vendredi 29 novembre 2013

Toine Heijmans - En mer


Éditeur : Christian Bourgois - Traduit du néerlandais par Danielle Losman - Date de parution : Août 2013 - 156 pages et un uppercut ! 

Lassé de son travail de commercial, Donald a pris un congé sabbatique de trois mois en accord avec sa direction. Il va pouvoir réaliser un rêve entretenu depuis longtemps : naviguer sur la mer du nord en solitaire. Partir du Danemark et rejoindre la Finlande. Pour la fin de son voyage, il a demandé à son épouse que leur fille Maria âgée de sept ans passe trois jours avec lui. Malgré des réticences, elle a accepté.

Après trois mois seul, ce sera trois jours entre un père et sa fille, trois jours sur un petit voilier et la mer. Donald a tout prévu et Maria se montre enthousiaste de ce séjour en mer avec son père. Balayer ainsi d’un revers de la main les doutes de sa femme, montrer à tous que la mer est accessible en étant prévoyant. Il s’imagine déjà son arrivée fier et gonflé de bonheur quand son épouse verra le petit voilier rouge accoster, la joie de Maria. Et surtout prouver qu’il est un bon père. Pourquoi vouloir le démontrer ? (et à partir de ce moment, là j’ai tourné de plus en plus en vite les pages). Tout se passe bien, ils se baignent même. Mais une tempête se prépare pour la nuit. Consciencieux, Donald vérifie sa position et la note scrupuleusement sur son carnet de bord. Il en fait de même avec le matériel. Maria dort dans la cabine alors qu’il reste debout. Ne pas s’endormir, surveiller, guetter. L’orage gronde, le vent s’est levé, le bateau est secoué. Donald va voir si Maria ne s'est pas réveillée mais la cabine est déserte.
Et là, je me suis prise une première claque ! Mais ce n’est pas fini, car la tension va en s’augmentant et quand on pense à une accalmie, deuxième claque !

Toine Heijmans joue avec nos nerfs de la première à la dernière ligne et nous laisse sonnés ! Ce roman sur la solitude, sur ce que c’est d’être père, sur le travail ( et les conséquences de la non reconnaissance), sur ce qui est bon ou mal pour un enfant ( et les choix des parents), sur la réalisation de soi, et donc ce livre écrit sans fioriture mais concision  nous embarque dans une odyssée psychologique haletante (et angoissante)! Mais attention au mal de terre une fois débarqué...

Merci à Julien (mon libraire chouchou) pour ce conseil de lecture !

 


jeudi 28 novembre 2013

Lydia Millet - Lumières fantômes


Éditeur : Le Cherche Midi - traduit de l'américain par Charles Recoursé - Date de parution : Septembre 2013 - 260 pages qui m'ont laissée sur ma faim...

Un patron qui disparaît, une employée plus qu'inquiète, un mari qui pense que sa femme le trompe avec un collègue de bureau et qui découvre que le travail de sa fille handicapée suite à un accident consiste à faire fantasmer des hommes au téléphone... Et voilà comment Hal après avoir un peu bu décide de repartir à la recherche du patron de sa femme Mr T.. Il va prouver à tout le monde qu'il peut trouver Mr T. en Amérique centrale et par la même occasion remplumer son orgueil personnel.

Hal ne connaît pas la pays. Arrivé sur place il rencontre un couple d'allemands en vacances à qui il raconte sa mission. Le mari a le bras long et peut déployer des recherches nécessitant des hommes et du matériel de pointe. Hal ne peut refuser même s'il est vexé. Les recherches mettent Hal à rude épreuve car crapahuter sous un climat tropical dans la jungle n'est pas son fort.
Lydia Millet utilise l'humour et l'ironie pour nous décrire les péripéties de Hal mais elle n'oublie pas ses questionnements. Loin de chez lui, il peut s'interroger sur ses actes passés, sur sa vie.

Comme dans son précédent roman Comment rêvent les morts ( où Mr T. est présent), la fin m'a déconcertée...
Roman sur la recherche du bonheur et sur la rédemption, j'en attendais plus cependant et je suis restée sur ma faim...

Les billets de Brize, Keisha

Lu de cette auteure : Comment rêvent les morts, Le coeur est un noyau candide ( à découvrir!)

mercredi 27 novembre 2013

Paola Predicatori - Mon hiver à Zéroland


Editeur : Les escales - Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza - date de parution : novembre 2013 - 303 pages réussies !

Alessandra âgée de dix-sept vient de perdre sa mère. Au lieu de rester avec son groupe d’amies habituelles, elle s’assoit au fond de la classe à côté de Gabriele surnommé zéro et qui est toujours seul. Elle ne sait rien de lui et vice versa. Pourtant auparavant elle s’était déjà jointe aux moqueries le concernant.

