dimanche 9 octobre 2011

Horloge déréglée

Gwen nous invite à écrire sur des objets qui nous définissent. Hélas, malgré mes récents gazouillis, j'ai une forte crise (ressentir la douleur en dormant n'a rien de très réjouissant), aussi j'ai fait court et j'ai détourné la consigne...Voili, voilà! 

Toute journée a un début et une fin. Depuis quelques années, elle s’est  détachée de cette réalité. Le sablier du temps a pris une autre dimension. Quand elle ouvre les yeux, elle aimerait pouvoir se rendre dans "un grand terrain de nulle part" (comme le dit si bien Bashung). Espace sans limites définies où  les étoiles argentées donnent vie aux doubles lumineux.  Son ombre animée du souffle des mortels se promènerait sans carapace. Nul besoin de bouclier dans ce lieu où les légos désarticulés, les danseuses cabossées aux tutus déchirés vivent sans appréhension.   Son ombre avancerait, un livre et un carnet à la main.  Elle noterait ses impressions et ses idées. Elle n’aurait pas peur d’écrire et si quand même ce sentiment la gagnerait, elle aurait assez de confiance en elle  pour le débusquer.  Des enceintes accrochées aux arbres diffusent de la musique. Et dans ce lieu où rien n’est ordinaire, chacun a la possibilité d’écouter ce qu’il désire. Des photos pour la plupart anciennes aux bords dentelées ornent un grand tableau magnétique.  En passant devant, elle murmure des prénoms aux sonorités surannées. Mais depuis que la figure de son père y figure , elle  a refermé ce classeur et s’interdit de le ré-ouvrir. La  blessure est encore trop fraîche, elle a tout juste un an.  Son ombre possède l’aisance et certaines facilités qu’elle a perdues. Elle la regarde sans une once de jalousie mais avec envie. Son ombre représente ce qu'elle a perdu. Pourquoi avoir peur de la maladie quand on est en bonne santé ? Regret de jours heureux où l'insouciance  prédominait. Mais au fond d’elle, elle sait qu’elle et son ombre ne font qu’une toutes les deux. Indissociables pour toujours. Le terrain a disparu et a laissé place à la rue. Ses pas martèlent le bitume. A son rythme qui n’en est pas un, horloge déréglée depuis bien longtemps qui ne compte plus le temps.

8 commentaires:

Fransoaz a dit…

Un texte qui me touche, quelque part du côté des tripes...
J'ai l'impression -d'après ton commentaire- que je pourrais retrouver l'enchantement de "Kafka sur le rivage" à lire les nouveaux Murakami.

lucie a dit…

clara, tes mots me laissent sans voix, continue à écrire sur ce carnet...

Mangolila a dit…

Très beau texte!

Asphodèle a dit…

Et tu dis que tu n'es plus inspirée ? Et bien, j'en pense tout le contraire, ton texte est émouvant au possible. Je n'ai vraiment pas le temps le dimanche c'est dommage ! Et je te souhaite une nuit sans trop de douleurs...

Anne a dit…

Clara, c'est... une belle manière de sublimer tes douleurs et tes chagrins ! Très touchant. Bisous et bon courage

claudialucia a dit…

Et tu as rédigé un très beau texte plein d'émotion. Bravo Clara!

Sophia60 a dit…

et dire que tu doutes encore de ton talent...
Je t'embrasse
Sophia

Nadael a dit…

J'aime beaucoup ton texte. Tu as une très jolie écriture.