Éditeur : Presses de la Cité - Traduit de l'anglais ( Grande-Bretagne) par Karine Reignier-Guerre et Agathe Peltereau-Villeneuve
Date de parution : Mai 2015 - 442 pages saisissantes.
Priska, Rachel et Anka trois ont été déportées en 1944 à Auschiwtz. Ces jeunes femmes ne se connaissaient pas et chacune avait une vie, une famille en Tchéquie, en Pologne et en Slovaquie. Leur dénominateur commun est celui d'être enceinte quand elle arrivent à Auschiwtz pratiquement en même temps. Un camp de concentration où le docteur Joseph Mengele traquait les plus faibles mais aussi celles qui étaient enceintes à qui il réservait la mort. Mais les trois femmes sont passées à travers les mailles du filet et il faut se les imaginer (comme c'est décrit dans le livre) debout et devant répondre à la question posée en allemand "Etes-vous enceinte?" avec sur elles les yeux inquisiteurs de Mengele (qui n'hésitait à pincer les tétons de certaines femmes pour déceler une grossesse). Elles ont su répondre non pour protéger la vie qu'elles portaient sans que le doute ne puisse s'installer. On pourrait croire qu'elles sont sauvées à cet instant mais Auschiwtz n'est qu'une étape de ce qu'elles vont endurer. Elles seront transférées à l'usine d'armement de Freiberg où elles travaillent de douze à quatorze heures par jour. Réduites à être des esclaves et sous-alimentées.
La défaite pour les Allemands approche et elles voyagent dans des wagons à bestiaux non couverts dans des conditions inimaginables durant seize jours pour arriver à Mauthausen. Priska et Rachel ont déjà accouché et Anka donnera la vie à Mauthausen. C'est la mort qui les attendait mais le destin a tourné : la chambre à gaz ne fonctionne plus. Le suicide d'Hitler sonne la débâcle et les soldats désertent Mauthausen où quelques jours plus tard la Croix-Rouge arrive puis enfin un escadron d'Américains.
Si certaines pages sont vraiment très dures jamais ce livre ne verse dans le pathos ou dans la surenchère de l'horreur. Extrêmement bien documenté dans les faits historiques, ce récit s'attache et demeure au plus près de ces femmes. Et après la libération, on ne les quitte pas. On découvre l'appréhension du retour qui fut loin d'être facile. Les trois enfants ont survécu et grandi, aimés par ces mères bien plus que courageuses.
Ce récit (enrichi de photos) fait mal, vraiment mal (l'humiliation, la souffrance, l'indifférence de certains civils) et puis il y a l'humanité de certaines personnes, incroyable et généreuse, qui fait également pleurer. Saisissant et très poignant.
Il n'y a pas de mots pour décrire ce dont nous étions témoins et la façon dont nous vivions (...). Parfois je me dis : " Comment as-tu pu t'en sortir?"
Les billets de Cuné (que je remercie), Sandrine
13 commentaires:
Je ne doute pas que ce livre soit de grande qualité et d'un grand intérêt, et tu le présentes très bien. Mais j'avoue n'avoir pas très envie de me colleter à ce genre de sujet, en particulier en cette période légère de pré-vacances...
C'est une des grandes qualité de ce livre : sa sobriété. je craignais beaucoup les débordements de sentiments, le féminisme aussi, mais il n'y a rien de tout ça et l'enquête est efficacement menée, dès origines au retour.
ça me fait penser un peu à Kinderzimmer. Il faut vraiment trouver le bon moment pour lire ce genre de livre, instructif mais éprouvant.
Je n'ai toujours pas lu Kinderzimmer, mais celui-là, je suis partante ; je préfère les documents, tant que l'on peut avoir la parole de ceux qui ont vécu les évènements.
Après avoir lu Kinderzimmer, je ne suis pas sûre d'avoir envie de me replonger dans un tel sujet, même si ton article est très convaincant...je note néanmoins.
Autant Kinderzimmer ne m'attire plus, autant celui -ci , je veux le lire!!!
Tu en parles très bien. J'ai bien envie de découvrir ce récit !
Les deux livres ont attiré mon attention mais je n'ai pas réussi à sauter le pas et à les mettre dans mon panier... :-(
@ Delphine : mes lectures ne sont pas calquées sur la météo mais je comprends tout à fait qu'il faut être dans des conditions pour certaines lectures.
@ Sandrine : c'était également ma crainte mais j'ai été impressionnée par le "professionnalisme" de l'auteure qui justement évite le pathos et est très précise dans le récit.
@ Gambadou : deux lectures qui je trouve se complètent.
@ Aifelle : j'ai du m'arrêter plusieurs fois en cours de lecture tant ça prend aux tripes.
@ Eva : les deux livres parlent en effet d'enfants de grossesse menées par de femmes dans des camps de travail ( pour Kinderzimmer) ou de concentration ici. Mais ce n'est pas le même lecture car ici c'est un récit complété par des faits historiques.
@ Keisha : Kinderzimmer a été un uppercut également pour moi !
@ Krol : merciiiii!
@ Lauraline : en effet ce sont des lectures éprouvantes mais elle sont des marqueurs de l'histoire.
J'ai pensé à Kinderzimmer... Dire que là l'histoire est véridique me fait froid dans le dos. Pas forcément envie de lire sur ça en ce moment mais ce livre doit être intéressant.
J'ai été très touchée par Kinderzimmer. Je note celui-ci pour plus tard, quand je serai dans une disposition d'esprit plus adéquate à ce type de lecture.
J'en ai entendu parler sur France Inter, ce devait être un dimanche et je l'avais noté dans un coin de ma t^te. Il n'est toujours pas à la bibliothèque
@ Antigone : il faut trouver le bon moment pour le lire, oui.
@ Tant qu'il y aura des livres : oui!!!
@ Zazy : On aimerait toutes que nos biblios contiennent plus de livres:)
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