lundi 29 juillet 2013
Jean-Christophe Rufin - Immortelle randonnée, Compostelle malgré moi
Éditeur : Editions Guérin - Date de parution : Mai 2013 - 259 pages qui régalent l'esprit avec un sourire aux lèvres !
Pourquoi se lancer à la conquête du chemin de Compostelle? Jean-Christophe Rufin nous livre sa version où aucun acte de foi, aucune recherche mystique ou de se retrouver n'apparaissent. Parti d'Hendaye, au fil des kilomètres l'académicien s'est transformé en un clochard pouilleux et crasseux en empruntant le Chemin du Nord. Dans ce récit version jacquaire, l'auteur raconte ses plus de huit cent kilomètres de marche avec humour ( les erreurs du novice, sa vision des pèlerins), son Chemin. Et c'est là que ce livre est intéressant car parti sans la raison que les gens justifient pour cette marche, il nous dit : Comment expliquer, à ceux qui ne l'ont pas vécu, que le Chemin a pour effet sinon pour vertu de faire oublier les raisons qui ont amené à s'y engager? A la confusion et à la multitude des pensées qui ont poussé à prendre la route, il substitue la simple évidence de la marche. On est parti, voilà tout.
L'auteur explique les bienfaits de la solitude, de cette marche épuisante qui le cheville au corps et de la transformation intérieure qui s'opère. En découvrant un paysage, il ne me venit pas à l'esprit qu'il pût ressembler à la Corse ni à nul autre lieu que j'aurais connu. Je voyais tout avec avec une fraîcheur éblouissante et j'accueillais la complexité du monde dans un cerveau redevenu aussi simple que celui d'un reptile ou d'un étourneau. J'étais un être nouveau, allégé de sa mémoire, de ses désirs et de ses ambitions. Un Home erectus mais d'une variété particulière : celle qui marche. Minuscule dans l'immensité du Chemin, je n'étais ni moi-même ni un autre, mais seulement une machine à avancer, la plus simple qui se pût concevoir et dont la fin ultime autant que l'existence éphémère consistaient à mettre un pied devant l'autre. Plus tard, on lit :
Cependant, dans ce qui fut pour moi l'apogée mystique du Chemin, j'ai eu le sentiment de voir la réalité se perdre et me permettre d'apercevoir ce qu'il y au-delà d'elle et qui se diffuse en chacun de ses créatures (..). Jamais le monde ne m'avait paru aussi beau. Et c'est ce que je recherche dans la marche : un état de plénitude où l'humilité devant la vie est un cadeau.
Les portraits brossés avec humour, ce même humour qu'il applique à lui-même sont des régals. Un récit qui donne envie d'enfiler son sac à dos et de se lancer sur le Chemin !
Les billets d'A propos de livres, Aifelle, Cuné, Keisha, Mimipinson, Saxaoul
dimanche 28 juillet 2013
Olivia Profizi - Les exigences
Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Mars 2013 - 171 pages et un premier roman fort!
Si je vous dis qu'une jeune femme a tenté de mettre fin à ses jours, vous allez soupirer ( en marmonnant encore un livre pas gai). Si ensuite, je rajoute que Rachel était amoureuse d'un homme d'un soixante d'années Maxence qui l'a initié au sadomasochiste, l'a traitée comme une esclave sexuelle, il y a fort à parier que nous n'allez pas lire les lignes suivantes. Et vous auriez tort ! Alors interdiction formelle de ne pas lire jusqu'au bout ma chronique (je vous surveille... ).
Car malgré ces thèmes difficiles et risqués, Olivia Profizi évite de nombreux écueils et possède une écriture surprenante qui m'a ferrée. Vive, entraînante et qui bouscule les conventions littéraires. Rachel qui se faisait appelée Lucie par Maxence est internée en hôpital psychiatrique après sa tentative de suicide. Sa passion pour Maxence un homme pervers et manipulateur l'a amenée à devenir sa chose. L'hospitalisation est la dernière bouée de sauvetage pour l'aider à sortir du cercle vicieux et à se reconstruire. Le psychiatre lui propose d'écrire un journal. Méfiante et sur ses gardes, Rachel s'y refuse avec une ironie mordante mais elle consigne ces journées à l'hôpital : les visites, les autres patients et son histoire. En alternance, Maxence prend la parole, semant le trouble dans notre esprit. Rachel était-elle victime ou consentante? Maxence artiste peintre raté ayant eu de grandes ambitions confiné à reproduire des copies de chefs-d’œuvre. Maxence et Rachel deux personnalités qui se sont cherchés, deux êtres qui semblaient être dépendants d'un de l'autre. La muse inspiratrice devenue un objet malléable encaissant la violence. Durant quatre mois Rachel écrit, se prête au jeu de l'écriture thérapeutique pour mettre des mots sur cette relation et retrouver la liberté.
Quand commence la violence ? Comment la cerner, quel est le moment où on pose le pied dans un engrenage où l'on ne peut plus faire marche arrière ? Un premier roman très fort qui pourra déstabiliser certains lecteurs. Olivia Profizi parle de la violence sournoise faite aux femmes.
Certains crieront que l’on peut fuir ou s'enfuir. Mais il est difficile de sortir de cette spirale quand on ne sait plus qui l’on, que la confiance en soi ne veut plus rien dire et que l’on existe seulement à travers le regard d’un bourreau. Il faut savoir éviter les jugement hâtifs pour ne pas enfoncer encore plus celles qui souffrent...
A mon réveil ce matin, j'ai compris que j'avais réellement jeté mon corps en pâture aux chiens.J'ai compris que le littérature et les mots de Maxence, la peinture, les studios-photos, les appartements luxueux, des dessous de grandes marques n'étaient que des cache-misères. J'avais peut-être cherché un père en Maxence, mais j'avais aussi cherché un bourreau, quelqu'un qui me conduise à l'abattoir, et cela n'avait rien d'une mise en scène.
Les billets de Céleste,Céline, Jostein
Si je vous dis qu'une jeune femme a tenté de mettre fin à ses jours, vous allez soupirer ( en marmonnant encore un livre pas gai). Si ensuite, je rajoute que Rachel était amoureuse d'un homme d'un soixante d'années Maxence qui l'a initié au sadomasochiste, l'a traitée comme une esclave sexuelle, il y a fort à parier que nous n'allez pas lire les lignes suivantes. Et vous auriez tort ! Alors interdiction formelle de ne pas lire jusqu'au bout ma chronique (je vous surveille... ).
Car malgré ces thèmes difficiles et risqués, Olivia Profizi évite de nombreux écueils et possède une écriture surprenante qui m'a ferrée. Vive, entraînante et qui bouscule les conventions littéraires. Rachel qui se faisait appelée Lucie par Maxence est internée en hôpital psychiatrique après sa tentative de suicide. Sa passion pour Maxence un homme pervers et manipulateur l'a amenée à devenir sa chose. L'hospitalisation est la dernière bouée de sauvetage pour l'aider à sortir du cercle vicieux et à se reconstruire. Le psychiatre lui propose d'écrire un journal. Méfiante et sur ses gardes, Rachel s'y refuse avec une ironie mordante mais elle consigne ces journées à l'hôpital : les visites, les autres patients et son histoire. En alternance, Maxence prend la parole, semant le trouble dans notre esprit. Rachel était-elle victime ou consentante? Maxence artiste peintre raté ayant eu de grandes ambitions confiné à reproduire des copies de chefs-d’œuvre. Maxence et Rachel deux personnalités qui se sont cherchés, deux êtres qui semblaient être dépendants d'un de l'autre. La muse inspiratrice devenue un objet malléable encaissant la violence. Durant quatre mois Rachel écrit, se prête au jeu de l'écriture thérapeutique pour mettre des mots sur cette relation et retrouver la liberté.
