samedi 26 février 2011

Seule devant sa glace

Derrière les apparences : voici le thème de cette semaine chez les Impromptus Littéraires.

Elle est arrivée là un peu par hasard. Sans point de chute.  Elle a rejoint le flot des gens qui partent pour démarrer une nouvelle vie. Laisser ses souvenirs et  essayer de les oublier, comme si avant il ne s’était rien passé. Elle s’est échouée  dans cette petite ville de province. On la voit dans sa blouse blanche au liseré  rosé à servir les clients. Derrière le comptoir, elle s’affaire avec  efficacité.  S’occuper les mains lui permet de ne pas  penser.  C’est devenu son échappatoire même si la culpabilité, la douleur ne franchissent jamais  cette porte de sortie. Aimable, polie, jamais désagréable. Elle s’efforce de rigoler aux blagues déjà entendues maintes fois, de s’intéresser au temps qu’on prédit.  Elle sourit  quand on lui demande « une baguette de pain, ma jolie ! Normal, hein ? On est dans une boulangerie ».  Ne s’offusque pas quand les derniers clients débarquent pressés un peu avant  19h30 et s’étonnent, méprisants qu’il n’y ait plus de choix. Les remarques désobligeantes glissent sur elle. Les compliments ou les mots gentils, pareil. Elle s’active du matin au soir. Toujours la dernière partie pour reculer le moment où elle devra  retrouver son studio meublé. Derrière les apparences d’une vendeuse, elle dissimule une vie qu’elle a perdue. Machinalement, elle enlève sa blouse puis se démaquille. Elle se retrouve seule avec elle-même devant sa glace. Sans les artifices dont elle se munit sur la journée, son visage lui renvoie son passé. Violent, douloureux. C’est le moment le plus dur. Celui où elle doit se confronter à ses cauchemars. Elle s’agrippe au lavabo et pleure.  Elle s’effondre sur le sol en murmurant « mon bébé, mon trésor ». Comme si ces paroles pouvaient lui ramener l’enfant qu’on lui a pris. Son enfant.

vendredi 25 février 2011

Pierre Lemaitre - Alex

Éditeur : Albin Michel- Date de parution : 02/02/2011 - 392 pages

Une  jolie trentenaire, Alex, essaye une perruque dans un magasin. Dans la rue, elle aperçoit un homme qu’elle a déjà vu dans le métro le même jour.  Le soir même, après avoir dîné seule dans un restaurant, elle se fait brutalement enlevée par cet individu. Le début de l’enfer pour Alex si l’on veut et le début d’une enquête pour le commissaire Camille Verhoeven…
Je vous imagine devant votre écran les cheveux hirsutes, la tasse de café  à  la main, un œil ouvert et l’autre à moitié fermé. Et là, votre sang ne fait qu’un tour, l'air hagard,  vous voulez crier mais la surprise vous  en empêche  (à moins que vous ne soyez en train de vous étouffer en avalant votre gorgée de café…). Quoi, comment ? Le commissaire Verhoeven ? Celui qu’on avait découvert dans  Travail soigné ? Et  oui, c’est bien  lui.  Cependant, ceux qui n’ont pas lu Travail soigné ne seront pas pénalisés. Depuis les évènements  tragiques ( soit on les sait, soit on les découvre), il s’agit de la première enquête du commissaire sur une affaire de disparition. Une disparition avec juste un témoin qui a vu de loin une camionnette blanche et une  victime non signalée. Voilà ce qui tracasse le commissaire. A partir de là, Pierre Lemaitre nous promène dans un thriller redoutable. On va de surprise en rebondissement,  la tension et le suspense vont en crescendo! Et je n’en dirai pas plus. D’ailleurs, ne lisez pas la 4ème de couverture qui en dit de trop...

Mais, j’ai quelques petits bémols. Certaines scènes sont vraiment très violentes , la première partie traîne un peu en longueur et j’ai trouvé que certains points n’étaient pas très cohérents (je pense justement à la fin de la première partie). Mais, j’ai été plus que secouée ! Tout  le livre alterne entre une narration sous deux angles celle de la jeune fille et celle du commissaire. J’ai trouvé l’écriture plus sèche que dans Travail soigné et que dans Robe de marié. L’auteur nous déroule un plan, une histoire extrêmement dure. Je ne m’attendais pas au pourquoi du comment qui m’a laissée complètement sonnée car je n’ai rien vu venir !
Un conseil, accrochez-vous…
Ma préférence va toujours pour le moment à Robe de marié.
Les billets de Canel, Lasardine, Pimprenelle, Sophie.

jeudi 24 février 2011

Kari Hotakainen - La part de l'homme

Éditeur : JC Lattès - Date de parution : 23/02/2011 - 285 pages

Salme est une ancienne mercière à la retraite. Elle rencontre par hasard un écrivain en manque d’inspiration  qui lui propose un marché. Lui raconter sa vie contre de l’argent pour en faire un livre. Une proposition folle, insensée  aux yeux de Salme. Mais celle ci a besoin d’argent et elle estime que sa vie vaut un prix plus élevé. Elle accepte de tout lui raconter contre 7000 Euros. Salme, mariée, mère de trois enfants lui promet de lui dire que la vérité.
Avertissement : si vous cherchez un livre qui vous livre un aspect tout rose et tout lisse  de la Finlande passez votre chemin…
Quel livre ! J’étais loin, mais vraiment très  loin de m’imaginer que cette lecture allait me troubler à ce point. Le hasard amène Salme à rencontrer un écrivain. Le marché est simple : lui raconter sa vie contre de l’argent.  Elle décide qu’elle ne dira pas tout et fait promettre à l’écrivain de n’écrire que ses propres paroles.  Après tout, elle peut lui parler de son  ancien commerce, de son mari Paavo et de ses trois enfants qui ont réussi leur vie. Comment elle et son mari ont gagné honnêtement leur vie, élevé et inculqué des valeurs à leurs enfants. Une vie qui semble lisse, parfaite, idéale même. Mais l’écrivain se questionne sur la véracité du récit de Salme.  On découvre que son mari Paavo s’est enfermé dans un mutisme et  que ses trois enfants Helena, Pekka et Maija n’ont  pas si bien réussi. Salme est une personne  foncièrement honnête qui ne comprend plus la société actuelle. Un monde où le profit et  le libéralisme  conduisent à toutes les dérives. Ses propres enfants  y ont contribué et en sont victimes à leur tour. Helena et  Pekka sont deux êtres laminés, essorés par ce système. Est-ce le récit de Salem qui nous est  livré ou l’écrivain y a t’il apporté une part de fiction ? On en sait pas par contre sans en dire de trop, on est bousculé, saisi par cette histoire où finalement tout s’imbrique. 

