Éditeur : Quai Voltaire - Date de parution : Mars 2019 - Traduit de l'anglais par Cécile Arnaud - 448 pages
Dramaturge à succès, Emmanuel Joyce recherche une comédienne pour sa nouvelle pièce. Lilian l’épouse d’Emanuel et Jimmy Sullivan son imprésario gravitent autour du dramaturge. Embauchée en tant que secrétaire d’Emmanuel, la jeune Alberta découvre ce microcosme. Entre Londres et New-York et la Grèce, on suit ce quatuor. A soixante ans Emmanuel est admiré par tous. Jimmy se plie à ses quatre volontés et à ses caprices, Emmanuel se comportant un peu comme un enfant gâté tandis que Lilian porte en elle le deuil de leur enfant décédé en bas âge.
Nous sommes au début des années 1950 et Alberta se soucie du quand dira-t-on et et de certaines normes en vigueur. Détonante par sa candeur et par sa droiture d’esprit, vive d'esprit, son éducation contraste avec les autres personnages plus libres de leurs faits et gestes. Sauf qu’Emmanuel s’éprend d’elle et voit en elle la comédienne parfaite pour incarner le rôle principal de sa future pièce. Avec beaucoup de charme, l’auteure aiguise notre curiosité. Les dialogues, les descriptions et les pensées des personnages nous dévoilent leurs préoccupations personnelles futiles ou plus profondes. Que ce soit les différentes facettes du couple formé par Emmanuel et Lilian, les évolutions infimes et les questionnements des personnages, tout est rendu avec subtilité. Sans chercher à nous rendre sympathique ce quatuor, les petits pics décochés sont ironiques et quelquefois cinglants.
Ce roman est doté d’un charme suranné mais surtout de finesse. L’écriture d' Elizabeth Jane Howard distille une beauté poétique qui se délecte et dont on s’imprègne. Certes il y peu d’action et certains pourront trouver ce roman ennuyeux mais tout l’intérêt réside dans l’exploration de la psychologie des personnages.
Les derniers chapitres qui se déroulent sur l’île d’Ydra sont de toute beauté !
Le moindre aléa devient catastrophique dans la campagne anglaise. Catastrophique et déprimant.
vendredi 28 juin 2019
mercredi 26 juin 2019
Fiona Barton - La veuve
2010. Jane est veuve désormais, son mari Glen a été tué accidentellement par un bus. Assaillie par des journalistes à son domicile, elle n’est pas bizarrement éplorée pourtant sa vie vient de basculer. Sauf que quatre ans plus tôt, son mari a été accusé d’avoir enlevé une petite fille de deux ans puis mis hors de cause.
Je recule souvent devant les polars et les thrillers mettant en scène la disparition d’enfants par crainte que ça soit tordu. Mais là, pour ma plus grande surprise, Fiona Barton ne cherche pas le sordide ou le glauque. La vie du couple nous est racontée par Jane sur plusieurs périodes à partir de leur mariage. Réservée, elle était coiffeuse et Glen travaillait dans une banque. Comme bon nombre de couples, ils avaient l’envie de fonder une famille. Les années ont défilé sans que ce désir soit réalisé. Le comportement de Glen a changé, il a perdu son travail et s’est enfermé de plus en plus en souvent devant son ordinateur.
Jane sait-elle quelque chose ? Glen était-il coupable ? Qui est vraiment Jane ? Etait-elle manipulée par son mari comme on le pense? Le policier chargé de l’enquête et une journaliste cherchent à découvrir la vérité. Alternant les trois récits, ce thriller nous harponne habilement et il est difficile à lâcher.
De nombreuses ambiguïtés apparaissent et de nouvelles pistes se dessinent avec une tension bien présente. Fiona Barton évite toute forme de vulgarité et dépeint sans pincettes une certaine forme de journalisme sensationnel. On doute et on s’interroge sur de nombreux points jusqu'aux toutes dernières pages.
Très bien mené avec un suspense psychologique constant, je recommande ! Et en plus, il est paru depuis en poche (et hop, vous n'aurez pas d'excuse).
Le rédacteur en chef reconnaissait un bon titre quand il en écrivait un et, selon lui, un bon titre pouvait être réutilisé à l'infini.
La question dans le titre - "Est-il l'homme le plus mauvais de Grande-Bretagne ?"- était un classique. On était couvert comme ça. On n'affirmait pas, on ne faisait que poser la question.
