Éditeur : Albin Michel - Traduit de l'allemand par Dominique Autrand - Date de parution : Janvier 2015 - 332 pages bien ficelées !
Henry Hayden a tout pour être heureux. Il est un auteur encensé de bestsellers et est marié depuis plusieurs années à Martha. Pourtant leur première nuit passée ensemble sentait l'aventure sans lendemain. Mais Henry découvre que Martha écrit sans n'avoir jamais expédié aucun de ces manuscrits à une maison d'édition "La littérature ne m'intéresse pas", disait Martha si l'on évoquait ce thème, " je veux juste écrire".
Henry a flairé le bon filon et avec l'accord de Martha il signera de son nom. Le succès est au rendez-vous à chaque nouveau livre. Henry est sous les feux de la rampe et Martha continue à son habitude d'écrire la nuit.
Sauf qu'Henry a une maîtresse Betty et que cette dernière lui apprend être enceinte. Même si elle le pousse à dire la vérité à sa femme, Henry ne veut pas. Qui aurait envie de tuer la poule aux oeufs d'or et de voir sa calomnie étalée au grand jour? Sur les deux femmes de sa vie, il y en une de trop. Il a le plan parfait pour se débarrasser de Betty. Sauf qu'un malheureux quiproquo retourne la situation : Betty est toujours vivante et il a tué Martha. Mais ce manipulateur diabolique a plus d'un tour dans son sac et plus d'un mensonge à servir... Reste à savoir si Henry parviendra à s'échapper des mailles du filet de la vérité.
Ce roman a tout du genre policier : une bonne intrigue, des rebondissements inattendus et des touches d'humour grinçant. Sans compter une fin stupéfiante.
Un portrait réussi d'un manipulateur et une lecture bien ficelée à découvrir !
Le travail de Gisbert était important et juste, et il l'aimait. Un bon métier. Pendant ses loisirs, il rédigeait en outre des recensions littéraire pour Amazon. Uniquement des compte rendu positifs, il faut le souligner, il jugeait les critiques négatives aussi improductives que le noir sous les ongles de pieds.
mardi 31 mars 2015
lundi 30 mars 2015
Katarina Mazetti - Ma vie de pingouin
Editeur : Gaïa - Traduit du suédois par Lena Grumbach - Date de parution : Mars 2015 - 270 pages dévorées !
Une croisière en Antarctique, ça vous tente ? Non seulement vous pourrez observer les manchots, les éléphants de mer et les différents oiseaux de mer que l'on trouve dans cette région du globe mais surtout découvrir les passagers qui y participent. Et l'on ne s'ennuie pas uns seule seconde ! Entre la souriante trentenaire Wilma dont l'optimisme est inébranlable, Toma trentenaire également : divorcé, déprimé et qui pense mettre fin à ses jours lors de cette croisière et Alba la septuagénaire qui a beaucoup voyagé et rédige un comparatif entre le comportement des animaux vus et celui des humains. Sans oublier un groupe d'ornithologues passionnés, deux amies âgées à la recherche du compagnon idéal, une quarantenaire veuve qui traite sa sœur comme sa boniche.
Avec tendresse et humour, l'auteure analyse et croque tout ce petit monde. J'ai tout aimé ! L'énergie et la pétillance qui s'en dégagent, les personnages qui nous révèlent bien des surprises et sous des airs légers, Katarina Mazetti aborde des sujets plus graves. Un bonheur de lecture dont ce serait dommage de se priver !
Tous les humains sont des icebergs. Il faut se souvenir que neuf dixièmes de nous sont invisibles sous la surface. C'est ce qui rend l'existence si intéressante.
Les billets de Cathulu et de Cuné ( merci les filles!)
Lu de cet auteure : Le caveau de famille - Le mec de le tomde d'à côté
Une croisière en Antarctique, ça vous tente ? Non seulement vous pourrez observer les manchots, les éléphants de mer et les différents oiseaux de mer que l'on trouve dans cette région du globe mais surtout découvrir les passagers qui y participent. Et l'on ne s'ennuie pas uns seule seconde ! Entre la souriante trentenaire Wilma dont l'optimisme est inébranlable, Toma trentenaire également : divorcé, déprimé et qui pense mettre fin à ses jours lors de cette croisière et Alba la septuagénaire qui a beaucoup voyagé et rédige un comparatif entre le comportement des animaux vus et celui des humains. Sans oublier un groupe d'ornithologues passionnés, deux amies âgées à la recherche du compagnon idéal, une quarantenaire veuve qui traite sa sœur comme sa boniche.
Avec tendresse et humour, l'auteure analyse et croque tout ce petit monde. J'ai tout aimé ! L'énergie et la pétillance qui s'en dégagent, les personnages qui nous révèlent bien des surprises et sous des airs légers, Katarina Mazetti aborde des sujets plus graves. Un bonheur de lecture dont ce serait dommage de se priver !
Tous les humains sont des icebergs. Il faut se souvenir que neuf dixièmes de nous sont invisibles sous la surface. C'est ce qui rend l'existence si intéressante.
Les billets de Cathulu et de Cuné ( merci les filles!)
Lu de cet auteure : Le caveau de famille - Le mec de le tomde d'à côté
samedi 28 mars 2015
Andri Snær Magnason - LoveStar
Éditeur : Zulma - Traduit de l'islandais par Eric Boury - Date de parution : Janvier 2015 - 429 pages et un avis mitigé...
LoveStar a révolutionné le monde. Désormais, les données sont transmises par ondes ( à la façon des ondes des oiseaux) et l'homme n'a plus de besoin d'appareils connectés. Sur sa rétine défilent les informations dont il a besoin. Un nouveau monde où l'on peut grâce au système ReGret n'avoir pas de remords. LoveStar qui n'est jamais à court d'idées crée LoveMort : les corps des défunts moyennant argent sont envoyés dans le ciel et brillent comme des étoiles filantes. On peut également rembobiner des enfants qui ne filent pas droit et qui dans le futur seront sources de problèmes. Love Star décide de s'attaquer au marché de l'amour ou plus exactement de trouver pour chaque personne l'âme sœur et unique. Adieu les guerres et les conflits, il n'y aura que de l'amour.
Sigridur et Indridi filent le parfait amour jusqu'au jour où Sigridur reçoit une lettre lui indiquant que son âme soeur "calculée" n'est pas Sigridur mais un autre homme. Tous deux veulent s'affranchir de cette décision car pour eux leur amour est le plus fort. Mais dans ce monde tout est contrôlé.
L'auteur pousse jusqu'à l'absurde cette société avec des hommes aboyeurs chargés de crier dans la rue des slogans publicitaires à des groupes ciblés.
J'ai pris du plaisir à la lecture de cette dystopie farfelue et assez barrée jusqu'à la moitié. Et puis hélas, ça part un peu trop dans tous les sens et l'histoire en elle-même est moins intéressante...
Avec de l'humour noir et de l'ironie, Andri Snær Magnason nous interpelle sur les dérives extrêmes, sur la recherche d'un monde parfait mais il manque à ce livre un peu d'humanité et une construction plus solide...
Chaque occasion inexploitée pesait sur le présent, mais ce n'était pas tout. Le futur recelait des millions d'options possibles qui en engendraient elles-mêmes des million d'autres et pour finir, lorsque les gens avaient fait un choix au profit d'un autre, une chose étrange se produisait. La kyrielle d'options qu'ils avaient écartées se transformait en regrets. Ainsi, constamment comprimés dans le présent, les gens ployaient sous le poids d'un futur et d'un passé conjugués, ce qui n'arrangeait rien. Les options se multipliaient, les regrets augmentaient proportionnellement jusqu'à ce que les individus se voient figés sur place, enferrés dans une toile aussi invisible qu'inextricable. C'est alors que ReGret entrait en scène pour les secourir et les aider à faire table rase du passé. D'après ReGret, chacune de leurs décisions était l'UNIQUE choix ADEQUAT. Le moindre écart les aurait conduit à une mort certaine ou aurait provoqué la fin du monde. Chaque individu c'était trouvé en danger de mort il en avait échappé parce qu'il avait pris la SEULE ET UNIQUE BONNE décision. Voilà pourquoi on avait toutes les raisons de se réjouir, après tout, on était vivant.
Les billets de Cachou, Dior, Laure
LoveStar a révolutionné le monde. Désormais, les données sont transmises par ondes ( à la façon des ondes des oiseaux) et l'homme n'a plus de besoin d'appareils connectés. Sur sa rétine défilent les informations dont il a besoin. Un nouveau monde où l'on peut grâce au système ReGret n'avoir pas de remords. LoveStar qui n'est jamais à court d'idées crée LoveMort : les corps des défunts moyennant argent sont envoyés dans le ciel et brillent comme des étoiles filantes. On peut également rembobiner des enfants qui ne filent pas droit et qui dans le futur seront sources de problèmes. Love Star décide de s'attaquer au marché de l'amour ou plus exactement de trouver pour chaque personne l'âme sœur et unique. Adieu les guerres et les conflits, il n'y aura que de l'amour.
Sigridur et Indridi filent le parfait amour jusqu'au jour où Sigridur reçoit une lettre lui indiquant que son âme soeur "calculée" n'est pas Sigridur mais un autre homme. Tous deux veulent s'affranchir de cette décision car pour eux leur amour est le plus fort. Mais dans ce monde tout est contrôlé.
L'auteur pousse jusqu'à l'absurde cette société avec des hommes aboyeurs chargés de crier dans la rue des slogans publicitaires à des groupes ciblés.
J'ai pris du plaisir à la lecture de cette dystopie farfelue et assez barrée jusqu'à la moitié. Et puis hélas, ça part un peu trop dans tous les sens et l'histoire en elle-même est moins intéressante...
Avec de l'humour noir et de l'ironie, Andri Snær Magnason nous interpelle sur les dérives extrêmes, sur la recherche d'un monde parfait mais il manque à ce livre un peu d'humanité et une construction plus solide...
Chaque occasion inexploitée pesait sur le présent, mais ce n'était pas tout. Le futur recelait des millions d'options possibles qui en engendraient elles-mêmes des million d'autres et pour finir, lorsque les gens avaient fait un choix au profit d'un autre, une chose étrange se produisait. La kyrielle d'options qu'ils avaient écartées se transformait en regrets. Ainsi, constamment comprimés dans le présent, les gens ployaient sous le poids d'un futur et d'un passé conjugués, ce qui n'arrangeait rien. Les options se multipliaient, les regrets augmentaient proportionnellement jusqu'à ce que les individus se voient figés sur place, enferrés dans une toile aussi invisible qu'inextricable. C'est alors que ReGret entrait en scène pour les secourir et les aider à faire table rase du passé. D'après ReGret, chacune de leurs décisions était l'UNIQUE choix ADEQUAT. Le moindre écart les aurait conduit à une mort certaine ou aurait provoqué la fin du monde. Chaque individu c'était trouvé en danger de mort il en avait échappé parce qu'il avait pris la SEULE ET UNIQUE BONNE décision. Voilà pourquoi on avait toutes les raisons de se réjouir, après tout, on était vivant.
Les billets de Cachou, Dior, Laure
vendredi 27 mars 2015
Julie Bonnie - Mon amour,
Éditeur : Grasset - Date de parution : Mars 2015 - 220 pages et presque un coup de cœur !
ll est pianiste de jazz et part en tournée internationale pour un mois. Il y a seulement quatre jours, sa compagne a accouché d'une petite fille. Leur premier enfant. Il s'en va avec les remords et la culpabilité. Elle seule à Paris découvre la maternité.