Alessandra  imaginait différemment sa dernière année au lycée. Elle a soutenu sa mère durant sa maladie avec sa  grand-mère. Désormais, elles habitent toutes les deux dans l’appartement où les empreintes de sa mère sont toujours là : un petit mot trouvé, un parapluie.... Gabriele est un solitaire et un mauvais élève. Il n’a jamais cherché à s’intégrer dans la bulle du lycée. Mis à l’écart d'emblée par ses vêtements démodés, son comportement taciturne. Seul le silence lie Alessandra   et Grabriele sur cette table  où chacun porte son fardeau à sa façon. Puis, un mot sera échangé. Un premier pas pour l’un et pour l’autre.

Si vous avez peur des bons sentiments ou de la guimauve, vous pouvez ouvrir ce livre en toute confiance. L’auteure nous dépeint de vrais ados confrontés à de vrais problèmes mais aussi à des préoccupations de leur âge. L'écriture est à découvrir (et  bravo pour la traduction qui a su rendre vraiment palpable toutes les émotions et la sensibilité). Une jolie réussite !

C'est également ainsi qu'on meurt, je crois : on n'utilise plus certains objets, on n'entre plus dans certaines pièces. On emprisonne le passé pour que le poids des souvenirs ne nous atteigne plus.

Le billet de Cathulu.




mardi 26 novembre 2013

Stewart O'Nan - Chanson pour l'absente


Éditeur : Editions de l'Olivier - Traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Jean Lineker - Date de parution : 2010 - 376 pages et un beau roman !

Kim âgée de dix-huit ans est une fille comme une autre. A la rentrée, elle ira à la Fac et durant cet été, elle travaille comme serveuse et sort avec ses amis. Des parents, une soeur, un petit copain et deux meilleurs amies. Kim disparaît un soir, il n'y a aucune trace de sa voiture ni aucun témoignage.

Les parents de Kim contactent ses amis et très vite des affiches sont placardées dans toute la ville. Des recherches cordonnées par ses parents sont mises en oeuvre. Devant cette épreuve, ils font preuve d'optimisme sans céder à la panique. Ses amies et son petit ami s'impliquent eux-aussi. Tout le monde garde espoir en se raccrochant à ce qu'il peut. La police n'a aucune piste, la mère de Kim fait appel aux médias et la disparition de Kim prend une ampleur plus importante. Les semaines s'égrènent et l'espoir s'amenuise laissant place à la résignation puis à la vie sans Kim.

Stewart O'Nan plonge le lecteur dans l'intimité de chacun et dans leurs pensées. Bonnes ou moins bonnes, désemparées ou plus ambivalentes comme le fait de s'autoriser à nouveau le droit à regarder le futur sans Kim. A travers eux également, on apprend à connaître celle dont au début du roman on ne sait que finalement très peu de choses.
Des descriptions minutieuses (sans être ennuyeuses ou redondantes) qui passent au scalpel les états d'âme, l'absence et la vie changée qui reprend ses droits. Encore un très beau roman de cet auteur !

Lu de cet auteur : Emily - Les joueurs

lundi 25 novembre 2013

Marie Darrieussecq - Il faut beaucoup aimer les hommes


Éditeur : POL - Date de parution : Août 2013 - 321 pages superbes et adorées! 

Solange trentenaire a quitté la France et est actrice à Los Angeles. Lors d’une soirée chez George (Clooney), son regard est aimanté par un seul homme. Il est acteur, se nomme Kouhouesso et il est noir. Très vite, Solange est submergée par l’amour qu’elle lui porte. Car si bien sûr elle aimé d’autres hommes avant lui ce n’était pas aussi intensément, passionnément.  La passion qui l’a fait attendre.

 « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n'est pas possible, on ne peut pas les supporter » ( Marguerite Duras) et il faut beaucoup les attendre pourrait rajouter Solange. Oh que oui elle l’aime cet homme Solange, elle l’écoute parler quand ils se voient de son grand projet d’adapter le livre Au cœur des ténèbres et de le réaliser en Afrique. Ce continent où est né Kouhouesso lui est inconnu. Elle lit, cherche et s’informe sur le Cameroun pour se rapprocher de lui et combler l’attente des moments à passer ensemble. Il n’a qu’en tête son film, amant distant aux manettes de leur relation donnant de ses nouvelles quand il a en envie. Solange ne quitte peu ou pas son portable guettant les textos de sa part.
Il est noir, elle est blanche : le regard des autres renvoie à Solange cette couleur de peau comme si la culture, les goûts devaient forcément en découler. Elle espère un rôle dans le son film, elle l’a. Le tournage n’a rien d’une sinécure où les ennuis techniques s’accumulent car Kouhouesso a ses exigences délaissant Solange encore plus. L’équipe découvre les croyances de cette terre où les rapports hommes-femmes sont différents. Là où la nature, la mysticité sont à ellesseules des personnages. Kouhouesso s’éloigne encore plus de Solange. On sait que leur relation va droit dans le mur mais Solange a des ressources et elle ne sera ni anéantie ou brisée.

