Éditeur : Grasset - Date de parution : Juin 2015 - 383 pages complètement addictives et géniales!
A la fin du tome 1, Vernon Subutex après avoir squatté à gauche et à droite était recherché par diverses personnes. L'ancien disquaire ne s'était pas fait que des amis. En plus, il possède des enregistrements très convoités d’une interview d’Alex Bleach une rock-star qui s'est suicidée.
Vernon se retrouve à la rue comme un SDF. Ses anciens amis ou connaissances essaient de le localiser dans Paris tout comme La Hyène. Et elle réussit à récupérer les enregistrements. Au lieu de les rendre à son commanditaire et d'empocher le pactole, elle décide de les faire visionner à Vernon et à la petite douzaine de personnes qui gravitent autour de lui. Et ces cassettes vont leur faire découvrir beaucoup de choses (pour connaître le contenu des enregistrements, lisez le livre). Installé au parc des Buttes-Chaumont, Vernon décline les propositions d'hébergement des uns ou des autres. Il dort sous une tente près d'une voix ferrée désaffectée, un lieu trouvé par Laurent jeune SDF. Tous les jours, tout ce petit monde revient le voir. Pourtant, il n'a rien de "spécial".
Des les premières pages, ça commence fort, très fort :
Mais les mecs sont tous devenus identiques, on dirait qu'ils prennent des cours du soir pour se ressembler le plus possible. Si on ouvrait le cerveau de Laurent en deux pour lui regarder la mécanique, on y trouverait strictement le même arsenal de conneries que dans celui du cadre sup en détresse qui fait ses abdos à côté d’eux : des petites poulettes ultra light, de la verroterie Rolex et une grosse maison sur la plage. Que des rêves de connard.
Ici, Vernon n'est pas au centre de l'histoire même s'il est le trait d'union entre toutes ces personnes.
C'est à eux que Virginie Despentes s'intéresse. D'Aïcha âgée de vingt ans à Charles qui doit avoir presque soixante-dix ans, ils sont SDF, ouvrier, retraité, professeur, secrétaire, chômeur, serveuse ou étudiante. Et, pris à part, ils ont tous leur propre histoire, leurs désillusions, pour certains la rancune de végéter sur le plan professionnel, d'avoir du mal à joindre les deux bouts ou pour d'autres de vivre confortablement. Bref, un véritable échantillon de notre société. Mais l'auteure ne s'arrête pas là et bien heureusement. Car Virginie Despentes appelle un chat un chat et ne prend pas de gants pour radiographier la France d'aujourd'hui tout en y incluant la politique, les questions de société. Des déçus de la gauche aux défenseurs de la laïcité, elle gratte et vise juste.
Avec tous ces personnages et leurs singularités, elle tisse autour de Vernon une sorte de communauté. Non pas qu'il soit devenu sorte de gourou (même si le bruit circule que si), il mixe de temps en temps dans un bar pour ses amis.
Des personnages fouillés, décortiqués dont elle nous livres les idées et les pensées. Ca pulse, ça vibre, ça interpelle et c'est direct ! L'hypocrisie et les faux-semblants sont démasqués, on ressent la colère et cette envie qu'ils aimeraient penser que peut-être tout est encore possible au fond.
Une chronique sociale complètement en phase avec notre époque, réaliste et terriblement addictive ! Ce second tome que j'ai dévoré est encore meilleur que le premier et vivement la suite !
La docilité, de part et d'autres, c'est ce qu'on attend de l'Arabe – il se soumet à la barbarie des siens ou à la violence de l'État français, peu importe, pourvu qu'il renonce à sa dignité pleine. Et derrière l'Arabe, c'est le précaire qu'on vise : ce que ses collègues de gauche réclament, au fond, c'est que le plus démuni apprenne à souffrir en silence.
À travers sa fille, Sélim récupère son statut d'enfant d'immigré : il est placé devant une double injonction réalisable. Il est écartelé. Il refuse d'accepter le choix d'Aïcha autant qu'il refuse de le condamner avec ceux qui n'ont pas subi ce qu'elle subit.