Quand commence la violence ? Comment la cerner, quel est le moment où on pose le pied dans un engrenage où l'on ne peut plus faire marche arrière ? Un premier roman très fort qui pourra déstabiliser certains lecteurs. Olivia Profizi parle de la violence sournoise faite aux femmes.
Certains crieront que l’on peut fuir ou s'enfuir. Mais il est difficile de sortir de cette spirale quand on ne sait plus qui l’on, que la confiance en soi ne veut plus rien dire et que l’on existe seulement à travers le regard d’un bourreau. Il faut savoir éviter les jugement hâtifs pour ne pas enfoncer encore plus celles qui souffrent...
A mon réveil ce matin, j'ai compris que j'avais réellement jeté mon corps en pâture aux chiens.J'ai compris que le littérature et les mots de Maxence, la peinture, les studios-photos, les appartements luxueux, des dessous de grandes marques n'étaient que des cache-misères. J'avais peut-être cherché un père en Maxence, mais j'avais aussi cherché un bourreau, quelqu'un qui me conduise à l'abattoir, et cela n'avait rien d'une mise en scène.
Les billets de Céleste,Céline, Jostein
vendredi 26 juillet 2013
Sébastien Berlendis - Une dernière fois la nuit
Éditeur : Stock - Date de parution : Février 2013 - 91 pages et un texte cruellement beau ...
Il ne faudrait pas croire et surtout commettre l'erreur de lire rapidement ce livre vu le nombre de pages. Ce serait passer à côté de tout ce qui perle entre ces lignes et de la quintessence des phrases.
Histoire d'un homme et "d'un corps qui tousse. Qui s'essouffle et s'asphyxie", le narrateur est un jeune homme atteint d'asthme sévère. Son enfance et son adolescence sont des voyages entre la maison familiale à Bracca, les termes de San Pelligrino, les hôpitaux et le sanatorium. Il y la peur insidieuse de mourir quand les crises sont fortes " je suis en proie à la panique, celle d'une souffrance qui n'est plus maîtrisée de l'intérieur". " Je me demande combien de temps ça prend un coeur qui cesse de battre". Rares sont les moments où la maladie lui laisse du répit. Soldat toujours sur le qui-vive, médecins armés mais impuissants. A dix-sept ans, il rencontre Simona, une belle au souffle court et la rage de vivre l'amour intensément car rien ne dure.
Premier roman à l'écriture minimaliste qui n'est pas rappeler Jeanne Benameur et la précision des mots choisis.
Un texte fort, cruellement beau dont le rythme épouse celui du récit et m'a laissée sonnée, ébahie.
Je pourrais vous citer des paragraphes ou d'autres phrases comme " mon corps me condamne à des pensées à court terme" tant elle sont nombreuses ! La dernière page est déchirante...
Une lecture dont on en ne peut pas sortir indemne !
Les billets de Jérôme ( le tentateur), Le carré jaune, Noukette.
jeudi 25 juillet 2013
Claude Ribbe - Eugène Bullard
Éditeur : Cherche-Midi - Date de parution : 2012 - 241 pages et la vie passionnante d'un homme !
Eugène voit le jour en 1895 à Colombus en Géorie en 1895. Très jeune, Eugène sait ce que le Ku Klux Klan est capable de faire contre les gens de couleur comme lui et sa famille. Cette situation est encore plus inacceptable à ses yeux que son père lui a vanté la France où les gens de couleur n'ont rien à craindre. A onze ans, il s'enfuit de chez lui avec l'idée de rejoindre l'Europe. Toujours aux Etats-Unis et en attendant un jour de partir, il doit se nourrir. Multipliant les boulots, il est palfrenier puis jockey et enfin boxeur. Si le destin va intervenir, la pugnacité d'Eugène et ses convictions qu'un homme de couleur est égal à un homme blanc vont y être pour beaucoup dans la suite de sa vie. Il embarque clandestinement à bord d'un bateau allemand, débarque en Angleterre puis rejoint Paris en tant que boxeur. Le Paris festif où l'on s'amuse. Mais 1914 et la guerre abattent une chape de plomb. Eugène veut combattre, défendre la France et s'engage dans la légion étrangère (seule possibilité pour lui). Il connaîtra l'horreur des tranchées, fera la connaissance de l’écrivain Blaise Cendrars et du peintre Moïse Kisling. Blessé à la jambe, Eugène veut devenir aviateur et il y parviendra. Cet homme débarqué des Etats-Unis des années plus tôt sans aucun papier officiel sera le premier premier pilote de chasse d'origine Afro-américaine.
Je ne vais pas tout vous raconter toute la vie d'Eugène Bullard mais cet homme a toujours défendu une valeur qui lui était chère qui lui était chère : l'égalité. Il subira le racisme en France à certains occasions mais jamais il ne baissera les bras. Un homme qui aimait s'amuser et la musique ( il sera jazzman, directeur d'un cabaret) et qui a su toujours comment s'adapter aux modes. Lors de la seconde guerre mondiale, le contre-espionnage français lui propose de travailler pour eux. Malgré une vie riche en événements et en rencontres, Eugène mourra dans l'anonymat et la pauvreté.
Ce récit est tout simplement passionnant ! J'ai été touchée par Eugène, par son combat pour la lutte contre les inégalités raciales et par sa vie extraordinaire !
Or, ce qui paraissait humiliant à Eugène, ce n'était pas d'être comparé à un singe, c'était d'en arriver à confondre son semblable avec un animal privé de raison.
Le billet d'In Cold Blog qui m'a offert ( oui, je suis gâtée) ce livre ! Et si vous le voulez, vous pouvez découvrir Eugène et passer un moment avec lui...
mardi 23 juillet 2013
Florence Seyvos - Le garçon incassable
Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution Mai 2013 - 173 pages toutes en subtilité et en pudeur!
La narratrice se rend à Hollywood pour mener des recherches sur la vie de Buster Keaton, figure célèbre du cinéma. Homme malléable qui effectuait des chutes, projectile qui n'avait peur d'aucune limite. Elle est aussi la soeur d'Henry, garçon handicapé, maladroit. Enfant, il devait se contraindre à des exercices de rééducation durs et douloureux. Pour Buster Keaton et Henri, le corps était mis à l'épreuve constamment. L'un en tirera la gloire, l'autre la volonté de progresser.
Dans ce roman, les existences de Buster Keaton et Henri sont racontées en parallèle. Aucune corrélation directe n'est établie. Les points qui les relient sont des fils invisibles que l'on perçoit. Récit où le burlesque, la gaité côtoient la différence liée à l'handicap. Tout est dans la subtilité, dans ces deux vies où la pudeur cache des blessures.