Il s’agit d’un livre dense remarquablement bien mené ! L’auteur nous pousse dans nos retranchements, nous amènent à nous questionner sur le monde dans lequel nous vivons et auquel nous participons.  Ca percute, ça clashe !
L’auteur nous met face à nous même avec beaucoup de sarcasme.  Il s'agit d'une lecture riche en réflexions sur des sujets qui ne peuvent pas laisser le lecteur indifférent.

Les personnages sont dirigés d'une main de maître. Rien n'est innocent ou laissé au hasard  et la fin m'a laissée sans voix...

mercredi 23 février 2011

Kathryn Stockett - La couleur des sentiments

Éditeur : Editions J.Chambon - Date de parution : 03/09/2010 - 526 pages

526 pages lues en apnée totale. On aurait pu m’annoncer qu’une vague de chaleur de 40 degrés minimum s’abattait sur Brest ou que la Rade n’existait plus, je n’aurais même pas réagi.Parce qu'une fois commencé ce livre, il est impossible de laisser Aibileen,  Minny et Skeeter. Cette lecture m'a attrapée, m'a ferrée et quand je ne lisais pas, leurs voix me trottaient dans la tête.
J’étais à Jackson, ville du Mississipi en cette année 1962.  Aux côtés d'Aibeleen  dans la cuisine, je la regardais s’occuper avec amour de Baby Mae Mobley. Mais aussi à  nettoyer, laver, préparer  les repas… A faire son travail de domestique, de bonne. A répondre « Oui, Ma’am » à sa patronne et à ses amies. Serre les dents, leur servir le thé et ne rien dire lorsqu’elles parlent des Nègres qui sont si différents d’eux. J’ai tremblé de dégoût et de honte quand Minnie s’est faite renvoyée pour un vol qu’elle n’avait pas commis. Et quand Skeeter a décidé d’écrire un livre où les bonnes allaient pouvoir témoigner sur leurs patronnes blanches, j’ai eu envie de sauter de joie.  Elle qui une fois terminée ses études à la Fac veut montrer et apprendre ce qui se passe réellement. Même si ses parents emploient des gens de couleur, même si ce sont ses amies qui sont concernées.  Elle va réussir à convaincre Aibileen de lui faire confiance puis Minny. Elles se verront en cachette car Aibileen et Minny prennent des risques énormes. D’autres suivront et témoigneront elles aussi.
Tour à tour, Aibileen,  Minny et Skeeter parlent, racontent cette histoire. Roman polyphonique, on se glisse dans la peau de chacune d’elles et on vit, on ressent ce livre !   Avec leurs mots, c’est tout un passé qui ressurgit.  Un passé peu glorieux où écoles, hôpitaux, magasins, bibliothèques étaient différents pour les Blancs et les Noirs. Des temps où la ségrégation raciale était bien ancrée dans les mœurs des familles blanches du Mississipi. Les gens de couleur subissaient vexations, humiliations et bien pire s’ils décidaient de transgresser les lois en vigueur. Mais une époque aussi qui verra Martin Luther King faire un rêve.  
Alors oui ! Elles vont s’accrocher pour mener à bien ce projet fou ! L’injustice, le  racisme, la mesquinerie, le mépris mais aussi la peur,  la volonté que les choses changent, la vraie amitié, l’humour et  l’amour pur jalonnent  les pages de ce bon et vrai roman. Un roman magnifique, juste, drôle, sensible et  bouleversant !
Et pour moi, c’est plus qu’un coup de cœur !
A lire également, la postface de l’auteur qui est très touchante et toute en pudeur.
Plein de billets chez l'ami BOB.

lundi 21 février 2011

Emilie Desvaux - A l'attention de la femme de ménage

Éditeur : Stock - Date de parution : 12/01/2011 - 182 pages

Il s’agit d’un premier roman et c’est ô combien délicat d’écrire noir sur blanc que je n’ai pas accroché à ce livre. En fait, je n'ai pas réussi à rentrer dans cette histoire et à trouver ma place…
« Elle » raconte, prend à témoin une énigmatique femme de ménage. Sa femme de ménage qui vient tous les jeudis. Pas de mots inutiles échangés  entre elles, juste le strict minimum. Elle a 37 ans, elle est veuve depuis peu et  sans enfant. Elle habite dans une grande maison entourée d’un jardin. La maison où elle toujours vécu depuis qu’elle est née. Elle n’est pas seule car Marie-Jeanne, la jeune et belle cousine de son défunt mari s’est invitée à rester. Une relation sensuelle amoureuse naît entre les deux femmes mais elle voudrait que Marie-Jeanne parte et que tout cesse.

Qui est cette femme ? Aux premiers abords, on dirait qu’elle se languit, nonchalante, qu'elle passe ses journées à  attendre que le temps passe.  Ce récit est une longue lettre adressée à sa femme  de ménage. Elle ne connait rien d’elle mais c’est à cette femme silencieuse  qu’elle se confie. Je me suis posée la question de savoir si cette femme de ménage existait ou si elle était le fruit de son imagination.  Sa vie semble fade, triste, sans goût. Avec un mariage où l’amour s’était éteint. La mort accidentelle  de son mari ne l’a ni plongée dans un immense désarroi ni dans le chagrin. Elle vit enveloppée dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. Une mère distante, sèche. Un père affectueux. De trop, peut-être. Je n’ai pas compris  si elle faisait allusion à un amour incestueux ou à des gestes déplacés.  Marie-Jeanne est un rayon de soleil. Jeune et insouciante, elle se laisse porter par la vie. Mais sa présence l'envahit peu à peu et  le désir fait  place à une méchanceté froide.  Je me suis sentie perdue dans ce récit, dans cette maison et dans cette relation avec Marie-Jeanne. Perdue, cherchant mon chemin entre ses souvenirs, ses fantasmes. Une confusion désagréable en ce qui me concerne. Je me suis demandée où elle m’emmenait. Le sentiment d’être mal à l’aise m’a mise sur la défensive. Et,  je me suis sentie totalement étrangère à cette lecture.
Merci Laure-Anne !


dimanche 20 février 2011

Autopsie d'un mariage

Alors que Gwen fête aujourd'hui ses 18 ans de mariage, elle nous invite à la  manière des personnages de Blandine Le Callet dans Une pièce montée à raconter, imaginer...

