jeudi 8 novembre 2012

Philippe Djian - "Oh..."


Éditeur : Gallimard - Date de parution : Août 2012 - 273 pages troublantes.

Oh… n’est pas exclamatif et pour déterminer sa portée, il faut attendre la dernière page de  ce curieux roman. Curieux, oui, car il s’ouvre sur  la narratrice, Michèle presque  cinquantenaire qui vient de se faire violer mais  ne se précipite pas sur son téléphone et ne prévient pas la police.  Productrice de films, vivant seule dans sa maison depuis qu’elle s’est séparée de Richard son ancien mari. Ah Richard, dont Michèle écoute les plaintes sans cesse ponctuées d’un putain (à croire qu’il ne peut pas dire  une phrase sans ce mot). Car Richard écrit des scénarios fades, insipides, sans originalité qu’il croit toujours excellents. D’où leurs rapports souvent conflictuels mais il garde un œil  protecteur sur son ex-femme et  a un bon fond malgré tout. D’ailleurs, c’est à lui dont elle parle en premier du viol. Leur fils de vingt-quatre ans sans travail fixe veut élever et reconnaître  l’enfant que sa nouvelle amie attend et dont il n’est pas le père, la mère de Michèle s’amuse avec des jeunes hommes ( pour la plupart des gigolos qu'elle entretient). Fils et mère dépendent financièrement de Michèle. Heureusement, il y a Anna l’amie solide avec qui Michèle a monté sa boîte. Mais, il y a un hic, son mari  Robert est l‘amant (collant) de Michèle. Sans compter un voisin très gentil Patrick dont Michèle jusqu’à  peu ignorait le prénom. Mais depuis qu'un rôdeur a été vu dans le quartier, Patrick se montre un  quelqu'un sur lequel on peut compter( collant aussi) car entre voisins il vaut mieux s’entraider, c’est bien connu. D’ailleurs, Michèle a un faible pour lui. Quand sa mère lui demande d’aller rendre visite au moins une fois à son père, elle refuse d’emblée.  Un père emprisonné qui il y a trente ans a tué les soixante-dix enfants d’un club Mickey. La vie de Michèle et de sa mère a  été ensuite un cauchemar sans nom. Pas très simple tout ça me direz-vous ? Ajoutez-y que  Michèle flirte avec celui qui l’a agressée (dont on devine très facilement l'identité). 

Philippe Djian  ne s’embarrasse pas d’écrire des jolies phrases. Non, il nous raconte les faits d’une façon presque sèche  je sors. Je vais fumer une cigarette dehors. Une écriture basique comme comme dans un scénario. Phrases juxtaposées, lecteur bousculé et l’on passe d’une  situation à une autre dans la vie de Michèle comme en temps  réel. D'ailleurs, par son  intermédiaire on fume beaucoup ( toutes les deux pages) et on boit beaucoup de gin tonic. On est dans le quotidien. Dans l'intime, les pensées, le travail ou  la famille.

Bizarrement, ce livre n' a pas a connu le jeté par dessus par l'épaule  car il s'en dégage quelque chose d'assez hypnotique au final ( est-ce l'effet des phrases simples sujet verbe complément?). L'auteur nous livre  le  portrait d’une femme forte et libre qui défend ses bastions. Tellement forte qu'elle fait abstraction de ses problème en se jetant corps et âme dans son travail ( Wonder-Woman est de retour). Les hommes qui l’entourent ne lui arrivent pas à la cheville, elle mène la danse et n’a de compte à rendre à personne.  Je suis  totalement incapable de dire si j’ai aimé ou non mais j’ai été troublée. De là à relire cet auteur, il y a un fossé...

Le billet de Krol.
Un livre lu grâce à Price Minister
 

15 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai lu seulement ton dernier paragraphe car je veux le lire sans rien en savoir ou presque (on a beaucoup parlé de ce fameux viol!). J'en attends beaucoup, j'aime la personnalité de Djian, mais je n'ai encore rien lu de lui, je commencerai donc ma découverte avec celui-ci.

krol a dit…

Merci pour le lien. Je suis une grande fan de Djian !

**Fleur** a dit…

Je l'ai pas terminé !

antigone a dit…

Je crois que je suis dans le fameux fossé, rien ne me donne envie de lire cet auteur !

cathulu a dit…

J'aime beaucoup ton expression concernant le jeté de livre!:)) "Bleu comme l'enfer" du même auteur avait failli connaître le "jeté par la fenêtre"!:))

Aifelle a dit…

Je pense que chez moi, il connaîtrait rapidement un "jeté par dessus l'épaule". Je n'ai pas aimé la façon dont l'auteur le présente, et je n'ai pas aimé le seul livre lu de lui (37.2° le matin)

Asphodèle a dit…

Ton avis ne m'encourage pas à découvrir un auteur qui ne m'interpelle pas ! Et ce n'est pas le phrasé minimaliste qui va me décider !

liliba a dit…

Lu une fois cet auteur (37°2) et détesté son écriture... je n'ai jamais retenté...

Une Comète a dit…

J'ai adoré ce livre ! Surprenant, bien tordu !
Trop bien :)

Philisine Cave a dit…

Je l'ai acheté et vais le lire très prochainement. Bisous

Anonyme a dit…

Une histoire qui m'a l'air pour le moins "tordu", mais bon, "il faut de tout pour faire un monde"...

Yv a dit…

J'en ai lu un ou deux de lui il y a longtemps, je ne renouvellerai pas cet exploit.

Emeraude a dit…

moi j'ai adoré et pour des tas de raison ! Mais je connaissais déjà un peu l'auteur, il a un univers particulier c'est sûr, et encore plus dans ce titre là !
Mais je trouve que dans "Oh" il a réussi plusieurs exploits, le premier étant de se mettre dans la peau d'une femme !

Géraldine a dit…

J'ai arrêté de fumer assez difficilement, alors je ne vais pas reprendre un tabagisme passif toutes les deux pages de ce livre qui ne m'attire pas franchement.

Anonyme a dit…

Troublant en effet mais intéressant , par la découverte progressive des histoires des personnages. Dommage que j'ai lu les dernières pages bien avant d'en être à la fin . Impardonnables était troublant aussi. A ne pas jeter sur l'épaule je pense