vendredi 20 septembre 2013
Laurent Seksik - Le cas Eduard Einstein
Éditeur : Flammarion - Date de parution : Août 2013 - 294 pages troublantes!
Le nom Einstein est associé à Albert. Avant d'ouvrir ce livre, je ne savais pas que génie avait eu deux fils dont le cadet Edouard souffrait de schizophrénie, maladie déclaré à ses vingts ans. Ces deux enfants sont issus de son premier mariage avec Mileva femme dévouée à ses fils et plus particulièrement à Eduard. Il faut dire qu'Albert s'est détourné de son fils et de sa folie. Tandis que la guerre gronde, Albert émigre aux Etats-Unis avec sa nouvelle épouse. Edouard sera interné à l'hôpital psychiatique de Burghölzli en Suisse et sa mère ne vit que pour lui. Sacrifices compris.
On plonge dans l'âme torturée d'Eduard qui admire et déteste ce père si célèbre. Sa souffrance est criante tout comme l'amour maternel de Mileva. Un amour qui dépasse toutes limites car elle veut qu'Eduard soit soigné correctement. Le nom Einstein étant souvent un barrage auprès des spécialistes qui s'affrontent car la psychanalyse en tant que traitement n'est pas partagée par tous. Si Eduard est atteint de schizophrénie, il est pourtant extrêmement intelligent. Dans sa nouvelle vie, Albert est obnubilé par travail mais la culpabilité envers son fils est bien réelle. Amputé des manifestations d'amour, il sera toujours maladroit avec son fils. Eduard ne sort guère de l'hôpital psychiatre. Spectateur du monde monde qui change, des années que porte plus difficilement sa mère.
Ce roman polyphonique donne la parole à Eduard, à son père Albert et à sa mère. Il retrace le parcours sur plusieurs dizaines d'années de leur existence mettant à nu leurs pensées les plus intimes. Les remords sont communs à Albert Einstein et à Mileva. Ils ont perdu un premier enfant, une douleur enfermée à double tour dans une gangue de silence. Eduard est partagé par la fardeau de ce nom lourd à porter lié à son père et l'admiration. Il l'aime et le hait simultanément. Et Mileva si touchante, si dévouée qu'on a envie de prendre dans ses bras !
Tous les trois se heurtent à des difficultés, chacun ayant sa vision qui ne correspond pas forcément à celle de l'autre.
Extrêmement bien construit et écrit, ce livre lève le voile sur Eistien personnage public en le décrivant dans les relations avec sa famille. Un père absent dont le fils Eduard est son talon d'Achille...difficile d'éprouver cependant de l'empathie pour Albert.
Un roman passionnant, touchant et troublant à ne pas rater !
Mon fils est le seul problème qui demeure sans solution. Les autres, ce n’est pas moi, mais la main de la mort qui les a résolus .
De nombreux billets dans le récapitulatif Challenge rentrée littéraire 2013 de Sophie Hérisson
21 commentaires:
L'auteur était justement sur France-Inter il y a deux jours (en matinée), je l'ai trouvé très intéressant et ai noté le roman. (ça devient une vraie mode de mélanger réel et fiction non ?)
@ Aifelle : une mode ? je ne sais pas... Mais ce livre est franchement très intéressant !
Je viens d le lire et il m'a comme toi intéressée mais par contre si j'ai trouvé le livre efficace je sui ressortie de ma lecture horrifiée par l'absence total de sentiment du savant pour son enfant et d'une cruauté sans nom
Ce livre ne m'a pa émue il m'a fait glacé
Un ami qui a entendu l'auteur sur France Inter m'en avait parlé et paf ! tu en remets une couche !... Je note, je note...
Pas un peu trop voyeur, comme propos ?
Ah oui, ça pourrait m'intéresser !
j'avais voulu lire Les derniers jours de Stefan Zweig. et puis comme d'habitude d'autres envies..; et du coup ce roman était tombé dan sles oubliettes. tu me le remets en mémoire et j'ajoute celui à la liste à lire!
j 'aimerais lire ce roman, la douleur de la maladie mentale d 'abord pour le malade et puis pour l'entourage me touche énormément
Luocine
Bonjour Clara, j'ai lu ce roman en juin dernier (il faisait partie de la sélection du prix du roman FNAC), c'est le premier que j'ai lus des 5 (que j'avais reçus). J'ai commencé par celui-ci car j'étais intéressée par le sujet. Cela se lit très bien, je pense avoir appris des choses mais je suis plus réservée sur le style (assez plat) et puis le fait que Seksik fasse parler Eduard, je ne sais pas, il y a quelque chose que m'a gênée. Sinon, les relations entre Eduard et sa mère sont très émouvantes. Et les traitements qu'Eduard a subi pendant toute sa vie font froid dans le dos. Bonne journée.
J'avais beaucoup aimé les derniers jours de Stefan Zweig, je vais tenter celui-ci!
@ Dominique : difficile d'éprouver la moindre empathie pour Albert Einstein! J'ai été ému par Edouard et sa mère ! les traitements infligés étaient cruels mais ils sont décrits à une époque où ils l'étaient..
@ Kroll : note, note!!!
@ irrégulière : certains passages sont durs sur le plan émotionnel...
@Choupynette : super!
@ Luocine : sachant qu'elle décrite est dans un contexte où les traitements étaient barbares..
@ Dasola : j'ai trouvé que l'auteur évitait le pathos ! et c'était justement un risque... S'il fait parler Edouard, ses pensées sont je trouve un panel très réussi de ce qu'il aurait pu ressentir !
@ Bene31 : bienvenue à toi !
@ Alex : je n'ai pas ressenti sentiment de voyeurisme, non...
Tu lis de bons romans en ce moment, je le note ! Merci et bon weekend.
Je ne connaissais pas du tout. Et je ne savais pas du tout qu'Einstein avait eu des senfants, en fait...
@ Coccinelle : il y a des abandons et des déceptions, j'en parlerai..
@ Karine :) : désormais,quand je pense à la fameuse photo où il tire la langue, les yeux souriants, je suis comment dire déçue...
Seksik sait entrer dans la peau de personnages célèbres (je pense à Zweig). Il a l'air d'avoir réussi son coup encore !
@ Philisinne : pas un coup de coeur mais j'ai aimé !
C'est marrant, Albert Einstein est un homme que j'ai toujours beaucoup admiré, je n'aurais jamais cru qu'il était un père démissionnaire... J'avais été déçue en apprenant ça de Brel aussi, dont j'étais folle ado.
@ Céline : et oui, certains mythes ou images sont cassés. Depuis cette lecture,mon admiration Einstein a pris un coup...
Cela donne un éclairage nouveau du savant.
Ma mère me presse pour le lire :-)
Je vois qu'elle fait bien.
Enregistrer un commentaire