf qu'il se laisse attendrir par Lilith et son plan. tuer son mari pour toucher l’assurance-vie et ensuite ils pourront partir tous les deux. Sauf que Lilith l’a manipulé.
Puis on découvre un adolescent. Sa mère est malade et et son père passe son temps à trouver un remède sur des rats. Le gamin est Joseph mais il se prénomme différemment. Et commence une plongée infernale dans les abîmes noires où la folie, les prédicateurs, la foi ont façonné celui qui se fait appeler Joseph.
C’est noir, très noir, sans concession et l’écriture de Jon Bassoff aux phrases courtes et sèches est hypnotique. On a l’impression d’évoluer dans un autre monde, on est bousculé et pas qu’un peu. L’auteure nous montre la noirceur de l’âme humaine. Terrifiant, bousculant et implacable.
Tu sais ce que ça fait d'être un laissé-pour-compte, tu sais ce que ça fait de toujours avoir des gens qui murmurent dans ton dos, qui disent ce garçon n'est pas net, toute cette famille n'est pas nette ? Et parfois elle me regardait exactement comme mon père regardait les rats, et parfois l'humanité filtrait par ses pores et elle ne caresser la tête et disait ne pleure pas, ce monde est pourri,(..)
Le billet de Laure
lundi 25 janvier 2016
Lydia Millet - Magnificience
Editeur : Cherche-Midi - Traduit de l'américain par Charles Recoursé - Date de parutions : Janvier 2016 - 270 pages réussies!
Nous retrouvons dans ce dernier tome les personnages de Comment rêvent le morts et de Lumières fantômes, et cette fois-ci l’auteure s’intéresse principalement à Susan. Elle vient de perdre son mari Hal et hérite d’un oncle une maison de style musée où les chambres portent le nom d’un continent. Le tout est peuplé d’animaux sauvages empaillés. Au lieu de la vendre, elle décide de la garder et d’y aménager. De son statut de femme infidèle mais aimant son mari, elle a une liaison avec un avocat marié. Sa fille Casey qui n’ a jamais sa langue dans sa poche semble avoir trouvé l’amour. Et par une série d’évènements, elle a pour compagnie des vieilles dames qui semblent apprécier vivre dans sa nouvelle maison.
L’écriture de Lydia Millet nous entraîne sur des réflexions et des questions sur la mort, le deuil, la vieillesse, l’amour et le bonheur. Et c’est réussi !
L’auteure est toujours aussi proche de ses personnages ( c’est ce j’aime chez elle). Je vous conseille vivement de lire cette trilogie.
Lorsqu'on vit dans une très belle maison, la vie devient la maison, et à l'image de la maison la vie peut acquérir un caractère d'accomplissement. C'était une histoire d'ordre, pensa-t-elle, d'ordre qui se suffisait à lui-même. Jusque-là, elle n'a jamais elle n'avait jamais vu à quel point l'atmosphère de sa vie était définie par les espaces au sein desquels elle existait.
Le billet de Keisha
Lu de cette auteure : Comment rêvent le morts - Le coeur est un noyau candide - Lumières fantômes
Nous retrouvons dans ce dernier tome les personnages de Comment rêvent le morts et de Lumières fantômes, et cette fois-ci l’auteure s’intéresse principalement à Susan. Elle vient de perdre son mari Hal et hérite d’un oncle une maison de style musée où les chambres portent le nom d’un continent. Le tout est peuplé d’animaux sauvages empaillés. Au lieu de la vendre, elle décide de la garder et d’y aménager. De son statut de femme infidèle mais aimant son mari, elle a une liaison avec un avocat marié. Sa fille Casey qui n’ a jamais sa langue dans sa poche semble avoir trouvé l’amour. Et par une série d’évènements, elle a pour compagnie des vieilles dames qui semblent apprécier vivre dans sa nouvelle maison.
L’écriture de Lydia Millet nous entraîne sur des réflexions et des questions sur la mort, le deuil, la vieillesse, l’amour et le bonheur. Et c’est réussi !
L’auteure est toujours aussi proche de ses personnages ( c’est ce j’aime chez elle). Je vous conseille vivement de lire cette trilogie.
Lorsqu'on vit dans une très belle maison, la vie devient la maison, et à l'image de la maison la vie peut acquérir un caractère d'accomplissement. C'était une histoire d'ordre, pensa-t-elle, d'ordre qui se suffisait à lui-même. Jusque-là, elle n'a jamais elle n'avait jamais vu à quel point l'atmosphère de sa vie était définie par les espaces au sein desquels elle existait.
Le billet de Keisha
Lu de cette auteure : Comment rêvent le morts - Le coeur est un noyau candide - Lumières fantômes
samedi 23 janvier 2016
Mary Dorsan - Le présent infini s'arrête
Editeur :P.O.L - Date de parution : Août 2015 - 720 pages qui bousculent.
« À mes collègues, à nos patients et leur famille. C’est écrit parce que c’est notre histoire mêlée. C’est le récit de vies difficiles, méconnues, à la marge. Pour affirmer que vous existez. Que nous existons ensemble. Garder le silence était impossible. Vous dire ce livre aussi. » Ces quelques lignes sont la postface et quand on les lit, après avoir terminé ce livre, ces mots de Mary Dorsan prennent tout leur sens.
La narratrice est infirmière psychiatrique dans un appartement thérapeutique en banlieue parisienne qui accueille des adolescents. Certains y restent jour et nuit, d’autres n’y viennent que quelques jours par semaine ou moins. Une étape qui peut durer de plusieurs semaines à plusieurs années. Ils souffrent de troubles psychiatriques de problèmes familiaux, comportementaux et de l’attachement. A la marge de la société, de l’école, cet appartement thérapeutique est leur point d’ancrage avec une équipe médicale pour les aider, les écouter. L’équipe médicale doit gérer l’imprévisible, la violence physique et/ou verbale qui couve et qui peut éclater à tout moment. Les écouter, essayer de les faire parler et de dire ce qu’ils ressentent mais aussi les faire respecter les règles, les réconforter si nécessaire ou interdire, leur proposer des activités intérieures et extérieures (sorties au musée, à la mer), repérer les signes d’une crise qui va se produire et savoir y mettre fin.
Et nous lecteurs, on se retrouve immergés pendant une année comme dans un huis clos avec ces adolescents : Thierry, Jean-Marc, Roberto, Pablo, Hisham, Romuald et Aurélie. On découvre une violence inattendue ( comme Thierry qui tous les jours étale ses selles dans sa chambre, dans les sanitaires), des adolescents qui souffrent d’être rejetés par leur parents mais aussi des moments de calme. Mais rien n’est figé, une journée sans problème peut tourner en une soirée catastrophique. Et dans ce livre, Mary Dorsan ne s’intéresse pas qu’aux patients, elle inclue l’équipe médicale car « on ne peut pas parler que des patients sans parler des soignants». Des doutes, du ras-le-bol, de la peur, des liens (tendus par moments) entre collègues ou ce qui les lie mais aussi des sourires, une coordination obligatoire entre eux, l’appréhension pour certains de reprendre le travail après des vacances et comment la violence les affecte. «J’écris pour une publication. Pour des lecteurs inconnus qui voudront bien se sentir touchés pour que quelque chose change. En eux. Dans leur regard. Leur cœur. La société.»
Mary Dorsan est un pseudonyme, la narratrice est l’auteure et donc infirmière psychiatrique. Elle réussit avec sobriété à nous décrire la complexité de son travail. Un premier livre puissant qui bouscule également, servi par une écriture qui touche au plus près des relations, d’une situation, des ressentis.
« À mes collègues, à nos patients et leur famille. C’est écrit parce que c’est notre histoire mêlée. C’est le récit de vies difficiles, méconnues, à la marge. Pour affirmer que vous existez. Que nous existons ensemble. Garder le silence était impossible. Vous dire ce livre aussi. » Ces quelques lignes sont la postface et quand on les lit, après avoir terminé ce livre, ces mots de Mary Dorsan prennent tout leur sens.
La narratrice est infirmière psychiatrique dans un appartement thérapeutique en banlieue parisienne qui accueille des adolescents. Certains y restent jour et nuit, d’autres n’y viennent que quelques jours par semaine ou moins. Une étape qui peut durer de plusieurs semaines à plusieurs années. Ils souffrent de troubles psychiatriques de problèmes familiaux, comportementaux et de l’attachement. A la marge de la société, de l’école, cet appartement thérapeutique est leur point d’ancrage avec une équipe médicale pour les aider, les écouter. L’équipe médicale doit gérer l’imprévisible, la violence physique et/ou verbale qui couve et qui peut éclater à tout moment. Les écouter, essayer de les faire parler et de dire ce qu’ils ressentent mais aussi les faire respecter les règles, les réconforter si nécessaire ou interdire, leur proposer des activités intérieures et extérieures (sorties au musée, à la mer), repérer les signes d’une crise qui va se produire et savoir y mettre fin.