Il a aimé ce pays, à la folie. Son école, ses rues propres, son réseau ferroviaire, son orthographe impossible, ses vignobles, ses philosophes, sa littérature et ses institutions. Mais autour de lui, les Français n'habitent plus la France qui l'a enchanté. Ils souffrent.
23 commentaires:
Oh lala ce billet :) tu me donnes envie de cliquer tout de suite;) J'attends un peu, juste un peu ! Bisousss
@Une Comète : depuis hier, je suis sur "pile" à cause de ce livre ! c'est bon, très bon !!
Je n'étais pas forcément partante pour lire le second, comme je l'indiquais dans mon billet (mais pas contre non plus), mais là, j'avoue que tu es assez convaincante ! A suivre...
Tu enfonces le clou, il faut absolument que je découvre cette auteure et son Vernon Subutex !
Tu vas me convaincre de lire le 1 (présent à la bibli!)
@ Delphine : je me suis régalée, j'ai été interpellée car elle gratte sur des sujets qui nous concernent tous ( ou sur lesquels on a une opinion).Et quand ses personnages avancent leurs idées ou des convictions, elle les fait argumenter et ça c'est génial ( même s'ils avancent des conneries)! Donc on en peut pas être indifférent.
@ Krol : oui!!!
@ Keisha : et ensuite tu lis directement celui-ci!
Pas lu le premier mais là, tu ne me laisses plus le choix !
Ça me paraît effectivement être plus intéressant que le premier tome. Si réellement, l'analyse de la soviêté via des parcours individuels bien fouillés se dégagent, je suis partante. Je préfère le fond même dérangeant au choc des mots et des images.
@ Sylire : ce tome 2 peut, je pense, se lire seul.
@ Jostein : ah oui, c'est tout à faut ça! Elle analyse un petit groupe de personnages qui n'ont rien en commun : vécu, idées politiques , milieu social...Et elle elle nous parle du FN, du port du voile, des FAFs, ça valdingue, ça interpelle et pas qu'un peu !
Meilleur que le premier ? Tu arriverais presque à me convaincre !
@ Alex : si, je t'assure!
Je n'ai toujours pas lu le 1 ^^
@ irrégulière : cours l'acheter !
Faut vraiment que je m'y mette, toujours pas lu le premier. Une copine en parlait au club de lecture l'autre jour et ça m'a donné bien envie.
@ Bladelor : je n'avais pas aimé Apocalypse bébé trop trash pour moi et là, je suis réconciliée avec l'auteure ! par contre, Fifille one qui avait aimé Apocalypse bébé et Bye bye Blondie, a trouvé le tome 1 "mou" et l'a abandonné...
jamais lu cette auteure, et franchement pas envie du tout... mais je ne sais pas pourquoi
Peut-on lire le second sans avoir lu le premier ?
Le premier m'attend, je sens que ça va être bon !
@ Yv : ça viendra peut-être un jour !
@ Zazy : l'idéal est de les lire tous les deux ( dans l'ordre:)) mais je pense que ce tome 2 peut être lu tout seul.
@ Noukette : oh que oui !
Tu m'embêtes un peu parce que même si j'ai bcp aimé le premier, je n'avais pas envie de lire la suite. J'ai vraiment adoré la description de chacun des personnages et cette immersion dans la vie de chacun mais pas forcément envie de continuer sur deux romans à venir. Et avec un billet pareil, je constate que je suis complètement à côté de la plaque nom de bleu !
@ Theoma : ce tome 2 est différent , on plonge plus dans la vie des personnages qui gravitent autour de Vernon et c'est une chronique très juste de la France actuelle ( à travers eux) qui en ressort : sociale, culturelle, politique. Une claque !
Je l'ai commencé hier soir, et ai lu 250 pages d'une traite, je le trouve encore mieux que le premier, il est vraiment super bien écrit,et Virginie Despentes fait vraiment mouche à chaque fois!! Je le termine ce soir, trop hâte!!
@ Eva : il est totalement addictif !
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