Une lecture repérée chez Kathel.
mercredi 19 juin 2019
Graham Swift - De l'Angleterre et des Anglais
Editeur : Gallimard - Date de parution : Janvier 2019 - Traduit de l'anglais par Marie-Odile Fortier-Masek - 336 pages
A la lecture des romans J’aimerais que tu sois là et Le dimanche des mères, j’avais été frappée par la justesse et la précision de l’écriture de Graham Swift. Avec ce recueil, l’auteur prouve qu’il sait jouer dans toutes les gammes de partition des sentiments. A travers ces vingt-cinq nouvelles ou plus exactement ces instantanés de vie, il explore à merveille des situations et la psychologie de ses personnages. Les troubles, les hésitions, les choix effectués ou subis qui font basculer une vie ou gravent à jamais les mémoires jalonnent ces textes.
Touché par ce sentiment d’avoir la chance de partager avec eux un moment à part, on pénètre dans l’intimité de ces personnages appartenant à des milieux sociaux différents. L'auteur nous parle d'amour, d'amitié, de maladie ou de mort, mais aussi de fraternité ou de bonheur. Sans pathos ou exagération, c'est empreint de tendresse et d'une pudeur très belle.
Avec ces nouvelles ciselées qui nous promènent dans la campagne anglaise ou en ville à différentes époques, Graham Swift décrit à la perfection les portraits de ses concitoyens et nous offre ce patchwork cosmopolite au plus près de l’humain.
J’ai savouré chacun de ces textes, j’ai été émue, j’ai souri des traits d’humour et certaines de ces nouvelles m’ont bouleversée alors qu’il y a une économie de mots. Je me suis régalée et les émotions bien présentes m'ont joliment cueillie.
Son père lui dit un jour : "L'argent ne fait pas le bonheur, Adrian, mais ça te permet d'être douillettement malheureux" .
Le billet de Nicole
A la lecture des romans J’aimerais que tu sois là et Le dimanche des mères, j’avais été frappée par la justesse et la précision de l’écriture de Graham Swift. Avec ce recueil, l’auteur prouve qu’il sait jouer dans toutes les gammes de partition des sentiments. A travers ces vingt-cinq nouvelles ou plus exactement ces instantanés de vie, il explore à merveille des situations et la psychologie de ses personnages. Les troubles, les hésitions, les choix effectués ou subis qui font basculer une vie ou gravent à jamais les mémoires jalonnent ces textes.
Touché par ce sentiment d’avoir la chance de partager avec eux un moment à part, on pénètre dans l’intimité de ces personnages appartenant à des milieux sociaux différents. L'auteur nous parle d'amour, d'amitié, de maladie ou de mort, mais aussi de fraternité ou de bonheur. Sans pathos ou exagération, c'est empreint de tendresse et d'une pudeur très belle.
Avec ces nouvelles ciselées qui nous promènent dans la campagne anglaise ou en ville à différentes époques, Graham Swift décrit à la perfection les portraits de ses concitoyens et nous offre ce patchwork cosmopolite au plus près de l’humain.
J’ai savouré chacun de ces textes, j’ai été émue, j’ai souri des traits d’humour et certaines de ces nouvelles m’ont bouleversée alors qu’il y a une économie de mots. Je me suis régalée et les émotions bien présentes m'ont joliment cueillie.
Son père lui dit un jour : "L'argent ne fait pas le bonheur, Adrian, mais ça te permet d'être douillettement malheureux" .
Le billet de Nicole
lundi 17 juin 2019
Marion Brunet - L'été circulaire
Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution (poche) : Avril 2019 - 256 pages
Dans une petite ville du Midi de la France sous un soleil écrasant, Céline seize ans consciente de sa beauté indécente et sa sœur Jo âgée de quinze ans s’ennuient. Les deux adolescentes subissent un quotidien morne avec peu de distractions hormis des virées nocturnes en catimini dans les piscines des villas, et la fête foraine annuelle. Des vies étriquées avec des accès de violence de la part du père qui verse dans les petits trafics et tient des propos racistes envers le fils des voisins arabes. Leur mère cantinière a brûlé trop vite sa jeunesse et le regrette.
L'histoire est quasiment pliée, la suite est pratiquement courue d’avance comme si rien ne pouvait empêcher la fatalité et le drame. Les différences entre les classes sociales, la honte et la frustration nourrissent une tension papable renforcée par l'écriture sans fioriture de Marion Brunet. Le désœuvrement tout comme la complicité et la solidarité des deux sœurs sont soulignés. Sans prendre des chemins de traverse, c'est direct.
