Editeur : Albin Michel - Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise du Sorbier - Date de parution : Janvier 2016 - 387 pages vraiment beaucoup aimées !
Anna Benz âgée de trente-sept ans et d’origine américaine vit en Suisse depuis presque dix ans dans une banlieue de Zurich. Mariée à Bruno un banquier, et mère de trois enfants, sa vie est matériellement confortable. Sa belle-mère habite près de chez eux et elle garde volontiers ses petits-enfants même si elle est toujours distante avec sa belle-fille. Anna ne parle pas le suisse allemand, ne conduit pas et ne travaille pas et a un périmètre de vie restreint. Elle ne s’est toujours pas intégrée et se sent seule. Poussée par son mari à consulter un médecin, elle débute alors une psychanalyse et s’inscrit à des cours d'allemand. La jeune femme esquive à chaque fois les questions de sa psy pour ne pas lui avouer la vérité : elle trompe son ennui en ayant des amants.
Nous y voilà, pourrait-on dire, égoïste, capricieuse, libertaire (et j’en passe). Si quelquefois, Anna pense à rompre avec Archie (rencontré aux cours d'allemand), elle chasse très vite cette idée sans aucune culpabilité.
Engluée dans sa vie, ses escapades sexuelles lui permettent de s’évader de la monotonie. Jusqu'à ce qu'un drame se produise.
Les séances chez la psy, les cours de langue jalonnent tout le roman où les pensées d’Anna renforcent le malaise palpable. La psychologie tient une place très importante dans ce roman sur la quête d’identité, la souffrance, l'isolement et l'incapacité à être heureuse.
Le comportement et/ou la passivité d'Anna tout comme la sensation de ne pas cerner vraiment les autres personnages pourront agacer certains.
Jill Alexander Essbaum réussit à nous faire ressentir le désespoir qu'Anna entretient et qui la ronge.
Un premier roman très troublant, intelligent et magnétique, servi par une belle écriture sans aucune concession ( à noter le très bon travail de traduction) que j’ai vraiment beaucoup aimé !
Mais Anna ? Quelles étaient ses tendances ? Ce n'était pas un mystère. Avec Anna, tout était verbe. Elle manquait de rigueur dans ses conjugaisons et de prudence dans son usage des structures. Elle confondait temps et mode et avait trop souvent recours à la voix passive. Ces conclusions l'amusèrent. Comme je suis transparente ! Et elle l'était. Vraiment. Transparente, peu rigoureuse et triste.
Anna aimait le sexe sans l'aimer. Anna avait besoin du sexe sans en avoir besoin. Sa relation avec le sexe était un partenariat compliqué issu de sa passivité tout autant que de son indiscutable désir d'être distraite. Et désirée. Elle désirait être désirée.
L'envie de distraction était récente chez elle ; sa soif d'être un objet de convoitise existait depuis des décennies. Mais les deux étaient le fruit d'une lassitude, elle-même née des dix dernières années de petites rancœurs et de menues blessures banales dont elle rendait Bruno responsable. Elles avaient engendré l'ennui, qui à son tour avait engendré certaines habitudes.
Une lecture tandem avec Cathulu.
Les billet d'Adepte du livre et de Cuné où vous trouverez d'autres extraits.
21 commentaires:
ouaip, les trois C.
@ Keisha : :))))
Même si la portion congrue de détails sur les autres personnages ne m'a pas dérangée bien que je comprenne que certains lecteurs y voient un manque, j'ai tellement adoré ce livre que je trouverais génial de relire cette histoire mais du point de vue des autres, du mari en particulier. Quel pied ce serait si l'auteur l'écrivait ;)
Un premier roman qui semble avoir déjà trouvé trois grandes lectrices...
Tu enfonces le clou, donc (un 4ème c mais en minuscule...). Est-ce que je vais forcément l'aimer si les 3 C ont été emballées ?
@ Adepte du livre : j'ai tout aimé dans ce livre !! En fait comme tout est raconté par la vision et les ressentis d'Anna, son mari semble peu affectueux et assez peu attentif à Anne ( il n'aime pas parler de son travail et d'ailleurs elle ne sait pas en quoi il consiste exactement). Mais peut-être que justement nos impression sont biaisées et si on savait ce que pensent Bruno et sa mère en effet , notre vision serait différente sur certains points. J'ai ajouté le lien de ton billet.
@ Moka @ Mélanie C : je sais que Leiloona s'est ennuyée, une chose est certaine : ce livre va engendrer des avis opposés. Comme dit Cathulu dans son billet, soit aime soit on déteste :).
Comme d'habitude, vous vous y mettez à trois... et ça me tente !! ;)
@ Antigone : je ne peux que le conseiller !
J'espère que la blogo va s'enflammer avec
ce livre ! :)
@ Cathulu : oh que oui, je l'espère aussi !!! (si on mettait un extrait où Anna est avec un de ses amants, ça attirerait peut-être plus les foules, non? Je dis ça, je dis rien:))
Un premier roman ? Voilà qui est intéressant...!
Je ne suis pas sûre du tout que ce roman soit pour moi
Il a l'air vraiment bien, malgré le sentiment de malaise que Cathulu a ressenti.
Je passe : j'ai toujours du mal avec les personnages passifs
J'aime bien le 4° "c" de Mélanie : un clou :))))
Ce n'est pas si courant, finalement, que nous soyons d'accord toutes les trois. Ca n'en est que plus précieux à mes yeux, j'aime beaucoup ce lien entre nous.
Je suis déjà en train de lire l'amour et les forêts alors, j'ai mon compte de passivité
@ Cuné : tu me touches beaucoup en disant cela car je le pense aussi ( Cath et toi , vous comptez énormément pour moi). Merci.
@ Zazy : pour plus tard alors.
Le titre ne me disait trop rien, mais je vais hésiter maintenant ;-)
@ Laure : le titre n'est pas à la hauteur du contenu:)
Je suis dedans depuis trois jours et plus j'avance plus il me plait, même si le personnage est à l'opposé de moi. J'aime beaucoup cette façon d'alterner les séances sur le psy, le présent, les pensées de l'héroïne... Heureusement surprise donc... pour l'instant !
@ George : bonne lecture ! Il est très bien construit.
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