Éditeur : Stock - Date de parution : Janvier 2015 - 157 pages qui vont directement au cœur...
En Israël, près du lac de lac de Tibériade et de Beit Zera, Stépan un homme âgé a pour seule compagnie sa chienne gagnée par la vieillesse. Tous les jours, il fabrique des boites en carton que son ami Samuelson lui achète. Et tous les jours, il écrit à son fils Yankel qui a fui le pays et qui vit désormais loin.
Un soir, près des arbres, il aperçoit un jeune garçon. Stépan l'ignore mais Amghar revient. Peu bavard comme Stépan, le jeune Arabe vient de Beit Zera à plus d'une heure de marche. Il aime s'occuper de la chienne et Stépan l'autorise à la promener. Et le vieil homme attend chaque soir sa venue.
Une fois par mois, Samuelson vient chercher ses boîtes et rapporte à Stépan ce qu'il a besoin. L'occasion pour des deux amis de passer la soirée à boire et de se rappeler leur jeunesse à Jaffa quand ils contrôlaient les Palestiniens aux postes-frontières.
Avec une écriture épurée où chaque mot sonne juste, l'auteur installe une ambiance. Et comme si le temps était suspendu à la météo et aux vols des oiseaux, on découvre l'histoire des personnages de ce huis clos. Si la solitude, le silence, le manque de communication les lient, le conflit israélo-palestinien a façonné leurs vies. Un conflit jamais évoqué directement mais qui apparaît par petites touches.
Stépan veut abréger les souffrances de sa chienne. Il lui faut se donner du courage et trouver le moment qui conviendra. Mais ce choix difficile n'est pas le premier qu'il doit effectuer dans sa vie tout en sachant qu'il en souffrira.
En à peine 160 pages, Hubert Mingarelli nous parle de solitude, de l'amour d'un père pour son fils, de vies marquées à jamais par un conflit. Sans juger mais avec une vraie tendresse pour ses personnages et de la pudeur, l'auteur nous livre un roman qui va droit au cœur !
Stépan l'écoutait et sa tête lui tournait, parce que ces mots qui lui entraient dans le coeur étaient les siens. C'étaient ses propres mots prononcés à voix haute qu'il entendait de la bouche même de son fils, tandis que l'ampoule au-dessus d'eux se balançait. (....) Yankel parlait bas, et ses mains toujours dans celles de son père étaient comme eux animaux peureux. Il murmurait, mais sa voix vibrait. Voilà ce qu'il murmurait et que Stépan savait déjà : il s'endormait chaque soir avec tous ceux qu'il avait arrêtés et fouillés, dans la rue, aux barrages. Il emportait dans son sommeil leurs regards indiciblement vides, dissimulant leur haine. Et au réveil il avait peur de tous ces hommes et les haïssait comme eux le haïssaient.
Le billet de Margotte
Lu de cet auteur : Un repas en hiver
samedi 31 janvier 2015
vendredi 30 janvier 2015
Jean-Luc Seigle - Je vous écris dans le noir
Éditeur : Flammarion - Date de parution : Janvier 2015 - 234 pages poignantes lues en apnée !
1953, Pauline Dubuisson vingt-quatre ans est la première femme à être condamnée à la peine de mort pour avoir tué son ex-fiancé, étudiant en médecine comme elle, trois ans plus tôt. Une affaire judiciaire qui a inspiré à Clouzot le film "La vérité "avec comme interprète Brigitte Bardot. Libérée après neuf années de prison et portant désormais un autre nom, elle va voir le film avec l'espoir "que la vérité justement serait enfin entendue, non pas la vérité qui disculpe, mais celle qui ne condamne pas toujours". Anéantie après la séance, elle quitte la France pour le Maroc et "c'est ici que commence le livre" de Jean-Luc Seigle.
L'auteur se glisse dans la peau de Pauline Dubuisson et lui donne la parole. Il revient sur l'enfance de cette benjamine d'une fratrie de quatre enfants et seule fille qui vénère son père. Un père qui se suicidera le lendemain de son arrestation. Arrive la fin de l'enfance et la Seconde Guerre mondiale : deux de ses frères sont tués, sa mère séquestrée par la douleur. Renvoyée de l'école, elle travaille à seize ans en tant qu'infirmière et apprend des aspects de la médecine dans un hôpital sous tutelle allemande. Il s'agit d'un projet initié par son père non pour sa fille mais pour son épouse.
Alors qu'enfin elle va entamer les études dont elle rêve depuis toujours, son destin bascule une première fois en quelques jours. Elle sera battue, tondue, violée collectivement à la Libération pour avoir eu une aventure avec le médecin allemand.
A la Faculté de Médecine elle rencontre Félix Bailly fils de bonne famille. Ils s'aiment et elle lui dit la vérité. Elle le dégoûte, il l'insulte et ne veut plus d'elle : c'en est trop pour Pauline.
Jean-Luc Seigle sonde la relation qu'entretenait Pauline avec son père. Une figure paternelle semblable à un pivot pour Pauline qui lui obéissait et l'adorait. Mais ce père possédait une personnalité bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Et très justement, tout au long de ce livre, la modification des sentiments ou les réflexions de Pauline envers ses parents sont explorées.
Le procès où elle s'emmure dans un silence, son crime passionnel, ses années de prison sont racontés par la voix de Pauline.
Et il s'agit du portrait d'une jeune fille brillante, passionnée, intelligente dont la vie fut souillée à de nombreuses reprises qui nous est dépeint. Le Maroc était un pays où enfin elle pouvait espérer être tranquille mais l'amour en décidera autrement sous les traits de Jean. Au lieu de lui mentir, elle préfèrera une fois de plus la vérité et au final la mort. "Voilà. J'y suis. Je peux maintenant finir le travail du tribunal des libérateurs et me libérer. J'ai trente-quatre ans, je reconnais tous mes crimes et toutes mes erreurs, et en mon âme et conscience je me condamne à cette mort à laquelle j'avais cru échapper, surtout ces dernières années où j'ai commencé à croire à cette renaissance possible de tout. Je meurs comme dans le film."
Un livre poignant que j'ai lu en apnée. J'ai été happée, j'ai ressenti de l'empathie, j'ai été indignée, j'ai été bousculée, j'ai voulu crier ma colère mais sans à aucun moment juger Pauline Dubuisson ...
Une lecture dont on ne sort pas indemne !
Lu de cet auteur le très beau En vieillissant les hommes pleurent
1953, Pauline Dubuisson vingt-quatre ans est la première femme à être condamnée à la peine de mort pour avoir tué son ex-fiancé, étudiant en médecine comme elle, trois ans plus tôt. Une affaire judiciaire qui a inspiré à Clouzot le film "La vérité "avec comme interprète Brigitte Bardot. Libérée après neuf années de prison et portant désormais un autre nom, elle va voir le film avec l'espoir "que la vérité justement serait enfin entendue, non pas la vérité qui disculpe, mais celle qui ne condamne pas toujours". Anéantie après la séance, elle quitte la France pour le Maroc et "c'est ici que commence le livre" de Jean-Luc Seigle.
L'auteur se glisse dans la peau de Pauline Dubuisson et lui donne la parole. Il revient sur l'enfance de cette benjamine d'une fratrie de quatre enfants et seule fille qui vénère son père. Un père qui se suicidera le lendemain de son arrestation. Arrive la fin de l'enfance et la Seconde Guerre mondiale : deux de ses frères sont tués, sa mère séquestrée par la douleur. Renvoyée de l'école, elle travaille à seize ans en tant qu'infirmière et apprend des aspects de la médecine dans un hôpital sous tutelle allemande. Il s'agit d'un projet initié par son père non pour sa fille mais pour son épouse.
Alors qu'enfin elle va entamer les études dont elle rêve depuis toujours, son destin bascule une première fois en quelques jours. Elle sera battue, tondue, violée collectivement à la Libération pour avoir eu une aventure avec le médecin allemand.
A la Faculté de Médecine elle rencontre Félix Bailly fils de bonne famille. Ils s'aiment et elle lui dit la vérité. Elle le dégoûte, il l'insulte et ne veut plus d'elle : c'en est trop pour Pauline.
Jean-Luc Seigle sonde la relation qu'entretenait Pauline avec son père. Une figure paternelle semblable à un pivot pour Pauline qui lui obéissait et l'adorait. Mais ce père possédait une personnalité bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Et très justement, tout au long de ce livre, la modification des sentiments ou les réflexions de Pauline envers ses parents sont explorées.
Le procès où elle s'emmure dans un silence, son crime passionnel, ses années de prison sont racontés par la voix de Pauline.
Et il s'agit du portrait d'une jeune fille brillante, passionnée, intelligente dont la vie fut souillée à de nombreuses reprises qui nous est dépeint. Le Maroc était un pays où enfin elle pouvait espérer être tranquille mais l'amour en décidera autrement sous les traits de Jean. Au lieu de lui mentir, elle préfèrera une fois de plus la vérité et au final la mort. "Voilà. J'y suis. Je peux maintenant finir le travail du tribunal des libérateurs et me libérer. J'ai trente-quatre ans, je reconnais tous mes crimes et toutes mes erreurs, et en mon âme et conscience je me condamne à cette mort à laquelle j'avais cru échapper, surtout ces dernières années où j'ai commencé à croire à cette renaissance possible de tout. Je meurs comme dans le film."