Et nous lecteurs, on se retrouve immergés pendant une année comme dans un huis clos avec ces adolescents : Thierry, Jean-Marc, Roberto, Pablo, Hisham, Romuald et Aurélie. On découvre une violence inattendue ( comme Thierry qui tous les jours étale ses selles dans sa chambre, dans les sanitaires), des adolescents qui souffrent d’être rejetés par leur parents mais aussi des moments de calme. Mais rien n’est figé, une journée sans problème peut tourner en une soirée catastrophique. Et dans ce livre, Mary Dorsan ne s’intéresse pas qu’aux patients, elle inclue l’équipe médicale car « on ne peut pas parler que des patients sans parler des soignants». Des doutes, du ras-le-bol, de la peur, des liens (tendus par moments) entre collègues ou ce qui les lie mais aussi des sourires, une coordination obligatoire entre eux, l’appréhension pour certains de reprendre le travail après des vacances et comment la violence les affecte. «J’écris pour une publication. Pour des lecteurs inconnus qui voudront bien se sentir touchés pour que quelque chose change. En eux. Dans leur regard. Leur cœur. La société.»
Mary Dorsan est un pseudonyme, la narratrice est l’auteure et donc infirmière psychiatrique. Elle réussit avec sobriété à nous décrire la complexité de son travail. Un premier livre puissant qui bouscule également, servi par une écriture qui touche au plus près des relations, d’une situation, des ressentis.
vendredi 22 janvier 2016
Anne Berest - Recherche femme parfaite
Editeur : Grasset - Date de parution : Septembre 2015 - 292 pages dévorées !
Photographe, Emilienne est admiratrice de Julie « qui, à quarante ans dirige une entreprise spécialisée dans la fidélisation à long terme des clients(…), une femme assez habile pour confectionner des gâteaux en forme de hamburgers, une femme capable, après voir présidé une réunion, d’enfiler une jupe crayon pour rejoindre son mari à l’opéra et pleurer en écoutant Madame Butterfly » sa voisine de palier devenue au fil du temps son amie. Emilienne décide de participer à un concours de photos sur le thème « portaits(s) de femme(s) » à Arles et elle a déjà son modèle : Julie. Sauf que cette dernière après son accouchement s’écroule et se retrouve hospitalisée à Sainte Anne pour cause d’épuisement. Mais Emilienne a son idée « je prendrais en photographie des femmes admirables, des héroïnes du quotidien, des modèles pour leur entourage. Et à travers ces différents portraits, se dessinerait l’idée que la femme d’aujourd’hui veut donner d’elle-même –une femme parfaite ».
Le tout est de commencer et que la première lui donne le nom d’une autre femme qu’elle admire et ainsi de suite pour refléter « un certain idéal contemporain ».
Dans ce roman sans temps mort et au ton relevé, on rencontre en compagnie d’Emilienne des femmes bien différentes qui racontent ou non leur parcours personnel et donnent leur vision de la femme parfaite. Et ça passe par des griefs contre la société (qui aurait engendré ce mythe en enfermant la femme dans un corps aux mensurations définies en lui refusant de vieillir) jusqu’à des rancœurs envers leurs aînées.
C’est enjoué, drôlement bien mené, on tourne les pages avec un sourire aux lèvres car Emilienne assume pleinement assume pleinement sa vie, sa personnalité, sa fantaisie et parce que derrière l’humour, il y a de vraies réflexions sur la condition de la femme. Un roman dévoré qui déborde d’une belle énergie contagieuse !
Les gens de bon goût sont d'un ennui mortel et contagieux.
Les billets de Cathulu, Cuné
Lu de cette auteure : La fille de son père - Sagan 1954
Photographe, Emilienne est admiratrice de Julie « qui, à quarante ans dirige une entreprise spécialisée dans la fidélisation à long terme des clients(…), une femme assez habile pour confectionner des gâteaux en forme de hamburgers, une femme capable, après voir présidé une réunion, d’enfiler une jupe crayon pour rejoindre son mari à l’opéra et pleurer en écoutant Madame Butterfly » sa voisine de palier devenue au fil du temps son amie. Emilienne décide de participer à un concours de photos sur le thème « portaits(s) de femme(s) » à Arles et elle a déjà son modèle : Julie. Sauf que cette dernière après son accouchement s’écroule et se retrouve hospitalisée à Sainte Anne pour cause d’épuisement. Mais Emilienne a son idée « je prendrais en photographie des femmes admirables, des héroïnes du quotidien, des modèles pour leur entourage. Et à travers ces différents portraits, se dessinerait l’idée que la femme d’aujourd’hui veut donner d’elle-même –une femme parfaite ».
Le tout est de commencer et que la première lui donne le nom d’une autre femme qu’elle admire et ainsi de suite pour refléter « un certain idéal contemporain ».
Dans ce roman sans temps mort et au ton relevé, on rencontre en compagnie d’Emilienne des femmes bien différentes qui racontent ou non leur parcours personnel et donnent leur vision de la femme parfaite. Et ça passe par des griefs contre la société (qui aurait engendré ce mythe en enfermant la femme dans un corps aux mensurations définies en lui refusant de vieillir) jusqu’à des rancœurs envers leurs aînées.
C’est enjoué, drôlement bien mené, on tourne les pages avec un sourire aux lèvres car Emilienne assume pleinement assume pleinement sa vie, sa personnalité, sa fantaisie et parce que derrière l’humour, il y a de vraies réflexions sur la condition de la femme. Un roman dévoré qui déborde d’une belle énergie contagieuse !
Les gens de bon goût sont d'un ennui mortel et contagieux.
Les billets de Cathulu, Cuné
Lu de cette auteure : La fille de son père - Sagan 1954
jeudi 21 janvier 2016
Cécile Ladjali - Illettré
Editeur : Actes Sud - Date de parution : Janvier 2016 - 212 pages et un avis mitigé.
Léo ne peut pas « lire un courrier, lire les pancartes à l’usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleur compresseur, (..), faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (rien que le problèmes des nombres à virgule cette fois (…), lire le nom des stations de métro, lire le nom des rues, (..)» et la liste continue.
A vingt ans, il est illettré. De sa cité à la porte de Saint-Ouen pour se rendre à l’imprimerie où il travaille, il connaît par coeur le chemin. Il a eu une enfance chaotique : ses parents ont disparu alors qu’il avait six ans, sa grand-mère analphabète aimante, protectrice a pris le relais et l’a maintenu dans l’ignorance. Grâce sa mémoire auditive, cet enfant calme a pu passer d’une classe à l’autre mais au collège, tout est devenu trop compliqué. Impossible de faire comme si. Déscolarisé à treize ans (l’école de la République a fermé les yeux) puis le travail à seize ans.
Peu à peu, les mots se sont effacés pour devenir des barrières infranchissables. A cause de son handicap qui ne se voit pas, il en a acquis un autre à l’usine : deux doigts amputés. Sibylle l’infirmière venue le soigner a compris la honte profonde de Léo et l’aide en lui donnant des cours. Il peuple ses nuits, elle est en amoureuse. Léo veut réapprendre ce que sa mémoire a enfoui dans un coin mais il y a la peur « l’intuition soudaine que mémoire et conscience de soi dépendent en grande partie de la capacité qu’ont les gens à dire et à écrire qui ils sont lui flanque le vertige ». Epris de Sibylle, il aimerait tant lui écrire et il entame des cours pour adultes.
On pourrait imaginer une belle suite et un Léo fier de sa réussite. Il n’en sera rien.
Quand je lis, plusieurs paramètres entrent en compte. J’ai été touchée par la personnalité Léo : sa sensibilité, sa bienveillance et également par des passages absolument magnifiques car l’écriture de Cécile Ladajli est poétique. Mais il y aussi l’histoire et sa crédibilité ( je ne pense pas qu’à l’heure actuelle un enfant puisse entrer au collège sans certaines bases). De plus, j’ai eu l’impression que l’auteure alourdissait vraiment de trop le parcours de Léo. Un roman assez sombre, une fin affreusement horrible et un avis mitigé.
Avec les mots, il serait le maître de son destin., il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où l'on se voit, par lequel on se connaît, où l'on apprend à nommer et cesser de subir. Et puis être en mesure de de faire naître ce lien ( même illusoire) entre ce qu'on lit et soi-même doit être une chose merveilleuse, une expérience unique à tenter.
Lu de cette auteur : Ordalie
Léo ne peut pas « lire un courrier, lire les pancartes à l’usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleur compresseur, (..), faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (rien que le problèmes des nombres à virgule cette fois (…), lire le nom des stations de métro, lire le nom des rues, (..)» et la liste continue.