Elle appréhende de ne pas savoir faire avec son bébé, lui musicien qui sort de l'ombre voit dans la tournée enfin son travail s'illuminer. Et très vite, elle découvre l'amour fusionnel avec sa fille. Ses lettres ne parlent que de cette relation privilégiée, unique où il est absent. Lui découvre les joies de se produire sur scène, le public qui l'attend et qui aime sa musique. Les lettres ne parlent plus de leur couple ou si peu, il revient sur cette grossesse pour laquelle il n'avait pas eu son mot à dire, pris devant le fait accompli. N'étaient-il pas heureux tous les deux? La fatigue, les décalages horaires le rendent nerveux, irritable. Il ne lui demande comment plus comment elle va ou comment se porte leur fille. Ses névroses reviennent, stigmates d'une enfance où son père l' a abandonné lui et sa mère. Elle renoue avec la vie, sort de chez elle. L'absence délite leur couple petit à petit, son coeur à lui bat pour la musique, le sien pour sa fille. Il n'arrive plus à se projeter père.
Dans les lettres se glissent de nouvelles personnes et les émotions qu'elle suscitent. Comme des tournants inattendus.
Roman épistolaire où les mots sont des bouées de sauvetage, des déclaration d'amour, des confessions ou la libération d'un poids, la renaissance et la perte également.
Julie Bonnie écrit avec pureté, fait jaillir les émotions fortes et nous les fait toucher du doigt.
Il s'agit d'un tsunami d'émotions qui a failli être un coup de cœur... Car je n'ai pas compris les hallucinations, la passion dévastatrice d'un peintre ce qui à mon sens enlève une toute petite part de sa beauté à ce roman...
Mon amour, j'ai paniqué. Comment on fait ? Je suis sorti de la douche comme une furie, pleine de savon, de son dos. e'en ai mis partout. Tout ça pour voir ma petite beauté endormie, calme et vivante. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, des sanglots énorme. Je t'ai détesté. Quelle sorte d'homme laisse sa fée dans une situation si périlleuse ? J'ai peur de ne pas y arriver, mon amour. Tu es loin, dans les paillettes, quand ma vie se résume à un bébé, du lait, du sang.
Le billet de Charlotte
Lu de cette auteure : Chambre 2
ll est pianiste de jazz et part en tournée internationale pour un mois. Il y a seulement quatre jours, sa compagne a accouché d'une petite fille. Leur premier enfant. Il s'en va avec les remords et la culpabilité. Elle seule à Paris découvre la maternité.
Elle appréhende de ne pas savoir faire avec son bébé, lui musicien qui sort de l'ombre voit dans la tournée enfin son travail s'illuminer. Et très vite, elle découvre l'amour fusionnel avec sa fille. Ses lettres ne parlent que de cette relation privilégiée, unique où il est absent. Lui découvre les joies de se produire sur scène, le public qui l'attend et qui aime sa musique. Les lettres ne parlent plus de leur couple ou si peu, il revient sur cette grossesse pour laquelle il n'avait pas eu son mot à dire, pris devant le fait accompli. N'étaient-il pas heureux tous les deux? La fatigue, les décalages horaires le rendent nerveux, irritable. Il ne lui demande comment plus comment elle va ou comment se porte leur fille. Ses névroses reviennent, stigmates d'une enfance où son père l' a abandonné lui et sa mère. Elle renoue avec la vie, sort de chez elle. L'absence délite leur couple petit à petit, son coeur à lui bat pour la musique, le sien pour sa fille. Il n'arrive plus à se projeter père.
Dans les lettres se glissent de nouvelles personnes et les émotions qu'elle suscitent. Comme des tournants inattendus.
Roman épistolaire où les mots sont des bouées de sauvetage, des déclaration d'amour, des confessions ou la libération d'un poids, la renaissance et la perte également.
Julie Bonnie écrit avec pureté, fait jaillir les émotions fortes et nous les fait toucher du doigt.
Il s'agit d'un tsunami d'émotions qui a failli être un coup de cœur... Car je n'ai pas compris les hallucinations, la passion dévastatrice d'un peintre ce qui à mon sens enlève une toute petite part de sa beauté à ce roman...
Mon amour, j'ai paniqué. Comment on fait ? Je suis sorti de la douche comme une furie, pleine de savon, de son dos. e'en ai mis partout. Tout ça pour voir ma petite beauté endormie, calme et vivante. J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps, des sanglots énorme. Je t'ai détesté. Quelle sorte d'homme laisse sa fée dans une situation si périlleuse ? J'ai peur de ne pas y arriver, mon amour. Tu es loin, dans les paillettes, quand ma vie se résume à un bébé, du lait, du sang.
Le billet de Charlotte
Lu de cette auteure : Chambre 2
jeudi 26 mars 2015
Françoise Giroud - Histoire d'une femme libre
Éditeur : Folio - Date de parution : Février 2015 - 264 pages passionnantes !
Alors que Jean-Jacques Servan-Schreiber rompt avec elle et qu'elle est écartée de L’Express, journal qu'ils avaient fondé ensemble en 1953, Françoise Giroud tente de mettre fin à ses jours. Il aura fallu que le destin s'en mêle pour qu'elle échappe de peu à la mort. Nous sommes en août 1960 et Françoise Giroud s'exile à Capri avec sa machine à écrire. Personne ne connaît sur place cette femme âgée de quarante-quatre ans : son histoire, sa tentative de suicide. Et Françoise Giroud écrit durant deux mois sur sa vie.
Cette autobiographie a été longtemps considérée comme perdue ou détruite par Françoise Giroud elle-même. Pourtant elle dormait dans des cartons à l'Imec (l'Institut mémoires de l'édition contemporaine). Retrouvée par Alix de Saint-André, elle a été publiée pour la première fois en 2013. Fille d'un milieu bourgeois, son père meurt lorsqu'elle est qu'une enfant. Sa mère n'a pas su gérer la fortune familiale qui pour elle relevait des affaires d'un homme. La soeur de Françoise est vendeuse et la famille vivote. Pourtant sa mère garde un optimisme à toutes épreuves. Françoise suit des cours de sténodactylo car elle sait que la demande de secrétaires est forte. Et à quatorze ans, elle décroche son premier travail dans une librairie. Son adolescence avant la guerre est sans fêtes, sans dépenses inutiles. A la librairie, elle revoit par hasard Marc Allégret dont elle secrètement amoureuse. Il lui propose de travailler dans le monde du cinéma (il est devenu metteur en scène). La voilà script-girl à vingt ans. Après un stage de quelques mois à Paris-soir et suite à un article qu'elle a écrit, on la recommande à Hélène Lazareff. Elle travaille à Elle qui n'est qu'à ses débuts apprenant sur le tas le métier de journaliste. Elle veut proposer aux femmes des articles concrets et féministes. Forçat de travail, elle écrit également des portraits pour France Dimanche et France-Soir. Son travail lui fait croiser beaucoup d'hommes : politiciens, écrivains. Sa rencontre avec Jean-Jacques Servan-Schreiber sera d'abord d'ordre professionnelle. A eux deux, ils créeront L'Express. Ils seront aussi amants. Avec les années, le regard fasciné que Françoise aura sur lui se modifiera.
Sa franchise et sa lucidité sont frappantes tout comme son humilité. Sans jamais se mettre sur un piédestal ou se vanter, elle reconnaît au contraire ses erreurs aussi minimes soient-elles et ses faiblesses. Françoise Giroud s'est donnée à son métier, a évolué parmi les hommes dans des années où les positions de la femme étaient jugées souvent secondaires.
Dans ce récit personnel, elle donne son avis sur la société, l'amour, le journalisme, l'injustice, les personnes qui ont traversé sa vie ou l'ont marquée, mais aussi le pouvoir.
Un portait passionnant, attachant, touchant et beau...
Je suis une femme libre. J'ai été, donc je sais être, une femme heureuse... Qu'y a-t-il de plus rare au monde ? Cela est dit sans orgueil, mais avec gratitude à l'égard de ceux qui m'ont aidée à me construire ainsi. Car, pour la liberté, j'avais des aptitudes mais peu de dons pour le bonheur.
Elle était en pleine expansion, une expansion nécessaire à sa survie. Je pouvais continuer à écrire librement ; je ne pouvais pas m'opposer à l'exploitation du goût naturel que porte les Françaises aux heurs et aux malheurs des familles royales. Encore que l'on puisse parler de cela aussi autrement. Mais quand on en parle autrement, on retient dix lecteurs, on en écarte mille.
On peut aussi penser qu'il faut savoir en attirer dix et en retenir mille avec de la confiture, et glisser ici et là la dose de vinaigre qu'ils absorberont avec. Ce n'est pas l'un des moindres problèmes qui se posent à ceux qui dirigent des journaux.
À quoi cela sert-il de bien penser et de bien écrire pour cinq mille personnes, convaincues d'avance au demeurant ? Oui mais à quoi cela sert-il de ne rien penser et de ne rien écrire pour deux millions de personnes ?
Je n'ai pas de solution à proposer. Ou plutôt j'en avais une, intermédiaire : L'Express. À l'époque, je n'aurai pas su dire ce que je voulais exactement, mais je le voulais plus que tout. C'est pourquoi je l'obtiens, retrouvant à la fois lance et dragon.
Alors que Jean-Jacques Servan-Schreiber rompt avec elle et qu'elle est écartée de L’Express, journal qu'ils avaient fondé ensemble en 1953, Françoise Giroud tente de mettre fin à ses jours. Il aura fallu que le destin s'en mêle pour qu'elle échappe de peu à la mort. Nous sommes en août 1960 et Françoise Giroud s'exile à Capri avec sa machine à écrire. Personne ne connaît sur place cette femme âgée de quarante-quatre ans : son histoire, sa tentative de suicide. Et Françoise Giroud écrit durant deux mois sur sa vie.
Cette autobiographie a été longtemps considérée comme perdue ou détruite par Françoise Giroud elle-même. Pourtant elle dormait dans des cartons à l'Imec (l'Institut mémoires de l'édition contemporaine). Retrouvée par Alix de Saint-André, elle a été publiée pour la première fois en 2013. Fille d'un milieu bourgeois, son père meurt lorsqu'elle est qu'une enfant. Sa mère n'a pas su gérer la fortune familiale qui pour elle relevait des affaires d'un homme. La soeur de Françoise est vendeuse et la famille vivote. Pourtant sa mère garde un optimisme à toutes épreuves. Françoise suit des cours de sténodactylo car elle sait que la demande de secrétaires est forte. Et à quatorze ans, elle décroche son premier travail dans une librairie. Son adolescence avant la guerre est sans fêtes, sans dépenses inutiles. A la librairie, elle revoit par hasard Marc Allégret dont elle secrètement amoureuse. Il lui propose de travailler dans le monde du cinéma (il est devenu metteur en scène). La voilà script-girl à vingt ans. Après un stage de quelques mois à Paris-soir et suite à un article qu'elle a écrit, on la recommande à Hélène Lazareff. Elle travaille à Elle qui n'est qu'à ses débuts apprenant sur le tas le métier de journaliste. Elle veut proposer aux femmes des articles concrets et féministes. Forçat de travail, elle écrit également des portraits pour France Dimanche et France-Soir. Son travail lui fait croiser beaucoup d'hommes : politiciens, écrivains. Sa rencontre avec Jean-Jacques Servan-Schreiber sera d'abord d'ordre professionnelle. A eux deux, ils créeront L'Express. Ils seront aussi amants. Avec les années, le regard fasciné que Françoise aura sur lui se modifiera.
Sa franchise et sa lucidité sont frappantes tout comme son humilité. Sans jamais se mettre sur un piédestal ou se vanter, elle reconnaît au contraire ses erreurs aussi minimes soient-elles et ses faiblesses. Françoise Giroud s'est donnée à son métier, a évolué parmi les hommes dans des années où les positions de la femme étaient jugées souvent secondaires.
Dans ce récit personnel, elle donne son avis sur la société, l'amour, le journalisme, l'injustice, les personnes qui ont traversé sa vie ou l'ont marquée, mais aussi le pouvoir.
Un portait passionnant, attachant, touchant et beau...
