Éditeur : Gallimard - Date de parution : Août 2012 - 273 pages troublantes.
Oh… n’est pas exclamatif et pour déterminer sa portée, il
faut attendre la dernière page de ce curieux
roman. Curieux, oui, car il s’ouvre sur la narratrice, Michèle presque cinquantenaire qui vient de se faire violer mais ne
se précipite pas sur son téléphone et ne prévient pas la police. Productrice de films, vivant seule dans sa
maison depuis qu’elle s’est séparée de Richard son ancien mari. Ah Richard, dont Michèle écoute les plaintes sans cesse ponctuées d’un putain (à croire
qu’il ne peut pas dire une phrase sans ce
mot). Car Richard écrit des scénarios fades, insipides, sans originalité qu’il croit
toujours excellents. D’où leurs rapports souvent
conflictuels mais il garde un œil protecteur
sur son ex-femme et a un bon fond malgré
tout. D’ailleurs, c’est à lui dont elle parle en premier du viol. Leur fils de
vingt-quatre ans sans travail fixe veut élever et reconnaître l’enfant que sa nouvelle amie attend et dont
il n’est pas le père, la mère de Michèle s’amuse avec des jeunes hommes ( pour la plupart des gigolos qu'elle entretient). Fils et mère dépendent financièrement de Michèle. Heureusement,
il y a Anna l’amie solide avec qui Michèle a monté sa boîte. Mais, il
y a un hic, son mari Robert est l‘amant (collant) de Michèle. Sans compter un voisin très gentil Patrick dont Michèle jusqu’à
peu ignorait le prénom. Mais depuis qu'un rôdeur a été vu dans le quartier, Patrick se montre un quelqu'un sur lequel on peut compter( collant aussi) car entre
voisins il vaut mieux s’entraider, c’est bien connu. D’ailleurs, Michèle a un faible pour lui. Quand sa mère lui demande d’aller rendre visite au moins
une fois à son père, elle refuse d’emblée. Un père emprisonné qui il y a trente ans a tué les soixante-dix enfants
d’un club Mickey. La vie de Michèle et de
sa mère a été ensuite un cauchemar sans
nom. Pas très simple tout ça me direz-vous ? Ajoutez-y que Michèle flirte avec celui qui l’a agressée (dont on devine très facilement l'identité).
Philippe
Djian ne s’embarrasse pas d’écrire des
jolies phrases. Non, il nous raconte les faits d’une façon presque sèche je sors. Je vais fumer une cigarette dehors. Une écriture basique comme comme dans un scénario. Phrases juxtaposées, lecteur bousculé et l’on passe
d’une situation à une autre dans la vie
de Michèle comme en temps réel. D'ailleurs, par son intermédiaire on fume beaucoup ( toutes les deux pages) et on boit beaucoup de gin
tonic. On est dans le quotidien. Dans l'intime, les pensées, le travail ou la famille.
Bizarrement, ce livre n' a pas a connu le jeté par dessus par l'épaule car il s'en dégage quelque chose d'assez hypnotique au final ( est-ce l'effet des phrases simples sujet verbe complément?). L'auteur nous livre le portrait
d’une femme forte et libre qui défend
ses bastions. Tellement forte qu'elle fait abstraction de ses problème en se jetant corps et âme dans son travail ( Wonder-Woman est de retour). Les hommes qui l’entourent
ne lui arrivent pas à la cheville, elle mène la danse et n’a de compte à rendre
à personne. Je suis totalement incapable de dire si j’ai aimé ou non mais j’ai
été troublée. De là à relire cet auteur, il y a un fossé...
15 commentaires:
J'ai lu seulement ton dernier paragraphe car je veux le lire sans rien en savoir ou presque (on a beaucoup parlé de ce fameux viol!). J'en attends beaucoup, j'aime la personnalité de Djian, mais je n'ai encore rien lu de lui, je commencerai donc ma découverte avec celui-ci.
Merci pour le lien. Je suis une grande fan de Djian !
Je l'ai pas terminé !
Je crois que je suis dans le fameux fossé, rien ne me donne envie de lire cet auteur !
J'aime beaucoup ton expression concernant le jeté de livre!:)) "Bleu comme l'enfer" du même auteur avait failli connaître le "jeté par la fenêtre"!:))
Je pense que chez moi, il connaîtrait rapidement un "jeté par dessus l'épaule". Je n'ai pas aimé la façon dont l'auteur le présente, et je n'ai pas aimé le seul livre lu de lui (37.2° le matin)
Ton avis ne m'encourage pas à découvrir un auteur qui ne m'interpelle pas ! Et ce n'est pas le phrasé minimaliste qui va me décider !
Lu une fois cet auteur (37°2) et détesté son écriture... je n'ai jamais retenté...
J'ai adoré ce livre ! Surprenant, bien tordu !
Trop bien :)
Je l'ai acheté et vais le lire très prochainement. Bisous
Une histoire qui m'a l'air pour le moins "tordu", mais bon, "il faut de tout pour faire un monde"...
J'en ai lu un ou deux de lui il y a longtemps, je ne renouvellerai pas cet exploit.
moi j'ai adoré et pour des tas de raison ! Mais je connaissais déjà un peu l'auteur, il a un univers particulier c'est sûr, et encore plus dans ce titre là !
Mais je trouve que dans "Oh" il a réussi plusieurs exploits, le premier étant de se mettre dans la peau d'une femme !
J'ai arrêté de fumer assez difficilement, alors je ne vais pas reprendre un tabagisme passif toutes les deux pages de ce livre qui ne m'attire pas franchement.
Troublant en effet mais intéressant , par la découverte progressive des histoires des personnages. Dommage que j'ai lu les dernières pages bien avant d'en être à la fin . Impardonnables était troublant aussi. A ne pas jeter sur l'épaule je pense
Enregistrer un commentaire