Roman sur les affres de la passion, sur l’attente patiente ou que l’on endure, sur les couples mixes et tout cette sphère de questions, de préjugés qui les entourent. De Hollywood où le nom d’acteurs connus résonne à Paris en passant par la côte Basque où résident les parents et le fils de Solange, des forêts du Cameroun aux plateaux de cinéma, l’écriture se déploie par phrases courtes, un rythme scandé, un vrai souffle qui donne une envergure à ce roman. J’ai ressenti de l’empathie pour Solange sans la trouver mièvre ou fleur bleue.
J’ai beaucoup, beaucoup aimé ce roman intelligent où l’écriture de Marie Darrieussecq est quasi hypnotique ! 

Deux mois et demi. Au bout de combien de temps se rompt un lien? Se dénoue une histoire? L'amour, lui, empirait. L'amour idiot, celui qui empêche de vivre. Le désir qui est une des formes de l'enfer.

Les billets de Cathulu, Mango

mardi 19 novembre 2013

James Meek - Le cœur par effraction


Éditeur : Metailié - Traduit de l'anglais (Ecosse)par David Fauquemberg - Date de parution : Août 2013 - 525 pages dévorées ! 

Ritchie quadragénaire ex-rock star est une célébrité. Producteur d’une émission à succès pour ados, marié et deux enfants, il possède une belle maison coûteuse, l’art de ne s’intéresser qu’à lui et à sa carrière mais surtout il trompe sa femme avec une jeune fille de seize ans. Sa sœur Rebecca surnommée Bec est l’opposée de son frère. Elle est chercheuse et travaille sur un vaccin contre la malaria. Lorsqu'elle refuse la demande en mariage d’un journaliste et directeur d’un magazine people, Bec est loin de s’imaginer la suite des événements. Décidé à se venger de Bec, son ancien petit ami est prêt à révéler au grand jour les tromperies de Ritchie sauf s’il accepte de lui livrer de quoi ruiner la carrière de sa sœur.

Voilà un roman diablement contemporain, avec de la dérision, de l’ironie, de la légèreté et qui au fil des pages prend une réelle densité. D’autres personnages entrent en scène comme Alex un scientifique et qui pris au piège de l’affection de son oncle va connaître subitement la notoriété. L’ancien petit ami de Bec a crée une organisation la Fondation Morale qui au nom de la morale effectue du chantage auprès de personnes connues. Elles ont le choix entre accepter que tout le monde soit au courant de leurs petits secrets ou trahir quelqu’un de leur entourage. La notion de bien et de mal, la trahison, les libertés individuelles, les médias et les sciences sont entremêlées habilement dans cette satire sociale.

Enlevé, piquant et révélant bien des surprises, ce livre est en plus un page-turner redoutable avec des personnages creusés ! Un bon roman admirablement mené que j’ai dévoré !

"Un roman ambitieux" pour Hélène, Liliba n'a pas aimé.

vendredi 15 novembre 2013

David Bergen - La mécanique du bonheur


Éditeur : Albin Michel - Traduit de l'anglais ( Canada) par Hélène Fournier - Date de parution : Octobre 2013 - 283 pages teintées de mélancolie et d'espoir !  

Morris Schutt a depuis toujours divulgué le caractère intime de sa famille dans ses chroniques qui connaissent le succès. Mais depuis la mort de son fils en Afghanistan ses papiers sont sans saveur et tristes. Mis en congé pour rependre du poil de la bête, Morris essaie de se rapprocher de ses filles, noue une relation épistolaire avec une femme dont le fils est mort également à le guerre, sort avec des escort girls et recherche à travers les grands philosophes la définition du bonheur.

La culpabilité de n’avoir pas su empêcher son fils de rejoindre l’armée ronge ce cinquantenaire à qui tout à toujours réussi. Enfin à peu près car sa famille n’a jamais acceptée le fait d’être l’inspiration de ses chroniques. Au lieu de ressouder les liens familiaux, la mort de Martin les a distendus. Morris qui peu apparaître antipathique au départ se dévoile au fil des pages esseulé et ayant perdu tous ses repères. Mais sous sa carapace il a cette soif de comprendre pour se rapprocher des autres en arrêtant de commettre des dommages collatéraux.

Une douce mélancolie et de l'espoir émanent de ce roman qu’il faut prendre le temps de lire. Entre sensibilité et ironie, David Bergen nous livre le portrait d’un homme qui sait se montrer attachant !

Les billets de Cathulu, Keisha

jeudi 14 novembre 2013

Richard Yates - Un destin d'exception


Éditeur : Robert Laffont - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Aline Azoulay-Pacvon - Date de parution : Octobre 2013 - 321 pages et un très bon roman!