Un livre poignant que j'ai lu en apnée. J'ai été happée, j'ai ressenti de l'empathie, j'ai été indignée, j'ai été bousculée, j'ai voulu crier ma colère mais sans à aucun moment juger Pauline Dubuisson ...
Une lecture dont on ne sort pas indemne !
Lu de cet auteur le très beau En vieillissant les hommes pleurent
lundi 26 janvier 2015
Peter Ackroyd - Trois frères
Éditeur : Philippe Rey - Traduit de l'anglais par Bernard Turle - Date de parution : Janvier 2015 - 283 pages et un avis très mitigé...
Harry, Daniel et Sam Hanway sont nés le même jour à un an d’intervalle. Nous sommes dans les années d'après-guerre à Londres, la famille vit (ou vivote) dans dans un quartier populaire. Le père travaille la nuit et sans crier gare, leur mère disparaît un beau jour. Les trois frères sont soudés, et ils ne parlent jamais du départ de leur mère.
Harry et Daniel veulent quitter rapidement le quartier où ils vivent et dont ils ont honte. Harry attiré par le journalisme commence au bas de l'échelle dans ce milieu. Mais très vite il montre des aptitudes. Le timide Daniel poursuit des études de lettres à la faculté et seul Sam reste reste avec leur père. Sans aucune ambition et sans avoir envie de travailler, c'est un rêveur qui finit pas rencontrer leur mère. Les trois frères ne se voient plus et ne cherchent pas à renouer contact. Harry est devenu journaliste, Daniel professeur à Cambridge et Sam travaille pour un propriétaire qui n'est pas étouffé par les scrupules. Sans le savoir, ils vont côtoyer ou s'intéresser de près ou de loin, pour affaires ou pour raisons personnelles, à des mêmes personnes dont certaines ne sont pas forcément recommandables. Argent sale, pots de vin et corruption sont au rendez-vous.
Si au départ de ce livre, j'ai trouvé que l'auteur nous détaillait les personnages et leurs personnalités, j'ai eu l'impression ensuite que les combines et les escroqueries laissaient peu de place à Harry, Daniel et Sam qui perdaient en densité. Honnêtement, j'ai pratiquement failli décrocher malgré une certaine causticité.
Et même si dans le dernier quart du livre Peter Ackroyd replace en première ligne la destinée des frères Hanway (avec une fin dramatique) ça n'a pas été suffisant pour moi...
Le billet de Keisha
Harry, Daniel et Sam Hanway sont nés le même jour à un an d’intervalle. Nous sommes dans les années d'après-guerre à Londres, la famille vit (ou vivote) dans dans un quartier populaire. Le père travaille la nuit et sans crier gare, leur mère disparaît un beau jour. Les trois frères sont soudés, et ils ne parlent jamais du départ de leur mère.
Harry et Daniel veulent quitter rapidement le quartier où ils vivent et dont ils ont honte. Harry attiré par le journalisme commence au bas de l'échelle dans ce milieu. Mais très vite il montre des aptitudes. Le timide Daniel poursuit des études de lettres à la faculté et seul Sam reste reste avec leur père. Sans aucune ambition et sans avoir envie de travailler, c'est un rêveur qui finit pas rencontrer leur mère. Les trois frères ne se voient plus et ne cherchent pas à renouer contact. Harry est devenu journaliste, Daniel professeur à Cambridge et Sam travaille pour un propriétaire qui n'est pas étouffé par les scrupules. Sans le savoir, ils vont côtoyer ou s'intéresser de près ou de loin, pour affaires ou pour raisons personnelles, à des mêmes personnes dont certaines ne sont pas forcément recommandables. Argent sale, pots de vin et corruption sont au rendez-vous.
Si au départ de ce livre, j'ai trouvé que l'auteur nous détaillait les personnages et leurs personnalités, j'ai eu l'impression ensuite que les combines et les escroqueries laissaient peu de place à Harry, Daniel et Sam qui perdaient en densité. Honnêtement, j'ai pratiquement failli décrocher malgré une certaine causticité.
Et même si dans le dernier quart du livre Peter Ackroyd replace en première ligne la destinée des frères Hanway (avec une fin dramatique) ça n'a pas été suffisant pour moi...
Le billet de Keisha
vendredi 23 janvier 2015
Gilles Leroy - Le monde selon Billy Boy
Éditeur : Mercure de France - Date de parution : Décembre 204 - 250 pages sobres et dignes...
Fin des années 50, Eliane tout juste vingt ans tombe enceinte par accident d'André. Beau garçon, il lui a menti sur son âge et n'a que dix-sept ans. Quand la mère d'Eliane découvre son état, elle la chasse. Eliane trouve un petit appartement sous les toits, un logement temporaire qui durera dix ans. André l'abandonne se trouvant trop jeune pour devenir père. Sa famille s'oppose au mariage et voudrait qu'Eliane avorte mais jamais elle ne cèdera. Eliane travaille comme sténo-dactylo pour un général dans un ministère. Mais elle a peur du futur qui fera d'elle une fille-mère et se sent souvent désemparée car dans la France de cette époque les conventions priment.
Eliane et André sont les parents de Gilles Leroy. Sans les mettre sur un piédestal, l'auteur évoque la naïveté d'Eliane tout comme sa peur, son courage ou sa ténacité. A la sœur d'André qui lui propose de l'argent pour se faire oublier, elle refuse. Tant pis, si elle doit élever seule son enfant. Eliane issue d'un milieu modeste ne convient pas aux parents d'André des commerçants qui se sont embourgeoisés. Entre séparations et réconciliations, le mariage sans cotillons sera célébré avant la naissance de l'enfant.
Eliane n'a jamais caché à son fils qu'il n'était pas désiré mais le bonheur qu'il a apporté à ses parents a été le plus fort. Jamais de reproches ou de remords en parlant de lui. Gilles Leroy livre l'histoire de ses parents, des gens simples qui ont mené une vie simple, et comble les vides quand il y en a. Mais il revient aussi sur cette l'angoisse qui l'a habitée.
Sans pathos et sans sentimentalisme, cette quête familiale menée par Gilles Leroy si elle nous plonge dans les années soixante ne peut que toucher.
Beau, juste et sobre et émouvant avec une vraie simplicité qui va directement au cœur !
Parfois, elle se souvenait. "Pour toi, je n'aurai aucun de secret". Elle riait en se rappelant les recettes de bonnes femmes pour me faire passer, la plus ridicule étant selon elle le saut en lessiveuse. "Mais non, tu t'accrochais. Rien à faire contre ton envie de vivre."
Lu de cet auteur : Alabama Song - Zola Jackson
Fin des années 50, Eliane tout juste vingt ans tombe enceinte par accident d'André. Beau garçon, il lui a menti sur son âge et n'a que dix-sept ans. Quand la mère d'Eliane découvre son état, elle la chasse. Eliane trouve un petit appartement sous les toits, un logement temporaire qui durera dix ans. André l'abandonne se trouvant trop jeune pour devenir père. Sa famille s'oppose au mariage et voudrait qu'Eliane avorte mais jamais elle ne cèdera. Eliane travaille comme sténo-dactylo pour un général dans un ministère. Mais elle a peur du futur qui fera d'elle une fille-mère et se sent souvent désemparée car dans la France de cette époque les conventions priment.
Eliane et André sont les parents de Gilles Leroy. Sans les mettre sur un piédestal, l'auteur évoque la naïveté d'Eliane tout comme sa peur, son courage ou sa ténacité. A la sœur d'André qui lui propose de l'argent pour se faire oublier, elle refuse. Tant pis, si elle doit élever seule son enfant. Eliane issue d'un milieu modeste ne convient pas aux parents d'André des commerçants qui se sont embourgeoisés. Entre séparations et réconciliations, le mariage sans cotillons sera célébré avant la naissance de l'enfant.
Eliane n'a jamais caché à son fils qu'il n'était pas désiré mais le bonheur qu'il a apporté à ses parents a été le plus fort. Jamais de reproches ou de remords en parlant de lui. Gilles Leroy livre l'histoire de ses parents, des gens simples qui ont mené une vie simple, et comble les vides quand il y en a. Mais il revient aussi sur cette l'angoisse qui l'a habitée.
Sans pathos et sans sentimentalisme, cette quête familiale menée par Gilles Leroy si elle nous plonge dans les années soixante ne peut que toucher.
Beau, juste et sobre et émouvant avec une vraie simplicité qui va directement au cœur !
Parfois, elle se souvenait. "Pour toi, je n'aurai aucun de secret". Elle riait en se rappelant les recettes de bonnes femmes pour me faire passer, la plus ridicule étant selon elle le saut en lessiveuse. "Mais non, tu t'accrochais. Rien à faire contre ton envie de vivre."
Lu de cet auteur : Alabama Song - Zola Jackson
jeudi 22 janvier 2015
Kim Zupan - Les Arpenteurs
Éditeur : Gallmeister - Traduit de l'américain par Laura Derajinski - Date de parution : Décembre 2014 - 272 pages menées de main de maître !
