Editeur : Gallimard - Date de parution : Août 2016 - 291 pages très touchantes.
A vingt-six ans Catherine Cusset rencontre Thomas l’ami de son frère de six ans son cadet. Leur relation durera quelques mois et elle laissera place à une amitié. En 2008, Thomas âgé de trente–neuf ans se suicide.
Dans ce livre, l'auteure s’adresse à Thomas pour nous nous raconter qui il était. Etudiant en lettres, il rate le concours d’entrée à une grande école prestigieuse. Pourtant Thomas est intelligent, cultivé, affamé de musique (en particulier le jazz), cinéphile et passionné de Proust. Tant pis, à vingt-trois ans, il décide de construire son avenir aux Etats-Unis qui lui offre une place à Colombia et la possibilité de préparer une thèse sur son auteur favori.
Il découvre New-York, il aime s’amuser et sortir, profiter de la vie avec excès. C’est un séducteur, un homme qui plait aux femmes. Après Colombia, il postule dans d’autres universités renommées pour enseigner mais les meilleurs postes lui échappent. Des universités plus petites l’acceptent. Spécialiste de la littérature et du cinéma, il devrait publier ses recherches ce qu'il remet toujours à plus tard. Et quand il veut s'y mettre, une immense fatigue s'abat sur lui l'empêchant de faire quoi que ce soit. Des périodes durant lesquelles il coupe les ponts avec tout le monde et où il boit de trop. Il accumule les échecs professionnels et sentimentaux. Mais le Thomas aimant la vie reprend toujours le dessus. Il vient souvent en France et sa soeur le pousse à consulter. Ses changements d’humeur ont un nom : la bipolarité "C'est la maladie, pas toi, qui a ruiné ta carrière. Le découvrir est un soulagement". Mais Thomas finira par baisser les bras.
Catherine Cusset ne mélange pas ses sentiments et ses ressentis au récit (hormis dans l’épilogue). Et de cette façon, c’est Thomas qui est au centre de l’histoire. En choisissent le «"tu" dans la narration, elle montre son amitié affectueuse, sincère tout en restituant la densité et la fragilité de son ami.
Proust, la musique sont en filigrane dans ce livre sur la réussite sociale, sur cette maladie difficile à démasquer. Catherine Cusset rend un bel hommage à son ami. J'ai été très touchée.
Echouer, il n'y a pas de verbe dont la multiplicité de sens soit plus approprié à ton cas : 1) ne pas réussir; 2) toucher le fond par accident et couler; 3) s'arrêter dans un endroit par hasard et sans l'avoir voulu. On pourrait même dire, pour citer Beckett ("Déjà essayé. Déjà échoué. Peu importe. Essaye encore. Essaie encore. Echoue encore. Echoue mieux) que tu échoues de mieux en mieux.
Si tu aimes tant Proust, c'est pour son intuition fondamentale : la vie véritable est dans les fragments de temps qui échappent au temps. La fameuse madeleine n'est rien d'autre que la rencontre du présent et du passé qui permet de sortir de l'angoisse de la mort en n'étant ni dans le passé ni dans le présent mais entre les deux.
Les avis de Cuné, Joëlle, Livrogne
Lu de cet auteur : Un brillant avenir - Indigo
18 commentaires:
Catégorie abandon, pour moi, avant même Proust! Dès q'elle a évoqué les années 80, je me suis ennuyée et zou, adieu!
Il est très touchant. je suis ravie qu'il t'ait plu autant qu'à moi.
Je l'ai écouté à La Grande Librairie. Mais elle ne m'a pas pleinement convaincue.
@ Keisha : je l'ai lu quasi d'une traite !
@ Les livres de Joelle : j'ai vraiment aimé qu'elle reste en retrait dans la narration.En tout cas, ce livre m'a beaucoup touchée.
@ Alex : je ne regarde pas LGL.
n'ayant pas été convaincue par son précédent livre (Une éducation catholique) je pensais faire l'impasse sur celui-là mais les avis (dont le tien) semblent vraiment positifs mais vont certainement me faire changer d'avis!
Un récit trop personnel pour moi, pas du tout certaine d'accrocher...
J'ai encore "un brillant avenir" dans ma PAL, alors je vais attendre sagement.
Je n'avais pas envie de lire tous ces détails, peut être ai-je abandonné trop tôt. Mais je n'aime pas quand les auteurs veulent reconstituer une période de façon trop appuyée (d'où mon échec avec la seconde partie de Le bal mécanique)(oui, je suis parfois cohérente ^_^)
Je suis en plein dedans ;-)
J'avais envie de le lire, encore plus maintenant.
C. Cusset, mais je ne sens pas ce livre
Etonnant comme les avis sont partagés, alors que l'avis de Clara est positif ! Moi j'adore Catherine Cusset. Avez-vous lu La haine de la famille ? Extraordinaire... Meilleur au début qu'à la fin, peut-être, si vraiment vous voulez un bémol.
Plutôt tentant...
@ Eva : je ne l'ai pas lu donc je ne peux pas me prononcer. Mais avec cette auteure, mes avis sont assez différents d'un livre avec l'autre.
@ Noukette : comme elle est en retrait, le récit devient comme un roman ( c'est très différent de l'autofiction "pure")
@ Aifelle : ah ces PALs:)!
@ Keisha : mais tu l'es toujours!
@Irrégulière : bon lecture !
@Edyta : je le conseille!
@ Zazy : à toi de voir.
@ Anne Dejardin : merci de votre venue ! Non, je ne l'ai pas lu mais je le note ( même avec le petit bémol:))
@ Kathel : oui!
J'aime bien cette femme. Je ne suis pas fan de l'autofiction mais j'avoue que ce titre m'attire un peu.
@ Valérie G : je n'étais pas franchement tentée, je lai commencé un peu par hasard et j'ai été ferrée.
Ravie de lire un beau billet sur ce roman. J'hésitais à le lire... tu m'as convaincue!
Catherine Cusset m'a tellement déçue, voire dégoûtée il y a 2 ans avec Une éducation catholique, que j'aurais du mal a racheté un de ses ouvrages, d'autant plus que j'en ai encore 2 autres qui dorment dans ma PAL !
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