Robert Prentice est élevé par une mère persuadée d’être une sculptrice de talent qui un jour sera reconnue. Son enfance et son adolescence sont marquées par des déménagements à travers les Etats-Unis, une scolarité interrompue car sa mère Alice n’a jamais voulu renoncer à son grand rêve. Ses parents ont divorcé et son père à maintes fois prévenu son ex-femme qu’elle vivait au-dessus de ses moyens et qu’elle refusait de voir la réalité en face. Alice vit aux crochets d’amis, s’entiche d’hommes peu scrupuleux.

Enfant couvé car Alice est une mère aimante, Robert en grandissant se forge sa propre opinion. Sa mère si sûre d'être douée ne veut pas se remettre en cause et ses grands projets prennent toujours l’eau. Lui qui a toujours été endossé le rôle d'un soutien indéfectible pour sa mère cherche la liberté et surtout à prouver qu’il est quelqu’un d’exceptionnel. Nous sommes en 1944 et la guerre lui ouvre une échappatoire pour ses dix-huit ans. Sur les champs de bataille en Europe, il veut se démarquer et être un bon soldat admiré par ses camarades et ses supérieurs. Mais la réalité est loin de ce qu’il imaginait et il enchaîne les erreurs.

La relation mère-fils est au cœur de ce livre. Une relation qui nourrit les illusions d’Alice et asphyxie Robert. Mère et fils cherchent la reconnaissance malgré leurs échecs et leurs failles. Même si elle préfère ne pas voir les problèmes, Alice est touchante par son éternel optimisme. Robert a été toujours été celui qui approuvait silencieusement les choix d’Alice mais il devra faire un choix pour vivre enfin sa vie.
L’ambivalence des sentiments de Robert envers sa mère est remarquablement décrite tout comme le reste ! Un très bon roman desservi par une écriture comme je les aime !

La vérité pleine et entière était plus complexe. Parce qu'il était venu à New-York de son propre chef, mû par une impatience sincère, même. Il était venu chercher refuge au creux de ce nid douillet de "mensonges", d'optimisme infondé, d'éternelle espérance qu'un destin d'exception les attendait, de certitude inébranlable que la brave Alice Prentice et son Bobby étaient uniques, importants, immortels.

Le billet de Titine

mercredi 13 novembre 2013

Maria Pourchet - Rome en un jour

Éditeur : Gallimard - Date de parution : Septembre 2013 - 180 pages et une déception...

Pour l’anniversaire de son compagnon Paul, Marguerite a organisé à son insu une fête sur la terrasse d’un hôtel parisien. Mais Paul installé dans son canapé n’a pas envie de bouger. Les invités arrivent, essaient de meubler l'attente en vain.

Autant le dire tout de suite, ce roman est une déception. Maria Pourchet nous entraîne à tour de rôle dans l’appartement du couple et sur la terrasse de l’hôtel. Une galerie d’invités hypocrites comme la meilleure amie de Marguerite ou prétentieux qui ne savent plus que dire ou que faire pour tuer l’attente. Car le temps passe et ni Paul ni Marguerite n’apparaissent. Marguerite a beau chercher des prétextes, Paul ne veut pas sortir. Très rapidement, le ton devient acerbe entre eux et les rancœurs prennent le dessus.

Si j'ai souri durant les premières pages,  je me suis très vite lassée de ces invités superficiels et sans intérêt particulier comme de la tournure que prend la soirée entre Paul et Marguerite. L’écriture vive, incisive  de Maria Pourchet  ne parvient pas à sauver ce roman qui s’enlise : surenchère d'ironie, des thèmes sans nouveauté, une trame très prévisible. Autant le premier roman de cette auteure était jubilatoire autant celui-ci est son opposé...

Une lecture dans le cadre des matchs de la rentrée littéraire organisés par PriceMinister.

Lu de cette auteure : Avancer

mardi 12 novembre 2013

Pascal Garnier - Cartons


Éditeur : Zulma - Date de parution : 2012 - 183 pages savourées! 

Illustrateur de livre pour la jeunesse, Brice déménage. Il quitte Lyon pour un petit village dans lequel il a acheté avec sa compagne Emma une grande maison. Mais Emma est absente. Journaliste, elle en Egypte pour un reportage et Brice est sans nouvelles de sa part. Les cartons ont été entreposés dans le garage de nouvelle maison. Brice déprime. Il dort sur un lit de camp et pioche dans les cartons au fur et à mesure de ses besoins. Une entorse à la cheville le conduit à la pharmacie où il fait la connaissance de Blanche.

En dire plus serait presque criminel tant Pascal Garnier par son style parvient à créer des ambiances, à bousculer le lecteur en créant des surprises inattendues. Dès le départ, on ressent que ce déménagement pèse à Brice. La maison choisie par lui et Emma n’a plus son charme. Trop grande, silencieuse et froide. Et puis Brice attend le retour d’Emma. Ses beaux-parents l’appellent pour prendre des nouvelles et là, on se doute que l’absence d’Emma n’est pas normale. Brice tente d'émerger de sa torpeur mais bricoler est au-dessus de ses forces.