Florence Seyvos nous ouvre des univers qui semblent différents au départ mais qui au fil des pages sont liées. Miroirs tendus entre deux hommes et où le portait de la narratrice se dessine. Elle qui a toujours veillé son frère et l'a encouragé das ses progrès pour obtenir une indépendance.
Les émotion sautent à la gorge discrètement et se déploient, le tout avec une écriture sans fioritures où chaque mot est pesé. On ressent cette constance à ne pas ne dire de trop, à laisser une place au lecteur. Un récit subtil, puissant et émouvant qui ne laisse pas indemne !
Les billets de Cathulu, Charlotte, Emeraude, Melly lit
lundi 22 juillet 2013
Victoria Hislop - L'île des oubliés
Éditeur : Le Livre de Poche - Traduit de l'anglais par Alice Delarbre - Date Parution : Avril 2013- 520 pages vite oubliées...
Alexis une jeune femme se rend en Crète à Plaka pour découvrir l’histoire familiale sur laquelle sa mère est restée toujours peu loquace. En face du village se trouve l’île de Spinalonga une ancienne léproserie. A Plaka, Alexis rencontre une femme qui a connu sa mère autrefois et c’est elle qui va lui raconter l’histoire de sa famille sur trois générations.
Des femmes, des familles pauvres et des riches, des mariages, des tromperies, des amours contrariés…En fait, la base de ce roman n’a rien de nouveau. Seul point ajouté la lèpre, les conditions de vie des malades séparés de leurs familles et isolés à sur l’île de Spinalonga qui était effectivement une léproserie.
Si cette fresque familiale se laisse lire, je n’y ai rien retiré. La trame est trop prévisible à mon goût et il m'en faut plus pour être conquise.
De plus, certaines tournures comme « dans les profondeurs ténébreuses de son rêve sous-marin » m’ont laissée de marbre.
Plus de 500 pages qui se lisent vite et qui seront vite oubliées.
De nombreux avis différents Bladelor, Cynthia, Géraldine, Hélène, L'antre des mots, Manu, Miss Alfie, Nadael, Sandrine (SD49), Sylire
samedi 20 juillet 2013
Elisabeth Tova Bailey - Les nuits mouvementées de l'escargot sauvage
Éditeur : Autrement - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marie-Cécile Mouraux - Date de parution : Avril 2013 - 161 pages et des poissons d'eau dans les yeux...
L'auteure Elisabeth Tova Bailey a été longtemps clouée au lit à cause d'une maladie sans nom. Ses forces physiques envolées, une vie sociale qui s'émiette, et une maladie sur laquelle les médecins n'ont pas su mettre d'étiquette. Lorsqu'une une amie lui offre un pot de violettes à mettre dans sa chambre, ce cadeau en révèle un autre. Un escargot s'y trouve. Elisabeth Tova Bailey aménage un terrarium pour lui et cet escargot va devenir son centre d'observation, un "compagnon" qui va l'aider sans le savoir à traverser une période difficile.
Dans ce récit tout en sensibilité avec des pointe d'humour et truffé d'informations sur ce gastéropode, l'auteur nous livre ses réflexions. Et je me suis retrouvée à mettre un post-it à chaque page car ce livre a résonné en moi. Le regard de l'auteure, ses pensées sur la vie, sur le temps ce luxe rare dont elle dispose et dont elle ne ne peut en profiter, les visites de médecins en médecins, l'isolement qu'elle décrit ont trouvé écho en ma personne à cause de mon vécu. Des paragraphes si justes qui ont été un miroir.
Les parallèles établies sont étayées d'information sur l'escargot et sur son mode de vie. Et ce sont autant d'étincelles dans les yeux et dans le coeur !
Alors oui, cet essai a colonisé mes yeux de poissons d'eau tant il m'a touchée mais il m'a apportée ce sentiment d'être comprise.
Jamais nombriliste ou versant dans le pathos, avec une écriture sans fioritures et aux accents poétiques, ce livre est un vrai rayon de soleil !
Mon lit était un île dans la mer désolée de ma chambre. Je savais pourtant que d'autres comme moi était confinés chez eux, par la maladie, ou par une blessure, dans un village ou dans des villes, partout dans le monde. Allongée là, je me sentais liée à eux tous. Nous formions nous aussi une sorte de colonie d'ermites.
Quand on est bonne santé, la vie semble avoir un sens, une raison évidente. Il est effarant de voir à quelle vitesse la maladie balaie ces certitudes.
Les billet de Cathulu, Dominique, Mango
vendredi 19 juillet 2013
Elliot Perlman - La mémoire est une chienne indocile
Éditeur : Robert Laffont - Traduit de l'anglais (Australie) par Johan-Frédérik Hel Guedj - Date de parution : Janvier 2013 - 575 pages magistrales !
Lamont Williams vient de sortir de prison où il y a laissé quelques années. Une histoire de vol où il s'était retrouvé embarqué sans être au courant. Depuis six ans, il n'a pas eu de nouvelles ou vu sa fille qui doit être âgée de huit ans. Il retourne vivre chez sa grand-mère qui l'a élevée. Au centre de cancérologie de Manhattan, cet homme noir du Bronx commence une période de six mois probatoire comme agent d'entretien. Son but : retrouver sa fille.
Adam Zignelik est professeur d'histoire à l'université de Columbia mais ses chances de titularisation sont réduites à néant car il n'a rien publié depuis des années. Ce fils d'un avocat juif qui s'est battu pour les droits civiques et la fin de la ségrégation dans les écoles peine à porter cet héritage. Il préfère se séparer de sa compagne Diana à qui il refuse des enfants.
A partir de ces deux personnages centraux Lamont et Adam qui n'ont rien en commun , une histoire voit le jour entre présent et passé où d'autre personnages prennent place. Au centre de cancérologie, Lamont fait par hasard la connaissance d'un vieux homme . Il prend l'habitude de passer le voir après son service et cet homme dont le bras est tatoué d'un numéro va lui confier son histoire. Henri Mendelbrot rescapé de l'holocauste le choisit comme témoin de sa vie.
Le père de l'ami Adam lui-même ancien universitaire l'aiguille sur une piste de recherche. Celle des soldats noirs américains qui ont participé à la libération des camps à la fin de la guerre. Mais les recherches d'Adam vont le conduire à s'intéresser au travail d'un psychologue Henry Border.
Je ne sais pas si les précédents livres d'Elliot Perman sont du même gabarit aussi riches, denses et prenants mais croyez-moi ce livre c'est vraiment quelque chose ! L'auteur nous ferre très vite dans cette fresque à peine esquissée par la question sur le rôle de l'histoire à travers un cours qu'Adam donne à ses élèves. Alternant les histoires des personnages, on plonge dans la grande Histoire et celle des destinées individuelles.
La place de la mémoire est l'écheveau central de cette toile où les fils qui relient les différents personnages se tissent. Des révoltes des juifs dans les ghettos durant la guerre à la lutte pour les droits civiques des noirs, roman est tout simplement passionnant et captivant.
Elliot Perlman nous renvoie au devoir de mémoire, à sa transmission, à l'influence de l'Histoire sur nos vies et à des causes sociales qui ne peuvent être oubliées. Un grand roman qui chavire le cœur, l'esprit par son humanité et qui nous interpelle, sème de nombreuses graines de réflexion ! Tout simplement magistral !