Val Millimaki et John Gload vont par la force des choses passer du temps ensemble.A la prison, l’adjoint du shérif est d'astreinte les nuits là alors que John Gload est en attente de son procès. A presque 80 ans, ce criminel s'est laissé arrêter sans opposer de force ou de violence. Le couple de Val Millimaki bat de l'aile, sa femme ne se plaît pas dans le Montana. John Gload ne dort jamais et il cherche à parler avec celui qui le surveille. Fin observateur, il devine les tracas, le sommeil dont manque l’adjoint du shérif. Et au fil des nuits, Millikami commence à lui parler. Entre les deux hommes une relation particulière s'installe. John Gload est prêt à livrer des informations à Millimaki. Et forcément ça intéresse les supérieurs de Millikami si le prisonnier pouvait faire des confidences avant d'être jugé.
Sur la journée, Millikami n'arrive pas trouver le sommeil et il se ballade dans la nature. Une nature qui ne pardonne pas à ceux qui s'y sont égarés. La nuit, tous deux réfléchissent chacun à la vie, à la mort, à l'amour. Mais en étant représentant de la loi, quelle est la frontière à ne dépasser pour Millakami ? Le criminel et son geôlier ont des points communs : l'amour des grands espaces et celui d'avoir subi la mort d'un parent très jeune. Leur relation prend une tournure différente. Est-ce que le jeune adjoint cherche simplement des informations ? John Gload le mène-t-il en bateau ? Chaque matin, l'adjoint du shérif tente de reprendre sa vie en main dans une réalité qui semble le fuir.
Un premier roman au rythme lent mais qui a su focaliser toute mon attention car il est mené de main de maître ! Un livre troublant où l'on se demande qui des deux personnages mène la danse avec un final complètement inattendu. Sombre mais parsemé, heureusement, de quelques touches de lumière, ce livre marque et interpelle. Et à noter l'excellent travail de traduction.
Val Millimaki et John Gload vont par la force des choses passer du temps ensemble.A la prison, l’adjoint du shérif est d'astreinte les nuits là alors que John Gload est en attente de son procès. A presque 80 ans, ce criminel s'est laissé arrêter sans opposer de force ou de violence. Le couple de Val Millimaki bat de l'aile, sa femme ne se plaît pas dans le Montana. John Gload ne dort jamais et il cherche à parler avec celui qui le surveille. Fin observateur, il devine les tracas, le sommeil dont manque l’adjoint du shérif. Et au fil des nuits, Millikami commence à lui parler. Entre les deux hommes une relation particulière s'installe. John Gload est prêt à livrer des informations à Millimaki. Et forcément ça intéresse les supérieurs de Millikami si le prisonnier pouvait faire des confidences avant d'être jugé.
Sur la journée, Millikami n'arrive pas trouver le sommeil et il se ballade dans la nature. Une nature qui ne pardonne pas à ceux qui s'y sont égarés. La nuit, tous deux réfléchissent chacun à la vie, à la mort, à l'amour. Mais en étant représentant de la loi, quelle est la frontière à ne dépasser pour Millakami ? Le criminel et son geôlier ont des points communs : l'amour des grands espaces et celui d'avoir subi la mort d'un parent très jeune. Leur relation prend une tournure différente. Est-ce que le jeune adjoint cherche simplement des informations ? John Gload le mène-t-il en bateau ? Chaque matin, l'adjoint du shérif tente de reprendre sa vie en main dans une réalité qui semble le fuir.
Un premier roman au rythme lent mais qui a su focaliser toute mon attention car il est mené de main de maître ! Un livre troublant où l'on se demande qui des deux personnages mène la danse avec un final complètement inattendu. Sombre mais parsemé, heureusement, de quelques touches de lumière, ce livre marque et interpelle. Et à noter l'excellent travail de traduction.
mardi 20 janvier 2015
Kate Atkinson - Une vie après l'autre
Éditeur : Grasset - Traduit de l'anglais (Grande - Bretagne) par Isabelle Carron - Date de parution : Janvier 2015 - 514 pages et un régal !
Et si nous avions la chance de recommencer encore et de recommencer encore et encore ?"(...) Ce ne serait pas merveilleux?
Ursula Todd naît le 11 février 1910, seule date immuable dans sa vie. Mais les minutes qui précèdent ou suivent diffèrent. Le médecin arrive trop tard à Fox Corner la maison familiale et elle meurt ou alors sa mère la voyant ne ne pas respirer s'empare d'une petite paire de ciseaux et la libère du cordon ombilical qui lui serre le cou. Et ce sont autant de chemins selon des choix voulus ou non que la vie d'Ursula s'arrête ( "les ténèbres s'abattirent") ou continue. Elle est sauvée lors d'un accident de noyade ou y perd la vie, violée ou non à ses seize ans , elle poursuit des études de littérature anglaise ou apprend la sténo, son destin la conduit à voyager en Allemagne durant lequel elle deviendra amie avec Eva Braun ou encore elle participe à Londres lors du blitz à sauver des vies durant la Seconde Guerre mondiale.
A chaque fois, un simple petit détail par le biais d'un événement ou d'un personnage peut changer le cours de l'histoire et offrir à Ursula un nouvel avenir, modifiant également ceux de sa famille et de son entourage. Kate Atkinson applique le "et si " à Ursula une jeune fille courageuse dans tous toutes les circonstance.
Un roman puzzle intelligemment éclaté avec des touches d'humour corrosif ou plus tendre, des références à des écrivains et une galerie de personnages attachants ou antipathiques.
On se plonge avec régal dans le vie d'Ursula et de la famille Todd qui nous offrent de multiples histoires. Et pas une seule fois, le procédé peut sembler répétitif ou ennuyeux ! L'auteure nous ouvre une porte supplémentaire sur la notion du temps car Ursula a quelquefois la sensation de déjà vu ou de pressentiments.
Un livre qu'on ne lâche pas !
-Est-ce ce que serait une condition si déplorable ? D'être célibataire? dit Ursula en s'attaquant à son gâteau à la crème. Jane Austen s'en est contentée.
Le billet de Cathulu
Lu de cette auteure : A quand les bonnes nouvelles ? - Parti tôt, pris mon chien
Et si nous avions la chance de recommencer encore et de recommencer encore et encore ?"(...) Ce ne serait pas merveilleux?
Ursula Todd naît le 11 février 1910, seule date immuable dans sa vie. Mais les minutes qui précèdent ou suivent diffèrent. Le médecin arrive trop tard à Fox Corner la maison familiale et elle meurt ou alors sa mère la voyant ne ne pas respirer s'empare d'une petite paire de ciseaux et la libère du cordon ombilical qui lui serre le cou. Et ce sont autant de chemins selon des choix voulus ou non que la vie d'Ursula s'arrête ( "les ténèbres s'abattirent") ou continue. Elle est sauvée lors d'un accident de noyade ou y perd la vie, violée ou non à ses seize ans , elle poursuit des études de littérature anglaise ou apprend la sténo, son destin la conduit à voyager en Allemagne durant lequel elle deviendra amie avec Eva Braun ou encore elle participe à Londres lors du blitz à sauver des vies durant la Seconde Guerre mondiale.
A chaque fois, un simple petit détail par le biais d'un événement ou d'un personnage peut changer le cours de l'histoire et offrir à Ursula un nouvel avenir, modifiant également ceux de sa famille et de son entourage. Kate Atkinson applique le "et si " à Ursula une jeune fille courageuse dans tous toutes les circonstance.
Un roman puzzle intelligemment éclaté avec des touches d'humour corrosif ou plus tendre, des références à des écrivains et une galerie de personnages attachants ou antipathiques.
On se plonge avec régal dans le vie d'Ursula et de la famille Todd qui nous offrent de multiples histoires. Et pas une seule fois, le procédé peut sembler répétitif ou ennuyeux ! L'auteure nous ouvre une porte supplémentaire sur la notion du temps car Ursula a quelquefois la sensation de déjà vu ou de pressentiments.
Un livre qu'on ne lâche pas !
-Est-ce ce que serait une condition si déplorable ? D'être célibataire? dit Ursula en s'attaquant à son gâteau à la crème. Jane Austen s'en est contentée.
Le billet de Cathulu
Lu de cette auteure : A quand les bonnes nouvelles ? - Parti tôt, pris mon chien
dimanche 18 janvier 2015
Léonor de Récondo - Amours
Editeur : Sabine Wespieser - Date de parution : Janvier 2015 - 276 belles pages !
Début du XXème siècle dans un bourg du Cher. Victoire est mariée depuis cinq ans à Anselme de Boisvaillant, notaire de son état. Une union arrangée par les deux familles où les jours passent et se ressemblent pour Victoire, ni heureuse, ni malheureuse dans ce confort matériel. Ansleme attend d'elle qu'elle lui donne un fils. Souvent, il pousse la porte de la jeune bonne de la maison Céleste pour satisfaire ses envies. Mais Céleste tombe enceinte et craint de perdre sa place. Il est décidé qu'elle donnera naissance à son enfant qui sera adopté par ses patrons.
Céleste met au monde Adrien et Victoire espère que désormais son époux la laissera tranquille. Victoire affiche son bonheur d'être mère mais se lasse de l'enfant. Le petit Adrien dépérit et la nuit Céleste l'emporte avec elle dans sa chambre. Victoire les surprend : mère de sang et fils allongés sur le petit lit, peau contre peau. Chaque nuit, Victoire retrouve Céleste et leur amour chaste évolue vers la sensualité, le charnel. Toutes deux découvrent leur corps et prennent du plaisir. L'épouse trompe son mari et la bonne très pieuse délaisse la Vierge. Victoire rayonne et veut plus de liberté. Aller à Paris accompagnée de Céleste sous prétexte d'acheter des robes sans corset. Paris où Céleste s'affranchit de sa condition de bonne aux yeux de la société, et se sent une personne le temps d'une journée et d'une nuit. Mais ce voyage signera la fin des temps heureux. Si Victoire a gagné en assurance et en bonheur, Céleste par sa bonté se sacrifiera pour celle qu'elle aime et pour son fils.