De sa  rencontre avec sa voisine l’énigmatique Blanche, des cartons dépositaires de ses souvenirs et de sa vie, Pascal Garnier nous entraîne dans un roman où un certain malaise et des questions nous gagnent. Le tout est écrit admirablement avec des phrases qui font mouche comme "Blanche entretenait la conversation avec l’incontinence verbale de quelqu’un qui n’a pas parlé à un être humain depuis la fin du monde". Un sens de  l’humour  et du détail sans compter  une véritable affection pour ses personnages cabossés. Beau, touchant en plein cœur et marquant ! A lire et à relire !

Le billet de Kathel qui renvoie à plein d'autres liens.

Lu du même auteur : Comment va la douleur ?

dimanche 10 novembre 2013

William March - Compagnie K


Éditeur : Gallmeister - Traduit de l’américain par Stéphanie Levet - Date de parution : Septembre 2013 - 288 pages saisissantes!

Décembre 1917 : la compagnie K de l’US Marines Corps composée d’engagés volontaires débarque en France pour se retrouver au front. Et c’est la voix de cent-treize soldats, lieutenants ou sergents qui s’élève dans autant de chapitres courts.

Les pensées intimes, le quotidien, les ressentis et la guerre nous sont décrits et dès la première page on est saisi car on est plongé aux côtés de ces soldats. Il y a la peur de mourir, la folie qui gagne certains d’entre eux, les ordres auxquels il faut obéir mais aussi la camaraderie, la nostalgie et cette guerre dans lesquels ils ont empêtrés. Autant de voix qui se superposent à toute la palette des sentiments humains. D’une même situation relatée par plusieurs personnages et couvrant ainsi les différents points de vue à une simple anecdote, du dramatique au grotesque, de la lâcheté au courage, ce sont des hommes qui nous parlent de l’horreur de la guerre. La guerre terminée, ces hommes qui auront survécu rentreront au pays marqués à jamais physiquement et/ou moralement.

Ce livre est un claque ! On se prend en pleine figure tous ces témoignages qui individuellement ou mis bout à bout sont saisissants ! Pas de pathos ou de bons sentiments, une écriture sans fioriture presque désabusée pour mettre des mots sur l’innommable, l’effroyable, l’absurdité ou l’injustice.
Alors forcément,  les obus, la maladie, le manque de nourriture, les blessés et la mort sont des thèmes traités. Mais ce roman polyphonique raconte la Première Guerre mondiale vue par des américains.
Et toutes ces voix si réalistes portées comme un chant sont autant de vies. Un livre puissant et sobre que je ne suis pas prête d’oublier !

William March a lui-même combattu en France durant la Première Guerre mondiale. Dix ans d’écriture auront été nécessaires à l’écriture de Compagnie K son premier roman publié en 1933 aux Etats-Unis.

-Tu peux pas nous voir ? a demandé Walt Rose. Tu peux pas nous voir du tout, Lee ? 
-Non, j’ai répondu…Je suis complètement aveugle. 
Alors un sentiment de soulagement m’a envahi. Je me suis senti plus heureux que je ne l’avais été depuis des mois.
-La guerre est finie pour moi, j’ai dit.

Les billets de Lili M, Miss LeoSandrine

vendredi 8 novembre 2013

Goce Smilevski - La liste de Freud


Editeur : Belfond - Traduit du macédonien par Harita Wybrands - Date de parution : Septembre 2013 - 273 pages et un avis mitigé...


1938, Vienne est sur le point d’être envahie par les nazis. Sigmund Freud qui a révolutionné la psychanalyse obtient des visas pour l’Angleterre. Il a le droit d’établir une liste de personnes qu’il souhaite amener avec lui. Au lieu de choisir ses sœurs Pauline, Maria, Rose et Adolphine, il inscrit son médecin, son infirmière, son chien et sa belle-sœur. Adolphine qui a toujours été la plus proche de son frère ne le comprend. Selon Sigmund, elles n’ont rien à craindre. Pourtant, elles seront déportées au Camp de Terezin.

Adolphine est la voix de ce livre. Le début du livre s’ouvre sur elle et ses sœurs déportées mais la suite est le récit de sa vie. Si Sigmund faisait la fierté de leur mère (à huit ans il lisait Shakespeare), Adolphine la cadette subissait les reproches continuels de sa mère en tant qu’enfant non désirée. Sensible et attirée par la peinture, elle fera la connaissance de Klara la sœur de Gustav Klimt qui se bat pour le droit des femmes. Ses sœurs se sont mariées et Sigmund également. Condamnée à rester vivre avec sa mère, Adolphine est le témoin de la vie des autres. Son frère se fait un nom dans la psychanalyse tandis que son amie Klara est internée. La relation si proche qu’elle avait avec Sigmund n’existe plus même s’il lui parle encore de ses recherches. Adolphine plonge peu à peu dans la spirale de la dépression et est internée à son tour.