A vingt ans, il est illettré. De sa cité à la porte de Saint-Ouen pour se rendre à l’imprimerie où il travaille, il connaît par coeur le chemin. Il a eu une enfance chaotique : ses parents ont disparu alors qu’il avait six ans, sa grand-mère analphabète aimante, protectrice a pris le relais et l’a maintenu dans l’ignorance. Grâce sa mémoire auditive, cet enfant calme a pu passer d’une classe à l’autre mais au collège, tout est devenu trop compliqué. Impossible de faire comme si. Déscolarisé à treize ans (l’école de la République a fermé les yeux) puis le travail à seize ans.
Peu à peu, les mots se sont effacés pour devenir des barrières infranchissables. A cause de son handicap qui ne se voit pas, il en a acquis un autre à l’usine : deux doigts amputés. Sibylle l’infirmière venue le soigner a compris la honte profonde de Léo et l’aide en lui donnant des cours. Il peuple ses nuits, elle est en amoureuse. Léo veut réapprendre ce que sa mémoire a enfoui dans un coin mais il y a la peur « l’intuition soudaine que mémoire et conscience de soi dépendent en grande partie de la capacité qu’ont les gens à dire et à écrire qui ils sont lui flanque le vertige ». Epris de Sibylle, il aimerait tant lui écrire et il entame des cours pour adultes.
On pourrait imaginer une belle suite et un Léo fier de sa réussite. Il n’en sera rien.
Quand je lis, plusieurs paramètres entrent en compte. J’ai été touchée par la personnalité Léo : sa sensibilité, sa bienveillance et également par des passages absolument magnifiques car l’écriture de Cécile Ladajli est poétique. Mais il y aussi l’histoire et sa crédibilité ( je ne pense pas qu’à l’heure actuelle un enfant puisse entrer au collège sans certaines bases). De plus, j’ai eu l’impression que l’auteure alourdissait vraiment de trop le parcours de Léo. Un roman assez sombre, une fin affreusement horrible et un avis mitigé.
Avec les mots, il serait le maître de son destin., il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où l'on se voit, par lequel on se connaît, où l'on apprend à nommer et cesser de subir. Et puis être en mesure de de faire naître ce lien ( même illusoire) entre ce qu'on lit et soi-même doit être une chose merveilleuse, une expérience unique à tenter.
Lu de cette auteur : Ordalie
mardi 19 janvier 2016
Meg Wolitzer - La doublure
Editeur : rue Fromentin - Date de parution : Janvier 2016 - Traduite de l'anglais (américain) par Johan-Frederik Hel Guedj - 250 pages à découvrir !
Joan soixante-quatre décide de quitter son mari alors qu’ils sont à bord d’un vol en direction de la Finlande. Son mari Joe écrivain va y recevoir un prix. Elle l’a connue quand elle était étudiante et lui professeur dans les années 60. L’étudiante douée est tombée amoureuse du professeur (mari et père) et ils ont fui ensemble. Une vie de couple démarrée sans bien matériel mais le premier roman de Joe va connaître un grand succès et lancer sa carrière. Joan démissionne de son travail pour se consacrer à sa famille et à Joe. Contrairement aux épouses des autres auteurs, elle est toujours aux côtés de Joe lors des lectures ou autres participations littéraires. Un monde où les femmes écrivains sont rares et sont sous-considérées la plupart du temps par les auteurs masculins.
Trois enfants et des petits-enfants, des activités associatives mais cette vie ne convient plus à Joan. Ou alors est-ce Joe le grain de sable ?
Le titre un brin trop évocateur laisse présager ce que l’on apprendra bien plus tard. Mais ce serait un tort de considérer Joan comme une épouse passive car elle n’a pas pas dit son dernier mot et nous révèle beaucoup de choses.
En dressant le portait de cette femme qui a soif de liberté le tout dans un contexte essentiellement masculin, Meg Wolitzer nous dépeint avec ironie le petit monde de la création littéraire, mais aussi avec lucidité et finesse, la place de la femme.
Malgré un faux air de déjà lu, un roman à découvrir !
Je ne lui avais pas posé la question par véritable inquiétude, mais par réflexe conjugal. (…) Est-ce que ça va ? Cela s’inscrit dans le cadre du contrat. Ce sont des choses qui se font, car ainsi vous laissez entendre que cela vous tient à cœur, que vous êtes attentive, alors qu’en réalité vous seriez plus immergée dans l’ennui le plus imparable et le plus profond.
Le billet de la tentatrice Cathulu ( qui m'a appris au passage ce qu'était un chat à neuf queues)
Lu de cette auteure : Les intéressants
Joan soixante-quatre décide de quitter son mari alors qu’ils sont à bord d’un vol en direction de la Finlande. Son mari Joe écrivain va y recevoir un prix. Elle l’a connue quand elle était étudiante et lui professeur dans les années 60. L’étudiante douée est tombée amoureuse du professeur (mari et père) et ils ont fui ensemble. Une vie de couple démarrée sans bien matériel mais le premier roman de Joe va connaître un grand succès et lancer sa carrière. Joan démissionne de son travail pour se consacrer à sa famille et à Joe. Contrairement aux épouses des autres auteurs, elle est toujours aux côtés de Joe lors des lectures ou autres participations littéraires. Un monde où les femmes écrivains sont rares et sont sous-considérées la plupart du temps par les auteurs masculins.
Trois enfants et des petits-enfants, des activités associatives mais cette vie ne convient plus à Joan. Ou alors est-ce Joe le grain de sable ?
Le titre un brin trop évocateur laisse présager ce que l’on apprendra bien plus tard. Mais ce serait un tort de considérer Joan comme une épouse passive car elle n’a pas pas dit son dernier mot et nous révèle beaucoup de choses.
En dressant le portait de cette femme qui a soif de liberté le tout dans un contexte essentiellement masculin, Meg Wolitzer nous dépeint avec ironie le petit monde de la création littéraire, mais aussi avec lucidité et finesse, la place de la femme.
Malgré un faux air de déjà lu, un roman à découvrir !
Je ne lui avais pas posé la question par véritable inquiétude, mais par réflexe conjugal. (…) Est-ce que ça va ? Cela s’inscrit dans le cadre du contrat. Ce sont des choses qui se font, car ainsi vous laissez entendre que cela vous tient à cœur, que vous êtes attentive, alors qu’en réalité vous seriez plus immergée dans l’ennui le plus imparable et le plus profond.
Le billet de la tentatrice Cathulu ( qui m'a appris au passage ce qu'était un chat à neuf queues)
Lu de cette auteure : Les intéressants
lundi 18 janvier 2016
Elena Ferrante - Le nouveau nom
Editeur : Gallimard - Traduit de l'italien par Elsa Damien - Date de parution : Janvier 2016 - 554 pages addictives !
Après plusieurs longs mois d’attente, avec Le nouveau nom nous retrouvons Elena Greco et Lila Cerullo découvertes dans L’amie prodigieuse. Ce dernier s’achevait sur le mariage de Lila âgée de seize ans avec Stephano. Elle s’est aperçue que son mari s’est associé avec les frères Solara des camorristes de Naples. En colère et malgré l’argent que lui permet d’accéder à une vie autre, elle dédaigne Stephano et le lui montre. Elena continue ses études et fréquente Antonio.
Comme dans L’amie prodigieuse, Elena souvent se dit qu’elle va s’éloigner de Lila, la laisser se débrouiller mais à chaque fois, elle vole à son secours. Même en faisant des études à Pise, Elena ne pourra pas échapper à la vie de son quartier de Naples.
Dans cette suite, les personnages s’étoffent, prennent conscience du décalage entre leurs désirs d’enfance et la vie. Elena et Lila ont vingt ans et deux deux avenirs opposés : Lila est déjà mère et Elena se concentre sur son futur professionnel.
Elena Ferrante nous plonge dans Naples au début des années 60, dans l’esprit et le cœur de ses personnages qui évoluent et décrit à merveille la société italienne, les différences de classes, la condition féminine.
Le nouveau nom est tout simplement un roman addictif ! Parce qu’avec une écriture qui semble spontanée et naturelle, on ressent les émotions tout comme les atmosphères, on visualise chaque scène.
Ce roman sur l’amitié, sur le passage à la vie adulte est riche par ses personnages, par tous les évènements qui vont se dérouler. Je ne veux pas en dire plus sauf qu’il faut absolument lire cette saga.
Patience est le mot d’ordre car la suite sera publiée en France en janvier 2017.
