Editeur : Le livre de poche- Date de parution : Janvier 2016 - 240 pages qui prennent à la gorge.
22 janvier 2007, l’Abbé Pierre vient de mourir. Au fin fond des Cévennes, Gus paysan solitaire d'une cinquantaine d'années apprend l’information. Son chien Mars, la solitude en compagne, le travail à la ferme et les vaches à s’occuper hiver comme été sont son quotidien. Gus est un taiseux comme son plus proche voisin Abel. Les deux hommes ne se parlent que depuis vingt ans pourtant tous deux sont des enfants du pays qui ont hérité de la ferme familiale. A l’occasion, ils s‘aident pour certains travaux agricoles, ils en profitent pour parler un peu des bêtes, de la météo et boire un coup. Pas plus. Gus n’arrive pas à s’enlever de la tête le mort de l’Abbé Pierre et avec elle, ce sont d’autres souvenirs qui s’invitent ( « des souvenirs dont on ne sait jamais où ils mènent, ni même si ça fait du bien de le savoir, mais qui ressurgissent et s’imposent, sans crier gare »). En quelques jours, la vie de Gus est perturbée par des éléments : la visite d’un évangéliste, le changement de comportement d’Abel.
Si Franck Bouysse installe un suspense, il nous raconte avant tout une vie. L’écriture sans effets de manche prend à la gorge que ça soit pour décrire des blessures profondes ou l’amour de la nature comme ce que renferment les silences et les non-dits.
Les descriptions du monde rural, des attitudes, des gestes, des expressions et ce sont autant d’éléments qui ont déclenché chez moi une multitude de flashbacks. Alors forcément cette lecture m’a d’autant plus parlée, touchée (et remuée).
Ici, les lignées, elles s’éteignent toutes les unes après les autres, comme des bougies qui n'ont plus de cire à brûler. C'est ça le truc, la mèche, c'est rien du tout si il y a plus de cire, une sorte de pâte humaine, si bien que l'obscurité gagne un peu plus de terrain chaque jour ; et personne n'est assez puissant pour contrecarrer le projet de la nuit.
Et ces mots terribles au détour d’une phrase « une famille soudée par la ferme ».
12 commentaires:
Comme la citation finale choisie est forte et belle.
c'est un roman que j'ai beaucoup aimé qui m'a fait penser à l'Epervier de Maheu
Je n'ai rien lu de cet auteur encore, en plus j'ai découvert que nous habitons la même ville. Cet univers me parle beaucoup, j'ai hâte de découvrir sa plume, ça sera mon prochain achat en poche. J'aime bien quand tu parles de flashbacks, ça veut dire que son écriture est très évocatrice.
@ Moka : et y a tant d'autres !
@ Dominique : je ne connais pas ce titre, je vais le noter.
@ Louise : ayant grandi à la campagne, je suis très sensible aux livres dont les personnages évoluent dans le monde rural. C'est dingue car j'ai revu des scène de mon enfance /adolescence avec précision comme si elles étaient exactement les mêmes que dans ce livre (ce qui veut dire que Franck Bouysse connaît parfaitement ce milieu). Oui, son écriture est très évocatrice !
Un roman que j'ai adoré ! Et je viens d'acheter celui que l'auteur a sorti début janvier et qui semble dans la même veine.
Je sens alors que ce livre devrait me plaire (et hop, en poche!)
Une lecture en demi-teinte pour moi.
Il devrait me plaire... as-tu lu Une vie entière de l'autrichien Robert Seethaler ? ce que tu dis de ce roman m'y fait penser.
Intriguant ... il me fait un peu penser à "Joseph" de Marie-Hélène Lafon, non ?
Pour ma part, une vraie révélation, j'ai été hypnotisée! Son écriture, ses personnages, ses atmosphères, tout est intelligent, brillant. J'ai enchaîné avec son nouveau roman, Plateau, excellent également (mais une petite préférence pour "Grossir le ciel" tout de même).
@ Jérôme : j e vais attendre car à chaque fois les lectures qui se passent dans le monde rural me secouent.
@ Keisha : :)))
@ Alex : pour moi c'est plus un roman qu'un polar. Le fair de retrouver des éléments de mon enfance et mon adolescence m'ont remuée..
@ Kathel : oui et je suis ressortie d'Une vie entière sans avoir ressenti d'émotion.
@ Gambadou : plus à rapprocher, j'ai trouvé, d'A l'angle du renard de Fabienne Juhel
@ Les causettes de Célestine : j'avais de poissons d'eau dans les yeux. Je ne peux pas enchaîner tout de suite sur son nouveau livre s'il se déroule à la campagne.
Noté depuis un moment, c'est une bonne nouvelle qu'il soit paru en poche.
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