Depuis qu'ils sont enfants, Tony aime Pauline. Il a toujours été là pour elle comme l'ami sur qui on peut compter : chagrins amoureux, nuits brouillées par l'alcool ou les pleurs. Pauline l'a toujours considéré comme un frère. Même quand ils étaient tous les deux étudiants, elle n'a pas voulu voir ses regards où l'amour était bien présent. Tony ne lui a jamais rien avoué. Quand Pauline est partie suivre Guillaume à l'étranger, Tony a arrêté la fac pour une vie fade et un boulot alimentaire.
Un jour elle l'appelle. Elle revient et lui demande de venir la chercher à l'aéroport. Elle s'installe chez lui provisoirement, le temps de trouver un appartement et un travail. Il le lui a proposé avec cette idée que les mensonges que l'on se fabrique peuvent devenir réalité. Et tous deux ont joué à une parodie : sorties, cinéma, restaurant. Toujours tous les deux. Tony la surveillant mine de rien, ayant trop peur qu'elle s'envole pour une nuit avec quelqu'un. Un soir, elle s'est faite belle car elle a une nouvelle à lui annoncer. Elle va se remettre en couple avec Guillaume. Tony devrait être content pour elle, avoir des sourires de pacotille et la féliciter. Faire comme si une fois de plus. Mais Tony ne peut plus. Un trop plein de non-dits refoulées depuis longtemps, de cet amour qui le consume à le rendre fou, de sa relation faite de silences avec son père. Tony disparaît.
Ce père enseveli sous le poids de l'Algérie et de la mort de sa femme cherche à comprendre. Il demande de l'aide à Pauline et l'accuse. Pas ouvertement ni franchement mais à demi-mots. Et Pauline lui renvoie au visage les blessures cachées de son fils. Le père perd espoir de revoir son fils.
Des personnages qui sont seuls ni innocents ni coupables et qui se cognent, se cherchent tels des phalènes devant le scintillement d'une lumière. Ils encaissent les heurts ou ne veulent pas voir l'étendue dévastatrice de leurs silences. Les voix comblent peu à peu ce qui n'a pas été forcément raconté jusqu'à ce que l'inéluctable sans concession se produise .
Une écriture magnifique, une construction admirable pour une lecture qui implose les silences, dépeint les drames de vies tissées sur un quotidien bancal.
Que dire de plus? Laurent Mauvignier est un maestro...
Alors, c'était avant ce jour où il a franchi la porte, où il est venu parler et où à la fin il s'est effondré pour dire que la vérité c'était le réel sans lui, qu'il n'était que des yeux et son corps une éponge faite pour absorber les surplus qu'il voyait dans la vie, son corps, lourd de ce silence où les autres l'abandonnaient, croyait-il, ignorants qu'ils étaient de ce qu'ils lui laissaient à charge.
Lu de cet auteur dont je suis archi fan : Apprendre à finir - Autour du monde - Dans la foule - Loin d'eux
20 commentaires:
Et vous l'avez lu en deux jours ? Houah...
Celui-ci je me souviens l'avoir lu à sa sortie et ne pas l'avoir aimé du tout. Ça m'a rendue mefiante envers Mauvignier. Mais tu me donnes presque envie de retenter l'expérience. En tout cas ça fait plaisir ton enthousiasme pour cet auteur. :-)
Je suis actuellement plongée dans Autour du monde... Agréable à lire, même si je commence à me lasser de ces compilations de récits au sein d'un même livre... Une marque de cette rentrée littéraire ?
Si je dois le lire, je préfèrerais commencer par le dernier paru. Le thème me parle davantage.
Faudrait que j'essaie
Je suis convaincue !! ;) Pfiou...
@ Jeanmi : je ne comprends pas le sens de votre commentaire ( lard ou cochon? ) ...
@Papillon @ Aifelle : j'en ai reparlé aujourd'hui avec des lectrices de cet auteur et on a toutes un faible pour ce qu'il a écrit avant Autour du monde
@ Itzamna : à quels livres fais-tu référence?
@ Zazy : Oui !!!
@ Antigone : :))))))
Bon, d'abord je vais lire "Des hommes", qui m’attend depuis une éternité, après, je fais ma note sur "Meursault contre enquête", et après, je note ce titre, qui m'a l'air passionnant (et quand même un peu lié aux deux titres précédents). Merci pour ton goût de lire et de partage !
J'ai commencé avec L'Ile du point du Némo, pour poursuivre avec La fractale des raviolis, Selon Vincent, et là, je suis plongée dans Autour du monde... Cela fait un peu bcp ;-)
En tout cas tu sais donner envie de lire ce livre !
Ariane
Il faut vraiment que je découvre cet auteur ! Les couverture rébarbatives de l'éditeur ne donnent pas envie, mais je passerai outre ! ;-)
Un livre qui implose les silences ? Tant que ça !
@ Athalie : le blog sert à partager et je n'ai plus envie de parler de mes nombreux abandons... Je préfère faire la part belle aux livres qui m'apportent ( des émotions, des rires , du suspense, une histoire belle ou qui me scotche)!
@ itzamna : j'ai lu la fractale des raviolis et je n'ai rien de ce livre donc j e n'en ai pas parlé ( aussitôt lu, aussitôt oublié) et les deux autres que tu cites ne m'attirent pas.
@ Ariane: j'aimerai que tout le monde découvre cet auteur !
@ Kathel : elles sont sobres , personnellement, ça ne me dérange pas...
@ Alex : Laurent Mauvignier implose les silences et les non-dits dans ses livres, il les explore, les fait parler : c'est un virtuose !!!
Il faut vraiment que je relise Mauvignier. Une écriture comme la sienne ne pourrait que me réjouir.
Je n'ai jamais lu Mauvignier mais tu donnes envie de le découvrir ! Le thème comme ça (un amour silencieux) ne me tente pas trop mais ce que tu en dis beaucoup plus !
@ Valérie : je suis tellement imprégnée de son écriture que du coup beaucoup de livres me tombent des mains ( je les trouve fades, sans relief)
@ Céline : il faut découvirr ce grand auteur !
Tiens ce qui est étonnant est qu'il ne semble pas être sorti en poche. C'est un auteur que j 'aimerai découvrir, j'avais déjà noté Autour du monde, et la façon dont tu parle de cet autre roman me plaît beaucoup!
@ Laeti : non il n'est pas en format poche chez Minuit. Et je le redis : il faut lire Laurent Mauvignier !!!
Après "Continuer", je compte me plonger dans celui-ci. Le thème me parle beaucoup.
@ Fanny : oui et re-oui !!!
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