mercredi 7 novembre 2018

Davide Enia - La Loi de la mer


Editeur : Albin Michel - Traduit de l'italien par Françoise Brun - Date de parution : Septembre 2018 - 240 pages qui m'ont bouleversée.

Durant trois ans, Davide Enia s'est rendu à Lampedusa seul ou accompagné de son père. Il a rencontré, écouté  des insulaires comme Paola et Melo qui l’ont hébergé, un plongeur sauveteur, un pêcheur, des bénévoles, et d'autres hommes et femmes qui aident les migrants arrivant par la mer. Avec une pudeur touchante,  ils ont confié  à l'auteure les débarquements, les drames, la peur refoulée, les petites ou les grandes victoires. « Ici on sauve des vies. En mer, toutes les vies sont sacrées. Si quelqu’un a besoin d’aide, on lui porte secours. Il n’y a ni couleur de peau, ni ethnie, ni religion. C’est la loi de la mer. » Tous ont été marqués par la tragédie du 3 octobre 2013 et son cortège de morts, et tous doivent vivre avec.

Pas de sensationnel ou de vantardise, on y parle avant toute chose d’humanité et de bienveillance. Davide Enia ne livre pas une série de de témoignages, non, ils sont intégrés dans le contexte.  On voit les visages ou l’aridité de Lampedusa, les larmes qui s’échappent, on entend la mer et les émotions poignantes qui font chavirer  « quand tu as trois personnes en train de couler près de toi, et cinq mètres plus loin une mère et un bébé qui se noient, tu fais quoi ? Tu vas vers qui ? Tu sauves qui en premier ? Les trois qui sont devant toi, ou la mère et son nouveau-né là-bas ? ».

Ce livre se ressent tant il bouleverse et questionne. L’auteur a su joindre une histoire plus personnelle à ce récit de façon naturelle. Avec une écriture superbe (un grand bravo à la traductrice), Davide Enia se fait passeur de ces récits, de sa relation avec son père et son oncle. C’est beau, émouvant et terriblement fort. 

On parle des êtres humains sous forme de chiffres et de statistiques, alors qu'une personne, c'est beaucoup plus. Une personne ça a des espoirs et des inquiétudes, des désirs et des tourments.

11 commentaires:

keisha a dit…

Ah peut-être que ça pourrait me plaire. c'est un roman, un témoignage plutôt?

Clara et les mots a dit…

@ Keisha : pour moi c'est plus témoignage qu'un roman.

Kathel a dit…

Je n'avais pas trop accroché à son roman (premier roman ?) Sur cette terre comme au ciel, justement parce que je n'y croyais guère... mais le thème de celui-ci m'intéresse (comment ne pas s'y intéresser ?) (mode parenthèse aujourd'hui) (pourtant je n'ai pas lu Philippe Jaenada récemment)

Aifelle a dit…

Si c'est de l'ordre du témoignage, ça m'intéresse. On sait bien que les statistiques ne disent rien en effet des êtres humains.

Alex Mot-à-Mots a dit…

Plus un témoignage ? Pourquoi pas, on sent qu'il t'a bouleversé.

Saxaoul a dit…

Je n'ai pas vraiment été touchée par ces témoignages. Peur-être une forme de protection, peut-être aussi parce que j'ai déjà beaucoup lu sur ce sujet. Et puis, j'ai trouvé aussi que l'histoire personnelle de l'auteur, sa relation avec son père et son oncle, n'avait pas vraiment sa place ici.

Clara et les mots a dit…

@ Kathel : je n'avais pas lu son premier roman mais ici c'est fort, ça remue... Une lecture nécessaire selon moi ( et vive les parenthèses:))

@Aifelle : dans ce livre, il y a les paroles, les ressentis de celles et de ceux qui qui interviennent auprès des migrants, et j'ai été vraiment remuée.

@ Alex : oui, il m'a bouleversée!

@ Saxaoul : j'ai lu d'autres livres sur ce sujet et celui-ci (avec sa dimension personnelle justement) a su me toucher profondément. Et l'écriture et la superbe traduction ont joué également en sa faveur.

Delphine-Olympe a dit…

Un livre à lire, je n'en doute pas.

Clara et les mots a dit…

@ Delphine : oui et re-oui !

eimelle a dit…

tu confirmes mon envie de le lire!

Clara et les mots a dit…

@ Eimelle : super ! J'ai hâte d'avoir tes ressentis