Éditeur : Stock - Date de parution : Avril 2014 - 185 pages à découvrir !
Ce livre n'est pas une énième biographie sur Françoise Sagan en ce sens où il nous fait revivre quelques mois cruciaux de sa vie. Ceux d'avant la parution de Bonjour tristesse et ceux qui suivront immédiatement. Françoise Quoirez qui n'a pas encore dix-huit ans est une jeune fille d'une bonne famille laquelle cède facilement à ses demandes et caprices. Son amie amie Florence Malraux l'encourage à écrire et Françoise passe un été à Paris à coucher sur papier le livre qui changera son destin alors que sa famille profite des vacances. Le roman sera déposé dans trois maisons d'édition et au bout d'une dizaine de jours, Julliard la contactera. Le succès est immédiat et Françoise devient Françoise Sagan sans s'imaginer que ça y est, le public et le monde de l'édition se sont forgés une opinion à son sujet loin des codes de l'époque.
"Mon livre prend une forme bizarre, entre roman, biographie et autofiction" : Anne Berest qui se sépare du père de sa fille accepte la demande de Denis Westhoff (le fils de Françoise Sagan) d'écrire sur Françoise Sagan. Se basant sur des faits précis elle ajoute une part de fiction mais aussi ses propres questionnements personnels. Elle veut se rapprocher de Sagan pour la faire renaître à travers ce livre. Et elle y parvient en nous faisant découvrir l'admiration de l'auteure pour Colette ou en nous rappelant la condition féminine de cette période.
Et même si les propres états d'âme d'Anne Berest ont gâché un peu mon plaisir, il ressort de ce livre une énergie contagieuse, une Françoise Sagan anti-conformiste, généreuse et voulant croquer la vie à pleines dents !
Merci à Babelio.
Lu d'Anne Berest : La fille de son père et de la grande Françoise Sagan : Des bleus à l’âme - Toxique - Un orage immobile
mardi 27 mai 2014
samedi 17 mai 2014
Jo Baker - Une saison à Longbourn
Éditeur : Stock - Traduit de l’anglais par Sophie Hanna - Date de parution : Avril 2014 - 397 pages et un bon moment de lecture !
Angleterre, fin du 19ème siècle. Mr et Mrs Bennet ainsi que leurs quatre filles Jane, Elizabeth, Mary, Kitty et Lydia vivent à Longbourn dans la campagne anglaise. Les aînées sont en âge de se marier et Mrs Bennet aimerait leur trouver un bon mari. Mr Bennet se réfugie souvent dans sa bibliothèque pour échapper aux demandes ou aux bavardages de de son épouse tandis que les domestiques s'affairent du matin au soir.
Nous sommes bien chez la famille Bennet les personnages d'Orgueil et préjugés de Jane Austen. Mais ici ils ne sont pas au centre du roman car Jo Baker a choisi de s'intéresser à ceux et à celles du derrière de la scène : les domestiques. Tout en respectant la trame du roman de Jane Austen, l'auteure fait vivre le personnel.
L'arrivée d'un valet James va bouleverser l'ordre qui régnait à Longbourn. Peu bavard, personne ne sait rien de lui. Si Sarah simple bonne qui avait été recueillie enfant et élevée par Mr et Mrs Hill se contentait jusqu'à présent de sa vie, désormais elle perçoit les notions de bonheur et de liberté qui lui sont interdites. Car sa condition l'empêche de mener à bien ses rêves.
Amoureuse de James, Sarah se révolte alors que Mrs Hill essaie de lui faire entendre raison : ne pas se plaindre et accepter son sort.
Dans ce livre, Jo Baker Jo décrit la société anglaise de l'époque, les guerres napoléoniennes et surtout elle s'attache à au personnel de maison. Leur quotidien mais aussi leur condition qui en fait des personnes non considérées.
Un roman qui montre l'envers du décor en s'attachant à la classe des domestiques et ses entraves dont il est possible de s'affranchir.
Un bon moment de lecture !
Les billets de Jostein, Nadael, Valérie
Angleterre, fin du 19ème siècle. Mr et Mrs Bennet ainsi que leurs quatre filles Jane, Elizabeth, Mary, Kitty et Lydia vivent à Longbourn dans la campagne anglaise. Les aînées sont en âge de se marier et Mrs Bennet aimerait leur trouver un bon mari. Mr Bennet se réfugie souvent dans sa bibliothèque pour échapper aux demandes ou aux bavardages de de son épouse tandis que les domestiques s'affairent du matin au soir.
Nous sommes bien chez la famille Bennet les personnages d'Orgueil et préjugés de Jane Austen. Mais ici ils ne sont pas au centre du roman car Jo Baker a choisi de s'intéresser à ceux et à celles du derrière de la scène : les domestiques. Tout en respectant la trame du roman de Jane Austen, l'auteure fait vivre le personnel.
L'arrivée d'un valet James va bouleverser l'ordre qui régnait à Longbourn. Peu bavard, personne ne sait rien de lui. Si Sarah simple bonne qui avait été recueillie enfant et élevée par Mr et Mrs Hill se contentait jusqu'à présent de sa vie, désormais elle perçoit les notions de bonheur et de liberté qui lui sont interdites. Car sa condition l'empêche de mener à bien ses rêves.
Amoureuse de James, Sarah se révolte alors que Mrs Hill essaie de lui faire entendre raison : ne pas se plaindre et accepter son sort.
Dans ce livre, Jo Baker Jo décrit la société anglaise de l'époque, les guerres napoléoniennes et surtout elle s'attache à au personnel de maison. Leur quotidien mais aussi leur condition qui en fait des personnes non considérées.
Un roman qui montre l'envers du décor en s'attachant à la classe des domestiques et ses entraves dont il est possible de s'affranchir.
Un bon moment de lecture !
Les billets de Jostein, Nadael, Valérie
jeudi 15 mai 2014
Jean-Noël Pancrazi - Indétectable
Éditeur : Gallimard - Date de parution : Février 2014 - 136 pages justes et touchantes !
Mady T. un jeune Malien est un sans-papiers. Dix années passées sur le territoire français avec l'attente du sésame qui rendrait sa présence légale. Dix années à dormir dans le foyer du Père-Lachaise avec ses frères, les petits boulots pour expédier de l'argent à la famille au pays et acheter des cadeaux à Mariama celle qu'il aime, la mère de son fils qui habite aussi à Paris. Mais surtout faire comme si de rien n'était et se rendre indétectable quand il croise des policiers.