L’histoire peut nous conforter dans des moments difficiles, ou mêmes troublés et traumatisants. Elle nous montre ce que notre espèce a traversé et à quoi nous avons survécu. Elle peut nous aider à comprendre que nous avons déjà su traverser plus d'une période sombre, par le passé. Et l’histoire est d'une importance vitale, autant si ce n'est davantage encore que la biologie, surtout peut-être parce que le passé nous tient sous son emprise, et nous avons beau croire qu'il serait impossible de lui échapper, il nous est fait impossible de lui échapper. Si seulement vous saviez à quel point vous êtes proches de peuples qui vous semblent si lointains... vous seriez surpris.
Et c'est aussi une manière d'honorer ceux qui nous ont précédé. Nous pouvons raconter leurs histoires. Ne voudriez-vous pas que quelqu'un raconte votre histoire? Finalement, c'est la meilleure preuve qui soit que votre existence a compté.
Les billets de Cuné, Nath lit
jeudi 18 juillet 2013
Joyce Maynard - Une adolescence américaine
Éditeur : Philippe Rey - Traduit de l'anglais ( Etats-Unis) par Simone Arous - Date de parution : Avril 2013 - 233 pages et un livre hérisson..
Ce livre a été écrit en 1972 par Joyce Maynard alors qu'elle n'avait que dix-neuf ans. Un an plus tôt, cette jeune fille s'était retrouvée sous les feux de rampe grâce à un article paru dans le New York Times. Devenue un modèle représentatif de la jeunesse américaine, des centaines des lettre lui parviendront. Parmi elles, une de J.D. Salinger, l’écrivain de L’attrape-cœurs. Sa relation avec J.D. Salinger a fait l'objet d'un livre Et devant moi, le monde. Une adolescence américaine s'inscrit dans la suite de son article sur la jeunesse américaine. Paradoxalement, Joyce Maynard se trouve souvent en décalage avec les jeunes de son âge. Et avec regard doublé d'une certaine distance, elle nous offre le portait de toute une génération dans un contexte politique, social et culturel.
Sans s'arrêter à l'observation, elle parle d'elle. La jeune fille avec ses préoccupations de fille, son enfance, ses envies professionnelles, son rapport à l'écriture. Brisant certains idées reçues en décrivant sa génération "nous sommes fatigués, souvent plus par ennui que par dépenses physique, vieux vant d'être sages, connaissant le monde non pour m'avoir parcouru mais pour l'avoir vu à la télévision. Chaque génération pense qu'elle est spéciale. (...). Ma génération se distingue davantage par ce que nous avons manqué que par ce que nous avons gagné car, dans un certain sens, nous sommes à la foi les premiers et des derniers. Les premiers à considérer la technologie comme allant de soi. Les premiers à grandir avec la télévision. (...). Nous avions les Beatles, mais pas ceux de l'époque où ils étaient mignons et se ressemblaient tant avec leurs costumes assortis et leurs chansons qui vous faisaient pleurer. Ils nous sont tombées dessus comme une mauvaise blague - plus vieux, barbus, mal accordés. Nous avons hérité de la guerre du Vietnam juste après le début de la vague - trop tard pour brûler les cartes d'incorporation et trop tôt pour ne pas être incorporés. "
Une génération qui n' a pas connu les problèmes d'argent et qui sans renier l'argent " jouait au pauvre et vivait en riche", qui a consommé de la drogue ( l'auteure dit avoir goûté mais sans y trouver d'intérêt).
Une période où être populaire au lycée signifiait être influent, exister aux yeux des autre. Rien n'a changé....
Le culte du paraître toujours et encore, celui de la minceur entrainera Joyce Maynard dans le cercle de l'anorexie.
De ce témoignage ancré dans l'Histoire, l'intemporalité et l'universalité de certains sujets sont frappants. Tout comme le regard mature et les réflexions de Joyce Maynard. Un livre devenu hérisson par le nombre de marque-pages que j'y ai inséré..
L'avant-propos rédigé à l'occasion de la sortie de ce livre en France par l'auteure est touchant par sa sincérité.
Je ne me lasse pas de lire cette auteure ( Baby love , Et devant moi, le monde, Les filles de l'ouragan), de la découvrir avec ce sentiment particulier de nouer un lien comme avec Annie Ernaux.
Les billets de Gwordia, Sylire
mercredi 17 juillet 2013
Yves Ravey - Un notaire peu ordinaire
Éditeur : Les éditions de Minuit - Date de parution : Janvier 2013 - 108 pages et une déception...
Mme Rebernak voit sa vie changer quand son cousin Freddy est libéré après quinze années passées derrière les barreaux. Veuve, élevant seule ses deux grands enfants, elle refuse de l'héberger. Et pour cause, Freddy a violé une des camarades de Clémence sa fille. Clémence plongée dans ses révisions pour le bac de français. Une jolie jeune fille qui sort avec Paul, le fil du notaire maître Montussaint. Si Mme Rebernak a ordonnée à Freddy de partir, de quitter la ville, il n'en a rien fait. Pire, on le voit traîner devant le lycée à la fin des cours.
Nous sommes dans une ville de province et maître Montussaint par sa qualité de notaire représente une des figures notables. D'ailleurs, à la mort de son mari, il a insisté auprès de Mme Rebernak pour qu'elle n'hésite pas à venir le voir s'il pouvait l'aider. Son défunt mari et le notaire chassaient ensemble. Rien de plus. Mais si Mme Rebernak a obtenu son poste de femme de ménage dans les écoles c'est grâce au notaire. Elle s'inquiète pour sa fille Clémence avec la présence de Freddy dans le coin. Femme simple mais têtue, non seulement elle refuse de céder quand on lui demande d'héberger son cousin qui n'a plus qu'elle comme famille mais elle va voir les gendarmes pour leur expliquer la situation. Inquiète, elle ne ne comprend pas non plus pourquoi Maitre Montussaint conduit ou ramène Clémence à la place de Paul.
L'intrigue est simple, très simple et on devine facilement la fin de ce livre. De plus, Yves Ravey pose juste les faits qui s'enchaînent et j'ai eu l'impression de lire un rapport officiel sans émotion. Alors oui, je suis très déçue (et un tout ça pour ça...).
Les billets de Jérôme déçu également, Sandrine (Yspaddaden) a aimé tout comme Yy, pour Keisha ce livre mérite d'être lu, Krol a aimé mais sans plus, Cachou est mitigée. D'autres avis ?
mardi 16 juillet 2013
Maria Pourchet - Avancer
Éditeur : Gallimard- Date de parution : 2012 - 222 pages succulentes et jubilatoires !
Marie-Ange presque trentenaire et qui se fait appeler Victoria cherche "la voix Royale". Celle que le Destin lui montera par un signe. Si le Destin s'est déjà trompé ou se fait patienter, Victoria aime regarder depuis le balcon ( un deuxième chez-soi) de son compagnon Marc-Ange. Victoria l'a rencontré alors qu'elle était son étudiante en sociologie. Si elle a abandonnée ses études, Marc-Ange adepte des théories profondes liées à la sociologie cherche l'inspiration pour écrire le livre. Celui qui révolutionnera le monde et clouera le bac à ses confrères. Ce bonheur de couple est troublé par la présence du Petit, le fils de Marc-Ange présent la moitié du temps et qui malgré son surnom a dix ans. Quelquefois sa soeur jumelle vient également et tente de s'incruster. Si le Petit est surdoué, sa soeur est son inverse. Marc-Ange et l'irresponsabilité d'un père font très bon ménage.