Ce roman social, noir et âpre, sans éclaircie laisse un goût amer en bouche. Je suis bien embêtée car je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non. Un peu trop prévisible à mon goût, cette lecture diffuse une ambiance qui colle à la peau et j 'ai souvent pensé à Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu et à D'acier de Silvia Avallone. Mais pour moi, il lui manque un supplément d’âme.
Une chose m’échappe cependant, pourquoi ce livre est-il classé dans la catégorie roman policier alors que ça n'en est pas un ?
Ici, tout ce qui sort un peu de l'ordinaire est commenté, décortiqué, devient sujet. Dans le viseur des langues de comptoir, prophétiques et avinées, pas d'expédient sauf l'habitude. Seule l'habitude peut rendre banal ce qui ne l'est pas.
Dans une petite ville du Midi de la France sous un soleil écrasant, Céline seize ans consciente de sa beauté indécente et sa sœur Jo âgée de quinze ans s’ennuient. Les deux adolescentes subissent un quotidien morne avec peu de distractions hormis des virées nocturnes en catimini dans les piscines des villas, et la fête foraine annuelle. Des vies étriquées avec des accès de violence de la part du père qui verse dans les petits trafics et tient des propos racistes envers le fils des voisins arabes. Leur mère cantinière a brûlé trop vite sa jeunesse et le regrette.
L'histoire est quasiment pliée, la suite est pratiquement courue d’avance comme si rien ne pouvait empêcher la fatalité et le drame. Les différences entre les classes sociales, la honte et la frustration nourrissent une tension papable renforcée par l'écriture sans fioriture de Marion Brunet. Le désœuvrement tout comme la complicité et la solidarité des deux sœurs sont soulignés. Sans prendre des chemins de traverse, c'est direct.
Ce roman social, noir et âpre, sans éclaircie laisse un goût amer en bouche. Je suis bien embêtée car je suis incapable de dire si j’ai aimé ou non. Un peu trop prévisible à mon goût, cette lecture diffuse une ambiance qui colle à la peau et j 'ai souvent pensé à Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu et à D'acier de Silvia Avallone. Mais pour moi, il lui manque un supplément d’âme.
Une chose m’échappe cependant, pourquoi ce livre est-il classé dans la catégorie roman policier alors que ça n'en est pas un ?
Ici, tout ce qui sort un peu de l'ordinaire est commenté, décortiqué, devient sujet. Dans le viseur des langues de comptoir, prophétiques et avinées, pas d'expédient sauf l'habitude. Seule l'habitude peut rendre banal ce qui ne l'est pas.
mercredi 12 juin 2019
Pablo Casacuberta - Une santé de fer
Editeur : Anne-Marie Métailié - Date de parution : Mai 2019 - Traduit de l'espagnol (Uruguay) par Françoise Gaudry - 208 pages
Tobias est gravement hypocondriaque. Convaincu qu’il va mourir dans la journée, ce grand gaillard cinquantenaire s à l'allure de viking se précipite au cabinet de son médecin homéopathe le docteur Svarsky. Mais par le plus grand des hasards au pied de l’immeuble, il rencontre la belle-mère du médecin à la recherche de son gendre.
De cet auteur, j’avais lu et aimé Scipion mettant en scène un personnage paranoïaque et porté sur la bouteille. Un roman sur la quête de la filiation manié avec humour. Et ici, la cocasserie est bien présente dès les premières pages. Tobias qui vit toujours chez sa mère est exagérément un malade imaginaire, le docteur Svarsky dénigre l’homéopathie avec force et conviction et sa belle-mère est une fouineuse. A partir d’un imbroglio, Pablo Casuberta nous plonge dans cette unique journée où rien ne va se passer comme prévu.
Attachant, un brin naïf et romantique, Tobias est influencé par sa mère adepte du spiritisme et est à la recherche d'une figure paternelle absente. Avec des situations rocambolesques parsemées des pensées de Tobias, le ton oscille entre l'ironie et la tendresse.
J'ai souvent souri mais je suis aussi un peu ennuyée dans les trop nombreuses digressions de Tobias. Malgré les cheminements intérieurs et des réflexions intéressantes, mon intérêt s'est calqué sur la trajectoire de montagnes russes. Dommage.
