dimanche 3 juillet 2011

Martine Laval - Quinze kilomètre trois

Éditeur : Liana Levi - Date de parution : Mai 2011 - 57 pages poignantes

Quinze kilomètres trois. Il s’agit de la distance qui les sépare de la mer. Quinze kilomètres trois pour échapper aux jours sans lendemains. Elles sont deux à partir et à tout laisser. Adolescentes dont la vie rime avec ennui et sans avenir. Quinze kilomètres trois et une fuite vertigineuse dans cette mer du Nord de la France qui les avale.
Le suicide de ces deux adolescentes est un fait réel, je ne parlerai pas de faits divers. Ce serait prêté de la légèreté à ce drame. Elles sont deux à avoir conclu un pacte fou. Parcourir les quinze kilomètres trois qui les séparent du Cap Blanc-Nez et se jeter d’en haut de la falaise. Un récit court mais intense où le désespoir, le désenchantement s’élèvent comme un chant. Récit où le paysage est un sémaphore : le drame et les désillusions s'y ancrent.  Un paysage comme toile de fond et toujours présent à travers les témoignages. Tour à tour, l’auteur laisse la parole à une prof de française  blasée, à une voisine,  à une autre jeune fille, à un cousin d’une des deux adolescentes et enfin au paysage. Il en ressort de la résignation comme si  l’avenir semblait être sans appel dans cette région. A la question de savoir ou de comprendre ce geste désespéré, chacun donne sa version ou du moins ce qu’il pense savoir.
Sans jamais sombrer dans le pathos, ce petit livre m’a plus que touchée. Poignant et émouvant, il rend perceptible la beauté d’une région et d'un malaise.  L'écriture de Martine Laval est singulière, juste et sensible ! Préparez-vous à  de gros émois…
Je n'ai pas pu me résoudre à choisir un extrait tant il y a de passages magnifiques !

Les billets de BelleSahi, Cathulu, Pascale

vendredi 1 juillet 2011

Un abandon sur l'étude anthropologique des bobos parisiens

Éditeur : Stock - Date de parution : Mars 2011 - 496 pages

Si les mœurs des bobos parisiens vous intéressent, si vous êtes capables de lire de très looongues phrases assorties d’une kyrielle de prix à avoir le vertige, alors ce livre est pour vous. Pour moi, il s’agit d’un cuisant abandon.

L’écriture vive, nerveuse d’Anne Plantagenet qui semble être fâchée avec la ponctuation m’a lassée. Mais surtout ses personnages que je n’irai pas plaindre m’ont laissée totalement indifférente. Parce qu’eux, ils se plaignent de la vie si chère à Paris, chiffres à l’appui…

Alors, je n’ai pas envie de continuer cette lecture et je l’abandonne sans regret.
Nation Pigalle (ou l’étude anthropologique des bobos parisiens...)


Herman Koch - Le dîner

Éditeur : BELFOND - Date de parution : Mai 2011 - 330 pages dont on ne sort pas indemne...

Deux couples dînent dans un grand restaurant à Amsterdam.  Deux frères et leurs épouses. Entre les plats, on parle du dernier film qu’il faut voir ou des vacances. Au dessert, ils vont devoir parler de leurs enfants. Que vont-ils faire alors que les leurs adolescents ont commis un acte odieux ?  Pas une petite bêtise qui se règle par une punition quelconque. Non, on parle de la mort d’une SDF …
Le déroulement du dîner est raconté par Paul. Son frère n’est autre que Serge Lohman le futur candidat au titre de premier Ministre. Bien placé dans les sondages, Serge a toutes les chances d’être élu. Au début, l’humour corrosif et les réflexions sarcastiques de Paul m’ont fait sourire. Des propos justes et pertinents sur la façon dont le maître d’hôtel présente le plat, sur le vide de l’assiette pour un prix exorbitant…de quoi me faire jubiler ! Son frère Serge est hautain, prétentieux  mais souriant et hypocrite quand il s’agit de gagner quelques voix supplémentaires. On sent la jalousie de Paul devant de ce frère connu dans tout pays. Les flash-back de Paul nous permettent d’en apprendre un peu plus sur lui et le reste de sa famille.
Puis survient la claque. Inattendue et brutale. Ce qui semblait être un roman à l’humour vitriolé prend une autre dimension et  un tournant inattendu. Michel et Rick les fils respectifs de Paul et Serge ont tué une SDF. Un acte d’une violence gratuite et inouïe filmé par la  caméra de la banque où dormait la SDF. Retransmises à la télé, ces images ont choqué l’opinion publique. Deuxième claque : Paul découvre que son fils et son cousin s’en sont  pris à  un homme dans le couloir du métro. Ils l’ont tabassé sans aucune raison. Acte gratuit que Michel a filmé avec son portable.  Puis,  surviennent les uppercuts et le coup de poing final, celui qui laisse le lecteur KO… Je n’en dis pas plus !
Racisme, intégration,éducation des enfants, justice, culpabilité, violence gratuite… Certains feront un rapprochement avec La gifle de Christos Tsiolkas (livre que j’avais abandonné). Mais, la comparaison n’a pas lieu d’être à mon sens. D'une construction originale, l’écriture est sans vulgarité et la fin est complètement inattendue !
Herman Koch amène le lecteur de surprise en surprise ! Certains diront que la morale est bafouée mais ce livre ne peut pas laisser le lecteur indifférent vu les sujets traités. Ce roman nous amène à nous poser des questions et à réfléchir car jusqu’où irions-nous pour protéger nos propres enfants ?
Je n’ai pas lu ce livre, je l’ai dévoré ! Un roman qui sous des aspects faussement légers traite de sujets sensibles et dont on ne sort pas indemne…   

Direction les Pays-Bas avec ce livre !