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Vous avez été à New-York, Berlin, Beyrouth, Bordeaux, Belgrade, Barcelone, Paris et bien d'autres villes, comment vous choisissez les lieux ?
Ca peut être des commandes parfois des envies personnelles. Quand ce sont des commandes, on me donne carte blanche. Quand ce sont des envies personnelles, c’est que j’ai déjà une idée en tête.
C’est le cadre qui vous inspire comme au plateau des capucins à Brest ?
Oui car je voulais travailler sur la mémoire ouvrière.
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Vous êtes un homme engagé ?
A partir du moment que vous travaillez dans le milieu urbain, il y a une forme d’engagement généralement.
Comment vous est venu cette idée de peindre ces grands personnages?
Quand j’étais étudiant aux Beaux-Arts, je peignais déjà des personnages de 5 mètres de haut. Le travail de certains artistes m’intéressait aussi. Mon premier personnage était sur le pont de l’Harteloire, les voitures passaient rapidement et les gens devaient être interpellés par le personnage donc le monumental s’imposait.
Vous êtes un électron libre dans le monde de l’Art ?
Oui, je pense. J’ai la chance de vivre de mon travail car je vends mes études préparatoires. Une grande majorité de mon travail se situe dans le milieu urbain et est destiné à la destruction.
Comment vous vient l’idée de vos personnages ? D’ailleurs, ils sont majoritairement masculins y a-t-il une raison ?
La femme est la plus représentée en peinture. J’ai une certaine pudeur à déformer une femme. Nous sommes dans une société où la représentation de la femme est « surveillée ». On voit toujours des pin-up, des femmes de 30 ans et belles. Je ne me le permettrai pas car sinon on m’affublerait de caractère machiste ou misogyne…Le public qui aime mon travail est essentiellement féminin car je n’hésite pas à déformer les hommes pour montrer leur fragilité. Quand je représente un homme c’est un caractère général. En l’occurrence pour moi c’est plus facile pour moi de faire d’une droite une courbe.
Est-ce que la littérature vous inspire ?
Oui, les écrits de Jean Genet qui est pour moi est un des plus grands auteurs du 20 ième siècle, c'est un magicien des mots. Je lis plusieurs bouquins à la fois mais je ne suis un très grand lecteur. En ce moment je lis le chant du bourreau de Norman Mailer.
Quel sera votre projet après l’exposition des saigneurs ?
En 2014, ce sera les 30 ans de mes personnages. Mon premier été collé en juin 2084 sur le pont de l’Harteloire. Je pense qu’il y aura quelque chose d’organisé.
A Brest ?
Non, car personne de Brest m’a fait de proposition
Non ????
(Message de ma part à François Cuillandre, maire de Brest : Paul Bloas est brestois et pour l'anniversaire de ses personnages, la ville ne fait rien? Tout fout le camp !)
Je suis train de travailler sur la suite que j’avais effectué dans la prison de Pontaniou à Brest en 1990.
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Pendant deux mois vous êtes resté dans la prison coupé de tout ?
Ca a été éprouvant car j’ai fait pas mal de cauchemars par la suite mais je n’avais pas le choix car il faut s’imprégner du lieu. A Madagascar, tous les jours j’étais en repérage, j’observais les gens dans la rue.
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Je veux m’approcher du plus près de la réalité pour rendre sensible mes sujets.
Toutes ces photos sont issues du livre les Saigneurs paru aux Editions Dialogues en Octobre 2013. Ce livre est une rétrospective de son travail depuis 1984 et il permet d'admirer ce qu'il a produit, ce qui l'anime, comment il procède. 174 pages splendides !
Si toute émue que j'étais lors de cette rencontre, j'ai oublié de prendre une photo de Paul Bloas, je n'ai pas oublié de faire dédicacer mon livre :
Le site de Paul Bloas.
L'exposition Les Saigneurs se déroule du 3 octobre au 7 décembre 2013 à Saint Gratien (95).
Un grand, grand merci à Paul Bloas que j'admire et qui m'a consacrée de son temps et à Laure-Anne de Dialogues d'avoir permis cette rencontre.
15 commentaires:
Tout de suite ça a fait tilt, pas le nom (honte à moi !) mais ces personnages de papier qui s'effilochent au fil des intempéries: il en reste quelques traces encore à Valenciennes et même ces traces sont très fortes!
C'est vraiment formidable ! de l'art comme celui-là en milieu urbain on en a vraiment besoin, c'est beau, ça a du sens. Merci pour nous avoir fait partager ta rencontre.
Un grand merci pour ce partage, exceptionnel, un véritable artiste. J'espère que tu en as bien profité...
@ Cathulu : oui, ses géants ne sont pas éternels.. hélas!
@ Aifelle: l'art qui interpelle, qui parle de notre société: voile ce que j'aime !
@ Emma : oh que oui !
Oh la la, c'est super fort comme peinture. Il faut que j'y aille
C'est curieux que la ville de Brest n'organise rien et bien dommage !!
Des personnages percutants
c'est particulier mais j'aime vraiment beaucoup, quelle chance as-tu eue!
tu devrais publier cette entrevue dans le forum Traces de Libfly. Bisous
@ Stephie :vas-y si tu peux !
@ Bene31 : Brest et ses mystères....
@ Zazy ; percutants mais qui dégagent une humanité criante !
@ Violette : oui, je sais!
@ Philisine : écoute, je suis nulle sur Libly, je trouve leur site compliqué ...
Une chouette rencontre ! Merci pour le partage.
Quel artiste et quelle générosité ! C'est un comble si la ville de Brest n'organise rien !
@ Sylire : de rien !
@ Asphodèle : je suis très déçue également..
Vous m'avez donné envie de découvrir cet artiste. Je ne le connaissais pas et en effet, ses géants vous attrapent, vous parlent, vous hantent. C'est fort et gai à la fois. Plein de vie. Je suis régulièrement votre blog. C'est la première fois que je fais un commentaire, c'est juste pour vous dire merci.
@ Babounette : merci d'avoir laissé votre premier commentaire. Merci de me lire ! Quand j'ai des coups de mou, la poursuite de ce blog se fait grâce à des gens comme vous ! Encore Merci !
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