Éditeur : Phébus - Date de parution : Avril 2016 - 114 pages généreuses !
A Roubaix, Yvonne Lepage propriétaire d’une librairie indépendante (qu'elle avait repris après la mort de ses parents) décède. Contrairement à d'autres libraires, Yvonne au caractère bien trempé refusait de vendre des nouveautés et les comptes étaient dans le rouge depuis longtemps. Abdel Duponchelle client fidèle depuis l’enfance hérite de tout : la librairie, les vieux livres et les dettes colossales. Et il accepte même s’il n’y connaît rien. Mais il peut compter sur Saïd, Zita et Rosa. Saïd l'Algérien de souche qui a appris à lire grâce au père d’Yvonne, Zita ancienne employée de la librairie qui désormais travaille dans un entrepôt pour un site de vente de livres en ligne et Rosa assistante scolaire du collège où Abdel est professeur. Abdel relève ses manches car la librairie est un lieu de mémoire et Yvonne a gardé des cartons de photos depuis les années 60.
Michel Quint nous immerge dans Roubaix. Une ville et une région où l’emploi se fait rare depuis la disparition des usines du textile mais où l’entraide existe entre les habitants. Et il dépeint à merveille aussi bien le contexte social que les rues, les quartiers. En ouvrant les cartons, Abdel ne pensait pas trouver des photos liées à l’Histoire. L’arrivée des harkis dans la région, la guerre d’Algérie suivie de son indépendance, les immigrés mal vus par certains. Et aussi des actions menées par les différents partis pour ou contre l’indépendance de l’Algérie (sans oublier l’OAS) ainsi que des actes terroristes commis à Roubaix. Et leurs morts comme le père d’Yvonne.
Avec une écriture unique, savoureuse (un mélange de poésie et de langage plus direct), Michel Quint dans ce court roman nous offre plusieurs histoires liées. Celle d’une librairie, de l’amour de la littérature et de plusieurs très belles solidarités qui m’ont vrillée le cœur !
Et si j’ai été quelquefois un peu perdue dans les passages concernant la guerre d’Algérie, ça n’enlève rien à ce livre d’une générosité incroyable !
Donc non, Yvonne n' a pas été veuve avant l'heure, elle avait plutôt espéré un galant, un de ses collègues journalistes, s'était offert la lingerie de gala en prévision, et survient la tragédie de l'attentat, sa mère qui décroche, rideau sur les rêves, elle s'est cloîtrée, consacrée à la librairie, a continué la mission sociale de son père, alphabétisation, insertion, intégration et tout ce qui tente d'empêcher les préjugés du racisme entre copains de boulot, voisins, et le rejet gratuit.
Aujourd'hui, un bon écrivain doit être beau. Evidemment, Yvonne et la bagatelle, ça faisait deux !
Merci à Babelio et à l'éditeur pour ce livre.
Lu de cet auteur : Close-Up
14 commentaires:
Tu confortes mon désir de l'emprunter juste en médiathèque:)
Dieu que j'aime cet auteur! Et que ça fait longtemps que je ne l'ai pas lu ! Ton billet m'enchante, vraiment.
Je ne connais pas du tout cet auteur mais je vois qu'il y a une vingtaine de livres de Michel Quint dans ma bibliothèque, j'aurai l'embarras du choix ;-)
Il vient mardi soir dans ma librairie, je vais essayer d'y aller.
Un nouveau Michel Quint ! Merci de me le signaler.
je n'ai jamais lu cet auteur, mais le thème m'intéresse, ton avis donne envie, et puis 114 pages pour une première lecture, ça reste très confortable!
Un écrivain de talent. Un titre à découvrir donc.
Je me suis arrêtée à Effroyables jardins en ce qui concerne cet auteur, il a pourtant beaucoup écrit depuis !
j'aime beaucoup la langue de Michel Quint, effectivement généreuse, truculente;.. Toujours un plaisir de la retrouver
J'aime l'écriture de Michel Quint, il me semble l'avoir retenu à la bibli
Un sujet et un contexte qui me touchent...
Ça me fait très envie !! ça fait très longtemps que je n'ai pas lu cet auteur !
Oui, j'ai déjà vu ça (chez Cuné je crois) des références à la guerre d'Algérie un peu lourdes. Le théme est cependant intéressant ! ;)
@ Cathulu : :)))
@ Violette @Virginie @Bonheur du jour : vous savez ce qu'il vous reste à faire :)
@ Edyta : oui, tu as le choix!
@ Aifelle : Alors?
@ Eva @ Delphine : le thème de la guerre d'Algérie ( un sujet auquel j'accorde toujours de l'intérêt) et celui de la littérature : c'est le bonheur ( pour moi).
@ Margotte : il a beaucpup publié, il faudrait que je me penche sur ces autres romans.
@ Zazy : son écriture est unique !
@ Moka : oui :))))
@ Yv : c'est exactement cela !
@ Antigone : les référence ne sont pas lourdes mais en ce qui me concerne, il s'agit d'un manque de connaissances liées à cette guerre.
Enregistrer un commentaire