Je suis une femme libre. J'ai été, donc je sais être, une femme heureuse... Qu'y a-t-il de plus rare au monde ? Cela est dit sans orgueil, mais avec gratitude à l'égard de ceux qui m'ont aidée à me construire ainsi. Car, pour la liberté, j'avais des aptitudes mais peu de dons pour le bonheur.
Elle était en pleine expansion, une expansion nécessaire à sa survie. Je pouvais continuer à écrire librement ; je ne pouvais pas m'opposer à l'exploitation du goût naturel que porte les Françaises aux heurs et aux malheurs des familles royales. Encore que l'on puisse parler de cela aussi autrement. Mais quand on en parle autrement, on retient dix lecteurs, on en écarte mille.
On peut aussi penser qu'il faut savoir en attirer dix et en retenir mille avec de la confiture, et glisser ici et là la dose de vinaigre qu'ils absorberont avec. Ce n'est pas l'un des moindres problèmes qui se posent à ceux qui dirigent des journaux.
À quoi cela sert-il de bien penser et de bien écrire pour cinq mille personnes, convaincues d'avance au demeurant ? Oui mais à quoi cela sert-il de ne rien penser et de ne rien écrire pour deux millions de personnes ?
Je n'ai pas de solution à proposer. Ou plutôt j'en avais une, intermédiaire : L'Express. À l'époque, je n'aurai pas su dire ce que je voulais exactement, mais je le voulais plus que tout. C'est pourquoi je l'obtiens, retrouvant à la fois lance et dragon.
mardi 24 mars 2015
Laure Anders - Animale
Éditeur : Buchet-Chastel - Date de parution : Février 2015 - 217 pages et une auteure à suivre !
Qu'ils soient hommes ou femmes, l'auteure s'intéresse aux corps. Ames blessées, calculatrices ou qui se révoltent ou se soumettent, et le corps devient le catalyseur des frustrations, des désirs et des pulsations. Une caissière transparente aux yeux des autres dans un supermarché, un homme rejeté par ses fils ou encore un collectionneur d’objets rares qui voit sa vie modifiée par la fait d'être père. Homme qui cherche la soumission et fait le chien, une femme de ménage qui photographie les intérieurs où elle travaille, des femmes qui se battent pour un poignée de billets sous les yeux remplis de désir des hommes, corps qui a besoin de drogue pour tenir et supporter la vie. Ou encore le pouvoir et la sensualité que ressent celle qui porte une robe et devient une autre.
Relations charnelles qui dévient vers la violence, relations de dominants et de dominés, relations d'une nuit pour sentir la présence d'un autre corps et un peu la chaleur humaine. La part animale somnolente ou enfouie se réveille toujours.
On peut affirmer que Laure Anders n'a pas froid aux yeux et possède un style, une écriture caméléon. Ses personnages lisses dans la vie se révèlent bien différents. Elle ose sans tabous bousculer le lecteur avec un sens pointu pour traquer et décrire ces moments où les personnages changent de peau.
Dans ce premier recueil, même si quelques tableaux m'ont moins plu, je ressors conquise par cette écriture, par ces nouvelles qui prouvent que cette auteure ne s'en tient pas aux sentiers battus !
Les façades de la rue boivent la lumière du soir comme un velours, une lumière si douce que j'aimerais me dissoudre en elle. Je pourrais enjamber la mince rambarde en fer, déplier mon corps de fille chauve-souris et m'élancer dans le vide. Je pourrais me mettre nue et danser sur du dub, ma peau éclairée par la pulsation vert et rose des enseignes. Je pourrais me faire un parachute dilué dans la bière premier prix de chez Lidl et puis appeler Léonard pour qu'il m'accompagne dans un de ces bars de Bastille puants et surpeuplés, là où la musique seventies remixée est vraiment excellente et où la pression en gobelet plastique coûte moins de deux euros. J'ai une infinité de choix. Rester seule me panique. J'ai besoin de visages, j'ai besoin d'odeurs et de mains chaudes, toujours plus, pour peupler ma solitude. L'air fraîchit me donne la chair de poule, des vagues de frissons électriques sur mes jambes, mes seins, mes épaules. Si je peux ressentir cela c'est que je suis vivante.
Qu'ils soient hommes ou femmes, l'auteure s'intéresse aux corps. Ames blessées, calculatrices ou qui se révoltent ou se soumettent, et le corps devient le catalyseur des frustrations, des désirs et des pulsations. Une caissière transparente aux yeux des autres dans un supermarché, un homme rejeté par ses fils ou encore un collectionneur d’objets rares qui voit sa vie modifiée par la fait d'être père. Homme qui cherche la soumission et fait le chien, une femme de ménage qui photographie les intérieurs où elle travaille, des femmes qui se battent pour un poignée de billets sous les yeux remplis de désir des hommes, corps qui a besoin de drogue pour tenir et supporter la vie. Ou encore le pouvoir et la sensualité que ressent celle qui porte une robe et devient une autre.
Relations charnelles qui dévient vers la violence, relations de dominants et de dominés, relations d'une nuit pour sentir la présence d'un autre corps et un peu la chaleur humaine. La part animale somnolente ou enfouie se réveille toujours.
On peut affirmer que Laure Anders n'a pas froid aux yeux et possède un style, une écriture caméléon. Ses personnages lisses dans la vie se révèlent bien différents. Elle ose sans tabous bousculer le lecteur avec un sens pointu pour traquer et décrire ces moments où les personnages changent de peau.
Dans ce premier recueil, même si quelques tableaux m'ont moins plu, je ressors conquise par cette écriture, par ces nouvelles qui prouvent que cette auteure ne s'en tient pas aux sentiers battus !
Les façades de la rue boivent la lumière du soir comme un velours, une lumière si douce que j'aimerais me dissoudre en elle. Je pourrais enjamber la mince rambarde en fer, déplier mon corps de fille chauve-souris et m'élancer dans le vide. Je pourrais me mettre nue et danser sur du dub, ma peau éclairée par la pulsation vert et rose des enseignes. Je pourrais me faire un parachute dilué dans la bière premier prix de chez Lidl et puis appeler Léonard pour qu'il m'accompagne dans un de ces bars de Bastille puants et surpeuplés, là où la musique seventies remixée est vraiment excellente et où la pression en gobelet plastique coûte moins de deux euros. J'ai une infinité de choix. Rester seule me panique. J'ai besoin de visages, j'ai besoin d'odeurs et de mains chaudes, toujours plus, pour peupler ma solitude. L'air fraîchit me donne la chair de poule, des vagues de frissons électriques sur mes jambes, mes seins, mes épaules. Si je peux ressentir cela c'est que je suis vivante.
lundi 23 mars 2015
Jesús Carrasco - Intempérie
Éditeur : Robert Laffont - Traduit superbement de l'espagnol par Marie Vila Casas - Date de parution : Janvier 2015 - 222 pages dont on ne sort pas indemne !
Un enfant se cache dans un trou. Il entend le bruit de ceux qui sont à sa recherche : les villageois menés par l’alguazil et ses hommes de main. Il a fui son village, ses famille. Il a peur, est terrifié mais ne veut pas rentrer chez lui car s'il fait demi-tour il sera puni. Une première nuit se passe et il est déterminé à partir loin. La faim mais surtout la soif l'accablent car la sécheresse s'est installée depuis bien longtemps. Mais il continue de marcher.
Quand il aperçoit un vieux berger accompagné de ses bêtes, il de méfie car il a peur que l'homme soit de mèche avec l'alguazil qui règne en maître. Il décide de lui voler sa besace qui contient de la nourriture. Le chevrier l'a vu et l'invite à manger. L'enfant obéit mais reste sur ses gardes. Il observe l'homme s'occuper de ses chèvres. L'enfant va le suivre, l'accompagner. Et lui faire confiance.
Sur cette terre asséchée rongée par le soleil, ils ne restent jamais longtemps au même endroit. L'homme âgé et fatigué lui demande de l'aide pour rassembler les chèvres ou pour se lever, l'enfant lui lui fait confiance. Mais l'alguazil et ses hommes sont toujours à sa recherche.
On apprend au fil des pages pourquoi l'enfant s'est sauvé. Et dans sa fuite désormais accompagné du chevrier, il découvre ce que les hommes sont capables de commettre : la cruauté, la violence mais aussi la bonté.
Avec une écriture sèche mais soignée et riche, on est happé par ce roman où l'on ressent la sécheresse, la poussière, le danger, la nature quasi post-apocalyptique mais aussi les émotions décrites avec pudeur. Tout comme la relation si belle qui lie l'enfant et le vieux berger.
Un premier roman brillant dont on ne sort pas indemne ! Et à souligner, l'excellent travail de traduction.
Devant lui, la plaine dégageait une odeur de terre brûlée et de pâture desséchée, sa manière à elle d'évacuer la souffrance que lui avait infligé le soleil pendant la journée. Un hibou gris passa au-dessus de sa tête et alla se perdre tout en haut des oliviers. Le garçon se dit qu'il ne s'était jamais autant éloigner du village où il avait passé toute sa vie. Au bout de ses pieds s'étendait une terre inconnue, tout simplement.
Les billets de Dominique, Sandrine
Un enfant se cache dans un trou. Il entend le bruit de ceux qui sont à sa recherche : les villageois menés par l’alguazil et ses hommes de main. Il a fui son village, ses famille. Il a peur, est terrifié mais ne veut pas rentrer chez lui car s'il fait demi-tour il sera puni. Une première nuit se passe et il est déterminé à partir loin. La faim mais surtout la soif l'accablent car la sécheresse s'est installée depuis bien longtemps. Mais il continue de marcher.
Quand il aperçoit un vieux berger accompagné de ses bêtes, il de méfie car il a peur que l'homme soit de mèche avec l'alguazil qui règne en maître. Il décide de lui voler sa besace qui contient de la nourriture. Le chevrier l'a vu et l'invite à manger. L'enfant obéit mais reste sur ses gardes. Il observe l'homme s'occuper de ses chèvres. L'enfant va le suivre, l'accompagner. Et lui faire confiance.
Sur cette terre asséchée rongée par le soleil, ils ne restent jamais longtemps au même endroit. L'homme âgé et fatigué lui demande de l'aide pour rassembler les chèvres ou pour se lever, l'enfant lui lui fait confiance. Mais l'alguazil et ses hommes sont toujours à sa recherche.
On apprend au fil des pages pourquoi l'enfant s'est sauvé. Et dans sa fuite désormais accompagné du chevrier, il découvre ce que les hommes sont capables de commettre : la cruauté, la violence mais aussi la bonté.
Avec une écriture sèche mais soignée et riche, on est happé par ce roman où l'on ressent la sécheresse, la poussière, le danger, la nature quasi post-apocalyptique mais aussi les émotions décrites avec pudeur. Tout comme la relation si belle qui lie l'enfant et le vieux berger.
Un premier roman brillant dont on ne sort pas indemne ! Et à souligner, l'excellent travail de traduction.
Devant lui, la plaine dégageait une odeur de terre brûlée et de pâture desséchée, sa manière à elle d'évacuer la souffrance que lui avait infligé le soleil pendant la journée. Un hibou gris passa au-dessus de sa tête et alla se perdre tout en haut des oliviers. Le garçon se dit qu'il ne s'était jamais autant éloigner du village où il avait passé toute sa vie. Au bout de ses pieds s'étendait une terre inconnue, tout simplement.
Les billets de Dominique, Sandrine
samedi 21 mars 2015
Mary Costello - Academy Street
Éditeur : Seuil - Traduit de l'anglais (Irlande) par Madeleine Nasalik - Date de parution : Mars 2015 - 192 pages qui m'ont touchée...
Irlande et les années 1940. Tess âgée de sept ans perd sa mère atteinte de tuberculose. A la ferme Easterfield, malgré ses frères et soeurs, Tess devient de plus en plus silencieuse. Elle obéit à son père même si la mort de sa femme l'a plongé dans une froideur. Vient le pensionnat puis des études d'infirmière où elle se montre efficace et discrète.
