jeudi 28 mai 2015

Anise Postel-Vinay, Laure Adler - Vivre

Éditeur : Grasset - Date de parution : Avril 2015 - 122 pages à lire absolument ! 

 Nous étions bien décidés à faire quelque chose contre l'occupant, mais quoi ? Comment ? Avec qui ? De temps en temps nous parvenions à mettre la main sur des tracts, ils n'étaient  évidemment jamais signés, il n'y avait pas d'adresse : il était impossible de remonter de filière pour entrer en contact avec des personnes actives. C'était très difficile de pénétrer les réseaux de la Résistance. D'ailleurs, lorsque j'ai commencé on m' a bien précisé qu'il ne fallait parler à personne de ce que je faisais.

Alors qu'elle n'est qu'une adolescente, Anise Postel-Vinay n'a qu'un idée en tête celle d'aider contre l'occupant. Arrêtée un après par la Gestapo en 1942, elle est emprisonnée durant une année entière à Paris. Puis, elle est transférée au camp de concentration de Ravensbrück en Allemagne à l'âge de vingt ans. Dans le train qui l'y conduit, elle fait la connaissance de Germaine Tillion. A Ravensbrück, elles seront toujours très proches. Et Anise Postel-Vinay raconte : la peur, la solidarité extraordinaire entre ces femmes (" sans cette solidarité, vous dépérissiez toit de suite") et l'horreur. La libération du camp, le retour en France, la joie de retrouver son père qui lui fut aussi arrêté, la douleur d'apprendre la mort de sa sœur tuée par les Allemands et ce constat qui fait mal " nous rentrions dans un pays qui était libéré depuis longtemps, qui ne pensait plus à ses prisonniers".
Elle et germaine Tillion gardent contact, effrayées pas des propos tenus en 1970 sur la non existence des chambres à gaz. Avec quelques camarades, elle ont entrepris de prouver leur existence même si les preuves ont été détruites.

Hier, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz entraient au Panthéon. Deux femmes qu'elle a connues et elle a toujours cette affection très grande pour Germaine Tillion. Mais Anise Postel-Vinay fait ce constat terrible : "Je ne peux m'empêcher de me sentir assez pessimiste : j'ai le sentiment que la transmission de cette infâme histoire du nazisme devient très compliquée, que l'antisémitisme ressurgit".
Ecrit avec dignité, ce témoignage ne verse dans aucun pathos, elle nous livre les faits même s'ils font très mal.
A lire car chacun de ces témoignages est une pierre qui s'ajoute au devoir de mémoire pour ne pas oublier et surtout pour être vigilant. 

Le billet de Leiloona

11 commentaires:

keisha a dit…

Ne t'inquiète pas, j'aime les documents bien faits, plus que du romancé, alors...

Clara et les mots a dit…

@ Keisha : il est pour toi !

cathulu a dit…

Obligée de le lire, je suis ! :) ça rentre tout à fait dans le cadre du thème, mémoire, souvenir, du BTS de l'an prochain :)

Eva Sherlev a dit…

Un beau billet! Je le lirai sans aucune doute.

Aifelle a dit…

Je ne suis pas obligée comme Cathulu, mais c'est un témoignage que j'ai très envie de lire. J'espère qu'il arrivera à la bibliothèque.

luocine a dit…

difficile de transmettre , mais parfois un livre suffit à toucher un public qui ne s'y attendait pas; Il faut essayer en tout cas. Je lirai ce livre, moi aussi parce que je suis inquiète à propos de la montée de l'horreur de l'islamisme en France et à l'étranger.

zazy a dit…

Je vais attendre de le trouver en bibliothèque

Clara et les mots a dit…

@ Cathulu : et un de plus:)!

@ Eva : Avec Et tu n'es pas revenu, ces deux livres sont très forts!

@ Aifelle : Oui, j'espère pour toi.

@ Luocine : les livres sont une transmission et j'espère qu'il sera lu par un public plus jeune

@ Zazy : oui Miss

antigone a dit…

Un livre qui semble très fort. Ton billet m'a fait frissonner, je suis tellement d'accord avec tes conclusions et je partage leurs craintes.

Miss Alfie a dit…

Je note ! Besançon a la chance d'avoir reçu les archives de Germaine Tillion, déposées par Anise Postel-Vinay depuis plusieurs années. Et la Citadelle offre en ce moment deux très intéressantes expositions sur Germaine Tillion, notamment sur sa période de résistante et son incarcération à Ravensbruck. Autant dire que ce témoignage sera un beau complément.

Clara et les mots a dit…

@ Antigone : nous sommes nombreux à les partager...

@ Miss Alfie : qu'est-ce que j'aimerai voir cette expo !