Éditeur : Gallimard - Date Parution : 2013 - 63 pages dont on ne sort pas indemne...
En septembre 2012 dans un laps de temps très court, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER dans les Yvelines près d'où l'auteur habite. Des morts relayées par ce message de la SNCF qui prévient du trafic interrompu et retardé "Suite à accident grave de voyageur". Pas plus. "Neutraliser la zone d'inquiétude avec des termes propices à l'oubli, inoffensifs et creux. " Mal nommer les choses, jugeait Camus, c'est ajouter au malheur du mode". Ne pas les nommer, c'était nier notre humanité".
Eric Fottorino est un utilisateur du RER comme tant d'autres. Frappé par ces morts, il cherche des informations. Le journaux ne mentionnent que le retard des trains. Aucun nom d'écrit pour chacune des trois personnes. Leurs souffrances, leur désespoir sont tus comme si elles n'avaient jamais existé. Oubliées au plus vite car seul le temps compte. Sur un forum, des usagers déversent leur colère violente " Un suicide, dans les transports en commun, c'est plus que que gênant, c'est irritant, c'est ennuyeux, c'est un agacement de plus, une tracasserie dont des milliers de personnes n'ont pas besoin." D'autres vont plus loin avec un cynisme qui m'a coupée le souffle. Chacun défend son temps précieux.
Et il y a ceux qui sont touchés, marqués à jamais par ce qu'ils ont vu.
L'auteur ne se fait pas moralisateur ou ne se donne pas le beau rôle " Combien de fois ai-je moi-même pesté à l"annonce d'un retard dû à "accident de voyageur". Suis-je donc insensible aux autres? , il nous parle de la déshumanisation et de l'individualisme. Il s'interroge sur les situations qui conduisent à cet acte.
Avec ce livre fort, il donne une dignité à ces voyageurs morts et leur rend un très beau et vibrant hommage. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Les billets de Fransoaz, Jérôme, Noukette, Philisine
Une lecture dans le cadre de la 12ème édition du prix des Lecteurs du Télégramme
Lu de cet auteur : Caresse de rouge -L'homme qui m'aimait tout bas
19 commentaires:
Déjà vu sur les blogs, mais pas encore lu... Trop de livres, trop de livres...
@ keisha : une lecture nécessaire selon moi...
Comme je le disais à Fransoaz, je suis ravie que ce livre fasse partie de la sélection du Télégramme cette année : il fut un de ces rares livres qui marquent profondément la lectrice que je suis. J'ai tout, tout, vraiment tout aimé dans ce texte : la façon délicate du l'auteur de parler d'un thème aussi grave, son exploitation. C'est un essai qui fait réagir. Bisous
On parle aussi "d'incident de personne" dans le cas de suicide sur la voir, qui est aussi le titre d'un roman d'Eric Pessan
@ Philisine : oui, ce livre possède toutes ces qualités !
J'hésite pour mon vote, tiraillée entre ce livre et l'essai d'Aymeric Patricot. Le choix va être difficile..
@ Yv : j'ai ce roman dans ma PAL mais je vais attendre un peu car ce sont des lectures qu'il faut "digérer"..
La déshumanisation oui, quelque chose qui me touche.
J'ai déjà eu l'occasion de dire que c'est une situation que j'ai vécue, et j'ai été vraiment choquée de ce que j'ai entendu. Certes, nous avons eu quatre heures de retard, mal gérées par la SNCF, mais quelqu'un était mort d'une manière épouvantable, ça incite au silence (normalement ..). Je le lirai.
Je pose la même question que chez Fransoaz, s'agit-il uniquement de réflexions ou y trouve-t-on des portraits, (même fugaces). Je crains toujours les livres dans lesquels l'auteur livre des réflexions très personnelles. Ceci dit, j'aime bien Fottorino, donc je suis toute disposée à l'aimer....
Je copie sur Galéa.
Je n'étais pas attirée, mais je lis "lecture nécessaire", je le rajoute alors !
Je ne connais pas mais je me l inscris dans ma PAL...le sujet me touche et je suis utilisatrice quotidienne du RER. Il y a de fortes chances que cela me parle.
@ Manu : alors ce livre est pour toi !
@ Aifelle : quand je suis arrivée à Paris ( et utilisatrice du métro et RER) pour y travailler (dans ma jeunesse), un collègue m'avait expliqué e que ce voulait dire cette phrase car le RER avait du retard . Sans compassion ou empathie.La vie semblait continuer et j'étais bouleversée..
@ Galéa @ Cathulu : il y rapporte les faits et questionne, interroge. Il en saura un peu plus sur ces trois personnes mais très peu.Et il nous le dit.
@ Laure : oui nécessaire car ce temps après lequel on court, peut-il déshumaniser la mort ?
@ Laurie : certaine pages m'ont été très dures à lire...
Je suis persuadée que ce livre est sur ma PAL.
Je ne connais pas mais je me l inscris dans ma PAL...le sujet me touche et je suis utilisatrice quotidienne du RER. Il y a de fortes chances que cela me parle.
Le sujet m'intéresse (et je pense qu'il le traite certainement avec une grande lucidité) mais j'avais été déçue par ma dernière tentative avec l'auteur alors j'hésite.
Un texte extrêmement fort, tu as bien raison !
Je note ce livre !
Un texte difficile à oublier oui...
@ Moka : petit livre mais grands émois !
@ Antigone : un lecture "choc"...
@ Jérôme : et j'espère qu'il sera récompensé !
@ Lybertaire : il faut le lire !
@ Noukette : on ne peut pas l'oublier..
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