Avec une écriture très classique et toujours ciselée, Léonor de Récondo nous décrit cette bourgeoisie, l'hypocrisie, le carcan des conventions, la morale et les barrières sociales. Alors que je m'attendais à une émotion plus forte, plus criante pour décrire l'amour entre Victoire et Céleste, une pudeur sensible magnifie ce sentiment.
Si j'ai trouvé que ce livre manquait un peu de relief, les dernières pages sont douloureusement belles !
L'amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d'alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L'éblouissement à portée de doigts et de langues.
Lu de cette auteure : Pietra Viva , Rêves oubliés
Début du XXème siècle dans un bourg du Cher. Victoire est mariée depuis cinq ans à Anselme de Boisvaillant, notaire de son état. Une union arrangée par les deux familles où les jours passent et se ressemblent pour Victoire, ni heureuse, ni malheureuse dans ce confort matériel. Ansleme attend d'elle qu'elle lui donne un fils. Souvent, il pousse la porte de la jeune bonne de la maison Céleste pour satisfaire ses envies. Mais Céleste tombe enceinte et craint de perdre sa place. Il est décidé qu'elle donnera naissance à son enfant qui sera adopté par ses patrons.
Céleste met au monde Adrien et Victoire espère que désormais son époux la laissera tranquille. Victoire affiche son bonheur d'être mère mais se lasse de l'enfant. Le petit Adrien dépérit et la nuit Céleste l'emporte avec elle dans sa chambre. Victoire les surprend : mère de sang et fils allongés sur le petit lit, peau contre peau. Chaque nuit, Victoire retrouve Céleste et leur amour chaste évolue vers la sensualité, le charnel. Toutes deux découvrent leur corps et prennent du plaisir. L'épouse trompe son mari et la bonne très pieuse délaisse la Vierge. Victoire rayonne et veut plus de liberté. Aller à Paris accompagnée de Céleste sous prétexte d'acheter des robes sans corset. Paris où Céleste s'affranchit de sa condition de bonne aux yeux de la société, et se sent une personne le temps d'une journée et d'une nuit. Mais ce voyage signera la fin des temps heureux. Si Victoire a gagné en assurance et en bonheur, Céleste par sa bonté se sacrifiera pour celle qu'elle aime et pour son fils.
Avec une écriture très classique et toujours ciselée, Léonor de Récondo nous décrit cette bourgeoisie, l'hypocrisie, le carcan des conventions, la morale et les barrières sociales. Alors que je m'attendais à une émotion plus forte, plus criante pour décrire l'amour entre Victoire et Céleste, une pudeur sensible magnifie ce sentiment.
Si j'ai trouvé que ce livre manquait un peu de relief, les dernières pages sont douloureusement belles !
L'amour est là, où il ne devrait pas être, au deuxième étage de cette maison cossue, protégé par la pierre de tuffeau et ses ardoises trop bien alignées, protégé par cette pensée bourgeoise qui jusque là les contraignaient, et qui, maintenant leur offre un écrin. Point de velours cramoisi, point d'alcôve confortable, mais un lit de fer et une couverture de laine qui leur gratte la peau. L'éblouissement à portée de doigts et de langues.
Lu de cette auteure : Pietra Viva , Rêves oubliés
vendredi 16 janvier 2015
Virginie Despentes - Vernon Subutex
Éditeur : Grasset - Date de parution : Janvier 2015 - 397 pages réussies !
Après avoir lu Apocalypse Bébé de Virginie Despentes, j'étais restée sur trop de trash, trop de provocation. Soit avec le nombre des années, il faut plus pour me choquer soit en effet ce nouveau livre de l'auteure est un plus sage.
A vingt ans, Vernon Subutex était disquaire spécialisé dans le rock. Maintenant âgé de cinquante ans, son magasin le Révolver a fermé depuis belle lurette en 2006. Il touche le RSA et un ami Alex Bleach chanteur et ancien fondateur d'un groupe de rock lui paie son loyer. Sauf que ce dernier meurt d'une overdose. Et voilà Vernon à la rue avec quelques affaires dont des vidéos inédites d'Alex. Sans qu'il soit au courant, beaucoup de personnes aimeraient mettre la main sur ces enregistrements.
Il squatte pour une nuit ou plus, à gauche et à droite, chez des anciens du groupe d'Alex ou chez des ancienne copines ou chez un ami d'une copine. Du transsexuel qui a réussi une reconversion dans le cinéma derrière les manettes, aux copains désormais dont les femmes grincent des dents en voyant Vernon, des soirées dans le Paris branché saupoudrées de drogue et où l'alcool verse à flots, des lendemains difficiles où il se fait éjecter, des copines hétéros ou non qui veulent coucher avec lui, du gars raciste ou violent avec sa copine, de la fille complètement barrée à l'adolescente de confession musulmane. Et ce sont autant de personnages qui nous emportent dans des univers différents mais à chaque fois ça sonne juste !
Vernon erre et cherche un toit alors que la toile pour le retrouver se resserre. A l'heure de Facebook, il est traqué sur le Net. Il a laissé les vidéos tant convoitées chez la première fille qui l'a hébergé et n'a plus d'endroit pour dormir.
Il est difficile de situer ce livre : chronique sociale que Virginie Despentes radioscopie avec un soupçon de roman policier. Et peu importe car il est terriblement réussi et il ferre le lecteur ! L'écriture est vive ( avec un peu de trash), déborde d'énergie ou de colère et ce sont autant de réflexions qui interpellent ou qui touchent. On n'a pas le temps de s'ennuyer dans cette comédie humaine actuelle qui dérange à plus d'un titre. Je l'ai dévoré !
Et vivement mars pour la suite !
Lydia n'aime pas s'afficher avec avec des gens qui ne l'épatent pas. Elle ne croit pas plus au confort relationnel qu'à l'avantage des Nike sur les escarpins. Les baskets sont plus confortables et meilleures pour le dos, n'empêche qu'on a toujours plus d'allure sur des stilettos. C'est pareil pour les fréquentations : si ça ne fait pas rêver, vu de l'extérieur, c'est qu'on n'est assise à la bonne table. Là, par exemple, elle est juste madame nobody assise à la table d'anonymes mal sapés. Pas de quoi se sentir valorisée.
Merci Cath !
Après avoir lu Apocalypse Bébé de Virginie Despentes, j'étais restée sur trop de trash, trop de provocation. Soit avec le nombre des années, il faut plus pour me choquer soit en effet ce nouveau livre de l'auteure est un plus sage.
A vingt ans, Vernon Subutex était disquaire spécialisé dans le rock. Maintenant âgé de cinquante ans, son magasin le Révolver a fermé depuis belle lurette en 2006. Il touche le RSA et un ami Alex Bleach chanteur et ancien fondateur d'un groupe de rock lui paie son loyer. Sauf que ce dernier meurt d'une overdose. Et voilà Vernon à la rue avec quelques affaires dont des vidéos inédites d'Alex. Sans qu'il soit au courant, beaucoup de personnes aimeraient mettre la main sur ces enregistrements.
Il squatte pour une nuit ou plus, à gauche et à droite, chez des anciens du groupe d'Alex ou chez des ancienne copines ou chez un ami d'une copine. Du transsexuel qui a réussi une reconversion dans le cinéma derrière les manettes, aux copains désormais dont les femmes grincent des dents en voyant Vernon, des soirées dans le Paris branché saupoudrées de drogue et où l'alcool verse à flots, des lendemains difficiles où il se fait éjecter, des copines hétéros ou non qui veulent coucher avec lui, du gars raciste ou violent avec sa copine, de la fille complètement barrée à l'adolescente de confession musulmane. Et ce sont autant de personnages qui nous emportent dans des univers différents mais à chaque fois ça sonne juste !
Vernon erre et cherche un toit alors que la toile pour le retrouver se resserre. A l'heure de Facebook, il est traqué sur le Net. Il a laissé les vidéos tant convoitées chez la première fille qui l'a hébergé et n'a plus d'endroit pour dormir.
Il est difficile de situer ce livre : chronique sociale que Virginie Despentes radioscopie avec un soupçon de roman policier. Et peu importe car il est terriblement réussi et il ferre le lecteur ! L'écriture est vive ( avec un peu de trash), déborde d'énergie ou de colère et ce sont autant de réflexions qui interpellent ou qui touchent. On n'a pas le temps de s'ennuyer dans cette comédie humaine actuelle qui dérange à plus d'un titre. Je l'ai dévoré !
Et vivement mars pour la suite !
Lydia n'aime pas s'afficher avec avec des gens qui ne l'épatent pas. Elle ne croit pas plus au confort relationnel qu'à l'avantage des Nike sur les escarpins. Les baskets sont plus confortables et meilleures pour le dos, n'empêche qu'on a toujours plus d'allure sur des stilettos. C'est pareil pour les fréquentations : si ça ne fait pas rêver, vu de l'extérieur, c'est qu'on n'est assise à la bonne table. Là, par exemple, elle est juste madame nobody assise à la table d'anonymes mal sapés. Pas de quoi se sentir valorisée.