L'auteur fait apparaître Freud comme un misogyne et certains des points de vue concernant la femme et son rôle dans la société m’ont fait dresser les cheveux sur la tête. L’histoire d’Adolphine est poignante :  une vie faite de sacrifices pour sa famille, de déceptions et d’impuissance tant elle était pieds et mains liés.

La famille, le fait d’être une femme et ses implications, la folie et ses définitions tiennent une place importante dans ce roman. Mais j’ai trouvé inutile les longues pages de pensées freudiennes qui selon moi n’avaient pas leur place.
J’ai eu l’impression que l’auteur a voulu aborder de nombreux thèmes mais sans aller au bout de chacun. Un avis mitigé au final d'autant plus qu'il est difficile de savoir où se situe la part de réalité (même minime) et celle de la fiction car à priori cette liste n' a jamais  existé.

Une lecture dans le cadre de l'opération « On vous lit tout » organisée par  Libfly.




mercredi 6 novembre 2013

Daniel Morvan - Lucia Antonia, funambule


Éditeur : Zulma - Date de parution : Août 2013 - 129 pages d'une beauté et d'une grâce aérienne...

"Parce que ma famille m’a bannie et parce que je me suis bannie moi-même pour ne pas porter malheur au cirque" : Lucia Antonia funambule a quitté le cirque familial après le décès d’Arthénice. Sa jumelle de cœur, sa partenaire, son autre moi. Désormais, Lucia Antonia vit sur une presqu’île. Dans ce lieu de salines, entre mer, terre et ciel, elle se noue d’amitié avec des réfugiées Eugénie et sa fille Astrée qui ont fui la guerre, un peintre et un garçon voilier.

Lucia Antonia écrit sur un carnet ses pensées, remonte le cours de sa mémoire et celle de sa famille, mais aussi décrit son présent. Dans ce roman tout est dévoilé par petites touches où Lucia Antonia nous fait découvrir le monde des funambules et des trapézistes, du spectacle qu’elles offraient elle et Arthénice en évoluant dans les airs. Lestée du décès d’Arténice dont elle se sent responsable, elle n’a plus l’équilibre pour remonter sur un fil. Des courts fragments où le deuil et la douleur s’affichent en retenue comme l’histoire de sa famille ou de sa nouvelle vie. Le lecteur suspendu flotte au gré des mots de Lucia Antonia mais sans se perdre. Ces mots consignés par écrit vont lui permettre de retrouver la force de se reconstruire.

Un roman de toute beauté, d’une grâce aérienne portée par une écriture elliptique, visuelle et poétique. Lumineux et d'une douceur incandescente par la simplicité de son élégance. J’ai été plus que touchée !

Mon ami Lucien me dit que nous, acrobates, sommes des poètes car nous allégeons la vie. Il dit : chacun se figure que c'est le bonheur qui est attaché à nos voltiges. Et c'est vrai parce que je les trouve quand je te serre contre moi.
Je le dit que je suis honorée mais que non.
Il dit que notre art grandit l'homme parce qu'il lui fait lever la tête et admirer.
Je lui dis que dans l'église voisine aussi, les hommes lèvent la tête, puis la baissent, puis se signent.

Merci Cathulu !
Les billets d'Anne, Le petit carré jaune, Jérôme, Maryline, Séverine, Un autre endroit,  Yv


mardi 5 novembre 2013

Joyce Maynard - Long week-end


Éditeur : Philippe Rey - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Françoise Adelstain - Date de parution : 2010 - 283 pages lues en apnée !

1987, la vie d’Henry âgé de treize ans semble morne. Ses parents ont divorcé, il vit avec sa mère et passe une partie du week-end chez son père qui a fondé une nouvelle famille. Depuis que son père est parti, sa mère Adèle s’est renfermée sur elle-même et s’est peu à peu coupée du monde. A la veille du long week-end du Labor Day qui s’annonce caniculaire, Adele est contrainte de se rendre au supermarché car la rentrée des classes approche. Henry l’accompagne car c’est une sortie très rare. Dans un rayon,  un homme blessé à la jambe lui demande de l’aide.

