Editeur : Plein Jour - Date de parution : Mars 2016 - 172 pages et une lecture nécessaire.
Alors que Romica faisait la manche au même endroit depuis quatre ans, Valérie Rodrigue a remarqué sa présence (car quelquefois, il faut un élément déclencheur pour «voir» que ce que l’on voit sans y prêter attention). La poussette avec l’enfant, les sacs en plastique (« C'est bien le signe d'une vie à la rue, les sacs en plastique») et ce besoin pour la journaliste d’aider cette jeune femme Rom enceinte.
Les Roms sont souvent diabolisés (des voleurs) dans les esprits quand ce n’est pas par les politiques eux-mêmes. En 2010, le président de la République lors de son discours de Grenoble parle à la fois « des gens du voyage, de la délinquance et des Roms, comme si tout cela était indissociable ».
Après ce discours, Valérie Rodrigue participe à l’aide aux devoirs des auprès des enfants roms et s'implique auprès de Romica, jeune femme mariée très jeune contre son gré puis arrivée en France avec son mari. Ils vivent dans un bidonville sur un terrain boueux appelé le platz dans l'Essonne avec comme logement une cabane. La communauté y est rassemblée avec son chef auquel on paie un loyer.
Romica connaît les expulsions : ce n’est pas la première fois qu’il y a un arrêté préfectoral d’expulsion, les CRS puis les bennes. Alors il faut partir, trouver un autre endroit. Romica enceinte doit être suivie médicalement comme sa fille. Mais il faut lever des barrages et les appréhensions de Romica. Lui faire comprendre qu’elle a des droits, qu’elle peut espérer et vouloir plus d’un cabane car Romica rêve de travailler.
Valérie Rodrigue va devoir gagner la confiance de Romica, comprendre les règles des Roms (qui parfois freinent Romica), leur culture et leurs valeurs, tordre le cou aux préjugés que ce soit du côté des Roms ou de ses amies. Elle découvre la complexité, les aberrations de l’administration. Et des barrages, il y en a beaucoup mais ensemble, elles vont les lever : de l'Aide médicale d'état à la scolarisation des enfants, de l'obtention d'une formation à un emploi.
Ce récit d’une amitié et de l’intégration réussie de Romica est tout simplement formidable parce que Valérie Rodrigue peint une réalité sans chercher à l’embellir.
L’auteur n’oublie pas de parler du travail des bénévoles, des réussites comme des échecs. Et puis, il y a des phrases qui font froid dans le dos, les Roms sont stigmatisés comme d’autres le furent à d’autres époques pour leurs origines avec les conséquences que l’on connaît. Une lecture plus que nécessaire à mes yeux !
Inutile d'être très perspicace pour deviner que les Roms des Balkans sont posés sur les routes par la nécessité, comme autrefois les Portugais ont fui leur pays, la dictature et la misère. Si les Roumains ou les Bulgares construire des abris sous nos axes autoroutiers, est-ce au non nom d'un mode de vie nomade ou d'une pauvreté extrême ? Qui quitte son pays, qui dort dehors par plaisir ?
Qui s'intéressait à Romica ? A toutes les Romica qui se battent pour s'en sortir, pour tirer leur famille, et leur communauté vers le haut ? La réussite, la volonté, le chemin parcouru, c'est moins sensationnel que le trafic de cuivre, de carburant, la prostitution, les vols à l'arraché ou les cambriolages.
8 commentaires:
Valérie Rodrigue est journaliste et romancière, c'est ça ? il me semble avoir déjà lu des articles et un roman d'elle, mais je peux confondre...
Je l'ai remarqué, j'espère qu'il arrivera à la bibliothèque.
@ Cath : oui, c'est bien ça.
@ Aifelle : j'espère qu'il sera très, très lu !
C'est une 'histoire vraie'? Ou une roman? Je préfère quand c'est un document, tu sais. Et j'espère qu'on ne confondra plus Rom et Gens du voyage (ces derniers récemment accusés de tout ou presque dans ma commune, grrr)
@ Keisha : ce n'est pas une fiction, c'est un récit et du vécu. Je suis d'accord avec toi, la méfiance demeure envers les Roms, les gens du voyage ( accusés trop souvent).
J'espère qu'il croisera ma route.
Je le note et j'espère aussi le trouver en bibli
@ Alex @ Zazy : oui !
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