Car la vérité est qu'avant de travailler comme charlatan, j'ai étudié la médecine. La vraie médecine, je veux dire, celle qu'on étudie dans les universités, puis je me suis spécialisé et j'ai fini par devenir un pneumologue acceptable. J’ai honoré la méthode scientifique, le doute et le scepticisme jusqu’à ce que la vie de luxe que j’avais bâtie autour de mon épouse exige de moi une clientèle de plus en plus nombreuse et avide de spectacle...
Tobias est gravement hypocondriaque. Convaincu qu’il va mourir dans la journée, ce grand gaillard cinquantenaire s à l'allure de viking se précipite au cabinet de son médecin homéopathe le docteur Svarsky. Mais par le plus grand des hasards au pied de l’immeuble, il rencontre la belle-mère du médecin à la recherche de son gendre.
De cet auteur, j’avais lu et aimé Scipion mettant en scène un personnage paranoïaque et porté sur la bouteille. Un roman sur la quête de la filiation manié avec humour. Et ici, la cocasserie est bien présente dès les premières pages. Tobias qui vit toujours chez sa mère est exagérément un malade imaginaire, le docteur Svarsky dénigre l’homéopathie avec force et conviction et sa belle-mère est une fouineuse. A partir d’un imbroglio, Pablo Casuberta nous plonge dans cette unique journée où rien ne va se passer comme prévu.
Attachant, un brin naïf et romantique, Tobias est influencé par sa mère adepte du spiritisme et est à la recherche d'une figure paternelle absente. Avec des situations rocambolesques parsemées des pensées de Tobias, le ton oscille entre l'ironie et la tendresse.
J'ai souvent souri mais je suis aussi un peu ennuyée dans les trop nombreuses digressions de Tobias. Malgré les cheminements intérieurs et des réflexions intéressantes, mon intérêt s'est calqué sur la trajectoire de montagnes russes. Dommage.
Car la vérité est qu'avant de travailler comme charlatan, j'ai étudié la médecine. La vraie médecine, je veux dire, celle qu'on étudie dans les universités, puis je me suis spécialisé et j'ai fini par devenir un pneumologue acceptable. J’ai honoré la méthode scientifique, le doute et le scepticisme jusqu’à ce que la vie de luxe que j’avais bâtie autour de mon épouse exige de moi une clientèle de plus en plus nombreuse et avide de spectacle...
lundi 10 juin 2019
Abby Geni - Farallon Islands
Editeur : Actes Sud - Date de parution en poche - Juin 2019- Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Céline Leroy - 384 pages
Au large de San Francisco, Miranda débarque sur les îles Farallon pour une année. La jeune femme photographe et bourlingueuse sans attaches a pour colocataires des biologistes. Spécialiste de la photographie d’environnements bruts et naturels où l’interférence humaine est quasi inexistante, Miranda n’a pas le droit à un accueil des plus chaleureux. Obnubilés par leurs travaux d’études sur les animaux, les six scientifiques sur place sont peu loquaces.
Dans ce décor loin d’être hospitalier, les journées se déroulent selon l’activité des oiseaux, des phoques ou des requins. Avec une écriture qui fait appel à tous le sens, très rapidement une certaine tension s’installe car le danger ne vient pas forcément de l’environnement mais des humains.
Absolument prenant et impossible à lâcher, ce premier roman conjugue des descriptions passionnantes de ces îles et des espèces animales tout en distillant un vrai suspense.
Les sentiments sont merveilleusement rendus tout comme le questionnements de Miranda. De main de maître, Abby Geni nous harponne pour mieux nous surprendre jusqu’à la dernière page.
Un roman fascinant et dépaysant, âpre et hypnotique, lu en apnée totale!
Galen m’a dit qu’il glanait tout ce qui parlait de la vie sur les îles. Il ne faisait pas de distinction entre le trivial et l’essentiel, l'humain et l' animal, le tragique et le merveilleux. Pour lui la plus grande illusion des humains était de croire qu’ils étaient en dehors de la nature – qu’ils ne faisaient pas partie de la chaîne alimentaire – qu’ils n’étaient pas eux-mêmes des animaux.
Plein d'avis sur Bibliosurf
Au large de San Francisco, Miranda débarque sur les îles Farallon pour une année. La jeune femme photographe et bourlingueuse sans attaches a pour colocataires des biologistes. Spécialiste de la photographie d’environnements bruts et naturels où l’interférence humaine est quasi inexistante, Miranda n’a pas le droit à un accueil des plus chaleureux. Obnubilés par leurs travaux d’études sur les animaux, les six scientifiques sur place sont peu loquaces.