Ah, un mariage supplémentaire pour ma commune. C’est bien ! Avec ça, le village ne va pas mourir. Tous ces jeunes ils feront des enfants qui iront à l’école. Encore que ces deux là, je ne sais pas s’ils en auront. Le marié a l’air d’un nigaud et la mariée n’est pas une beauté, loin de là !  Et le commerce ? J’oubliais ! Ginette qui se plaignait de n’avoir plus personne à sa supérette. Eh bien, ces couples,  ils consommeront. Je souris, allez, ils vont signer le registre et je vais leur faire cadeau d’une bouteille de champagne. Ils seront contents, émus et reconnaissants. Je vois déjà les parents du marié qui lorgnent sur le cadeau. J’ai trouvé une astuce, j’achète du bon champagne sur le compte de la mairie. Je garde la belle boîte et je le remplace par du mousseux premier prix. dans une semaine, c’est l’anniversaire du fiston... ça tombe bien !
Je ne  sais pas pourquoi Monsieur le Maire a voulu que je sois là aujourd’hui. Est-ce qu’il a besoin d’une adjointe pour célébrer un mariage ? Enfin, je ne vais me plaindre. J’ai posé sur la table mon carnet où je les note tous. Ce couple c’est le troisième de l’année. Et bien pas de chance pour eux ! J’applique les statistiques à la lettre : un mariage sur trois finit par un divorce et bien, ce sera vous ! Quel plaisir de barrer  déjà leurs noms. Franchement, les gens devraient réfléchir et se renseigner. Et je peux affirmer  que d’ici moins de deux ans, leur mariage ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Oh oui, ils la maudiront cette journée !Je souris à toute l’assemblée, s’ils savaient ce que je pense. Allez oui, c’est le plus beau jour de votre vie, on en reparlera...
Je me demande d’où mon fils a pris ce physique. Sûrement pas de mon côté,  il a l’air d’un poireau ! Comment un homme aussi beau que moi a pu donner ce  résultat ? Désespérant ! Et dire qu’il a fallu payer et l’inscrire sur Internet. Et tout ça pour quoi ? Pour trouver cette grosse dinde qui habitait à moins de 50 kilomètres.  Moi je n’avais que l’embarras du choix, elles me courraient toutes après ! Tiens, la tante du dindon me regarde et je devine l’éclosion d’un sourire. Elle n’est pas trop mal. Mais Ce n’est parce qu’on a 50 ans, qu’on est obligé de faire dans la gaine et la culotte Damart ! Je vise sa fille toute pimpante dans sa petite robe moulante. Oh oui, je devine ses petits seins qui n’attendent que moi … La journée ne sera pas perdue.
Il parait que certaines pleurent lorsqu’elles marient leur fille. C’est idiot. Voilà le maire qui décline son identité «  fille de Monsieur Perron Jean et de Madame Perron Martine ». S’il savait. Personne ne sait. Même pas mon mari. Ma fille est ma croix que je porte depuis 28 ans. Rien qu’à la voir ou la  regarder,  je me sens sale et humiliée. Je n’ai jamais pu aimer cet enfant. Elle m’inspire du dégoût, de la haine. Il y a 28 ans, un soir que je revenais de l’usine, ils m’attendaient près d’un bosquet. J'avais 21 ans. Deux d’entre eux  se sont mis  devant mon vélo et le troisième se tenait près de moi. Il puait l’alcool et puis il a essayé de m’embrasser. J’ai voulu me défendre et les deux autres sont intervenus pour me flanquer par terre. J’ai crié, j’ai pleuré. Je les ai suppliés. Ils n’ont rien voulu entendre. J’entendais leurs rires pernicieux, je sentais leurs souffles d’animaux dans mon cou. Ce qu’ils m’ont laissé, c’est elle. Née neuf mois plus tard alors que j’étais déjà fiancée à Jean. Heureusement qu’on n’avait pas attendu le mariage comme ça il n’a rien su. Non, et personne ne le saura qu'elle représente tout ce mal.

samedi 19 février 2011

1 billet publié = 10 repas offerts aux restos du Cœur

Avec nos blogs, on peut aider les restos du cœur. Concrètement.  
Comme l’année dernière, Danone et Carrefour se sont associés aux Restos du Cœur pour financer 10 repas pour chaque billet qui parle de la collecte. Il suffit donc de publier sur votre blog un article parlant de la collecte alimentaire qui aura lieu les 4 et 5 mars 2011. C’est simple mais surtout ça permet à des personnes de manger....  
En 2010, cette mobilisation des blogueurs avaient permis d’offrir 16 675 repas.
Toutes les d'infos ici.
Je suis consciente que je fais de la pub pour deux entreprises  "poids lourds" mais je trouve que ça en vaut largement la peine...

Ammaniti, Camilleri, Carlotto, Dazieri, De Cataldo, De Dilva, Faletti, Fois, Lucarelli, Manzini - Petits crimes italiens

Éditeur : Points - Date de parution : 06/01/2011 - 465 pages

Rien que cette liste d’auteurs évoque l’Italie, les assiettes de pâtes fumantes, le goût des tomates rehaussé par le basilic… Stop ! J’arrête de vous affamer. Voilà un recueil  différent de ce que  je peux lire habituellement.  Neuf nouvelles écrites par  dix auteurs, la première Mon trésor a été écrite à quatre mains. Toutes se déroulent en Italie et sont des nouvelles noires…  


Je lis très rarement des polars, des policiers mais ce recueil m’a donné envie de découvrir davantage ces auteurs ! Et ces longues nouvelles sont très travaillées ! Des histoires où des bandits, des hommes qui se révèlent sans scrupule et des carabiniers se croisent.  Un chirurgien esthétique cocaïnomane planque sa drogue dans les faux seins d’une de ses patientes ( ma préférée !), une petite crapule kidnappe le petit garçon de sa maîtresse et demande une rançon, la grand-mère d'un candidat aux  élections est étrangement assassinée, un journaliste pense avoir retrouvé la trace d’un ancien présentateur télé…
Pas de rose mais du noir avec  en prime de l’humour dans certaines nouvelles. De belles écritures et franchement, je dis bien !  Des nouvelles de grande qualité  à découvrir !