Un trou dans le trottoir voit le jour. Cette gueule béante dans la terre pour la création d'une station de métro alimente les conversations. Les Dupont, père et fils, passent leurs journée à regarder l'avancement du chantier.
La vie bien peinarde de Victoria est troublée quand Marc-Ange lui dégotte par relation un emploi: une étude sociologique sur l'utilisation des vélenvilles. Après conciliabules avec Marie-Ange, Victoria accepte sans avoir le choix d'ailleurs.
Voilà un OVNI, un roman complètement hors normes, avec des jeux de mots au premier ou second degré, de l'humour, un style vif et alerte.
Une écriture inventive, une histoire décalée : un vrai régal !!! Je n'en dirai pas plus sur l'histoire pour ne pas vous gâcher le plaisir ( grand sourire de la première à la dernière page).
Un pur bonheur jubilatoire mettant en scène des personnages de différents horizons que Maria Pourchet prend plaisir à égratigner !
Après le dîner, puisqu'il est encore tôt, j'offre au Petit de poursuivre agréablement la soirée autour d'une verveine et quelque loisir de salon. De type Trivial Pursuit ou autre.
- Il est prévu pour plusieurs ce jeu, réfléchit-il, mais tu as raison. S'il fallait compter sur le peuple, on ne jouerait jamais. Autant inventer une autre règle.
Avec des vues pareilles, les antécédents qu'on lui connaît et s'il n'est pas d'ici là dérouté par des amours stériles ou la passion délétère des sports d'équipe, le Petit fera certainement personnage historique.
Les billets d'Aifelle, Cathulu, Keisha
lundi 15 juillet 2013
Katrina Kittle - Le garçon d'à côté
Éditeur : Le Livre de Poche - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nathalie Barrié - Date de parution : Mars 2013 - 595 pages et une claque en pleine figure !
Le mari de Sarah est mort il y a deux ans et depuis elle vit seule avec ses deux garçons Nate dix-sept ans et Danny onze ans. Heureusement pour Sarah, elle a sa voisine Courtney Kendrick qui est une véritable amie. Le couple Kendrick a un fil Jordan du même âge que Danny. Solitaire, Jordan n'a pas de copain. Un matin, Sarah aperçoit Jordan seul et décide de le conduire à l'école. En chemin Jordan demande à s'arrêter pour aller aux toilettes. Mais il n'en sort pas et Sarah le retrouve inconscient avec une seringue à ses côtés. A l'hôpital, les médecin sont unanimes : Jordan est victime d'abus sexuels et a tenté de se suicider. Marck Kendrick s'enfuit tandis que Courtney est arrêtée. Le couple est accusé de pédophilie. Sarah pense que son amie ne savait pas, qu'elle ne peut pas être impliquée. Hospitalisé, Jordan ne parle pratiquement pas. Il est dans le déni total et réclame sa mère. Nate suggère à sa mère d'accueillir Jordan chez eux. Sarah hésite, entre son travail et ses enfants, elle a peur de ne pas être à la hauteur. De ne pas savoir comment s'y prendre avec Jordan.
Les chapitres alternent les narrateurs : Sarah, Nate et Jordan. Tout en suivant l'histoire , cette construction permet d'avoir des points de vue différents qui évoluent au fil des évènements. Si au départ rien ne prouve que Courtney soit impliqué directement, Sarah va découvrir que son amie lui mentait sur beaucoup de choses. Comment n'a t-elle pu ne rien voir ? Nate est révolté tandis que Jordan semble perdu. Il veut retourner vivre avec sa mère et la défend. Et quand toute la vérité éclate, ça fait mal, très mal car il faut aider Jordan à se reconstruire, à apprendre la distinction entre bien et mal.
Même si certains passages sont durs à lire, Katrina Kittle ne tombe jamais dans le voyeurisme. Premier point fort de ce roman où thèmes de la pédophilie, le déni, les mensonges, la reconstruction sont traités avec beaucoup de sensibilité et de justesse. On est interpellé, dérangé mais impossible de lâcher ce roman il s'agit de la vie d'un enfant dont il est question. Une claque !
De nombreux avis sur babelio
vendredi 12 juillet 2013
David Abbott - Leçons singulières
Éditeur : Rivages - Traduit de l'anglais par Katell Le Fur - Date de parution : 2012 - 295 pages et un premier roman brillant !
Henry Cage un homme d’affaires londonien proche de la soixantaine est remercié après avoir participé à bâtir une société sérieuse. Si son univers s’effondre, Henry ne perd pas son flegme. Divorcé depuis des années, son ex-femme atteinte d’un cancer qui vit en Floride veut qu’il vienne la voir.
Mais avant de découvrir cette situation, le roman s’ouvre sur un accident horrible du genre à vous faire pleurer. Et ensuite, on plonge dans la vie d’Henry. Un homme droit et rigide, l’opposé de son ex-femme pétillante et drôle. Leur fils n’a pas pardonné à Henry (il appelle son père par son prénom) son indifférence et son manque d’affection. En acceptant d’aller en Floride, Henry va apprendre qu’il est grand-père mais surtout ce voyage va lui donner l’occasion de réparer ses erreurs du passé. Un miroir lui est tendu, s’il ne peut pas gommer l’image détachée qui est dans son tempérament, Henry va prendre conscience qu’il n’a pas été toujours aussi parfait qu’il l’aurait souhaité. La carapace se fendille et laisse apparaître des blessures soigneusement cachées.
Au fil des pages, le portait d’Henry se dessine et évolue. Maladroit avec les sentiments et les marques d’amour, il s’agit d’un homme attachant. Encagé dans une droiture dont il n’a pu se défaire, pétri d’intentions respectueuses, il est en décalage avec le monde dans lequel il vit. Un roman subtil tout en pudeur, sensible où les émotions sont déclinées des plus tendres aux plus cruelles. Pas de pathos mais des touches d’humour pour ce premier roman brillant !
Quand tu passes ta vie à façonner la réputation des autres, j'imagine que c'est tentant de finir par se soucier un peu trop de la tienne.
Les billets des tentatrices : Cathulu, Cuné
jeudi 11 juillet 2013
Clément Bénech - L'été slovène
Éditeur : Flammarion - Date de parution : mars 2013 - 126 pages efficaces !
Le narrateur et sa compagne Elena partent en vacances à Slovénie. Un voyage pour sauver leur jeune couple, colmater les brèches et repartir sur de bonnes bases. Se donner une seconde chance dans un pays de l'est. Lui fait de l'humour, essaie de voir le bon côté des choses même quand il leur arrive des galères. Elena se retranche, s'éloigne peu à peu. S'entourer, ne pas être seuls et quand ce moment fatidique arrive, la gêne s'installe. Naufrage d'un amour raconté avec beaucoup d'humour souvent désabusé (car l'humour est une carapace) jusqu'à ce que que l'insouciance feinte du narrateur éclate.
Clément Bénech nous fait voyager en Slovénie mais surtout suggère dans un regard, un geste les malentendu, l'embarras éprouvé, le fossé qui se creuse irrémédiablement et les questions qui font mal. Une écriture qui va à l'économie des mot comme je les aime. Même si ce roman n'est pas parfait, il s'agit d'une jolie découverte !
