Éditeur : Jacqueline Chambon - Traduit de l'allemand par Johannes Honingmann - Date de parution : Septembre 2016 - 279 pages et une très découverte !
1933. Acteur autrichien connu en Allemagne, Lionel Kupfer presque cinquantenaire séjourne dans un hôtel alpin en Suisse en attendant de tourner sous peu dans un prochain film. Ce n’est pas la première fois qu’il y vient entre deux tournages. Le personnel est discret mais il peut mesurer l‘étendue de sa notoriété. Au bureau de poste du village, un jeune homme Walter espère le rencontrer car il l’admire.
Dans ce luxueux hôtel, Lionel s’ennuie et attend des nouvelles de son amant Eduard.
Alors qu’ils sont de deux mondes opposés, Walter et Lionel vont faire connaissance et entamer une liaison. Walter porte à Lionel un amour sincère et démesuré mais la venue d'Eduard va tout bouleverser. Il est venu apporter une nouvelle à Lionel : le prochain film où il devait jouer se fera sans lui car il est juif. Lionel s‘exile aux Etats-Unis où son nom ne lui ouvre aucune porte.
Se déroulant sur plusieurs époques, ce roman possède indéniablement un charme élégant. La finesse de l’écriture (et donc l’excellente traduction nous immerge) par des focus dans la vie de Lionel mais également dans celle de Walter. C'est précis sans tomber dans les excès de détails et l'auteur dépeint à le panel des sentiments et des émotions : l'amour, la jalousie, l'orgueil blessé tout comme la honte, la stupéfaction (je pense par exemple à la mère de Walter qui découvre l'horreur des camps de concentration) ou encore la sensualité d'une voix. Et le titre prend tout sa signification dans les dernières pages.
A travers ces destins, Alain Claude Sulzer dépeint l’homosexualité interdite, les différences de classe sociale.
Une belle découverte !
Il jouait. Il jouait la comédie, comme s'il savait que la semaine allait un jour forcément atteindre les masses qui étaient à ses pieds comme au début. Il jouait comme s'il était filmé, comme si ce qui se déroulait ici obéissait aux instructions d'un scénario et d'un réalisateur invisible. Procéder à des changements, c'était du domaine du possible. Quand certains détails ne collaient pas, on modifiait les passages concernés. On rejouait la scène une deuxième, une troisième fois.(...) Jouer - simuler–redonnait à Kupfer le semblant d'assurance qu'il avait perdu l'espace d'un instant. une attitude assurée et des gestes assez réfléchis pour paraître naturel étaient indispensables.
Un dernier geste à l'ancienne avant de sortir du plan, avant le nouveau départ incertain, le brouillard impénétrable. Dans le temps, il aurait glissé l'oeillet à sa boutonnière. Mais "dans le temps", c'était fini pour toujours. Le passé était contenu dans le geste qu'il avait omis de faire.
10 commentaires:
Le contexte historique m'a l'air intéressant. Encore une découverte 'made in chez clara' ^_^
@ Keisha : il y a ce coté nostalgique, charmant et un brin suranné d'une époque avant guerre également. Je ne l'ai pas sur les blogs et c'est dommage.
Oh ça me plait ;-) je note cette belle découverte (j'adore le côté un brin suranné héhé !)
Jamais entendu parler de ce livre. J'aime bien venir chez toi parce qu'on fait plein de belles découvertes !
Je n'en ai pas entendu parler non plus. Le contexte m'intéresse.
Cela me rappelle un autre roman paru l'année dernière sur le même sujet (le titre m'échappe, ma pauvre tête...)
Il existe un de ses romans à la bibli (dorénavant dans ma LAL) une des thématiques revient, et même traducteur.
Inconnu au bataillon mais tu attises ma curiosité !
@ Framboise: il est pour toi alors !
@ Gambadou : merci, c'est gentil :)
@ Aifelle : et l'écriture est belle !
@ Alex : il n'était pas paru chez Actes Sud ?
@ Keisha : oui, tous ses romans ont le même traducteur donc c^té style, tu n' auras pas de mauvaise surprise.
@ Noukette : j'espère que ce livre va sortir du lot de la rentrée.
Je ne l'ai pas du tout remarqué mais il semble intéressant.
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