Éditeur : Actes Sud - Date de parution : Mai 2015 - 348 pages puissantes et audacieuses !
D'abord , il y a l'étonnement car ce roman est raconté comme s'il s'agissait d'un scénario destiné à être un film. La caméra qui filme selon différents plans, la musique, les scène qui seront coupées ou élaguées.
Milo se meurt du sida sur un lit d'hôpital et son compagnon réalisateur lui raconte ce film. L'histoire de Milo celui qu'il aime.
Et pour connaître qui est Milo, ce qui l'a forgé ou ce qui lui a manqué, il faut remonter son ascendance.
Direction l'Irlande où son grand-père Neil Kerrigan, fils d'un juge, rêve de poésie et d'écriture comme son ami James Joyce alors que le pays s'enflamme contre l'occupant britannique. Destiné à être avocat, Neil se rebelle et part au Canada en 1914 changeant son nom au passage. Marié et père d'une fratrie nombreuse, L'Irlande coule toujours dans son sang mais il a abandonné par dépit ses ambitions.
Milo, fils d'une Indienne prostituée Awinata qui l'a abandonné, est placé à l'orphelinat puis dans des familles. Il résiste à la maltraitance en s'abonnant à son imagination. C'est son grand-père Neil qui viendra le récupérer alors qu'il a une dizaine d'années. La complicité qui s'établie entre eux deux dérange les autres membres de la famille qui aiment rappeler à Milo qu'il est le fils d'une prostituée et d'un bon à rien. Mais Milo se construira malgré tout. Mais même en coupant les ponts, il ne pourra jamais effacer certains souvenirs qui sont ancrés en lui comme ses racines.
Ce roman brasse les langues : le français, l'anglais, le québecquois ( avec des expressions propres) et la chronologie ce qui demande une exigence mais nous fait tanguer également. Et il y a un rythme qui s'impose naturellement quand on lit, cadencé au diapason de la musique de la capoeira, une danse du Brésil. Le pays de la mère de Milo.
Les mots claquent, sonnent et résonnent ! Car il y a cette mixité des origines, des douleurs, de l'écrit et du cinéma. Nancy Huston écrit sans tabou sur la drogue, la prostitution, l'exil, la solitude, les guerres petites ou grandes, l'identité sans jamais perdre son lecteur.
Puissant, ambitieux et audacieux, il s'agit d'un roman qui secoue mais qui sait également parler au cœur !
Lu de cette auteure : Prodige
14 commentaires:
Alors je te suis aveuglément et je l'ajoute à ma LAL estivale !
@ Moka: merci pour ta confiance!
Ah oui ! J'avais beaucoup aimé ce roman !!! Je suis d'accord avec toi !
J'ai pas mal lu huston, puis l'ai abandonnée...
Diablesse tentatrice que tu es ;-) Celui-ci m'avait fait de l’œil quand il est paru mais j'avais réussi à résister aux sirènes. maintenant, je suis cuit ! Je VEUX le lire.
Ce titre m'intéresse depuis sa sortie, mais tout ça a l'air un peu "brouillon" et "fourre-tout", non? L'élément de la langue m'intéresse beaucoup par contre. J'hésite... s'il faut revenir souvent en arrière pour comprendre, ce n'est pas pour moi (j'attends que tu me rassures ^^ car au final, je reste très tentée).
Je n'ai lu de Nancy Huston que son autobiographie romancée (Bad Girl), il est temps que je découvre ses romans :)
@ Krol : oui un roman étonnant et totalement réussi !
@ Keisha : celui-ci je pense diffère des précédents par le forme mais je m'avance peut-être...
@ In Col dBlog : à te lire, je suis le de démon personnalisé:)! C'est Arnaud qui me l'a conseillé ( en plus).
@ Laeti : non car même s'il est foisonnant et exigent , il est parfaitement maîtrisé ! Je n'ai pas eu besoin de revenir en arrière ou de me poser la question de savoir qui était qui..
@ Eva : oui!!!
J'adore l'auteure et j'ai déjà beaucoup lue d'elle mais, bizarrement, celui ci ne me dit rien du tout....
Une auteure que j'adore et qui a un lien particulier à la danse.
Une de mes prochaines lectures j'espère.
Je n'étais pas tentée au premier abord, mais après ton billet, je ne sais plus.. Je vais devoir y réfléchir encore, je pense. pourtant, j'aime Nancy Huston, normalement.
Je suis une grande fan de cette auteure :)
@ Alex @ tant qu'il y aura des livres: je le conseille vraiment, vraiment beaucoup !
@ Karine : ) : en plus, il est en poche!
@ Léa : j'avais abandonné un de ses livres, mais je ne sais plus lequel...
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