Mais je pensais : ce n'est pas vrai, je te raconte des mensonges. Dans l'inégalité il y avait quelque chose de beaucoup plus pervers, et maintenant je le savais. Quelque chose qui agissait en profondeur et allait chercher bien au-delà de l'argent. Ni la caisse des deux épiceries ni même celle de la fabrique du magasin de chaussures ne suffisaient à dissimuler notre origine.
Les billets d' Eva, Laure.
Après plusieurs longs mois d’attente, avec Le nouveau nom nous retrouvons Elena Greco et Lila Cerullo découvertes dans L’amie prodigieuse. Ce dernier s’achevait sur le mariage de Lila âgée de seize ans avec Stephano. Elle s’est aperçue que son mari s’est associé avec les frères Solara des camorristes de Naples. En colère et malgré l’argent que lui permet d’accéder à une vie autre, elle dédaigne Stephano et le lui montre. Elena continue ses études et fréquente Antonio.
Comme dans L’amie prodigieuse, Elena souvent se dit qu’elle va s’éloigner de Lila, la laisser se débrouiller mais à chaque fois, elle vole à son secours. Même en faisant des études à Pise, Elena ne pourra pas échapper à la vie de son quartier de Naples.
Dans cette suite, les personnages s’étoffent, prennent conscience du décalage entre leurs désirs d’enfance et la vie. Elena et Lila ont vingt ans et deux deux avenirs opposés : Lila est déjà mère et Elena se concentre sur son futur professionnel.
Elena Ferrante nous plonge dans Naples au début des années 60, dans l’esprit et le cœur de ses personnages qui évoluent et décrit à merveille la société italienne, les différences de classes, la condition féminine.
Le nouveau nom est tout simplement un roman addictif ! Parce qu’avec une écriture qui semble spontanée et naturelle, on ressent les émotions tout comme les atmosphères, on visualise chaque scène.
Ce roman sur l’amitié, sur le passage à la vie adulte est riche par ses personnages, par tous les évènements qui vont se dérouler. Je ne veux pas en dire plus sauf qu’il faut absolument lire cette saga.
Patience est le mot d’ordre car la suite sera publiée en France en janvier 2017.
Mais je pensais : ce n'est pas vrai, je te raconte des mensonges. Dans l'inégalité il y avait quelque chose de beaucoup plus pervers, et maintenant je le savais. Quelque chose qui agissait en profondeur et allait chercher bien au-delà de l'argent. Ni la caisse des deux épiceries ni même celle de la fabrique du magasin de chaussures ne suffisaient à dissimuler notre origine.
Les billets d' Eva, Laure.
dimanche 17 janvier 2016
Christian Garcin - Les vies multiples de Jeremiah Reynolds
Editeur : Stock - Date de parution : Janvier 2016 - 167 pages et un plaisir de lecture !
Quel rapport peut-il y avoir entre une théorie sur la terre creuse et le livre Mody Dick de Melville ? A priori aucun et pourtant après la lecture de ce roman, on serait tenter d’affirmer le contraire.
Tout débute au 19ème siècle aux Etats-Unis avec John Cleves Symmes Jr défenseur de la fameuse théorie. Cet ancien militaire cherche à lever des fonds afin de mener une expédition aux pôles (où se trouveraient les portes d’entrée pour accéder à l’intérieur de la terre). Hélas, celui-ci ne sait pas manier le verbe devant un public. Assistant à l’une de ses conférences, le jeune Jeremiah N. Reynolds est convaincu. De plus, il sait parler à un auditoire et la théorie est même présentée devant le Congrès. Et notre Reynolds se retrouve à bord d’un navire d'expédition. Mais les terres glacées de l’Antarctique ne lui révèlent aucune porte et après avoir risqué sa vie, il abandonne la théorie de son ancien collaborateur. Lors d’une escale au Chili durant laquelle il déserte, il tombe amoureux d’une jeune femme et combat auprès des communautés aborigènes. Après deux années, il abandonne le Chili et a pour projet de mettre sur pied une chasse à la baleine avec un ancien pêcheur de baleine. Mais c’était sans compter sur une bagarre qui le prive de son nouveau compagnon.
Il devient alors le secrétaire personnel du capitaine du navire le Potomac. Le revoilà sur mer et habité par les histoires racontées par le chasseur de baleine et celle en particulier d’un cachalot blanc qui échappe à tous les hommes.
A New-York, il décide qu’il est temps pour lui de reprendre des études et d’avoir une vie plus calme. Avocat et marié, il deviendra un ami d’Edgar Allan Poe ( le personnage d’Arthur Gordon Pym est inspiré de Reynolds) mais surtout il écrira un seul et unique livre Mocha Dick. "En octobre 1851, Reynolds a cinquante-deux ans. Herman Melville, qui en a vingt de moins, publie Mody Dick. Reynolds le lit peut-être. Peut-être pas. On n’en sait rien. De tout façon ce n’est pas un franc succès. Ca viendra, dans soixante-dix ans environ. Il suffit d’être patient."
Ce livre formidablement bien écrit est terriblement passionnant ! Sans temps mort, la trame à tiroirs nous suspend avec bonheur à cette vie hors du commun et Christian Garcin nous ferre du début à la fin. Un vrai plaisir de lecture !
Quel rapport peut-il y avoir entre une théorie sur la terre creuse et le livre Mody Dick de Melville ? A priori aucun et pourtant après la lecture de ce roman, on serait tenter d’affirmer le contraire.
Tout débute au 19ème siècle aux Etats-Unis avec John Cleves Symmes Jr défenseur de la fameuse théorie. Cet ancien militaire cherche à lever des fonds afin de mener une expédition aux pôles (où se trouveraient les portes d’entrée pour accéder à l’intérieur de la terre). Hélas, celui-ci ne sait pas manier le verbe devant un public. Assistant à l’une de ses conférences, le jeune Jeremiah N. Reynolds est convaincu. De plus, il sait parler à un auditoire et la théorie est même présentée devant le Congrès. Et notre Reynolds se retrouve à bord d’un navire d'expédition. Mais les terres glacées de l’Antarctique ne lui révèlent aucune porte et après avoir risqué sa vie, il abandonne la théorie de son ancien collaborateur. Lors d’une escale au Chili durant laquelle il déserte, il tombe amoureux d’une jeune femme et combat auprès des communautés aborigènes. Après deux années, il abandonne le Chili et a pour projet de mettre sur pied une chasse à la baleine avec un ancien pêcheur de baleine. Mais c’était sans compter sur une bagarre qui le prive de son nouveau compagnon.
Il devient alors le secrétaire personnel du capitaine du navire le Potomac. Le revoilà sur mer et habité par les histoires racontées par le chasseur de baleine et celle en particulier d’un cachalot blanc qui échappe à tous les hommes.
A New-York, il décide qu’il est temps pour lui de reprendre des études et d’avoir une vie plus calme. Avocat et marié, il deviendra un ami d’Edgar Allan Poe ( le personnage d’Arthur Gordon Pym est inspiré de Reynolds) mais surtout il écrira un seul et unique livre Mocha Dick. "En octobre 1851, Reynolds a cinquante-deux ans. Herman Melville, qui en a vingt de moins, publie Mody Dick. Reynolds le lit peut-être. Peut-être pas. On n’en sait rien. De tout façon ce n’est pas un franc succès. Ca viendra, dans soixante-dix ans environ. Il suffit d’être patient."
Ce livre formidablement bien écrit est terriblement passionnant ! Sans temps mort, la trame à tiroirs nous suspend avec bonheur à cette vie hors du commun et Christian Garcin nous ferre du début à la fin. Un vrai plaisir de lecture !
mercredi 13 janvier 2016
Colombe Boncenne - Comme neige
Editeur : Buchet-Chastel - Date de parution : janvier 2016 - 114 pages malicieuses !
De passage avec son épouse dans une petite ville de province, Constantin Caillaud découvre par hasard un livre d’Emilien Petit. Ce dernier est son auteur préféré mais le roman intitulé "Neige noire" lui est inconnu. Il le lit et et de retour à Paris, il s’aperçoit qu’il a oublié le livre à l’hôtel. Il contacte sa maîtresse Hélène pour lui faire part de sa trouvaille. Mais comme il ne peut lui montrer l’objet en question, Hélène croit à une plaisanterie.
« Curieux par nature, comptable de profession et passionné de littérature », Constantin ne veut pas lâcher le morceau et s‘active à des recherches. Le roman n’est pas répertorié dans l’œuvre d’Emilien Petit. En plus, ce dernier n’a plus écrit de plusieurs années et s’est retiré de scène littéraire. Constantin écrit aux amis de l'auteur dont Jean-Philippe Toussaint, Olivier Rolin, Antoine Volodine. L’affaire prend une ampleur inattendue car chacun a son opinion et on crie à la supercherie, au scandale ou à un stratagème élaboré par Emilien Petit (afin de faire parler de lui).
