Éditeur : Actes Sud - Traduit superbement du norvégien par Terje Sinding - Date de parution : Février 2015 - 166 très belles pages...
Il a quarante-huit huit ans et fait plus âgé "Dès qu'il a vue, il a oublié l'âge qu'il avait. Leur rencontre n'avait pas d'âge."
"Nous nous sommes rencontrés à une fête. C'était le réveillon du Nouvel An. Le langage du bonheur et en tout point simple et brutal : elle était la fille la plus belle que j'aie jamais vu.
Le langage du bonheur peut être blessant : à ses yeux, j'étais un homme âgé.
Ou plutôt : nous nous sommes reconnus tout de suite.
La jeune fille et l'homme âgé. Nous avions besoin l'un de l'autre. Nous allions nous aimer.
Comment écrire sur le bonheur ? Que puis-je dire sur le bonheur, si simple et banal, si calme et transparent ? Comme lorsqu'elle était allongé sur le canapé et que je la voyais à peine, tellement j'étais habitué.
(...)
De toute ma vie je n'ai jamais été aussi heureux."
Pourtant, le narrateur a vécu avant cette rencontre, il a été marié et est père. Mais il vit le grand bonheur, l'amour le plus grand et le plus beau avec cette fille beaucoup plus jeune que l'on prend pour sa fille.
"Cela se produisait tout le temps.
Nous sortions, quelqu'un nous abordait, voulant faire la connaissance de ma fille.
C'était honteux.
Nous avions honte.
D'où venait ce sentiment de honte ?
Le bonheur était-il honteux? Notre bonheur était honteux, il n'était pas naturel, il était contre nature.
Nous avons cessé de sortir. Nous nous isolions à la maison."
Se protéger du regard des autres pour garder leur amour intact.
Le narrateur nous rappelle que les amours avec des différences d'âges ont toujours existé. Comme Héloïse et Abélard : un amour interdit entre une jeune femme de dix-sept ans et un professeur chargé de son éducation. La passion sera plus forte que tout mais leur relation se terminera dramatiquement. La grande différence d'âge est synonyme de péché et sème l'opprobre. Il faudrait savoir bâillonner les coeurs...
Lorsque son amoureuse le quitte, le temps le rattrape comme si le bonheur l'avait épargné. Il s'agit d'une d'un homme vieilli qui ne se reconnaît plus. Il s'abandonne, ne cherche pas à lutter.
Un roman écrit avec une grande pudeur et sans faux-semblants.
Est-ce l'auteur qui se cache derrière le narrateur? Peu importe car le résultat est un roman qui prend aux tripes par sa beauté, son universalité et les toutes dernières pages m'ont remplie les yeux de poissons d'eau...
Je sais maintenant que le bonheur est difficile à décrire ; il vit sa propre vie tranquille et invisible dans l'existence quotidienne de deux personnes qui s'aiment.
8 commentaires:
J'aime cette expression avec les poissons :)
Tu donnes très envie de le lire.
Tu m'intrigues (et puis bon, c'est Actes Sud).
@ Hélène : mon émotion a été en crescendo, les dernières pages sont si belles et tristes, écrites avec une sincérité qui fend le coeur !
@ Krol : lu grâce au conseil d'Arnaud (encore un libraire chouchou) de Dialogues Brest...
@ Valérie : un livre à part dont il est difficile de parler mais je pense ( enfin, j'espère) que les extraits permettent de donner un aperçu .
Comme tu sais être persuasive.
Et j'aime tellement ce que proposent les éditions Actes Sud...
Très joli billet qui donne envie de découvrir ce roman et d'avoir les yeux remplis de poissons d'eau.
Intriguant ce livre
@ Moka : :)))))
@Tant qu'il y aura des livres : et j'ai très envie de découvrir ses autres romans..
@ Gambadou :non mais beau !
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