Tsuttt,tsuttt, tsuttt... "ajout du soir, espoir".... j'en ai même oublié le logo Voisins/Voisins :

« Ajout du dimanche car ça me démange » (difficile de faire des rimes)
Des nouvelles ! Et hop, je participe au challenge de Sabbio en tant que novelliste passionnée !! Tout le monde le sait, les nouvelles sont mon pêché mignon, ma danseuse...

vendredi 18 février 2011

Anne Percin - Comment (bien) rater ses vacances

Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : 30/10/2010 - 186 pages

Maxime, 17 ans, ne veut pas partir en vacances cette année avec ses parents. Le GR20 en Corse, très peu pour lui ! Il préfère aller rester chez sa grand-mère au Kremlin-Bicêtre : grasses matinées, ordi et mettre les pieds sous la table… En somme, les vacances idéales de tout Ado normalement constitué. Sauf que les vacances cool vont s’envoler très vite…
Avec ce livre, je viens de découvrir Anne Percin sous un autre jour. Après Point de coté qui m’avait fracassée, comment (bien) rater ses vacances est un condensé d’humour. Durant ses vacances, Maxime va devoir se responsabiliser tout seul comme un grand  entre « j’apprends à me faire à manger », musique et tchat sur le net. Et à 17 ans, on a beau  être  un  « presque »  adulte, le moral peut avoir aussi des baisses de régime. L’écriture est vive, rapide avec des pointes incisives ! Et petit bonus, c’est bourré de références musicales. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde ! Anne Percin nous décrit un Ado bien sympa et pas trop pénible il faut l’avouer. J’ai retrouvé dans Maxime des traces de ma grande Fifille Ado comme la  machine à laver le linge c’est hyper compliqué vu tous les programmes. J’ai adoré le sens de la répartie et les vannes de Maxime ! On s’abstient de commentaires sur mon supposé âge mental …J’ai rigolé et j’ai passé un très bon moment ! Et en plus, il se lit tout seul !
Les billets de Cathulu, Gwen, Miss Orchidée
"Depuis qu'elle est veuve, il s'inquiète toujours pour elle, à sa façon, c'est-à-dire discrètement. Il était peut-être rassuré d'avoir un agent dans la place. Chez les Mainard, on a la fibre james-bondienne. Tout le monde se surveille dicrètement du coin  de l’œil sans rien dire. Les parents de ma mère, eux, je ne sais pas s'ils ont une fibre. Ou alors, c'est du nylon. Costaud mais transparent."


jeudi 17 février 2011

Ron Carlson - Le signal

Éditeur : Gallmeister - Date de parution : 05/01/2011 - 223 pages de nature splendide !

Mack vient de sortir de prison. Il a demandé à son ancienne épouse Vonnie de l’accompagner en randonnée comme ils le faisaient chaque année. Ce temps où l’amour les unissait et les faisait gazouiller.  Une promenade santé dans le Wyoming  en souvenir du bon et vieux temps ?  Ce serait penser que Mack n’a rien gardé de ses mauvaises fréquentations…
Je ne vais pas être la premier ni la dernière à pousser un cri à l’égard du bandeau qui annonce « un roman au suspense à couper le souffle ». Car il a fallu attendre la seconde partie du livre pour que je commence à me mordiller les ongles ... Mack avait tout du gars sympa, gentil mais il y a eu des problèmes d’argent inattendus. Et la suite de la chanson, j’ai envie de dire qu’on la connait. L’alcool, les copains douteux et Vonnie a préféré le quitter et le laisser dans ses embrouilles. Après son passage de plusieurs mois par la case prison,  Mack n’a pas vraiment changé hélas. Et quand il invite Vonnie  à cette randonnée, ce n’est pas uniquement  en souvenir des temps heureux. En les suivant sur ces plusieurs jours de randonnée, on sent bien que tous les deux ont gardé des sentiments l’un pour l’autre. Mack n’a pas un mauvais fond, loin de là,  mais un grand besoin d’argent. Tout doucement, on  commence à se poser des questions et à se demander ce qu’il va arriver. Sans être bouche bée par l’intrigue, j’ai apprécié comment l’auteur nous mène tranquillement avant que tout s'enchaîne. Je n’en dis pas plus…
Les descriptions des montagnes, des cours d'eau sont magnifiques et on s’y croit ! J’ai été époustouflée par tous ces détails qui rendent si réelle et si juste cette nature du Wyoming ! Attention, je suis en train de prendre goût au Nature Writing...
Les billets d’Aifelle, Keisha (chez qui vous trouverez d’autres liens), Sylire

mercredi 16 février 2011

Sophie Brucker - Ils diront d'elle

Éditeur : JC Lattès - Date de parution : 09/02/2011- 266 pages

Estelle, la cadette d’une fratrie, a vécu les tromperies et les mensonges de son père. Un père coureur de jupons et une mère qui ne voyait rien. Des frères et des sœurs plus âgés et  Estelle s’est très vite  retrouvée seule avec ses parents. Son père a pris la poudre d'escampette les abandonnant elle et sa mère. Quelques années ont passé, Estelle  a préféré quitté  Paris pour s’installer dans une ville de Charente-Maritime où elle vit avec Vanessa. Les fêtes de Noël approchent et Estelle les redoute. Elle voudrait s’y soustraire pour ne pas voir sa famille.

Tous les ingrédients étaient réunis dans ce roman pour qu’il me plaise… Le poids de l’enfance qu’Estelle porte comme une croix, les peines et les souffrances accumulées, non dites. Sa façon d'agir, éviter sa famille pour ne pas faire face aux jugements. Et surtout la culpabilité qu’elle traîne. Culpabilité d’avoir couvert son père, de n’avoir rien dit à sa mère. Estelle s’est considérée très tôt comme" un trait d'union entre ses parents". Un rôle pour les maintenir ensemble. Ce qui n'a pas empêché son père de partir.
Mais, voilà, je me suis enlisée dans cette histoire. Très vite, j'ai trouvé que les questions d’Estelle sur sa vie et ses choix tournaient en boucle.  Et même si je comprenais Estelle, sa mélancolie a fini par m'agacer. J'ai eu l'impression qu'elle s'enfermait dans sa coquille et qu'elle s'y complaisait presque.  Il y a également Vanessa. Une femme affirmée qui n'a pas froid aux yeux. Leur amour y est décrit avec sensibilité. Mais, hélas, ça n'a pas suffi pour que l'étincelle s'allume.

Vous l'aurez compris, ça n'a pas été le coup de foudre entre ce livre et moi...