Merci Cath !
mercredi 14 janvier 2015
Gitta Sereny - Une si jolie petite fille
Éditeur : Plein jour - Traduit de l'anglais par Géraldine Barbe - Date de parution : Septembre 2014 - 437 pages saisissantes !
En 1968, à Newcastle en Angleterre, deux enfants de trois et quatre ans sont assassinés. Deux fillettes Mary et Norma qui habitent le quartier sont arrêtées. Mary âgée de onze ans est reconnue par un tribunal comme la meurtrière et jugée comme une adulte sans que que l'on fouille dans sa vie d'enfant pour tenter de trouver un début d'explication à ses actes. La journaliste Gitta Sereny avait suivi ce procès et avait écrit un premier livre. Libérée à vingt-trois ans, Mary est fracassée. Trente ans plus tard après les faits alors qu'elle est maman d'une petite fille, elle accepte pendant de nombreux mois de répondre aux questions de l'auteure.
Ces entretiens retracent la vie de Mary. Des meurtres à ses emprisonnement dans des structures pas adaptées pour une fille de son âge, la prison, l'attitude de sa mère qui vendait aux tabloïds de fausses lettres de sa fille. Mary cherche souvent à ne pas répondre aux questions ou alors elle se contredit. Ses souvenirs ne sont pas forcément exacts et Gitta Serena s'est appuyée sur des déclarations et des témoignages de personnes pour pouvoir clarifier et élucider certaines zones d'ombre. On découvre la relation ambiguë entre Mary et sa mère, les souffrances enfouies de son enfance qui sont effroyables mais aussi ce qu'elle a vécu durant le procès et ses emprisonnements. Ce portait n'oublie pas la peine des famille des victimes et surtout ne tente pas d'innocenter Mary.
Grâce à ces entretiens, Mary a enfin admis sa responsabilité et a pu mettre des mots pour la première fois sur ce qu'elle a subi enfant.
Loin de toute forme de sensationnel ou de mise en scène du glauque, Gitta Sereny met en avant les défaillances d'un système judiciaire et carcéral en vigueur à l'époque. Mais cette enquête traite aussi de la rédemption et du pardon.
Troublant et saisissant !
Lorsqu'on écrit sur des êtres humains dont les agissements ont causé du tort aux autres, on ne ne doit jamais oublier ni la douleur ni l'amertume inévitablement ressentie par ceux à qui la souffrance a été infligée, et ce, quel que soit le temps écoulé.
Tout le problème, quand on juge un enfant dans un tribunal pour adultes, est que la procédure est uniquement fondée sur la recherche de preuves. (...) Personne ne s'occupe d'observer, de connaître l'enfant et son contexte familial, personne ne considère que ce genre d'investigations pourraient entrer, comme les preuves, dans l'étude de son cas. Par-dessus tout, on ne différencie pas les enfants des adultes, pas plus dans leur appréhension du déroulement de la procédure et de la fonction du tribunal que dans leur compréhension du bien et du mal.
Le billet d'Antigone
En 1968, à Newcastle en Angleterre, deux enfants de trois et quatre ans sont assassinés. Deux fillettes Mary et Norma qui habitent le quartier sont arrêtées. Mary âgée de onze ans est reconnue par un tribunal comme la meurtrière et jugée comme une adulte sans que que l'on fouille dans sa vie d'enfant pour tenter de trouver un début d'explication à ses actes. La journaliste Gitta Sereny avait suivi ce procès et avait écrit un premier livre. Libérée à vingt-trois ans, Mary est fracassée. Trente ans plus tard après les faits alors qu'elle est maman d'une petite fille, elle accepte pendant de nombreux mois de répondre aux questions de l'auteure.
Ces entretiens retracent la vie de Mary. Des meurtres à ses emprisonnement dans des structures pas adaptées pour une fille de son âge, la prison, l'attitude de sa mère qui vendait aux tabloïds de fausses lettres de sa fille. Mary cherche souvent à ne pas répondre aux questions ou alors elle se contredit. Ses souvenirs ne sont pas forcément exacts et Gitta Serena s'est appuyée sur des déclarations et des témoignages de personnes pour pouvoir clarifier et élucider certaines zones d'ombre. On découvre la relation ambiguë entre Mary et sa mère, les souffrances enfouies de son enfance qui sont effroyables mais aussi ce qu'elle a vécu durant le procès et ses emprisonnements. Ce portait n'oublie pas la peine des famille des victimes et surtout ne tente pas d'innocenter Mary.
Grâce à ces entretiens, Mary a enfin admis sa responsabilité et a pu mettre des mots pour la première fois sur ce qu'elle a subi enfant.
Loin de toute forme de sensationnel ou de mise en scène du glauque, Gitta Sereny met en avant les défaillances d'un système judiciaire et carcéral en vigueur à l'époque. Mais cette enquête traite aussi de la rédemption et du pardon.
Troublant et saisissant !
Lorsqu'on écrit sur des êtres humains dont les agissements ont causé du tort aux autres, on ne ne doit jamais oublier ni la douleur ni l'amertume inévitablement ressentie par ceux à qui la souffrance a été infligée, et ce, quel que soit le temps écoulé.
Tout le problème, quand on juge un enfant dans un tribunal pour adultes, est que la procédure est uniquement fondée sur la recherche de preuves. (...) Personne ne s'occupe d'observer, de connaître l'enfant et son contexte familial, personne ne considère que ce genre d'investigations pourraient entrer, comme les preuves, dans l'étude de son cas. Par-dessus tout, on ne différencie pas les enfants des adultes, pas plus dans leur appréhension du déroulement de la procédure et de la fonction du tribunal que dans leur compréhension du bien et du mal.
Le billet d'Antigone
mardi 13 janvier 2015
Russell Banks - Un membre permanent de la famille
Éditeur : Actes sud - Date de parution : Janvier 2015 - 239 pages et 12 nouvelles à lire!
Depuis plusieurs mois, j'ai délaissé les nouvelles mais là je ne pouvais pas rater ce nouveau recueil de Russel Banks! Depuis ma découvert électrochoc de Lointain souvenir de la peau (grâce à Cuné) puis De beaux lendemains, je reportais toujours la lecture de cet auteur. Mais avec ce recueil c'est chose faite !
Et Russell Banks démontre tout son talent dans ces douze nouvelles! Un ancien Marine devenu âgé qui a élevé seul ses fil dans le respect braque désormais des banques pour subvenir à ses besoins. Un couple divorcé avec enfants s'arrange tant bien que mal (ou plutôt mal) pour la garde des enfants. Mais que faire du chien ? Une femme noire à économiser 3500 dollars pour d'acheter sa première voiture. Elle se retrouvé enfermée la nuit dans le parc d'exposition avec son argent liquide sur elle. Traquée par un pitbull, sur appel téléphonique d'un jeune, la télévision débarque et la filme. La fin m'a laissée sans voix...
Et que dire du désarroi de cet homme qui vient de remporter un prix prestigieux et qui doit le fêter avec ses amis ? Au lieu de se réjouir, ils sont jaloux. Pour eux, il a obtenu ce prix non pas son travail mais par son réseau d'influence. Sa femme le soutient mais pour combien de temps?
En Floride où ils venaient tout juste de s'installer, un mari jeune retraité meurt laissant une femme qui s'épanouit (dans la nouvelle intitulée "Oiseaux des neiges" qui est un bijou)! Et il y aussi l'histoire d'une junky certainement décédée mais que cherche toujours une femme qui l'a hébergée. Attention, la bienveillance s'éloigne très vite. La nouvelle où un homme qui vit grâce à une transplantation cardiaque m'a beaucoup émue.
Dans la plupart de ces nouvelles, on se retrouve à des moments dans des vies où tout peut basculer. Russell Banks fait évoluer chaque histoire dans un sens qu'on n'attendait pas. Ses personnages se dévoilent dans ces instantanés de vie avec la solitude, la souffrance, les échecs amoureux ou la routine des couples et surtout ce qui fait l'Amérique. Un pays avec ses différences sociales flagrantes et où les paillettes sont absentes.
Tout sonne parfaitement juste et sans excès. A lire !
Avant que les policiers n'éloigne le chien et la libèrent de sa cage, il faudra qu'elle prouve son innocence. Chose qui n'est jamais facile pour une personne noire dans cette ville.
Lu de cet auteur : De beaux lendemains - Lointain souvenir de la peau
Depuis plusieurs mois, j'ai délaissé les nouvelles mais là je ne pouvais pas rater ce nouveau recueil de Russel Banks! Depuis ma découvert électrochoc de Lointain souvenir de la peau (grâce à Cuné) puis De beaux lendemains, je reportais toujours la lecture de cet auteur. Mais avec ce recueil c'est chose faite !
Et Russell Banks démontre tout son talent dans ces douze nouvelles! Un ancien Marine devenu âgé qui a élevé seul ses fil dans le respect braque désormais des banques pour subvenir à ses besoins. Un couple divorcé avec enfants s'arrange tant bien que mal (ou plutôt mal) pour la garde des enfants. Mais que faire du chien ? Une femme noire à économiser 3500 dollars pour d'acheter sa première voiture. Elle se retrouvé enfermée la nuit dans le parc d'exposition avec son argent liquide sur elle. Traquée par un pitbull, sur appel téléphonique d'un jeune, la télévision débarque et la filme. La fin m'a laissée sans voix...