Non seulement, Jean-Noël Pancrazi a connu Mady mais il a été plus loin en se rendant coupable d'un acte répréhensible en l'hébergeant. Il a l'aidé dans le dédale des démarches administratives et a essayé d'apprendre à écrire à celui qui l'appelait "le toubab". Mais il aura fallu d'un 13 juillet pour que tout change. Mady est arrêté et conduit au centre de rétention de Roissy. Un lieu où l'on espère ne pas voir son nom sur la liste de ceux qui partiront (un retour en pays en charter sans cadeaux pour la famille) et pourtant le nom de Mady sera affiché sur la liste.
Et Jean-Noël Pancrazi raconte. Il raconte les combines de ceux que sont appelés clandestins, les mensonges pour avoir une chance, les petits trafics mais aussi la solidarité ébréchée entre eux. L'espoir qui habitait Mady et ces vies "souterraines" dans Paris.
Aucun pathos mais de la dignité pour rendre visible l'existence de Mady. Une écriture sublime où la colère se réveille et où l'auteur sait également avec humilité ne pas se donner le beau rôle. Un récit juste qui m'a beaucoup touchée!
Il prenait, en sortant et si discrètement, une photo, sur le côté, au bout du hall, captant ce qu'il y avait encore de solennité et d'or, comme pour éterniser pour lui-même le moment où on l'avait admis dans le plus beau théâtre de Paris, qu'il montrerait peut-être, plus tard à ses camarades du foyer, mais ce n'était pas sur; il avait trop de dignité et la discipline du secret pour leur révéler et s'en flatter. Un jour, ce serait à son tour de m'inviter, me disait-il à la terrasse du café où nous étions assis ensuite (...). Il suffisait d'un atome de bien qu'on faisait, qu'on lançait, et tout le bien revenait avers vous par le ciel : c'était ce qu'on lui avait appris quand il était tout petit au village, ce qu'il gardait dans le cœur depuis toujours.
Le billet de Mirontaine.
Sur ce sujet, je conseille également de lire Samba pour la France de Delphine Coulin.
Mady T. un jeune Malien est un sans-papiers. Dix années passées sur le territoire français avec l'attente du sésame qui rendrait sa présence légale. Dix années à dormir dans le foyer du Père-Lachaise avec ses frères, les petits boulots pour expédier de l'argent à la famille au pays et acheter des cadeaux à Mariama celle qu'il aime, la mère de son fils qui habite aussi à Paris. Mais surtout faire comme si de rien n'était et se rendre indétectable quand il croise des policiers.
Non seulement, Jean-Noël Pancrazi a connu Mady mais il a été plus loin en se rendant coupable d'un acte répréhensible en l'hébergeant. Il a l'aidé dans le dédale des démarches administratives et a essayé d'apprendre à écrire à celui qui l'appelait "le toubab". Mais il aura fallu d'un 13 juillet pour que tout change. Mady est arrêté et conduit au centre de rétention de Roissy. Un lieu où l'on espère ne pas voir son nom sur la liste de ceux qui partiront (un retour en pays en charter sans cadeaux pour la famille) et pourtant le nom de Mady sera affiché sur la liste.
Et Jean-Noël Pancrazi raconte. Il raconte les combines de ceux que sont appelés clandestins, les mensonges pour avoir une chance, les petits trafics mais aussi la solidarité ébréchée entre eux. L'espoir qui habitait Mady et ces vies "souterraines" dans Paris.
Aucun pathos mais de la dignité pour rendre visible l'existence de Mady. Une écriture sublime où la colère se réveille et où l'auteur sait également avec humilité ne pas se donner le beau rôle. Un récit juste qui m'a beaucoup touchée!
Il prenait, en sortant et si discrètement, une photo, sur le côté, au bout du hall, captant ce qu'il y avait encore de solennité et d'or, comme pour éterniser pour lui-même le moment où on l'avait admis dans le plus beau théâtre de Paris, qu'il montrerait peut-être, plus tard à ses camarades du foyer, mais ce n'était pas sur; il avait trop de dignité et la discipline du secret pour leur révéler et s'en flatter. Un jour, ce serait à son tour de m'inviter, me disait-il à la terrasse du café où nous étions assis ensuite (...). Il suffisait d'un atome de bien qu'on faisait, qu'on lançait, et tout le bien revenait avers vous par le ciel : c'était ce qu'on lui avait appris quand il était tout petit au village, ce qu'il gardait dans le cœur depuis toujours.
Le billet de Mirontaine.
Sur ce sujet, je conseille également de lire Samba pour la France de Delphine Coulin.
mercredi 14 mai 2014
Agnès Desarthe - Ce qui est arrivé aux Kempinski
Éditeur : Editions de l'Olivier - Date de parution : Mai 2014 - 191 pages et 14 nouvelles savoureuses !
Ce recueil de quatorze nouvelles nous fait pénétrer dans un univers où les pensées, les rêves, des rencontres revêtent le manteau de la réalité. Les certitudes se troublent ou s'effacent pour laisser place à un monde à la lisière du réel. Des nouvelles qui nous prennent par la main pour mieux nous étonner ou nous faire sourire.
Le diable propose un pacte à une femme, une mère de famille imagine son épitaphe : "les cadeaux rapportés de l'école par les enfants l'ont tuée" mais aussi une jeune femme sans aucune diplôme qui devient psy sur une île ou un professeur de français qui cherche son futur disciple.
La fluidité de l'écriture, l'humour, la pétillance en font des nouvelles tout simplement savoureuses ! Aucune morosité, une légèreté voulue pour traiter des sujets comme la mort ou la Shoah, et cet étonnement ébahi de voir comment Agnès Desarthe nous fait chavirer par sa maîtrise, par le bonheur contagieux du plaisir de l'écriture (car on ressent combien l'auteure a eu du plaisir à les écrire)!
Un recueil dont je me suis délectée ! A lire à et à relire !
J'avais compris, au tremblement de sa voix, à la crispation de ses mains qui enserraient mes bras, qu'elle souffrait. Je ne connaissais pas le mot "imposture, pas plus que le mot "usurpation". Une des particularités tragi-comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore le nom. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant le thorax d'un insecte, les impression papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féeriques, mais parfois aussi menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité.
Le billet de Cathulu.
De cette auteure, j'avais beaucoup aimé Une partie de chasse et un peu moins Dans la nuit brune.
Ce recueil de quatorze nouvelles nous fait pénétrer dans un univers où les pensées, les rêves, des rencontres revêtent le manteau de la réalité. Les certitudes se troublent ou s'effacent pour laisser place à un monde à la lisière du réel. Des nouvelles qui nous prennent par la main pour mieux nous étonner ou nous faire sourire.
Le diable propose un pacte à une femme, une mère de famille imagine son épitaphe : "les cadeaux rapportés de l'école par les enfants l'ont tuée" mais aussi une jeune femme sans aucune diplôme qui devient psy sur une île ou un professeur de français qui cherche son futur disciple.