La soeur de leur mère qui habite aux Etats-Unis propose à Claire l'une des soeurs aînées de Tess de venir. Puis viendra le tour de Tess alors qu'entre-temps Claire s'est mariée et est déjà maman. Tess ne cherche pas se se mêler aux autres que ce soit à son travail ou aux fêtes avec sa colocataire Jeune femme timide, elle préfère lire. Mais elle rencontre un jeune avocat et en tombe amoureuse. Tess tombe enceinte alors que le jeune homme ne donne plus aucun signe de vie. A New-York, elle s'installe dans un appartement à Academy Street et plutôt que de subir la honte, elle s'achète une alliance et se fait passer comme une femme mariée. Elle entoure son fils Theo d'un amour protecteur, se noue d'amitié avec sa voisine. A l'adolescence, Theo se rebelle envers elle, se montre dur dans ses propos. Puis son diplôme en poche, il quitte l'appartement familial et se marie. Tess se sent de plus en plus seule mais elle découvre des plaisirs dans la poésie ou la musique. Les attentats du 11 septembre lui enlèveront son fils la laissant meurtrie à jamais.
Tess si effacée qui ne veut pas faire de vagues ou gêner, subit les épreuves de la vie tant bien que mal. J'ai été touchée par cette femme qui n'a rien de l'étoffe d'une héroïne mais qui est tout simplement humaine avec ses failles et ses doutes. Sa sensibilité qu'elle dissimule aux autres perle entre les lignes.
Il y a une grande retenue et une grande délicatesse dans ce roman qui jamais ne verse dans le mélo ou dans le sentimentalisme. Oui vraiment, j'ai été touchée...
- Il y a chez certains d'entre nous, une solitude fondamentale... elle est en vous.
(...)
Elle pensa à une vie qui tenait sur une seule page. Elle avait toujours cherché des signaux intimes pour la guider à travers l'existence, et elle avait vécu dans l'attente perpétuelle qu'ils se manifestent. En leur absence elle avait avancé à l'aveuglette, lutté contre l'adversité, sans prendre la distance nécessaire.
Irlande et les années 1940. Tess âgée de sept ans perd sa mère atteinte de tuberculose. A la ferme Easterfield, malgré ses frères et soeurs, Tess devient de plus en plus silencieuse. Elle obéit à son père même si la mort de sa femme l'a plongé dans une froideur. Vient le pensionnat puis des études d'infirmière où elle se montre efficace et discrète.
La soeur de leur mère qui habite aux Etats-Unis propose à Claire l'une des soeurs aînées de Tess de venir. Puis viendra le tour de Tess alors qu'entre-temps Claire s'est mariée et est déjà maman. Tess ne cherche pas se se mêler aux autres que ce soit à son travail ou aux fêtes avec sa colocataire Jeune femme timide, elle préfère lire. Mais elle rencontre un jeune avocat et en tombe amoureuse. Tess tombe enceinte alors que le jeune homme ne donne plus aucun signe de vie. A New-York, elle s'installe dans un appartement à Academy Street et plutôt que de subir la honte, elle s'achète une alliance et se fait passer comme une femme mariée. Elle entoure son fils Theo d'un amour protecteur, se noue d'amitié avec sa voisine. A l'adolescence, Theo se rebelle envers elle, se montre dur dans ses propos. Puis son diplôme en poche, il quitte l'appartement familial et se marie. Tess se sent de plus en plus seule mais elle découvre des plaisirs dans la poésie ou la musique. Les attentats du 11 septembre lui enlèveront son fils la laissant meurtrie à jamais.
Tess si effacée qui ne veut pas faire de vagues ou gêner, subit les épreuves de la vie tant bien que mal. J'ai été touchée par cette femme qui n'a rien de l'étoffe d'une héroïne mais qui est tout simplement humaine avec ses failles et ses doutes. Sa sensibilité qu'elle dissimule aux autres perle entre les lignes.
Il y a une grande retenue et une grande délicatesse dans ce roman qui jamais ne verse dans le mélo ou dans le sentimentalisme. Oui vraiment, j'ai été touchée...
- Il y a chez certains d'entre nous, une solitude fondamentale... elle est en vous.
(...)
Elle pensa à une vie qui tenait sur une seule page. Elle avait toujours cherché des signaux intimes pour la guider à travers l'existence, et elle avait vécu dans l'attente perpétuelle qu'ils se manifestent. En leur absence elle avait avancé à l'aveuglette, lutté contre l'adversité, sans prendre la distance nécessaire.
vendredi 20 mars 2015
Iegor Gran - La Revanche de Kevin
Éditeur : P.O.L. - Date Parution : Février 2015 - 188 pages lues d'une traite !
Un prénom peut être une croix à vie. Kevin H. en sait quelques chose. Né à la fin des années 70, il a accumulé vexations et humiliations en tous genres à cause de son prénom. " Quand on s'est conditionné en Kevin, on le devient, c'est obligé". En couple avec Charlotte depuis cinq ans, il travaille en tant que commercial dans une radio publique. Dans ce milieu journalistique pétri d'arrogance et de mesquineries, il subit la différence.
Un beau jour l'occasion se présente pour lui d'être un autre que Kevin. Il se rend aux salons littéraires où les écrivains en mal de reconnaissance et de publication sont là à essayer de décrocher un sésame auprès des maisons d'édition. Ces auteurs sont ses proies. Kevin devient Alexandre Janus-Smith lecteur dans une grande maison d’édition. Il ferre sa victime, le complimente, n'hésite pas à citer de grand auteurs. L'œil morne de l'écrivain se teinte, le voilà enfin compris et les rêves se mettent à défiler. C'est ainsi que l'écrivain François-René Pradel fait la connaissance d'Alexandre Janus-Smith. Des mails s'en suivent avec envoi du dernier manuscrit de l'écrivain. François-René Pradel attend patiemment car des contre-temps non prévus apparaissent : un directeur absent, un mail perdu...Sa femme et sa fille le poussent dans ses démarches. Il essaie de contacter notre Alexandre Janus-Smith. Le couperet tombe, personne de ce nom travaille dans cette maison d'édition alors que Kevin épingle ses petits succès. Sauf que François-René Pradel se suicide. Kevin va-t'il se sentir coupable ou responsable?
Je n'en dis pas plus car de nombreux rebondissements jalonnent ce roman. Iegor Gran nous dépeint un monde de vantardise, d'impostures et de faux-semblants avec des personnages secondaires bien croqués. Et ce sont autant de situations qui sont décrites avec ironie, humour noir mais sans excès, du monde de l'entreprise à la sphère du monde de l'édition et journalistique. On sourit et on se délecte. Mais quand le roman prend une tournure plus grave, l'amertume et le sentiment d'injustice nous gagnent. Et la revanche n'est pas celle que l'on pense...
Kevin était parti depuis longtemps. Sans attendre le pot, sans participer à la cérémonie de cohésion du groupe, sans dire au revoir.
- Vous avez remarqué comme il n'a rien dit, ce type là, sur l'incident, constata Marie-Louise. A croire que ça ne le concerne pas. À force de se la jouer perso, il ne faut pas qu'il s'étonne après.
- On voyait qu'il pensait à ses tableurs, cingla Jérémy. Toujours à compter l'argent. C'en est caricatural, vraiment. Quel blaireau !
- Il y a des prénom prédestinés aux pires beaufitudes, dit Olivier.
On passa alors quelques phrases à discuter des prénoms idiots ou typés, on évoqua Brandon, Duncan, Marie-Chantal, Juvénal et Samantha, puis on se dépêcha de rentrer, car on n'était pas payé pour faire des heures sup.
Un prénom peut être une croix à vie. Kevin H. en sait quelques chose. Né à la fin des années 70, il a accumulé vexations et humiliations en tous genres à cause de son prénom. " Quand on s'est conditionné en Kevin, on le devient, c'est obligé". En couple avec Charlotte depuis cinq ans, il travaille en tant que commercial dans une radio publique. Dans ce milieu journalistique pétri d'arrogance et de mesquineries, il subit la différence.
Un beau jour l'occasion se présente pour lui d'être un autre que Kevin. Il se rend aux salons littéraires où les écrivains en mal de reconnaissance et de publication sont là à essayer de décrocher un sésame auprès des maisons d'édition. Ces auteurs sont ses proies. Kevin devient Alexandre Janus-Smith lecteur dans une grande maison d’édition. Il ferre sa victime, le complimente, n'hésite pas à citer de grand auteurs. L'œil morne de l'écrivain se teinte, le voilà enfin compris et les rêves se mettent à défiler. C'est ainsi que l'écrivain François-René Pradel fait la connaissance d'Alexandre Janus-Smith. Des mails s'en suivent avec envoi du dernier manuscrit de l'écrivain. François-René Pradel attend patiemment car des contre-temps non prévus apparaissent : un directeur absent, un mail perdu...Sa femme et sa fille le poussent dans ses démarches. Il essaie de contacter notre Alexandre Janus-Smith. Le couperet tombe, personne de ce nom travaille dans cette maison d'édition alors que Kevin épingle ses petits succès. Sauf que François-René Pradel se suicide. Kevin va-t'il se sentir coupable ou responsable?
Je n'en dis pas plus car de nombreux rebondissements jalonnent ce roman. Iegor Gran nous dépeint un monde de vantardise, d'impostures et de faux-semblants avec des personnages secondaires bien croqués. Et ce sont autant de situations qui sont décrites avec ironie, humour noir mais sans excès, du monde de l'entreprise à la sphère du monde de l'édition et journalistique. On sourit et on se délecte. Mais quand le roman prend une tournure plus grave, l'amertume et le sentiment d'injustice nous gagnent. Et la revanche n'est pas celle que l'on pense...
Kevin était parti depuis longtemps. Sans attendre le pot, sans participer à la cérémonie de cohésion du groupe, sans dire au revoir.
- Vous avez remarqué comme il n'a rien dit, ce type là, sur l'incident, constata Marie-Louise. A croire que ça ne le concerne pas. À force de se la jouer perso, il ne faut pas qu'il s'étonne après.
- On voyait qu'il pensait à ses tableurs, cingla Jérémy. Toujours à compter l'argent. C'en est caricatural, vraiment. Quel blaireau !
- Il y a des prénom prédestinés aux pires beaufitudes, dit Olivier.
On passa alors quelques phrases à discuter des prénoms idiots ou typés, on évoqua Brandon, Duncan, Marie-Chantal, Juvénal et Samantha, puis on se dépêcha de rentrer, car on n'était pas payé pour faire des heures sup.
jeudi 19 mars 2015
Jérôme Ferrari - Le principe
Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Mars 2015 - 161 pages superbes !
Un étudiant en philosophie dans les années 1980 rate son oral sur une étude d'Heisenberg qu'il n'a pas pris le temps d'étudier. Par le biais de ce jeune homme un brin impertinent mais fasciné par Heisenberg, Jérôme Ferrari revient sur la vie du physicien allemand qui a élaboré le principe d'incertitude.
Si Werner Heisenberg est l'un des pères de la physique quantique, Einstein a rejeté le résultat de ses travaux au départ. Passionné comme bon nombre de ses collèges scientifiques, il continue et obtient le prix Nobel de physique à 32 ans.
1933 : Werner Heisenberg va-t-il quitter l'Allemagne comme d'autres de ses collègues ou rester ? L'attachement à son pays tranchera la question. Ce sont les années où la guerre atomique est dans l'esprit des dirigeants du monde. Heisenberg travaille sur un réacteur nucléaire capable de produire de l'énergie. Quelles sont les questions qui peuvent le préoccuper? "C'est inextricable. Toutes les histoires sont nécessairement cohérentes; les motivation les plus diverses, les plus incompatibles vous aurait conduit à adopter un comportement rigoureusement identique et à prendre exactement la même décision, et de toutes cette histoires cohérentes dans lesquelles vous vous parez tour à tour des visages de l'irresponsabilité, du renoncement, de l'intégrité, de la complaisance et de l'infamie, personne ne peut deviner laquelle est vraie".