Dans ce décor loin d’être hospitalier, les journées se déroulent selon l’activité des oiseaux, des phoques ou des requins. Avec une écriture qui fait appel à tous le sens, très rapidement une certaine tension s’installe car le danger ne vient pas forcément de l’environnement mais des humains.
Absolument prenant et impossible à lâcher, ce premier roman conjugue des descriptions passionnantes de ces îles et des espèces animales tout en distillant un vrai suspense.
Les sentiments sont merveilleusement rendus tout comme le questionnements de Miranda. De main de maître, Abby Geni nous harponne pour mieux nous surprendre jusqu’à la dernière page.
Un roman fascinant et dépaysant, âpre et hypnotique, lu en apnée totale!
Galen m’a dit qu’il glanait tout ce qui parlait de la vie sur les îles. Il ne faisait pas de distinction entre le trivial et l’essentiel, l'humain et l' animal, le tragique et le merveilleux. Pour lui la plus grande illusion des humains était de croire qu’ils étaient en dehors de la nature – qu’ils ne faisaient pas partie de la chaîne alimentaire – qu’ils n’étaient pas eux-mêmes des animaux.
Plein d'avis sur Bibliosurf
vendredi 7 juin 2019
Arnaud Dudek - Laisser des traces
Éditeur : Anne Carrière - Date de parution : Mai 2019 - 200 pages
Maxime Ronet a toujours eu l’ambition de faire de la politique avec la volonté de se rendre utile. Un parcours rondement mené l’a conduit à la tête de Nevilly, une commune de près de soixante mille habitants, avec comme objectif de faire mieux que ses prédécesseurs. Depuis son élection, il n’a pas une minute pour lui entre les réunions, les inaugurations, les diverses demandes qu’il veut honorer. Ce jeune maire dynamique et plein d’entrain membre d’un nouveau parti politique s’investit corps et âme. Il se veut droit et serviable, et espère un jour qu’on se souviendra de lui avec reconnaissance.
Souriant avec le bon petit mot qui va bien, la poignée de main cordiale, il a tout pour réussir jusqu’ à ce qu’il commette un faux pas. Une erreur ou un lapsus ? On ne sait pas trop d’ailleurs. Pour redorer son blason, Maxime met les bouchées doubles jusqu'à ce qu'un dramatique accident survienne. Profondément ébranlé, ce jeune loup de la politique abandonne ses rêves auréolés de vanité et renoue avec ses idéaux sans être naïf. Il nous apparaît plus humain. Plus modeste aussi.
Sans temps mort avec des pointes d’ironie caustique et cette tendresse infusée par petite touches au détour d’une phrase, ce roman doux-amer et réaliste se croque comme une petite friandise.
Laisser des traces. On aimerait tous en laisser. Mais ce qui compte, ce sont les toutes petites traces qu’on peut laisser chez les autres.
Ce n’est pas un hasard qu’en préambule de ce roman, Arnaud Dudek cite des paroles extraites de la chanson L’Assistant parlementaire de Miossec ( c'est bonus) :
Chaque bastion chaque citadelle est bonne à prendre
Guérillas guerres d'usure ou de tranchées
Tous les moyens sont bons pour s'étendre
Pour se les faire il ne faut surtout pas rêver Pour se les faire il ne faut surtout pas être tendre
Juste quelques petites années à patienter
En politique il faut savoir il faut savoir attendre
De la mairie au ministère à l'assemblée
C'est un boulot de longue haleine de longue attente
Pour enfin un jour au beau milieu des mondanités
A leurs bonnes femmes faire les yeux tendres
Et de leur amour-propre de leur vanité
Les billets d'Aifelle, Cathulu et Sabine
Lu de cet auteur : Les fuyants - Les vies imperméables - Rester sage
Maxime Ronet a toujours eu l’ambition de faire de la politique avec la volonté de se rendre utile. Un parcours rondement mené l’a conduit à la tête de Nevilly, une commune de près de soixante mille habitants, avec comme objectif de faire mieux que ses prédécesseurs. Depuis son élection, il n’a pas une minute pour lui entre les réunions, les inaugurations, les diverses demandes qu’il veut honorer. Ce jeune maire dynamique et plein d’entrain membre d’un nouveau parti politique s’investit corps et âme. Il se veut droit et serviable, et espère un jour qu’on se souviendra de lui avec reconnaissance.