La fluidité de l'écriture, l'humour, la pétillance en font des nouvelles tout simplement savoureuses ! Aucune morosité, une légèreté voulue pour traiter des sujets comme la mort ou la Shoah, et cet étonnement ébahi de voir comment Agnès Desarthe nous fait chavirer par sa maîtrise, par le bonheur contagieux du plaisir de l'écriture (car on ressent combien l'auteure a eu du plaisir à les écrire)!
Un recueil dont je me suis délectée ! A lire à et à relire !
J'avais compris, au tremblement de sa voix, à la crispation de ses mains qui enserraient mes bras, qu'elle souffrait. Je ne connaissais pas le mot "imposture, pas plus que le mot "usurpation". Une des particularités tragi-comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore le nom. Tant que le mot n'a pas épinglé la sensation, comme une aiguille perçant le thorax d'un insecte, les impression papillonnent en liberté autour de nous et en nous, éblouissantes, féeriques, mais parfois aussi menaçantes car nous n'avons aucune idée de leur trajectoire, de leur taille, de leur venimosité.
Le billet de Cathulu.
De cette auteure, j'avais beaucoup aimé Une partie de chasse et un peu moins Dans la nuit brune.
mardi 13 mai 2014
J. Courtney Sullivan - Les liens du mariage
Éditeur : rue Fromentin - Traduit de l'anglais (américain) par Anna-Laure Paulmont et Frédéric H. Collay - Date de parution : Mai 2014 - 477 longues, très longues pages...
Un roman où l'on suit cinq destins à travers de temps de 1947 à 2013 : quatre couples et une femme sans aucun lien apparent mais reliés par un seul et même objet.
1950, Frances travaille dans une agence de publicité dont le plus gros client est De Beers producteur et vendeur de diamants à travers le monde. Célibataire, Frances rédige des slogans et participe aux campagnes de marketing pour que les ventes de bagues de fiançailles repartent à la hausse. On lui doit "un diamant est éternel". Sa vie entière sera consacrée à son travail. 1972, Evelyn désormais à la retraite ne comprend que son fils veuille divorcer. Selon elle, les liens du mariage sont sacrés. 1987, James et sa famille vivotent. Ambulancier, il enchaîne de longues journées mais l'argent file à tout vitesse et la maison a besoin de travaux importants. Il aimerait tant pour Noël offrir à son épouse une nouvelle bague. 2003, Delphine tombe amoureuse d'un jeune violoniste américain et quitte son mari ainsi que le magasin d'instruments de musique par lequel elle et son mari se sont connus. Enfin, en 2013 Kate opposée farouchement au mariage s'apprête à se rendre à celui de son cousin. Une union entre entre deux hommes enfin autorisée dans ces certains états des Etats-Unis.
Si j'avais aimé Les débutantes et surtout Maine, je me suis ennuyée à la lecture de gros roman. L'auteure s'intéresse à l'industrie du diamant ( pas toute blanche) mais surtout et principalement aux destins de ces femmes et de ces couples avec les moeurs, les préjugés, les attentes personnelles.
Roman dense comprenant moult détails historiques et culturels, il lui manque cependant du charme. J'ai tourné les pages avec un intérêt qui n'a fait que décroître. Pire, je suis restée insensible à ces cinq destins et au marketing publicitaire développé.
L'évolution du mariage et de sa place dans la société à travers différentes époques est un thème qui me plaisait mais ce roman n'a pas su me séduire...
Un roman où l'on suit cinq destins à travers de temps de 1947 à 2013 : quatre couples et une femme sans aucun lien apparent mais reliés par un seul et même objet.
1950, Frances travaille dans une agence de publicité dont le plus gros client est De Beers producteur et vendeur de diamants à travers le monde. Célibataire, Frances rédige des slogans et participe aux campagnes de marketing pour que les ventes de bagues de fiançailles repartent à la hausse. On lui doit "un diamant est éternel". Sa vie entière sera consacrée à son travail. 1972, Evelyn désormais à la retraite ne comprend que son fils veuille divorcer. Selon elle, les liens du mariage sont sacrés. 1987, James et sa famille vivotent. Ambulancier, il enchaîne de longues journées mais l'argent file à tout vitesse et la maison a besoin de travaux importants. Il aimerait tant pour Noël offrir à son épouse une nouvelle bague. 2003, Delphine tombe amoureuse d'un jeune violoniste américain et quitte son mari ainsi que le magasin d'instruments de musique par lequel elle et son mari se sont connus. Enfin, en 2013 Kate opposée farouchement au mariage s'apprête à se rendre à celui de son cousin. Une union entre entre deux hommes enfin autorisée dans ces certains états des Etats-Unis.
Si j'avais aimé Les débutantes et surtout Maine, je me suis ennuyée à la lecture de gros roman. L'auteure s'intéresse à l'industrie du diamant ( pas toute blanche) mais surtout et principalement aux destins de ces femmes et de ces couples avec les moeurs, les préjugés, les attentes personnelles.
Roman dense comprenant moult détails historiques et culturels, il lui manque cependant du charme. J'ai tourné les pages avec un intérêt qui n'a fait que décroître. Pire, je suis restée insensible à ces cinq destins et au marketing publicitaire développé.
L'évolution du mariage et de sa place dans la société à travers différentes époques est un thème qui me plaisait mais ce roman n'a pas su me séduire...
vendredi 9 mai 2014
Alessandro Baricco - Mr Gwyn
Éditeur : Gallimard - Traduit de l'italien par Lise Caillat - Date de parution : Mai 2014 - 184 pages brillantes et un immense bonheur de lecture!
Dans le journal The Guardian, Jasper Gwyn publie un article où il mentionne une liste de points qu'il ne fera plus et écrire un roman en fait partie. Devenu écrivain assez tard avec trois romans à son actif, il est déterminé même si son agent et ami Tom ne le croit pas. Arrêter d'écrire est une chose mais Mr Gwyn ne peut s'empêcher de tricoter mentalement des scènes, des dialogues. Alors qu'il prend une année sabbatique, deux tableaux présenté dans une galerie lui font prendre conscience de ce qu'il veut. Ecrire des portraits non pas en peignant mais en écrivant. Des portraits destinés uniquement aux modèles qui poseront nus où il percera leur identité, où il mettra des mots sur ce qu'ils sont. "Pour ces personnes, il serait un copiste" contre une somme d'argent.
Soucieux du détail et de la perfection, Mr Gwyn choisit un ancien entrepôt où une bande sonore sera diffusée en permanence "elle commençait avec ce qui ressemblait à un bruit de feuilles, puis continuait son évolution imperceptible, en rencontrant comme par accident sur son passage tous types de sons", éclairé par trente-deux ampoules réalisées à la main qui diffusent une lumière enfantine. Des ampoules qui s'éteindront au fur et à mesure au bout de trente-deux jours. L'endroit est peu meublé, il faut que les personnes se retrouvent avec elles-mêmes. Ecrire ce qui les ramène " à la maison" et percevoir l'indicible intime.