Et que dire du désarroi de cet homme qui vient de remporter un prix prestigieux et qui doit le fêter avec ses amis ? Au lieu de se réjouir, ils sont jaloux. Pour eux, il a obtenu ce prix non pas son travail mais par son réseau d'influence. Sa femme le soutient mais pour combien de temps?
En Floride où ils venaient tout juste de s'installer, un mari jeune retraité meurt laissant une femme qui s'épanouit (dans la nouvelle intitulée "Oiseaux des neiges" qui est un bijou)! Et il y aussi l'histoire d'une junky certainement décédée mais que cherche toujours une femme qui l'a hébergée. Attention, la bienveillance s'éloigne très vite. La nouvelle où un homme qui vit grâce à une transplantation cardiaque m'a beaucoup émue.
Dans la plupart de ces nouvelles, on se retrouve à des moments dans des vies où tout peut basculer. Russell Banks fait évoluer chaque histoire dans un sens qu'on n'attendait pas. Ses personnages se dévoilent dans ces instantanés de vie avec la solitude, la souffrance, les échecs amoureux ou la routine des couples et surtout ce qui fait l'Amérique. Un pays avec ses différences sociales flagrantes et où les paillettes sont absentes.
Tout sonne parfaitement juste et sans excès. A lire !
Avant que les policiers n'éloigne le chien et la libèrent de sa cage, il faudra qu'elle prouve son innocence. Chose qui n'est jamais facile pour une personne noire dans cette ville.
Lu de cet auteur : De beaux lendemains - Lointain souvenir de la peau
lundi 12 janvier 2015
Valérie Tong Cuong - Pardonnable, impardonnable
Éditeur : JC Lattes - Date de parution : Janvier 2015 - 337 pages ...
Un après-midi d'été ensoleillé, Milo 12 ans doit réviser ses cours sous la surveillance de sa tante Marguerite. Mais elle lui propose une course de vélos. Milo chute et est grièvement blessé.
Ses parents Céleste et Lino étaient absents. Officiellement, ils choisissaient du carrelage pour la piscine, accompagnés de Jeanne la mère de Céleste et de Marguerite. Après avoir été placé dans un coma artificiel, Milo se réveille mais les séquelles sont nombreuses. Marguerite qui jusque là avait fait passer cette promenade comme une demande de Milo voit son mensonge exploser. Ca ne sera pas le dernier.
Jeanne qui voue un amour maternel exclusif à Céleste ne cherche pas défendre sa cadette. Autoritaire, elle toujours voulu régner sur la vie de Céleste. Lino n'a jamais été pour elle le gendre idéal et Jeanne aime encore le lui rappeler. Lino issu d'un milieu modeste veut que son fils réussisse et soit toujours le premier. Céleste n'a jamais oublié ce que c'est de perdre un enfant.
Des non-dits révélés, des mensonges éclairées par la vérité et la rage, la colère, les déceptions apparaissent alors que Milo lui a besoin de ressentir l'amour des siens. D'un vrai soutien et non de tensions pour pouvoir progresser. Mais comment être soudés quand tout semble désormais les éloigner? Milo est la bouée à laquelle ils se raccrochent.
Durant les cent premières premières pages, j'ai vibré à 200%. La douleur exprimée, vécue par chacun d'entre eux m'a serrée la gorge. Dans ce roman choral, Valérie Tong Cuong nous plonge efficacement dans les émotions et les questions de chacun. Et ça fait fait mal, très mal. Mais hélas, petit à petit, je me suis détachée. Je n'ai plus cru à cette famille ni à son histoire passée et à venir. Trop de peines, trop de mensonges et trop de retournements (dont j'ai deviné certains assez facilement). Dommage...
Les billets de Leiloona, Micmelo et de Séverine qui ont aimé. Jostein est plus réservée
Lu de cette auteure : L'atelier des miracles
Un après-midi d'été ensoleillé, Milo 12 ans doit réviser ses cours sous la surveillance de sa tante Marguerite. Mais elle lui propose une course de vélos. Milo chute et est grièvement blessé.
Ses parents Céleste et Lino étaient absents. Officiellement, ils choisissaient du carrelage pour la piscine, accompagnés de Jeanne la mère de Céleste et de Marguerite. Après avoir été placé dans un coma artificiel, Milo se réveille mais les séquelles sont nombreuses. Marguerite qui jusque là avait fait passer cette promenade comme une demande de Milo voit son mensonge exploser. Ca ne sera pas le dernier.
Jeanne qui voue un amour maternel exclusif à Céleste ne cherche pas défendre sa cadette. Autoritaire, elle toujours voulu régner sur la vie de Céleste. Lino n'a jamais été pour elle le gendre idéal et Jeanne aime encore le lui rappeler. Lino issu d'un milieu modeste veut que son fils réussisse et soit toujours le premier. Céleste n'a jamais oublié ce que c'est de perdre un enfant.
Des non-dits révélés, des mensonges éclairées par la vérité et la rage, la colère, les déceptions apparaissent alors que Milo lui a besoin de ressentir l'amour des siens. D'un vrai soutien et non de tensions pour pouvoir progresser. Mais comment être soudés quand tout semble désormais les éloigner? Milo est la bouée à laquelle ils se raccrochent.
Durant les cent premières premières pages, j'ai vibré à 200%. La douleur exprimée, vécue par chacun d'entre eux m'a serrée la gorge. Dans ce roman choral, Valérie Tong Cuong nous plonge efficacement dans les émotions et les questions de chacun. Et ça fait fait mal, très mal. Mais hélas, petit à petit, je me suis détachée. Je n'ai plus cru à cette famille ni à son histoire passée et à venir. Trop de peines, trop de mensonges et trop de retournements (dont j'ai deviné certains assez facilement). Dommage...
Les billets de Leiloona, Micmelo et de Séverine qui ont aimé. Jostein est plus réservée
Lu de cette auteure : L'atelier des miracles
samedi 10 janvier 2015
Nicolas Delesalle - Un parfum d'herbe coupée
Éditeur : Préludes- Date de parution : Janvier 2015 - 285 pages agréables...
Le narrateur replonge dans ses souvenirs d'enfance puis d'adolescence et ce sont autant d'anecdotes qui nous sont racontées.
Le livre s'ouvre sur le décès de sa grand-mère alors que son grand-père est atteint d'Alzheimer. Nous sommes dans les années 80 et on revit cette époque. Canal + et son film mensuel crypté, la découverte pour le narrateur de Boris Vian, les vacances, le premier baiser mais aussi les émissions de Michel Drucker (!). Une enfance heureuse et donc des souvenirs tendres teintés de nostalgie mais aussi d'humour. Et là où on pourrait commencer à se dire que tout cela bien gentil, Nicolas Delesalle nous fait passer un moment agréable et nous évite les pièges de l'ennui et celui de la mièvrerie.
Une écriture agile, une lecture réconfortante qui m'a fait souvent sourire...
Et même si au final ce n'est pas une lecture impérissable, il s'agit de ce dont j'avais besoin en ce moment.
Soit j'étais très con, soit j'étais un génie et les autres des imbéciles. La statistique la plus élémentaire m'isolait dans la bêtise.
Le billet de keisha qui en parle aujourd'hui également
Le narrateur replonge dans ses souvenirs d'enfance puis d'adolescence et ce sont autant d'anecdotes qui nous sont racontées.
Le livre s'ouvre sur le décès de sa grand-mère alors que son grand-père est atteint d'Alzheimer. Nous sommes dans les années 80 et on revit cette époque. Canal + et son film mensuel crypté, la découverte pour le narrateur de Boris Vian, les vacances, le premier baiser mais aussi les émissions de Michel Drucker (!). Une enfance heureuse et donc des souvenirs tendres teintés de nostalgie mais aussi d'humour. Et là où on pourrait commencer à se dire que tout cela bien gentil, Nicolas Delesalle nous fait passer un moment agréable et nous évite les pièges de l'ennui et celui de la mièvrerie.
Une écriture agile, une lecture réconfortante qui m'a fait souvent sourire...
Et même si au final ce n'est pas une lecture impérissable, il s'agit de ce dont j'avais besoin en ce moment.
Soit j'étais très con, soit j'étais un génie et les autres des imbéciles. La statistique la plus élémentaire m'isolait dans la bêtise.
Le billet de keisha qui en parle aujourd'hui également
mercredi 7 janvier 2015
William Giraldi - Aucun homme ni dieu
Éditeur : Autrement - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Mathilde Bach - Date de parution : Janvier 2015 - 309 pages dont on ne sort pas indemne !
Dans un petit village reculé de l'Alaska alors que l'hiver est particulièrement rude, les loups s'en sont pris à trois enfants. Ils ont quitté leur territoire pour s'aventurer sur celui des homme. Medora Slone mère de la troisième victime, le petit Bailey, écrit à Russell Core un écrivain qui a observé ces bêtes. Elle lui demande de l'aide. Retrouver ce qui reste de son enfant pour elle et pour son mari qui participe à une guerre loin de son pays et où la neige est remplacée par du sable. Russell Core accepte.