La suite on la connaît trop bien : la bombe atomique créée par d'autre scientifiques et son utilisation. Plus tard, les mathématiques serviront à produire des algorithmes capables de jongler avec les prévisions financières. Et d'une certaine façon, l'histoire se répète quand la crise de 2008 éclate.
Sur un sujet qui aurait pu rebuter, on prend un véritable plaisir à lire ces pages où il question d'électrons et de vitesse. Et ces hommes de science la tête dans les chiffres et les équations ont pourtant la naïveté des enfants face à d'autres questions. La beauté et la poésie sont omniprésentes dans ce livre qui interroge subtilement sur la responsabilité du scientifique.
Servi par une prose éclatante et magnifique, il s'agit d'un roman intelligent, envoûtant. C'est beau, très beau !
Ils voulaient comprendre, regarder un instant par-dessus l'épaule de Dieu.
La beauté de leur projet leur semblait la plus haute qu'on pût concevoir.
Ils étaient arrivés là où le langage a ses limites, ils avaient explorer un domaine si radicalement étrange qu'on ne peut l'évoquer que par métaphores ou dans l'abstraction d'une parole mathématique qui n'est au fond, elle aussi, qu'une métaphore.
Ils devaient sans cesse réinventer ce que signifie "comprendre".
Les connaissances qu'ils vénéraient ont servi à mette au point une arme si puissante qu'elle n'est plus une arme, mais une figure sacré de l'apocalypse.
Ils en ont tous été les oracles et les esclaves.
Les billets de Cuné, Dominique, Emmanuelle, Papillon
Un étudiant en philosophie dans les années 1980 rate son oral sur une étude d'Heisenberg qu'il n'a pas pris le temps d'étudier. Par le biais de ce jeune homme un brin impertinent mais fasciné par Heisenberg, Jérôme Ferrari revient sur la vie du physicien allemand qui a élaboré le principe d'incertitude.
Si Werner Heisenberg est l'un des pères de la physique quantique, Einstein a rejeté le résultat de ses travaux au départ. Passionné comme bon nombre de ses collèges scientifiques, il continue et obtient le prix Nobel de physique à 32 ans.
1933 : Werner Heisenberg va-t-il quitter l'Allemagne comme d'autres de ses collègues ou rester ? L'attachement à son pays tranchera la question. Ce sont les années où la guerre atomique est dans l'esprit des dirigeants du monde. Heisenberg travaille sur un réacteur nucléaire capable de produire de l'énergie. Quelles sont les questions qui peuvent le préoccuper? "C'est inextricable. Toutes les histoires sont nécessairement cohérentes; les motivation les plus diverses, les plus incompatibles vous aurait conduit à adopter un comportement rigoureusement identique et à prendre exactement la même décision, et de toutes cette histoires cohérentes dans lesquelles vous vous parez tour à tour des visages de l'irresponsabilité, du renoncement, de l'intégrité, de la complaisance et de l'infamie, personne ne peut deviner laquelle est vraie".
La suite on la connaît trop bien : la bombe atomique créée par d'autre scientifiques et son utilisation. Plus tard, les mathématiques serviront à produire des algorithmes capables de jongler avec les prévisions financières. Et d'une certaine façon, l'histoire se répète quand la crise de 2008 éclate.
Sur un sujet qui aurait pu rebuter, on prend un véritable plaisir à lire ces pages où il question d'électrons et de vitesse. Et ces hommes de science la tête dans les chiffres et les équations ont pourtant la naïveté des enfants face à d'autres questions. La beauté et la poésie sont omniprésentes dans ce livre qui interroge subtilement sur la responsabilité du scientifique.
Servi par une prose éclatante et magnifique, il s'agit d'un roman intelligent, envoûtant. C'est beau, très beau !
Ils voulaient comprendre, regarder un instant par-dessus l'épaule de Dieu.
La beauté de leur projet leur semblait la plus haute qu'on pût concevoir.
Ils étaient arrivés là où le langage a ses limites, ils avaient explorer un domaine si radicalement étrange qu'on ne peut l'évoquer que par métaphores ou dans l'abstraction d'une parole mathématique qui n'est au fond, elle aussi, qu'une métaphore.
Ils devaient sans cesse réinventer ce que signifie "comprendre".
Les connaissances qu'ils vénéraient ont servi à mette au point une arme si puissante qu'elle n'est plus une arme, mais une figure sacré de l'apocalypse.
Ils en ont tous été les oracles et les esclaves.
Les billets de Cuné, Dominique, Emmanuelle, Papillon
lundi 16 mars 2015
Tina Seskis - Partir
Éditeur : Le Cherche Midi - Traduit de l'anglais par Florianne Vidal - Date de parution : Mars 2015 - 405 pages et un avis mitigé...
Emily est partie de Manchester pour s'installer Londres. Elle a laissé derrière elle son mari aimant, son petit garçon, sa belle maison et sa vie aisée. Désormais, elle se fait appeler Cat et a tire un trait sur son existence d'avant. Qu'est-ce qui a bien pu la pousser à s'enfuir de chez elle?
Nul doute que Tina Seskis sait créer des ambiances et induire de nombreuses questions chez le lecteur. En alternant le présent mais surtout le passé ancien et plus proche d'Emily, on découvre que sa mère ne voulait qu'un enfant. La sœur jumelle d'Emily, Caroline, a souffert du manque d'amour d'amour maternel et s'est toujours sentie rejetée. Tant Emily était parfaite aux yeux de ses parents, tant Caroline semblait être le méchant petit canard. En grandissant, Caroline n'a fait qu'accentuer les différences entre elles deux. Méchante, jalouse et prête à faire du mal aux siens.
A Londres, Emily un peu perdue au départ et souvent pleine de remords vis-à vis de son mari et son enfant se montre prête à relever de nombreux défis.
Ce livre étant estampillé thriller, je m'attendais à de l'adrénaline et surtout à un dénouement qui allait me stupéfier (ce qui ne s'est pas produit). S'il est intelligemment construit car l'auteure sait semer des doutes, je n'ai pas tourné les pages avec frénésie. Il s'agit à mon sens plus d'un roman dont la fin verse un peu de trop dans le happy end (mais je ne peux pas en dire plus).
Aussi pour toutes ces raisons, je suis mitigée...
Le billet de Keisha qui a aimé.
Emily est partie de Manchester pour s'installer Londres. Elle a laissé derrière elle son mari aimant, son petit garçon, sa belle maison et sa vie aisée. Désormais, elle se fait appeler Cat et a tire un trait sur son existence d'avant. Qu'est-ce qui a bien pu la pousser à s'enfuir de chez elle?
Nul doute que Tina Seskis sait créer des ambiances et induire de nombreuses questions chez le lecteur. En alternant le présent mais surtout le passé ancien et plus proche d'Emily, on découvre que sa mère ne voulait qu'un enfant. La sœur jumelle d'Emily, Caroline, a souffert du manque d'amour d'amour maternel et s'est toujours sentie rejetée. Tant Emily était parfaite aux yeux de ses parents, tant Caroline semblait être le méchant petit canard. En grandissant, Caroline n'a fait qu'accentuer les différences entre elles deux. Méchante, jalouse et prête à faire du mal aux siens.
A Londres, Emily un peu perdue au départ et souvent pleine de remords vis-à vis de son mari et son enfant se montre prête à relever de nombreux défis.
Ce livre étant estampillé thriller, je m'attendais à de l'adrénaline et surtout à un dénouement qui allait me stupéfier (ce qui ne s'est pas produit). S'il est intelligemment construit car l'auteure sait semer des doutes, je n'ai pas tourné les pages avec frénésie. Il s'agit à mon sens plus d'un roman dont la fin verse un peu de trop dans le happy end (mais je ne peux pas en dire plus).
Aussi pour toutes ces raisons, je suis mitigée...
Le billet de Keisha qui a aimé.
samedi 14 mars 2015
Colette Mazabrard - Monologues de la boue
Éditeur : Verdier - Date de parution : Janvier 2015 - 88 pages à savourer ...
De Boulogne-sur-Mer à la Belgique, du nord de la France au Jura puis des Ardennes à la Suisse, la narratrice marche. Les pas dans les forêts ou dans les bois, les nuits sous sa tente "Toi tu pars, toi tu pars dormir dans les bois; tu ne sais pas où tu dormiras. Tu seras laissée aux lisières des chemins. Lisières aux moustiques. Aux insectes qui crissent. A l'empire des nocturnes à l'empire des insectes . Laissée à l'humidité qui s'installe et te rend frileuse, fragile. Laissée à la tente qu'il faut, calmement, de façon méthodique, installer", des villages traversés et des personnes rencontrées. Autant de vignettes, de portraits, d'observations qu'elle nous livre.
Elle recherche la nature, les animaux et quand elle s'éloigne sur des routes, elle ne tarde jamais à rejoindre là où elle se sent le mieux. Une cartographie portée par ses pas qui la ramènent toujours au plus proche de la nature comme pour s'y fondre. Le bruit des animaux qui deviennent visibles et sa présence acceptée. Il y a la solitude, le chagrin qu'elle porte. Et la fatigue pour tenter de les oublier. Des villages presque déserts, les monuments aux morts ou les plaques qui jalonnent son parcours et leurs chapelets de noms. Des regards méprisants ou des âmes pleines de gentillesses pour lui remplir sa gourde d'eau, rencontres fortuites et hasardeuses. Ceux qui se confient, parlent du travail qui manque. Les bribes de conversations entendues dans des cafés quand elle s'arrête savourer un café. Des paroles qui font mal aux blagues douteuses. Et il y a ces autres lieux qui rappellent un auteur, un écrivain. A plusieurs reprises, la narratrice évoque à juste titre Thoreau.
Marcher pour s'oublier, pour avoir une page blanche devant soi. Il faut lire ce texte lentement pour s'imprégner de cette écriture qui mêle poésie et réflexions. La simplicité accompagne ce texte d'une beauté naturelle. Colette Mazabrard nous transmet une forme d'humilité et on ne peut que la remercier...
Tu marches. Ton regard tire sur l'horizon, la route. Le goudron est dur sous les semelles. Sur le paysage, ton esprit constamment déploie une carte qu'il cherche à faire coïncider avec les replis, les forêts. Des enfants ronds rose clair te disent bonjour. La prose dérisoire des devises des bataillons britanniques gravées sur les tombes.
Heure entre chien et loup, l'heure où on pèse sa vie, l'évalue. Heure donnée aux chemins, aux cailloux, au heurt des souliers. Qu'est ce qui justifie sa vie, qu'est-ce qui lui donne une forme plus sensée qu'une autre, qu'est-ce qui fait qu'on ne la gaspille pas? Qu'as-tu donné?
De Boulogne-sur-Mer à la Belgique, du nord de la France au Jura puis des Ardennes à la Suisse, la narratrice marche. Les pas dans les forêts ou dans les bois, les nuits sous sa tente "Toi tu pars, toi tu pars dormir dans les bois; tu ne sais pas où tu dormiras. Tu seras laissée aux lisières des chemins. Lisières aux moustiques. Aux insectes qui crissent. A l'empire des nocturnes à l'empire des insectes . Laissée à l'humidité qui s'installe et te rend frileuse, fragile. Laissée à la tente qu'il faut, calmement, de façon méthodique, installer", des villages traversés et des personnes rencontrées. Autant de vignettes, de portraits, d'observations qu'elle nous livre.