Son premier modèle Rebecca l'aider à peaufiner son travail et le processus qui l'entoure. Et cette relation basée sur les silences, les non-dits et les confidences, la compréhension amènera naturellement Rebecca à devenir son assistante et à choisir pour lui les modèles. Mais il y aura le modèle qui sera une erreur et Mr Gwyn disparaitra.
Ce magnifique roman explore à travers Mr Gwyn ce que nous sommes en tant que personne non pas individuelle mais par rapport au monde, l'image que nous avons de nous-mêmes et le travail de l'écrivain qui en nous décryptant et en nous copiant nous fait vivre à travers des mots sur le papier. Alors oui, j'ai pris mon temps pour savourer ce livre. L’écriture d'Alessandro Baricco distille un rythme sur lequel inconsciemment ou non, on cale sa lecture et sa respiration. On s'imprègne de chaque phrase, de l'ambiance et la symbiose se produit.
Un livre par lequel on touche du bout des doigts l'essence même de l'écriture et sa quête universelle. C'est simplement brillant. Une lecture qui m'a remplie les yeux des poissons d'eau par sa beauté et par ses miroirs sur l'identité.
Ils se reconnaissaient dans les événements qui se produisaient, dans les objets, des couleurs, le ton, dans une certaine lenteur, dans la lumière, et aussi dans les personnages, bien sûr, mais dans tous, pas pas un seul, dans tous les personnages, simultanément - vous savez, nous sommes un tas de choses, nous les hommes, et tous ensemble.
Lu également de cet auteur : Soie
Dans le journal The Guardian, Jasper Gwyn publie un article où il mentionne une liste de points qu'il ne fera plus et écrire un roman en fait partie. Devenu écrivain assez tard avec trois romans à son actif, il est déterminé même si son agent et ami Tom ne le croit pas. Arrêter d'écrire est une chose mais Mr Gwyn ne peut s'empêcher de tricoter mentalement des scènes, des dialogues. Alors qu'il prend une année sabbatique, deux tableaux présenté dans une galerie lui font prendre conscience de ce qu'il veut. Ecrire des portraits non pas en peignant mais en écrivant. Des portraits destinés uniquement aux modèles qui poseront nus où il percera leur identité, où il mettra des mots sur ce qu'ils sont. "Pour ces personnes, il serait un copiste" contre une somme d'argent.
Soucieux du détail et de la perfection, Mr Gwyn choisit un ancien entrepôt où une bande sonore sera diffusée en permanence "elle commençait avec ce qui ressemblait à un bruit de feuilles, puis continuait son évolution imperceptible, en rencontrant comme par accident sur son passage tous types de sons", éclairé par trente-deux ampoules réalisées à la main qui diffusent une lumière enfantine. Des ampoules qui s'éteindront au fur et à mesure au bout de trente-deux jours. L'endroit est peu meublé, il faut que les personnes se retrouvent avec elles-mêmes. Ecrire ce qui les ramène " à la maison" et percevoir l'indicible intime.
Son premier modèle Rebecca l'aider à peaufiner son travail et le processus qui l'entoure. Et cette relation basée sur les silences, les non-dits et les confidences, la compréhension amènera naturellement Rebecca à devenir son assistante et à choisir pour lui les modèles. Mais il y aura le modèle qui sera une erreur et Mr Gwyn disparaitra.
Ce magnifique roman explore à travers Mr Gwyn ce que nous sommes en tant que personne non pas individuelle mais par rapport au monde, l'image que nous avons de nous-mêmes et le travail de l'écrivain qui en nous décryptant et en nous copiant nous fait vivre à travers des mots sur le papier. Alors oui, j'ai pris mon temps pour savourer ce livre. L’écriture d'Alessandro Baricco distille un rythme sur lequel inconsciemment ou non, on cale sa lecture et sa respiration. On s'imprègne de chaque phrase, de l'ambiance et la symbiose se produit.
Un livre par lequel on touche du bout des doigts l'essence même de l'écriture et sa quête universelle. C'est simplement brillant. Une lecture qui m'a remplie les yeux des poissons d'eau par sa beauté et par ses miroirs sur l'identité.
Ils se reconnaissaient dans les événements qui se produisaient, dans les objets, des couleurs, le ton, dans une certaine lenteur, dans la lumière, et aussi dans les personnages, bien sûr, mais dans tous, pas pas un seul, dans tous les personnages, simultanément - vous savez, nous sommes un tas de choses, nous les hommes, et tous ensemble.
Lu également de cet auteur : Soie
jeudi 8 mai 2014
Fannie Flagg - Miss Alabama et ses petits secrets
Éditeur : Le Cherche Midi - Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Luc Piningre - Date de parution : Mai 2014 - 433 pages idéales pour se changer les idées !
Maggie Fortenberry est agent immobilier à Birmingham dans l'Alabama. Ancienne Miss Alabama à l'aube de la soixantaine, Magggie a décidé de mettre fin à ses jours mais son passage à l'acte est toujours repoussé par un imprévu.
A travers Maggie et Brenda sa collègue et meilleure amie , on revit l'histoire les heures sombres en Amérique mais aussi et surtout principalement les chemins personnels qu'elles ont suivis. Ajoutez une femme sans scrupules à la tête d'une agence immobilière concurrente, l'évolution des mentalités, Ethel la patronne de Maggie et de Brenda dotée d'un optimisme et d'une soif de vivre incroyables et vous obtenez cette lecture agréable.
Malgré de nombreux bémols ( un début assez lent, des bons sentiments, une trame prévisible sans rebondissements particuliers), on se surprend à s'attacher à toutes ces femmes ( avec une mention particulière à Brenda qui m'a fait souvent fait sourire).
Et même si j'attendais plus de ce roman, cette lecture qui ne me laissera pas un souvenir impérissable est idéale pour se changer les idées !
Les billets de Cathulu, Keisha, MyaRosa
Maggie Fortenberry est agent immobilier à Birmingham dans l'Alabama. Ancienne Miss Alabama à l'aube de la soixantaine, Magggie a décidé de mettre fin à ses jours mais son passage à l'acte est toujours repoussé par un imprévu.
A travers Maggie et Brenda sa collègue et meilleure amie , on revit l'histoire les heures sombres en Amérique mais aussi et surtout principalement les chemins personnels qu'elles ont suivis. Ajoutez une femme sans scrupules à la tête d'une agence immobilière concurrente, l'évolution des mentalités, Ethel la patronne de Maggie et de Brenda dotée d'un optimisme et d'une soif de vivre incroyables et vous obtenez cette lecture agréable.