Il y a ce froid terrible que Russell Core n'imaginait pas tout comme le silence des habitants. Un village soudé où les légendes, les mythes remplacent la loi des hommes. A travers ces paysages immaculés, Russell Core cherche durant une journée la trace de la meute. Quand il revient chez Medora Slone, celle-ci a disparu et il fait une découverte terrifiante. Abasourdi, il cherche à comprendre. Pendant ce temps, Vernon Slore blessé doit revenir chez lui et est mis au courant de la situation. Vernon Slore est décidé à retrouver sa femme. La police qui recherche elle-aussi Medora ne pourra pas l'en empêcher ni personne d'autre. Et sa quête est sans pitié.
Au fil des pages, la violence éclate. Sourde et meurtrière brisant le silence de ces décors enneigés. Sauf que ce livre prend une autre tournure. La tension y est presque insoutenable. On pressent qu'il va se produire quelque chose mais on est loin d'imaginer ce que William Giraldi nous réserve.
"Les bêtes qui hantent les esprits des hommes damnés", la vengeance et ce qui peut être considéré comme des sorts ou des mythes et qui vont à l'encontre ce que nous croyons nous explosent en pleine figure ! Un roman où la noirceur est contrebalancée et par l'écriture épurée, par ces paysages sublimes où le calme règne, par l'amour qui surgit en fin de ce roman et qui nous laisse sans voix...
Un roman absolument maîtrisé, implacable et une lecture dont on ne sort pas indemne !
- Il n'y a pas que notre monde qui est sauvage, nous le sommes aussi à l'intérieur, dit-elle. Tout ce qui nous entoure l'est.
Dans un petit village reculé de l'Alaska alors que l'hiver est particulièrement rude, les loups s'en sont pris à trois enfants. Ils ont quitté leur territoire pour s'aventurer sur celui des homme. Medora Slone mère de la troisième victime, le petit Bailey, écrit à Russell Core un écrivain qui a observé ces bêtes. Elle lui demande de l'aide. Retrouver ce qui reste de son enfant pour elle et pour son mari qui participe à une guerre loin de son pays et où la neige est remplacée par du sable. Russell Core accepte.
Il y a ce froid terrible que Russell Core n'imaginait pas tout comme le silence des habitants. Un village soudé où les légendes, les mythes remplacent la loi des hommes. A travers ces paysages immaculés, Russell Core cherche durant une journée la trace de la meute. Quand il revient chez Medora Slone, celle-ci a disparu et il fait une découverte terrifiante. Abasourdi, il cherche à comprendre. Pendant ce temps, Vernon Slore blessé doit revenir chez lui et est mis au courant de la situation. Vernon Slore est décidé à retrouver sa femme. La police qui recherche elle-aussi Medora ne pourra pas l'en empêcher ni personne d'autre. Et sa quête est sans pitié.
Au fil des pages, la violence éclate. Sourde et meurtrière brisant le silence de ces décors enneigés. Sauf que ce livre prend une autre tournure. La tension y est presque insoutenable. On pressent qu'il va se produire quelque chose mais on est loin d'imaginer ce que William Giraldi nous réserve.
"Les bêtes qui hantent les esprits des hommes damnés", la vengeance et ce qui peut être considéré comme des sorts ou des mythes et qui vont à l'encontre ce que nous croyons nous explosent en pleine figure ! Un roman où la noirceur est contrebalancée et par l'écriture épurée, par ces paysages sublimes où le calme règne, par l'amour qui surgit en fin de ce roman et qui nous laisse sans voix...
Un roman absolument maîtrisé, implacable et une lecture dont on ne sort pas indemne !
- Il n'y a pas que notre monde qui est sauvage, nous le sommes aussi à l'intérieur, dit-elle. Tout ce qui nous entoure l'est.
mardi 6 janvier 2015
Chimamanda Ngozi Adichie - Americanah
Éditeur : Gallimard - Date de parution : Janvier 2015 - Traduit de l'anglais (Nigéria) par Anne Damour - 523 pages denses, creusées et impossible à lâcher !
Après quinze années passées aux Etats-Unis, Ifemelu s'apprête à rentrer au Nigeria. Pourtant, cette jeune fille d'une famille modeste de Lagos a réussi sa vie même si ses débuts dans ce nouveau pays n'ont pas été faciles. Venue pour y suivre des études, elle a enchaîné les entretiens pour des petits boulots qui n'aboutissaient pas et pris conscience d'être dans un pays où la discrimination existe bel et bien. Etant noire, étrangère et non Afro-Américaine, elle a remarqué ces regards que l'on porte sur elle tout comme les remarques. Ifemelu décide d'ouvrir un blog sur les questions de la race aux Etats-Unis. Travaillant en tant que baby-sitter, son blog rencontre le succès et elle en tire des revenus. Elle rencontre aussi l'amour. Mais en quittant le Nigeria, elle a laissé derrière elle son grand amour Obinze qui lui rêvait d'Amérique. Obinze lui-aussi est parti du Nigéria pour l'Angleterre. Il travaille comme main d'oeuvre sur des chantiers sous une fausse identité avec la peur au ventre d'être dénoncé et arrêté par la police.
Ce livre n'est pas un traité sur la question raciale avec un exposé de faits. Il s'agit d'un roman puissant, d'une histoire d'amour qui se déroule entre trois continents. Et Chimamanda Ngozi Adichie n'a pas froid aux yeux pour exploser les clichés et explore les différentes facettes de ce que signifie être noir aujourd'hui. Mais elle sait aussi user intelligemment de l'humour et de dérision pour raconter la vie d'Ifemelu une fois rentrée au Nigeria.
Sans pathos et sans longueur, ce livre est tout simplement passionnant ! Dense, creusé, pertinent, ce roman qu'on ne lâche pas interpelle et fait réfléchir sur beaucoup de points !
Si vous dites que la race n'a jamais été un problème, c'est uniquement parce que vous souhaitez qu'il n'y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire , je suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique et que vous tombez amoureuse d'un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s'agit seulement de vous, et de celui que vous aimez. Mais dès l'instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement nous n'en parlons pas. Nous ne mentionnons même pas devant nos partenaires blancs les petites choses qui nous choquent et que nous voudrions qu'ils comprennent mieux, parce que nous craignons qu'ils jugent notre réaction exagérée ou nous trouvent trop sensibles.
Le billet de Leiloona
Après quinze années passées aux Etats-Unis, Ifemelu s'apprête à rentrer au Nigeria. Pourtant, cette jeune fille d'une famille modeste de Lagos a réussi sa vie même si ses débuts dans ce nouveau pays n'ont pas été faciles. Venue pour y suivre des études, elle a enchaîné les entretiens pour des petits boulots qui n'aboutissaient pas et pris conscience d'être dans un pays où la discrimination existe bel et bien. Etant noire, étrangère et non Afro-Américaine, elle a remarqué ces regards que l'on porte sur elle tout comme les remarques. Ifemelu décide d'ouvrir un blog sur les questions de la race aux Etats-Unis. Travaillant en tant que baby-sitter, son blog rencontre le succès et elle en tire des revenus. Elle rencontre aussi l'amour. Mais en quittant le Nigeria, elle a laissé derrière elle son grand amour Obinze qui lui rêvait d'Amérique. Obinze lui-aussi est parti du Nigéria pour l'Angleterre. Il travaille comme main d'oeuvre sur des chantiers sous une fausse identité avec la peur au ventre d'être dénoncé et arrêté par la police.
Ce livre n'est pas un traité sur la question raciale avec un exposé de faits. Il s'agit d'un roman puissant, d'une histoire d'amour qui se déroule entre trois continents. Et Chimamanda Ngozi Adichie n'a pas froid aux yeux pour exploser les clichés et explore les différentes facettes de ce que signifie être noir aujourd'hui. Mais elle sait aussi user intelligemment de l'humour et de dérision pour raconter la vie d'Ifemelu une fois rentrée au Nigeria.
Sans pathos et sans longueur, ce livre est tout simplement passionnant ! Dense, creusé, pertinent, ce roman qu'on ne lâche pas interpelle et fait réfléchir sur beaucoup de points !
Si vous dites que la race n'a jamais été un problème, c'est uniquement parce que vous souhaitez qu'il n'y ait pas de problème. Moi-même je ne me sentais pas noire , je suis devenue noire qu'en arrivant en Amérique. Quand vous êtes noire en Amérique et que vous tombez amoureuse d'un Blanc, la race ne compte pas tant que vous êtes seuls car il s'agit seulement de vous, et de celui que vous aimez. Mais dès l'instant où vous mettez le pied dehors, la race compte. Seulement nous n'en parlons pas. Nous ne mentionnons même pas devant nos partenaires blancs les petites choses qui nous choquent et que nous voudrions qu'ils comprennent mieux, parce que nous craignons qu'ils jugent notre réaction exagérée ou nous trouvent trop sensibles.
Le billet de Leiloona
dimanche 4 janvier 2015
Emmanuelle Bayamack-Tam - Je viens
Éditeur : P.O.L.- Date de parution : Décembre 2014 - 462 pages à part...
Charonne a été adoptée à l'âge de cinq ans par Régis et Gladys. Mais au bout de quelques mois ils s'en débarrasser. La ramener comme si elle était un objet qui ne convient pas. Pourtant, ils savaient qu'elle était noire mais Charonne a grossi et ne cesse de manger.
Elle évolue entre un grand-père raciste qui l'amène avec elle pour effectuer le tour des bars où elle encaisse toutes sortes de remarques et une grand-mère Nelly qui vit dans dans son passé d'artiste.
