Éditeur : Joëlle Losfeld - Date de parution : 2006 ( date de première parution : 1995) - 249 pages et une très belle découverte !
Février 1942, Stéphane Eugerwicz arrive en France et plus précisément en Ardèche. Ce petit polonais d’1m68 débarque fait la connaissance d’Andrée. Jeune veuve et mère d’un petit garçon, elle tombe sous le charme de Stéphane. Pourtant, il n’est pas spécialement beau plutôt d’un genre quelconque. Mais voilà, elle l’aime d'un amour inconditionnel. Concernant son passé, il varie les versions : traducteur, commerçant. Personne ne sait vraiment mais Stéphane très vite se lance dans des occupations lucratives. Avec un cercle d’amis restreint, il fait du marché noir. Il s’enrichit et il voit grand. Il profite de toutes les situations et retourne sa veste quand il le faut. Andrée découvre les fêtes où Stéphane dépense sans compter car rien n’est trop pour elle ni pour leurs enfants. Politique de l’autruche sur les activités de son mari? Peut-être. Mais qu’il soit pauvre ou riche, son amour pour lui est immense. Sauf que la pauvreté dans laquelle ils tombent, Stéphane ne la supporte pas.
L’auteur est le fils de ce couple et utilise le personnage de Mietta pour raconter cette histoire.
Stéphane Eugerwicz est un menteur, un arriviste, un profiteur mais on ne peut pas s’empêcher d’éprouver une forme de sympathie pour lui. Car derrière les apparences, c’est un homme aimant sa famille et généreux.
Dans une écriture unique, un mélange de verve piquante (quand il parle des fêtes sur fond de jazz, c’est dansant et entraînant), de poésie mais aussi de pudeur, Richard Morgiève nous décrit cette histoire d’amour unique malgré l’alcool, les dettes, la maladie de sa mère et la dépression.
Une vie comme des montagnes russes avec ses hauts et ses bas. Et dans toutes les dernières pages, il s’autorise enfin à parler en tant que fils.
Dans ce roman, il rend hommage à son père et il nous parle également d’amour fou. C'est tendre , pas forcément politiquement correct et avec une folie passionnée, extravagante mais Richard Morgiève nous fait sourire, nous serre la gorge et nous bouleverse.
Une très belle découverte !
Chaque soir la java du noir c'était bien plus que des repas d'affaires, bien plus que des noubas, c'était les premiers vrais éclats de rire depuis 1939, c'était les premiers disque de jazz, c'était la certitude pour tous que le printemps allait apporter la paix. Chaque matin mon père enfilait sa blouse grise et jouait à l'épicier. Il collait des étiquettes de château-margaux sur des bouteilles de picrate, mouillait le lait, appelait pur beurre tout ce qui avait une vague couleur jaune et à en croire la publicité qu'il susurrait en souriant dans son béret, son cochon était tout cochon alors qu'il était moitié chèvre moitié on ne sait trop quoi d'inavouable. Bref le jour mon père faisait comme tous les autres épiciers de France, il arnaquait huit heures durant pour quelques dizaines de francs. Mais il y avait une différence essentielle entre mon père et la plupart des autres épiciers de France, lui se remplissait outrageusement les poches pendant que ses confrères dormaient, et donc le matin venu, lesté de plusieurs centaines de milliers de francs, il pouvait sourire à sa clientèle avant de lui avoir volé le moindre sou.
7 commentaires:
Oh je l'ai lu ... il y a des années! Il est même venu à la bibli, l'auteur...
Rhoooo ça me plait ce quye tu en dis, je note ;-)
bizzzzz
Une vie pas facile que celle de ces personnages.
Lu récemment, encore un excellent conseil de libraire !
Lu d'autres bonnes chroniques et je l'ai noté
Le genre de livre qui pourrait me plaire...
@ Keisha : il n' pas pas pris une ride !
@ Framboise @ Zazy : yes:)))))
@ Alex : une lecture que je ne regrette pas !
@ Nicole G : une fois de lus, nous sommes d'accord encore:)
@Delphine : Oui, je pense.
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