Malgré de nombreux bémols ( un début assez lent, des bons sentiments, une trame prévisible sans rebondissements particuliers), on se surprend à s'attacher à toutes ces femmes ( avec une mention particulière à Brenda qui m'a fait souvent fait sourire).
Et même si j'attendais plus de ce roman, cette lecture qui ne me laissera pas un souvenir impérissable est idéale pour se changer les idées !
Les billets de Cathulu, Keisha, MyaRosa
mercredi 7 mai 2014
Ahmed Kalouaz - Les solitudes se ressemblent
Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : Mai 2014 - 92 pages qui touchent et font mouche...
Parce que "les solitudes se ressemblent et les hôtels aussi ", une femme d'une cinquantaine d'années se remémore son histoire qui commence comme pour tout le monde par celle de sa famille. Fille de harkis, elle a connu le camp de Saint-Maurice dans le Gard "Lorsque je suis née, mes parents et tant d'autres vivotaient depuis trois ans dans ce camp ouvert à la hâte. (...). Des panneaux indiquent qu'il s'agit d'un terrain militaire. Camp de prisonniers pendant la Seconde guerre mondiale, des miradors en dominent les abords. C'est là que sont parqués les jouets de l'Histoire. Familles complètes, célibataires, veuves accompagnées de leurs enfants. Tous obéissent à une hiérarchie, une organisation stricte, conduite par un chef de camp, ancien militaire reconverti dans l'humiliation de ceux qu'il considère comme une piétaille de barbares".
Une enfance sans pouvoir aller courir là où elle le voulait, l'école où on l'appelait par un prénom français, le chef de camp qui détournait les prestations sociales, le silence de son père et de sa mère qui avaient fui la terre natale. Puis, le collège où les insultes qui pleuvaient ont nourri une révolte sourde. Au bout de dix années passées dans le camp, ses parents ont obtenu un logement car la rébellion de la jeune génération dans les années 70 avait permise la fermeture de ces camps.
Mais quelquefois qu'importe l'endroit où l'on vit car les étiquettes restent collées sur votre front et votre dos. Et s'ajoute pour son père la difficulté de trouver un emploi lui qui appartenait à ceux que l'on nommait les incasables. Elle se questionne, s'interroge sur qui était son père. Etait-il un traître ?
Elle connaît l'anonymat des chambres d'hôtels pour y faire le ménage mais aussi comme lieu de rencontres avec son amant. Seule aujourd'hui, elle poursuit son introspection. A l'adolescence, sa révolte s'est transformée en fugues et en insoumission.
Dans une écriture ciselée, Ahmed Kalouaz nous livre le portait de cette femme et revient sur une période trouble. Fille d'Arabes, fille de harkis : une double identité difficile à porter, un chemin aux nombreuse ornières pour trouver sa place parmi les relents racistes et ceux qui avaient la nostalgie de la guerre d'Algérie. Une femme qui fait la paix avec elle-même, le poids familial et celui de l'Histoire.
"Je me suis souvent brûlé les yeux en fixant le vide, car l'histoire de mon père n'était écrite nulle part. Les héros, il faut se les fabriquer, les inventer avec leur grandeur et leurs victoires. Autrement, ils ne sont que des êtres promis à l'oubli."
Un texte très fort sur les difficultés des harkis et de leurs enfants. Et une fois de plus, ce livre d'Ahmed Kalouaz a fait mouche !
Un auteur que j'affectionne particulièrement et dont j'ai lu : Avec tes mains - La première fois on pardonne - Une femme aux cheveux noirs -Mon cœur dans les rapides
Parce que "les solitudes se ressemblent et les hôtels aussi ", une femme d'une cinquantaine d'années se remémore son histoire qui commence comme pour tout le monde par celle de sa famille. Fille de harkis, elle a connu le camp de Saint-Maurice dans le Gard "Lorsque je suis née, mes parents et tant d'autres vivotaient depuis trois ans dans ce camp ouvert à la hâte. (...). Des panneaux indiquent qu'il s'agit d'un terrain militaire. Camp de prisonniers pendant la Seconde guerre mondiale, des miradors en dominent les abords. C'est là que sont parqués les jouets de l'Histoire. Familles complètes, célibataires, veuves accompagnées de leurs enfants. Tous obéissent à une hiérarchie, une organisation stricte, conduite par un chef de camp, ancien militaire reconverti dans l'humiliation de ceux qu'il considère comme une piétaille de barbares".
Une enfance sans pouvoir aller courir là où elle le voulait, l'école où on l'appelait par un prénom français, le chef de camp qui détournait les prestations sociales, le silence de son père et de sa mère qui avaient fui la terre natale. Puis, le collège où les insultes qui pleuvaient ont nourri une révolte sourde. Au bout de dix années passées dans le camp, ses parents ont obtenu un logement car la rébellion de la jeune génération dans les années 70 avait permise la fermeture de ces camps.
Mais quelquefois qu'importe l'endroit où l'on vit car les étiquettes restent collées sur votre front et votre dos. Et s'ajoute pour son père la difficulté de trouver un emploi lui qui appartenait à ceux que l'on nommait les incasables. Elle se questionne, s'interroge sur qui était son père. Etait-il un traître ?
Elle connaît l'anonymat des chambres d'hôtels pour y faire le ménage mais aussi comme lieu de rencontres avec son amant. Seule aujourd'hui, elle poursuit son introspection. A l'adolescence, sa révolte s'est transformée en fugues et en insoumission.
Dans une écriture ciselée, Ahmed Kalouaz nous livre le portait de cette femme et revient sur une période trouble. Fille d'Arabes, fille de harkis : une double identité difficile à porter, un chemin aux nombreuse ornières pour trouver sa place parmi les relents racistes et ceux qui avaient la nostalgie de la guerre d'Algérie. Une femme qui fait la paix avec elle-même, le poids familial et celui de l'Histoire.
"Je me suis souvent brûlé les yeux en fixant le vide, car l'histoire de mon père n'était écrite nulle part. Les héros, il faut se les fabriquer, les inventer avec leur grandeur et leurs victoires. Autrement, ils ne sont que des êtres promis à l'oubli."
Un texte très fort sur les difficultés des harkis et de leurs enfants. Et une fois de plus, ce livre d'Ahmed Kalouaz a fait mouche !
Un auteur que j'affectionne particulièrement et dont j'ai lu : Avec tes mains - La première fois on pardonne - Une femme aux cheveux noirs -Mon cœur dans les rapides
mardi 6 mai 2014
Didier Van Cauwelaert - Le principe de Pauline
Editeur : Albin Michel - Date de parution : Mai 2014 - 297 pages et une déception...