Le billet de Cathulu beaucoup plus enthousiaste que moi !

lundi 14 février 2011

Gaëlle Josse - Les heures silencieuses

Éditeur : Autrement - Date de parution : 02/01/2011 - 135 pages

1667, Hollande, la  ville de Delft est le siège de la compagnie néerlandaises des Indes orientales et vit du commerce par voie maritime. La qualité de femme de  Magdalena  ne lui a pas permis de prendre la relève de son père à la tête de la compagnie.  Grâce aux liens du mariage, son époux Pierre Van Beyeren  a hérité de  cette fonction.  Bien que cantonnée à officier dans son foyer, Magdalena semble une femme comblée. A travers son  journal, elle se livre.
Les heures silencieuses est un livre que l’on ouvre et où l’on est immédiatement bercé par les premières lignes. Il ne reste plus qu’à le savourer. Et c’est ce que j’ai fait ! Dans une écriture élégante mais sans fioriture ou excès, Magdalena  parle d’elle et on a l’impression de lire un journal écrit au 17ème siècle. L’élégance alliée à la poésie et à la sensibilité ... et je craque !  A travers son journal qui s’étale sur un mois, Magdalena se confie. Elle nous livre ses remords, ses blessures, ses joies et  ses peines. Sans en dire de trop, on est transporté dans cette Hollande d’autrefois. La peinture joue un rôle important, fil qui ourle en couleurs ce portait de femme. Une femme qui se dévoile en tant qu’épouse,  mère, mais aussi celle qui a des envies interdites et regrette de n’être pas né garçon. Alors oui, encore un beau récit intimiste qui m’a touchée !
Gaëlle Josse nous offre là un premier livre qui explore le cœur et l’âme, un tableau ancré dans une époque et un lieu. Un seul regret : celui d’avoir tourné la dernière page, j’aurai bien aimé en lire davantage ! Une auteure à suivre de très, très près…je vous le dit ! Cette lecture m'a remise en mémoire le livre La jeune fille  à la perle de Tracy Chevalier.

Les billets de Chaplum ( Manu), Fransoaz, Livrogne.
Je sais désormais qu’il faut agir selon son cœur, au plus près de ce qui nous semble juste et ne jamais accepter ce qui nous fait violence. J’ai failli ce jour-là, et le prix de ce manquement est une croix de plomb sur mes épaules.
L’ordre, la mesure et le travail sont des remparts contre les embarras de l’existence (…) Ce que nous tentons de bâtir autour de nous ressemble aux digues que les hommes construisent pour empêcher la mer de nous submerger. Ce sont des édifices fragiles dont se jouent les éléments. Elles restent toujours à consolider ou à refaire. Le cœur des hommes est d’une moindre résistance, je le crains.

dimanche 13 février 2011

les faux-semblants

Un tableau et à nous de laisser notre imagination tricoter ou broder ! Aujourd'hui, carte blanche chez Gwen. Il n'y a qu' à regarder, se laisser imprégner par cette jeune fille et se demander à quoi elle peut bien penser...

Elle vient de partir après m’avoir annoncé que mon père était ruiné. Je suis affligée, il faut que je le montre.  Que mon visage renvoie toute cette peine soudaine. Comme si le monde venait de s’écrouler. Une jeune fille promise à un bel avenir qui se retrouve sans rien. Je n’ai pas à me forcer. Au contraire, je dois taire mon envie de crier, de hurler devant le choix qui me torture. Il faut que je tienne encore quatre ou cinq minutes. Maximum. Quelques minutes qui me paraissent interminables. Le résultat du laboratoire tournoie dans mon esprit. Enceinte ! Je suis enceinte !  J’ai envie de pleurer. Non pas de bonheur mais parce que ma vie devient compliquée tout d’un coup. Talentueuse, j’ai travaillé dur pour arriver où j’en suis. Promise à une belle carrière, j’ai fait l’erreur de tomber amoureuse. Je croyais qu’il était sincère et qu’il m’aimait vraiment. Quand je lui ai annoncé la nouvelle, il m’a répondu sèchement : « débrouille-toi, je n’en veux  pas de ce gamin ». Une  simple formalité pour lui.  Quand je pose la main sur mon ventre, je n’arrive à m’imaginer qu’il contient la vie. Une vie.  Qu’est ce que je vais faire ? Je dois choisir entre garder cet enfant, renoncer à mon travail ou alors… Je n’ose pas y penser, c’est trop dur. Mon cœur va exploser, alors je mords  violemment  l’intérieur de la joue lèvre. Encore. Jusqu’au sang comme une meurtrière. J’ai envie de me lever, de partir, de tout quitter. Mais je dois continuer, jouer avec  les faux-semblants.
-Coupez ! Fanny tu as été superbe ! La scène est impeccable ! On sent que la chute financière de ton père te dévaste ! J’ai fait un gros plan, c’est du bon boulot ! Allez, tu peux sourire maintenant.
Oui, je peux sourire. J’ai joué mon rôle de personnage. Mais comment être heureuse dans la vraie vie ?  

samedi 12 février 2011

Fabienne Juhel - Les hommes sirènes

Éditeur : Rouergue - Date de parution : 08/01/2011 - 300 pages sublimes et d'une puissance incroyable...

Antoine, la quarantaine, apprend qu’il a un problème cardiaque. "Un caillou, un scrupule, un caillot, un remords, au choix... ". Une inscription sur une palissade  "Défense de déposer des ordures" et il laisse sa femme Maryse, son fils et  son ami Brian. Il part, il marche vers la mer qu’il veut voir. Lui, L’Homme aux origines indiennes, cherche  à comprendre son enfance pour se découvrir lui-même.
Comment parler de ce livre ? Je suis ressortie éblouie, ébranlée, stupéfaite et conquise ! Eblouie car dans  ce livre, Fabienne Juhel crée un univers à part. Un monde bien réel mais où les rebouteux à moitié sorciers, les loups et  une maison aux 113 fenêtres ont leur place. Elle nous plonge dans cet univers où L’Homme, Antoine, a grandi. Une enfance qui se dévoile peu à peu étrange, mystérieuse.  Des parents adoptifs qu’il appelle les Ténébreux, les Alpha. Eli et Eve Eckert  un couple aux  attitudes surprenantes, malsaines. Frère et sœur, ils portent en eux les traces indélébiles des camps d’extermination. De ce passé, ils entretiennent  une relation singulière avec la mort et portent un regard froid, sordide sur la condition des hommes.  Une enfance conditionnée sèche, aride qui sèmera le trouble  au plus profond d’Antoine. Auprès d’Eugénie la cuisinière, il trouvera de l’amour. Du vrai. Poète sans renommée, le déclic de partir  lui vient  en lisant des lettres peintes aux abord d'un chantier. Antoine disparait pour laisser place à Abhra, son vrai prénom qui signifie "nuage" :
 "Prêt à récupérer son nom d’Indien, à se laisser pousser les cheveux et à mesurer le monde sous sa semelle. Nuage pour mieux se fondre dans le paysage. Oui, il est prêt à prendre le pouls de la Terre, à en capter les vibrations. A voler de ses propres ailes, avec ce qui lui reste de cœur et de courage, jusqu’à la première mer qui voudra bien le coucher sous son édredon d’écume". L’homme marche, part sur les chemins pour se reconstruire, se nourrir de ses racines. 
J’ai été bousculée par la noirceur qui côtoie le lumineux, la beauté et la pureté.  Ce livre est hypnotique, l’écriture de Fabienne Juhel est stupéfiante. Elle arrive à marier la poésie,  l’âpreté des mots, la délicatesse pour en faire une écriture qui nous enveloppe, qui nous berce ou nous chavire. L’histoire, la quête d’Antoine pour s’approprier son identité d'Abhra  et se trouver m’a interpellée, conquise…
Il s’agit d’une lecture magnifique, aux accents atypiques, puissante. C’est tout simplement sublime… Un gros coup de cœur ! Un livre dont on ne sort pas indemne...