Est-ce que tu es en couple avec moi pour avoir la reconnaissance de tes amis et de ta famille, ou pour la sérénité de l'amour ?
Les billets de Kathel, Keisha , Lili Galipette
mercredi 10 juillet 2013
Luigi Carletti - Six femmes au foot
Editeur : Liana Levi - Traduit de l'italien par Marianne Faurobert - Date de parution : mai 2013 - 274 pages sans temps mort!
Il s'agit d'un match très attendu car le Milan AC et l'Inter vont jouer. Le stade est comble, une foule humaine rassemblée pour assister à cet événement. Si les supporters des deux équipes sont présents, d'autre spectateurs comme ces six femmes sont là mais pas pour le match. Letizia, Lola, Annarosa, Renata, Guendalina, Gemma attendent autre chose.
Annarosa accompagne son mari pour la première fois. Le foot, la foule : rien ne lui plaît. Le frère de son mari et sa femme sont là aussi. Les deux frères parlent foot et leurs épouses par solidarité féminine s'assoient l'une à côté de l'autre. Gemma est une habituée du stade. A plus de quatre-vingt ans, elle ne rate aucun match accompagné de la présence fantomatique de son mari. Lola chroniqueuse d'origine brésilienne va commenter pour la première fois à la radio et en direct ce match. Letizia est en mission particulière. Son but est un homme vêtu d'un blouson rouge et avec son équipe de police elle compte bien l'arrêter. Renata clouée dans un fauteuil roulant depuis son accident attend d'approcher un joueur en particulier. Et Guendalina, elle, veut se venger.
Au fil des pages, on découvre plus en détail ces six femmes et leurs attentions. Des femmes qui se remettent en question, blessées, qui ont des secrets ou qui vivent avec la peur au ventre ou dans le passé. Presque toutes ont un plan pour parvenir à leurs fins mais rien (ou presque) ne va se dérouler comme prévu.
Si le roman prend au départ le tournant d'une comédie où les situations sont passées au crible avec un humour corrosif, Luigi Carletti nous entraîne très habilement dans le roman policier. C'est vif, sans temps mort, on sourit tant le regard de l'auteur est caustique et juste !
Il nous dresse un portait de l'Italie d'aujourd'hui et la passion du foot n'est pas oubliée mais je vous rassure nul besoin d'apprécier ce sport pour se délecter de ce roman ! Seul petit bémol : j'ai trouvé que la fin était amenée trop vite.
Elle m'a pondu tout une théorie, la quarantaine du mâle, l'angoisse de la mort. Le syndrome de Peter Pan, elle appelle ça. Tu comprends, quand ils ne savent plus quoi dire ils dégainent des noms de dessin animé. Ne vous en faites pas, qu'elle me dit. Les hommes sont comma ça. Veronica se tourne vers Greg puis se tourne vers Annarosa : Tu comprends, Nini? Et moi je dois faire avec. Je devrais me faire une raison en me disant que les hommes sont comme ça ! Mon mari est comme ça ! Peter Pan mon cul ! je vais le dégommer, moi, Peter Pan !
Les billets de Mireille sur Babelio, Mirontaine (merci !), Sandrine.
Lu du même auteur : Prison avec piscine que j'avais beaucoup moins aimé.
Il s'agit d'un match très attendu car le Milan AC et l'Inter vont jouer. Le stade est comble, une foule humaine rassemblée pour assister à cet événement. Si les supporters des deux équipes sont présents, d'autre spectateurs comme ces six femmes sont là mais pas pour le match. Letizia, Lola, Annarosa, Renata, Guendalina, Gemma attendent autre chose.
Annarosa accompagne son mari pour la première fois. Le foot, la foule : rien ne lui plaît. Le frère de son mari et sa femme sont là aussi. Les deux frères parlent foot et leurs épouses par solidarité féminine s'assoient l'une à côté de l'autre. Gemma est une habituée du stade. A plus de quatre-vingt ans, elle ne rate aucun match accompagné de la présence fantomatique de son mari. Lola chroniqueuse d'origine brésilienne va commenter pour la première fois à la radio et en direct ce match. Letizia est en mission particulière. Son but est un homme vêtu d'un blouson rouge et avec son équipe de police elle compte bien l'arrêter. Renata clouée dans un fauteuil roulant depuis son accident attend d'approcher un joueur en particulier. Et Guendalina, elle, veut se venger.
Au fil des pages, on découvre plus en détail ces six femmes et leurs attentions. Des femmes qui se remettent en question, blessées, qui ont des secrets ou qui vivent avec la peur au ventre ou dans le passé. Presque toutes ont un plan pour parvenir à leurs fins mais rien (ou presque) ne va se dérouler comme prévu.
Si le roman prend au départ le tournant d'une comédie où les situations sont passées au crible avec un humour corrosif, Luigi Carletti nous entraîne très habilement dans le roman policier. C'est vif, sans temps mort, on sourit tant le regard de l'auteur est caustique et juste !
Il nous dresse un portait de l'Italie d'aujourd'hui et la passion du foot n'est pas oubliée mais je vous rassure nul besoin d'apprécier ce sport pour se délecter de ce roman ! Seul petit bémol : j'ai trouvé que la fin était amenée trop vite.
Elle m'a pondu tout une théorie, la quarantaine du mâle, l'angoisse de la mort. Le syndrome de Peter Pan, elle appelle ça. Tu comprends, quand ils ne savent plus quoi dire ils dégainent des noms de dessin animé. Ne vous en faites pas, qu'elle me dit. Les hommes sont comma ça. Veronica se tourne vers Greg puis se tourne vers Annarosa : Tu comprends, Nini? Et moi je dois faire avec. Je devrais me faire une raison en me disant que les hommes sont comme ça ! Mon mari est comme ça ! Peter Pan mon cul ! je vais le dégommer, moi, Peter Pan !
Les billets de Mireille sur Babelio, Mirontaine (merci !), Sandrine.
Lu du même auteur : Prison avec piscine que j'avais beaucoup moins aimé.
lundi 8 juillet 2013
Pierre Jourde - Paradis Noirs
Éditeur : Gallimard - Date de parution : 2009 - 265 pages et un immense coup de cœur !
Parler des coups de cœur est un exercice toujours difficile. Particulièrement pour ce livre tant il y a dire. Une lecture riche, intense, profonde et desservie par une écriture qui aiguise l’esprit.
Il aura suffi d'une silhouette aperçue sur le quai d'une gare pour le narrateur replonge dans ses souvenirs d'adolescence puis d'enfance. Lui qui croyait enterré toutes ces images, ces années de collège passées dans internat dirigé par des frères refont surface. Devenu un écrivain reconnu, il rend visite à Boris un de ses amis de l'internat. Boris marié, père de famille, l'image respectable tout comme lui, loin de ce qu'ils faisaient subir à Serge avec François le dernier membre du trio disparu depuis.