Dépassé, Constantin voit son nom écrit dans les journaux et on lui attribue la paternité de ce livre. Avec un sourire aux lèvres, on suit les (més)aventures de notre comptable plongé dans le milieu de l'édition où les pics et la jalousie ne sont jamais loin.
Malgré quelques toutes petites maladresses, voici un un premier roman original, malicieux, un brin décalé, pétillant et drôlement bien ficelé ! Ah oui, et si vous pensez trouver le fin mot de l’histoire et bien détrompez-vous car Colombe Boncenne s'amuse avec la réalité et la fiction !
De passage avec son épouse dans une petite ville de province, Constantin Caillaud découvre par hasard un livre d’Emilien Petit. Ce dernier est son auteur préféré mais le roman intitulé "Neige noire" lui est inconnu. Il le lit et et de retour à Paris, il s’aperçoit qu’il a oublié le livre à l’hôtel. Il contacte sa maîtresse Hélène pour lui faire part de sa trouvaille. Mais comme il ne peut lui montrer l’objet en question, Hélène croit à une plaisanterie.
« Curieux par nature, comptable de profession et passionné de littérature », Constantin ne veut pas lâcher le morceau et s‘active à des recherches. Le roman n’est pas répertorié dans l’œuvre d’Emilien Petit. En plus, ce dernier n’a plus écrit de plusieurs années et s’est retiré de scène littéraire. Constantin écrit aux amis de l'auteur dont Jean-Philippe Toussaint, Olivier Rolin, Antoine Volodine. L’affaire prend une ampleur inattendue car chacun a son opinion et on crie à la supercherie, au scandale ou à un stratagème élaboré par Emilien Petit (afin de faire parler de lui).
Dépassé, Constantin voit son nom écrit dans les journaux et on lui attribue la paternité de ce livre. Avec un sourire aux lèvres, on suit les (més)aventures de notre comptable plongé dans le milieu de l'édition où les pics et la jalousie ne sont jamais loin.
Malgré quelques toutes petites maladresses, voici un un premier roman original, malicieux, un brin décalé, pétillant et drôlement bien ficelé ! Ah oui, et si vous pensez trouver le fin mot de l’histoire et bien détrompez-vous car Colombe Boncenne s'amuse avec la réalité et la fiction !
lundi 11 janvier 2016
Emmanuelle Richard - Pour la peau
Editions de l'Olivier - date de parution : Janvier 2016 - 222 pages superbes !
Après une relation de six années qui s’est soldée par une rupture d’un commun accord, la narratrice cherche un nouvel appartement en province. C’est E. qui lui le fait visiter. Dégingandé, plus âgé qu’elle, le visage marqué de ceux qui ont vécu et il lui est presque antipathique En attendant de pouvoir gagner sa vie par l’écriture, elle a un travail alimentaire dans un magasin de jouets. Parce qu’elle ne veut plus d’affect, elle s’est inscrite sur un site de rencontres pour personnes mariées. Histoire de pas passer par la case des sentiments et des attaches. Des problèmes dans son nouvel appartement l'obligent à contacter E..
Ils vont donc se revoir. De textos à des rendez-vous pour boire un verre, elle en apprend plus sur lui : sa jeunesse à Londres, la drogue et sa copine qui l'a quitté. Sans jamais que l'idée ne l'effleure auparavant, elle s’éprend de lui, de sa façon d’être et de son corps. Ils avancent à tâtons, se découvrent. S'ensuivent quatre semaines d'amour en été où elle veut croire au bonheur présent et futur. Quitte à supporter les nombreuses fois où il boit trop, quitte à cracher sur ses résolutions (jamais je ne le ferai par amour ), à oublier les disputes et le risque d’avoir mal.
(…) comment passe-t-on de l'indifférence au mépris à la curiosité, puis au désir et enfin en sentiment amoureux ? À quel moment ai-je commencé à regarder E. ? À quel moment a-t-il commencé à me plaire ? À quel moment ai-je eu l’impression foudroyante de le voir, en entier, et d'en être bouleversée ? À quel moment a surgi le désir fou d'appartenir à cette homme à n'importe quel prix, comme jamais je n'avais désiré auparavant appartenir à quelqu'un, appartenir tout court, pour pouvoir me désintégrer et m'annuler à lui, oublier que j'existe et, simplement, essentiellement, veiller sur son corps, prendre soin de lui ? À quel moment suis-je tombée ?
Si j’ai indiqué cet extrait, c’est parce qu’il résume (je trouve) parfaitement la trame principale de ce roman. Tout y est décrit : le désir, l’attente, la peur, le manque de l’autre, l’incandescence, le plaisir incendiaire et charnel, le bonheur entraperçu et imaginé, les utopies, la puissance et la violence des sentiments, ce qu'on refuse d'admettre, la volonté d'y croire encore car le coeur ne veut pas, les faiblesses et la chute.
Un roman immensément intense et sans tabou où l’écriture fait appel à tous les sens et où toutes les sensations sont décrites superbement avec réalisme et subtilité (j'ai relu des passages entiers). De longues phrases à justes quelques mots, l’écriture colle au récit comme une seconde peau. En y ajoutant également des réflexions que le recul apporte, elle nous ouvre la porte sur l'ensemble des ressentis. Car il lui fallait écrire pour mettre un point final, pour reléguer E. au passé et ce, définitivement.
Je n’ai pas lu mais ressenti viscéralement ce deuxième roman d’Emmanuelle Richard. Un livre devenu hérisson tant j’y ai inséré de marque-pages !
Ceci est une chimère, bien sûr, mais en le vivant, en retrouvant ce goût, j'ai eu la sensation que la vie de nouveau était devant moi, ouverte à tous les possibles, et intense, neuve, lavée, évidente à un point qu'elle n'avait jamais été.
Je ne comprends rien à ce qu'il attend de moi, je commence à l'aimer, je décide d'oublier que je ne comprends rien et que c'est un jeu qui devient dangereux, se mettre à aimer un homme quitté (...)
Lu de cette auteure : La légèreté
Après une relation de six années qui s’est soldée par une rupture d’un commun accord, la narratrice cherche un nouvel appartement en province. C’est E. qui lui le fait visiter. Dégingandé, plus âgé qu’elle, le visage marqué de ceux qui ont vécu et il lui est presque antipathique En attendant de pouvoir gagner sa vie par l’écriture, elle a un travail alimentaire dans un magasin de jouets. Parce qu’elle ne veut plus d’affect, elle s’est inscrite sur un site de rencontres pour personnes mariées. Histoire de pas passer par la case des sentiments et des attaches. Des problèmes dans son nouvel appartement l'obligent à contacter E..
Ils vont donc se revoir. De textos à des rendez-vous pour boire un verre, elle en apprend plus sur lui : sa jeunesse à Londres, la drogue et sa copine qui l'a quitté. Sans jamais que l'idée ne l'effleure auparavant, elle s’éprend de lui, de sa façon d’être et de son corps. Ils avancent à tâtons, se découvrent. S'ensuivent quatre semaines d'amour en été où elle veut croire au bonheur présent et futur. Quitte à supporter les nombreuses fois où il boit trop, quitte à cracher sur ses résolutions (jamais je ne le ferai par amour ), à oublier les disputes et le risque d’avoir mal.
(…) comment passe-t-on de l'indifférence au mépris à la curiosité, puis au désir et enfin en sentiment amoureux ? À quel moment ai-je commencé à regarder E. ? À quel moment a-t-il commencé à me plaire ? À quel moment ai-je eu l’impression foudroyante de le voir, en entier, et d'en être bouleversée ? À quel moment a surgi le désir fou d'appartenir à cette homme à n'importe quel prix, comme jamais je n'avais désiré auparavant appartenir à quelqu'un, appartenir tout court, pour pouvoir me désintégrer et m'annuler à lui, oublier que j'existe et, simplement, essentiellement, veiller sur son corps, prendre soin de lui ? À quel moment suis-je tombée ?
Si j’ai indiqué cet extrait, c’est parce qu’il résume (je trouve) parfaitement la trame principale de ce roman. Tout y est décrit : le désir, l’attente, la peur, le manque de l’autre, l’incandescence, le plaisir incendiaire et charnel, le bonheur entraperçu et imaginé, les utopies, la puissance et la violence des sentiments, ce qu'on refuse d'admettre, la volonté d'y croire encore car le coeur ne veut pas, les faiblesses et la chute.
Un roman immensément intense et sans tabou où l’écriture fait appel à tous les sens et où toutes les sensations sont décrites superbement avec réalisme et subtilité (j'ai relu des passages entiers). De longues phrases à justes quelques mots, l’écriture colle au récit comme une seconde peau. En y ajoutant également des réflexions que le recul apporte, elle nous ouvre la porte sur l'ensemble des ressentis. Car il lui fallait écrire pour mettre un point final, pour reléguer E. au passé et ce, définitivement.
