Éditeur : Métailié - Date de parution : octobre 2012 - 195 pages jubilatoires qui se dévorent !
A Chaumont , le procès en appel d’Abdelkader Fournier va se
dérouler sous la houlette du juge Anquetin surnommé la boucher de la Haute-Marne.
A quelques kilomètres, la ville de Colombey-les Deux-Eglises est en émoi. Etienne
Marsant a accepté de présider le festival de cinéma qui doit s’y tenir. Acteur
de cinéma populaire, il a fait battre en chamade le cœur de nombreuses femmes, su conquérir son
public pour ses rôles. Bref, un mythe du cinéma français exilé en Suisse petit
paradis fiscal où il s’ennuie surveillé de près par sa femme. Il loge au même
hôtel qu’un couple d’avocats défenseurs
du jeune braqueur de banques.
Si Etienne Marsant se rend à ce festival de cinéma régional à la notoriété locale (et encore), il s’agit d’une fuite. Sa
santé l’empêche désormais de jouer, de boire et de manger autre chose que du diététique. Ses beaux jours sont derrière lui mais sa notoriété est
bien vivante pour ceux et celles qui ont
plus de trente ans. Et Maître Jean Bloyé comme son épouse Anne connaît certains de ses films. Grands avocats, lui et sa femme ont la réputation d’obtenir des verdicts inimaginables,
un couple rôdé aux effets de manche, de style où chacun joue son rôle. Mais Jean
Bloyé est las, fatigué de ce travail et
veut arrêter une bonne fois pour toutes.
Il attend juste le moment où la vidéo d’un ado pré-pubère poussant quelques
notes aiguës sera téléchargée un milliard de fois pour quitter sa robe d’avocat.
Le juge fier comme un coq et raciste ( un de ses nombreux traits de caractère) se réjouit
à l’avance d’envoyer pour très, très longtemps Abdelkader Fournier en prison. A vingt-deux ans, le jeune homme un peu mou (et que l’on a envie de
remuer de temps en temps) a braqué
plusieurs banques pour faire la fête. Un jeune braqueur toujours poli, d’origine
française mais ni son âge ni son nom ne
le servent face au juge Anguetin. Et comme tout est possible comme au cinéma (et en respectant les articles de loi), Etienne Marsant est à la barre pour défendre Abdelkader Fournier.
J’ai souri, j’ai eu une forme d’empathie pour Jean Bloyé, j’ai eu envie de dire ses quatre vérités à son
épouse et tout ce que je pensais
au juge mais surtout j’ai beaucoup
rigolé ! Chaque personnage m’a inspirée différentes émotions même les personnages
secondaires. Même si
quelquefois les clichés sont évités de
justesse, ce roman hautement jubilatoire est bien plus profond qu’il n’y paraît aux
premiers abords. Sans assommer le lecteur de termes légaux, Hannelore Cayre parvient à faire réagir le
lecteur sur des thèmes actuels. Et elle n'a pas froid aux yeux avec une liberté de ton directe et franche que j'aime beaucoup !
Une fois, elle s'était livrée à cet exercice à haute voix devant son mari. Il s'était moqué de ce qu'il nomma son gentil délire bourgeois typiquement 80 et avait balayé ses souvenirs d'un odieux " il y a des gens qui ont une araignée au plafond, toi, c'est une boule de disco". Qu'est ce qu'il pouvait être méchant parfois.
Merci à Babelio et à l'éditeur pour ce livre.
Le billet d'Yv (conquis!)