Quincy Fariol rêvait être un écrivain. A vingt ans, son premier roman a remporté un prix ... décerné par une les détenus d'une maison d'arrêt. En s'y rendant, il fait la connaissance de Pauline qui aide dans une librairie tout en poursuivant des brillantes études d'informatique. Celui qu'elle aime Maxime est détenu dans cette prison et refuse de la voir depuis plus d'un an. Elle demande à Quincy de l'aider et de faire passer une sorte de message à Maxime. Quincy ne se doute pas une seule seconde quelle tournure prendra sa vie .
Quincy et Maxime tous deux amoureux de Pauline ne seront pas des rivaux comme dans bien des histoires. Une fois libéré Maxime va s'insinuer dans la vie de Quincy en voulant ce qu'il a de mieux pour son ami. Voyou au grand cœur prêt à employer des moyens peu orthodoxes pour que le talent d'écrivain de Quincy soit reconnu. Pauline ne voulant pas choisir entre les deux s'est mariée à un étudiant de sa promotion de Fac. Un trio que l'on suit pendant plusieurs années ponctuées de retrouvailles, de complicité ou d'éloignement.
Voilà les grandes lignes de ce roman qui à la base aurait pu me plaire mais beaucoup de points m'ont gênée. L'auteur ajoute des magouilles politiques et financières qui à mon goût alourdissent l'ensemble. J'ai trouvé peu crédible le personnage de Maxime qui frôle le cliché. La trame de l'histoire dont la fin sucrée joue avec les violons sur les cordes de l'amitié et de l'amour ne m'a pas convaincue.
Si j'ai souri à quelques reprises et malgré quelques réflexions sur l'écriture, je suis ressortie déçue de cette lecture. Je n'y ai pas retrouvé ni charme ni la finesse de Corps étranger ou de La femme de nos vies ...
- Tu ne crois pas que tu confonds un peu trop la littérature avec la politique?
- Ca marche pareil : tu fais peur, on te respecte ou tu es mort. Si je te lâche, tu seras passé du vers de terre au moucheron pour finir en punaise qui s'écrase.
Le billet de l'Irrégulière pour qui c'est un coup de cœur.
Quincy Fariol rêvait être un écrivain. A vingt ans, son premier roman a remporté un prix ... décerné par une les détenus d'une maison d'arrêt. En s'y rendant, il fait la connaissance de Pauline qui aide dans une librairie tout en poursuivant des brillantes études d'informatique. Celui qu'elle aime Maxime est détenu dans cette prison et refuse de la voir depuis plus d'un an. Elle demande à Quincy de l'aider et de faire passer une sorte de message à Maxime. Quincy ne se doute pas une seule seconde quelle tournure prendra sa vie .
Quincy et Maxime tous deux amoureux de Pauline ne seront pas des rivaux comme dans bien des histoires. Une fois libéré Maxime va s'insinuer dans la vie de Quincy en voulant ce qu'il a de mieux pour son ami. Voyou au grand cœur prêt à employer des moyens peu orthodoxes pour que le talent d'écrivain de Quincy soit reconnu. Pauline ne voulant pas choisir entre les deux s'est mariée à un étudiant de sa promotion de Fac. Un trio que l'on suit pendant plusieurs années ponctuées de retrouvailles, de complicité ou d'éloignement.
Voilà les grandes lignes de ce roman qui à la base aurait pu me plaire mais beaucoup de points m'ont gênée. L'auteur ajoute des magouilles politiques et financières qui à mon goût alourdissent l'ensemble. J'ai trouvé peu crédible le personnage de Maxime qui frôle le cliché. La trame de l'histoire dont la fin sucrée joue avec les violons sur les cordes de l'amitié et de l'amour ne m'a pas convaincue.
Si j'ai souri à quelques reprises et malgré quelques réflexions sur l'écriture, je suis ressortie déçue de cette lecture. Je n'y ai pas retrouvé ni charme ni la finesse de Corps étranger ou de La femme de nos vies ...
- Tu ne crois pas que tu confonds un peu trop la littérature avec la politique?
- Ca marche pareil : tu fais peur, on te respecte ou tu es mort. Si je te lâche, tu seras passé du vers de terre au moucheron pour finir en punaise qui s'écrase.
Le billet de l'Irrégulière pour qui c'est un coup de cœur.
lundi 5 mai 2014
Jean-Paul Didierlaurent - Le liseur du 6h27
Éditeur : Au Diable Vauvert - Date de parution : Mai 2014 - 218 pages qui font briller des étincelles de plaisir dans les yeux !
Tous les matins dans son TER de 6h27, Guylain s'assoit sur le même strapontin, sort de sa sacoche quelques feuillets épars et les lit aux autres passagers. Quelques feuilles volées le soir à "la Chose", cette machine avale et détruit les livres invendus, les ressort sous forme de pâte qui sert à fabriquer d'autres livres. Un travail alimentaire, une existence terne qu'il partage avec un poisson rouge nomme Rouget de Lisle (cinquième du nom), un seul ami Guiseppe qui est à la recherche de ses jambes broyées et contenues dans Jardins et potagers d'autrefois.
La vie de Guylain va changer quand deux femme âgées vont l'aborder pour lui demander de venir une fois par semaine lire les textes chez elles et quand il va trouver une clé USB coincée dans le strapontin. Une clé qui renferme des écrits une jeune femme de vingt-huit ans qui occupe le métier de dame-pipi. Des textes où elle raconte son quotidien et son travail. Je n'en dis pas plus pour que vous ayez à votre tour la surprise de découvrir ce livre !
Il s'agit d'un roman touchant et frais sans artifices où les personnages ne sont pas des héros mais des gens qui portent en eux une solitude, des blessures passées et qui reçoivent peu ou pas d'estime dans leurs emplois. Un roman qui est une ode d'amour à la lecture et à ce qu'elle apporte, à tous les livres (roman, policier ou érotique...) !
Avec beaucoup d'humour et une humanité bienveillante, Jean-Paul Didierlaurent nous transporte le temps d'une lecture et fait briller dans nos yeux des étincelles de plaisir. On en redemande !
Non, tout ne va va si bien que ça, eut envie de rétorquer Guylain. J'attends le retour d'un père mort depuis vingt-huit ans, ma mère me croit cadre dans une société d'édition. Tous les soirs, je raconte ma journée à un poisson, mon boulot me dégoûte à tel point qu'il m'arrive de dégueuler tripes et boyaux (...). En résumé, donc, pas de problème, sauf que je suis quand même dans tous les domaines un petit peu "à la limite inférieure de la courbe", si vous voyez ce que je veux dire. Au lieu de cela, Guylain répondit un "Ca va" laconique.