Elle recherche la nature, les animaux et quand elle s'éloigne sur des routes, elle ne tarde jamais à rejoindre là où elle se sent le mieux. Une cartographie portée par ses pas qui la ramènent toujours au plus proche de la nature comme pour s'y fondre. Le bruit des animaux qui deviennent visibles et sa présence acceptée. Il y a la solitude, le chagrin qu'elle porte. Et la fatigue pour tenter de les oublier. Des villages presque déserts, les monuments aux morts ou les plaques qui jalonnent son parcours et leurs chapelets de noms. Des regards méprisants ou des âmes pleines de gentillesses pour lui remplir sa gourde d'eau, rencontres fortuites et hasardeuses. Ceux qui se confient, parlent du travail qui manque. Les bribes de conversations entendues dans des cafés quand elle s'arrête savourer un café. Des paroles qui font mal aux blagues douteuses. Et il y a ces autres lieux qui rappellent un auteur, un écrivain. A plusieurs reprises, la narratrice évoque à juste titre Thoreau.
Marcher pour s'oublier, pour avoir une page blanche devant soi. Il faut lire ce texte lentement pour s'imprégner de cette écriture qui mêle poésie et réflexions. La simplicité accompagne ce texte d'une beauté naturelle. Colette Mazabrard nous transmet une forme d'humilité et on ne peut que la remercier...
Tu marches. Ton regard tire sur l'horizon, la route. Le goudron est dur sous les semelles. Sur le paysage, ton esprit constamment déploie une carte qu'il cherche à faire coïncider avec les replis, les forêts. Des enfants ronds rose clair te disent bonjour. La prose dérisoire des devises des bataillons britanniques gravées sur les tombes.
Heure entre chien et loup, l'heure où on pèse sa vie, l'évalue. Heure donnée aux chemins, aux cailloux, au heurt des souliers. Qu'est ce qui justifie sa vie, qu'est-ce qui lui donne une forme plus sensée qu'une autre, qu'est-ce qui fait qu'on ne la gaspille pas? Qu'as-tu donné?
vendredi 13 mars 2015
Hélène Lenoir -Tilleul
Editeur : Grasset - Date de parution : Mars 2015 - 190 pages à découvrir !
Sophie aura cédé. Au décès de leur mère, elle et son frère Gilles Harper héritent de la propriété familiale. Elle veut vendre, lui non. Pourtant Sophie a une fille et a arrêté ses études pour un job alimentaire. Mais Gilles imagine un lieu pour lui, pour sa sœur et sa nièce Carole. Depuis cinq ans, Sophie a aménagé avec son frère, Carole âgée de dix-sept ans a décidé il y a quelques mois de partir à l'internat. Sophie et Gilles ont vendu une partie du terrain à un couple avec enfants. Radin, un peu "simplet", manipulateur, possessif et plongé dans ses souvenirs, Gilles fait peur à sa sœur.
Sophie presque quarantenaire entame une liaison avec le paysagiste qui a conçu le jardin tout autour d'un tilleul devenu encombrant aujourd'hui pour les voisins. Un tilleul qui fait partie du paysage depuis l'enfance de Sophie. Gilles sent que sa sœur lui échappe lentement comme si elle était sa propriété. Elle étouffe, épiée par ce frère qui ne cesse de réclamer le retour de Carole.
Hélène Lenoir nous plonge dans les pensées de chacun des personnages. Un huis clos où Sophie est partagée par une peur grandissante et l'affection qu'elle porte à son frère. Elle le connaît trop bien, lui et ses promesses non tenues, elle ne doit plus tomber dans ses comédies pour être la plus forte et partir. Construire une nouvelle vie avec sa fille. Et Gilles qui demande en boucle quand Carole revient pour un week-end, c'est soupçonneux avec son lot de questions inconcevables. Aurait-il un jour osé ?
Un roman où l'ambiance oscille entre le feutré, la paranoïa de Gilles et l'envie de vivre de Sophie. L'écriture d'Hélène Lenoir chuchote les pensées et l'auteure met à nu ses personnages avec une tension qui s'installe.
Plus que l'histoire, cette écriture inconnue jusqu'à présent m'a conquise. Par sa beauté simple en apparence qui semble aérienne et tend les fils de l'amour familial qui sous la pression peuvent se rompre... Une auteure à suivre !
Il se redressa, les yeux écarquillés, comm s'il venait de recevoir une tape dans le dos : Oh!...Une évidence. Une certitude. Conspiration, le summum, bredouillait-il en cherchant son souffles, le comble, le, en famille, c'est ... révoltant, honteux, ça dépasse, là, vraiment... le pompon ! Et je comprends tout, maintenant ! Mais vous ne perdez rien pour atteindre, mes petits salopes, je vous garantis que le bon Gilou dont vous piétinez à qui mieux, mieux, les rires méchants et les crachats, moi qui vous ai tout donné en vous sauvant du caniveau, gâtées-pourries, parce que la famille pour moi et maman, combien de fois elle me l'a fait jurer, ta sœur et la petite mon Gilles, promets-moi, la petite surtout, parole d'homme, d'homme d'honneur, maman m'a dit ça : tu es un homme...
jeudi 12 mars 2015
Fred Vargas - Temps glaciaires
Éditeur : Flammarion - Date de parution : Mars 2015 - 489 pages dévorées !
De Fred Vargas, je n'avais lu que L'homme aux cercles bleus qui avait été une petite déception. Mais, il y a des tentatrices sur la blogo, une libraire férue de policiers et de thrillers chez Dialogues et me voilà embarquée dans ce polar.
Tout commence par le suicide d'une vieille dame Alice Gauthier à Paris. Suicide, c'est bien vite dit car une lettre où elle révèle un poids qui lui pesait sur la conscience a été postée. Et le père du destinataire de la lettre se donne la mort également. A côté des deux corps, un dessin bien étrange suscite la curiosité du commissaire Adamsberg et de son équipe. Dix ans plus tôt, un voyage en Islande tourna au cauchemar pour un groupe de français. Bloqués par la brume sur une île pendant quinze jours, deux d'entre eux moururent de froid. Or étrangement Alice Gauthier et monsieur Masfauré faisaient partie du groupe. Mais se greffe à cette piste une association spécialisée dans les écrits de Robespierre qui se réunissent pour revivre l'Histoire.
Ajoutez-y un sanglier protecteur, un Robespierre plus vrai que nature, des rebondissements, un brin de malice et d'humour, de l'originalité, des dialogues réjouissants, une écriture qui accroche à la rétine et impossible de lâcher ce livre !
Fred Vargas nous promène de l'Islande à la période révolutionnaire sans jamais perdre son lecteur. On revient sur les hypothèses, on pense y voir plus clair et pouvoir démêler avant le commissaire la pelote méchamment emmêlée. Mais les intrigues sont savamment orchestrées.
Entièrement conquise, j'en redemande. Un polar hypnotique sans temps mort, des personnages humains et souvent très attachants, j'en redemande ! Du pur plaisir !
-Quand bien même, dit Mordent. C'est le terreau de la vie, la banalité. Rarement, une perle, un grain de sable, une particule luisante tombe sur notre épaule. Et dans cet océan de vagues ordinaires, le pouvoir est le vice banal le plus à son aise chez l'homme.
Les billets de Brize, Cathulu, Delphine, Sandrine
De Fred Vargas, je n'avais lu que L'homme aux cercles bleus qui avait été une petite déception. Mais, il y a des tentatrices sur la blogo, une libraire férue de policiers et de thrillers chez Dialogues et me voilà embarquée dans ce polar.
Tout commence par le suicide d'une vieille dame Alice Gauthier à Paris. Suicide, c'est bien vite dit car une lettre où elle révèle un poids qui lui pesait sur la conscience a été postée. Et le père du destinataire de la lettre se donne la mort également. A côté des deux corps, un dessin bien étrange suscite la curiosité du commissaire Adamsberg et de son équipe. Dix ans plus tôt, un voyage en Islande tourna au cauchemar pour un groupe de français. Bloqués par la brume sur une île pendant quinze jours, deux d'entre eux moururent de froid. Or étrangement Alice Gauthier et monsieur Masfauré faisaient partie du groupe. Mais se greffe à cette piste une association spécialisée dans les écrits de Robespierre qui se réunissent pour revivre l'Histoire.
Ajoutez-y un sanglier protecteur, un Robespierre plus vrai que nature, des rebondissements, un brin de malice et d'humour, de l'originalité, des dialogues réjouissants, une écriture qui accroche à la rétine et impossible de lâcher ce livre !
Fred Vargas nous promène de l'Islande à la période révolutionnaire sans jamais perdre son lecteur. On revient sur les hypothèses, on pense y voir plus clair et pouvoir démêler avant le commissaire la pelote méchamment emmêlée. Mais les intrigues sont savamment orchestrées.
Entièrement conquise, j'en redemande. Un polar hypnotique sans temps mort, des personnages humains et souvent très attachants, j'en redemande ! Du pur plaisir !
-Quand bien même, dit Mordent. C'est le terreau de la vie, la banalité. Rarement, une perle, un grain de sable, une particule luisante tombe sur notre épaule. Et dans cet océan de vagues ordinaires, le pouvoir est le vice banal le plus à son aise chez l'homme.
Les billets de Brize, Cathulu, Delphine, Sandrine
mardi 10 mars 2015
Guillaume Guéraud - Plus de morts que de vivants
Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : Mars 2015 - 252 pages lues d'une traite !
Rien ne laissait présager que ce dernier vendredi avant les vacances de février allait devenir une journée effroyable au collège Rosa Parks à Marseille. Bien sûr, les virus de saison avaient fait des malades mais rien de grave ou d'alarmant. Sauf que trois élèves en début de matinée qui présentaient des symptômes comme un saignement de nez meurent dans des conditions atroces.
Et tout se déroule très vite. Guillaume Guéraud excelle à se mettre dans la peau de ces adolescents d'abord incrédules puis paniqués. Car la situation ne va pas en s'améliorant. Les élèves tombent comme des mouches. A midi, on compte trois cents morts parmi les élèves, le personnel du collège, les pompiers et les équipes médicales dépêchées sur place . Et on est plongé dans une abomination de morts et d'agonies horribles. Médecins et pompiers s'affairent. Un périmètre de sécurité est établi autour du collège et interdiction de sortir pour qui que ce soit. Le collège est placé en quarantaine, les parents totalement affolés veulent des informations alors qu'une équipe médicale découvre qu'il s'agit d'un virus inconnu. Outre ce qui se passe au collège, le récit est émaillé par les flashs infos, par les conversations téléphoniques du directeur, des médecins. Ainsi que les ordres du préfet et deux visions de la situation s'entrechoquent.
Guillaume Guéraud nous dépeint avec psychologie qui se passe dans le tête de ces adolescents. Emmurés dans une terreur paralysante ou espérant trouver une solution pour s'en sortir. Sauf que quelques collégiens ont décidé de s'enfuir. Je n'en dis pas plus !
Ames sensibles s'abstenir car cette hécatombe est décrite avec beaucoup de détails. Ca clashe, ça remue, la tension palpable va en crescendo tout au long du roman. Et cerise sur le gâteau, la fin laisse planer un suspense qui fait froid dans le dos...
Un roman lu d'une traite car j'étais ferrée !
Par contre, je pense que ce livre conviendrait à un public plus âgé que 14 ans.
Même les grandes gueules s'effondraient sans un bruit. Grandes ouvertes sur le silence. Telles de simples masques de carnaval. Grimaçants et muets.
Le billet de Moka
Lu de cet auteur : Anka- Baignade surveillée
Rien ne laissait présager que ce dernier vendredi avant les vacances de février allait devenir une journée effroyable au collège Rosa Parks à Marseille. Bien sûr, les virus de saison avaient fait des malades mais rien de grave ou d'alarmant. Sauf que trois élèves en début de matinée qui présentaient des symptômes comme un saignement de nez meurent dans des conditions atroces.