Se cachant derrière l'insouciance, la naïveté de l'enfance, les jeux n'en étaient pas pour autant cruels, honteux. L'humiliation était un trophée, Serge la victime qui ne bronchait pas. Le narrateur cherche à donner une nouvelle lumière sur ces années comme pour les laver. Mais un détail ou une situation resurgissent "et la sensation d’écœurement me prend, un dégoût qui ne vient pas de la nature peu glorieuse de cet épisode, mais de ce je ne peux empêcher qu'il serve à me rendre intéressant". On découvre François le chef de la bande élevé par des vieilles femmes, les plans conçus avec exaltation où le simple fait de savoir que Serge serait rabaissé une fois de plus engendrait un plaisir pervers. Pourquoi Serge acceptait-il son sort? Et cette silhouette est-ce vraiment François?
Pierre Jourde nous conduit sur les chemins de la mémoire fidèle et infidèle, ce qu'on embellit avec les années ou que l'on oublie par commodité. Mémoire qui nous trompe, nous leurre, nous permet de nous blanchir mais qui quand elle s'éveille révèle des actes et des pensées qu'on a préféré mettre dans un recoin comme s'ils n'avaient jamais existé. Mais le passé est bien réel et François, Serge le martyr apparaissent différemment.
Juxtaposant réalité et l'imaginatif développé par le poids des souvenirs et de la culpabilité, la question lancinante de l'innocence et des jeux cruels portent ce récit où la noirceur et la tristesse côtoient le sublime. Trois vers de Baudelaire La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs qui martèlent le récit trouvent tout leur sens dans les dernières pages.
Le paradis noirs de l'enfance où le duo souffrance/joie mettent l'âme humaine à nue. Un livré coup de cœur électrochoc par l'histoire et par cette écriture dont je suis tombée amoureuse !
Encore ce qui lui restait de l'enfance avait-il enveloppé cela dans insouciance. L’aïeule et les tantes parvenaient à lui faire croire que les petites déchirures de l'éternité pouvaient se réparer, comme elles semblaient capables, patiemment, aiguille en main, de ravauder indéfiniment tous les accrocs, de donner l'illusion que rien ne changerait jamais.
Un grand merci à un lecteur de ce blog qui m'a conseillée ce titre.
samedi 6 juillet 2013
Roma Tearne - Retour à Brixton Beach
Éditeur : Le Livre de Poche - Date de parution : Mai 2013 - Traduit de l'anglais (Sri Lanka) par Dominique Vitalyos - 621 pages et un avis mitigé...
1973, Ceylan. Alice âgée de neuf ans aime être à Sea House chez ses grands-parents. Avec Bee, son grand-père qu'elle aime beaucoup, elle passe du temps sur la plage de Brixton Beach. Un endroit qui semble protégé et hors du temps. Mais la guerre civile éclate et oppose les Tamouls aux Cinghalais. La mère d'Alice Sita est cingalaise et son père Stanley est tamoul. Sita est enceinte, les incidents sont de plus en plus nombreux violents entre les Tamouls et le gouvernement cinghalais. Stanley décide de partir en Angleterre, sa famille le rejoindra ensuite
Avec une écriture très sensorielle, on découvre le paradis d'Alice, sa passion de la peinture qu'elle partage avec son grand-père mais aussi les préjugés liés aux origines. Quitter Ceylan pour Alice est un véritable arrachement. Sa mère a changé et l'Angleterre n'a rien de ce qu'elles attendaient. Heureusement pour Alice, son don en arts plastiques est remarqué par un professeur. Ses parents se sont séparés et Alice adolescente se retrouve avec des responsabilités d'adulte. En 2005, la violence qu'elle croyait derrière elle ressurgit.
Si ce roman décrit la fin de l'enfance d'Alice, la situation à Ceylan avec beaucoup de détails et creuse la psychologie des personnages, j'y ai trouvé des longueurs. De trop même. Mon plaisir a été gâché car sur les 600 pages je me suis souvent ennuyée...
vendredi 5 juillet 2013
Didier Van Cauwelaert - Corps étranger
Éditeur : Livre de poche - Date de parution : 2000 - 318 pages et j'ai frôlé le coup de coeur !
Fréderic Lahnberg vient de perdre sa femme. Critique littéraire arrogant, sa vision de lui et de ses confères est cinglante. Sa vie commence à changer quand il reçoit une lettre provenant de Bruges. Le courrier est adressé à Richard Glen, pseudonyme sous lequel il avait son seul et unique roman. Une parenthèse d'écriture à dix-huit ans et alors qu'il voulait devenir écrivain il avait dû se résigner à devenir critique. Il hésite avant de la lire.
Quelle surprise pour lui de découvrir qu'une jeune fille a aimé son roman trouvé dans la bibliothèque d'une amie. Il lui répond mais avant il faut qu'il se glisse dans la peau de Richard Glen, balayer Frédéric. Que serait Richard Glen? Il devient un imposteur pour elle, scinde sa vie, imagine juqu'aux vêtements de Richard Glen, loue un autre logement. Mais Karine vient à Paris sans prévenir. Faut-il la rencontrer ? Son mensonge devient une issue de sortie à sa vie actuelle et à son deuil.
L'écriture de Didier Van Cauwelaert est vive, mordante, cynique pour dépeindre le monde parisien des critiques littéraires et d'une sensibilité qui se dévoile lorsqu'il est question de sentiments.
Un roman que j'ai du mal à lâcher une fois commencé. J'ai frôlé le coup de coeur mais les dernières pages ternissent cette histoire si bien décrite. Comme si l'auteur avait voulu en terminer trop rapidement..
Mais je ne cache mon plaisir et j'ai préféré ce livre à La femmes de nos vies.
J'étais déjà assez mal dans ma peau de Lahnberg sans qu'on m'inflige l'admiration béate d'un Savoyard qui débarque à Paris ne me répétant quelle chance jai de vivre au milieu des écrivains qu'il vénère. Ses goûts sont à pleurer, la liste des meilleures ventes du Point, et il les aime dans l'ordre. Il a dû réviser avant de venir.
Le billet de Liliba.
Et hop, je dégraisse ma PAL :
Fréderic Lahnberg vient de perdre sa femme. Critique littéraire arrogant, sa vision de lui et de ses confères est cinglante. Sa vie commence à changer quand il reçoit une lettre provenant de Bruges. Le courrier est adressé à Richard Glen, pseudonyme sous lequel il avait son seul et unique roman. Une parenthèse d'écriture à dix-huit ans et alors qu'il voulait devenir écrivain il avait dû se résigner à devenir critique. Il hésite avant de la lire.
Quelle surprise pour lui de découvrir qu'une jeune fille a aimé son roman trouvé dans la bibliothèque d'une amie. Il lui répond mais avant il faut qu'il se glisse dans la peau de Richard Glen, balayer Frédéric. Que serait Richard Glen? Il devient un imposteur pour elle, scinde sa vie, imagine juqu'aux vêtements de Richard Glen, loue un autre logement. Mais Karine vient à Paris sans prévenir. Faut-il la rencontrer ? Son mensonge devient une issue de sortie à sa vie actuelle et à son deuil.
L'écriture de Didier Van Cauwelaert est vive, mordante, cynique pour dépeindre le monde parisien des critiques littéraires et d'une sensibilité qui se dévoile lorsqu'il est question de sentiments.
Un roman que j'ai du mal à lâcher une fois commencé. J'ai frôlé le coup de coeur mais les dernières pages ternissent cette histoire si bien décrite. Comme si l'auteur avait voulu en terminer trop rapidement..