Souriant avec le bon petit mot qui va bien, la poignée de main cordiale, il a tout pour réussir jusqu’ à ce qu’il commette un faux pas. Une erreur ou un lapsus ? On ne sait pas trop d’ailleurs. Pour redorer son blason, Maxime met les bouchées doubles jusqu'à ce qu'un dramatique accident survienne. Profondément ébranlé, ce jeune loup de la politique abandonne ses rêves auréolés de vanité et renoue avec ses idéaux sans être naïf. Il nous apparaît plus humain. Plus modeste aussi.
Sans temps mort avec des pointes d’ironie caustique et cette tendresse infusée par petite touches au détour d’une phrase, ce roman doux-amer et réaliste se croque comme une petite friandise.
Laisser des traces. On aimerait tous en laisser. Mais ce qui compte, ce sont les toutes petites traces qu’on peut laisser chez les autres.
Ce n’est pas un hasard qu’en préambule de ce roman, Arnaud Dudek cite des paroles extraites de la chanson L’Assistant parlementaire de Miossec ( c'est bonus) :
Chaque bastion chaque citadelle est bonne à prendre
Guérillas guerres d'usure ou de tranchées
Tous les moyens sont bons pour s'étendre
Pour se les faire il ne faut surtout pas rêver Pour se les faire il ne faut surtout pas être tendre
Juste quelques petites années à patienter
En politique il faut savoir il faut savoir attendre
De la mairie au ministère à l'assemblée
C'est un boulot de longue haleine de longue attente
Pour enfin un jour au beau milieu des mondanités
A leurs bonnes femmes faire les yeux tendres
Et de leur amour-propre de leur vanité
Les billets d'Aifelle, Cathulu et Sabine
Lu de cet auteur : Les fuyants - Les vies imperméables - Rester sage
mercredi 5 juin 2019
Akli Tadjer - Qui n'est pas raciste ici ?
Éditeur : JC Lattès - Date de parution : Mars 2019 - 94 pages
Qui n’est pas raciste, ici ? Ce sont les premiers mots prononcés par Akli Tadjer devant une classe d’élèves de terminales dans un lycée de province. Où exactement ? Peu importe à vrai dire. Dans ce lycée technique, certains des élèves ont refusé de lire "Le Porteur de cartable" sous divers prétextes racistes (des mots de vocabulaire en arabe, un personnage prénommé Messaoud car l’histoire se déroule durant la guerre d’Algérie). Leur professeur a invité l’auteur, Akli Tadjer, en lui exposant les faits. Et malgré cette levée de boucliers, il a accepté.
Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à penser de la sorte? Pourquoi ? S’articulant sur les prétextes invoqués et sur le déroulement de sa rencontre avec ces élèves, l'auteur nous interroge, nous explique comment la peur et l'ignorance conduisent à la haine.
En puisant dans ses racines, dans son parcours et dans l’Histoire, en démêlant préjugés et désinformation, Akli Tadjer nous parle d’identité, de l’Autre et d’altérité.
Avec conviction et sincérité, ce livre intelligemment émaillé d'exemples et de souvenirs est un cri du cœur puissant. Il nous touche, nous émeut et nous fait sourire aussi.
On a juste envie de remercier Akli Tadjer.
Percutant et indispensable, à mettre entre toutes les mains.
Nous avons tous en nous la capacité de haïr les autres mais nous avons aussi celle d’aller vers eux.
Qui n’est pas raciste, ici ? Ce sont les premiers mots prononcés par Akli Tadjer devant une classe d’élèves de terminales dans un lycée de province. Où exactement ? Peu importe à vrai dire. Dans ce lycée technique, certains des élèves ont refusé de lire "Le Porteur de cartable" sous divers prétextes racistes (des mots de vocabulaire en arabe, un personnage prénommé Messaoud car l’histoire se déroule durant la guerre d’Algérie). Leur professeur a invité l’auteur, Akli Tadjer, en lui exposant les faits. Et malgré cette levée de boucliers, il a accepté.
Qu’est-ce qui pousse ces jeunes à penser de la sorte? Pourquoi ? S’articulant sur les prétextes invoqués et sur le déroulement de sa rencontre avec ces élèves, l'auteur nous interroge, nous explique comment la peur et l'ignorance conduisent à la haine.