Et tout se déroule très vite. Guillaume Guéraud excelle à se mettre dans la peau de ces adolescents d'abord incrédules puis paniqués. Car la situation ne va pas en s'améliorant. Les élèves tombent comme des mouches. A midi, on compte trois cents morts parmi les élèves, le personnel du collège, les pompiers et les équipes médicales dépêchées sur place . Et on est plongé dans une abomination de morts et d'agonies horribles. Médecins et pompiers s'affairent. Un périmètre de sécurité est établi autour du collège et interdiction de sortir pour qui que ce soit. Le collège est placé en quarantaine, les parents totalement affolés veulent des informations alors qu'une équipe médicale découvre qu'il s'agit d'un virus inconnu. Outre ce qui se passe au collège, le récit est émaillé par les flashs infos, par les conversations téléphoniques du directeur, des médecins. Ainsi que les ordres du préfet et deux visions de la situation s'entrechoquent.
Guillaume Guéraud nous dépeint avec psychologie qui se passe dans le tête de ces adolescents. Emmurés dans une terreur paralysante ou espérant trouver une solution pour s'en sortir. Sauf que quelques collégiens ont décidé de s'enfuir. Je n'en dis pas plus !
Ames sensibles s'abstenir car cette hécatombe est décrite avec beaucoup de détails. Ca clashe, ça remue, la tension palpable va en crescendo tout au long du roman. Et cerise sur le gâteau, la fin laisse planer un suspense qui fait froid dans le dos...
Un roman lu d'une traite car j'étais ferrée !
Par contre, je pense que ce livre conviendrait à un public plus âgé que 14 ans.
Même les grandes gueules s'effondraient sans un bruit. Grandes ouvertes sur le silence. Telles de simples masques de carnaval. Grimaçants et muets.
Le billet de Moka
Lu de cet auteur : Anka- Baignade surveillée
lundi 9 mars 2015
Claire Fercak - Histoires naturelles de l'oubli
Éditeur : Éditions Gallimard - Date de parution : Janvier 2015 - 186 pages troublantes !
Odradek a subi un traumatisme et souffre d'amnésie. Il redécouvre sa vie d'avant et son travail de soigneur dans un zoo. Ayant repris à mi-temps thérapeutique, ses collègues le trouvent changé. Il se passionne désormais pour les corsacs des petits renards de Mongolie. Il va à la bibliothèque lire et apprendre davantage sur eux. Mais Odradek a la certitude qu'avant son accident il était un de ces animaux. Suzanne, bibliothécaire l'observe, le trouve étrange. Son mari s'est suicidé et la fille de celui-ci veut revenir habiter chez eux comme avant. Mais Suzanne refuse.
Alternant le récit de Suzanne et d'Odradek, les deux existences se dessinent. Odradek n'accepte pas sa condition d'homme, il veut devenir un corasc et retrouver l'état animal. Suzanne tombe amoureuse de lui alors qu'ils ne se croisent qu'à la bibliothèque. Elle aussi rêve d'une autre vie et au fil des pages, sa propre amnésie est dévoilée. Dure et inimaginable. Tous deux ensemble vont s'oublier à la folie, s'évader dans un autre monde pour fuir le réel. Quand ils sont internés, Claire Fercak inverse les rôles animaux/humains avec les pensées d'Odradek. L'amour inconditionnel de Suzanne est beau, d'une pureté étrange. Ca perturbe, ça déstabilise et ça interpelle sur toute la ligne. Avec une fin ouverte comme une fable où l'on ne sait plus si l'on est dans la réalité ou dans l'imaginaire...
L'écriture de Claire Fercak est vive et précise. Elle sait appuyer là où il faut avec intelligence pour ébranler son lecteur. Vous l'aurez compris, ce livre sort des sentiers battus. Réflexion sur la normalité, sur la dépersonnalisation, sur la fuite la plus extrême, il s'agit d'une lecture très troublante mais une découverte que je ne regrette pas. Une auteure à suivre !
La mémoire est une faculté qui oublie.
Odradek a subi un traumatisme et souffre d'amnésie. Il redécouvre sa vie d'avant et son travail de soigneur dans un zoo. Ayant repris à mi-temps thérapeutique, ses collègues le trouvent changé. Il se passionne désormais pour les corsacs des petits renards de Mongolie. Il va à la bibliothèque lire et apprendre davantage sur eux. Mais Odradek a la certitude qu'avant son accident il était un de ces animaux. Suzanne, bibliothécaire l'observe, le trouve étrange. Son mari s'est suicidé et la fille de celui-ci veut revenir habiter chez eux comme avant. Mais Suzanne refuse.
Alternant le récit de Suzanne et d'Odradek, les deux existences se dessinent. Odradek n'accepte pas sa condition d'homme, il veut devenir un corasc et retrouver l'état animal. Suzanne tombe amoureuse de lui alors qu'ils ne se croisent qu'à la bibliothèque. Elle aussi rêve d'une autre vie et au fil des pages, sa propre amnésie est dévoilée. Dure et inimaginable. Tous deux ensemble vont s'oublier à la folie, s'évader dans un autre monde pour fuir le réel. Quand ils sont internés, Claire Fercak inverse les rôles animaux/humains avec les pensées d'Odradek. L'amour inconditionnel de Suzanne est beau, d'une pureté étrange. Ca perturbe, ça déstabilise et ça interpelle sur toute la ligne. Avec une fin ouverte comme une fable où l'on ne sait plus si l'on est dans la réalité ou dans l'imaginaire...
L'écriture de Claire Fercak est vive et précise. Elle sait appuyer là où il faut avec intelligence pour ébranler son lecteur. Vous l'aurez compris, ce livre sort des sentiers battus. Réflexion sur la normalité, sur la dépersonnalisation, sur la fuite la plus extrême, il s'agit d'une lecture très troublante mais une découverte que je ne regrette pas. Une auteure à suivre !
La mémoire est une faculté qui oublie.
samedi 7 mars 2015
Holly Goddard Jones - Kentucky Song
Éditeur : Albin Michel- Traduit de l'américain par Hélène Fournier - Date de parution : Février 2015 - 478 pages de plaisir !
A Mora dans le Kentucky, une jeune femme disparaît. Sa soeur Susanna professeur au collège est la première à s'en inquiéter. Car il faut dire que Ronnie a la réputation d'être une fêtarde, une ancienne droguée qui aime l'alcool. Susanna prend la décision de contacter la police contre l'avis de son mari qui n'a jamais aimé sa soeur.
Au fil des chapitres, on découvre une galerie de personnages qui sont tous reliés de près ou de loin à la disparition de Ronnie. Wyatt un ouvrier englué dans sa solitude à qui ses collègues plus jeunes jouent de sales tours et le surnomment bouboule sans qu'il ne se fâche. Emily une adolescente réservée surprotégée pas ses parents qui a du mal à s'intégrer au monde réel. Christopher un autre adolescent d'une classe sociale privilégiée ou encore Tony le policier noir qui était voué à une carrière de sportif.
Ce n'est pas le dénouement de l'intrigue qui importe dans ce roman, c'est comment la disparition de Ronnie va révéler des failles ou des faces insoupçonnées chez les personnages. Car si les habitants de Roma semblent avoir enterré leurs rêves, Ronnie était une femme libre contrairement à eux. Et l'auteure excelle à nous décrire ces vies à l'apparence banale, à creuser la personnalité de chacun. Sans excès mais avec une justesse incroyable.
Un grand plaisir de lecture sur lequel je n'en dis pas trop pour que, vous aussi, vous soyez pris dans les filets d'Holly Goddard Jones ! A noter le travail de traduction qui sait rendre à merveille l'ambiance de ce roman.
Le billet de Cathulu
Lu de cette auteure : Une fille bien
A Mora dans le Kentucky, une jeune femme disparaît. Sa soeur Susanna professeur au collège est la première à s'en inquiéter. Car il faut dire que Ronnie a la réputation d'être une fêtarde, une ancienne droguée qui aime l'alcool. Susanna prend la décision de contacter la police contre l'avis de son mari qui n'a jamais aimé sa soeur.
Au fil des chapitres, on découvre une galerie de personnages qui sont tous reliés de près ou de loin à la disparition de Ronnie. Wyatt un ouvrier englué dans sa solitude à qui ses collègues plus jeunes jouent de sales tours et le surnomment bouboule sans qu'il ne se fâche. Emily une adolescente réservée surprotégée pas ses parents qui a du mal à s'intégrer au monde réel. Christopher un autre adolescent d'une classe sociale privilégiée ou encore Tony le policier noir qui était voué à une carrière de sportif.
Ce n'est pas le dénouement de l'intrigue qui importe dans ce roman, c'est comment la disparition de Ronnie va révéler des failles ou des faces insoupçonnées chez les personnages. Car si les habitants de Roma semblent avoir enterré leurs rêves, Ronnie était une femme libre contrairement à eux. Et l'auteure excelle à nous décrire ces vies à l'apparence banale, à creuser la personnalité de chacun. Sans excès mais avec une justesse incroyable.
Un grand plaisir de lecture sur lequel je n'en dis pas trop pour que, vous aussi, vous soyez pris dans les filets d'Holly Goddard Jones ! A noter le travail de traduction qui sait rendre à merveille l'ambiance de ce roman.
Le billet de Cathulu
Lu de cette auteure : Une fille bien
jeudi 5 mars 2015
Fabienne Juhel - La chaise numéro 14
Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : Mars 2015 - 280 belles et fortes pages!
Fin de la Seconde guerre mondiale, dans un village près de Saint-Brieuc en Bretagne quatre jeunes gens débarquent dans une Jeep en fin de matinée. Au nom de la lâcheté et de la passivité, ces maquisards de la région appelés les nettoyeurs veulent rendre justice à leur façon. Antoine le chef réclame un coiffeur. A cet appel, les passants avides de spectacle s'arrêtent car ils sentent qu'il va se passer quelque chose. Deux G.I. noirs qui voulaient aller déjeuner stoppent leur chemin également. Maria Salaün à la chevelure rousse flamboyante, fille unique de l'aubergiste, sait qu'ils sont là pour elle.
Pieds nus et vêtue de la robe de fiançailles de sa mère, elle se présente à eux. Sans larmes, sans cris. Assise sur une chaise de bistrot dans la cour de l'auberge de son père, elle est tondue. Droite et digne, elle est punie d'avoir aimé un capitaine allemand. Personne n'a bougé ou n'est intervenu alors qu'elle est humiliée publiquement.
Maria a décidé de se venger. Montrer à tous que la honte n'était pas que de son côté. Que la honte n'était pas son souci, mais qu'elle deviendrait le leur, après. Six noms pour sa vengeance sans violence et sans sang. Alors que "la guerre pouvait transformer n'importe quel homme en assassin", Maria veut que chacune des six personnes comprenne sa faute pour regagner sa dignité.
Et il n'y aura pas que ceux qui ont assisté à sa tonte. Celles dont l'ignorance associaient la couleur des cheveux de Maria au malheur à certaines administrations qui ont aidé le régime nazi, du coiffeur qui a obéi sans broncher à Antoine son ami d'enfance, ces personnes animées par la crainte, la lâcheté ou la jalousie se retrouvent face à cette jeune femme libre, lumineuse et déterminée.
D'autres femmes tondues pour d'autres raisons sont présentes dans ce récit. Un roman qui rend hommage à ces femmes mais aussi une réflexion sur ce que la guerre sème et engendre, sur la différence et sur la notion de justice...
L'écriture de Fabienne Juhel est toujours aussi rayonnante, poétique avec des symboles profondément liés à la nature. Encore une belle lecture forte !
Mais s'ajoutait à la sensation de froid, plus fort que tout, la marque d'une brûlure : quelqu'un, Firmin, le frère d'Antoine, avait tracé une croix gammée sur son crâne.
Une croix gammée !
Le pire qu'elle est qu'elle eut à endurer même si personne n'avait ri devant le résultat. Personne n'avait craché non plus.