Le billet de Pascale.

vendredi 11 février 2011

Pete Fromm - Indian Creek

Éditeur : Gallmeister - Date de parution : 07/09/2006 - 266 pages de bouffées d'air pur et de nature sauvage...

Besoin de prendre l’air ? De se ressourcer et de retrouver le contact avec la nature ? Avant de partir dans une cabane perchée  en haut d’un arbre (oui, je sais, c’est tendance), lisez  ce livre ! Jamais je n’aurais soupçonné qu’un jour je rêverai de devenir une sorte de Davy Crockett moderne l'espace de quelques jours. Mais c’était sans compter sur Keisha la terrible et sa force (ou son super pouvoir) de persuasion !
Pete Fromm, un jeune étudiant, accepte un poste de surveillant de deux millions d’œufs de saumons pour l’état de l’Idaho. Le voilà qui s’embarque à passer l’hiver  au plein cœur des rocheuses avec pour compagnon un chien et comme habitat,  une tente chauffée par un poêle à bois. Sans aucune expérience, il va devoir tout apprendre pour vivre dans la nature.
On suit Pete, le débutant qui ne sait pas ce que c’est une corde de bois ou comment chasser. Et, il raconte avec beaucoup d’humour sa naïveté, ses mésaventures  et son apprentissage à cette vie. Seul et isolé, ses journées sont rythmées par des préoccupations élémentaires comme se nourrir, se chauffer. On s’imagine à ses côtés dans les rocheuses à marcher dans la neige avec des claquettes, à contempler la nature sauvage. Sa rencontre avec des chasseurs,  les moments de blues, les visites du garde et le bruit de la motoneige, la chasse malgré le froid… tout s’enchaîne merveilleusement bien et j’ai passé un agréable moment de lectureMes seuls bémols, j’ai trouvé qu’il manquait une certaine réflexion sur  la préservation de cette nature et en particulier les animaux. Et enfin, l’épilogue m’a semblé un peu trop « tout est beau, tout est rose ».
Un livre qui résonne comme une déclaration d'amour à cet environnement !
D'autres avis chez l'ami BOB. J'inaugure par cette lecture le challenge Nature Writing (qui l'eût cru ?) !
Merci à Keisha pour ce livre voyageur.




 

jeudi 10 février 2011

Kurt Vonnegut - Le petit oiseau va sortir

Éditeur : GRASSET - Date de parution : 19/01/2011 - 374 pages

Un recueil de quatorze nouvelles inédites de l’auteur américain Kurt Vonnegut. Ces textes datent des années 1950, époque où   Kurt Vonnegut se lançait dans l’écriture et commençait à publier des récits dans des magazines. Il s'agit un jeune homme d'une trentaine d'années qui a connu l'horreur :  le suicide de sa mère, une seconde guerre mondiale et les prisons allemandes. Pourquoi ces indications ? Pas pour meubler et faire des lignes, rassurez-vous. Mais parce justement ces nouvelles sont inscrites dans le contexte des années 50. L'auteur y apporte un regard franc, désenchanté et sans concession.

Je ne vais pas vous détailler les quatorze nouvelles. Il s’agit d’un recueil où l’humour, le loufoque et la fantaisie servent de palette pour brosser le portait d'un pays et "de son petit peuple de laissés-pour-compte, de dépressifs, d'introvertis, d'opportunistes". Le sourire s'estompe et laisse place au goût amer d'un douloureux constat. Toutes ces nouvelles ont un point commun, elles amènent le lecteur à se poser des questions.
Dans Confido, un employé banal invente un objet un objet qui contient toutes nos pensées même les plus basses ou celles qui sont inavouables. Il espère devenir millionnaire en le vendant. Ira-t'il jusqu’au bout de son projet ?

Avec Fubar, un employé dépressif a son bureau au fin fond d’un gymnase où il ne voit jamais personne. Sa vie va changer avec l’arrivée d’une secrétaire.
Ed Luby’s Kay Club m’a donnée des frissons dans le dos ! Une ville sous l’emprise d’un seul homme riche et puissant. La police, les juges travaillent pour lui. Cette nouvelle dégage une tension qui va en crescendo.
Dans les gentilles petites créatures, la science-fiction se fait une place dans le quotidien d’un homme. Il découvre dans un objet 6 petits humains.
Je ne sais si certain(e)s d’entre vous se souviennent de la série la quatrième dimension et de ses épisodes d’une vingtaine de minutes en noir et blanc.   Après chaque épisode, il me fallait du temps pour reprendre pied avec la réalité. Il s’est produit la même chose avec ces nouvelles où l'étrange a une part non négligeable.
Donc si vous voulez vous confrontez aux limites de l'absurde et du réel, un seul conseil : lisez-le !

mercredi 9 février 2011

Ronde

Cette semaine chez les Impromptus littéraires, le thème  "ronde" m'a inspirée...

Femme aux formes amples et généreuses, les autres me perçoivent grosse. Ils emploient le terme ronde pour ne pas me blesser. Je n’entre pas dans les critères actuels où la chair se doit d’être minimale.  La mienne pointe, enfle et s’étale sous ma poitrine. Mon ventre est comme un coussin où il aime poser sa tête. Il peut malaxer mon corps, plonger  saa tête entre mes seins, s’enivrer du  parfum  de ma peau. Sa bouche se pose sur mes lèvres charnues, ses doigts courent, caressent et se perdent dans ma chair rebondie. Il goûte à la volupté, s’abandonne au plaisir avant de rejoindre sa femme. Une femme calibrée aux régimes et aux diktats de la mode. Je lui offre sans aucun remords un corps qu’elle refuse d’avoir.