Je n’ai pas lu mais ressenti viscéralement ce deuxième roman d’Emmanuelle Richard. Un livre devenu hérisson tant j’y ai inséré de marque-pages !
Ceci est une chimère, bien sûr, mais en le vivant, en retrouvant ce goût, j'ai eu la sensation que la vie de nouveau était devant moi, ouverte à tous les possibles, et intense, neuve, lavée, évidente à un point qu'elle n'avait jamais été.
Je ne comprends rien à ce qu'il attend de moi, je commence à l'aimer, je décide d'oublier que je ne comprends rien et que c'est un jeu qui devient dangereux, se mettre à aimer un homme quitté (...)
Lu de cette auteure : La légèreté
dimanche 10 janvier 2016
Anna North - Vie et mort de Sophie Stark
Editeur : Autrement - Date de parution : Août 2015 - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean Esch - 376 pages et une très belle découverte !
«Au départ, je m ‘intéressais beaucoup à la façon dont bougent les gens, et c’est une chose qu’on ne peut pas montrer sur une photo, ou bien c’est difficile, et vous restituez des fragments.» Voilà comment Sophie Stark est devenue une jeune réalisatrice du cinéma indépendant. Solitaire, énigmatique, perfectionniste, elle est passionnée par son travail dans lequel elle s’investit corps et âme.
Sophie prend vie par le récit d’autres personnages. Allison la serveuse qui a tourné pour elle et qui était son amante, son frère protecteur, Daniel un étudiant doué au basket, Jacob un musicien qu’elle épousera à la surprise générale de tous, un producteur de cinéma ainsi que par les chroniques d’un journaliste qui permettent d’éclairer sous un autre jour ses films. Tous verront leur vie marquée par Sophie.
Assez asociale, elle semble manipuler les autres pour arriver à ses fins. A travers les différents récits, plusieurs facettes d’elle nous sont livrées : fascinante, intrigante, aimée, incomprise, égoïste ou encore insensible. En tant tant que lecteur, on a des fragments de sa personnalité mais qui sont forcément faussés, incomplets, marqués par ce que chacun a vécu avec Sophie .
Et il y a cette phrase marquante « Je pensais qu’en réalisant des films je ressemblerais plus aux autres, confia Sophie. Mais parfois, j’ai l’impression que ça me fait ressembler encore plus à ce que je suis. » Comme si Sophie voulait accéder à une sorte de normalité en réalisant des films et qu'elle se rendait compte de son impossibilité.
Dès le départ, la construction m’a ferrée tout comme l’atmosphère qui s’en dégage, Sophie m’a surtout hypnotisée. Un livre très bien construit que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher. Et même s’il m’a manquée un petit je ne sais quoi (peut-être le fait que Sophie reste une énigme), j’ai beaucoup aimé ce roman qui aborde les thèmes de la création, de l'artiste vulnérable et/ou manipulateur.
Une très belle découverte à ne pas rater !
Les billets d'Eva, Kathel
«Au départ, je m ‘intéressais beaucoup à la façon dont bougent les gens, et c’est une chose qu’on ne peut pas montrer sur une photo, ou bien c’est difficile, et vous restituez des fragments.» Voilà comment Sophie Stark est devenue une jeune réalisatrice du cinéma indépendant. Solitaire, énigmatique, perfectionniste, elle est passionnée par son travail dans lequel elle s’investit corps et âme.
Sophie prend vie par le récit d’autres personnages. Allison la serveuse qui a tourné pour elle et qui était son amante, son frère protecteur, Daniel un étudiant doué au basket, Jacob un musicien qu’elle épousera à la surprise générale de tous, un producteur de cinéma ainsi que par les chroniques d’un journaliste qui permettent d’éclairer sous un autre jour ses films. Tous verront leur vie marquée par Sophie.
Assez asociale, elle semble manipuler les autres pour arriver à ses fins. A travers les différents récits, plusieurs facettes d’elle nous sont livrées : fascinante, intrigante, aimée, incomprise, égoïste ou encore insensible. En tant tant que lecteur, on a des fragments de sa personnalité mais qui sont forcément faussés, incomplets, marqués par ce que chacun a vécu avec Sophie .
Et il y a cette phrase marquante « Je pensais qu’en réalisant des films je ressemblerais plus aux autres, confia Sophie. Mais parfois, j’ai l’impression que ça me fait ressembler encore plus à ce que je suis. » Comme si Sophie voulait accéder à une sorte de normalité en réalisant des films et qu'elle se rendait compte de son impossibilité.
Dès le départ, la construction m’a ferrée tout comme l’atmosphère qui s’en dégage, Sophie m’a surtout hypnotisée. Un livre très bien construit que j’ai eu beaucoup de mal à lâcher. Et même s’il m’a manquée un petit je ne sais quoi (peut-être le fait que Sophie reste une énigme), j’ai beaucoup aimé ce roman qui aborde les thèmes de la création, de l'artiste vulnérable et/ou manipulateur.
Une très belle découverte à ne pas rater !
Les billets d'Eva, Kathel
vendredi 8 janvier 2016
Philippe Claudel - L'arbre du pays Toraja
Editeur : Stock - Date de parution : Janvier 2016 - 216 pages qui m'ont très touchée.
Au printemps 2012, sur l’île de Sulawesi en Indonésie, le narrateur découvre le peuple des Toraja. Loin de nos rites funéraires où « l’on gomme la présence de la mort », les enfants morts sont déposés dans le tronc d’un arbre « au fil des ans, lentement, la chair de l’arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorcé ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait de monter vers les cieux au rythme patient de la croissance de l'arbre. » A son retour en France, son meilleur ami Eugène lui apprend qu’il a un cancer et en décède peu de temps après.
Bouleversé, lui qui est âgé d’une cinquantaine d’années, revient sur sa vie : son amitié avec Eugène, ses enfants et sa compagne plus jeune que lui, le temps qui passe et laisse des traces, ceux qui l’ont marqué, notre rapport au corps et à la mort.
Philippe Claudel aurait pu s’embourber dans quelque chose d’assez désespérant mais non. Au contraire, il nous livre un hymne à la vie avec des réflexions très justes sur le sens de la vie, l’amour, les éclats de bonheur. Et j’ai envie de dire que tout naturellement nos propres souvenirs remontent à la surface.
Avec une écriture poétique et beaucoup de sensibilité, l’auteur nous rappelle que la vie précieuse continue avec ceux qui logent dans nos cœurs comme dans une fabrique intérieure.
Les thèmes et la beauté qui se dégage de ce livre m'ont très touchée ! Une lecture forte et riche d'enseignements.
Notre vie n'est en rien une figure linéaire. Elle ressemble plutôt à l'unique exemplaire d'un livre, pour certains d'entre nous composé de quelques pages seulement, propres et lisses, recouvertes d'une écriture sage et appliquée, pour d'autres d'un nombre beaucoup plus important de feuillets, certains déchirés, d'autres plus ou moins raturés, plein de reprise et de repentirs. Chaque page correspond à un moment de notre existence et surtout à celle ou celui que nous avons été à ce moment-là, et que nous ne sommes plus, et que nous regardons, si jamais nous prend l'envie ou la nécessité de feuilleter le livre, comme un être tout à l'heure fois étranger et paradoxalement étrangement proche.
Le billet de Céleste
Lu de cet auteur : L'enquête - Le café de l'Excelsior - Le rapport de Brodeck
Au printemps 2012, sur l’île de Sulawesi en Indonésie, le narrateur découvre le peuple des Toraja. Loin de nos rites funéraires où « l’on gomme la présence de la mort », les enfants morts sont déposés dans le tronc d’un arbre « au fil des ans, lentement, la chair de l’arbre se referme, gardant le corps de l'enfant dans son grand corps à lui, sous son écorcé ressoudée. Alors peu à peu commence le voyage qui le fait de monter vers les cieux au rythme patient de la croissance de l'arbre. » A son retour en France, son meilleur ami Eugène lui apprend qu’il a un cancer et en décède peu de temps après.
Bouleversé, lui qui est âgé d’une cinquantaine d’années, revient sur sa vie : son amitié avec Eugène, ses enfants et sa compagne plus jeune que lui, le temps qui passe et laisse des traces, ceux qui l’ont marqué, notre rapport au corps et à la mort.
Philippe Claudel aurait pu s’embourber dans quelque chose d’assez désespérant mais non. Au contraire, il nous livre un hymne à la vie avec des réflexions très justes sur le sens de la vie, l’amour, les éclats de bonheur. Et j’ai envie de dire que tout naturellement nos propres souvenirs remontent à la surface.