Mais je ne cache mon plaisir et j'ai préféré ce livre à La femmes de nos vies.
J'étais déjà assez mal dans ma peau de Lahnberg sans qu'on m'inflige l'admiration béate d'un Savoyard qui débarque à Paris ne me répétant quelle chance jai de vivre au milieu des écrivains qu'il vénère. Ses goûts sont à pleurer, la liste des meilleures ventes du Point, et il les aime dans l'ordre. Il a dû réviser avant de venir.
Le billet de Liliba.
Et hop, je dégraisse ma PAL :
mercredi 3 juillet 2013
David Carkeet - Le linguiste était presque parfait
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Nicolas Richard - Date de parution : Mai 2013 - 287 pages loufoques!
Jeremy Cook travaille en tant que linguiste à l'institut Wabash dont la spécialité est d'étudier les gargouillis des bébés et de comprendre ce qu'ils signifient. Au cours de la visite d'un journaliste (ils sont considérés comme des fouineurs par le directeur du centre), Cook entend une des femmes travaillant à l'institut dire qu'il est un parfait trou du cul. Obnubilé par le pourquoi de cette réflexion, Cook s'interroge sur ce que pensent ses collègues de lui. Ah l'ego !
Mais voilà qu'Arthur Stiph est retrouvé mort dans le bureau de Cook. Et visiblement ce n'est pas un accident. Cook a la panoplie parfaite du anti-héros et celle du coupable idéal. Sachant que le meurtrier avait forcément accès au centre selon l'enquête policière, qui des six linguistes a commis ce crime qui n'est qu'un début?
L'arrivée de la belle Paula linguiste également trouble Cook. Tandis qu'il cherche à prouver son innocence, tout le monde se méfie de tout le monde et les langues se délient. L'inspecteur de police à l'humour spécial ne lâche pas d'une semelle Cook et Wach le directeur ne pense qu'à la réputation de son institut.
Alors oui, c'est drôle, loufoque, un brin barré et déjanté mais sans tomber dans la surenchère. Les jeux de mots et les rélexions purement linguistiques sont un régal ! Cerise sur le gâteau : On ne s'ennuie pas un seule seconde.
Entre enquête policière et situations complètement décalées, un bon moment de lecture contre la morosité !
Je veux bien qu'on m'encule si j'arrive à en tirer quoi que ce soit. Cook hocha la tête avec gêne, sceptique quand à la portée sémantique de cette apodose impérative.
mardi 2 juillet 2013
Pierre Béguin - Vous ne connaîtrez ni le jour ni l'heure
Éditeur : Philippe Rey - Date de parution : Janvier 2013 - 188 pages dignes, belles, douloureuses et qui ne peuvent pas laisser indifférent...
Un homme et une femme vont mourir. Le narrateur, leur fils, passe la dernière nuit avec eux la veille de l'euthanasie. Ses parent sont gravement malades, son père refuse de payer pour végéter dans une maison de retraite car son éducation, son rapport au l'argent lui fait dire que ce serait du gaspillage. Et ils veulent mourir dignement. C'est lui qui en a parlé en premier, son épouse commence à perdre la tête. Partir dignement après une vie simple menée sur des principes.
Durant cette ultime dernière nuit, le narrateur revient non seulement sur le choix suicide assisté en fin de vie (nous sommes en Suisse) mais également sur son enfance et adolescence. Ecrire tout ce qui n'a pas été dit : les blessures, les failles , la manque d'amour paternel, sa mère obéissant sans discuter aux choix de son père, avec "cet espoir qu'un jour le dialogue serait rétabli". "
"Ses parents sont avant tout le produit d'une époque, d'une empreinte sociale et morale qui relègue toute dimension psychologique à l'arrière-plan". Pas communication et le mot phare "travailler" a été le leitmotiv de son père. Le fils a enfreint cette règle en entamant des études supérieures sans aucune reconnaissance de son père.
"Il y a entre eux une telle somme de non-dits, de malentendus, de rancoeurs, d'incompréhension". Et dans ces dernières heures qui vont le séparer définitivement de ses parents, il mène une réflexion sur l'euthanasie. Complice désigné de cette mort, il s'interroge. Sa mère a-t'elle prise sa décision en toute liberté ou obéi à son mari ?
Ses parents ne sont plus et d'autre questions le hantent sur ce droit à mourir, sur la liberté de vivre, sur ce qu'il est désormais.
Ce roman, je ne ce comprends pas pourquoi ce livre est appelé ainsi, a été un coup de poing. Comme je le disais il y a quelques jours, l'enfance et l'adolescence du narrateur sont des calques des miennes. Encore que ma mère ne m' a jamais montré une marque d'amour. A travers la figure du père et de ses principes, j'ai retrouvé le mien. Et vous vous doutez bien que ce livre m'a plus que touchée.
Les questions sur l'euthanasie et le libre-arbitre abordées interpellent, font réfléchir. Un livre digne, sans pathos , douloureux et qui ne peut pas laisser indifférent...
Je conseille de lire également le roman Tout s'est bien passé d'Emmanuèle Bernheim qui traite du thème de l'euthanasie sous un autre angle.
Etre fort, maîtriser sa vie éviter le honte absolue d'être à la charge de la société Autant d'influences, d'injonction sournoises, auxquelles mes parents n'ont pu échapper. Leur dignité n'était pas fluctuante mais inhérente à leur personne; elle ne dépendait pas de l'image donnée, elle n'était visible qu'avec le coeur. Le mien a-t-il suffisamment entendu, ressenti, parlé ?
Les billets de Gwordia, Hélène, Noann
lundi 1 juillet 2013
Alain Emery - D'aussi vastes déserts
Editeur : la Tour d'Oysel - Date de parution : avril 2013 - 170 pages et sept nouvelles à l'écriture qui fait mouche !
Sept longues nouvelle où Alain Emery creuse, décortique la nature humaine et les misérables stratèges que nous sommes. Sept nouvelles et des personnages tourmentés, avides, désemparés ou projetés dans des situations comme si la vie leur avait joué un tour.
Ce je j'aime avec cet auteur, c'est le sens du détail, l'art de décrire avec un mélange subtil d'émotions, de poésie et d'ironie et d'empathie : La Pointe, c'est un ancienne gloire de la côte, une danseuse décatie au bras de laquelle il faut bon retrouver le plaisir des bains de mer.
Même une fois épinglée et sous verre, il ne faut rien attendre de Marie. Son destin est comparable à des milliers d'autres et sa trame tiendrait dans une boîte d'allumette.
Jouer du frisson comme d'une scie musicale, c'est un métier. Vendre du papier à tour de bras aussi.
Et ces phares aussi pointues par le choix des mots que belles, ce recueil en regorge !
Ces nouvelles où les tranches de vie nous sont décrites nous immergent à coté des personnages. Et la magie opère car on ressent leurs émotions ! Des textes à la saveur douce amère, des personnages touchants. Moins noir que ses précédents recueils, l'écriture est à son apogée et c'est à mon avis son meilleur.
N'est pas nouvelliste qui veut ...Chapeau bas !
Un recueil lu en apnée totale où j'ai savouré chaque mot !
Le billet d'Yvon.
Lu de cet auteur : Divines antilopes et Les petits devants
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