lundi 30 septembre 2019

Kaouther Adimi - Les petits de Décembre

Éditeur : Le Seuil - Date de parution : Août 2019 - 256 pages

Cité du 11-Décembre-1960 de Dely Brasilia en Algérie, Jamyl, Mahdi et Inès, des enfants du quartier s’occupent en jouant au foot sur un terrain vague. La cité construite en 1987 a vu leurs aînés en faire leur terrain de jeu. Mais un jour de février 2016, deux généraux en fin de carrière débarquent avec l’intention de se l’approprier pour y construire leurs maisons. Certains des adolescents se rebellent, encouragés par Adila une ancienne moudjahida militante de l’indépendance algérienne. Ils ne veulent pas se laisser faire même contrairement à leurs parents qui vivent avec la crainte d'éventuelles repérésailles.  Et si le courage innocent, presque puéril, était l’étincelle qui met le feu aux poudres pour se lever contre un système gangréné ? Sous l’impulsion des adolescents, le terrain devient un emblème fédérateur pour les habitants du quartier.

Si l’auteure évoque l’indépendance de l’Algérie à travers notamment le personnage d’Adila une femme forte et respectée, elle revient principalement sur l’évolution politique récente de ce pays. A travers la voix d’Adila et de ses souvenirs, j’ai découvert les émeutes de 1988 durant lesquelles l’armée a ouvert le feu sur des manifestants, mais aussi l’émergence du groupe islamique armé, les attentats qui ont semé la terreur et la violence. Kaouther Adimi dresse également le portrait d’un pays entre passé et présent où les mentalités ont du mal à s’émanciper du poids culturel et de celui des traditions, et où les voix politiques discordantes tentent de s’élever.

Loin d’être rébarbatif, ce contexte politique est très instructif mais j’ai trouvé que l’auteure se répétait un peu dans sa trame. Et si le personnage d’Adila est étoffé, les autres personnages sont un peu moins aboutis à mon sens car brossés dans les grandes lignes. Au fil des pages, ce roman prend l’allure d’une fable.

Sans en dévoiler de trop, il m’a manquée une histoire plus conséquente, une empathie et des émotions. Au final, je retiendrai ce vent engendré par une nouvelle génération portée par l’envie de changement et de renouveau. Et même si quelquefois les vents dominants sont les plus forts, l’espoir est bien là. Peut-être fragile mais lumineux.

Papa, si tout le monde ne pense qu'à son petit avenir et son petit confort, comment ferons-nous pour changer les choses?

Le billet de Mimipinson qui a aimé

7 commentaires:

Aifelle a dit…

Un auteur que je n'ai pas encore lu. Malgré ta déception, il me paraît intéressant.

choup a dit…

Pas tentée par ce texte-ci, justement à cause du manque d'émotions que tu évoques. Je suis justement en train de lire Civilizations de Binet, et si c'est vraiment très intéressant et brillant du point de vue historique, je ne suis pas totalement emballée.

zazy a dit…

Nos richesses et l'envers des autres m'avaient beaucoup plu. Là, tu refroidis beaucoup mon envie de lire celui-ci

Alex Mot-à-Mots a dit…

Son précédent roman m'avait un peu déçu : j'avais trouvé qu'il lui manquait du corps. Alors après avoir lu ton avis, celui-ci ne me tente pas.

Krol a dit…

Oh ! J'avais bien aimé son tout premier roman, L'envers des autres.

tant qu'il y aura des livres a dit…

Recommandé par ma libraire, mais il ne me tente pas spécialement.

Géraldine a dit…

Ce roman reste tentant, malgré tes petits bémols. Comprendre un peu mieux ce qui se passe là-bas, dans ce pays lui aussi complexe, me motive. Je note !