Éditeur : Plein Jour - Date da parution : Janvier 2015 - 212 pages de solidarité !
Dans le 10e arrondissement de la capitale au 50 boulevard de Strasbourg, le patron d'un salon de coiffure-manucure a pris la clé des champs sans payer ses sept employés. Quatre Chinoises, un Chinois ( le seul homme) et deux Africaines tous sans-papiers. Décidés à ne pas baisser les bras, ils entament une grève. Nous sommes en février 2014.
Un travail pour 500 ou 600 Euro par mois payés en liquide et à eux d'acheter les produits nécessaires. A chacun sa spécialité : à l'étage, les Africaines s'occupent des cheveux et au rez-de-chaussée, les Chinois manucurent. Les tresses, les extension capillaires (qui viennent d'Inde et non pas du Brésil), les odeurs de solvants et de vernis sont leur quotidien. Il s'agit d'une grève pour la dignité : avoir ses papiers et être reconnu. Soutenus par la CGT, les employés occupent les locaux et continuent de travailler. Avant, les deux Africaines et leurs collègues Chinois s'ignoraient mais dans cette lutte, tout le monde est sur le même bateau et l'union fait la force.
Sylvain Pattieu ne raconte pas que cette grève. Il donne la parole à ces six femmes et à cet homme, aux clientes (et aussi aux clients qui viennent pour les ongles), à Raymond de la CGT qui en vu d'autres.
On découvre un monde où la beauté est reine mais surtout la vie de ces sans-papiers et celui d'un quartier.
Et ce qui frappe, c'est qu'il n'y a pas d'auto-apitoiement quand chacun parle de sa vie, des raison de sa venue en France. Et la pudeur s'invite naturellement pour évoquer le pays et la famille.
On est littéralement projeté dans ce salon de beauté, on entend les accents, le bruit. Un récit haut en couleurs avec de l'humour également mais aussi la face cachée de ce travail clandestin prospère pour les patrons. Une économie souterraine qui commence à l'autre bout du monde où l'on vend ses cheveux pour survivre. Et la spirale des sans-papiers avec des exemples concrets : Au bout d'un moment ça dérape, lassitude, boulot à côté de la fac,décrochage. Marre. Avoir la carte de séjour pour avoir la carte étudiant, avoir la carte d'étudiant pour avoir la carte de séjour. Supplier alternativement Préfecture et secrétariat, jusqu'à ce que l'un des deux craque. Déprime passagère. Lâcher prise. Lâcher la fac. Continuer à servir des bières, tant pis. Pas de renouvellement.
Trois mois de grève leur ont donné raison. Trois mois où pas un seule jour la solidarité aura été absente.
Un combat principalement féminin mené avec de la volonté et de la détermination.
Si un récit soulève bien des questions, il n'en demeure pas moins qu'il fait chaud au coeur ( avec ce sentiment que l'individualisme n'a pas gagné)!
Raymond : " la grève les protège, papiers ou pas, on peut pas te déloger de la boîte sans décision de justice. On aboutit à des situations bloquées pour l'employeur, pour la Préfecture, la grève les renvoie aux contradictions telles qu'elles sont. La grève est un fait, elle oblige à reconnaître ce qui n'est pas censé exister. "
6 commentaires:
Intéressant, je note. Et la dernière phrase est parlante.
Je l'ai trouvé très intéressant aussi, atypique et utile !
Comme d'hab', je copie sur Aifelle ! :)
Ah intéressant, je retiens... ;)
Je retiens? J'avais suivi l'affaire à la radio et télé.
@ Aifelle @ Cathulu :cet essai est vraiment très intéressant !
@ Hélène : nous sommes d'accord!
@Antigone : oui !
@ Zazy : alors ce sera un très bon complément !
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