Car ses parents adoptifs Régis et Gladys sont toujours absents, voyageant aux quatre coins les éloignés du monde à la recherche d'un mode vie en accord avec leurs principes. Seule Nelly s'occupe vraiment de Charonne surtout qu'elle lui permet de rattraper ce qu'elle raté avec sa fille.
Charonne qui indiffère Gladys possède de la pétillance et tant pis si son teint d'ébène, ses origines dérangent.Elle grandit et continue de grossir alors que Nelly et Charlie vieillissent.
Les trois femmes de la maison prennent tour à tour la parole dans ce roman. Les récits se recoupent mais chacune a sa vérité. Gladys reine des contradictions et dont les pensées frôlent le délire alors que Nelly regrette sa vie passée. Charonne s'épanouit malgré tout et cherche le bonheur des autres avant le sien.
Dans une écriture très recherchée et exigeante, Emmanuelle Bayamack-Tam nous entraîne dans ce roman qui s'attaque au racisme, aux parents démissionnaires face à leurs enfants ou à vieillesse de leurs ascendants. Prenant des chemins où la poésie s'invite tout comme les références aux poètes ou à des écrivains et dans une langue souple, ce roman est à part. On y navigue de la réalité aux regrets amers ou aigris et l'on découvre pourquoi Charonne a été adoptée.
Il est difficile de résumer ce livre, de tenter de le contenir dans quelques phrases alors qu'il se déploie avec grâce et sensualité tout comme Charonne.
J'ai cependant un bémol lié à la présence des fantômes qui occupent le bureau et qui m'est apparue un peu étrange.
Moins envoûtant que Si tout n'a pas péri avec mon innocence, ce roman dérange tout comme on reste stupéfait par son étrange beauté.
Ils sont vieux. J'arrive trop tard dans leur vie. Ils ne savent plus cacher leurs émotions, réguler leurs humeurs, tenir leur langue. J'arrive après la dissimulation, la pudeur, le self-control. Il leur reste les bonnes manières, mais c'est tout juste et sa condition que rien ne soit préalablement venu perturber la monotonie sécuritaire de leur emploi du temps.
Lu de cette auteure : Si tout n'a pas péri avec mon innocence
Charonne a été adoptée à l'âge de cinq ans par Régis et Gladys. Mais au bout de quelques mois ils s'en débarrasser. La ramener comme si elle était un objet qui ne convient pas. Pourtant, ils savaient qu'elle était noire mais Charonne a grossi et ne cesse de manger.
Elle évolue entre un grand-père raciste qui l'amène avec elle pour effectuer le tour des bars où elle encaisse toutes sortes de remarques et une grand-mère Nelly qui vit dans dans son passé d'artiste.
Car ses parents adoptifs Régis et Gladys sont toujours absents, voyageant aux quatre coins les éloignés du monde à la recherche d'un mode vie en accord avec leurs principes. Seule Nelly s'occupe vraiment de Charonne surtout qu'elle lui permet de rattraper ce qu'elle raté avec sa fille.
Charonne qui indiffère Gladys possède de la pétillance et tant pis si son teint d'ébène, ses origines dérangent.Elle grandit et continue de grossir alors que Nelly et Charlie vieillissent.
Les trois femmes de la maison prennent tour à tour la parole dans ce roman. Les récits se recoupent mais chacune a sa vérité. Gladys reine des contradictions et dont les pensées frôlent le délire alors que Nelly regrette sa vie passée. Charonne s'épanouit malgré tout et cherche le bonheur des autres avant le sien.
Dans une écriture très recherchée et exigeante, Emmanuelle Bayamack-Tam nous entraîne dans ce roman qui s'attaque au racisme, aux parents démissionnaires face à leurs enfants ou à vieillesse de leurs ascendants. Prenant des chemins où la poésie s'invite tout comme les références aux poètes ou à des écrivains et dans une langue souple, ce roman est à part. On y navigue de la réalité aux regrets amers ou aigris et l'on découvre pourquoi Charonne a été adoptée.
Il est difficile de résumer ce livre, de tenter de le contenir dans quelques phrases alors qu'il se déploie avec grâce et sensualité tout comme Charonne.
J'ai cependant un bémol lié à la présence des fantômes qui occupent le bureau et qui m'est apparue un peu étrange.
Moins envoûtant que Si tout n'a pas péri avec mon innocence, ce roman dérange tout comme on reste stupéfait par son étrange beauté.
Ils sont vieux. J'arrive trop tard dans leur vie. Ils ne savent plus cacher leurs émotions, réguler leurs humeurs, tenir leur langue. J'arrive après la dissimulation, la pudeur, le self-control. Il leur reste les bonnes manières, mais c'est tout juste et sa condition que rien ne soit préalablement venu perturber la monotonie sécuritaire de leur emploi du temps.
Lu de cette auteure : Si tout n'a pas péri avec mon innocence
samedi 3 janvier 2015
Jean-Philippe Blondel - Un hiver à Paris
Éditeur : Buchet-Chastel - Date de parution : 2015 - 268 pages qui m'ont touchée-coulée..
Alors qu'il rentre de vacances accompagné de sa femme et ses enfants, une lettre attend Victor et le plonge trente ans auparavant. Il était lors un jeune provincial issu de la classe moyenne sur les bancs d'une prépa littéraire à Paris. Un univers avec ses codes, ses groupes dont il ne faisait pas partie. Une première année de travail acharné, la découverte de la solitude, la compétition et faire croire à ses parents que tout ce passait bien. Admis en seconde année, il retrouve de temps en temps aux pauses un élève de première année Mathieu Lestaing : ils fument, échangent quelques mots. Victor y voit peut-être enfin de début d'une amitié. Mais lors d'un cours, Mathieu craque suite à la remarque d'un professeur. Il sort, enjambe la balustrade et se jette dans le vide.
De ce drame, Victor devient soudainement populaire "on me trouvait intéressant parce que j'étais l'ami de la victime". Du statut quasi anonyme, il devient celui qu'on invite au café après les cours ou chez soi pour travailler. Il profite du malentendu. Mais Patrick le père de Mathieu vient à Paris. Dévasté par le chagrin, il tente de comprendre le geste de son fils et cherche à rencontrer ses amis. Une relation étrange se nous entre lui et Victor. Il devient le fils manquant et trouve en contrepartie chez Patrick la figure d'une père différent du sien.
La suite n'est pas celle que l'on pourrait penser, ce serait trop simple. Ce serait oublier la complexité des relations humains, la faille creusée par le décès de Mathieu et ce qu'elle a semé dans son sillon.
Une fois la dernière page tournée, ce roman a continué de résonner en moi réveillant mes propres souvenirs. Pas de fioritures avec Jean-Philippe Blondel, c'est juste et sensible. Il nous touche en plein coeur, il nous interpelle et nous rappelle que l'on peut tomber mais aussi se relever.
Et moi je suis touchée-coulée par ce roman...
C'est le propre du roman d'amener le lecteur à renoncer au sommeil. A se relever, sans faire de bruit, pour ne pas troubler celui ou celle qui dort à ses côtés. A descendre dans le salon, allumer les lumières et s'affaler dans le canapé, vaincu. La prose a gagné le combat. On ne peut plus lui résister.
Lu de cet auteur : 06h41- Brise glace - Et rester vivant
Alors qu'il rentre de vacances accompagné de sa femme et ses enfants, une lettre attend Victor et le plonge trente ans auparavant. Il était lors un jeune provincial issu de la classe moyenne sur les bancs d'une prépa littéraire à Paris. Un univers avec ses codes, ses groupes dont il ne faisait pas partie. Une première année de travail acharné, la découverte de la solitude, la compétition et faire croire à ses parents que tout ce passait bien. Admis en seconde année, il retrouve de temps en temps aux pauses un élève de première année Mathieu Lestaing : ils fument, échangent quelques mots. Victor y voit peut-être enfin de début d'une amitié. Mais lors d'un cours, Mathieu craque suite à la remarque d'un professeur. Il sort, enjambe la balustrade et se jette dans le vide.
De ce drame, Victor devient soudainement populaire "on me trouvait intéressant parce que j'étais l'ami de la victime". Du statut quasi anonyme, il devient celui qu'on invite au café après les cours ou chez soi pour travailler. Il profite du malentendu. Mais Patrick le père de Mathieu vient à Paris. Dévasté par le chagrin, il tente de comprendre le geste de son fils et cherche à rencontrer ses amis. Une relation étrange se nous entre lui et Victor. Il devient le fils manquant et trouve en contrepartie chez Patrick la figure d'une père différent du sien.
La suite n'est pas celle que l'on pourrait penser, ce serait trop simple. Ce serait oublier la complexité des relations humains, la faille creusée par le décès de Mathieu et ce qu'elle a semé dans son sillon.
Une fois la dernière page tournée, ce roman a continué de résonner en moi réveillant mes propres souvenirs. Pas de fioritures avec Jean-Philippe Blondel, c'est juste et sensible. Il nous touche en plein coeur, il nous interpelle et nous rappelle que l'on peut tomber mais aussi se relever.
Et moi je suis touchée-coulée par ce roman...
C'est le propre du roman d'amener le lecteur à renoncer au sommeil. A se relever, sans faire de bruit, pour ne pas troubler celui ou celle qui dort à ses côtés. A descendre dans le salon, allumer les lumières et s'affaler dans le canapé, vaincu. La prose a gagné le combat. On ne peut plus lui résister.
Lu de cet auteur : 06h41- Brise glace - Et rester vivant
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