Henry sait que sa mère est différente des autres mères et quand son père essaie de creuser le sujet, il préfère mentir et inventer des loisirs, une vie bien remplie pour lui et sa mère. Il n’aime pas le fils de sa belle-mère qui est bon au baseball alors lui y est nul, ni sa demi-sœur encore bébé. Il préfère rester chez sa mère plutôt que d’aller chez son père. L’homme du supermarché demande un service à Adèle : rester quelques jours chez eux et elle accepte à la grande surprise d’Henry. Franck leur dit la vérité : il est un prisonnier  et s’est s’évadé suite à son opération de l’appendicite. L’information fait la une des médias, un meurtrier est en cavale. Très rapidement, Franck se montre d’une grande gentillesse apportant son aide pour des travaux, prenant l’initiative de cuisiner. Il parle de lui et veut apprendre le baseball à Henry. Adele se métamorphose, retrouve le sourire. Mais Henry est jaloux que Franck soit désormais le centre d’attention de sa mère. Henry surprend une conversation concernant un nouveau départ. Et s’ils enfuyaient tous les deux sans lui ?
Tout est palpable dans ce roman : la tension qui s’installe et qui va en crescendo, la chaleur, la sensualité de la relation entre Adele et Franck qui émane d’un geste ou d’un regard, les rêves érotiques d’Henry comme le dilemme auquel il est confronté. Car une forte récompense est promise à celui qui permettra l’arrestation de Franck.

Racontée par Henry vingt plus tard, cette histoire parle d’amour. De l’amour exclusif, de l’amour retrouvé comme celle de la joie de vivre alors que l’on n’y croyait plus, de la relation mère-fils, de trahison et des déceptions. On apprend à  connaître ces personnages et j'ai éprouvé une grande empathie pour chacun des trois.
Joyce Maynard nous décrit avec finesse et  émotion ce huis-clos où rien n’est joué ou acquis d’avance. Un livre lu en apnée!

Je croyais que vous nous reteniez prisonniers. Qu’est-ce qu’il se passera si ma mère ou moi on file pendant que vous aurez le dos tourné ? Eh bien, ce sera votre vraie punition. Vous devrez retourner dans le monde.

Un lecture commune avec Cynthia et Theoma pour l'anniversaire de l'auteure chez Sandrine.

Lu de cette auteure : Baby love, Et devant moi, le monde, Les filles de l'ouragan, Une adolescence américaine.

lundi 4 novembre 2013

Le Goncourt 2013 attribué à Pierre Lemaitre ( et des cris de joie!)

Un livre que j'ai beaucoup aimé et dont j'ai tourné chaque page avec bonheur !
Pierre Lemaitre remporte le Goncourt 2013  Au revoir là-haut paru aux éditions Albin Michel.
Ce roman est un vrai plaisir de lecture  ( je suis HEUREUSE !).



John Lanchester - Chers voisins


Éditeur : Plon - Traduit de l'anglais par Anouk Neuhoff avec la collaboration de Suzy Borello - Date de parution : Octobre 2013 - 567 pages efficaces et rythmées!

Décembre 2007, la rue de Pepys Road à Londres fait partie de l'un de cess quartiers dont la côté a grimpé en quelques années et où les maisons valent désormais des somme astronomiques. Pétunia y a vécu toute sa vie, âgée de quatre-vingt ans elle est la plus ancienne du quartier. Les habitants sont des traders de la City mais il y a aussi une épicerie tenue par une famille d’origine pakistanaise où les frères se relaient pour assurer les longues heures d’ouverture. Des épouses qui font du shopping pendant que les enfants sont gardés par des nourrices, des hommes qui roulent dans de grosses voitures. Cette vie de luxe où l’argent semble illimité est troublée par de mystérieuses cartes mentionnant "Nous voulons ce que vous avez".

Pepys Road n’abrite pas que des familles très aisées, elle voit aussi temporairement la contractuelle en situation irrégulière, des nourrices d’origine étrangères, le plâtrier d’origine polonaise qui rêve de retourner au pays une fois enrichi et elle accueille depuis peu jeune recrue du football venant du Sénégal. Une palette de personnages hauts en couleur qui représentent parfaitement Londres. Tous ont des espérances différentes et le message mystérieux va réveiller d’autres attentes plus profondes. Ce roman choral qui se déroule sur plusieurs mois nous plonge dans la vie des personnages avec des rebondissements inattendus.
Avec un humour diaboliquement ironique, sans temps mort et sous des aspects faussement légers, ce livre nous dépeint des vies personnelles chahutées par le destin. John Lanchester nous offre une vision réaliste de la société londonienne. On sourit mais on grince aussi des dents. Une lecture efficace, rythmée dont j’ai tourné les pages avec plaisir !

Le billet de Cathulu


samedi 2 novembre 2013

Jeanette Winterson - La passion


Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Septembre 2013 ( date de première parution : 1989) - Traduit de l'anglais par Isabelle Delord-Philippe - 212 pages et un livre hérisson ! 

Henri voue de l’admiration pour Napoléon et s’engage dans son armée. Il est affecté aux cuisines et chargé de préparer le plat préféré de l’empereur. La campagne de Russie met à mal les hommes et leur moral. Déçu par Napoléon, Henri choisit la désertion. Pendant ce temps là à Venise, Villanelle fille d’un batelier née avec les pieds palmés travaille comme croupier dans un casino. Travestie en homme durant son travail, elle s’éprend d’une femme mariée.