Une croix gammée alors qu'elle était innocente de tout le sang versé ! Qu'elle avait en abomination la guerre, la haine et le fanatisme ! Quel rapport y avait-il entre donner de l'amour, en recevoir et ça ? Aucun. Aucune correspondance. Aucune passerelle possible. L'amour n'était pas la guerre.
Lu de cette auteure (chouchou) : A l'angle du renard, Julius aux alouettes, Les bois dormants, Les hommes sirènes, Les oubliés de la lande
Fin de la Seconde guerre mondiale, dans un village près de Saint-Brieuc en Bretagne quatre jeunes gens débarquent dans une Jeep en fin de matinée. Au nom de la lâcheté et de la passivité, ces maquisards de la région appelés les nettoyeurs veulent rendre justice à leur façon. Antoine le chef réclame un coiffeur. A cet appel, les passants avides de spectacle s'arrêtent car ils sentent qu'il va se passer quelque chose. Deux G.I. noirs qui voulaient aller déjeuner stoppent leur chemin également. Maria Salaün à la chevelure rousse flamboyante, fille unique de l'aubergiste, sait qu'ils sont là pour elle.
Pieds nus et vêtue de la robe de fiançailles de sa mère, elle se présente à eux. Sans larmes, sans cris. Assise sur une chaise de bistrot dans la cour de l'auberge de son père, elle est tondue. Droite et digne, elle est punie d'avoir aimé un capitaine allemand. Personne n'a bougé ou n'est intervenu alors qu'elle est humiliée publiquement.
Maria a décidé de se venger. Montrer à tous que la honte n'était pas que de son côté. Que la honte n'était pas son souci, mais qu'elle deviendrait le leur, après. Six noms pour sa vengeance sans violence et sans sang. Alors que "la guerre pouvait transformer n'importe quel homme en assassin", Maria veut que chacune des six personnes comprenne sa faute pour regagner sa dignité.
Et il n'y aura pas que ceux qui ont assisté à sa tonte. Celles dont l'ignorance associaient la couleur des cheveux de Maria au malheur à certaines administrations qui ont aidé le régime nazi, du coiffeur qui a obéi sans broncher à Antoine son ami d'enfance, ces personnes animées par la crainte, la lâcheté ou la jalousie se retrouvent face à cette jeune femme libre, lumineuse et déterminée.
D'autres femmes tondues pour d'autres raisons sont présentes dans ce récit. Un roman qui rend hommage à ces femmes mais aussi une réflexion sur ce que la guerre sème et engendre, sur la différence et sur la notion de justice...
L'écriture de Fabienne Juhel est toujours aussi rayonnante, poétique avec des symboles profondément liés à la nature. Encore une belle lecture forte !
Mais s'ajoutait à la sensation de froid, plus fort que tout, la marque d'une brûlure : quelqu'un, Firmin, le frère d'Antoine, avait tracé une croix gammée sur son crâne.
Une croix gammée !
Le pire qu'elle est qu'elle eut à endurer même si personne n'avait ri devant le résultat. Personne n'avait craché non plus.
Une croix gammée alors qu'elle était innocente de tout le sang versé ! Qu'elle avait en abomination la guerre, la haine et le fanatisme ! Quel rapport y avait-il entre donner de l'amour, en recevoir et ça ? Aucun. Aucune correspondance. Aucune passerelle possible. L'amour n'était pas la guerre.
Lu de cette auteure (chouchou) : A l'angle du renard, Julius aux alouettes, Les bois dormants, Les hommes sirènes, Les oubliés de la lande
mercredi 4 mars 2015
Pascal Dessaint - Le chemin s'arrêtera là
Éditeur : Rivages - Date de parution : Février 2015 - 222 pages lues en apnée totale !
Dans le Nord de la France sur un littoral flanqué d'un bassin minéralier, d'une centrale nucléaire, d'anciens blockhaus et d'usines qui ont fermé, des personnages habitent dans ce paysage désolant. La mer et l'air sont polluées dans ce coin mais les personnages s'y accrochent. Ils n'ont rien connu d'autre, ont perdu leur emploi pour la plupart ou sont ouvriers et semblent subir les journées. Certains d'entre eux portent en eux des faits inavouables, se trouvent des excuses comme pour s'en dédouaner mais aussi des espoirs. Ces laissés pour compte se débrouillent, se croisent, connaissent les habitudes des uns et des autres.
En donnant la parole à chacun des personnages accidentés par la vie, les histoires mais surtout les vies de chacun et la passé nous sont révélés. Mais l'auteur ne s'arrête pas une situation globale à un moment donné, il les lie par plusieurs actes. Des faits exécutés quand on n'a plus rien à perdre mais aussi des élans de solidarité ou des envies de changer le futur.
Avec une écriture franche, sans fioritures qui colle aux personnages et rend à merveille l'ambiance et ce paysage où même la nature semble sordide, Pascal Dessaint nous entraîne dans ce roman/polar social noir. Ca secoue, ça fait mal, ça prend aux tripes, ça serre la gorge... Il nous dépeint une réalité que l'on oublie trop souvent, le quotidien et les préoccupations de certaines personnes mais aussi une vraie humanité pour certaines. Et le tout sans aucun pathos.
Un livre saisissant lu en apnée totale !
Louis ne s'est pas gêné. "Bah! j'y ai fait, tant qu'à vivre dans la laideur, autant que ça soit propre...".
Le billet de Cathulu
Lu de cet auteur : Les derniers jours d'un homme
Dans le Nord de la France sur un littoral flanqué d'un bassin minéralier, d'une centrale nucléaire, d'anciens blockhaus et d'usines qui ont fermé, des personnages habitent dans ce paysage désolant. La mer et l'air sont polluées dans ce coin mais les personnages s'y accrochent. Ils n'ont rien connu d'autre, ont perdu leur emploi pour la plupart ou sont ouvriers et semblent subir les journées. Certains d'entre eux portent en eux des faits inavouables, se trouvent des excuses comme pour s'en dédouaner mais aussi des espoirs. Ces laissés pour compte se débrouillent, se croisent, connaissent les habitudes des uns et des autres.
En donnant la parole à chacun des personnages accidentés par la vie, les histoires mais surtout les vies de chacun et la passé nous sont révélés. Mais l'auteur ne s'arrête pas une situation globale à un moment donné, il les lie par plusieurs actes. Des faits exécutés quand on n'a plus rien à perdre mais aussi des élans de solidarité ou des envies de changer le futur.
Avec une écriture franche, sans fioritures qui colle aux personnages et rend à merveille l'ambiance et ce paysage où même la nature semble sordide, Pascal Dessaint nous entraîne dans ce roman/polar social noir. Ca secoue, ça fait mal, ça prend aux tripes, ça serre la gorge... Il nous dépeint une réalité que l'on oublie trop souvent, le quotidien et les préoccupations de certaines personnes mais aussi une vraie humanité pour certaines. Et le tout sans aucun pathos.
Un livre saisissant lu en apnée totale !
Louis ne s'est pas gêné. "Bah! j'y ai fait, tant qu'à vivre dans la laideur, autant que ça soit propre...".
Le billet de Cathulu
Lu de cet auteur : Les derniers jours d'un homme
lundi 2 mars 2015
Emmanuelle Pagano - Ligne & Fils
Éditeur : P.O.L - Date de parution : Février 2015 - 204 pages et un coup de cœur !
Il fallait tout le talent d'Emmanuelle Pagano pour nous immerger au sein des manufactures qui produisaient les fils de soie ou de coton dans la région de l'Ardèche. Des ouvrières qui dévidaient bobines et déroulaient le fil si précieux dont l'existence était liée à l'eau. Deux rivières la Baume et la Ligne aux cours différents alimentaient la fabrique. La narratrice est issue de cette lignée familiale mais n'a jamais connu cette industrie. L'hôpital l'a appelé car son fils âgé de seize ans a fait un coma éthylique après une fête. Son fils qu'elle voit un week-end sur deux depuis qu'il est enfant. Il vit avec son père et sa belle-mère. Alors qu'il n'était qu'un nourrisson, elle n' a pas su déceler les signes d'une déshydratation sévère. Durant ce temps qui leur est offert , elle remonte les fils et les noeuds des souvenirs de sa famille, revient sur sa vie à contre-courant.
Son arrière-grand-père orphelin épousa la fille du patron. Un mariage sans amour mais de raison et de positions. La narratrice photographie sans connaître le succès ou pouvoir en vivre. Une femme qui se cherche dans ce paysage fait d'eau et de pierres. L'eau n'est pas forcément offensive, elle est enfermée. On la dit véhémente et tempétueuse, main on ne dit jamais la violence des rives, leurs contraintes, l'autorité des canaux, des dérivations, des ponts, des digues, des écluses, des chenaux, des béals. L'eau domestiquée par l'homme qui quelquefois reprend ses droits en sortant de son lit. Elle bruisse, gronde ou chante alors que dans sa famille on s'est toujours exprimé à demi-mots perlés de silences.
Histoire de lignée, histoire familiale, histoire d'une femme devenue mère. Richesse des descriptions techniques passionnantes où la rivière, la région sont le cordon ombilical des personnages.
Roman à la construction parfaitement maitrisée où une fois de plus, la poésie et la finesse d'Emmanuelle Pagano sublime et envoûte ! Un coup de cœur entier !
Je crois que dans cette famille, ma famille, l'amour ne prenait pas les bons chemins, il ne suivait pas le courant. Il ne s'exprimait pas, il ne se disait pas, par fois même il se contredisait.
Le billet d'Antigone
Lu de cette auteure : En cheveux - Les adolescents troglodytes - Nouons-nous - Un renard à mains nues
Il fallait tout le talent d'Emmanuelle Pagano pour nous immerger au sein des manufactures qui produisaient les fils de soie ou de coton dans la région de l'Ardèche. Des ouvrières qui dévidaient bobines et déroulaient le fil si précieux dont l'existence était liée à l'eau. Deux rivières la Baume et la Ligne aux cours différents alimentaient la fabrique. La narratrice est issue de cette lignée familiale mais n'a jamais connu cette industrie. L'hôpital l'a appelé car son fils âgé de seize ans a fait un coma éthylique après une fête. Son fils qu'elle voit un week-end sur deux depuis qu'il est enfant. Il vit avec son père et sa belle-mère. Alors qu'il n'était qu'un nourrisson, elle n' a pas su déceler les signes d'une déshydratation sévère. Durant ce temps qui leur est offert , elle remonte les fils et les noeuds des souvenirs de sa famille, revient sur sa vie à contre-courant.
Son arrière-grand-père orphelin épousa la fille du patron. Un mariage sans amour mais de raison et de positions. La narratrice photographie sans connaître le succès ou pouvoir en vivre. Une femme qui se cherche dans ce paysage fait d'eau et de pierres. L'eau n'est pas forcément offensive, elle est enfermée. On la dit véhémente et tempétueuse, main on ne dit jamais la violence des rives, leurs contraintes, l'autorité des canaux, des dérivations, des ponts, des digues, des écluses, des chenaux, des béals. L'eau domestiquée par l'homme qui quelquefois reprend ses droits en sortant de son lit. Elle bruisse, gronde ou chante alors que dans sa famille on s'est toujours exprimé à demi-mots perlés de silences.
Histoire de lignée, histoire familiale, histoire d'une femme devenue mère. Richesse des descriptions techniques passionnantes où la rivière, la région sont le cordon ombilical des personnages.
Roman à la construction parfaitement maitrisée où une fois de plus, la poésie et la finesse d'Emmanuelle Pagano sublime et envoûte ! Un coup de cœur entier !
Je crois que dans cette famille, ma famille, l'amour ne prenait pas les bons chemins, il ne suivait pas le courant. Il ne s'exprimait pas, il ne se disait pas, par fois même il se contredisait.
Le billet d'Antigone
Lu de cette auteure : En cheveux - Les adolescents troglodytes - Nouons-nous - Un renard à mains nues
Inscription à :
Articles (Atom)