Éditeur : Le Cherche Midi - Date de parution : Août 2012 - 631 pages menées intelligemment !
Etats-Unis, Boston. 1830. La famille Clare se lance dans la production de savons. La modeste entreprise familiale devient un siècle et demi plus tard une multinationale cotée en bourse diversifiée dans de nombreux secteurs. La marque a su s’impose et s’enrichir. Implantée à Lacewood, l’entreprise fait pour ainsi dire vivre la ville. 1998, Laura Bodey habitant dans cette même ville et mère de deux enfants apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des ovaires.
Deux récits sont menés en parallèle dans ce livre. Celui de la petite entreprise familiale Clare et de sa mutation en pieuvre au fil des évènements sociaux-économiques mais aussi historiques et surtout commerciaux. Car si au départ Clare répondait à la demande des consommateurs, elle a compris tout l’intérêt de la créer. La savonnerie est devenue une firme, un géant qui pèse son poids dans les produits ménagers, les engrais, les lessives sans oublier les produits de cosmétique et le savon. Pour prospérer, l’entreprise a su utiliser la chimie et le marketing. Un produit ne se vend pas sans la communication et la publicité, de merveilleux outils pour accroître le profit. Les dirigeants de Clare ont su flairer les modes et le tendances : jouer la carte patrie ou celle des bonnes œuvres locales, développer des gammes plus "écologique"s. Et voilà comment donner une belle image de l’entreprise au consommateur toujours plus exigeant et demandeur de nouveautés.
Agent immobilier, Laura est divorcée et élève ses deux enfants. Sa fille est en pleine crise d’adolescence et son garçon passe son temps devant son ordi à des jeux en réseau. A quarante-deux ans, son existence bascule. Elle est atteinte d’un cancer des ovaires. Opération, chimiothérapie et un combat contre la maladie qu’elle mène de front. Laura habite non loin des usines de l’entreprise et comme tout le monde, elle a dans ses placards bon nombre de leurs produits. Les médecins essaient de la soigner, tentent de nouveaux traitements sans s’engager sur un résultat. Et quand la maladie s'avère finalement être la plus forte, Laura prévoit l'avenir de ses enfants (et là j'avoue avoir eu des poissons d'eau dans les yeux).
Par la construction du livre, plus l’entreprise se fructifie et plus la santé de Laura se dégrade. Petit à petit, le puzzle s’assemble car il y a une jonction. Terrible et si horriblement logique.
Avec ce livre documenté ( je pense notamment aux extraits de publicités de l’entreprise ou aux évènements historiques), Richard Powers nous amène à la réflexion en tant que consommateur/acteur. Un livre brillant, mené de main de maître et où l'émotion est bien présente !
Qui a bien pu leur dire de fabriquer tout ça? se demanda-telle. Mais la réponse, elle la connaît. Ils ont fait le compte de tous les reçus, bien lus soigneusement qu'elle ne l'avait jamais fait elle-même. Et puis n'est-elle pas née avec des envies qu'ils sont nés, eux, avec l'envie de satisfaire? Ils ont anticipé la moindre de ses pensées, de moindre de ses souhaits avec ces produit d'une simplicité confondante, dont le plus évident est pourtant à des années-lumière de ses propres compétences.
Le billet de Keisha
13 commentaires:
831 pages ?
mais 831 pages tentantes...
je suis plus frileuse vis-à-vis des gros pavés, parce que même si cela ne me plaît pas, je le lirai, jusqu'au bout, pour savoir comment cela se termine !
rares sont les livres que j'ai abandonné !
@ Lystig : oui, 831 pages mais de qualité ! et à aucun moment, je me suis lassée... c'est dire!
(clara, on a le même bouquin? 831 pages? ah j'ai compris, les chiffres peuvent se confondre, ce n'est pas 8, c'est 6!)(un joli pavé quand même)
Bon, ceci étant : on a bien lu le même livre, et on est super raccord sur l'avis, chouette, non?
Je t'avoue que moi aussi j'ai eu des poissons d'eau dans les yeux au fameux passage (que je cite dans mon billet) et que j'ai carrément sorti le mouchoir! Gorge serrée et tout ça!
Pourtant Powers ne cherche pas le pathos, oh non, mais il est redoutable!
Une dénonciation en douceur, mais efficace!
Le billet est tentant... Il est indéniable que Powers est un auteur brillant, mais parfois ardu. Alors que la musique du "Temps où nous chantions" m'a transportée, mon cerveau s'est perdu dans les limbes de "Générosité"...
Je viens de le finir ce matin. C'est une roman magistralement construit mais j'avoue que j'ai eu du mal sur certains passages un peu trop techniques pour moi.
@ Lystig : mea culpa... 631 pages!
@ Keisha : ohlala, heureusement que tu es là! Un très, très bon livre (lu au soleil). Les dernières pages sont terribles...l'émotion m'a submergée mais comme tu le dis pas de pathos!
@ Céline : j'ai adoré Générosité!
@ Les livres de George : j'ai trouvé au contraire qu'ils argumentaient le récit.
631 pages et un texte pas facile facile... Typique de Powers. Voilà pourquoi j'essaie toujours de le lire quand je sais que j'ai du temps à lui consacrer devant moi. Pas le genre d'auteur à lire en pointillés entre deux stations de métro (enfin, moi, je ne peux pas).
N'empêche que celui-ci, comme les autres, me tente énormément.
Pourquoi pas, le sujet est tentant...
Bon. Après l'avis de Keisha hier, voilà que tu continues l'entreprise "je vais vous faire craquer". On verra ..
Bon, je vais déjà lire le précédent ;)
J'avais adoré ses deux précédents (pavés). Il est donc noté.
@ ICB : je suis certaine qu'il te plaira ! Mais comme tu dis, il faut avoir du temps devant soi.
@ Irrégulière : un livre puissant, mettant à jour nos propres contradictions et l'engrenage de la société de consommation.
@ Aifelle : tsttt, tstt, nous ne sommes même pas concernées !
@ Stéphie : Générosité est un régal !
@ Alex : et c'est du très, très bon !
Une libraire m'a dit qu'il était difficile de rentrer dans le roman ...
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