Avec une écriture poétique et beaucoup de sensibilité, l’auteur nous rappelle que la vie précieuse continue avec ceux qui logent dans nos cœurs comme dans une fabrique intérieure.
Les thèmes et la beauté qui se dégage de ce livre m'ont très touchée ! Une lecture forte et riche d'enseignements.
Notre vie n'est en rien une figure linéaire. Elle ressemble plutôt à l'unique exemplaire d'un livre, pour certains d'entre nous composé de quelques pages seulement, propres et lisses, recouvertes d'une écriture sage et appliquée, pour d'autres d'un nombre beaucoup plus important de feuillets, certains déchirés, d'autres plus ou moins raturés, plein de reprise et de repentirs. Chaque page correspond à un moment de notre existence et surtout à celle ou celui que nous avons été à ce moment-là, et que nous ne sommes plus, et que nous regardons, si jamais nous prend l'envie ou la nécessité de feuilleter le livre, comme un être tout à l'heure fois étranger et paradoxalement étrangement proche.
Le billet de Céleste
Lu de cet auteur : L'enquête - Le café de l'Excelsior - Le rapport de Brodeck
mercredi 6 janvier 2016
Jill Alexander Essbaum - Femme au foyer
Editeur : Albin Michel - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier - Date de parution : Janvier 2016 - 387 pages vraiment beaucoup aimées !
Anna Benz âgée de trente-sept ans et d’origine américaine vit en Suisse depuis presque dix ans dans une banlieue de Zurich. Mariée à Bruno un banquier, et mère de trois enfants, sa vie est matériellement confortable. Sa belle-mère habite près de chez eux et elle garde volontiers ses petits-enfants même si elle est toujours distante avec sa belle-fille. Anna ne parle pas le suisse allemand, ne conduit pas et ne travaille pas et a un périmètre de vie restreint. Elle ne s’est toujours pas intégrée et se sent seule. Poussée par son mari à consulter un médecin, elle débute alors une psychanalyse et s’inscrit à des cours d'allemand. La jeune femme esquive à chaque fois les questions de sa psy pour ne pas lui avouer la vérité : elle trompe son ennui en ayant des amants.
Nous y voilà, pourrait-on dire, égoïste, capricieuse, libertaire (et j’en passe). Si quelquefois, Anna pense à rompre avec Archie (rencontré aux cours d'allemand), elle chasse très vite cette idée sans aucune culpabilité.
Engluée dans sa vie, ses escapades sexuelles lui permettent de s’évader de la monotonie. Jusqu'à ce qu'un drame se produise.
Les séances chez la psy, les cours de langue jalonnent tout le roman où les pensées d’Anna renforcent le malaise palpable. La psychologie tient une place très importante dans ce roman sur la quête d’identité, la souffrance, l'isolement et l'incapacité à être heureuse.
Le comportement et/ou la passivité d'Anna tout comme la sensation de ne pas cerner vraiment les autres personnages pourront agacer certains.
Jill Alexander Essbaum réussit à nous faire ressentir le désespoir qu'Anna entretient et qui la ronge.
Un premier roman très troublant, intelligent et magnétique, servi par une belle écriture sans aucune concession ( à noter le très bon travail de traduction) que j’ai vraiment beaucoup aimé !
Mais Anna ? Quelles étaient ses tendances ? Ce n'était pas un mystère. Avec Anna, tout était verbe. Elle manquait de rigueur dans ses conjugaisons et de prudence dans son usage des structures. Elle confondait temps et mode et avait trop souvent recours à la voix passive. Ces conclusions l'amusèrent. Comme je suis transparente ! Et elle l'était. Vraiment. Transparente, peu rigoureuse et triste.
Anna aimait le sexe sans l'aimer. Anna avait besoin du sexe sans en avoir besoin. Sa relation avec le sexe était un partenariat compliqué issu de sa passivité tout autant que de son indiscutable désir d'être distraite. Et désirée. Elle désirait être désirée. L'envie de distraction était récente chez elle ; sa soif d'être un objet de convoitise existait depuis des décennies. Mais les deux étaient le fruit d'une lassitude, elle-même née des dix dernières années de petites rancœurs et de menues blessures banales dont elle rendait Bruno responsable. Elles avaient engendré l'ennui, qui à son tour avait engendré certaines habitudes.
Une lecture tandem avec Cathulu.
Les billet d'Adepte du livre et de Cuné où vous trouverez d'autres extraits.
Anna Benz âgée de trente-sept ans et d’origine américaine vit en Suisse depuis presque dix ans dans une banlieue de Zurich. Mariée à Bruno un banquier, et mère de trois enfants, sa vie est matériellement confortable. Sa belle-mère habite près de chez eux et elle garde volontiers ses petits-enfants même si elle est toujours distante avec sa belle-fille. Anna ne parle pas le suisse allemand, ne conduit pas et ne travaille pas et a un périmètre de vie restreint. Elle ne s’est toujours pas intégrée et se sent seule. Poussée par son mari à consulter un médecin, elle débute alors une psychanalyse et s’inscrit à des cours d'allemand. La jeune femme esquive à chaque fois les questions de sa psy pour ne pas lui avouer la vérité : elle trompe son ennui en ayant des amants.
Nous y voilà, pourrait-on dire, égoïste, capricieuse, libertaire (et j’en passe). Si quelquefois, Anna pense à rompre avec Archie (rencontré aux cours d'allemand), elle chasse très vite cette idée sans aucune culpabilité.
Engluée dans sa vie, ses escapades sexuelles lui permettent de s’évader de la monotonie. Jusqu'à ce qu'un drame se produise.
Les séances chez la psy, les cours de langue jalonnent tout le roman où les pensées d’Anna renforcent le malaise palpable. La psychologie tient une place très importante dans ce roman sur la quête d’identité, la souffrance, l'isolement et l'incapacité à être heureuse.
Le comportement et/ou la passivité d'Anna tout comme la sensation de ne pas cerner vraiment les autres personnages pourront agacer certains.
Jill Alexander Essbaum réussit à nous faire ressentir le désespoir qu'Anna entretient et qui la ronge.
Un premier roman très troublant, intelligent et magnétique, servi par une belle écriture sans aucune concession ( à noter le très bon travail de traduction) que j’ai vraiment beaucoup aimé !
Mais Anna ? Quelles étaient ses tendances ? Ce n'était pas un mystère. Avec Anna, tout était verbe. Elle manquait de rigueur dans ses conjugaisons et de prudence dans son usage des structures. Elle confondait temps et mode et avait trop souvent recours à la voix passive. Ces conclusions l'amusèrent. Comme je suis transparente ! Et elle l'était. Vraiment. Transparente, peu rigoureuse et triste.
Anna aimait le sexe sans l'aimer. Anna avait besoin du sexe sans en avoir besoin. Sa relation avec le sexe était un partenariat compliqué issu de sa passivité tout autant que de son indiscutable désir d'être distraite. Et désirée. Elle désirait être désirée. L'envie de distraction était récente chez elle ; sa soif d'être un objet de convoitise existait depuis des décennies. Mais les deux étaient le fruit d'une lassitude, elle-même née des dix dernières années de petites rancœurs et de menues blessures banales dont elle rendait Bruno responsable. Elles avaient engendré l'ennui, qui à son tour avait engendré certaines habitudes.
Une lecture tandem avec Cathulu.
Les billet d'Adepte du livre et de Cuné où vous trouverez d'autres extraits.
mardi 5 janvier 2016
Hubert Haddad - Corps désirable
Editeur : 168 pages - Date de parution : Août 2015 - 168 pages troublantes et dérangeantes!
Journaliste d'investigation, Cédric Erg a coupé les ponts avec son passé et son père depuis bien des années. Sous son patronyme d’emprunt, il dénonce le lobby de l’industrie pharmaceutique avec laquelle son père a fait fortune. Avec Lorma une très belle femme, il vit le grand amour. Mais suite à un accident, il est entre la vie et la mort, et son corps est un tombeau. Des chirurgiens veulent tenter une première : greffer sa tête sur un autre corps. L’opération est une réussite et les différents risques comme celui du rejet sont écartés, mais Cédric vit mal avec ce corps qui n’est pas le sien et ressent cette impression d’être un usurpateur. Est-ce le cerveau qui commande tout ? Et la mémoire du corps ? Qui du corps ou de la tête est le greffon?
Avec une écriture travaillée et si délicieuse à lire, sans nous noyer sous des termes médicaux, Hubert Haddad ouvre de nombreuses portes d’où surgissent des questions. L’éthique, la morale, les progrès et/ou les dérives de la science, la folie surgissent à travers les lignes.
