Éditeur : P.O.L. - Date Parution : Février 2015 - 188 pages lues d'une traite !
Un prénom peut être une croix à vie. Kevin H. en sait quelques chose. Né à la fin des années 70, il a accumulé vexations et humiliations en tous genres à cause de son prénom. " Quand on s'est conditionné en Kevin, on le devient, c'est obligé". En couple avec Charlotte depuis cinq ans, il travaille en tant que commercial dans une radio publique. Dans ce milieu journalistique pétri d'arrogance et de mesquineries, il subit la différence.
Un beau jour l'occasion se présente pour lui d'être un autre que Kevin. Il se rend aux salons littéraires où les écrivains en mal de reconnaissance et de publication sont là à essayer de décrocher un sésame auprès des maisons d'édition. Ces auteurs sont ses proies. Kevin devient Alexandre Janus-Smith lecteur dans une grande maison d’édition. Il ferre sa victime, le complimente, n'hésite pas à citer de grand auteurs. L'œil morne de l'écrivain se teinte, le voilà enfin compris et les rêves se mettent à défiler. C'est ainsi que l'écrivain François-René Pradel fait la connaissance d'Alexandre Janus-Smith. Des mails s'en suivent avec envoi du dernier manuscrit de l'écrivain. François-René Pradel attend patiemment car des contre-temps non prévus apparaissent : un directeur absent, un mail perdu...Sa femme et sa fille le poussent dans ses démarches. Il essaie de contacter notre Alexandre Janus-Smith. Le couperet tombe, personne de ce nom travaille dans cette maison d'édition alors que Kevin épingle ses petits succès. Sauf que François-René Pradel se suicide. Kevin va-t'il se sentir coupable ou responsable?
Je n'en dis pas plus car de nombreux rebondissements jalonnent ce roman.
Iegor Gran nous dépeint un monde de vantardise, d'impostures et de faux-semblants avec des personnages secondaires bien croqués. Et ce sont autant de situations qui sont décrites avec ironie, humour noir mais sans excès, du monde de l'entreprise à la sphère du monde de l'édition et journalistique. On sourit et on se délecte. Mais quand le roman prend une tournure plus grave, l'amertume et le sentiment d'injustice nous gagnent. Et la revanche n'est pas celle que l'on pense...
Kevin était parti depuis longtemps. Sans attendre le pot, sans participer à la cérémonie de cohésion du groupe, sans dire au revoir.
- Vous avez remarqué comme il n'a rien dit, ce type là, sur l'incident, constata Marie-Louise. A croire que ça ne le concerne pas. À force de se la jouer perso, il ne faut pas qu'il s'étonne après.
- On voyait qu'il pensait à ses tableurs, cingla Jérémy. Toujours à compter l'argent. C'en est caricatural, vraiment. Quel blaireau !
- Il y a des prénom prédestinés aux pires beaufitudes, dit Olivier.
On passa alors quelques phrases à discuter des prénoms idiots ou typés, on évoqua Brandon, Duncan, Marie-Chantal, Juvénal et Samantha, puis on se dépêcha de rentrer, car on n'était pas payé pour faire des heures sup.
16 commentaires:
Son roman sur L'écologie m'avait bien emballée, donc celui ci devrait me plaire.
Je n'ai découvert que récemment que le prénom Kevin pouvait être embêtant à porter (quoique en tant qu'enseignante j'ai passé des années avec ce prénom bien représenté dans les classes, mais maintenant 'ils' ne sont plus au collège)
Clara Dupond-Monod m'avait donné envie, tu enfonces le clou !
J'ai un élève que je m'obstine à appeler Kevin mais qui à chaque fois me dit tristement "Moi, c'est Dylan" !
@ Keisha : tu aimeras ! Ce roman est bien construit, , vraiment bien vu : une réussite !
@ Cathulu : tu n'as pas le choix alors.. et en plus, il se lit d'une traite !
Oui, son ONG ! était éblouissant et d'un drôle : je l'ai adoré ! Thriller m'avait moins convaincue ensuite. Je vais peut-être reprendre contact avec lui, même si je sens l'intrigue bien sombre.
Je suis très tentée:) Chez nous c'est surtout Bryan et Dylan... ( Dans mon collège)
je trouve l'idée de départ absolument géniale! ça me donne bien envie!
Je suis très tentée par ce livre. Maintenant, sur le marché du travail, on va trouver des Kevin, des Dylan... J'y avais pensé il n'y a pas si longtemps. Quelle croix à porter
Il paraît qu'il est très drôle!
@ Philisine : je découvre l'auteur et son ton me plait !
@ Une Comète @ Eva : ce livre est une réussite et l'idée de départ est rondement menée ! Je n'ai pas vu la fin venir : cerise sur le gâteau !
@ Zazy : et oui !
@ Laeti : oui, mais il prend une tournure différente à la fin ( sans perdre son éclat)
C'est tentant, mais j'ai "l'écologie en bas de cheez moi" dans ma PAL depuis je ne sais quel salon du livre .. alors je m'abstiendrai pour le moment.
j'adore l'humour de cet auteur, j'avais lu L'écologie en bas de chez moi que j'avais beaucoup aimé.
@ Aifelle : le sujet de celui-ci m'attirait plus..
@ Violette : l'humour quand il est bien manié est toujours un délice !
J'ai bien aimé aussi, même si j'y vois plus un règlement de comptes dans le milieu littéraire parisien qu'une vengeance de Kevin pour devoir affronter la vie avec ce prénom... http://tinyurl.com/qd3y5mo
J'ai beaucoup aimé : l'idée de départ est excellente et j'ai apprécié cette lecture à l'ironie mordante et aux nombreuses surprises. Merci du partage ! Moi aussi, j'en parle sur mon blog de lecture Lire et Elle !
@ Cappucinette : merci de ta visite, je vais aller lire ton billet.
Enregistrer un commentaire