Gaetano Bolan - La Boucherie des amants

Éditeur : Livre de poche - Date de parution : 05/01/2011 - 91 pages

Mettre les pieds dans sa librairie préférée est financièrement dangereux.La preuve, je suis ressortie avec ce livre qu'une de mes libraires m’a conseillée. Alors oui j’ai (encore) fait une entorse à mon budget mais  je ne le regrette pas ! Car ce petit livre, je l’ai lu et je le relirai…
Tom est un enfant « aux yeux de nuit », son père tient une boucherie dans une petite ville du Chili. L’institutrice de Tom, Dolorès, ne laisse pas indifférent son père. Le soir, la boucherie accueille des réunions secrètes ou l’on parle de renverser le régime Pinochet.
J’ai lu en apnée ce petit livre. Cette histoire sous une écriture faussement naïve est un petit bijou ! Dès les premières lignes, on est transporté :
"L'enfant avait un cœur pur et il regardait la nuit. Personne n'aurait pu dire s'il était triste, ou simplement assoupi. Il était là, posé dans la masse de son petit corps, comme absorbé par le crépuscule. Toujours il sondait le grand noir de l'âme où passent les comètes, il ne savait pas l'âme et ses grandeurs, ses petitesses tout aussi bien, il connaissait seulement l'ombre. Paisible obscurité qui l’enveloppait. Féroces ténèbres qui le mangeaient. Et câline la nuit jamais n’était, ni ne fut."
J’ai juste  envie de vous dire simplement lisez-le. Laissez-vous envelopper par l'écriture et suivez les personnages.

Tom a un secret comme beaucoup d’enfants. A vouloir et à penser très fort que Dolorès  devienne sa maman, l’amour naîtra entre elle et Juan son père. Tom aime passer du temps chez le voisin, Chico le coiffeur et grand ami de son père. Une histoire comme un conte, aux accents idyllique me direz-vous. Mais nous sommes sous le régime de Pinochet. Et la nuit est propice aux enlèvements et aux disparitions. Garde à ceux qui osent s’élever contre ce régime.  Derrière l’humour et la poésie, on pressent le drame.  J’ai refermé ce livre le cœur pincé.
Un petit livre mais de grandes et belles émotions !
Les billets élogieux de Livr-esse, Pimprenelle, Stephie, Sylire, Yvon.

mardi 8 février 2011

Elizabeth Gaskell - Nord et Sud

Éditeur : Points - Date de parution : 25/11/2010 - 673 pages

La jeune Margaret Hale quitte Londres et sa cousine pour rejoindre ses parents dans un village du Hampshire. Son père, pasteur de son état, lui annonce son désir de  renoncer à l’Eglise. Margaret et ses parents sont donc contraints de partir d’Helstone pour Milton, une ville du nord de l’Angleterre. Le changement est radical et brutal. Milton est une ville industrielle en plein essor bien loin de la tranquillité et de la verdure d’Helstone. A son arrivée, Margaret fait preuve d’un certain orgueil mais elle  saura s’adapter à ce nouveau monde.
Mieux vaux tard que jamais ou comment l’année de mes 40 ans, j’ai découvert Elizabeth Gaskell ! Oui et je n’ai pas honte de le dire…
Un livre dense où les personnages, le contexte sont terriblement bien décrits. Imaginez vous que je n’ai trouvé aucune longueur dans ces 600 pages ! J’avoue malgré mon enthousiasme, mes poignets, eux, ont très mal supporté cette lecture. Il a fallu que je la fragmente et c’est bien dommage car ça m’a gâché un peu de mon plaisir. Au moins, je sais que c'est terminé pour les pavés...
Bon, revenons à l’histoire. Margaret, 18 ans, quitte une cousine aisée pour le presbytère familial. La surprise est de taille quand son père lui annonce qu’ils doivent partir pour le Nord de l’Angleterre. Là-bas, il est certain d’y trouver  un emploi.  Margaret découvre Milton,  une ville industrielle où son père donne des cours  privés à Mr Thornton. Ce dernier dirige une manufacture.  Mais elle va découvrir également les conditions de vie des ouvriers et  leurs revendications. En tant que jeune file bien élevée, elle s’occupe de sa mère dont la santé est fragile mais elle ne peut s’empêcher de vouloir comprendre ce monde industriel. Et, la jeune femme va mettre  ses aprioris de côté (une héroïne avec du tempérament comme je les aime!).  John Thornton est un travailleur, un homme qui a réussi à la sueur de son front.  Les discussions entre lui et Margaret sur la ville et ses  usines seront animées. Chacun défendant son point de vue et son amour pour sa région d'origine. Les ouvriers vont se mettre en grève et Margaret prendra position dans ce conflit.
Mon résumé n’est pas complet et j’en suis bien consciente. Je  ne suis pas là pour  en faire une étude détaillée mais pour vous dire que ce livre est riche et qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde! Bien sûr,  il décrit le Nord et le sud de l’Angleterre que tout semble opposer mais il  nous offre une psychologie très fine des personnages. Tout n’est pas raconté du point de vue de Margaret, on a donc les éléments sous différents angles.  
Si ce n’est pas déjà fait, un seul conseil : lisez-le !
Les billets de Keisha, L'ivresque des livres.


J'en ai oublié le logo  !









dimanche 6 février 2011

James A. Levine - Le cahier bleu

Éditeur : Pocket - Date de parution : 06/01/2011 - 247 pages

Batuk a 9 ans quand sa vie d’enfant se termine. Elle est vendue par son père pour éponger une dette. Elle est belle et  elle se retrouve dans un bordel d’enfants à Bombay. Batuk sait écrire et pose les mots dans un cahier.
Les chiffres, les statistiques nous tiennent d’une certaine façon à distance de l’horreur, de l’infamie. Ils existent bel et bien, mais n’ont pas le pouvoir des mots. Quand on nous parle de la prostitution infantile en Inde, des chiffres sont mis en avant. Ils nous interpellent car derrière eux il y a des vies, des enfants. Mais les mots ont un autre pouvoir. Ils nous sautent à la figure, nous prennent à la gorge, nous saisissent. Il m’a fallu plusieurs jours pour lire ce livre. Je m’arrêtais juste après quelques phrases, nauséeuse et dégoûtée. Je reprenais le lendemain ma lecture en me demandant si j'allais pouvoir la terminer.
Batuk écrit ce qu’on lui a volé, ce qu’on lui a fait subir et ce n’est pas une lecture facile. A 9  neuf ans, sa virginité a été offerte au plus offrant. Devenue une marchandise dans un bordel de Bombay, elle raconte avec ses mots son quotidien, son amitié avec Puneet seul garçon du bordel. Elle garde encore en elle l’étincelle, l’imaginaire qui permet de s’inventer des histoires. Pour échapper à la réalité,  les Princesses, sa vie « d’avant » sont salvateurs. Jusqu’à un certain point. Après 6 années passées dans le bordel, Batuk est louée au fils d’un riche. Elle quitte les quartiers glauques pour se retrouver prisonnière dans un hôtel de luxe. Le jeune homme n’a rien d’un prince charmant et n’est pas là pour la sauver comme dans les contes. Batuk devient son esclave sexuel. Derrière ces deux mots se cachent  toute la monstruosité dont sont capables les Hommes.  Batuk écrit toujours mais ses mots sont glauques comme sa vie. On sombre comme elle dans l’horreur, dans l’invivable. On sait ce qui va arriver et on est là impuissant à assister à l’ignominie.
Alors, oui, j’ai eu du mal à lire ce témoignage, la vie de Batuk. Peut-on parler de vie ?  Je ne crois pas. Il s’agit d’un livre terrifiant qui nous renvoie au pire. Je laisse chacun juge de savoir s’il se sent capable de le lire ou non.
Merci à BOB pour ce partenariat.