Rien que le titre laisse entrevoir la portée et l‘étendue de ce roman. Passion amoureuse et dévorante, culte profond envers Dieu, vénération d’autrui,  frénésie du jeu mais aussi les affres et les revers les plus rudes de ce sentiment. Jeanette Winterson nous fait voyager de France à Venise et en Russie. C’est dans ce pays qu’Henri et Villanelle se rencontrent. Si Henri tombe amoureux éperdument de la jeune femme, le cœur de Villanelle lui a été volée par son amante. Rien ne bat dans sa poitrine. Ils décident d'aller à Venise décrite comme la ville de tous les pêchés pour reprendre son cœur.

Je lis très peu de romans historiques par peur d’ennui ou d’être noyée sous des flots d’informations. Mais ce livre entre le roman et le conte a un juste dosage de faits historiques et des descriptions si justes, si vraies de la passion sous toutes ses coutures sans oublier un humour teinté d'ironie !
Un livre brillant, envoûtant, charmeur qui amène à de nombreuses réflexions et qui est devenu hérisson tant j’y ai inséré de marque-pages!

Les conscrits pleurent quand il arrivent ici et ils pensent à leurs mères et à leurs promises, et ils pensent à s'en retourner chez eux. Ils ne se rappellent que trop ce qui est à la maison fait battre leur cœur; pas de grandes démonstrations de sentiments, mais les visages qu'ils chérissent. La plupart d'entre eux n'ont pas dix-sept ans et on leur demande en quelques semaines ce qui tourmente les meilleurs philosophes leur existence entière : à savoir faire appel à leur passion de la vie et lui donner un sens face à la mort. 

Cœur désemparé qui de nourrit de paradoxe; qui se languit de sa bien-aimée et éprouve un secret soulagement  quand la bien-aimée n'est pas là. Qui égrène les heures la nuit dans l'attente d'un signe et apparaît au petit-déjeuner  avec un maintien si composé. Qui aspire à la sécurité, à la fidélité,à la tendresse et  joue ce qu'il a  de plus précieux à la roulette.
Loin d'être un vice, le jeu est une expression de notre humanité.
Nous jouons tous.Certains le font à la table de jeu, les autres non.
On joue, on gagne.On joue, on perd. On joue.

Un grand merci à Dialogues Croisés !
Lu de cette auteure : Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?





vendredi 1 novembre 2013

Emily St John Mandel - On ne joue pas avec la mort

L

Éditeur : Rivages - Traduit de l'anglais ( Canada) par Gérard de Chergé - Date de parution : Août 2013 - 300 pages qui sortent des sentiers battus du thriller! 

Anton cadre dans une société à New-York épouse Sophie violoniste d’humeur versatile qui a déjà repoussé deux fois leur mariage. Leur lune de miel prend fin quand Anton décide de rester plus longtemps sur l’île d’Ischia près de l’Italie. Sophie rentre à New-York furieuse car Anton ne peut pas se trouver une raison valable pour se justifier.

Entre présent et passé, on découvre petit à petit Anton. Son rêve s’est réalisé : travailler dans un bureau à la tête d’une équipe. Une vie somme toute "normale". Ses parents sont antiquaires sur les quais ou plus exactement ils revendent des objets volés. Quand enfant, Anton a pris conscience du vrai travail de ses parents, il a rejeté l’idée d’être une personne pouvant gagner de l’argent de façon illégale. Sa cousine Aria venue vivre chez eux n’avait pas la même opinion que lui. Une fois son bac en poche, Anton est devenu l’associé d’Aria en vendant de faux papiers à des clandestins. Un trafic juteux mais Anton a raccroché pour suivre le droit chemin. A son travail il est soudainement mis au placard, défait de ses projets et relégué au sous-sol de l‘entreprise. Sans compter qu’Aria lui demande un dernier service ou plutôt le fait chanter.

Voilà un thriller qui sort des sentiers battus ! Des éléments apparaissent avec une enquêtrice qui n’intervient que très rarement. La part belle est faite à Anton qui doit réceptionner à Ischia un mystérieux colis et à Helena son ancienne secrétaire. Ils ont plus d’un point commun hormis leur collaboration : le vœu d’un travail légal aux Etats-Unis sans faire de vagues.

Emily St John Mandel amène ses personnages à l’introspection dans une sorte d’apesanteur avec une atmosphère douce et inquiétante. L'écriture est précise, s’attache à la psychologie et à la quête de soi-même.
Un thriller qui m’a conquise sur toute la ligne !

- Vous savez, dit David, il fut un temps où je trouvais cette question d'une extrême banalité.Qu'est-ce que vous faites? Je trouvais que c'était le syndrome de Combien vous gagnez? Mais depuis quelque temps, je commence à penser que c'est la question la plus importante que l'on puisse poser à quelqu'un .Qu'est-ce que vous faites? Quelle est votre occupation actuelle. Quelle est votre ligne de conduite dans la vie, comment vous situez-vous par rapport au monde?