jeudi 5 mars 2015

Fabienne Juhel - La chaise numéro 14

Éditeur : Le Rouergue - Date de parution : Mars 2015 - 280 belles et fortes pages! 

Fin de la Seconde guerre mondiale, dans un village près de Saint-Brieuc en Bretagne quatre jeunes gens débarquent dans une Jeep en fin de matinée. Au nom de la lâcheté et de la passivité, ces maquisards de la région appelés les nettoyeurs veulent rendre justice à leur façon. Antoine le chef réclame un coiffeur. A cet appel, les passants avides de spectacle s'arrêtent car ils sentent qu'il va se passer quelque chose. Deux G.I. noirs qui voulaient aller déjeuner stoppent leur chemin également. Maria Salaün à la chevelure rousse flamboyante, fille unique de l'aubergiste, sait qu'ils sont là pour elle.

Pieds nus et vêtue de la robe de fiançailles de sa mère, elle se présente à eux. Sans larmes, sans cris. Assise sur une chaise de bistrot dans la cour de l'auberge de son père, elle est tondue. Droite et digne, elle est punie d'avoir aimé un capitaine allemand. Personne n'a bougé ou n'est intervenu alors qu'elle est humiliée publiquement.
Maria a décidé de se venger. Montrer à tous que la honte n'était pas que de son côté. Que la honte n'était pas son souci, mais qu'elle deviendrait le leur, après. Six noms pour sa vengeance sans violence et sans sang. Alors que "la guerre pouvait transformer n'importe quel homme en assassin", Maria veut que chacune des six personnes comprenne sa faute pour regagner sa dignité.
Et il n'y aura pas que ceux qui ont assisté à sa tonte. Celles dont l'ignorance associaient la couleur des cheveux de Maria au malheur à certaines administrations qui ont aidé le régime nazi, du coiffeur qui a obéi sans broncher à Antoine son ami d'enfance, ces personnes animées par la crainte, la lâcheté ou la jalousie se retrouvent face à cette jeune femme libre, lumineuse et déterminée.

D'autres femmes tondues pour d'autres raisons sont présentes dans ce récit. Un roman qui rend hommage à ces femmes mais aussi une réflexion sur ce que la guerre sème et engendre, sur la différence et sur la notion de justice...
L'écriture de Fabienne Juhel est toujours aussi rayonnante, poétique avec des symboles profondément liés à la nature. Encore une belle lecture forte !

Mais s'ajoutait à la sensation de froid, plus fort que tout, la marque d'une brûlure : quelqu'un, Firmin, le frère d'Antoine, avait tracé une croix gammée sur son crâne. 
Une croix gammée ! 
Le pire qu'elle est qu'elle eut à  endurer même si personne n'avait ri devant le résultat. Personne n'avait craché non plus. 
Une croix gammée alors qu'elle était innocente de tout le sang versé ! Qu'elle avait en abomination la guerre, la haine et le fanatisme ! Quel rapport y avait-il entre donner de l'amour, en recevoir et ça ? Aucun. Aucune correspondance. Aucune passerelle possible. L'amour n'était pas la guerre.

Lu de cette auteure (chouchou) : A l'angle du renardJulius aux alouettesLes bois dormantsLes hommes sirènesLes oubliés de la lande

21 commentaires:

Aifelle a dit…

Quand je pense que je n'ai encore lu aucun de ses romans ! Le thème de celui-ci m'emballe.

Clara et les mots a dit…

@ Aifelle : non??? !!! il faut que tu la lises !

Jostein a dit…

Je crois que c'est un de tes articles qui m'a fait découvrir l'auteure. Je lis celui-ci bientôt.

Hélène a dit…

Très tentant !

Léa Touch Book a dit…

Il faut absolument que je découvre cet auteur. Cette chronique donne vraiment envie de lire ce roman :)

Asphodèle a dit…

Depuis le temps que tu en en parles avec autant de ferveur, je me sens honteuse de n'avoir rien lu d'elle !!! ;)

fabienne P. a dit…

Ah quel bonheur de trouver d'autres fans de Fabienne Juhel qui, mine de rien est en train de nous construire une oeuvre.
Toujours poétique, profonde, traitant légèrement les sujets les plus graves, voilà comme je l'aime.
Commencez par ' Verticales de la lune' son premier roman, il contient en germesbeaucoup de ses thèmes et sa belle voix de femme libre.

sylire a dit…

Avec "je vous écris dans le noir", j'étais plongée les jours derniers dans ce terrible traumatisme vécu par les femmes tondues à la libération.
Je le lirai, c'est certain.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Une écriture que j'aime beaucoup, mais le sujet ne me tente pas.

keisha a dit…

Le sujet me tenterait bien, si ce n'est pas trop mélo mélo...

Lor rouge a dit…

Une auteure qu me reste encore à découvrir... Et je pense que son style sera tout à fait à mon goût en plus... Qu'est ce que j'attends ?!! (un rab de temps peut-être ;0)

Clara et les mots a dit…

@ Jostein : c'est une bonne chose alors!

@ Hélène : il est livre différent de ses précédents

@ Léa : il faut se lancer !

@ Asphodèle : je suis fidèle à cette auteure qui ne m'a jamais déçue !

@ Fabienne P. : Oui, c'est le seul que je n'ai pas pas lu mais je vais remédier ! Contente de "rencontrer" une autre fan de cette auteure , merci pour votre commentaire !

@Sylire : tu aimeras !

@ Alex : pourtant il y a beaucoup de thème abordés !

@ Keisha : Fabienne Juhel ne fait jamais dans le mélo.

@ Lor rouge : il faut prendre le temps de ... lire ce qu'on a envie, de vivre et de profiter du printemps !

Noukette a dit…

Bon, je note le nom de cette auteure chouchou que je n'ai pas encore découvert !

Laeti a dit…

Je n'ai pas encore eu l'occasion de la lire non plus.. Pourtant j'avais été tentée avec son précédent roman. Il faut y remédier :)

gambadou a dit…

j'aime bien cette auteure et l'ambiance qu'elle met dans ses livres. Je note

Clara et les mots a dit…

@ Noukette : tu es obligée...:)

@ laeti : exactement!

@ gambadou : j'adore!:

Galéa a dit…

Seigle sort un livre sur un peu le même thème ces jours-ci

Clara et les mots a dit…

@ Galéa : le livre de Jean-Luc Seigle si nous parlons du même ( Je vous écris dans le noir) est différent mais très bon aussi!

mimi a dit…

Je me souviens avoir apprécié " les bois dormants". Il faudrait que je revienne vers l'auteur. Que me conseilles-tu?

Yv a dit…

D'elle je n'ai lu que A l'angle du renard que j'ai beaucoup aimé, mais je n'ai pas persévéré

Clara et les mots a dit…

@ Mimi : tous!!! ou peut-être les hommes sirènes ou à l'angle du renard?

@ Yv : mais tu as tout ton temps pour continuer de la lire !