En puisant dans ses racines, dans son parcours et dans l’Histoire, en démêlant préjugés et désinformation, Akli Tadjer nous parle d’identité, de l’Autre et d’altérité.
Avec conviction et sincérité, ce livre intelligemment émaillé d'exemples et de souvenirs est un cri du cœur puissant. Il nous touche, nous émeut et nous fait sourire aussi.
On a juste envie de remercier Akli Tadjer.
Percutant et indispensable, à mettre entre toutes les mains.
Nous avons tous en nous la capacité de haïr les autres mais nous avons aussi celle d’aller vers eux.
lundi 3 juin 2019
Alina Bronsky - Le dernier amour de Baba Dounia
Editeur : Actes Sud - Date de parution : Avril 2019 - Traduit de l'allemand par Isabelle Liber - 160 pages
A plus de quatre-vingt ans, Baba Dounia est considérée comme une sorte d’héroïne dans sa région. Il faut dire que depuis la catastrophe nucléaire, elle est revenue s’installer dans son village de Tchernovo tout proche de Tchernobyl. D’autres lui ont pris le pas et ils sont désormais une poignée à vivre en quasi autarcie.
Femme de caractère téméraire et un brin têtue, Baba Dounia aspire à vivre tranquillement. Dans cette zone de la mort où toute normalité a disparu, son sens de l’humour est souvent incisif. Loin d’être irresponsable et attachée à ses racines, elle est irrésistiblement attachante tout comme ses voisins. Tous sont conscients des risques qu’ils encourent, tous se débrouillent malgré la vieillesse et les petites chamailleries. Alina Bronsky n’occulte en rien les conséquences de Tchernobyl, elles apparaissent par petites touches sous le regard acéré mais empli de sagesse de Baba Dounia. On éprouve de tendresse et de l'admiration envers cette femme qui malgré la réalité abîmée garde de l'amour.
Avec des personnages hauts en couleurs veillant les uns les autres mais aussi sur leur environnement, ce roman offre une belle pudeur et un ton légèrement décalé pour parler de l'absurdité humaine.
Alina Bronsky a trouvé l'équilibre subtil entre humour, fantaisie et légèreté apparente.
La vie à Tchernovo est très agréable, mais elle ne convient pas à tout le monde.
L’avantage de la vieillesse, c’est qu’on n’a plus besoin de demander la permission à quiconque – ni pour habiter dans son ancienne maison, ni pour laisser les toiles d’araignée là où elles sont. Les araignées étaient ici avant moi.
Les billets de Cath et de Cuné.
Lu de cette auteure : Cuisine tartare et descendance
A plus de quatre-vingt ans, Baba Dounia est considérée comme une sorte d’héroïne dans sa région. Il faut dire que depuis la catastrophe nucléaire, elle est revenue s’installer dans son village de Tchernovo tout proche de Tchernobyl. D’autres lui ont pris le pas et ils sont désormais une poignée à vivre en quasi autarcie.
Femme de caractère téméraire et un brin têtue, Baba Dounia aspire à vivre tranquillement. Dans cette zone de la mort où toute normalité a disparu, son sens de l’humour est souvent incisif. Loin d’être irresponsable et attachée à ses racines, elle est irrésistiblement attachante tout comme ses voisins. Tous sont conscients des risques qu’ils encourent, tous se débrouillent malgré la vieillesse et les petites chamailleries. Alina Bronsky n’occulte en rien les conséquences de Tchernobyl, elles apparaissent par petites touches sous le regard acéré mais empli de sagesse de Baba Dounia. On éprouve de tendresse et de l'admiration envers cette femme qui malgré la réalité abîmée garde de l'amour.
Avec des personnages hauts en couleurs veillant les uns les autres mais aussi sur leur environnement, ce roman offre une belle pudeur et un ton légèrement décalé pour parler de l'absurdité humaine.
Alina Bronsky a trouvé l'équilibre subtil entre humour, fantaisie et légèreté apparente.
La vie à Tchernovo est très agréable, mais elle ne convient pas à tout le monde.
L’avantage de la vieillesse, c’est qu’on n’a plus besoin de demander la permission à quiconque – ni pour habiter dans son ancienne maison, ni pour laisser les toiles d’araignée là où elles sont. Les araignées étaient ici avant moi.
Les billets de Cath et de Cuné.
Lu de cette auteure : Cuisine tartare et descendance
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