Tous les matins dans son TER de 6h27, Guylain s'assoit sur le même strapontin, sort de sa sacoche quelques feuillets épars et les lit aux autres passagers. Quelques feuilles volées le soir à "la Chose", cette machine avale et détruit les livres invendus, les ressort sous forme de pâte qui sert à fabriquer d'autres livres. Un travail alimentaire, une existence terne qu'il partage avec un poisson rouge nomme Rouget de Lisle (cinquième du nom), un seul ami Guiseppe qui est à la recherche de ses jambes broyées et contenues dans Jardins et potagers d'autrefois.
La vie de Guylain va changer quand deux femme âgées vont l'aborder pour lui demander de venir une fois par semaine lire les textes chez elles et quand il va trouver une clé USB coincée dans le strapontin. Une clé qui renferme des écrits une jeune femme de vingt-huit ans qui occupe le métier de dame-pipi. Des textes où elle raconte son quotidien et son travail. Je n'en dis pas plus pour que vous ayez à votre tour la surprise de découvrir ce livre !
Il s'agit d'un roman touchant et frais sans artifices où les personnages ne sont pas des héros mais des gens qui portent en eux une solitude, des blessures passées et qui reçoivent peu ou pas d'estime dans leurs emplois. Un roman qui est une ode d'amour à la lecture et à ce qu'elle apporte, à tous les livres (roman, policier ou érotique...) !
Avec beaucoup d'humour et une humanité bienveillante, Jean-Paul Didierlaurent nous transporte le temps d'une lecture et fait briller dans nos yeux des étincelles de plaisir. On en redemande !
Non, tout ne va va si bien que ça, eut envie de rétorquer Guylain. J'attends le retour d'un père mort depuis vingt-huit ans, ma mère me croit cadre dans une société d'édition. Tous les soirs, je raconte ma journée à un poisson, mon boulot me dégoûte à tel point qu'il m'arrive de dégueuler tripes et boyaux (...). En résumé, donc, pas de problème, sauf que je suis quand même dans tous les domaines un petit peu "à la limite inférieure de la courbe", si vous voyez ce que je veux dire. Au lieu de cela, Guylain répondit un "Ca va" laconique.
samedi 3 mai 2014
Ludovic Joce - Point de gravité
Editeur : D'un Noir Si Bleu - Date de parution : Avril 2014 - 176 pages sensibles et vives !
"J'avance lentement, avec cette curieuse impression de m'enfoncer dans l'asphalte. J'imagine qu'il va me falloir du temps pour me réadapter. Je suis bien placé, du moins je l'étais autrefois, pour savoir combien la tâche peut être ardue. Mais tout va bien se passer. C'est ce qu'on m' a rabâché maintes et maintes fois." A sa sortie, Loïc est attendu par Florianne. L'adolescente a laissé place à une jeune femme souriante qui travaille en tant qu'éducatrice. Comme lui avant. Les souvenirs remontent à la surface, Loïc replonge dedans et se souvient.
Loïc marié et papa d'une petite fille. Et brutalement le drame qui l'a déconstruit, rongé jusqu'à l'os. Après plusieurs mois d'absence et sur l'insistance d'une collègue, il retourne travailler. Malgré sa chute profonde, il veut donner à ces enfants ce qu'il doit leur apporter. Il faut sans cesse faire attention de ne pas dépasser ces limites où un enfant ( ou un adolescent) risque de s'attacher. Un métier qui demande de naviguer habilement entre le professionnel et le personnel. Sauf que Loïc veut changer un peu les règles pour eux et pour lui. Histoire de bonheur qui se voit en sourires. Si la vie qui n'a pas épargné Loïc, il tient debout mais chancelle souvent.
Sans pathos, écrit d'une plume vive et nerveuse, ce roman où les personnages semblent être à fleur de peau met en avant le travail d'éducateur mais aussi le parcours cabossé de Loïc car la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
Une lecture qui n'est pas plombante car Ludovic Joce y apporte des touches lumineuses et d'espoir !
Le billet de Cathulu
"J'avance lentement, avec cette curieuse impression de m'enfoncer dans l'asphalte. J'imagine qu'il va me falloir du temps pour me réadapter. Je suis bien placé, du moins je l'étais autrefois, pour savoir combien la tâche peut être ardue. Mais tout va bien se passer. C'est ce qu'on m' a rabâché maintes et maintes fois." A sa sortie, Loïc est attendu par Florianne. L'adolescente a laissé place à une jeune femme souriante qui travaille en tant qu'éducatrice. Comme lui avant. Les souvenirs remontent à la surface, Loïc replonge dedans et se souvient.
Loïc marié et papa d'une petite fille. Et brutalement le drame qui l'a déconstruit, rongé jusqu'à l'os. Après plusieurs mois d'absence et sur l'insistance d'une collègue, il retourne travailler. Malgré sa chute profonde, il veut donner à ces enfants ce qu'il doit leur apporter. Il faut sans cesse faire attention de ne pas dépasser ces limites où un enfant ( ou un adolescent) risque de s'attacher. Un métier qui demande de naviguer habilement entre le professionnel et le personnel. Sauf que Loïc veut changer un peu les règles pour eux et pour lui. Histoire de bonheur qui se voit en sourires. Si la vie qui n'a pas épargné Loïc, il tient debout mais chancelle souvent.
Sans pathos, écrit d'une plume vive et nerveuse, ce roman où les personnages semblent être à fleur de peau met en avant le travail d'éducateur mais aussi le parcours cabossé de Loïc car la vie n'est pas un long fleuve tranquille.
Une lecture qui n'est pas plombante car Ludovic Joce y apporte des touches lumineuses et d'espoir !
Le billet de Cathulu
vendredi 2 mai 2014
Eric Fottorino - Suite à un accident grave de voyageur
Éditeur : Gallimard - Date Parution : 2013 - 63 pages dont on ne sort pas indemne...
En septembre 2012 dans un laps de temps très court, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER dans les Yvelines près d'où l'auteur habite. Des morts relayées par ce message de la SNCF qui prévient du trafic interrompu et retardé "Suite à accident grave de voyageur". Pas plus. "Neutraliser la zone d'inquiétude avec des termes propices à l'oubli, inoffensifs et creux. " Mal nommer les choses, jugeait Camus, c'est ajouter au malheur du mode". Ne pas les nommer, c'était nier notre humanité".
Eric Fottorino est un utilisateur du RER comme tant d'autres. Frappé par ces morts, il cherche des informations. Le journaux ne mentionnent que le retard des trains. Aucun nom d'écrit pour chacune des trois personnes. Leurs souffrances, leur désespoir sont tus comme si elles n'avaient jamais existé. Oubliées au plus vite car seul le temps compte. Sur un forum, des usagers déversent leur colère violente " Un suicide, dans les transports en commun, c'est plus que que gênant, c'est irritant, c'est ennuyeux, c'est un agacement de plus, une tracasserie dont des milliers de personnes n'ont pas besoin." D'autres vont plus loin avec un cynisme qui m'a coupée le souffle. Chacun défend son temps précieux.