vendredi 4 février 2011

Sophie Divry - La cote 400

Éditeur : Allusifs - Date de parution : 09/09/2010 - 65 pages

Avant l’ouverture, une bibliothécaire quinquagénaire, célibataire trouve  au sous-sol un lecteur qui s’est endormi la veille. Aigrie, elle lui déverse en un flot ininterrompu toute sa rancœur. En 25 ans de métier ou plutôt d’une vie vouée à son travail, elle a une dent contre tout et tout le monde.
Attention, on prend sa respiration et c’est parti pour un tour de manège à fond les ballons ! C’est que notre chère bibliothécaire en a des choses sur le cœur ! Dans un monologue à l’humour grinçant, elle fustige avec cynisme  la classification des livres, ses collègues de l’étage, son ancien petit copain qui l’a plaqué il y a belle lurette,  des auteurs, la société… Et bien sûr les lecteurs. Sauf Martin, lecteur modèle et étudiant dont elle trouve la nuque sublime. Maniaque, sa vie est réglée comme du papier à musique et a autant de piment qu’un bouillon de légumes. Elle s’insurge contre le désordre et l’erreur de  la cote 400 ! Rendez-vous compte : Ce qui fait que la classe 400, en ce moment, est inoccupée, vide. Vous êtes d’accord, c’est une ineptie. Moi, cela me donne le vertige, cette cote vacante. 
65 pages vives,  rythmées, cinglantes avec un soupçon de cynisme et j’en redemande !
On se régale (sans pour autant regarder ses bibliothécaires avec un sourire en coin…)
Le billet de Mélopée qui renvoie à plein d'autres liens.

jeudi 3 février 2011

Marc Durin-Valois - Les pensées sauvages

Éditeur : Plon - Date Parution : 06/01/2011 - 192 pages

Antonin, 19 ans,  a échoué au concours d’une prestigieuse école.  Il quitte Paris sans dire mot à ses parents et débarque  à V*** village ariégeois où se trouve la maison abandonnée de sa grand-mère. Ses bagages : de l’argent, de la drogue et un piano. Dans ce village quasi-désertique, Antonin pensait être seul. Mais il y a Bernadette une gamine qui le suit partout  et Lise qui l’attire. Excès de drogue et introspections, Antonin se cherche. Désespérément.
Si comme moi vous avez lu "Chamelle" de cet auteur, on est très loin de ce livre. Avec une écriture incisive, l’auteur nous décrit les tourments d’Antonin. Selon les désirs de ses parents, il aurait dû réussir de brillantes études. Eux qui se sont saignés pour lui acheter  un logement à Paris. Sauf qu’Antonin ne réussit pas le concours pour l’école Normale après hypokhâgne. Ni la première fois ni la seconde. Avec la honte d’avouer à ses parents son échec,  Antonin quitte tout et se réfugie dans la  vieille maison de sa grand-mère en Ariège. Les habitants de ce petit village rural se posent des questions.  Un gars de 19 ans qui débarque sans prévenir avec de l'argent et qui joue du piano la nuit. Antonin se perd, dérive dans  les excès de la drogue. Ce réflexe acquis durant les périodes d’examens est devenu une addiction. Il s’y réfugie car il y a la peur de grandir, de devenir adulte avec  ce que ce mot incombe et cache. Attachant, provocateur, Antonin est sur un fil. Conscient de son pouvoir de séduction, il s’amuse, ne connaît plus les limites comme s’il n’avait plus rien à perdre. 
Il se dégage de ce livre une ambiance proche de celle d’un huis clos. Une atmosphère tendue sous le soleil d’Ariège où l’on retient son souffle. Car on voudrait  que tout s’arrête et qu’Antonin  trouve sa place. Mais ce n’est pas facile à cet âge entre les rêves,  les doutes et la peur qui vous prend au ventre. Bernadette, la gamine espiègle est surprenante. Les autres personnages sont tour à tour inquiétants ou protecteurs.   
Je suis sortie troublée de cette quête dangereuse. Par contre, une question m’a taraudée. Comment ou pourquoi  les parents n’ont-ils pas cherché leur fils dont ils n’ont plus de nouvelles depuis plusieurs mois?  
Elle vouait à cette famille l'aversion que l'on porte à ceux auxquels la chance paraît toujours sourire quand la poisse vous étouffe. On abomine ses bienfaiteurs, c'est bien humain.

mercredi 2 février 2011

François Thomazeau - Consulting

Éditeur : Au-delà du raisonnable - Date de parution : 07/10/2010 - 204 pages

Quatrième de  couverture (fort alléchante):
Excepté les victimes, les personnages de cette histoire semblent mépriser toutes les formes de sincérité et d'idéalisme qui pourraient subsister dans notre société. C'est leur job. Antoine, consultant employé par La Boîte, et Pascal, syndicaliste plaqué par sa femme et licencié suite à un plan social, sont enchaînés l'un à l'autre par une conjoncture violente. Petits maîtres de l'ironie ou vrais cyniques, le tandem, que les temps modernes ont revêtu d'un réalisme troublant, se lance sur les routes en quête de réhabilitation. Bien sûr, ils n'ont ni les mêmes motivations ni les mêmes méthodes, et les pistes se brouillent. On pense à Lautner, car, dans ce scénario noir et caustique sur le dégraissage nouvelle tendance, la critique sociale avance à peine masquée, avant d'exploser en exutoire. Une reconversion, comme disent les managers.
Pourquoi je lis ? Par plaisir, pour l’intérêt d’une histoire,  pour les émotions, pour passer du bon temps… Des raisons variées qui font que je tourne les pages avec envie.
Après un démarrage très lent, je ne me suis pas sentie à l’aise dans ce livre. Des clichés dégrossis, malhabiles  et on obtient deux marionnettes : Antoine, le consultant, et Pascal, le syndicaliste. Un tandem que tout oppose et qui va devoir se serrer les coudes. Les règlements de compte (mais que fait la police ?) s’enchaînent sans surprise. Sauf que les  « petits maîtres de l'ironie » m’ont fait douter de ce que peut être ce sens de l’humour jusqu' à un point de non retour.
Alors, je préfère abdiquer page 146 car je n’ai aucune raison de continuer cette lecture…  
Je m’excuse auprès de BOB et de la maison d'édition.