Éditeur : Gallimard - Date de parution : Octobre 2014 - 111 pages hérissées de marque-pages !
En 2008, Michelle Porte, que je connaissais comme la réalisatrice de très beaux documentaires sur Virginia Woolf et Marguerite Duras, m'a exprimé son désir de me filmer dans les lieux de ma jeunesse, Yvetot, Rouen, et dans celui d'aujourd'hui, Cergy. J'évoquerais ma vie, l'écriture, le lien entre les deux. J'ai aimé et accepté immédiatement son projet, convaincue que le lieu - géographique, social - où l'on naît, et celui où l'on vit, offrent sur les textes écrits, non pas une explication, mais l'arrière-fond de la réalité où, plus ou moins, ils sont ancrés.
Ces lignes sont les premières phrases de ces entretiens réalisés en 2011 à Cergy où vit Annie Ernaux. Mais Yvetot le lieu de son enfance et de son adolescence qui apparaît dans beaucoup de ses livres est abordé également.
Comme dans "Retour à Yvetot", l'auteure revient sur certains de ses romans pour nous éclairer. Ses origines modestes qui font que Je crois que j’ai toujours été entre deux et que ça a commencé tôt.
Sans tabou, elle revient sur ses relations avec sa mère (jusqu'à la mort de cette dernière), une femme autoritaire mais qui a toujours voulu le mieux pour sa fille mais aussi et surtout sur 'importance de la lecture et celle de l'écriture : C'est un lieu, l'écriture, un lieu immatériel. Même si je ne suis pas dans l'écriture d'imagination, mais l'écriture de la mémoire, c'est aussi une façon de m'évader. D'être ailleurs. L'image qui me vient toujours pour l'écriture, c'est celle d'une immersion. De l'immersion dans une réalité qui n'est pas moi. Mais qui est passée par moi. Mon expérience est celle d'un passage et d'une séparation du monde social.
Et les passages sur sa démarche d'écriture m'ont particulièrement intéressée :
Je me suis toujours révoltée contre l'assimilation de ma démarche d'écriture à l'autofiction parce que dans le terme même il y a quelque chose de repli sur soi, de fermer au monde. Je n'ai jamais envie que le livre soit une chose personnelle. Ce n'est pas parce que les choses ne me sont arrivées à moi que je les écris, c'est parce qu'elles sont arrivées, qu'elles ne sont donc pas uniques.(...)Bien sûr, on dit les choses personnellement. Personne ne les vit à votre place . Mais il faut pas les écrire de façon qu'elles ne soient que pour soi. Il faut qu'elles soient transpersonnelles, c'est ça. C'est ce qui permet de s'interroger sur soi-même, de vivre autrement, d'être heureux aussi. La littérature peut rendre heureux.
Ce livre est une pierre supplémentaire qui nous éclaire sur l'œuvre d'Annie Ernaux !
Le billet de Margotte
Lu de cette auteure : Ecrire la vie (qui regroupe Les armoires vides, La honte, L’événement, La femme gelée, La place, Journal du dehors, Une femme, « Je ne suis pas sortie de ma nuit », Passion simple, Se perdre, L’occupation, Les années)- La femme gelée - La place - Les années - Regarde les lumières mon amour - Retour à Yvetot
16 commentaires:
Inutile de te dire que je le veux aussi celui-là ...
@ Aifelle : je pensais bien !
Du temps, du temps ! :)
A vous lire, je me prends une envie de découvrir cet auteur que je ne connais pas. Comme Cathulu, j'aimerais que le temps se dilate pour pouvoir lire plus
Mêmes remarques qu' Aifelle et Cathulu !
Noté... mais j'ai encore plein d'Annie Ernaux à découvrir avant.
C'est pô juste !
Je n'ai pas encore eu le temps de le lire. Le seul Ernaux que je n'ai pas lu.
Mais que vous avez de la chance vous qui avez tout à découvrir de cette grande écrivaine. Profitez !
C. Sauvage
Pleins de marques-pages sur 111 pages : tu exagères !
J'ai beaucoup aimé et, comme toi, j'ai noté plein de passages. Les écrits d'Annie Ernaux raisonne généralement très fort en moi.... C'est dingue !
Oups, "raisonnent" et pas "raisonne", bien entendu !
Autant je ne supprote pas que certains écrivains s'épanchent sur leur vie et leur passé, autant concernant Annie Ernaux, je l'accepte et même le plébiscite. Pourtant, je ne suis pas sûre de lire ce livre-là car avec La place, les Années et L'événement (que je te conseille), j'ai l'impression de cerner un peu sa mère.
Pas encore lu, mais les livres d'Annie Ernaux, je les prends comme ça dans les rayons et les lis tranquilles, là j'en ai encore un d'elle qui m'attend
@ cathulu : :))))
@ Zazy @ Sylire : on veut toutes du temps!
@ Kathel : je pense qu'il faut avoir lu certains de ses livres avant de lire celui-ci
@ Christian Sauvage : Ecrire la l-a vie regroupe plusieurs de ses romans, il ne m'en reste plus beaucoup à découvrir.. .
@ Alex : moi ? non!!!!
@ Saxaoul : pareil pour moi !
@ Philisinne : ici elle parle de relations avec sa mère comme on a pu le lire dan les années mais ici elle aborde aussi leur relation avant la mort de cette dernière.
@ Yv : une auteure qu'on peut lire quand on le veut !
Comme Cathulu, là il me faudrait vraiment plus de temps, et du cerveau disponible !
Merci pour le lien Clara ! Une belle lecture... je vais pouvoir continuer d'ailleurs car on m'a offert hier le Quarto consacré à Annie Ernaux. Quel bonheur :-)
@ Antigone : il te plaira !
@ Margotte : Le Quarto est un de mes livres "précieux"!
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