Editeur : Actes Sud - Date de parution : Janvier 2016 - 212 pages et un avis mitigé.
Léo ne peut pas « lire un courrier, lire les pancartes à l’usine ce qui lui éviterait de passer sous un rouleur compresseur, (..), faire ses courses sans acheter toujours la même chose en raison des prix sur les emballages (rien que le problèmes des nombres à virgule cette fois (…), lire le nom des stations de métro, lire le nom des rues, (..)» et la liste continue.
A vingt ans, il est illettré. De sa cité à la porte de Saint-Ouen pour se rendre à l’imprimerie où il travaille, il connaît par coeur le chemin. Il a eu une enfance chaotique : ses parents ont disparu alors qu’il avait six ans, sa grand-mère analphabète aimante, protectrice a pris le relais et l’a maintenu dans l’ignorance. Grâce sa mémoire auditive, cet enfant calme a pu passer d’une classe à l’autre mais au collège, tout est devenu trop compliqué. Impossible de faire comme si. Déscolarisé à treize ans (l’école de la République a fermé les yeux) puis le travail à seize ans.
Peu à peu, les mots se sont effacés pour devenir des barrières infranchissables. A cause de son handicap qui ne se voit pas, il en a acquis un autre à l’usine : deux doigts amputés. Sibylle l’infirmière venue le soigner a compris la honte profonde de Léo et l’aide en lui donnant des cours. Il peuple ses nuits, elle est en amoureuse. Léo veut réapprendre ce que sa mémoire a enfoui dans un coin mais il y a la peur « l’intuition soudaine que mémoire et conscience de soi dépendent en grande partie de la capacité qu’ont les gens à dire et à écrire qui ils sont lui flanque le vertige ». Epris de Sibylle, il aimerait tant lui écrire et il entame des cours pour adultes.
On pourrait imaginer une belle suite et un Léo fier de sa réussite. Il n’en sera rien.
Quand je lis, plusieurs paramètres entrent en compte. J’ai été touchée par la personnalité Léo : sa sensibilité, sa bienveillance et également par des passages absolument magnifiques car l’écriture de Cécile Ladajli est poétique. Mais il y aussi l’histoire et sa crédibilité ( je ne pense pas qu’à l’heure actuelle un enfant puisse entrer au collège sans certaines bases). De plus, j’ai eu l’impression que l’auteure alourdissait vraiment de trop le parcours de Léo. Un roman assez sombre, une fin affreusement horrible et un avis mitigé.
Avec les mots, il serait le maître de son destin., il pourrait aimer. Les livres sont l'examen de la vie. Un miroir où l'on se voit, par lequel on se connaît, où l'on apprend à nommer et cesser de subir. Et puis être en mesure de de faire naître ce lien ( même illusoire) entre ce qu'on lit et soi-même doit être une chose merveilleuse, une expérience unique à tenter.
Lu de cette auteur : Ordalie
17 commentaires:
Je l'avais repéré, j'avais envie, mais j'ignorais que c'était un roman.Je préfère rester sur b a ba de Bertrand Guillot, qui n'est pas un roman et me laisse un beau souvenir.Et ça m'étonnerait qu'on laisse un gamin de 13 ans quitter l'école?
Une fin horrible ??? Ah non, je passe ma route, ai une folle envie de douceur dans ce mois de janvier tout gris ;-)
Tu as tout dit ! J'ai exactement le même sentiment. Je ne me remets toujours pas de la fin.
un des romans de cette rentrée littéraire qui me faisait le plus envie...comme je suis souvent d'accord avec tes billets, ton avis mitigé ne m'inspire rien de bon...(et comme Framboise, pas envie d'une fin horrible en ce moment...)
Aïe ! j'avais envie de le lire, mais comme celles qui m'ont précédée, une fin horrible, je ne suis pas preneuse.
Hélas, si des enfants entrent au collège sans maîtriser le socle fondamental. Quant à la déscolarisation, il y a toujours aussi des moyens de passer à travers les mailles du filet (déménagements...).
Je passe aussi.
Qu'est-ce que l'auteure m'agace en interview... du coup, j'hésite, le thème est intéressant mais j'ai peur qu'elle adopte ce ton pontifiant...
Je crains un peu un réquisitoire contre l'enseignement... sans compter comme les copines que je n'ai pas envie de fins affreuses !
C'est plutôt la fin super sombre qui me refroidit direct et le côté "j'alourdis le héros de toutes les tares linguistiques possibles". Après, il arrive que des petits 6ème ne savent pas lire : c'est rare mais pas impossible, malheureusement.
Pourtant l'illétrisme existe bel et bien. Je suis convaincu que ça arrive des enfants qui entrent au collège et qui savent pas lire. L'auteure était vraiment persuasive à la grande librairie, j'ai très envie de le lire (par contre la fin affreuse, ça me freine un peu)
En tant que professeur en collège, je confirme que de plus en plus d'enfants entre en sixième sans savoir lire. Ils savent déchiffrer mais ne comprennent pas ce qu'ils lisent et ne comprennent donc pas les consignes. Et pour l'écriture, je n'oserai même pas vous mettre des écrits d'élèves de quatrième que l'on ne peut comprendre sans les lire à voix haute !
Et puis il y a les enfants qui sont inscrits mais absents, soit disant malades mais que l'on croise en train de fumer dans les rues du village. Les parents ont baissé les bras. Et pourtant je ne suis pas dans une banlieue difficile mais dans un collège de province, rurale et calme ...
Une fin horribles !!!! Ah non, il y a assez d'horreur partout, pourtant le thème est tentant :-)
@ Keisha @ Cat @ L'o rouge @ Gambadou @ l'irrégulière @ Philisine @ Kathel: vu comment s'est présenté dans le roman, Léo en fin de primaire ne sait pas du tout lire ou écrire. Et il y a un certain réquisitoire (sou entendu) contre le corps enseignant.
@ Albertine : merci
@ Framboise @Aifelle @ Eva @ Yueyin : la fin m'a complètement chamboulée mais de trop !
Je passe mon tour
Parfois je me demande pourquoi les auteurs s'acharnent sur leurs personnages. Qu'est-ce que cela ajoute au roman ? Souvent rien du tout malheureusement. J'aimais bien le sujet moi aussi mais alors si elle attaque les enseignants et tue tout le monde à la fin, je passe mon tour.
@ Zazy@ Estelle Calim : disons qu'elle ne dépeint pas des enseignants prêts à relever leurs manches pour aider Léo. Et j'ai trouvé qu'elle faisait porter à Léo un bien lourd parcours.
Je suis totalement convaincue.
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