Et il y a ceux qui sont touchés, marqués à jamais par ce qu'ils ont vu.
L'auteur ne se fait pas moralisateur ou ne se donne pas le beau rôle " Combien de fois ai-je moi-même pesté à l"annonce d'un retard dû à "accident de voyageur". Suis-je donc insensible aux autres? , il nous parle de la déshumanisation et de l'individualisme. Il s'interroge sur les situations qui conduisent à cet acte.
Avec ce livre fort, il donne une dignité à ces voyageurs morts et leur rend un très beau et vibrant hommage. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Les billets de Fransoaz, Jérôme, Noukette, Philisine
Une lecture dans le cadre de la 12ème édition du prix des Lecteurs du Télégramme
Lu de cet auteur : Caresse de rouge -L'homme qui m'aimait tout bas
En septembre 2012 dans un laps de temps très court, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER dans les Yvelines près d'où l'auteur habite. Des morts relayées par ce message de la SNCF qui prévient du trafic interrompu et retardé "Suite à accident grave de voyageur". Pas plus. "Neutraliser la zone d'inquiétude avec des termes propices à l'oubli, inoffensifs et creux. " Mal nommer les choses, jugeait Camus, c'est ajouter au malheur du mode". Ne pas les nommer, c'était nier notre humanité".
Eric Fottorino est un utilisateur du RER comme tant d'autres. Frappé par ces morts, il cherche des informations. Le journaux ne mentionnent que le retard des trains. Aucun nom d'écrit pour chacune des trois personnes. Leurs souffrances, leur désespoir sont tus comme si elles n'avaient jamais existé. Oubliées au plus vite car seul le temps compte. Sur un forum, des usagers déversent leur colère violente " Un suicide, dans les transports en commun, c'est plus que que gênant, c'est irritant, c'est ennuyeux, c'est un agacement de plus, une tracasserie dont des milliers de personnes n'ont pas besoin." D'autres vont plus loin avec un cynisme qui m'a coupée le souffle. Chacun défend son temps précieux.
Et il y a ceux qui sont touchés, marqués à jamais par ce qu'ils ont vu.
L'auteur ne se fait pas moralisateur ou ne se donne pas le beau rôle " Combien de fois ai-je moi-même pesté à l"annonce d'un retard dû à "accident de voyageur". Suis-je donc insensible aux autres? , il nous parle de la déshumanisation et de l'individualisme. Il s'interroge sur les situations qui conduisent à cet acte.
Avec ce livre fort, il donne une dignité à ces voyageurs morts et leur rend un très beau et vibrant hommage. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Les billets de Fransoaz, Jérôme, Noukette, Philisine
Une lecture dans le cadre de la 12ème édition du prix des Lecteurs du Télégramme
Lu de cet auteur : Caresse de rouge -L'homme qui m'aimait tout bas
jeudi 1 mai 2014
Gilles Paris - L'été des lucioles
Éditeur : Héloïse d'Ormesson - Date Parution : Janvier 2014 - 220 pages de tendresse et de fraîcheur!
Victor âgé de neuf ans vit avec sa maman libraire qui aime partager ses lectures via un blog, Pilar la compagne de cette dernière une artiste peintre que Victor appelle sa deuxième maman et sa sœur Alicia adolescente. Ses parents se sont séparés car après la naissance de Victor son père François s'est enfermé dans une bulle celle du syndrome de Peter Pan.
La famille va passer les vacances au Cap Martin. Son père y a hérité d'un appartement de sa sœur Félicité mais il refuse d'y aller. Un été où Alicia s'intéresse aux garçons, où Victor fait la connaissance de Garpard, de Tom et Nathan des jumeaux qui vont l'entraîner dans une villa abandonnée et de Justine dont il tombe amoureux. A la résidence, Edwige la Baronne qui vient depuis très longtemps laisse échapper devant Victor qu'elle a connu son père et sa sœur également. Mais quand Victor pose des question sur Félicité à sa mère, il n'obtient aucune réponse. Il sent bien que l'on ne veut pas lui dire toute la vérité. Victor va découvrir toute l'histoire et pourquoi son père ne veut plus venir. Neuf ans : un âge où l'on veut grandir, où l'on ne comprend pas toujours les adultes et en même temps où l'on veut rester dans l'insouciance de l'enfance. Un âge où quelquefois certaines choses deviennent claires à nos yeux.
Après un début un peu lent, j'ai retrouvé avec plaisir la facilité de Gilles Paris à se se glisser dans la peau d'un enfant et d'exprimer si justement les rêves que l'on se construit, les questions que l'on se pose, la naïveté et l'innocence conférées par cet âge.
Un roman avec de la poésie débordant de tendresse et de fraîcheur !
Et cette citation si belle :
Lire, c'est un refuge pour se cacher des autres.
Lu de cet auteur : Au pays des kangourous
Victor âgé de neuf ans vit avec sa maman libraire qui aime partager ses lectures via un blog, Pilar la compagne de cette dernière une artiste peintre que Victor appelle sa deuxième maman et sa sœur Alicia adolescente. Ses parents se sont séparés car après la naissance de Victor son père François s'est enfermé dans une bulle celle du syndrome de Peter Pan.
La famille va passer les vacances au Cap Martin. Son père y a hérité d'un appartement de sa sœur Félicité mais il refuse d'y aller. Un été où Alicia s'intéresse aux garçons, où Victor fait la connaissance de Garpard, de Tom et Nathan des jumeaux qui vont l'entraîner dans une villa abandonnée et de Justine dont il tombe amoureux. A la résidence, Edwige la Baronne qui vient depuis très longtemps laisse échapper devant Victor qu'elle a connu son père et sa sœur également. Mais quand Victor pose des question sur Félicité à sa mère, il n'obtient aucune réponse. Il sent bien que l'on ne veut pas lui dire toute la vérité. Victor va découvrir toute l'histoire et pourquoi son père ne veut plus venir. Neuf ans : un âge où l'on veut grandir, où l'on ne comprend pas toujours les adultes et en même temps où l'on veut rester dans l'insouciance de l'enfance. Un âge où quelquefois certaines choses deviennent claires à nos yeux.
Après un début un peu lent, j'ai retrouvé avec plaisir la facilité de Gilles Paris à se se glisser dans la peau d'un enfant et d'exprimer si justement les rêves que l'on se construit, les questions que l'on se pose, la naïveté et l'innocence conférées par cet âge.
Un roman avec de la poésie débordant de tendresse et de fraîcheur !
Et cette citation si belle :
Lire, c'est un refuge pour se cacher des autres.
Lu de cet auteur : Au pays des kangourous
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