En peu de pages l’auteur non seulement installe un suspense mais décrit parfaitement les émotions avec beaucoup de subtilité. A lire incontestablement car ce roman est troublant, dérangeant et fascinant en même temps car il touche à l’identité de la personne.
Même s'il parvenait à accepter sa transplantation, la symbiose promise avec son hôte inconnu lui semblait tout à fait révulsante et contre-nature. Mais qu'allait-il faire de cette réalité hybride et dédoublée maintenant, car il éprouvait de manière irrépressible une dualité charnelle et mentale, une impression de coexistence monstrueuse.
Les billets de Le bruit des livres, Yv
Lu de cet auteur : Théorie de la vilaine petite fille - Vent printanier
Journaliste d'investigation, Cédric Erg a coupé les ponts avec son passé et son père depuis bien des années. Sous son patronyme d’emprunt, il dénonce le lobby de l’industrie pharmaceutique avec laquelle son père a fait fortune. Avec Lorma une très belle femme, il vit le grand amour. Mais suite à un accident, il est entre la vie et la mort, et son corps est un tombeau. Des chirurgiens veulent tenter une première : greffer sa tête sur un autre corps. L’opération est une réussite et les différents risques comme celui du rejet sont écartés, mais Cédric vit mal avec ce corps qui n’est pas le sien et ressent cette impression d’être un usurpateur. Est-ce le cerveau qui commande tout ? Et la mémoire du corps ? Qui du corps ou de la tête est le greffon?
Avec une écriture travaillée et si délicieuse à lire, sans nous noyer sous des termes médicaux, Hubert Haddad ouvre de nombreuses portes d’où surgissent des questions. L’éthique, la morale, les progrès et/ou les dérives de la science, la folie surgissent à travers les lignes.
En peu de pages l’auteur non seulement installe un suspense mais décrit parfaitement les émotions avec beaucoup de subtilité. A lire incontestablement car ce roman est troublant, dérangeant et fascinant en même temps car il touche à l’identité de la personne.
Même s'il parvenait à accepter sa transplantation, la symbiose promise avec son hôte inconnu lui semblait tout à fait révulsante et contre-nature. Mais qu'allait-il faire de cette réalité hybride et dédoublée maintenant, car il éprouvait de manière irrépressible une dualité charnelle et mentale, une impression de coexistence monstrueuse.
Les billets de Le bruit des livres, Yv
Lu de cet auteur : Théorie de la vilaine petite fille - Vent printanier
dimanche 3 janvier 2016
Abnousse Shalmani - Khomeiny, Sade et moi
Editeur : Grasset - Date de parution : 2014 - 331 pages engagées !
1983, Téhéran. Si Abnousse Shalmani n’est qu’une fillette de six ans, elle refuse de porter le voile et de couvrir son corps. Et elle court les fesses à l’air dans la cour de récréation. C’est son premier refus aux lois dictées par les « barbus » dans un pays où les femmes n’ont aucune liberté (et sont considérées comme des « objets dangereux »). Deux ans plus tard, sa famille réussit à quitter l’Iran et à s’installer à Paris.
Par ce qu’elle a vécu en Iran, elle qui croit si fort en la République et en la laïcité tombera de haut en voyant des femmes se voiler par choix. Son père lui a transmis son amour des livres et si elle lit d’abord Victor Hugo et Zola, elle découvre la littérature libertine puis Sade. Cet auteur est un choc, une révélation pour elle.
Dans ce livre autobiographique qui alterne des épisodes de 1983 jusqu’en 2013, avec fougue et sans manier la langue de bois, Abnousse Shalmani défend et revendique la liberté de toutes les femmes à travers le monde (qui va du droit d'aller à l'école à celui d'être traitée sur un même pied d’égalité que les hommes) en l'émaillant de réflexions et d'exemples.
Et même si je n’ai pas adhéré à tous ses propos (la symbolique de la coupe de monde de foot remportée par la France par exemple) ce qu’elle écrit sur les religions et la place de la femme ( et de son corps) sonne juste et percute. Les impacts du 11 septembre ou encore la montée du Front national : Abnousse Shalmani n'a pas froid aux yeux et signe un livre engagé !
C'est l'ignorance qui fait monter la température des acariâtres, c'est l'ignorance qui est la matière première des barbus. L'ignorance qui est perte de repère, qui est danger, qui est assassin. L'ignorance qui n'est jamais qu'une excuse pour taper plus fort, pour tourner le dos à l'Autre, pour rester enfermé dans des certitudes faciles. (...) Que chacun a toujours la tentation de piocher dans son ignorance pour clamer sa vérité.
Les billets de Delphine, Keisha
1983, Téhéran. Si Abnousse Shalmani n’est qu’une fillette de six ans, elle refuse de porter le voile et de couvrir son corps. Et elle court les fesses à l’air dans la cour de récréation. C’est son premier refus aux lois dictées par les « barbus » dans un pays où les femmes n’ont aucune liberté (et sont considérées comme des « objets dangereux »). Deux ans plus tard, sa famille réussit à quitter l’Iran et à s’installer à Paris.
Par ce qu’elle a vécu en Iran, elle qui croit si fort en la République et en la laïcité tombera de haut en voyant des femmes se voiler par choix. Son père lui a transmis son amour des livres et si elle lit d’abord Victor Hugo et Zola, elle découvre la littérature libertine puis Sade. Cet auteur est un choc, une révélation pour elle.
Dans ce livre autobiographique qui alterne des épisodes de 1983 jusqu’en 2013, avec fougue et sans manier la langue de bois, Abnousse Shalmani défend et revendique la liberté de toutes les femmes à travers le monde (qui va du droit d'aller à l'école à celui d'être traitée sur un même pied d’égalité que les hommes) en l'émaillant de réflexions et d'exemples.
Et même si je n’ai pas adhéré à tous ses propos (la symbolique de la coupe de monde de foot remportée par la France par exemple) ce qu’elle écrit sur les religions et la place de la femme ( et de son corps) sonne juste et percute. Les impacts du 11 septembre ou encore la montée du Front national : Abnousse Shalmani n'a pas froid aux yeux et signe un livre engagé !
C'est l'ignorance qui fait monter la température des acariâtres, c'est l'ignorance qui est la matière première des barbus. L'ignorance qui est perte de repère, qui est danger, qui est assassin. L'ignorance qui n'est jamais qu'une excuse pour taper plus fort, pour tourner le dos à l'Autre, pour rester enfermé dans des certitudes faciles. (...) Que chacun a toujours la tentation de piocher dans son ignorance pour clamer sa vérité.
Les billets de Delphine, Keisha
vendredi 1 janvier 2016
Bonjour 2016 !
Si je regarde dans le rétroviseur, j'ai été (et je suis encore) marquée par les événements qui ont eu lieu comme beaucoup de monde. Et sur le plan personnel, ça n'a pas été toujours facile ce qui explique en partie aussi ma grande pause. Mais l'amitié très forte de certaines personnes qui me sont chères a toujours été présente. Une amitié qui vous aide, vous donne du punch, vous soutient et ça, c’est immensément beau et précieux.
Côté lectures, j’ai eu beaucoup d’abandons (ils augmentent chaque année) mais aussi et heureusement, des livres m'ont fait sourire ou rire, d'autres m'ont interpellée et certains ont coulé sur moi sans m’atteindre (hélas). Et il y a les lectures de pur bonheur ! Celles-là restent gravées à jamais. Il me reste encore une petite quarantaine de chroniques à rapatrier mais je ne me mets aucune contrainte pour le blog.
Je vais continuer à appliquer la devise Carpe diem : prendre soin de moi et surtout de ma santé, profiter des miens, nager et croire toujours au pouvoir des mots.
Alors simplement, je vous souhaite de la gaieté, des fous rires, de la fantaisie pour balayer le terne, de l'amitié, de l’amour, de beaux échanges et de très belles lectures pour 2016!
Côté lectures, j’ai eu beaucoup d’abandons (ils augmentent chaque année) mais aussi et heureusement, des livres m'ont fait sourire ou rire, d'autres m'ont interpellée et certains ont coulé sur moi sans m’atteindre (hélas). Et il y a les lectures de pur bonheur ! Celles-là restent gravées à jamais. Il me reste encore une petite quarantaine de chroniques à rapatrier mais je ne me mets aucune contrainte pour le blog.
Je vais continuer à appliquer la devise Carpe diem : prendre soin de moi et surtout de ma santé, profiter des miens, nager et croire toujours au pouvoir des mots.
Alors simplement, je vous souhaite de la gaieté, des fous rires, de la fantaisie pour balayer le terne, de l'amitié, de l’amour, de beaux échanges et de très belles lectures pour 2016!
Port de Commerce à Brest vu de la rade ( photo prise cet été) |
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