- L’herbe des nuits
- Dans le café de la jeunesse perdue
- Un cirque passe
- Chien de printemps
- Fleurs de ruine
- Vestiaire de l’enfance
- Rue des boutiques obscures
- De si braves garçons
- La ronde de nuit
- La petite Bijou
Dans le vestiaire de l’enfance
Elle va d’un pas hésitant
Passant des bras de sa mère aux jeux avec ses cousines plus
grandes.
Calme, enfant peu bavarde et toujours conciliante
Un cirque passe laissant une traînée d’étoiles dans ses
yeux.
Elle articule une poupée sans savoir que
Dans quelques années,
Accompagnée de si braves garçons elle ira à la ville voisine
Passer ses samedis soirs
L’œil noirci au crayon, et toujours à sa bouche rouge provocante
une cigarette allumée,
Une fois la portière claquée rue des boutiques obscures
Elle enfilera des bas volés à sa mère et une jupe courte
cachée dans son sac.
Menant sa troupe masculine, rougeauds et maladroits, mal à l’aise
sous les néons urbains.
Dans le café de cette jeunesse perdue, elle pensera radieuse
se glisser dans la doublure des jours.
Et vivre plus intensément.
Elle reviendra aux lueurs du jour,
L’herbe des nuits folle humide collant à ses bottes,
Le rimmel coulé sur les joues, les cheveux emmêlés,
Prenant le temps de regarder la campagne se réveiller
D’écouter le silence, d’embrasser d’un regard ce pays qu’elle
trouverait morne, vieillot.
Dans la ronde des nuits passées à refaire le monde sur des
fleurs de ruine,
Elle trouvera la mère assise dans son vieux fauteuil en velours.
Visage pâle et tendu, rongée par l’inquiétude.
Phalène attiré part la lumière, elle aura accumulé des trésors
de strass et de pacotille.
Butin qu’elle aimera imaginer de diamant.
Aux reproches, elle criera
qu’elle veut partir de ce trou.
La mère hochera la tête, lui répétant qu’elle est mineure et elle, elle lui jettera à la face l’absence d’un père, une vie aux vêtements donnés
par les cousines.
Elle claquera le porte, ira se blottir auprès de Petite Bijou son chien de printemps trouvé
dans un chemin.
L’épicentre de l’amour maternel sera fendu. Blessé à jamais.
Quelques semaines plus
tard, elle rencontrera un garçon qui la fera rougir.
Une nuit qu’elle passera dans une voiture révélant sa nudité pour s'offrir entière.
Dix-huit et des poussières, la robe de mariée tendue sous le
ventre bien arrondi.
On pensera que c’est beau l’amour, qu’on a toute la vie
devant soi.
L’année suivante, entres les pleurs du petits et le mari
presque jamais là, on regrettera le lycée abandonné.
Et déjà la routine installée. Usante, corrosive et aride.
Les soirées devant la télé et toujours regarder
à la dépense.
A vingt ans, on se dira heureuse en cachant ses larmes dans
les cheveux de l’enfant.
5 commentaires:
Bravo...
Clara très inspirée ...jouant avec les mots...toute en sensibilité...un très joli moment...merci...bises...
Jack
J'ai manqué de témérité, et j'ai détourné le sujet. Serai-je puni ? ;)
Bravo !
Pas facile! Tu t'en sors bien! Bravo!
@ Jacky : inspirée par l livre la grande bleue de N. Démoulin . Merci !
@ Yv : mais non...
@ Irrgulière @ Mangpo : oh, je vais rougir...
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