Editeur : Sonatine - Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau - Date de parution : Mars 2016 - 278 pages subtiles et douloureusement belles.
Bien que publié chez Sonatine, ce livre n’est pas ni polar ni un thriller. Il s’agit plus à mon sens d’un roman psychologique où la famille est au centre.
« Lydia est morte. Mais ils ne le savent pas encore ».
Nous sommes en 1977 dans une petite ville des Etats-Unis. Lydia Lee âgée de seize ans sera retrouvée noyée au fond du lac près de la maison familiale alors qu’elle ne savait pas nager.
Le père James est professeur dans une petite université, sa mère Marilyn est femme au foyer pas vraiment par choix. Ancienne étudiante douée qui rêvait de devenir médecin, sa vie a bifurqué. James est d’origine asiatique et a souffert de sa différence. Et c’est au tour de ses enfants métissées de subir la même chose. James fait ( et a toujours fait) comme s’il ne voyait rien mais Nath (le frère aîné de Lydia) et Lydia ont accumulé depuis l’enfance des petites remarques, des regards en bais. Un frère et une sœur soudés, unis sans avoir besoin d’en parler.
Lydia donnait à son père l’image d’une adolescente ayant des amis et intégrée (un mot qui compte beaucoup pour James). Sauf qu’il n’en est rien et sur laquelle sa mère a reporté son rêve avorté professionnel.
Autant de pressions pour Lydia. Elle faisait comme si : simulait des conversation téléphonique avec des prétendues amies pour faire plaisir à son père, acceptait sans broncher les livres de sciences (toujours les mêmes cadeaux de sa mère).
Celeste Ng analyse admirablement avec subtilité les relations entre les membres de la famille, le poids des non-dits. Elle creuse chaque personnage et nous révèle ses pensées avec des incartades dans le passé ou le futur qui trouvent naturellement leur place.
Chaque membre de la famille de Lydia cherche à comprendre encore faudrait-il qu’ils enlèvent leurs œillères.
Un premier roman douloureusement beau sur la non-communication et sur les pressions sociales et familiales, et si juste sur la différence. Superbe!
Plus tard, lorsqu'ils repenseront à ce dernier soir, les membres de la famille ne se rappelleront presque rien. Tant de choses seront rognées par la tristesse à venir. Nath, rouge d'excitation, parla pendant tout le repas, mais aucun d'entre eux – pas même lui–même se rappellera cette volubilité inhabituelle, ni même un seul mot de ce qu'il aura dit.
Plein d'avis sur Babelio
26 commentaires:
Une ènième histoire de non-communication dans la famille, mais elle a l'air prenante. C'est noté.
@ Aifelle : plus que prenante et vraiment différente de ce qu'on peut lire sut le thème. J'ai été chamboulée par de nombreux passages.
Je peine dessus car je m'attendais à un polar et du coup je le trouve terriblement long même si en effet les relations familiales au cœur du livre sont intéressantes. Donc je ne sais pas encore si je le finirai mais ce n'est pas un polar !
@ Laure : je l'ai dévoré et je n'ai ressenti aucune longueur.
ça donne envie ! :)))
Une fois qu'on sait que ce n'est pas un polar, on n'a plus cette attente, et après c'est très bien, voilà l'idée?
J'étais sûre que tu allais l'aimer celui-ci !
@ Cath : vraiment, je le recommande parce que les relations au sein de cette famille sont très bien décrites et combien quelquefois les parents (inconsciemment ou non) projettent sur leurs enfants trop d'envies ( dont celle d'être pour une fille différentes de sa mère).
@ Keisha : très vite, on comprend que ce n'est pas un polar. Bien entendu, il y a l'enquête de la police mais seulement à la fin on découvre ce qui s'est réellement passé.
@ Nicole G. : je ne suis pas loin du coup de coeur !
Plus que tentant... Je suis très curieuse de voir comment ce thème si rabattu des relations familiales versus incommunicabilité est traité. Il est dans ma mire! Merci, Clara, pour la découverte.
@Marie-Claude : un thème souvent exploité mais ici l'auteur apporte un plus dans le schéma familial. Et tout est si bien décrit! J'ai eu des pincements au cœur, la gorge nouée et j'ai ralenti volontairement pour les dernières pages.
Après le billet très enthousiaste de Nicole...
Mais je ne sais plus où donner de la tête !
@Delphine : oui et Nicole avait raison d'être si enthousiaste! Et en ce moment, beaucoup de lectures me tentent et m'attendent ( mais j'aime ça).
Effectivement, on ne s'attend pas à un tel roman de Sonatine. Merci donc de nous avertir... et de nous donner autant envie ;-)
ah génial!! il est dans ma PAL, je n'ai pas encore eu le temps de m'y consacrer, mais ton billet donne terriblement envie :)
Justement, je préfère les romans psychologiques aux thrillers. Je le vois un peu partout ce livre, ce qui ne me semblait pas bon signe. A te lire, même si il ne devient pas une priorité, je pense qu'il pourrait être un bon moment de lecture.
Ta chronique est convaincante ! Je note !
Je pense comme Jostein et je note
Tu me tentes là !
@ Zarine @ Eva @ Gambadou : vraiment, je le conseille fortement !
@ Jostein @ Zazy : c'est un roman psychologique et je le redis: je n'étais pas loin du coup de coeur. Quand un roman est très bon, on le voit partout , non?
@ Aelys : oui!!!
Je suis étonnée qu'un tel roman paraisse chez Sonatine.
@ Alex : oui , je le suis également.
Un roman que tu me donnes envie de lire, même si je postpose un peu les lectures douloureuses (même belles).
Je le note, il a de grandes chances de me plaire.
Coup de cœur pour moi !
@ Céline @ Folavril : il m' a marquée !
@ Joëlle : je file lire ton billet.
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