samedi 15 décembre 2012
Isabelle Jarry - J'ai nom sans bruit
Éditeur : Folio - Date de parution : 2006 - 204 pages hérissées de marque-pages!
Marie a tout perdu depuis le mort de son mari Philippe. Sa petite fille Nisa âgée de cinq ans lui a été retirée. Après plusieurs mois passés dans les rues de Paris, elle occupe l'ancienne maison des grand-parents de Philippe à la campagne.
Devenue SDF, Marie se souvient de la maison à la campagne des grand-parents Philippe. L'espoir renaît car avoir un toit est un début pour que Nisa puisse revenir. La maison est vieille, sans électricité et chauffage. Marie découvre la campagne où les hommes semblent absents. La nature, ses animaux, le silence sont ses compagnons. Elle a perdu l'habitude parler, d'échanger ne serait ce que des banalités. La langue devient silencieuse, intérieure. Marie déploie force et énergie pour rendre habitable la maison. Couper du bois pour se chauffer, parcourir des kilomètres pour acheter quelques vivres et les vers de ses poètes en vieux français qui avant l'habitaient semblent soudain devenus superflus. Peu à peu, les mots lui échappent, le vocabulaire le plus simple s'évapore. Il lui faut se retrouver, se réapproprier sa vie et surtout que sa fille Nisa soit avec elle.
Son histoire s'intercale par fragments dans le récit. On la découvre poétesse et Philippe photographe, tous deux travaillaient à côté de leurs passions respectives. Avec cette conviction que l'art ne devait pas être asservi par l'argent. La chute de Marie a été rapide après le décès de Philippe : une succession qui traîne, des loyers impayés puis l'expulsion, Nisa placée et la rue. Devenue spectatrice de l'agitation incessante de la ville où sa place était modifiée, la nécessité de quitter Paris devenu hostile s'imposait.
Une lecture magnifique et enrichissante ! L'exclusion sociale, la lutte pour se reconquérir soi-même sont jalonnés de réflexions intelligentes sur le rapport au matériel, la désertification rurale, le pouvoir des mots, le sens intrinsèque du langage qui nous définit en tant que personne. Il ne faut pas croire que ce livre nous enveloppe de tristesse car au contraire il recèle de particules lumineuses.
L écriture d'Isabelle Jarry est travaillée et il s'agit d'un véritable plaisir de la lire. Si j'étais restée en dehors de La voix des êtres aimés, c'est tout le contraire avec cette lecture. Un livre hérisson tant j'y ai inséré de marque-pages !
J'avais cru au plus grand des malheurs en perdant Philippe et en abandonnant notre fille, j'avais été désespérée de me retrouver à la rue, mais je comprenais ma détresse dans cette nouvelle épreuve, à laquelle rien ne m'avait préparée, car on n' imagine pas un instant que l'on puisse être ainsi dépossédé de sa propre langue, de quelques chose d'aussi intimement personnel. Les êtres chers, l'argent, les biens matériels, tout cela nous est extérieur, on peut concevoir de les perdre, mais les mots du langage nous appartiennent, ils nous constituent, on ne peut nous les enlever.
Les billets d'Alex, Cathulu, Constance , Gambadou , Mirontaine et un extrait sur la poésie chez l'Or des chambres
21 commentaires:
Je le note mais pour plus tard, car ça m'a l'air assez... anxiogène !
Moi aussi je le note pour plus tard...
Je l'avais noté à sa sortie, merci de me le remettre en mémoire.
Il ne pouvait que te plaire!
Ps: une partie de mes billets est effectivement inaccessible sur mon ancien blog mais dispo ici :
http://www.libfly.com/j-ai-nom-sans-bruit-isabelle-jarry-livre-432349.html
J'aime bcp l'auteure.
Tu me tente beaucoup là, je note.
Hé bé, un livre moins récent, mais qui méritait que tu le mettes en lumière! Je ne le connaissais pas;
Je suis ravie de savoir qu'il existe en Folio, je l'avais déjà repéré chez Constance, et tu me donnes encore plus envie !
hééé elle est bien marrante cette couv' de bouquin !!!!
bisous clara
Un roman qui m'avait bouleversé. Je m'en souviens encore....
@ Irrégulière : non pas du tout ! Il y a des des réflexions très poussées, très intéressante sur notre mode de vie et sur ce qui nous définit. Sans compter l'apprivoisement d'un nouveau mode de vie comme dans la Survivance de Claudie Hunzinger. Sans compter le récit sur les mois passés dans la rue ...; un très bon livre du début à la fin!
@ Un autre endroit : oui !
@ Aifelle : tu aimeras!
@ Cathulu : ah merci me chère Dame! Il est rempli de petits papiers de couleurs qui collent .... une vraie forêt:)!
@ Theoma : ce livre est magistral ! Il rejoint mes plus belle lectures !
@ Géraldine : et en poche ne plus !
@ Keisha : oui, pas récent mais tu y trouveras ton compte !
@ Anne : une lecture très forte !
@ Gaël : et qui me l'a conseillé, à ton avis? Notre Julien !
@ Alex : je cherchais une belle écriture avec une puissance stylistique, une histoire où la réflexion s'invite naturellement et qui me chavire d'émotions ! Un gros bingo !
@
J'ai un de ses livres dans ma PAL "millefeuille de onze ans" mais je n'ai pas encore lu cette romancière.
J'ai vraiment envie de lire ce livre et j'adore la couverture.
pourquoi pas ?
Le thème m'intéresse et ton billet est tentateur. Je ne me souvenais pas de cette sortie... C'est noté !! ;) On ne passe pas à côté d'une lecture avec de la "puissance stylistique".
ton billet me rappelle cette lecture que j'avais beaucoup apprécié.
Je l'ai lu il y a très longtemps et j'en garde un souvenir très fort !
@ Sylire : une écriture splendide ! une auteure à découvrir !
@ Anis : chouette !
@ Lystig : une puissance dans l'écriture qui est impressionnante !
@ Antigone : là, oui :)!
@ Gambadou : un vrai bonheur de lecture !
@ Hélène : j'aurais pu surligner chaque phrase... magnifique !
On ne peut que noter lorsque l'on lit en tel billet !
@ Midola : à lire et à offrir !
Un gros coup de coeur pour moi aussi !! Une très belle lecture qui remue !!
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